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Vers une victoire verte: l'impact du droit de l'environnement sur les équipementiers textiles et les fédérations sportives - un marathon entre conformité légale et leadership dans le changement


par Mélissa LAMY
Université de Bordeaux - DU droit de l'environnement  2023
  

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Partie 2. Surfer sur l'éclosion des Possibilités : La

Responsabilisation RSO comme Sprint Vers la

Durabilité ; l'Influence comme foils des futures

réglementations.

Il s'agira à présent de se détourner des eaux troubles pour embrasser la puissance des vagues de l'innovation, laquelle peut trouver sa source dans la responsabilisation sociétale (A).

Enfin, comme disait Mark Twain « ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait », il est également possible pour ces acteurs de dompter les vents et les courants les plus capricieux et d'influencer les flots juridiques futurs (B).

A. Prendre la vague de l'innovation : La RSO, une stratégie gagnante pour se démarquer

La Responsabilité Sociale des Organisations (RSO), émergeant de l'évolution de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), représente un concept dont l'histoire remonte au XVIIIe siècle ; laquelle a connu une transformation significative.

En effet, les prémisses de la RSO prennent racine dans des événements historiques tels que le boycott par des consommateurs anglais du sucre de canne des Caraïbes, produit grâce à l'esclavage, et les premières lois régulant le travail industriel au XIXe siècle en Europe. Cette maturation se poursuit après la Première Guerre mondiale avec la création de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), qui avait pour objectif de mettre en place des normes internationales du travail en faveur de la justice sociale.

Le concept de responsabilité, tel que nous le comprenons aujourd'hui, émerge aux États-Unis dans les années 1950, grâce à l'ouvrage d'Howard Bowen, "Social responsibility of the businessman," qui interroge la place de l'entreprise dans la société par rapport à la liberté d'entreprendre. Les années 1970 marquent une prise de conscience accrue de l'impact des firmes multinationales,

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conduisant à des initiatives non contraignantes pour encadrer leur action, telles que la création du Centre des Nations Unies pour les Sociétés Transnationales en 1974 et l'adoption des Principes Directeurs de l'OCDE en 1976.

La définition de la RSE se précise au début des années 2000 grâce à la Commission Européenne, qui la définira en 2001 comme un engagement volontaire des entreprises dépassant les obligations juridiques pour investir davantage dans le capital humain, l'environnement et les relations avec les parties prenantes. La notion évolue en 2010 avec les travaux de John Ruggie et le rapport "protect, respect, remedy" qui mettent en avant les responsabilités conjointes de l'État, de l'entreprise, et des citoyens. Cette approche conduit à l'adoption de nouveaux textes en 2011, à la fois au niveau européen et mondial, et élargit le concept en celui de "Responsabilité Sociétale des Organisations" (RSO), incluant les aspects environnementaux, éthiques, et les relations avec les parties prenantes. Ainsi, la RSO est désormais une approche globale exigeant une attention accrue aux conséquences des actions collectives sur l'environnement social et naturel, et à leur contribution au bien-être. Cette transformation reflète la prise de conscience croissante de l'interconnexion entre les entreprises, la société et l'environnement, mettant en lumière la nécessité d'une gestion plus responsable et inclusive de toutes les formes d'organisations. Vue sous un angle managérial, elle représente les modalités de réponse de l'organisation aux interpellations sociétales, en développant des stratégies, des dispositifs de management, de conduite du changement, ainsi que des méthodes de pilotage, de contrôle, d'évaluation, et de reddition.

Comme nous l'avons examiné précédemment, la RSO est née d'une aspiration à dépasser les obligations légales contraignantes. Malgré tout, actuellement en Europe, son enracinement demeure grandement influencé par la "hard law", c'est-à-dire les règles de droit obligatoires. Cependant, nous les avons déjà examinées dans la première partie de notre étude. Par conséquent, notre attention se portera désormais sur les sources "informelles", telles que la soft law incarnée par les normes et les labels (1/), l'influence et les attentes des sportifs (2/).

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1/ Le rôle crucial des normes et des labels.

Les normes, à 95% volontaires, deviennent obligatoires lorsqu'elles sont citées dans un texte contraignant (règlement européen par exemple). Initiées par les acteurs du marché, elles représentent un cadre de référence visant à fournir des directives et des prescriptions techniques ou qualitatives pour des produits, services, ou pratiques, dans l'intérêt général. En tant que cadre de référence, elle offre donc des lignes directrices pour améliorer les pratiques et promouvoir des comportements responsables. Elle résulte d'une co-production consensuelle entre les professionnels et les utilisateurs engagés dans son élaboration. Ce processus participatif garantit une norme pertinente et adaptée aux besoins du secteur concerné. Il est important de noter que l'adhésion à une norme volontaire est laissée à la discrétion des organisations.68

Un label et notamment RSE est défini quant à lui comme une attestation de garantie octroyée par une tierce partie, qui caractérise la démarche RSE/RSO mise en oeuvre par une entreprise, conformément aux lignes directrices de la norme ISO 26000.

La norme ISO 26000 incarne le premier standard international en matière de RSE, proposant des directives essentielles pour orienter et conduire une stratégie. Édité en 2010 après cinq années de collaboration impliquant 99 pays, ce document normatif majeur est le fruit d'un processus exhaustif. En 2020, cette norme a fait l'objet d'une révision significative pour demeurer en phase avec les évolutions contemporaines. l'ISO 26000 s'adresse à tous ceux qui reconnaissent que l'adoption d'un comportement socialement responsable et respectueux de l'environnement constitue un pilier fondamental de la réussite. Elle sert également de référence pour évaluer l'engagement des organisations envers le développement durable et apprécier leur performance globale en matière de RSO.

D'ailleurs, quelle est donc la différence entre développement durable et RSO ? Il est essentiel de le préciser.

«Selon l'ADEME, le développement durable est « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

68 Définition de l'AFNOR : https://www.afnor.org/normes/normes-definition/

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D'après les définitions des deux notions, on remarque que ces deux concepts sont assez similaires. Néanmoins, on peut dire que la RSO est une déclinaison du développement durable en entreprise sur une base volontaire. Autrement dit, la RSO est l'application du développement durable dans une entreprise.»69

a. L'encadrement des organisations

Les certifications et labels tels que B Corp, Lucie 26 000, et EcoVadis se dressent en piliers majeurs pour les organisations. Leur reconnaissance repose sur la garantie qu'ils offrent concernant le respect de l'environnement et de la santé à travers l'intégralité du cycle d'activité d'une entreprise. Leur obtention procure un avantage concurrentiel indéniable.

Cette «étiquette» facilite ainsi l'acquisition de parts de marché. Les performances environnementales, sociales, éthiques mises en avant dans les stratégies commerciales et de communication s'érigent aussi en un facteur décisif pour la distinction et la compétitivité. Celles-ci sont également source de fierté pour les employés contribuant à la diffusion de valeurs telles que la sobriété, le respect des communautés, l'inclusion, l'équité, la redistribution équitable de la valeur économique créée etc.. Cela permet de fidéliser ses collaborateurs et en outre de faciliter le recrutement.

Des recherches ont d'ailleurs montré que les entreprises certifiées ISO 14001 constatent en moyenne une augmentation de 16 % de la productivité de leurs salariés par rapport aux sociétés non-certifiées.70

L'approche de la labellisation ou de la certification environnementale permet à l'entreprise de se saisir concrètement de son impact sociétal. Des aspects tels que la gestion des consommations d'énergie, des fluides, des déchets et des politiques d'achat se révèlent être autant de leviers pour rationaliser les dépenses tout en améliorant la sobriété environnementale par exemple. L'adoption d'un système de management responsable, validé par un label ou une certification, renforce la maîtrise des coûts et des risques, tout en préparant l'entreprise aux évolutions de la réglementation environnementale.

Le mouvement B Corp (ou B Corporation) à l'origine du label B Corp est né en 2006 aux Etats-Unis à l'initiative de trois entrepreneurs : Bart Houlahan, Jay

69 https://www.hellocarbo.com/blog/communaute/label-rse/

70 https://www.entreprises.cci-paris-idf.fr/web/transition-ecologique/valoriser-engagement/pourquoi-label-ou-certification-ec ologique

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Coen Gilbert et Andrew Kassoy. Historiquement, il est le plus ancien «ayant fait ses preuves.

Il se démarque en évaluant globalement les performances sociales et environnementales d'une entreprise grâce à l'évaluation B Impact. Celle-ci analyse l'impact des activités et du modèle économique de l'entreprise sur les employés, la communauté, l'environnement, les clients et la gouvernance. La certification B Corp confirme le respect des normes les plus rigoureuses en termes de performance vérifiée. Elle favorise également la création d'un réseau d'entreprises engagées, encourageant la collaboration, la convergence et les échanges pour une progression collective, contribuant ainsi à la transformation des marchés actuels.

Il s'inspire de la norme ISO 26 000 mais pas exclusivement, il croise les exigences issues de cette norme avec les bonnes pratiques de ses membres, les besoins des marchés, les analyses sectorielles, scientifiques pour définir ses exigences et les améliorer continuellement.

Rip Curl, Katmandou sont par exemple des équipementiers labellisés B Corp.

Aujourd'hui 6 000 entreprises à travers le monde sont labellisées dont une dizaine dans l'industrie du sport.71

Dans la même veine, le label Lucie 26 000 largement inspiré de l'application de la norme ISO 26 000, il s'inscrit dans une philosophie assez similaire à B Corp sans être pour autant identique.

En parallèle, la certification EcoVadis permet aux entreprises d'évaluer leur impact environnemental, social et éthique, en conformité avec les grands principes de la RSO.

Une certification se différencie de la labellisation. Une certification, accréditée par l'État, atteste de la conformité de l'entreprise à des normes spécifiques émises par un organisme public tel qu'ISO. En revanche, un label est une reconnaissance apposée par un acteur privé ou public, telle qu'une association ou un syndicat professionnel.

Selon les chiffres de 2022, environ 750 multinationales, représentant plus de 47 000 professionnels des achats et de la RSE, ont choisi EcoVadis pour évaluer et surveiller leur base de fournisseurs à l'échelle mondiale ou certains de leurs partenaires commerciaux. À ce jour, la base de données d'EcoVadis compte plus

71 https://www.filieresport.com/les-actualites/2023-03-13/rip-curl-entre-dans-le-club-des-certifies-b-corp

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de 90 000 entreprises évaluées, réparties dans 175 pays et relevant de 200 secteurs d'activité.72

Enfin, nous pouvons également trouver sur le marché des organisations accréditées norme ISO 14001, en tant que référence nationale, garantit que l'entreprise a instauré un Système de Management Environnemental (SME) dans une perspective d'amélioration continue.

Lorsqu'il s'agit d'adopter une approche globale RSO, il est important de noter que plusieurs labels, certifications et accréditations peuvent coexister au sein d'une même structure.

En effet, ils se déclinent à différentes échelles. Pour mieux comprendre cette dynamique, abordons brièvement ceux inhérents aux produits et aux services par exemple.

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La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme