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Exploitation aurifère et développement local dans la sous-préfecture de Hiré (Côte d'Ivoire)


par Judith YOBO-GNAHOUA
Université Felix Houphouet Boigny - Doctorat 2019
  

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INTRODUCTION A LA PARTIE

Hiré est une sous-préfecture de la région aurifère Dida définie par Sonnendrucker, 1969. Les conditions géologiques de cette région y ont favorisé un potentiel minier riche et diversifié. Exploité de façon artisanale puis semi-industrielle avant l'indépendance, l'exploitation de l'or depuis 2008 se fait aussi bien sous forme industrielle que sous forme artisanale. L'activité minière dans sa pratique crée des empreintes spatiales. Aussi la distribution cartographique des sites d'exploitation et la description de la pratique de celle-ci sont-elles essentielles dans cette étude. Cette première partie s'attelle dans son chapitre 1 à exposer la distribution des sites d'exploitation. Le deuxième chapitre porte sur la pratique de l'activité minière. Il consiste à décrire les deux types d'exploitation aurifère qui ont cours à Hiré. Le troisième chapitre traite des modifications observables dans l'organisation spatiale de la sous-préfecture de Hiré du fait de l'activité aurifère.

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CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS

DE HIRE

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'exploitation aurifère qui avait été mise en veilleuse depuis les années 1960 dans la région de Hiré, connait une nouvelle dynamique. Depuis 2008 avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation industrielle. Les sites occupés par ces activités minières se localisent dans la sous-préfecture, le chef-lieu de sous-préfecture, dans les villages et campements de la sous-préfecture de Hiré.

1.1. HIRE : UNE RICHESSE GEOLOGIQUE ET HISTORIQUE 1.1.1. Une géologie favorable à la formation de minerai aurifère

Les données géologiques font état que deux tiers du territoire ivoirien sont couverts par des formations réputées riches en minerais. Cette minéralisation diversifiée est estimée à 2,740 milliards de tonnes de minerai de fer ; 298 millions de tonnes de minerai de nickel, 1,214 milliards de tonnes de de bauxite, 7,5 millions de tonnes de manganèse, 145 tonnes de colombo-tantalite, plus de 10 millions de carats de diamant et 600 tonnes d'or.

Géologiquement, la Côte d'Ivoire se situe dans le craton ouest africain, précisément dans la dorsale de Man (Bessoles, 1977). Elle est formée à 2,5% par un bassin sédimentaire côtier étroit d'âge Secondaire-Tertiaire et à 97,5% par un socle précambrien structuré entre 3450 et 1026 Ma (Potin et al, 2000).

Les formations précambriennes de la Côte d'Ivoire sont distribuées dans deux domaines d'âges différents, séparés par la faille de Sassandra (Bessoles, opc) : un domaine archéen à l'ouest ou domaine Kenema-Man structuré par les orogénèses léonienne (3500-2900 Ma) et libérienne (2900-2500Ma) et un domaine protézoïque à l'est ou domaine Baoulé-Mossi auquel appartient notre zone d'étude. La structuration de ce second domaine est encore sujette à discussion. Toutefois, pour certains auteurs comme (Tagini, 1971 ; Yacé, 1993), la structuration s'est faite au cours d'une unique orogénèse, l'Eburnéen (2500-1600 Ma), d'autres par contre (Lemoine, 1988) proposent une mise en place au cours de deux orogénèses, le Burkinien (2400-2150Ma) et l'Eburnéen (2120-1800 Ma).

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Le domaine protérozoïque de la Côte d'Ivoire est caractérisé par une prédominance de roches felsiques et par un métamorphisme épi à mésozonal. Il se subdivise selon Papon (1973) en deux zones distinctes : la zone de type SASCA situé dans le Sud-Ouest du pays où les formations archéennes sont bien conservées et la zone de type géosynclinal, qui occupe le reste du domaine. Les formations de la seconde zone sont attribuées au biriméen (Arnould, 1961 ; Bonhomme, 1962). Elles se présentent sous forme de sillons sédimentaires et volcano-plutonique généralement orienté NE-SW et séparés par des granitoïdes orientés à équants. Les gisements aurifères ivoiriens (Tongon, Agbaou, Bonikro, Angovia, Afema, etc.) sont généralement situés dans le domaine protérozoïque. Quant au gisement aurifère de Ity, il est situé dans le sillon de Toulépleu-Ity d'âge Birimien (Feybesse et Milési, 1994 ; Feybess et al, 1990) en plein domaine archéen.

Les ressources aurifères de la Côte d'Ivoire sont à ce jour exploitées de façon industrielle par cinq différentes sociétés minières dispersées sur l'ensemble du territoire (voir tableau 2).

Tableau 2 : les différentes compagnies minières exploitants l'or en Côte d'Ivoire

N° Permis
d'exploitati
on

Société d'exploitation

Actionnaire principal

Localisation en Côte
d'Ivoire

26

Société des Mines
d'Ity (SMI)

La Mancha (France)

Ity- Zouan Hounien
(Danané)

32 et 44

LGL Mines SA!
NEWCREST-Hiré.CI

SA

NEWCREST Mining
Limited (Australie)

Bonikro - Hiré (Divo)

37

Agbaou GoId
Operations SA

Endeavour Mining
Limited (Canada)

Agbaou-Hiré (Divo)

34

Tongon Mines SA

Randgold Ressources
Limited (Afrique du Sud)

Tongon - M'Bengué
(Korhogo)

43

Afema Gold

Sodium! Teranga

Afema (Aboisso)

Source : Direction générale des mines, 2016

La production aurifère nationale est de plus en plus croissante et l'objectif de l'Etat est de faire passer son poids dans le PIB de 1% à 5% en 2020. Des cinq permis d'exploitation en cours en Côte d'Ivoire (figure 3), la sous-préfecture de Hiré concentre à elle seule deux permis d'exploitation.

Hiré est située dans une zone du précambrien moyen birimien avec faciès géosynclinaux éburnéens complexe volcano sédimentaires, schisteux, tuffacés ou indifférenciés. Cette sous-préfecture appartient à la région aurifère Dida ; située dans la partie méridionale de la ceinture orogénique des roches vertes de Fettékro encore appelée Oumé-Fettékro et compte trois gisements d'or à savoir Bonikro, Hiré et Agbaou.

Les sols sont de type ferralitique moyennement ou faiblement désaturés, remaniés, gravillonnais. Le Birimien de Hiré est fait de formations sédimentaires et volcano-sédimentaires intensément plissées et métamorphisées dans le faciès schiste vert pouvant localement atteindre la mésozone (Bonhomme, opc ; Sonnendrucker, opc). Il se compose de volcanites acides, neutres et basiques, d'arkoses, de schistes arkosiques, de conglomérats et de sédiments associés (Sonnendrucker, opc). D'importantes masses de granodiorites, de diorites quartziques et biotites instrument ces formations (Archambault, 1935 ; Chermettes, 1935). Cette région est constituée d'une large bande de roches vertes orientée NE et encadrée de granitoïdes récents. A cet ensemble est associée une phase unique de déformation progressive autour de 2100 Ma (Yacé, 1982) contribuant ainsi à la mise en place de plis serrés à tendance NNE et ayant subi un métamorphisme.

Les minéralisations aurifères dans cette région se présentent sous deux aspects :

- à Agbaou, l'or est au contact entre volcanites magiques et les volcano-sédiments (Houssou, opc) tandis qu'à ;

65

- Bonikro et Hiré, des plutons granitiques occupant ces contacts qui contrôlent l'or.

66

Figure 3 : sites d'exploitation aurifère en Côte d'Ivoire en 2016

Source : nos enquêtes, 2015

67

1.1.2. Historique de l'activité minière dans la sous-préfecture d'Hiré

L'exploitation artisanale de l'or est une activité très ancienne qui a été la première cause de migration à Hiré. En effet, dès 1920, des migrants originaires principalement du Centre et du Nord du pays (Baoulé et Dioula) ont accouru vers Hiré qui n'était alors qu'un petit village, à la recherche de l'or (Kouadio, 2008). Ces migrants venaient principalement des autres localités du pays où les réserves étaient épuisées, ainsi que des pays voisins. L'or amassé à cette époque servait à la fabrication de parures traditionnelles de valeur (les bagues en or, les chaînes en or, les bracelets en or, les boucles d'oreilles) qui étaient vendues sur le marché local et dans les localités environnantes. Ces orpailleurs avaient aussi des qualités de grands orfèvres. Les activités étaient structurées et réparties selon les spécialités. Pendant que certains cherchaient de l'or, d'autres restés au village s'occupaient de sa transformation en parures et d'autres encore s'occupaient de sa commercialisation.

Cependant, à la fin des années 1940, la dynamique de cette activité attire l'attention des Français du bureau minier colonial. Ceux-ci implantent donc à Hiré une exploitation semi-industrielle et interdisent puis mettent fin à toute activité d'exploitation artisanale de l'or. Les orpailleurs sont désormais des ouvriers à la solde des colons dans les sites d'exploitation. L'exploitation semi-industrielle réoriente l'activité économique des populations vers le binôme de cultures café-cacao qui faisaient son entrée dans la zone, la richesse du sol ayant facilité cette reconversion. Puis, après la fermeture de cette mine semi-industrielle, l'activité minière a été mise en veilleuse quoique pratiquée de façon clandestine par certains.

Cette exploitation aurifère connait toutefois depuis 2008 une nouvelle dynamique. En 1996, l'Etat de Côte d'Ivoire octroi un permis de recherche de l'or selon le décret n° 96-668 du 28 août 1996 dans la région d'Oumé-Divo. Ce permis de recherche a abouti à la découverte d'une mine économiquement exploitable qu'est la mine de Bonikro. Ainsi, depuis 2008, avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation industrielle qui occupent chacune des sites qui lui sont propres.

1.2. UN ESPACE LOCAL OCCUPE PAR LES ORPAILLEURS

Les sites d'orpaillage sont dispersés à travers la sous-préfecture (figure 4). Ce sont des sites qui sont abandonnés après épuisement du minerai puis de nouveaux sites sont conquis. Le caractère clandestin de l'activité ne permet pas de connaitre tous les sites de l'orpaillage. Ainsi avons-

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nous visité huit sites que nous pouvons regrouper en deux catégories : les sites d'orpaillage disséminés dans les plantations et les sites d'orpaillages sur le permis miniers (Agbalé, Assonguisso, Akissi-so et Chapelle).

1.2.1. Des sites d'orpaillage dispersés dans des plantations et des jachères 1.2.1.1. Le site d'orpaillage d'Assayé ou Doum

Le site d'Assayé est situé à environ 400 m de la ville, dans l'extension Est (dans le sens Divo-Oumé) du quartier Assayè dont il porte le nom. L'extension de ce site menace d'ailleurs les dernières concessions qui se situent maintenant à environ 50 mètres des exploitations. Assayé est un site ou l'extraction de l'or se fait par creusement. Ce sont des sortes de puits à bord large allant à 30 mètres de profondeur (photo 1).

 

Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent fait environ 10 m de tranchée.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 1 : site d'orpaillage d'Assayé

 

Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent fait environ 10 m de tranchée, au fond elle est inondée.

Les types d'exploitation sur ce site sont le lavage à la batée, le lavage simple et la recherche de roches riches en or. Selon les acteurs interrogés, cela s'explique par la disponibilité de l'eau. Le site d'Assayé se situe dans sa grande partie dans un bas-fond. Cette caractéristique lui permet de contenir de l'eau en abondance sur une longue période d'environ neuf mois (d'avril à décembre). Lorsque le volume d'eau diminue ou tarie, les orpailleurs s'adonnent à la recherche de l'or à travers les roches.

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1.2.1.2. Le site d'orpaillage de Djangobo

Il est situé à environ 02 km de la ville sur l'axe Hiré-Taabo. Ce site est également caractérisé par une exploitation à ciel ouvert. Les types d'exploitation en vigueur sont : le lavage simple et la recherche de roche contenant de l'or. Ce site d'orpaillage bien qu'en partie situé dans un bas-fond, ne contient pas autant d'eau que celui d'Assayé. C'est ce qui explique le fait que le lavage à la batée n'est pas pratiqué sur ce site. Car il faut préciser que le lavage à la batée nécessite beaucoup d'eau. En revanche, la recherche de roche est plus pratiquée sur ce site. C'est donc sur ce site qu'exerce la grande majorité des petits exploitants. Les petites mares construites par les exploitants leur permettent de pratiquer le lavage simple. Mais celui-ci s'arrête dès l'avancée de la sécheresse car ces petites mares tarissent.

1.2.1.3. Le site d'orpaillage sur la zone 1 du terroir de Bouakako

Il est situé à environ 7 km de la ville sur l'axe Hiré-Divo. Ce site est caractérisé par une exploitation souterraine. Les orpailleurs de ce site descendent dans des puits antérieurement creusés lors des premières extractions artisanales d'or à Hiré. La profondeur de ces puits peut atteindre parfois 20 à 25 mètres. Il existe des tunnels qui relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble constitue un réseau souterrain dense. L'une des particularités de ce site est sa richesse en or. Mais s'il est possible d'avoir un rendement élevé d'or sur ce site, sa fréquentation est redoutée par la plupart des orpailleurs. Vu le risque énorme d'accident (éboulement) que présente ce site, la majorité des orpailleurs refusent d'aller y travailler ; ce qui explique le fait que le site de Bouakako est peu peuplé. On peut estimer à environ 100 personnes, le nombre d'orpailleurs.

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248000

246000

211000

Legende

Points ASM laves au GPS

Limite de le ville

Ouerieers

lbia pnncpale ahanai

Leeds de loi et d ill

Faret nuée
- Cantate

Ses-Sonda

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102

0 210

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KKB.GIS I GES-COJ

None. Punie ASM Vile de Hoe_et pate 20011.0011

8

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70

Figure 4: répartition des sites d'orpaillage

Ville de Fli ré

POINTS D'EXTRACTION ET DE TRAITEMENT DU MINERAI PAR LES ARTISANTS MINIERS

24404'. 245000 2I7CtC 248000

Source : NEWCREST, 2017

71

1.2.1.4. Les orpailleurs dans la zone 2 du terroir de Bouakako

Le site de Bouakako 2 est situé à environ 300 m de l'axe Divo- Hiré. C'est une palmeraie affectée par son propriétaire pour l'exercice de l'orpaillage. Ce site est exclusivement tenu par des femmes et des fillettes dont l'âge varie entre 11 et 45 ans. Elles creusent la terre déjà retournée pour la traiter par lavage simple (photo 2). Bien que n'ayant pas eu de réponse à cette question, nous pensons que ce site était anciennement tenu par des hommes. Les femmes sur le site n'ont que de petites dabas qu'elles utilisent pour retourner la terre, alors qu'on y voit de grands trous dans lesquelles sont emprisonnés d'importantes quantités d'eau provenant des pluies.

 

Site de Bouakako majoritairement exploité par les femmes.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 2 : site du bas fond de Bouakako

 

1.2.2. Les sites d'orpaillage sur les périmètres de la société minière

Les moyens de prospection dont disposent les orpailleurs étant peu performants, certaines prospections s'avèrent infructueuses. Ils se laissent parfois guider par les industriels, en suivant les points de forages réalisés par ces derniers. Les moyens dont disposent les industriels étant plus performants, les orpailleurs ont ainsi la certitude de l'existence de gisements importants sur ce site. Ce fut le cas pour la fosse de Hiré dont les forages avaient été réalisés depuis 2010. Le permis d'exploitation minière PE 44 accordé à la société minière NEWCREST a particulièrement fait l'objet d'invasions fréquentes et massives de la part des orpailleurs. La mine attendant la réalisation des équipements nécessaires à l'exploitation de cette fosse et du

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fait de la crise post-électorale de 2010, n'a commencé ses travaux sur ce site qu'en décembre 2014.

1.2.2.1. Les sites d'Akissi-so

Le site d'Akissi-so dont la potentialité aurifère a été découvert depuis 1967 par Sonnendrucker, était lors de notre pré-enquête de 2014, essentiellement occupé par les orpailleurs. Aujourd'hui il est majoritairement occupé par la société NEWCREST dont il constitue l'une des fosses satellites. Situé à la lisière du quartier Baoulé dans la commune de Hiré, ce site continue d'abriter des orpailleurs. Toutefois, les espaces abandonnés par les anciens orpailleurs sont aujourd'hui revisités par des pléiades de femmes et des jeunes filles qui en poursuivent l'exploitation. Elles le font certes à des degrés moins importants que l'activité artisanale qui y était autrefois pratiquée par les hommes. Les femmes sont dispersées sur ces sites en de petits groupes.

1.2.2.2. Le site d'Assonguisso secteur 21 sur l'axe Hiré-Zégo

Ce site contrairement au site d'Akissi-so, est différent de celui autrefois exploité par les orpailleurs. Il n'est pas loin du périmètre de la mine mais se distingue nettement de celui-ci. Couvrant une superficie de 80 m2, ce site se trouve dans une plantation de cacao et de vivriers, il est détenu par le président des orpailleurs de la sous-préfecture de Hiré. C'est, le même président des orpailleurs qui exploitait une partie du site d'Assayé.

Par jour, ce sont entre 03 et 12 sacs de roches qui sont extraits du sous-sol qu'un total de 80 personnes fouillent dans les entrailles de la terre. C'est une équipe bien organisée qui y travaille sous le regard vigilant du chef de sécurité.

Le diagramme d'évolution de la présence des orpailleurs sur le périmètre de Hiré Est que présente la figure 4, montre qu'avant 2010, il y a une absence totale d'orpailleurs sur ce site. A partir de 2010, ils apparaissent puis on voit une nette évolution de leur présence entre 2010 et 2012. Entre 2012 et 2014, il y a une baisse drastique du nombre d'orpailleurs, qui continue jusqu'à atteindre 300 orpailleurs en 2016.

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Figure 5 : évolution des orpailleurs présents sur le périmètre de NEWCREST à Hiré de 2010 à

2016

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

Année 2010 Année 2012 Année 2014 Année 2016

Source : NEWCREST, 2016

NEWCREST a obtenu le permis d'extraction du secteur de Hiré en 2010. La présence d'une réserve exploitable a donc été confirmée ; ce qui explique l'apparition des orpailleurs sur ce site à partir de cette date. Toutefois, la crainte éprouvée à s'introduire sur un site minier explique le nombre relativement faible des orpailleurs en 2010. En 2012, le nombre d'orpailleurs passe du simple au triple, encouragé par le silence et l'inertie presque totale des autorités minières et administratives. Cependant, en 2014, la compagnie NEWCREST a entrepris de libérer son périmètre de Hiré-Est de la présence des orpailleurs. Cette campagne a consisté à un dialogue menaçant les orpailleurs ; ce qui explique la baisse des orpailleurs que nous constatons entre 2014 et 2016. Cette évolution des orpailleurs sur le permis minier de Hiré-Est va de pair avec l'évolution des superficies occupées par ceux-ci, telle que décrite sur la carte ci-dessous. La figure 5 présente deux phases dans l'occupation du site aurifère de Hiré-Est. De 2010 à 2013, on observe une occupation progressive de ces sites par des orpailleurs. Cela commence timidement en 2010. Puis en 2011, on assiste à une explosion de l'activité avec des superficies occupées passant de 5,76 ha à 25,15 ha. Cette extension de l'activité continue jusqu'en 2013 où elle couvre 34,58 ha pour stagner en 2014 à 24,44 ha.

74

Figure 6 : évolution de l'occupation du périmètre de Hiré Est par les orpailleurs de 2010 à 2014

Source : NEWCREST, 2016

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1.3. LES SITES DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR 1.3.1 Les conditions d'obtention d'un titre minier en Côte d'Ivoire

L'exploitation industrielle de l'or est conditionnée par l'obtention de permis miniers qui en autorisent l'exercice. Ainsi, en Côte d'Ivoire, l'Etat en tant que propriétaire exclusif des ressources minières et minérales du pays est le seul habilité à donner à un tiers l'autorisation d'exploration et d'exploitation. De ce fait, le titulaire du titre minier portant sur le gisement contenu dans le sous-sol ne pourra pas s'en revendiquer propriétaire. Son titre obtenu auprès de l'Etat sous sa casquette de propriétaire lui accordera cependant le droit d'effectuer ses activités de recherche ou d'exploitation de manière exclusive sur un périmètre donné et de mettre en oeuvre les prérogatives qui y seront attachées jusqu'à échéance. Le titre minier confère donc la légitimité de la mise en oeuvre d'une activité minière. La propriété des substances minières extraites du gisement revient au titulaire du titre. L'obtention d'un titre minier est soumise à un ensemble de conditions. Il y a deux catégories de titres miniers : le permis de recherche et le permis d'exploitation.

Le permis d'exploration ou de recherche est le premier titre minier. C'est un document (Art 18 Code minier) que l'Etat donne à une personne physique ou à une entreprise pour rechercher des produits du sous-sol. La demande du permis de recherche est adressée à l'administration des mines. Celle-ci analyse le dossier de demande aussi bien dans la forme que dans le fond et après validation effectue une visite de terrain pour la vérification de la conformité des plans fournis avec la réalité du terrain. Lorsque la visite sur le terrain est concluante, la demande de permis de recherche est transmise à la commission inter ministérielle des mines (CIM) pour analyse. En cas d'avis favorable, le dossier de demande de permis de recherche est transmis au ministre chargé des mines pour autorisation définitive. Le permis de recherche est valable pour trois ans à compter de la date du Décret qui l'institut. Il est renouvelable deux fois par périodes successives de deux ans.

Un renouvellement exceptionnel supplémentaire et unique peut toutefois être accordé après sept ans et pour une période n'excédant pas trois ans. Cela si l'intérêt des résultats obtenus et si l'ampleur des travaux de recherche et des investissements déjà engagés, ou à engager, sont jugés d'importance particulière par l'administration des Mines (code minier, 1995). C'est dans ces conditions que le permis de recherche n°105 a été attribué par le décret n° 96-668 du 28

76

août 1996 dans la région d'Oumé à la société EQUIGOLD Côte d'Ivoire SA pour la recherche de minerais aurifères.

1.3.2 Les titres miniers dans la sous-préfecture de Hiré

Trois titres miniers ont été signés pour l'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Ce sont : un permis de recherche et deux permis d'exploitation (voir figure 7). Le premier permis minier relatif à l'exploitation de l'or à Hiré est le permis de recherche N°105 acquis par EQUIGOLD en août 1996. Il autorise la compagnie minière à entreprendre des travaux de recherches aurifères. Ceux-ci ont été réalisés à partir d'indices, au moyen de travaux de surface et en profondeur, à l'aide de techniques géophysiques, géochimiques et géologiques avancées. La technique de sondage utilisée par EQUIGOLD a consisté à faire des layons sur plusieurs kilomètres sur toute l'étendue de la surface du permis d'exploration. Ces layons étaient espacés de 20 mètres.

L'étude des différents prospects a permis de découvrir en 2000 la présence d'une large zone minéralisée. Entre 2001 et 2004, les travaux d'exploration ont une fois de plus confirmé la présence de gisements économiquement exploitables et établi une ressource indiquée et inférée de 25,1 millions de tonnes à 1,6 g par tonne d'or soit l'équivalent de 1 300 000 onces d'or. La qualité et la quantité des réserves minières du gisement découvert ainsi que les moyens techniques et commerciaux de son exploitation ont permis d'aboutir en novembre 2005 à la première étude de faisabilité.

A la suite de ces travaux de recherche et de l'étude de faisabilité qui a été positive, EQUIGOLD a obtenu en janvier 2007, le permis d'exploitation minière PE-32 qui dérive du permis de recherche N°105. Sur la base de ce permis la mine d'or de Bonikro a été développée. Parallèlement à l'exploitation de la mine de Bonikro, la société LGL a entrepris en 2008 des travaux d'exploration sur plusieurs cibles mineures potentielles de Dougbafla-Est, Dougbafla-Nord, Dougbafla-Centre, Hiré-Est, etc, situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de l'usine de Bonikro. Des résultats encourageants ont été enregistrés entre 2009 et 2012 sur les prospections de Hiré-Est et Dougbafla-Est. Les résultats satisfaisants obtenus de la prospection sur sites satellites ont conduit la compagnie NEWCREST, qui entre temps a succédé à LGL, à demander une Étude d'Impact Environnemental et Social (EIES) portant sur le projet de développement des fosses satellites aurifères.

77

L'approbation de cette EIES est une nécessité pour obtenir le permis d'exploiter. Depuis la phase d'exploration débutée en 1996 par EQUIGOLD CI jusqu'en 2015, ce sont au total trois études d'impact environnementales et sociales (EIES) et une révision qui ont été réalisées pour le compte de NEWCREST dans la sous-préfecture de Hiré. Ces EIES ont été réalisées par plusieurs cabinets privés intervenant dans les domaines de l'environnement et des études sociologiques. Ce sont entre autres : CECAF international, Channel research, BURGEAP COTE D'IVOIRE, Arc Ingénierie, etc. Ces EIES ont porté sur l'ouverture de la mine de Bonikro, l'extension du parc à cyanure l'ouverture de la fosse de Hiré.

Figure 7 : Localisation des permis d'exploitation de NEWCREST Côte d'Ivoire

78

Source : NEWCREST, 2015

79

Elles sont réalisées suivant l'orientation de l'Agence Nationale De l'Environnement (ANDE) à travers des termes de référence qui leur servent de guide. Les EIES sont validées par l'ANDE à la suite d'un examen technique du rapport final de celles-ci.

L'approbation de l'EIES a permis à la filiale ivoirienne de la société minière NEWCREST d'obtenir par le décret présidentiel N°2013-855 du 13 décembre 2013, deux permis d'exploitation sur les sites satellites pour alimenter la mine de Bonikro. Ainsi, le permis d'exploitation n°44 d'une superficie de 195 km2 (voir annexe 1) a été accordé pour le site de Hiré-Est et le permis n°45 d'une superficie de 280,1 km2 pour le site satellite de Dougbafla-Est dans la sous-préfecture d'Oumé. Dans la pratique, l'opération de Hiré-Est s'effectue depuis janvier 2015 sur quatre fosses (Agbalé, Akissi-so, Chapelle et Assondji-so) d'une capacité de trois millions de tonnes de minerai aurifère, exploitable pendant une durée d'environ 6 ans.

1.3.3. Les sites occupés par l'activité aurifère industrielle

Dans la sous-préfecture de Hiré, l'exploitation industrielle de l'or se déroule sur deux sites que sont : le site de Bonikro et le site de Hiré-Est (figure 8).

L'exploitation industrielle s'étend dans l'ensemble sur ces deux sites avec :

y' Bonikro: 1 062,38 hectares y' Gisement de Hiré: 832 hectares

Le site de Hiré est exclusivement un site d'extraction dont le minerai extrait est transporté vers le site de Bonikro qui abrite l'usine de traitement.

80

Figure 8 : Situation géographique des sites occupés par la compagnie minière NEWCREST

Source : nos enquêtes, 2016

81

1.3.3.1 Le site de Bonikro

Le site de Bonikro est le premier site d'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Il s'étend à son ouverture sur une superficie de 860 hectares que les installations de la compagnie minière occupent. Ce site abrite les différentes installations de l'usine de traitement de minerai (voir photo 3). Les activités sur le site de Bonikro ont été des activités d'extraction et de traitement ce qui fait qu'il comprend un ensemble complexe et complet d'installations industrielles notamment : la fosse de la mine à ciel ouvert ; l'équipement pour l'exhaure ; le site de stockage provisoire du minerai brut ; l'aire de stockage des stériles ; l'aire de stockage de la terre végétale ; les bâtiments administratifs et de service ; la station essence ; l'usine de filtration et le bassin de boue. La figure 8 en montre le détail de l'occupation du sol.

Un parc à résidu ou bassin de boue a été construit en 2007. Il s'étendait à sa construction sur 160 ha. Le parc à résidu est un lac artificiel créé pour le déversement des eaux usées, des eaux cyanurées provenant du traitement du minerai. Les dimensions du parc à cyanure ont été agrandies de 70 ha. Ce qui porte la dimension totale à 220 ha.

 

Cette photo présente les différentes installations de la mine de Bonikro.

Auteur photo : NEWCREST, 2015

Photo 3 : Vue aérienne de la mine de Bonikro

 

1.3.3.2 Le site de Hiré Est

La mine de Hiré-Est est une carrière sur laquelle les activités se limitent à l'extraction, au concassage et au stockage temporaire (à la carrière). La taille des aires de stockage varie entre

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20 et 30 mètres de haut. Le minerai extrait dans cette carrière est transporté à la mine de Bonikro où les installations de l'usine existent. Une voie de transport du minerai vers l'usine de traitement de Bonikro a été aménagée à cet effet. Le transport du minerai de Hiré vers l'usine de Bonikro se fait par passage régulier de camion à intervalle de 10 minutes pendant la journée sauf aux heures de pointe (matin et soir). L'empreinte du projet de fosses satellites de Hiré a connu diverses variations au fil du processus et du temps.

Les quatre sites de la mine de Hiré sont Akissi-so (14 hectares), Agbalé (03 hectares), Chapelle (21 hectares) et Assondji-so (15 hectares).

Hormis les sites d'extraction et de traitement du minerai occupés pour l'exploitation industrielle de l'or, une cité des travailleurs de la mine est construite dans la ville de Hiré. Cette cité de 42 villas situées dans la ville de Hiré, est construite en dehors des permis miniers. Elle abrite uniquement les cadres de la compagnie minière. Il s'agit de luxueuses résidences comportant toutes les commodités et parée contre toutes les ruptures de services de la ville notamment en matière d'eau d'électricité et de sécurité. L'approvisionnement en nourriture de la cité est assuré directement d'Abidjan ou par importation de denrées alimentaires.

1.3.3.3. Le site de Dougbafla en pays Gouro

Le périmètre d'exploitation de la compagnie s'étend aussi hors des limites de la sous-préfecture dans la zone de Dougbafla-Est en pays Gouro. Les calculs de rentabilité économique réalisés par la compagnie lui ont permis de définir comme exploitable tout gisement à une distance de moins de 20 kilomètres de la base que représente l'usine se trouvant dans la sous-préfecture de Hiré. Cela a conduit à explorer et trouver un gisement à Dougbafla. L'ensemble des gisements à exploiter dans la région par la compagnie est estimé à 3 000 000 de tonnes de minerai aurifère sur six ans.

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Figure 9 : Occupation du sol par le complexe minier à Bonikro

Source :NEWCREST, 2016

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