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Sémantique Pragmatique. La notion de "performativité" de John Langshaw Austin

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par Bouchra M'Hayro
Ecole Normale Supérieure-Ulm - Master I Sciences Cognitives 2006
  

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La notion de «performativité» de John Langshaw Austin

"Le phénomène à discuter est en effet très répandu, évident, et l'on ne peut manquer de l'avoir remarqué, à tout le moins ici ou là. Il me semble toutefois qu'on ne lui a pas accordé spécifiquement attention. "(Première Conférence, p.37).

Philosophe britannique, John Langshaw Austin (1911-1960) a été professeur de Morale à Oxford. Sa figure irradie la philosophie analytique et linguistique. Son oeuvre, constituée d'un ensemble d'article réunis et publiés à titre posthume, est fusionnée en trois volumes : Ecrits philosophiques1(*) ; Langage de la perception2(*) ; et Quand dire, c'est faire3(*). Il est à l'origine de l'émergence du paradigme pragmatique.

Dans cet ouvrage Quand dire, c'est faire qui l'a rendu célèbre en France, J. L. Austin réunit douze conférences prononcées à Harvard en 1955. Insatisfait du manque de clarté des philosophes, et particulièrement des métaphysiciens, Austin a concentré son attention de toujours au «langage ordinaire». Il se captive ici pour les «actes de discours» (speech acts), découvrant l'immensité que nous pouvons accomplir par la parole. La notion de performativité se trouve dans la première philosophie, les actes illocutoires dans la seconde.

Après la présentation synthétique de son ouvrage (I), nous étudierons, appuyés sur la description qu'en fait O. Ducrot et M. Carel, plus particulièrement la Première philosophie d'Austin contenant la notion-clé de « performativité » (II), pour finir, enfin, par une ouverture vers cette notion abordée au sein des sciences sociales (III).


I. Synthèse

Conférences 1 à 4 : Enonciations constatatives et énonciations performatives

John Austin est convaincu du manque de pertinence de la philosophie considérant l' « affirmation » (statement) classique comme proposition invariablement vraie ou fausse. Il va donc prouver, lors des premières conférences, qu'au sein des énonciations considérés traditionnellement comme affirmations, toutes ne se reconnaissent pas suivant leur caractère de vérité ou fausseté (énonciations «constatatives»), pouvant viser l'accomplissement de certains actes (se marier, parier, baptiser un bateau, etc.) Ces affirmations qui n'en sont pas, au sens classique du terme, et qui visent en réalité à «faire» quelque chose, Austin se propose de les appeler des «énonciations performatives» (ou plus brièvement des «performatifs»). Bien entendu, l'accomplissement visé par l'énonciation performative exige souvent le concours d'autres éléments que les paroles elles-mêmes. Le contexte de l'énonciation, particulièrement, est primordial, tout autant que la personne de l'énonciateur. Cela étant, si les «circonstances» se présentent de façon inadéquate, autrement dit si le performatif ne délivre pas ses effets ou ne les délivre pas comme voulu, il n'en devient pas «faux» pour autant : il est seulement inefficace - on dit alors qu'il a été affecté d'«Echecs» (Infelicities).

Conférences 5 à 7 : La déconvenue de la distinction

Pour autant, John Austin, de ces analyses, parvient à un résultat contradictoire : le caractère de vérité ou de fausseté des affirmations classiques (ou «énonciations constatatives») dépend lui-même de nombreuses «circonstances» ne semblant pas tant éloignées de celles déterminant le «bon fonctionnement» des performatifs. J. Austin est amené, alors, à reconsidérer la distinction première dichotomique entre énonciations constatatives et énonciations performatives. Dès lors, il faut reprendre le problème à neuf ; un nouveau point de départ s'impose.

Conférences 8 à 12 : Actes de discours

L'auteur démontre que nous accomplissons une action «en disant» quelque chose et «par le fait» de dire quelque chose. C'est la théorie des «actes de langage» ou «actes de discours» (speech acts). Il va différencier au sein de l'énonciation trois grands types d'actes visant à «faire quelque chose» en parlant.
- L'acte premier de simple «locution», consistant en l'émission d'une suite de sons auxquels est attachée une signification dans une langue donnée. Cet acte est celui de «dire quelque chose».
- L'acte second d'«illocution» consistant, par son énonciation même, à indiquer comment il doit être reçu par son destinataire. Par exemple, en prononçant «Sors !», on accomplit, selon la situation, un ordre, une menace, une requête...L'acte d'illocution est donc l'acte effectué simultanément «en disant quelque chose».
- L'acte dernier de «perlocution», est l'accomplissement réel d'un acte illocutoire. Il consiste en l'obtention de certains effets concrets ou conséquences au moyen de la parole.
Après ce retour aux éléments plus primordiaux des réalisations de la parole (c'est-à-dire à la production d'actes de locution, d'illocution et de perlocution), la distinction initiale entre énonciations constatatives et performatives ne peut plus être maintenue. John Austin démontre ainsi que le constatif accomplit, en plus de simplement dire quelque chose, une action, constituant, tout autant que les actes performatifs, un acte d'illocution. Se contenter de dire : «Il fait chaud», c'est déjà et parallèlement constater, affirmer, informer qu'il fait chaud. Pour le dire autrement, lorsque nous «disons» quelque chose, nous «faisons» également quelque chose. Ainsi, dans ce contexte pour accorder une position spéciale aux énonciations constatatives, nous pouvons dire qu'elles peuvent constituer des actes d'illocution dénués d'objectif. Nous pourrions presque les considérer tel que des actes gratuits d'illocution.

Ouvrage-clé de la philosophie linguistique, Quand dire, c'est faire a représenté une progression remarquable dans la science du langage, constituant l'acte de naissance de la «pragmatique linguistique», qui place la parole et l'intention de communication du locuteur au centre de l'analyse du langage.

Etudions de plus près la notion de « performativité », vue notamment, par les héritiers de J. Austin que sont O. Ducrot et M. Carel.

* 1 Philosophical Papers, 1961 - 1994 pour la traduction française

* 2 Sense and Sensibilia, 1962 - traduit en français en 1971

* 3John Langshaw Austin, How to Do Things with Words, 1962 - traduit en 1970, Quand dire, c'est faire, traduction de l'anglais par Gilles Lane, Editions du Seuil, "Points Essais", 1970 (207 p.)

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