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"en aparté"sur Canal Plus : l'invité, le public et le média comme tiers autoritaire dans une émission de conversation

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par Marylène Khouri
Institut Français de Presse Paris II-Assas - Maà®trise d'information et communication 2005
  

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Présentation du plan

Trois parties composent cette étude sur l'émission En aparté. La première sera entièrement consacrée à la présentation de Pascale Clark. Sa position de figure prééminente au sein de l'émission rend en effet pertinente et important le fait de se pencher sur sa personnalité . Elle constitue une figure d'autorité majeure et incarne entièrement l'émission. Je vais revenir sur son parcours, sa carrière a la radio, le succès de sa voix. Après avoir travaillé sur des radios telles que Europe 1, Europe 2, elle commence à la télévision avec des émissions de décryptage des médias telles que « Arrêts sur image », « Culture pub », ce qui sera signifiant dans ma réflexion. On fera par ailleurs apparaître l'installation de Pascale Clark dans une « généalogie des animatrices », en montrant notamment, au moyen des articles de presse de mon corpus annexe, la crédibilité dont elle bénéficie au sein de la profession. Cela donnera lieu à une réflexion sur la difficulté pour les femmes d'obtenir de la crédibilité dans des émissions dites sérieuses, réflexion qui s'appuiera sur le livre de Pierre Bourdieu « La domination masculine ».

Je vais analyser le choix de l'absence de Pascale Clark dans la mise en scène, choix qui semble étrange à l'heure où le présentateur de télévision n'a jamais autant occupé l'espace médiatique. Je vais aussi étudier sa présence uniquement vocale, qui lui confère une aura mythique. Cette présence vocale instaure en effet une relation charnelle, presque maternelle. Il est à souligner, toujours d'après le livre de Bourdieu, la nécessité pour l'animatrice d'être absente de la mise en scène pour ne pas être prisonnière de sa représentation.

Je consacrerai une partie sur les effets produits par l'utilisation unique de la voix dans l'émission et faire un état de lieux de la question du lien entre image et parole et ce, grâce au « Médiamorphoses » n°7 d'avril 2003 « Télévision et radio : état de la parole »

Enfin, je finirai sur les différents types de relation qu'instaure Pascale Clark en m'appuyant sur l'ouvrage d'Alexandre Kojève « La notion de l'autorité ». En effet, Pascale Clark adapte son type de comportement au regard de l'attitude de l'invité ; elle revêt tantôt le statut de la mère, du Juge, du Confesseur...

Dans une seconde partie intitulée « la spectacularisation de l'intime », j'aborderai en premier lieu la tendance à vouloir enfermer l'individu pour mieux l'observer, tendance de plus en plus notable à la télévision : en dehors des inévitables émissions de télé réalité émergent de nombreux cadres d'entretien dans lesquels l'individu est retenu : Citons notamment deux émissions de Paris Première : 93 faubourg Saint Honoré, faux dîner chez Thierry Ardisson, Petites confidences entes amis, où l'invité est retenu dans une chambre d'hôtel où se succèdent des interviewers surprises. L'expérience fut aussi tentée sur Tf1  avec Devine qui vient dîner ? diffusée le vendredi 4 janvier 2002. Ce fut un échec. Pourtant l'émission se situait dans la lignée des programmes du type d' En aparté. Cette tendance est expliquée par Olivier Razac dans son livre « L'écran et le zoo : spectacles et domestications, des expositions coloniales à Loft Story »5(*), sur lequel je m'appuierai pour soutenir l'analyse développée.

Puis dans une deuxième sous-partie, je traiterai du simulacre d'intimité qui constitue la promesse de l'émission, en montrant que la sphère de l'intimité n'est que prétexte au média et pour le public d'assouvir son autorité sur l'invité. Il s'agit d'une fausse intimité où on utilise efficacement les artifices mais dans une volonté paradoxalement spectacularisante. Mon ouvrage de référence sera « La télévision de l'intimité »6(*) de Dominique Mehl.

Enfin, je m'intéresserai au dévoilement de l'invité. En effet, Pascale Clark s'attaque moins aux faits qu'aux réactions : elle provoque l'invité, le « titille ». Il s'agira ici plus d'une étude sémiologique de l'image, destiné à observer la façon dont la caméra traque les réactions des invités et épouse les propos de l'animatrice. On constate alors que des réactions minimes sont spectacularisées. On pourrait même dire que, d'une certaine manière, l'animatrice trouble ses invités dans leur désir de représentation.

Ma dernière partie sera consacrée aux problématiques liées aux caractères conversationnels de l'émission et à ses limites. Dans une première sous-partie intitulée « de l'Olympien au people », je traiterai de la relation avec le « people » et de l'évolution du statut de « star ». On est certes passé de l'époque des stars lointaines et inaccessibles à l'ère de la proximité certes, mais les médias perpétuent et entretiennent les valeurs d'identification des personnalités. De ce fait, celles-ci, bien que l'on puisse plonger dans leur intimité, restent tout de même dans un univers Olympien, expression empruntée à Edgar Morin dans son ouvrage « L'esprit du temps ». Selon moi,  En aparté participe à cette tendance car l'invité est posé sur un socle que l'on observe méticuleusement comme s'il était exceptionnel. Je m'appuierai sur le « Médiamorphoses » n°8 consacré à la question du people et intitulé « Médias people : du populaire au populisme ». Je conclurai cette réflexion sur le constat de l'émergence du « people » dans nos sphères affectives.

Puis je reviendrai sur le dispositif de « mise en autorité » du programme, qui maîtrise le discours de l'invité. Ce point-ci sera plus technique. J'y étudierai le caractère artificiel de la conversation, les indices de la représentation des invités, le discours adressé le plus souvent plus au tiers public qu'au tiers animatrice. Pour ce, je m'appuierai sur l'ouvrage de Patrick Charaudeau et Rosa Montes « La voix cachée du tiers » et sur « L'ordre du discours »7(*) de Michel Foucault. Je tenterai de démonter les artifices de la conversation.

Enfin, dans une dernière partie, je parlerai spécifiquement de la question du politique à l'épreuve de l'émission de conversation, le but étant de livrer une réflexion sur sa place dans une émission populaire, son conflit entre le désir d'être près du peuple et sa quête de crédibilité, sa nécessité de tenir une relation « équidistante » avec le média. Cela permettra de mettre en exergue l'autorité du média qui maîtrise la représentation du pouvoir du politique.

Ce mémoire dissèquera une émission qui est symptomatique de l'évolution des formats d'interview, toujours plus en quête d'intimité et de « scoops », de regards différents sur des personnalités qui prennent de plus en plus d'importance au sein de notre sphère affective. Les rapports de force conversationnels se créent et font du média un indéniable acteur politique qui module notre perception et notre opinion sur les personnalités qui composent notre environnement médiatique.

* 5 « L'écran et le zoo », Olivier Razac, ed.Denoël, 2001

* 6 « La télévision de l'intimité », Dominique Mehl, ed.Seuil, 1996

* 7 « La voix cachée du tiers », sous la direction de Patrick Charaudeau, éd.L'Harmattan, 2004

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