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Rapport de projet d'intervention - prévention des syndromes coronariens aigus chez les immigrants non européens du Québec à¢gés de 20 ans et plus


par Ghislain Muzinga Kasenda
Université Laval - M.Sc. Santé publique 2024
  

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5.1. Défis liés à l'intégration économique des immigrants

L'intégration économique des personnes immigrantes au Québec représente une dimension essentielle du processus général d'intégration (Piché & al., 2002 ; Malambwe, 2017). Les immigrants, récents et non occidentaux, présentent des taux d'emploi et des revenus plus faibles que les personnes nées au Québec et les immigrants occidentaux (blancs) (Posca, 2016; Levert & Fakhoury, 2021 ; Piché & al., 2022). Des facteurs, tels que les obstacles liés à la reconnaissance des diplômes étrangers et de l'expérience acquise hors Canada, les pratiques discriminatoires et les préjugés raciaux, représentent certains des défis que posent l'intégration économique des immigrants (Posca, 2016 ; Malambwe, 2017). Plusieurs de ces facteurs ont été mentionnés par les participants aux entretiens. Les participants aux entretiens ont également mentionné les défis liés à l'accompagnement et au soutien en recherche d'emploi et à l'insertion socioprofessionnelle et aux barrières linguistiques présentes chez certains immigrants, en

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particulier les réfugiés, les demandeurs d'asile et les conjoints des travailleurs et étudiants étrangers. Les données de la littérature ainsi que les résultats d'entretiens tendent à soutenir que ces facteurs contribuent non seulement à une plus faible employabilité des personnes immigrantes non européennes, mais aussi à des taux plus élevés de surqualification professionnelle.

5.1.1. Reconnaissance des diplômes étrangers et de l'expérience professionnelle acquise hors Canada

Certains participants interviewés ont rapporté que cet obstacle représente une contrainte non négligeable dans l'accompagnement à l'insertion économique des immigrants non européens.

Mais il y a certains défis que ces intervenants qui accompagnent et soutiennent les immigrants qui viennent d'arriver dans la recherche d'emploi vont être confrontés comme par exemple la non-reconnaissance des qualifications de ces immigrants, il y a aussi leur expérience de travail hors Québec qui n'est souvent pas reconnue par les employeurs, ce qui va être un défi de taille pour ces intervenants, mais aussi pour les immigrants... Oui, certainement, ça diffère en fonction qu'on est de culture occidentale ou non, les gens qui viennent, je dirai, d'Afrique, d'Asie ou des Caraïbes vont vivre plus défis que ceux qui viennent par exemple de la France, de la Belgique... Puisque déjà, il n'y aura pas vraiment de choc culturel, au niveau du climat aussi c'est presque pareil, la reconnaissance des diplômes sera plus facile, disons que les diplômes burkinabé et français n'ont pas la même valeur auprès des employeurs québécois. Bref, oui, la plupart des défis que j'ai décrits précédemment seront plus présents chez les immigrants des pays non occidentaux que ceux qui viennent des sociétés occidentales (Entrevue 6, 17 juillet 2023).

Les efforts déployés par divers intervenants des services d'accompagnement visant l'insertion socio-professionnelle de ces immigrants s'avèrent généralement peu fructueux et peu efficaces. D'autres participants au projet ont déclaré que ces contraintes représentaient l'une des principales raisons pour lesquelles de nombreux immigrants récents acceptent des emplois précaires, peu rémunérés ou encore ne correspondant pas à leur niveau de scolarité : « ...à cause de tout ça, plusieurs personnes vont se plaindre du fait qu'ils vont être obligés de postuler et d'accepter des jobs moins bien rémunérés à cause de la pression de la vie au Québec, juste pour payer les factures et parfois envoyer des sous à la famille restée au pays (Entrevue 6, 17 juillet 2023) ». En effet, ces emplois

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peu rémunérés et la surqualification contribuent en ce sens à accroître les taux de faible revenu chez les populations migrantes, ce qui a un impact sur la qualité de leur alimentation et aussi sur leur qualité de vie de façon générale.

Surtout des familles à faible revenu. Faut comprendre que les gens, même ceux qui ont des diplômes, les diplômes ne sont pas toujours reconnus ici, donc ils doivent faire des emplois moins rémunérés pour arriver à gagner des sous, le coût des loyers a explosé dans les dernières années puis donc ça laisse très peu de budget pour l'alimentation, alors c'est certain que c'est quand même un défi de ce côté-là aussi... mettons le manque de ressources financières. Ben des fois, un 2e parent va chercher à travailler alors qu'auparavant, c'était seulement un des 2 qui travaillait, donc des fois ils vont essayer d'aller chercher un 2e salaire. Des fois le père va cumuler plusieurs emplois ou même la mère, donc les parents peuvent cumuler plusieurs emplois pour avoir des sous ils vont des fois aussi aller dans les ressources communautaires chercher de l'aide des fois au niveau financier des fois au niveau matériel, vêtements pour les enfants, articles scolaires, nourriture et cetera, et cetera... Donc ouais, veut veut pas c'est cher. c'est cher des légumes, c'est cher des fruits. Puis d'en consommer les quantités qu'on devrait, Ben ça coûte des sous fait que pour les familles à faible revenu c'est pas évident (Entrevue 2, 26 juin 2023).

La surqualification qui touche, majoritairement les personnes immigrantes originaires d'Afrique, des Caraïbes et d'Asie du Sud, n'a pas uniquement des impacts sur l'intégration économique. Elle a également de nombreux effets délétères sur la santé mentale, le bien-être psychologique et l'estime de soi de nombreux immigrants.

Ces emplois ne correspondent souvent pas à leur niveau d'étude, ce qui va leur donner l'impression d'être dévalorisés et de ne pas être considérés à leur juste valeur. Bah ouais, c'est une source de stress et de dépression pour plusieurs immigrants. Et on le remarque souvent chez les immigrants d'Afrique, des Caraïbes et d'Asie du Sud. C'est ça on ne l'observe pas beaucoup chez les immigrants d'Europe. Comme ça, on verra beaucoup de médecins, d'ingénieurs et de professeurs d'université occuper des postes de caissier, travailler dans les centres d'appel, dans les entrepôts manufacturiers ou encore faire les taximen (Entrevue 6, 17 juillet 2023).

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