WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Optimisation financière et fiscale d'un LBO particulier : l'Owner Buy Out

( Télécharger le fichier original )
par Anthony Seghers
HEC / Escp - Mastère spécialisé 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3.4 OBO et société cotée.

Une étude complète portant sur les montages d'OBO ne peut faire l'économie d'une analyse de la problématique particulière que constituent dans ce domaine les sociétés cotées.

Ces opérations font alors face à des enjeux supplémentaires, propres aux sociétés faisant appel public à l'épargne. Même minoritaires, ces cas présentent, en particulier d'un point de vue juridique, un intérêt tout particulier.

Un dichotomie absolue semble au premier abord porter sur ces deux notions.

En effet, comment concevoir que l'on rachète à soi-même (ce que constitue un OBO) des titres qui sont déjà dans le public ?

De même, l'OBO appartient par essence au domaine du Private Equity, dont la spécificité est de concerner des sociétés non cotées.

Enfin, ce type de montage porte avant tout sur des PME ou des entreprises familiales, dont l'introduction en bourse constitue souvent une alternative en soi à un LBO (ou à un OBO).

Pour autant, même si les cas de LBO portant sur des sociétés cotées sont rares et que les OBO sur
ce type de cibles le seront encore plus, cette question mérite d'être abordée. L'OBO pourrait,

dans ce cadre être une solution de P-to-P (Public to private), opérations pratiquées en ce moment même sur de très fortes capitalisations122.

On constate actuellement des rendements boursiers nettement inférieurs à ceux enregistrés dans le domaine des LBO. Après une période où l'introduction en bourse semblait être une sorte de consécration pour les PME, il semble que la mode, d'une certaine manière, soit passée aux LBO.

Ainsi, un OBO a été réalisé sur la société cotée Gérard Perrier Industrie. A travers ce montage, le fondateur, Gérard Perrier reprend le contrôle (51% de la holding contre 46,5% du groupe auparavant) de l'équipementier électronique.

Un fonds d'investissement, Sigefi PE (Siparex), prend 32,5% du capital de la holding, alors que le management en acquiert 10%123.

Le groupe se trouve donc contrôlé à 50,1% par la holding SFGP (Société financière Gérard Perrier), cette dernière l'étant par le fondateur. La levée d'une dette d'acquisition permet de reprendre le contrôle de la majorité des titres sur le marché.

Ce montage répond bien aux logiques mises en avant dans la première partie de cette thèse, comme le souligne la direction du groupe : « Gérard Perrier souhaitait réorganiser l'actionnariat afin de préparer au mieux la pérennité de l'entreprise dans la perspective d'une future transmission124 ».

A l'inverse, un OBO peut aussi conduire à faire sortir une société de la cote.

C'est le cas de Staci, spécialiste de la gestion des achats et de la logistique des supports de vente. Groupe coté à la base, et contrôlé par son fondateur, Jean-Pierre Masse, Staci a fait l'objet d'un OBO en 2004, les titres sur le marché faisant l'objet d'un rachat par une holding détenue par le dirigeant (48,30%), le fonds Initiave & Finance (37,6%) et les cadres de l'entreprise (14,10%).

En toute logique, cette opération s'est traduite par un retrait de la cote du groupe, introduit en bourse en novembre 1998125.

122 Elsa Conesa - Les fonds d'investissement s'intéressent aux actifs cotés - Les Echos - 2 janvier 2007

123 Sigefi PE engrange 40,1 MEuro(s) de plus-values brutes - Capital Finance - 19 septembre 2005

124 Sigefi PE entre dans le groupe coté Gérard Perrier Industrie - Capital Finance - 19 sepembre 2005

125 Reuters - Staci - Placement global sursouscrit 5,5 fois - 19 novembre 1999

Un nouveau LBO, entraînant cette fois-ci le contrôle du groupe par un fonds, Astorg Partners126 a eu lieu en 2006, montrant que des montages à effets de levier successifs peuvent apparaître comme une réelle alternative aux marchés financiers directs. Le dirigeant historique de même que les principaux cadres restent présents au tour de table, de même que le fonds ayant réalisé l'OBO initial. Pour Jean-Pierre Masse, c'est donc la troisième opération portant sur la structure du capital de son entreprise réalisée en l'espace de 8 ans127, cette fois-ci en tant qu'actionnaire minoritaire.

Dans ce cadre, la participation en question vise avant tout à assurer le développement de l'entreprise, par des moyens financiers supplémentaires.

Dans l'un comme l'autre de ces exemples, l'OBO apparaît comme un moyen dont dispose l'entrepreneur pour redéfinir le niveau de son implication financière dans son entreprise.

Fondamentalement, de telles opérations soulèvent une question majeure : le lancement d'une OPA risque-t-il d'être rendu obligatoire par la mise en place de l'OBO, celui-ci portant sur des blocs de titres importants128. Le seuil de déclenchement étant fixé à un tiers, toute opération de haut de bilan porte en général sur une proportion du capital plus élevée.

En effet, l'article 234-2 du Règlement général de l'AMF précise que « lorsqu'une personne physique ou morale, agissant seule ou de concert au sens de l'article de233-10 du code de commerce, vient à détenir plus du tiers du capital ou des droits de vote d'une société, elle est tenue à son initiative d'en informer immédiatement l'AMF et de déposer un projet d'offre visant la totalité du capital et des titres donnant accès au capital ou aux droits de vote, et libellé à des conditions telles qu'il puisse être déclaré conforme par l'AMF ».

Dans le cas d'un actionnaire détenant la majorité du capital d'une société cotée, un OBO portant
sur ses titres peut lui permettre de réaliser une partie de son patrimoine tout en conservant le

126 Dominique Malecot - Le fonds Astorg va accompagner le logisticien Staci dans son expansion - Les Echos - 25 septembre 2006

127 LBO en série - Capital Finance - 28 août 2006

128 Noro-Lanto Ravisky - Owner Buy Out : le LBO à double détente - Stratégie, Finance & droit - 15 novembre 2005

contrôle de l'entreprise. La première condition réside dans la capacité à actionner le levier financier par un contrôle suffisant de la cible, pour pouvoir faire face à la dette d'acquisition. Cette condition validée, il faut éviter que l'opération d'ingénierie financière n'oblige à lancer une OPA, résultat qui serait in fine catastrophique pour l'actionnaire majoritaire.

En l'occurrence, il est possible d'échapper à cette obligation, si l'on répond à l'un des 7 critères établis par l'article 234-8 du Règlement de l'AMF. Les opérations de fusions, ou d'apport de titres permettent de déroger à l'obligation de déposer une offre publique.

Le concept central est au regard de ces différents articles, celui de contrôle de la cible. Si le contrôle n'est pas modifié, alors la mise en place d'une holding comme intermédiaire de détention des titres ne devrait pas entraîner l'application de l'article 234-2. Concrètement, cela suppose que les actionnaires majoritaires de la cible restent prédominants au niveau de la holding.

Il appartient alors à l'AMF, et à elle seule de constater que la holding n'est pas tenue de déposer une offre publique d'achat portant sur le reste des titres. L'enjeu est alors de dépasser le cadre précis des critères de l'article 234-8 au profit d'une interprétation plus large accordant une place centrale à la notion de conservation du contrôle, essence même de l'OBO.

Dans ce cadre précis, dont on doit reconnaître que ces contours quelque peu indéfinis présentent des risques, il est alors possible de conserver le contrôle d'une cible faisant l'objet d'un LBO tout en bénéficiant de la liquidité des marchés financiers.

Le montage vise alors, à moins qu'un retrait de la cote ne soit visé, à monter un LBO sur 51% des titres, ou sur le bloc conservé par l'actionnaire majoritaire. Un fonds entrera au capital de la holding, le financement final sera complété par des dettes classiques. Le dirigeant conservera donc le contrôle de la cible. D'un point de vue juridique, une extrême vigilance devra être portée au respect des droits des minoritaires, ceux-ci faisant l'objet d'une protection particulière dans le cadre des sociétés faisant appel public à l'épargne. C'est une situation où l'on peut maximiser le levier juridique, les minoritaires au niveau de la cible provenant directement du marché boursier.

Hors levier financier, le contrôle pourra être assuré par une participation de l'ordre de 26% de la valeur de la cible, dans le cas d'une société déjà cotée.

Néanmoins, la double pesanteur de la cotation en bourse et de la réalisation du business plan de l'OBO peut se révéler excessive pour des cibles de dimension moyenne129.

Par ailleurs, un tel montage suppose un niveau de dividendes élevé, dividendes dont une partie sera distribuée aux actionnaires minoritaires, privant l'entreprise de ressources sans servir pour autant au remboursement de la dette.

Quoiqu'il en soit, si ce cas reste par essence marginal, il n'en demeure pas moins intéressant. De plus, il montre combien l'OBO peut être une réponse ingénieuse à des contextes spécifiques, comme ceux rencontrés par Gérard Perrier Industrie ou Staci.

129 Marie Lafourcade - La Bourse de Paris ne fait plus rêver, la concurrence des fonds d'investissement s'intensifie - La Tribune - 26 Novembre 2004

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille