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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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I.3.6. Crise centrafricaine et arrivée massive des éleveurs mbororo

Les Mbororo de la République Centrafricaine sont très souvent victimes des crises successives que connaît ce pays. Éleveurs et gardiens de bétail dont ils ne sont souvent même pas les propriétaires, ils sont depuis plusieurs années, à chaque changement de régime, victimes de représailles : le nouveau les accusant d'être à la solde du précédent. Par exemple, lorsque Monsieur Ange Félix Patassé arrive au pouvoir en 1993, son entourage et les membres de la garde présidentielle arrêtent et rackettent les éleveurs mbororo en les accusant d'être les gardiens du bétail et les partisans de son prédécesseur André Kolingba.

Plus tard, après la chute du président Patassé, les membres de la garde rapprochée de son tombeur, François Bozizé, ont également arrêté arbitrairement et rançonné cette communauté, les accusant d'être des coupeurs de route et des partisans du président Ange Félix Patassé. En 2013, après que quelques groupes peuhls centrafricains aient rejoint la Séléka, toute la communauté a été stigmatisée par le régime de Monsieur Bozizé qui a ensuite mené des représailles contre eux.

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Après son coup de force, la Séléka a accusés les éleveurs mbororo d'être les complices et gardiens de bétail des figures de l'ancien régime. C'est ainsi que depuis 2013, ils sont victimes de meurtres et de rackets. Sous la Séléka, les éleveurs peuhls se sont vus imposer « un droit de pâturage » illégal variant de 500 000 à 10 000 000 de FCFA par famille en fonction de la taille du bétail. Cette rançon était dix fois plus élevée que celle qui leur était imposée sous le régime de François Bozizé. Ce sont maintenant les anti-Balaka également, qui tuent, torturent, violent et massacrent les Peulhs Bororo du fait de leur appartenance religieuse musulmane et en les accusant d'être de connivence avec les Sélékas. Toutes ces exécutions et violations des droits des Peulhs ont entraîné des déplacements massifs des populations à l'extérieur du pays où la situation est loin d'être favorable.

Avant la crise actuelle, les conflits opposant les transhumants aux populations locales étaient essentiellement liés aux ressources et les agriculteurs vivaient en relative harmonie avec les éleveurs peuls centrafricains. Alors que ces mouvements transfrontaliers existent depuis longtemps, l'éclatement des couloirs traditionnels, la modification des itinéraires de transhumance, l'évolution de l'armement de certains transhumants et l'amplification du phénomène des coupeurs de route nommés « zaraguinas », ont favorisé l'émergence de conflits violents.

Depuis 2008, la violence a pris des proportions alarmantes et entrainé l'exode de nombreux Centrafricains qui ont fui leurs villages et trouvé refuge dans des camps de déplacés à l'Est et au Nord-Cameroun après que leurs villages ont été brûlés. Face au chaos dans lequel est actuellement plongée la Centrafrique, ces conflits localisés sont relégués au second plan (International crisis group, 2014).

Depuis 2008, les Mbororo réfugiés au Cameroun envoient des éclaireurs qui, régulièrement, rendent compte des conditions de sécurité. Ils scrutent plus encore l'entourage du pouvoir à Bangui qui, sous François Bozizé, ne leur a pas été favorable et guère plus en 2013 sous Michel Djotodia. Toutefois, ce qui semble aujourd'hui le plus flagrant à leurs yeux, c'est leur dépossession des pâturages par des éleveurs venus du Tchad. Aussi, les réfugiés du Cameroun accusent-ils maintenant moins le gouvernement de Bangui de les avoir chassés de Centrafrique que les Mbororo à la

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fois « tchadiens » et zaraguinas d'avoir conduit de longue main un projet politique visant à les expulser de leur paradis pastoral (Chauvin et Seignobos, 2013).

Les différents phénomènes d'insécuritéì transfrontalière ont eu pour conséquence l'exode de près de 50 000 éleveurs mbororo de la RCA vers le Cameroun et leur réinstallation dans des campements avec l'appui des États et des organisations internationales notamment le HCR22 (Musila, 2012). L'arrivée de ces éleveurs avec leurs animaux ajoute à la saturation et à la pression sur les espaces de pâturage. Ces déplacements concourent également à la multiplication des conflits du fait des dégâts champêtres et de la compétition pour l'accès aux parcours.

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