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Dosage de cotinine urinaire : interet pour l'evaluation du statut tabagique

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par dhouha haj mouhamed
institut superieur de biotechnologie en monastir tunis - mastere 2006
  

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VI. DISCUSSION

Dans ce travail, nous avons dosé la cotinine urinaire par une méthode immuno-enzymatique dont la limite de détection est de l'ordre de 33 ug/ L selon le fournisseur du Kit de dosage, permettant la détection de la cotinine même chez les fumeurs et chez les fumeurs passifs. En pratique, nous avons retrouvé chez les témoins non exposés des valeurs de cotininurie inférieures à 33ug/L, faisant de cette méthode un outil adapté au dépistage du tabagisme. Notre méthode se caractérise par une limite de détection meilleure que celle de la technique immuno-enzymatique utilisant le réactif Microgénics® (45 ug/L), permettant de dépister de façon satisfaisante les "fumeurs" mais pas les "petits fumeurs", mais plus élevée que celle de la méthode "métabolites de la nicotine" DPC® (10,8 ug/L), dont le principal avantage est la précision satisfaisante pour de faibles concentrations de cotinine, permettant le dépistage du "fumeur passif".

Le dosage de la cotinine urinaire est également possible par une méthode colorimétrique utilisant comme réactifs le chlorure de cyanogène et l'acide barbiturique, et donnant un complexe coloré évalué à 500 nm. Mais cette méthode manque de spécificité et de sensibilité (69,70) et son principal inconvénient réside dans le domaine de linéarité restreint qui impose d'effectuer des dilutions des échantillons biologiques pour les fumeurs fortement dépendants ou traités par de fortes doses de nicotine (45,49).

Par ailleurs, concernant notre méthode, d'autres métabolites de la nicotine et notamment la 3-Hydroxy-cotinine, dont la forme libre représente 34% de l'ensemble des métabolites urinaires de la cotinine,, peuvent majorer significativement les concentrations de la cotininurie mesurée. Cette interférence se répercutant sur toutes les mesures effectuées, elle demeure sans incidence sur la comparaison de nos résultats (45,49).

Cependant, la meilleure alternative préconisée par certains auteurs est le recours à l'HPLC précédée par une extraction en phase solide qui a été également décrite pour le dosage de la nicotine, de la cotinine et de la trans-3'-hydroxycotinine dans l'urine (45,60,61). Il s'agit d'une technique rapide et fiable qui peut s'appliquer à des échantillons provenant aussi bien de fumeurs actifs que passifs (49,64). Avec ce type d'extraction, Oddoze et al (71) obtiennent une limite de quantification de 0,5 ng/mL pour la cotinine et de 5 ng/mL pour la nicotine. Tuomi et al (72) ont utilisé une technique HPLC couplée à la spectrométrie de masse pour évaluer l'exposition à la fumée de tabac. La limite de détection est de l'ordre de 1ng/mL pour la cotinine et de 10 ng/mL pour la nicotine et ces seuils peuvent être abaissés en augmentant le volume de l'échantillon.

Avec l'adaptation de notre méthode sur automate, la cotininurie s'avère un marqueur biologique pertinent du tabagisme avec une valeur discriminative entre les trois sous-groupes (fumeurs, sujets non exposés et sujets exposés), les valeurs supérieures à 25,3 ug/umol de cotinine ayant toujours été retrouvées chez les fumeurs passifs et supérieures à 105,18 ug/umol chez les fumeurs confirmés.

La surveillance biologique du tabagisme actif et du tabagisme passif chez les personnes soumises à un environnement tabagique (in utero, enfants, adultes), est une notion maintenant acquise. La cotinine libre urinaire apparaît comme le meilleur marqueur, étant un parfait témoin de l'imprégnation tabagique (45). Elle constitue le marqueur le plus couramment utilisé. En effet, la cotinine est lentement éliminée de l'organisme: sa demi-vie varie de 10 à 37 heures en fonction des sujets et son dosage reflète l'imprégnation tabagique des deux ou trois jours précédents. De plus, la cotinine étant une base beaucoup plus faible que la nicotine, les concentrations urinaires sont beaucoup moins dépendantes du pH (75, 73,74).

Selon Larramendy et al (76), la cotinine est un marqueur de l'abstinence tabagique avec une sensibilité de 96-97 % et une spécificité de 99-100 % pour la distinction fumeur / non-fumeur (45,76).

Dans ce travail, nous retrouvons une différence significative entre les valeurs moyennes de la cotinine urinaire chez les fumeurs, les fumeurs passifs et les non fumeurs, permettant le dépistage du tabagisme passif. Cependant, en tenant compte des vrais intervalles des taux de cotinine urinaire, il semble difficile de faire la différence entre les fumeurs passifs et les non fumeurs non exposés. Les résultats obtenus concordent avec ceux de Berny et al. (77,78) sur les marqueurs spécifiques du tabagisme.

Dans notre étude, les non fumeurs apparemment non exposés éliminent en moyenne 10,31 ug/umol de cotinine, contre 31, 07 ug/umol chez les fumeurs passifs et 225,10 ug/umol chez les fumeurs actifs.

Il faut cependant reconnaître qu'il s'agit là de valeurs moyennes qui n'excluent pas la possibilité de rencontrer chez certains individus des éliminations apparemment non proportionnelles au degré d'intoxication supposé comme en témoignent quelques valeurs relativement basses (33,42 ug/umol et 90,35 ug/umol) observées chez 2 fumeurs sur 47 et à l'opposé, des valeurs exceptionnellement élevées (100,63 ug/umol) chez un non fumeur exposé sur 40. La cotininurie pourrait ainsi permettre de mieux exprimer le degré d'absorption tabagique que les renseignements fournis par questionnaire. Les valeurs précédentes doivent faire l'objet d'une interprétation critique, car il existe toute une série de facteurs devant être pris en compte.

Chez les fumeurs, l'âge du début de consommation se situe aux alentours de 17 ans dans notre étude, alors que d'autres études faites en Tunisie en 2002 situent l'âge moyen auquel une personne commence à fumer entre 19 et 20 ans (79,80). Pour d'autres auteurs, l'âge des premières expériences se situe autour de 14 ans (81). De plus, on remarque que le taux de cotinine urinaire est plus élevé chez les fumeurs âgés de plus de 40 ans par rapport aux groupes des 15 à 19 ans et des 20 à 40 ans. On peut corréler cette différence à d'autres paramètres tels que la prévalence du tabagisme dans chaque groupe, l'intensité de consommation du tabac, les opinions de chaque sujet fumeur et l'ancienneté d'exposition. Dans notre étude, nous remarquons que la prévalence du tabagisme est plus élevée dans la tranche d'âge > 40 ans, alors qu'elle est plus importante dans la tranche d'âge 25-39 ans d'après Libbey (78). De plus, nous avons noté qu'il existe à la fois des similitudes et des différences entre le tabagisme des jeunes (15-19 ans) et celui des adultes (20-40 ans).

Les jeunes, principalement au stade de l'expérimentation, fument rarement quotidiennement ou de manière régulière. Ils fument notamment pour les effets pharmacologiques immédiats ressentis, parfois pour maîtriser leur poids et pour répondre aux stimuli environnementaux. De plus, on peut corréler l'augmentation de la cotininurie chez les fumeurs de plus de 40 ans à la nature du tabac consommé. En effet, chez les jeunes, le tabagisme se limite presque exclusivement à la consommation de cigarettes, les personnes plus âgées préférant le tabac à priser. De plus, chez le sujet prisant ou mâchant, la nicotine passe facilement et plus rapidement à travers les muqueuses à l'état de sels de base (82).

Il convient de révéler la constance de certains comportements propres à la société tunisienne, tels que l'usage de narguilé ou de substances traditionnelles comme le tabac à priser, apanage des anciens, en particulier des femmes habitant les zones rurales. De plus, nous avons relevé dans ce travail que la majorité des sujets âgés de plus de 40 ans ont un niveau d'instruction bas, méconnaissent la nocivité du tabac et fument plus que les deux autres groupes (20 à 40 ans et 15 à 19 ans), ce qui explique la valeur élevée de la cotinine urinaire chez ces sujets. Dans la littérature, la population des fumeurs réguliers et le nombre de cigarettes fumées augmentent rapidement avec l'âge et sont maximales autour de 40 à 50 ans (79,80).

Ce travail montre aussi que le tabagisme passif touche toutes les tranches d'âge avec des valeurs de la cotininurie qui ne dépassent pas en moyenne 40 ug/ umol. Les travaux de Schulte-Hobein et al (83) ont montré que pour une même exposition au tabagisme passif, les taux de cotinine urinaire observés chez les enfants (1 à 15 ans) sont généralement plus élevés que ceux observés chez les adultes, ce qui s'explique non pas par une différence de métabolisme mais par une plus forte exposition due à leur incapacité à s'extraire volontairement d'une atmosphère enfumée (83).

De plus, il existe une corrélation fortement positive entre le taux de cotinine urinaire mesuré chez les enfants et les habitudes tabagiques de leurs parents (84).

Par ailleurs, notre étude révèle l'absence d'une différence statistiquement significative de la valeur de la cotininurie entre les femmes et les hommes, alors que la valeur de la cotininurie est nettement plus élevée chez les femmes. L'augmentation de la valeur de la cotininurie trouvée chez les femmes peut s'expliquer par le fait que les deux femmes testées utilisent le tabac sous formes traditionnelles (tabac à priser ou à chiquer), ceci concorde avec les résultats trouvés par El Gharbi (82) concernant le comportement propre à la société tunisienne, tel que l'usage de substances traditionnelles comme le tabac à priser, en particulier chez les femmes habitant les zones rurales. En accord avec nos résultats, Tessier (85) rapporte une prévalence tabagique plus élevée chez l'homme que chez la femme. D'autres auteurs estiment que chez les femmes, la quantité de cigarettes fumées au cours d'une vie est proche de celle des hommes, même si elles commencent à fumer plus tard (79). Théoriquement, en présence d'un taux de cotinine urinaire élevé, alors que la femme affirme qu'elle ne fume pas, il peut s'agir :

Ø d'une femme fumeuse qui cache son tabagisme;

Ø d'un tabagisme passif (les taux de cotinine urinaire sont alors faibles) (65);

Ø de l'absorption de cotinine d'origine non pas tabagique mais alimentaire, certains aliments étant riches en cotinine : tomate, thé, aubergine, café,... (86,78);

Ø d'un relargage de cotinine glucuroconjugée en cotinine libre du fait de mauvaises conditions de stockage à température trop élevée (87).

Nous avons également noté que le taux de cotinine urinaire est plus élevé chez les femmes exposées que chez les hommes exposés, cette augmentation peut s'expliquer par le fait que la majorité des femmes enquêtées et admettant fumer vit avec un mari fumeur et/ou bien des enfants fumeurs. Nos résultats concordent avec ceux de Burguet (84).

Dans notre étude, la valeur de la cotinine urinaire est plus importante chez les fumeurs analphabètes (321, 89 ug/umol) par rapport aux autres sous-groupes, ainsi que pour les fumeurs passifs. Ceci peut s'expliquer par le fait que ces derniers groupes sont inconscients des effets nocifs du tabac, négligeant le fait que ce dernier puisse être un facteur favorisant la survenue de nombreuses pathologies. Nos résultats concordent avec ceux de l'ONFP (Office National de la Famille et de la Population) (79,80). Selon cet organisme, le niveau de consommation de tabac chez l'homme est inversement proportionnel à son niveau d'instruction: une personne ayant une formation universitaire fume moins que celle dont le niveau d'instruction est bas. Par ailleurs, les cadres supérieurs fument moins que les manutentionnaires. Dans la plupart des pays à revenu élevé, la prévalence du tabagisme entre les différents groupes socioéconomiques varie sensiblement: les individus dont le niveau socio-économique et le niveau d'instruction sont faibles fument davantage que les individus instruits de niveau socio-économique élevé (88). Cela est particulièrement vrai chez les hommes.

Concernant la durée de l'exposition au tabac, notre étude révèle une forte corrélation entre la valeur de la cotinine urinaire et l'ancienneté de l'exposition ; cette relation cesse d'être linéaire à partir de 15 ans. D'un autre côté, nous retrouvons une forte corrélation entre la concentration de la cotinine urinaire et le nombre de cigarettes fumées par jour; la différence de concentration est significative entre le groupe fumant 1 à 10 cigarettes par jour et ceux fumant 40 cigarettes par jour (p<0.05). Par contre, Bruckert et al (89) retrouvent une corrélation faible entre les concentrations de cotinine urinaire et le nombre de cigarettes par jour même si d'autres auteurs montrent que la relation entre le nombre de cigarettes fumées et la concentration de la cotinine urinaire cesse d'être linéaire pour tendre vers un plateau à partir de 25 cigarettes par jour (90). Phung et al (51) ont montré que la corrélation entre le taux de la cotinine urinaire et la quantité de nicotine consommée, évaluée par le nombre de cigarettes indiqué par le fumeur, n'est pas très étroite. Le degré réel de l'intoxication au tabac dépend du rendement de cigarettes en nicotine, mais aussi et surtout du mode de consommation du tabac (pipe, cigare ou cigarette), du fait d'inhaler ou non et de la profondeur et la fréquence de cette inhalation (51,91).

En pratique, les droites de corrélation obtenues dans notre étude permettent une estimation de la consommation tabagique chez les sujets fumeurs. La consommation d'environ 1 à 10 cigarettes par jour correspond à un taux de cotinine urinaire moyen de 145,90 ug/umol chez le fumeur. La consommation d'environ 20 cigarettes par jour correspond en moyenne à un taux de cotinine urinaire de 218, 7 ug/umol. La consommation d'environ 30 cigarettes par jour correspond à un taux urinaire de 256,35ug/umol et la consommation d'environ 40 cigarettes par jour correspond à un taux de cotinine urinaire de 305,462 ug/umol.

Ce travail ne constitue pas une étude pharmacocinétique cherchant à établir la concentration de cotinine urinaire des fumeurs après la consommation vérifiée d'une certaine quantité de cigarettes. Il s'agit plutôt d'étudier la faisabilité et l'intérêt du dosage, et les différents mécanismes expliquant les variations du taux de cotinine urinaire. Dans ces conditions et au vu des données pharmacodynamiques de la cotinine et des délais assez larges du recueil des urines des fumeurs de notre étude, il est intéressant de constater une corrélation aussi forte entre les valeurs de la consommation tabagique et les valeurs de la cotinine urinaire.

Les autres paramètres pouvant expliquer la variation des concentrations de la cotinine, mais qui n'ont pas été analysés, sont l'importance de l'inhalation tabagique, le polymorphisme génétique des cytochromes P 450, le délai entre la dernière cigarette fumée et le prélèvement urinaire. Il semble donc nécessaire de quantifier précisément le nombre de cigarettes consommées par jour car le risque lié à la consommation du tabac est proportionnel à la fois à la durée du tabagisme et à la quantité de tabac consommé (51, 84, 90,91).

Dans notre série, nous retrouvons aussi une corrélation entre le taux de la cotinine urinaire et la durée d'exposition (heures/jour). La différence est significative entre le groupe exposé pendant 1 à 2 h/j et ceux exposés pendant plus de 3h/j (p<0.05). Nos résultats concordent avec ceux de Schneider et al (92) qui démontrent que lorsque le taux de cotinine urinaire est significativement augmenté, cela peut traduire une exposition passive plus importante. D'un autre côté, la forte corrélation entre cotinine urinaire et ancienneté d'exposition semble prévisible connaissant les propriétés cumulatives de la cotinine. Des résultats similaires sont rapportés par Roussel et al (91).

L'analyse de nos résultats chez les fumeurs montre aussi que la valeur moyenne de la cotininurie est significativement plus élevée chez les fumeurs consommateurs d'alcool par rapport aux fumeurs non consommateurs d'alcool et ceux sevrés (p < 0.05). On peut corréler ce phénomène au nombre de cigarettes consommées car les fumeurs alcooliques consomment généralement un nombre de cigarettes plus important par rapport aux deux autres sous-groupes. Ces résultats concordent avec les données de la littérature concernant les sujets alcoolo-dépendants. Il existe une corrélation positive entre la consommation d'alcool et de tabac (45). Chez les patients alcoolo-dépendants, la prévalence du tabagisme dépasse 80% et le degré de dépendance est particulièrement élevé, avec des difficultés d'arrêt importantes. Par ailleurs, l'augmentation du taux urinaire de la cotinine peut être en rapport avec d'autres facteurs tels que l'âge. Ainsi, dans notre, étude, la plupart des fumeurs alcooliques sont des adolescents. Sachant que le tabagisme est souvent la première dépendance observée chez les adolescents, il est associé significativement avec l'augmentation du risque de dépendance à l'alcool au début de l'âge adulte (45, 92,93).

Notre étude montre également que le tabac est un facteur déclenchant de plusieurs signes pathologiques tels que toux, expectoration et autres pathologies respiratoires, avec une corrélation significative entre la présence d'une pathologie liée à la consommation de tabac et l'augmentation de la cotininurie (p< 0.05).

Toutes les études épidémiologiques s'accordent sur le fait que le tabac favorise à la fois les infections des voies aériennes supérieures et inférieures(94,60). D'après Larramendy et al (45), le risque est proportionnel à la fois à la durée du tabagisme et à la quantité de tabac consommée et par conséquent à la quantité de cotinine.

Bien que les principales pathologies liées au tabagisme apparaissent chez l'adulte, elles trouvent souvent leurs fondements dans le développement de la dépendance au tabac au cours de la période juvénile, particulièrement pendant l'adolescence.

Il convient cependant de se souvenir que le dosage de la cotinine ne traduit que l'intoxication tabagique récente. Pour déduire que la constatation de valeurs élevées de cotinine peut comporter ou non des risques pour la santé, il faut s'assurer que la situation où a lieu l'observation se répète régulièrement depuis plusieurs années et ne constitue pas un phénomène accidentel qui n'aurait pas alors la même signification.

La cotinine urinaire s'avère suffisamment sensible pour l'évaluation du statut tabagique et pour distinguer clairement entre fumeurs actifs (225,10 ug/umol) et sujets exposés (31,07 ug/umol). Notre travail révèle également l'existence d'une corrélation avec la durée d'exposition chez les fumeurs passifs. Il montre une augmentation de la cotininurie  en fonction de la durée d'exposition traduisant une augmentation notable de la cotininurie lorsque la durée d'exposition par jour dépasse les trois heures (43,16 ug/umol). Une corrélation existe également avec le nombre de cigarettes fumées, et avec l'ancienneté de l'exposition chez les fumeurs confirmés. Nous retrouvons également une corrélation significative entre la présence d'une pathologie liée à la consommation de tabac et l'augmentation de la cotininurie. La cotininurie est plus élevée chez les fumeurs qui présentent des signes pathologiques (244,03ug/umol) que chez les fumeurs qui ne présentent aucun signe (155,04ug/umol).

Le dosage de la cotinine urinaire permet donc de prouver et de quantifier cette exposition, et aussi de dégager des corrélations souvent instructives chez la femme enceinte, le nouveau-né, le nourrisson, le jeune enfant et l'adolescent (92).

En résumé, l'intérêt de la cotininurie est de permettre la quantification des apports réels en nicotine chez le sujet fumeur, ou exposé au tabac, et de l'utiliser comme marqueur du tabagisme dans le cadre d'études épidémiologiques, en complément des questionnaires. Il y a alors nécessité de s'appuyer sur un questionnaire fournissant des renseignements complets sur l'intoxication tabagique et surtout sur la connaissance des sujets de la nocivité du tabac. Le choix de la méthode de dosage de ce marqueur est d'une grande importance dans la mesure où il faut opter pour une technique permettant de traiter un grand nombre d'échantillons dans un délai relativement court, avec un coût raisonnable. L'échantillonnage constitue une étape déterminante dans le sens oú les concentrations de cotinine dépendent du moment du prélèvement et surtout du délai qui sépare ce prélèvement de la dernière consommation de cigarette (71). De plus, il convient d'être vigilant et de se renseigner d'une part sur les prises médicamenteuses qui peuvent induire des résultats faussement positifs par suite d'une coélution avec la cotinine, et d'autre part, sur le régime alimentaire puisque la cotinine peut être présente dans certains légumes (tomate, aubergine ....) ou breuvages (thé, café ...) (78,86).

L'application la plus évidente est l'évaluation du statut tabagique. En effet, dans les études épidémiologiques générales, il est important de différencier fumeurs, non fumeurs et fumeurs passifs, et de contrôler la fiabilité des données rapportées par les sujets d'étude. Cependant, se pose alors le problème des seuils à établir et de la référence à choisir, car on ne peut pas se fonder sur la consommation alléguée par les sujets puisque c'est cela même que l'on veut vérifier.

Le dosage de la cotinine urinaire est utile à pratiquer lors de la 1ère consultation d'un fumeur désireux d'arrêter de fumer et au terme d'une semaine de traitement, mais n'est pas indispensable. Il est plus utile a posteriori pour comprendre certaines erreurs de dosage initial, sachant qu'un taux de substitution > 60 % semble nécessaire pour supprimer le syndrome de sevrage (pulsion à fumer, irritabilité,...).

En chirurgie vasculaire, le dosage de la cotinine urinaire a un intérêt lors des consultations de suivi pour authentifier la réalité d'un arrêt du tabac et le contrôle d'un sevrage total avant des gestes d'endartériectomie ou de plastie vasculaire.

En gynécologie obstétrique, le dosage de la cotinine urinaire chez les femmes enceintes fumeuses a un double intérêt : il peut constituer un argument favorisant la motivation à l'arrêt du tabac et à l'arrêt d'un conjoint fumeur d'une femme enceinte non-fumeuse, reflétant ainsi la réalité d'un tabagisme passif certain.

En pédiatrie, le dosage de la cotinine urinaire chez des enfants asthmatiques peut être un élément de motivation des parents (2).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand