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L'influence des attentats de Casablanca sur la politique antiterroriste au Maroc

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par el azzouzi el idrissi hicham
Université de Perpignan - master II droit privé 2005
  

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CONCLUSION

Alors que l'on commémore le 4ème anniversaire du 11 septembre, le danger du terrorisme est-il pour autant circonscrit. Ce « phénomène » transnational est d'autant plus difficile à cerner qu'il évolue en fonction d'une conjoncture mondiale.

Abdallah Rami est un jeune chercheur en sciences politiques de l'université Hassan II. Il est sur le point de terminer une thèse sur la Salafiya Al Jihadia au Maroc. Ses conclusions sont édifiantes : « La prochaine génération de jihadistes n'aura plus aucun contact direct avec Al Qaïda et les autres organisations affiliées. Les liens seront avant tout virtuels à travers le net et entre individualités. Certains sites sont en train de devenir de véritables camps d'entraînement ». C'est le véritable paradoxe de la Salafiya Al Jihadia, ce courant qui tente d'imposer le mode de vie en vigueur au troisième siècle de l'hégire et qui fraie comme un poisson dans l'eau dans l'univers de la très haute technologie. Des centaines de sites Internet régulièrement hachés par les services de sécurité se régénèrent en un clin d'oeil et véhiculent une propagande meurtrière. D'un point de vue organisationnel, la stratégie terroriste évolue de pair avec les ripostes sécuritaires. Les organisations salafites, maillons de la nébuleuse Al Qaïda, moins « maniables », perdent de leur influence par rapport à la cellule indépendante dans laquelle la logistique et l'exécution se confondent.37(*)

Les apprentis sorciers

A Casablanca, Madrid et en Arabie Saoudite les dernières attaques relèvent de cette stratégie qui ne nécessite pas une logistique lourde. Il semblerait donc que l'on se dirige vers ce type de micro-organisations fortes d'une dizaine de personnes adoubées par une fatwa générale. Pour les Occidentaux, le phénomène apparaît à l'orée du 11 septembre, mais ses racines sont implantées dans le monde arabe dès les années 70. A l'époque, les dirigeants arabes jouent aux apprentis sorciers avec ce mouvement censé contrer la thèse chiite après la révolution islamique en Iran. Il aura aussi un rôle d'étouffoir de l'activisme de gauche prégnant dans les années 70. En filigrane et avec un regard bienveillant, les USA, en pleine guerre froide, tirent les manettes pour que ce mouvement conservateur anesthésie « gentiment » la rue arabe.

Une alternative légale ?

Une rue arabe sans « contrat social », opprimée, vouée aux gémonies de pouvoirs absolutistes. Et l'anesthésier s'est révélé être un véritable poison. Une maladie des temps modernes qui mue chaque fois que l'on tente un traitement. Capable de rester silencieuse pendant quelques années, annonçant une rémission pour redémarrer de plus belle.

Capable de se transformer en une maladie d'apparence plus bénigne mais qui cache de lourds dysfonctionnements. Il en est ainsi de la Salafiya Al Islahiya (réformatrice) qui apparaît en Arabie Saoudite et bientôt au Maroc comme une alternative légale du mouvement. Les différents régimes arabes ont longtemps essayé de maintenir le religieux hors du politique. Il semblerait que cette équation soit à l'heure actuelle impossible.

Les Marocains doivent apprendre à vivre avec l'idée qu'un 16 mai est un événement parfaitement reproductible quels que soient les milliers de personnes arrêtées et tant qu'il n' y aura pas de contrat social accepté par tous. Face à ce phénomène, que fait l'Etat marocain ?

Des efforts insuffisants

Des efforts notables ont été engagés, l'islam officiel marocain entame une mue progressiste. Le code de la famille ébranle un patriarcat multiséculaire, mais à côté de ses avancées notables, que trouve-t-on ? Une politique de la ville freinée par des réglementations lourdes et qui empêchent l'élu local de repenser la cité. Des mesures censées arrêter l'anarchie et qui surmultiplient cette anarchie. Des valeurs en termes de droits de l'Homme valables pour les uns et oubliées dès qu'il s'agit des opposants du moment. Une dualité présente dans la vie des Marocains et qui encourage l'immobilisme.

Un urbanisme cache-terrorisme confié à des privés dont certains respectent rarement leurs engagements. Faut-il pour autant être résigné et attendre que le prochain illuminé explose en semant la mort ? La nécessité, encore une fois, d'un contrat social compris par tous, les riches comme les plus démunis des Marocains, devient urgente. Un contrat social synonyme de droit et de devoir mais aussi d'espérance.

Comme nous l'avons signalé au début de l'article, la lutte contre ce type de terrorisme que le monde islamique doit affronter passe par le traitement, non seulement des symptômes, mais surtout des causes fondamentales et les neutraliser. Pour désarmer le terrorisme, il faudra démonter ses arguments et révéler son montage symbolique. Une bonne partie de ce terrorisme est construite sur le symbole de la Palestine, servant de prétexte aux coupables pour semer la terreur. Sans nul doute, depuis le 11 septembre, peu de choses ont été faites au niveau de la communauté internationale pour solutionner ce «péché» originel : cette injustice «originaire» qui s'amplifie chaque jour en Palestine. Tant qu'aucune aide ne sera fournie par aucun pays, malgré les forces dont il dispose afin de résoudre ce problème -l'Espagne détenant entre ses mains de sérieuses capacités de décision au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et refusant de parler de manière franche et directe avec la puissance unique, nous continuerons à assister aux carnages monstrueux comme ceux du 16 mai.

Comprendre le langage du terrorisme ne signifie en aucun cas céder à son chantage. N'est-ce pas un chantage que de ne pas appliquer, après 36 ans, une résolution juste des Nations Unies et demander à Israël de se retirer des territoires occupés en 1967 ? Naturellement que ce n'est pas facile aujourd'hui après qu'Israël ait tout fait pour rendre cette occupation irréversible. Il y a des choses qui auraient pu être faites et qui ne l'ont pas été, alors que les années 90 étaient propices pour une solution de paix entre palestiniens et israéliens. Madrid s'était convertie en «capitale de la paix» en novembre 91.

Simon Peres a écrit dans le journal «Le Monde» daté du 14 novembre dernier : «Nous devons annoncer que nous sommes disposés à inclure dans tout accord permanent le retrait des forces des territoires occupés comme cela a été proposé par Bill Clinton au Camp David. La société israélienne a payé un lourd tribut suite à cette occupation. Nous avons rendu le tracé difficile pour établir une carte qui assurerait la paix et la sécurité pour Israël».

1. La question n'est pas, maintenant, d'entrer dans des discussions en période préélectorale - et ceci, d'où qu'elles proviennent, crédibles ou pas - mais plutôt de toucher le fond du problème afin de permettre à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement Sharon. Naturellement, le drame palestinien, malgré son caractère symbolique, ne constitue pas l'unique cause de ce terrorisme, tout autant alimenté par les barrières de la misère, dressées contre toute espérance, comme celles de Sidi Moumen à Casablanca, d'où sont issus la majorité des kamikazes. Ainsi, sa solution pourrait mettre fin au principal argument que viennent brandir ces apostats de la violence. 38(*)

* 37 Un « 16 mai » peut-il se reproduire ?article apparu dans le « Journal" (N°173 du 11 au 17 septembre 2004)

* 38 Revu le journal-hebdou N°120 juillet 2003article du Bernabé Lopez Garcia Professeur de l'Histoire de l'Islam contemporain à Université Autonome de Madrid

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams