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La conception d'un projet d'établissement: Entre politique, ingénierie et pragmatisme

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par Simon MAMORY
Université de Nantes - Master Pro Direction d'Etablissement ou Organisme de Formation (DEOF) 2002
  

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CHAPITRE 2

CONTEXTE UNIVERSITAIRE TRÈS COMPLEXE

Ce chapitre vise à donner une description générale de ce qu'est l'université, établissement d'enseignement supérieur, en tant que terrain de cette recherche. En effet, afin de contextualiter le projet d'établissement d'une université, la moindre des choses est d'identifier clairement de quelle organisation nous parlons ; de quel établissement il s'agit afin de mieux saisir le rôle que puisse y jouer une démarche projet. Commençons par la grande superstructure

en nous référant à la définition de l'UNESCO62- 63.

L'enseignement supérieur inclut "tout type d'études, de formation ou de formation à la recherche assurées au niveau post-secondaire par un établissement universitaire ou d'autres établissement d'enseignement agréés comme établissement d'enseignement supérieur par

les autorités compétentes de l'État" (F. Mayor et S. Tanguiane, 2000)64. Cette définition est suffisamment globale pour cerner le contour général, mais trop pour apercevoir les nuances et les articulations, indispensables repères dans la lecture d'une situation particulière. D'où l'intérêt de l'affiner par une mise en lumière des quelques nuances du cas français.

Une majorité d'auteurs, en se basant sur les catégories officielles, pointe le doigt sur la dualité grandes écoles/universités de l'enseignement supérieur français ainsi que sur

les problèmes qualitatifs sociologiques et de gestion corollaires à cette hiérarchisation, source d'efficacité pour les uns, machine de reproduction pour les autres. Dans son rapport n°1927 déposé en 2004, la Délégation de l'Assemblée Nationale pour l'Union Européenne65 met pertinemment en exergue cette dualité en ces termes : "Ces établissements [les grandes écoles]

ne représentent que 5,4 % à 6% des effectifs de l'enseignement supérieur mais forment près de

62 Tiré du préambule de la "déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le XXIe siècle : vision et action", in Frederico Mayor, Sema Tanguiane (2000), L'enseignement supérieur au XXIe siècle, Paris, Hermès Sciences Publications, p.263.

63 United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization / Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.

64 Note de pas de page in F. Mayor, S. Tanguiane (2000) op. cit. : Définition approuvée par la Conférence générale de l'UNESCO à sa 27e Session (novembre 1993) dans La Recommandation sur la reconnaissance des études et des titres de l'enseignement supérieur.

65 Michel Herbillon & al. (2004), L'enseignement supérieur en Europe, Rapport d'information déposé par la Délégation de l'Assemblée Nationale [française] pour l'Union Européenne, N° 1927 du 17/11/2004, p.49.

40% des diplômés à Bac+5. Avec 16% d'étudiants étrangers, ils affichent un taux d'internationalisation plus élevé que la moyenne de l'enseignement supérieur français (11 %)."

Tout en soulignant la nature hautement révélatrice des faits avérés de cette série de données statistiques, à partir d'un constat basé sur des critères tels que la sélectivité, le coût de la formation, la valeur des diplômes sur le marché de l'emploi, nous suggérons la possibilité d'un autre classement. En effet, en France, l'enseignement supérieur regroupe une variété de types d'établissements que l'on pourrait aussi classer, grosso modo, en trois catégories: d'abord, les très grandes écoles d'ingénieurs et de commerce (Polytechnique, École Centrale de Paris, Ponts et Chaussés, HEC, etc.) ; ensuite, les grandes écoles d'ingénieurs, grandes écoles de commerce, écoles des hautes administrations... ; et enfin les universités, les IUT et une partie

des lycées ayant des Sections de Techniciens Supérieurs sans oublier les Classes Préparatoires. Ces trois types d'établissement ont, non seulement des statuts distincts mais surtout, des modalités de recrutement très différentes66. Ce qui exige une grande rigueur et des précautions méthodologiques dans toute tentative de comparaison de leur fonctionnement. Ainsi, quelles que puissent être leurs missions officielles, la réalité est qu'ils ne reçoivent pas la même population, n'ont pas les mêmes ressources, encore moins les mêmes finalités. Ces remarques semblent primordiales pour mieux situer l'université.

Ainsi placée dans le contexte de l'enseignement supérieur actuel, voyons comment peut-on identifier l'université française à travers le début de son histoire, les textes législatifs constitutionnels qui la fondent et les enjeux auxquels elle doit faire face, avant de nous focaliser sur un établissement particulier, en l'occurrence l'université unique de la grande capitale ligérienne. Ce retour dans le passé reprend ce que nous proposions dans l'autoréférentiel avec la "retroprojection". Telle démarche situera davantage l'université dans une longue péripétie qui, vue de là où nous sommes, permettra de mieux la comprendre avant un examen de son présent,

des difficultés auxquelles elle fait face et, surtout, des enjeux de sa projection.

Les propos qui vont suivre n'ont alors aucune ambition d'avoir un caractère les rattachant ou même les rapprochant aux sciences historiques. Ce sera juste un résumé, voire une liste rapide d'une succession chronologique des évènements les plus marquants ayant influé sur l'avènement, le développement et l'état actuel de nos "fabriques de matières grises". L'objectif en

est simplement une volonté de placer l'université dans son contexte.

66 Les uns pratiquent des sélections (intellectuelle et sociale) draconiennes tout en ayant les moyens colossaux, tandis que

les autres vivent la massification, le surpeuplement quelques fois, avec des ressources très modestes par rapport aux premiers.

I.Le profilde l'université française

Le propos qui suit ne cherche pas à affecter le système universitaire dans sa totalité mais uniquement l'établissement. Ce préalable ôtera toute ambiguïté sur la portée de nos réflexions qui se veulent circonscrites au niveau local bien qu'une telle limitation n'empêchera

pas d'avoir en permanence à l'esprit la dimension nationale de l'enseignement supérieur en France, comme la dimension internationale que veut se donner chacun des établissements. Il serait impossible d'ailleurs de faire fi de ces dimensions.

A. Un héritage millénaire

Après une longue histoire depuis le Moyen-Âge qui lui a fait passer par diverses étapes dont suppression, recréation, changements de statuts, l'Université française telle que nous la voyons aujourd'hui est une institution tellement complexe que la connaître relève d'une entreprise lourde. Il faudrait pour cela faire appel à l'histoire, à la géographie, aux sciences politiques, à la sociologie, économie...et d'autres disciplines sûrement. La limite de ce travail n'autorise pas à explorer toutes ces disciplines complémentaires à la définition de l'université qui pourrait être plus complète. Nous allons, par nécessité, choisir une entrée par le droit en nous concentrant sur ce qu'est l'université du présent, après un court passage par l'histoire.

Parler de l'histoire des universités ou de l'université, à son origine, ne peut se faire convenablement sans se situer à l'échelle européenne. À ce début du XIIIe siècle, l'on constate l'émergence de ce que l'on peut considérer comme étant les ancêtres de l'université dans

les plus grands centres culturels de l'époque notamment Bologne (1119), Sorbonne (1198), Oxford (1209), Cambridge et Padoue, Heidelberg.... Il ne s'agit pas d'une création ex nihilo mais plutôt d'un fruit de l'évolution de différentes formes d'enseignement supérieur déjà existant.

Pour le cas français, il est possible de considérer comme son départ un légat pontifical du 1215 octroyant à "la jeune universitas magistrorum et scolaium Parisiensium ses premiers statuts"67. Peu de temps après, en 1220, ce fut la création des écoles de médecine de Montpellier.68 Puis vint successivement le tour d'Avignon (1303), d'Orléans (1306), d'Angers (1337), etc. L'Université de Nantes ne voit jour qu'au milieu du XVe siècle, en 1460. Depuis

67 Christophe Charles, Jacques Verger (1994), Histoire des universités, Paris, Que-Sais-Je ?, PUF, p. 12.

68 Idem.

cette naissance moyenâgeuse, l'université va traverser le temps et les péripéties historico- politiques de presque huit siècles avant d'arriver à l'état où elle se trouve. Il s'agit donc d'un héritage qui nous a été transmis grâce à l'investissement de milliers de femmes et d'hommes aussi bien pour sa fondation, son entretien que pour son évolution permanente suite à des réformes successives. Ainsi elle demande, entre autres choses, à être connue, comprise afin que

sa perpétuation en meilleur état puisse être assurée. Alors, voyons maintenant ses contours juridiques.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo