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Protection Juridique du personel Humanitaire en Situation de conflit armé


par Nicole TCHOMTCHOUA TAGNE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2004
  

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Paragraphe III- L'évolution des démarches humanitaires sur le terrain

Parmi les facteurs contribuant à mettre en mal la protection du personnel humanitaire, l'on doit relever le fait que, ces derniers ont quelques fois été à l'origine de l'insécurité dont ils sont victimes. Il s'agit des situations où le personnel humanitaire, très équipé matériellement, fait l'objet des convoitises des groupes armés en place (A) ; de plus, certains comportements des humanitaires sont de nature à discréditer leur image aux yeux des combattants (B).

A- Le coté ostentatoire et rutilant des missions humanitaires

Ces dernières années, la pratique des missions humanitaires a beaucoup changé. Le « paraître » prend le pas sur les missions essentielles mêmes de l'action humanitaire. L'action humanitaire, en plus de son coté humaniste connaît un grand essor pour des penchants matériels. L'on pourrait pousser plus loin la réflexion en disant que l'action humanitaire aujourd'hui est devenue une industrie, voire un marché123(*). Elle se trouve de plus en plus guidée par des tendances marketistes. Certains humanitaires aujourd'hui réduisent l'action humanitaire au seul tapage médiatique qui leur permet de recueillir des fonds auprès des bailleurs de fonds internationaux. L'humanitaire est devenu une affaire de publicité et d'argent, ses agents se livrant à des compétitions de tous genres entre eux124(*). Ceci explique l'expansion exponentielle des ONG sur les terrains de catastrophe naturelle ou de conflit. C'est dans cette optique que Sylvie BRUNEL affirmait que : « Les ONG humanitaires sont passées en vingt ans du camion au satellite »125(*).

Les humanitaires dans ce nouvel élan se soucient plus de répondre aux besoins ponctuels et présents que de prendre le temps de réfléchir et de créer de réelles actions durables. Ce qui suscite de vives critiques de la part de la communauté internationale qui trouve que, l'action humanitaire ne devrait pas se limiter à réunir des moyens pour atténuer des souffrances ponctuelles, mais devraient plutôt mettre sur place de véritables programmes de relais126(*).

Les humanitaires au lieu de fournir continuellement des vivres aux populations en détresse, feraient mieux par exemple de mettre à leur disposition des moyens de production pour que ces derniers puissent eux même se prendre en charge. C'est ainsi que le CICR à Kinshasa en République Démocratique du Congo a distribué aux populations locales du matériel de jardinage en vue de développer des activités maraîchères.

Ces dérives humanitaires sont perceptibles tant au niveau des méthodes d'action que de leurs attitudes sur le terrain.

B- Les conduites équivoques

Il est coutume aujourd'hui de rencontrer dans la pratique des opérations d'aides humanitaires certaines attitudes déviantes allant catégoriquement à l'encontre des principes qui gouvernent l'action humanitaire. C'est le cas des infiltrations au sein de certaines ONG humanitaires par des personnes étrangères au corps qui se livrent à des actes « extra humanitaires ». Au Rwanda en 1994, il a été constaté la présence de certaines personnes au sein des ONG humanitaires qui se livraient à des pratiques d'espionnage127(*) ainsi qu'à des collectes d'information pour servir au camp adverse.128(*) Tout ceci se déroulait sous le regard des responsables de ces organisations.

Bien plus, il a été remarqué sur le terrain que certains logos d'organismes humanitaires ont été utilisés abusivement en vue de transporter des armes devant servir au conflit129(*). C'est le cas en République Démocratique du Congo où le logo de l'ONU ainsi que de certaines ONG étaient utilisés abusivement pour fournir des armes à des forces armées devant entrer au Zaïre130(*). Toutes ces pratiques loin de garantir la crédibilité et par la même occasion la sécurité du personnel humanitaire, sont plutôt de nature à fragiliser la protection qui leur est consacrée par les textes. Le drame cependant demeure le fait que, lorsqu'une organisation humanitaire se livre à de telles pratiques, elle met en cause la sécurité de toutes les autres organisations humanitaires dans la mesure où, les parties au conflit auront tendance à les identifier au corps des humanitaires tout entier.

Comme le disait si bien Cornnelio SOMMARUGA en ce qui concerne les causes de violation du droit international humanitaire : « [...] Ce ne sont pas les principes humanitaires qui sont remis en cause par les belligérants. Mais d'autres facteurs interviennent qui les amènent à ne pas se conformer »131(*) Il en ressort que, il y a des pratiques qui très souvent emmènent les différents belligérants à violer consciemment les règles de droit international humanitaire. Les comportements contraires aux principes du DIH de certains humanitaires sont de nature à pousser les groupes armés à violer les règles et normes internationales sur la protection du personnel humanitaire. C'est pourquoi au regard de tout ce qui précède l'on pourrait s'accorder avec le Dr Alain Didier OLINGA lorsqu'il déclare que : «  l'humanitaire a perdu de son innocence »132(*).

* 123 R. BRAUMAN, op. Cit. , p.255.

* 124 En RDC il a été remarqué des luttes de leadership entre les organisations humanitaires de l'ONU à l'instar du HCR et certaines ONG humanitaire

* 125 S.BRUNEL,  « Les organisations humanitaires entre morale, rationalité et responsabilité : l'exemple de l'Action contre la faim » in Enjeux n°8, juillet septembre 2001, pp. 13-17.

* 126 Pr J.D.BOUKONGOU, « La coordination des politiques humanitaires : quelles leçons à partir des expériences de l'Afrique Centrale ? » in Enjeux n° 8, juillet septembre 2001, pp.9-12.

* 127 J.D.Lavenir MVOM, « L'environnement de l'aide humanitaire dans le conflit des grands lacs » mémoire DESS option diplomatie, IRIC 2000.

* 128 A. D. OLINGA,  «  Le cadre juridique de l'action de l'action humanitaire : aspects internationaux et réalités régionales » Enjeux n°8 juillet-septembre 2001, pp.5 -8

* 129 J.D.Lavenir MVOM op. Cit

* 130«  Donnez valeur de loi au devoir de sauver  les vivants» in Dossiers Noirs de la Politique africaine de France site Internet www.survie-france.org (consulté le 05 juin 2005 à 16h)

* 131 C.SOMMARUGA, « Réflexion et convictions sur l'humanitaire aujourd'hui et demain » in Revue internationale de la Croix Rouge, n° 838, juin 2000, pp. 305-327.

* 132 A.D.OLINGA, « Le cadre juridique de l'action humanitaire : aspects internationaux et réalités régionales », in enjeux n°8, pp. 5-8.

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