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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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    UNIVERSITE OMAR BONGO

    --------------

    FACULTE DE LETTRES

    ET SCIENCES HUMAINES

    --------------

    DEPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE

    --------------

    Mémoire de Maîtrise

    Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

    Option : Environnement

    Présenté et soutenu par

    Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO

    Sous la direction de :

    Raymond MAYER, Professeur

    et de

    Paulin KIALO, Attaché de Recherche

    Année universitaire 2006-2007

    Sommaire

    Dédicace ...............................................................................................3

    Remerciement ........................................................................................4

    Introduction ..........................................................................................5

    Première partie : Approche théorique et méthodologique ................................. 13

    Deuxième Partie : Les modes traditionnels de vie ........................................... 47

    Troisième partie : Les modes modernes de vie ............................................. 82

    Quatrième Partie : Les fondements socio-culturels liés à la confrontation entre les villageois et le CNPN/WCS .................................................................. 101

    Conclusion ..............................................................................................119

    Références documentaires ........................................................................ 124

    Dédicace

    Nous dédions ce travail à nos enfants Armand-Noël, Andy-Wendy-Chrislyn et à mes neveux Vinny (Loiseau), Randal (Lours).

    Nous le dédions ensuite à nos frères, soeurs, amis, tantes et oncles.

    A nos grands-parents paternels et maternels. Qu'ils trouvent ici l'expression de nos profonds sentiments.

    Nos dédicaces vont enfin à l'endroit de nos défunts parents.

    Remerciements

    Ce mémoire de recherche est l'aboutissement de plusieurs efforts. Nous tenons pour cela à remercier notre Directeur de recherche, le professeur Raymond Mayer pour son encadrement pédagogique et au co-directeur Paulin Kialo qui ont accepté de nous encadrer. Que le corps professoral du département d'anthropologie de la Faculté de Lettres et Sciences de l'Université Omar Bongo soit ici remercié pour tout l'encadrement.

    Nous remercions aussi nos parents, notre père Nguéma Oyono Bertin, pour la tendresse et l'amour manifesté à notre égard et notre maman chérie, Oyane Nguéma Viviane pour les conseils, l'éducation et l'amour dont nous avons bénéficiés. Nous remercions également notre belle-maman Estelle pour ses conseils. Nous ne s'aurions oublié de remercier tonton Michel pour son attention.

    Notre oncle Parfait pour la mise à disposition des outils informatiques et sa fiancée Nadia, pour ses encouragements.

    Qu'il soit enfin remercier Hervé Ndong Allogho, Rosalie Ngua, Ludovic Ngok, Martin Hega et Pither Medjo Mvé pour leur disponibilité.

    INTRODUCTION

    Notre recherche porte sur les relations et les interactions qui existent entre les populations villageoises et l'administration des Parcs dans la gestion de la faune et la flore du Parc National des Monts de Cristal. La question relative à la conservation de l'environnement a déjà été abordée par nombreux auteurs, parmi lesquels Claude Lévi-Stauss (1962), George Pierre (1973), Jean Lamarque (1973), Philippe Descola (1986), Maurice Kamto (1996), Paulin Kialo (1996), Yvette Veyret et Pierre Peche (1997), Gerrelli Emilio et Jean-Pierre (1997), Marcus Colchester (1999), John Nelson et Lindsay Hossack ( 2003 ), Sylvie Brunel (2004) et Sabine Rabourdin (2005). Dans leurs écrits respectifs, chacun a mis un accent particulier sur l'importance de l'environnement, en faisant ressortir les richesses qu'il recouvre et en montrant dans quelle mesure ces dernières peuvent contribuer au développement économique et social, ou encore au développement « durable » d'un pays.

    Contrairement à ces auteurs, notre réflexion porte sur deux modes de gestion des écosystèmes au Gabon : la gestion endogène (villageois) et la gestion exogène (administration des Parcs). Pour trouver des solutions et élucider notre problème, nous avons constitué un guide d'entretien, qui contient un canevas de questions relatives aux manières traditionnelles et modernes de conserver la biodiversité des Monts de Cristal. Ces questions ont été testées pendant les mois de mars-avril 2007. Nous avons mené notre enquête dans les provinces de l'Estuaire (Kango), du Woleu-Ntem (Medouneu), au CNPN (Conseil National des Parcs Nationaux), à la WCS (Wildlife Conservation Society ou Société de conservation de la faune et de la flore) et à l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale). Cette enquête s'est passée dans huit villages dont le critère fondamental de choix était le nombre d'habitants. Il s'agissait des villages Andok-Foula, Mela, Misome (Kango), Nkann, Akoga, Avang, Song, Mbé-Akélayong (Medouneu). Nous avons consulté trente informateurs, donc onze femmes et vingt hommes dont l'âge variait entre vingt six et quatre vingt sept ans. L'autre critère retenu était les activités respectives de chaque acteur. Notre échantillon se composait de trois chasseurs, trois pêcheurs, trois ramasseur-cueuilleurs, deux agriculteurs, trois scieurs de long, deux orpailleurs, un artisan (il fabrique des pilons, des mortiers et des tabourets), deux vanniers (ils fabriquent des corbeilles, paniers etc.) et deux tradipraticiens. Au CNPN et à la WCS, nous avons réalisé des entretiens avec sept cadres, responsables de ce Parc. A l'IRET, nous avons pu contacter trois cadres.

    Dans ce travail, nous cherchons à vérifier si les deux conceptions et les deux comportements « culturels » relatifs à la conservation de la forêt des Monts de Cristal sont réellement antagonistes. La culture endogène a une méthode de gestion de cette forêt. Elle la gère par ses activités traditionnelles et la conserve par des techniques de « jachère », et par la notion de « forêt sacrée ». Ces techniques semblent être réglementées par des interdits. En revanche, les visions et les pratiques exogènes incarnées par le CNPN et la WCS mettraient cette forêt « sous cloche » et y interdiseraient toute activité à l'intérieur. La vision endogène paraît donc aller a priori à l'encontre de celle qui a présidé à la mise en place des Parcs Nationaux. Ce projet serait encore dans sa phase d'initiation, d'où l'absence non seulement d'un développement socio-économique perceptible, mais également d'un développement touristique dans la région. Par exemple, on observe que l'axe Kougouleu/Medouneu n'est pas praticable, l'électricité est absente, l'eau n'est pas potable, il manque des dispensaires, des établissements scolaires dans certains villages et des guides pour le Parc. Ces conditions aggraveraient la précarité dans laquelle se trouvent plongée les villageois. A partir de ces faits, il semble indiquer que la politique des Parcs Nationaux ne tiendrait pas encore compte des populations riveraines bien qu'ayant pour finalité le « développement durable » de la société villageoise proche.

    Les populations devraient donc encore confronter leurs attentes à celles des promoteurs des Parcs Nationaux. Cette situation entraîne les deux parties en présence à une relative relation de contradiction. La difficile cohabitation entre les villageois et le projet est due par ailleurs à l'absence de cogestion qui se traduirait par la non participation et la non consultation des villageois, par la méconnaissance des droits des villageois sur « leur forêt » et par la suspicion de ces derniers vis-à-vis des agents du projet de conservation. Cette situation semble être porteuse de résistances potentielles bien que le CNPN ait recruté des jeunes des villages environnants pour se charger de la surveillance du Parc. Ils le protègent contre les actes de braconnage et perçoivent à ce titre une rémunération. Nous nous trouvons donc dans une situation d'interaction insuffisamment définie entre différents groupes d'acteurs.

    Objet d'étude

    Notre objet empirique est constitué d'une part des déclarations des villageois résidant dans les zones de Medouneu, de Kango et d'autre part d'agents administratifs du Parc National des Monts de Cristal et des observations de terrain que nous avons effectuées. Il s'agit plus précisément, pour nous, de construire une grille d'analyse des logiques en présence dans la gestion d'un Parc et analyser les activités « traditionnelles » des villageois, des problèmes auxquels ils sont confrontés, les relations qu'ils entretiennent avec les autorités administratives du Parc, ainsi que des moyens que ces derniers mettent en oeuvre pour une gestion optimale de l'espace forestier, objet de protection. Pour ce qui est des gestionnaires du Parc, nous tenterons d'analyser les stratégies qu'ils appliquent dans le cadre de la conservation et les rapports du CNPN/WCS à la population fang. Ce travail se fera sur la base des corpus oraux, textuels, cartographiques et photographiques. Notre objet scientifique est construit sur la comparaison des deux cultures relatives à la zone géographique du Parc. Il prendra en compte à la fois les conceptions culturelles et les comportements culturels relatifs à la relation conflictuelle entre les populations riveraines d'une part et l'administration des Parcs d'autre part, dans la perspective de la conservation d'un espace interdit à l'exploitation.

    Pour mener à bien notre recherche, nous mettrons en évidence plusieurs aspects des cultures respectives. D'une part, nous étudierons les activités traditionnelles des villageois et leurs « impacts respectifs » dans la forêt des Monts de Cristal. Dans ce cadre précis, la perception que ces populations se font de ce Parc sera décrite. D'autre part, nous questionnerons les actions spécifiques des autorités administratives du Parc à travers les textes juridiques et leurs activités de sensibilisation menées sur le terrain. C'est globalement une perspective anthropologique que nous appliquons à notre objet d'étude, en cherchant à travers le terrain et dans les théories des anthropologues sollicités, à interprété les attitudes des populations concernées en les confrontant à leur discours et à ceux de la tradition orale.

    Domaine d'étude

    Notre objet d'étude s'inscrit dans la problématique de l'anthropologie écologique, dans la mesure où nous analysons les rapports de l'homme à l'environnement. L'anthropologie écologique est née dans les années 1930, avec les travaux de Julian Stewar. Sa théorie consistait à démontrer que la culture avait pour fonction principale l'adaptation à la nature. Elle s'est construite sur l'idée de séparation entre la culture et la nature.

    A propos, Philippe Descola (2002 : 13) dira : « Parler de la nature, c'est avant tout parler de culture. On ne peut pas parler d'une nature extérieure au monde des hommes, leur séparation est un dualisme expressif ». Ce sont les hommes qui pensent la nature, et c'est cette optique théorique que voudrait développer notre travail. La forêt des Monts de Cristal est muette en elle-même. Ce sont les autochtones qui lui donnent sens par leurs représentations et même par leurs pratiques.

    L'anthropologie écologique s'inscrit aussi dans la dynamique actuelle des relations entre société et environnement. Elle apporte des réponses à la dichotomie nature et culture et a pour objectif l'analyse des rapports entre l'homme et son environnement, sous l'angle des interactions dynamiques entre les techniques de socialisation de la nature et les systèmes symboliques qui les organisent. Cette discipline a connu depuis quelques années un important regain d'intérêt qui s'exprime au travers d'une production tout aussi diversifiée. Il suffit de prendre connaissance de quelques-unes des plus récentes publications : Alfred Irving Hallowell et Milton (1992), Eduard Viveiros de Castro et Bennet (1993), Philippe Descola et Palson (1996), Hellen et Fukui (1996). Les préoccupations actuelles à l'égard de l'environnement contribuent sans aucun doute à cette renaissance, en remettant à l'ordre du jour le débat nature-culture, non seulement de l'anthropologie, mais aussi de la philosophie et de la biologie, pour ne nommer que ces disciplines. Les anthropologues écologistes doivent beaucoup à Claude Lévi-Srauss.

    Il reste un des piliers de l'anthropologie symbolique, ainsi qu'un passage nécessaire pour tout anthropologue qui veut aborder l'anthropologie écologique. Il y a une filiation entre l'anthropologie structurale et l'anthropologie écologique. Lévi-Strauss parle du mariage entre le structuralisme et l'écologie. Elles poursuivent toutes deux des visées universalistes. Il (2002 : 5) traduit son intérêt pour la nature en ces mots : « L'univers est objet de pensée au moins autant que moyens de satisfaire des besoins». A ces anthropologues, nous ne pourrons oublier les auteurs écologistes qui ont abordé la différence de lectures qui donnent lieu à des conflits entre les différents acteurs de la conservation : Tjibaou et Marcus Colchester (1999), Frétigne (2003), John Nelson, Lindsay Hossack (2003), Samuel Nguiffo (2003), et Sabine Rabourdin (2005). Marcus Colchester est considéré au même titre que Claude Lévi-Strauss comme un des piliers de ce domaine. Cet auteur évoque la nécessité d'une gestion participative entre les acteurs de la conservation. Il l'exprime en ces mots : « Pour une meilleure conservation, les peuples autochtones doivent participer de manière effective dans tous les programmes en faveur des aires protégées, clé d'une gestion efficace » (1999 : 168-170).

    Problème, hypothèses et définition des concepts

    Le Problème

    Pour aborder notre objet d'étude, nous avons identifié une série de questions qui nous ont permis de circonscrire les différents aspects qu'il recouvre. La question que nous cherchons à traiter pose clairement le problème relatif à la gestion et à la conservation d'un Parc, notamment, le Parc National des Monts de Cristal. La mise en place d'un Parc exige des opérations préalables, notamment des concertations avec les populations vivant aux alentours. La population riveraine aux Parc National des Monts de Cristal tire la majeure partie de leurs ressources de la forêt. Elle y mène ses activités. Pour ce qui est de sa conservation, elle a développé des techniques depuis des millénaires. Il s'agit des interdits. Ces techniques traditionnelles leur ont favorisé de conserver leurs forêts intactes. Cependant, le problème fondamental qui se pose est que le projet de conservation des forêts institué par l'administration du Parc des Monts de Cristal ne tiendrait presque pas compte de la culture des populations qui exploitent ces ressources. John Mouir (1993), un des ténors du mouvement pour les Parc Nationaux aux Etats-Unis, a fait valoir avec succès que les zones de nature vierges devraient être réservées à la détente afin de satisfaire un besoin émotionnel des lieux sauvages. Dans la même veine, les conservationnistes, comme les hommes d'aujourd'hui, les espaces sauvages sont « primitifs » et naturels, ils représentent une ressource qui ne doit pas être exploitée mais gardée intacte. Cette vision de la nature a façonné la configuration mondiale de la conservation.

    Depuis que le concept de Parc est né, il s'est répandu à travers le monde. Il y en a qui se sont employés à exclure les autochtones des terres entières, c'est le cas notamment en Afrique de l'est. Aucune personne n'y accède, pas même les natifs. Pour ce qui concerne le massif forestier des Monts de Cristal, cette forêt est presque interdite aux autochtones, alors qu'on observe une forte exploitation forestière par la société Rougier (Groupe Industriel spécialisé dans la Transformation et le Négoce des bois tropicaux et exotiques), Colas (Leader Mondial de la Construction des routes) et un braconnage de haute importance. La culture endogène semblerait marginalisée. Une situation qui va provoquer des relations conflictuelles entre les populations, privées de leurs ressources et l'administration garant de ces dernières. Ainsi la question est : Qu'est ce qui justifie la mise en place du Parc des Mont de Cristal ? Les villageois sont-ils impliqués dans ce projet ? Telles sont les questions qui seront analysées dans le travail qui nous est voué.

    L'intérêt de ce travail est la mise en perspective des réflexions sur les mécanismes et les logiques des actions de l'homme sur les écosystèmes. Ici, l'homme est vu comme un agrégat nocif à la forêt. Les populations pour leur part, disent vivre là depuis des années, voire des millénaires et ont toujours entretenu avec la forêt des rapports forts complexes, qui ne se réduisent pas à l'agressivité dénoncée par les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et l'Etat. L'intérêt de ce travail réside également dans la confrontation des points de vue des différents acteurs en présence, à partir de leurs logiques respectives.

    Les hypothèses

    Dans le cadre de cette étude, nous émettons trois hypothèses.

    - La création du Parc National des Monts de Cristal répond, non seulement, à un souci de conservation durable des espèces animales mais surtout et fondamentalement végétales à des fins récréative et scientifique. Elle répond également à des considérations économiques et sociales.

    - Elle permet de développer un secteur économique de plus en plus important à l'échelle mondiale, celui du tourisme de la nature.

    - Outre ces précédentes hypothèses, d'autres sentiments, moins nobles que ceux-là, se cachent en réalité derrière l'annexion des régimes pour en faire des réserves forestières : le besoins de s'assurer des provisions de bois pour la métropole. C'est aussi un autre moyen pour le Nord de manifester sa suprématie sur le Sud,

    - Les populations ne sont pas impliquées dans les projets de conservation. Ceci s'explique par le fait qu'il n'existe pas encore de législation en rapport avec la gestion des Parcs Nationaux. Cette législation est en cours de réalisation.

    Définition des concepts construits

    Parc National

    Selon le Conseil National des Parcs Nationaux (2002), «  Le Parc National est un espace économique dans lequel le défi consiste à exploiter durablement la diversité des merveilles biologiques, archéologiques et culturelles de la zone considérée, pour le bénéfice social des communautés locales avoisinantes, mais aussi pour le bénéfice économique de la nation entière. En conséquence, il est question de tirer le meilleur parti de la conservation des ressources naturelles, en développant des activités touristiques, récréatives et de loisirs permettant à la communauté nationale et internationale de bénéficier des avantages du Parc ».

    Cette définition est marquante dans la mesure où elle associe Parc National et développement. En effet elle se préoccupe non seulement des populations riveraines mais également de toute la nation. Les Parcs Nationaux sont un facteur d'enrichissement. Ils participent au développement du pays à travers la mise en place de l'activité touristique par exemple. Les touristes viennent de toutes les régions du monde pour admirer les richesses emblématiques du Gabon. Tel est le cas du Parc National des Monts de Cristal qui, avec ses nombreuses chutes, plantes endémiques, oiseaux et animaux, pourra susciter la curiosité.

    Mais selon L'encyclopédie Wikipédia, « Un Parc National est une portion de territoire qui est classée par décret à l'intérieur de laquelle la faune, la flore et le milieu naturel en général sont protégés de l'action de l'homme. Il est généralement choisi lorsque la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l'atmosphère, des eaux et, en général, d'un milieu naturel présente un intérêt spécial et qu'il importe de préserver ce milieu contre tout effet de dégradation naturelle et de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible d'en altérer l'aspect, etc. ». Leur intérêt n'est donc pas touristique (généralement safari), il réside surtout dans la biodiversité dont chacun recèle. Cette définition trouve toute son importance dans la protection et la conservation de la diversité alpha (Plantes) et béta (Arbres) d'un Parc National. En effet, le Parc National des Monts de Cristal regorge d'une richesse botanique qu'il faut absolument protéger pour le bénéfice du présent et du futur. Par conséquent, cela recommande une utilisation rationnelle de ces ressources pour assurer leur pérennité.

    Selon le code de l'Environnement du Gabon (1993 : 1), « Un Parc National est toute portion de terre du territoire national constituée en zone de terrain ou d'eau et présentant un intérêt particulier du point de vue écologique, archéologique, scientifique, esthétique, culturel ou socio-économique ». Cette définition est intéressante d'autant plus qu'elle spécifie clairement ce que l'on entend par Parc National. Si on s'en tient à cette définition, un Parc Naturel n'est pas choisi au hasard. Un site régi en Parc ne l'est qu'après certaines fouilles faites par des spécialistes. C'est le cas des Monts de Cristal qui aurait été choisi spécialement pour sa richesse botanique, présentant un intérêt particulier sur les plans scientifique et international, disait l'Union Mondiale pour la Conservation de la Nature (2002).

    Cogestion

    D'après Stand (2003) la cogestion est : « La participation des individus à la formation de la volonté au sein d'un établissement ou de l'entreprise par l'intermédiaire de leurs représentants ». C'est un élément essentiel de notre ordre social. Elle se fonde sur la conviction que les principes démocratiques ne doivent pas se limiter à l'Etat, mais qu'il faut les implanter dans tous les domaines de la société. Ici, les individus sont disposés à assurer leur part de responsabilité. C'est en cela qu'ils pourront contribuer à la formation et à la stabilisation de l'ordre sociale. L'importance de cette définition réside dans le fait qu'il prône une extension de la démocratie. La démocratie doit être totale, cela revient à dire qu'elle doit se manifester dans tous les domaines d'une société, particulièrement au niveau de l'environnement. Les problèmes relatifs à l'environnement doivent se régler comme en démocratie. Tous les acteurs doivent s'exprimer librement, être écoutés et avoir leurs mots à dire. Les populations expriment librement leurs voeux, cependant elles semblent ne pas être pas écoutées et n'auraient aucune responsabilité.

    D'après Tylor Stephen (2003 : 19), « La cogestion est un accord de collaboration par lequel une collectivité utilisatrice des ressources et d'autres intervenants, partagent la responsabilité et l'autorité de la gestion des ressources naturelles particulières ». .A travers cette définition, nous pouvons retenir que la cogestion est fondamentale dans le cadre de la conservation des richesses des Parcs Nationaux. Elle évite tout déséquilibre dans le projet de conservation. Par le canal de la cogestion les villageois comme les gestionnaires des Parc, chacun a son autorité et sa part de responsabilité. Il ne pourrait avoir de dominants et de dominés. Chaque acteur est autonome et cela facilite non seulement la cohabitation, mais évite également que le projet échoue. Le Parc National des Monts de Cristal devrait être un lieu de cogestion. C'est par là que passe le développement durable.

    Par cogestion, il s'agit d' « une gestion en commun d'un organisme ou d'une administration». Cette définition intervient dans la même logique que la précédente. La gestion et la conservation durable des Parcs Nationaux n'est possible que lorsque les deux acteurs de la conservation sont en plein accord et que les deux se trouvent satisfaits. C'est dans la même veine que devrait s'inscrire le Parc National des Monts de Cristal.

    Développement durable

    L'expression anglaise sustainable development, en français « développement durable », apparaît pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation, une publication de l'UICN (Union Mondiale pour la Conservation de la Nature). Quelques années plus tard, elle s'est répandue dans la foulée de la publication, particulièrement en 1987, lors du rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, « Notre avenir à tous » (aussi appelé rapport Brundtland, du nom de la présidente de la commission, Mme Gro Harlem Brundtland). D'après cette commission, c'est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le développement durable s'appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale, et économique des activités de développement .Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de «  besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité. L'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. Le développement durable est issu de cette idée que tout ne peut pas continuer comme avant, qu'il faut remédier aux insuffisances d'un modèle de développement axé sur la seule croissance économique en reconsidérant nos façons de faire compte tenu de nouvelles priorités. Il faut donc :

    - Maintenir l'intégrité de l'environnement, dans le but d'assurer la santé et la sécurité des communautés humaines et des écosystèmes qui entretiennent la vie ;

    - Assurer l'équité sociale, pour permettre le plein épanouissement de toutes les femmes et de tous les hommes, l'essor des communautés et le respect de la diversité ;

    - Viser l'efficience économique, pour créer une économie innovante et prospère, écologiquement et socialement responsable.

    Cette vision est très pertinente. Elle recommande aux acteurs sociaux de faire une utilisation rationnelle des ressources naturelles car leur vie en dépend. Cependant, elle n'oublie pas de mentionner l'aspect communautaire de ces ressources. On retient à travers cette dernière que tout le monde a droit à l'utilisation mais également droit à la pérennisation des ressources. La conservation des ressources naturelles passe par l'égalité entre les Hommes au niveau social, ceci est un avantage pour le respect de ces dernières et cela permettra d'avoir une économie importante à travers laquelle les plus favorisés seront les plus démunis. C'est dans cette logique qu'interviendrait le Parc National des Monts de Cristal. Son ambition semblerait assurer le développement de toute la nation mais en premier des régions qui lui sont riveraines, tout en changeant les conditions de vie des populations.

    D'après le dictionnaire Agroalimentaire, le développement durable est :

    «  Un mode de développement économique cherchant à concilier le progrès économique, social et la préservation de l'environnement considérant ce dernier comme un patrimoine à transmettre aux générations futures ».

    Cette définition rejoint la précédente en ce sens qu'elle associe économie, social et environnement. L'idée qui ressort de cette définition est que pour atteindre le développement durable, l'Etat doit veiller au strict respect de l'environnement. L'Etat gabonais veille au respect des Parcs Nationaux et en particulier du Parc National des Monts de Cristal. Pour ce, il a mis en place des législations et les institutions qui sont censées faire appliquer les premières par les populations et la violation à ces législations est suivie d'une sanction. Il a pris conscience de l'apport de l'environnement dans l'économie et au sein de la société.

    Selon Anne Marie Ducroux (2006), le Développement durable doit  « relier équité sociale, viabilité environnementale et efficacité économique ».

    Le concept développement durable vise plusieurs objectifs, notamment la croissance économique, surtout dans les pays en voies de développement, le progrès social et l'environnement, c'est à dire, la préservation des biens matériels, parmi lesquels, air , eau, sol, forêt et la régénération des ressources naturelles ( animaux, plantes ). C'est un développement qui doit favoriser un état d'harmonie entre les êtres humains et entre l'homme et la nature. Cette définition trouve son importance dans le fait qu'elle associe environnement et développement. De là, on voit toute la nécessité des Etats à préserver l'environnement comme cela avait été recommandé lors de la conférence des Nations Unies sur l'environnement, à Stockholm, le 16 juin 1972. L'environnement, comme tous les autres aspects de la société, est très déterminant. Il est très rentable du point de vue économique. Raison pour laquelle, il a été demandé lors du sommet de la terre de Rio de Janeiro, du 3 au 14 juin 1992, sur l'environnement et le développement, de protéger et conserver ce secteur en vue de favoriser un développement soutenable à l'échelle national et mondiale.

    En effet, le développement durable est beaucoup plus bénéfique pour les populations les plus démunies. A travers le respect de l'environnement, et surtout des Parcs Nationaux, l'Etat pourra définir à nouveaux les conditions de vie des populations, en mettant en place des projets économiques. Toutefois ces projets pourront, dans une moindre mesure, atténuer le taux de chômage en milieu rural. Ce dernier pourra aussi construire des infrastructures d'accueil qui, vont changer l'aspect de la société et permettront aux population de vivre dans un luxe total et durable. C'est dans cette visée que s'inscrit le Parc National des Monts de Cristal. La politique du Parc National des Monts de Cristal vise non seulement un développement socio-économique de la région de Medouneu, Kango et Cocobeach, mais aussi du reste du pays.

    Notre travail se compose de quatre parties. Dans une première partie, nous nous consacrons à l'approche théorique et méthodologique. Le chapitre premier comprend : Les auteurs sollicités et les concepts construits. Dans ce chapitre, nous ferons un aperçu des idées des auteurs qui ont abordé notre problème. A la suite de ces auteurs, nous définisserons les concepts fondamentaux que notre objet recouvre. La pré-enquête et l'enquête documentaire, l'enquête de terrain et les limites constituent le deuxième chapitre de cette partie.

    La deuxième partie comprend fondamentalement les modes traditionnelles de vie. Elle est constituée de deux chapitres : le chapitre premier fait état de l'identification et des origines de la population riveraine au Parc. Il sera question de donner les origines de la population fang. Dans le deuxième chapitre, nous présenterons les fondements socio-économiques de la société fang. Nous allons particulièrement nous intéresser aux représentations que cette société fait de la forêt des Monts de Cristal et à ses méthodes d'exploitation.

    La troisième partie s'articule autour des modes modernes de vie. Le premier chapitre est consacré à l'historique du CNPN et de la WCS. Il sera question de situer la naissance du CNPN et de la WCS. Ensuite, nous présenterons leurs activités respectives. Le deuxième chapitre aborde la politique de conservation des écosystèmes forestiers. Il s'agit fondamentalement de monter la conception que les gestionnaires ont de la forêt des Monts de Cristal et nous terminerons par leurs méthodes de conservation des forêts.

    Pour terminer, notre dernière partie fait état des fondements socio-culturels liés à la confrontation entre les villageois et l'administration du Parc. Le premier chapitre ressortira les limites du projet de conservation. Nous allons montrer les éléments qui entraînent une cohabitation difficile dans le projet et nous terminerons par ceux qui favorisent la cohabitation.

    PREMIERE PARTIE :

    Approche théorique et méthodologique

    Chapitre 1. Approche théorique

    1-1 Les auteurs sollicités

    Pour traiter notre sujet, nous nous sommes référée aux travaux de Claude Lévi-Strauss (1962), Jean Lamarque (1973), Pierre George (1973), Philippe Descola (1986), Maurice Kamto (1996), Jean-Pierre Barde et Emilio Gerelli (1997), Yvette Veyret et Pierre Peche (1997), Paulin Kialo (1998), John Nelson et Lindsay Hossack (2003), Marcus Colchester, Sylvie Brunel (2004) et Sabine Rabourdin (2005). C'est de leurs ouvrages respectifs que nous avons tiré les principaux cadres théoriques que nous appliquons à l'examen du corpus de terrain, pour interpréter les phénomènes observés au cours de nos enquêtes. Nos premiers auteurs de référence sont :

    Claude LEVI-STRAUSS,

    1962- La pensée sauvage. Paris, Plon, 389 p.

    Né le 28 novembre 1908, Claude Lévi-Strauss est un anthropologue et académicien français. Son nom est lié au structuralisme, dont il est un des représentants principaux. Après ces études de philosophie, l'auteur s'est tourné vers l'ethnologie en 1935, lorsqu'il part enseigner la sociologie à Sao Paulo (Brésil). Il demeura là-bas jusqu'en 1939 et c'est à cette occasion qu'il séjourna avec les populations indiennes Nambikwara, Caduvéos et Bororos d'Amazonie, et mène ses seules enquêtes de terrain.

    Après maintes lectures sur les chercheurs dits « ethnocentriques », Claude Lévi-Strauss va faire une lecture critique de leurs propos sur les rapports des sociétés traditionnelles à la forêt. En effet, ces auteurs ont pensé pendant longtemps que « Le sauvage est gouverné exclusivement par des raisons organiques ou économiques ». Cependant, pour parvenir à la déconstruction de cette hypothèse, l'auteur va construire une nouvelle façon d'apprécier et de comprendre la pensée « exotique ». Lévi-Strauss emploie l'expression « pensée sauvage » pour décrire le fonctionnement de la pensée à l'état brut, naturel, telle qu'on l'observe même dans les sociétés où se développent une pensée scientifique et non pour qualifier ces peuples dits sauvages. Pour lui, la pensée primitive n'est pas « prélogique » sous prétexte qu'elle est noyée dans les mythes et croyances qui semblaient être irrationnels. Elle est « rationnelle ». Elle se pose des problèmes pour concilier nature et culture, d'autant plus qu'elle est née de cette union. Ses visées explicatives ont une portée scientifique. En effet, la pensée sauvage codifie, c'est- à- dire classe rigoureusement en s'appuyant sur les oppositions et les contrastes, l'univers physique, la nature vivante et l'homme même tel qu'il s'exprime dans ses croyances et ses institutions. Il conclut sur ces propos « la pensée sauvage » n'est pas le propre des sauvages, on la trouve également au sein des sociétés dites modernes par ce qu'elle est classificatoire et constructive.

    L'hypothèse soutenue par cet auteur est d'un apport capital dans notre travail. L'auteur souligne des questions qui correspondent à la dichotomie projet de conservation et populations riveraines aux aires protégées. Les gestionnaires des Parc semblent remettre en cause la pensée des villageois. Ces derniers pensent que c'est une pensée illogique sans expérience. Par conséquent, ils font une conservation à « sens unique », ils refuseraient d'impliquer les populations. D'après leurs propos « le villageois ne connaît rien de la conservation, et en quoi sera t-il utile au projet ». La question reste de savoir si le projet de conservation développé au Parc National des Monts de Cristal ne tendrait pas vers l'échec d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'une conservation participative.

    Jean LAMARQUE,

    1973 - Droit de la protection de la nature et de l'environnement, Paris, Gailleton, 974 p.

    Professeur émérite en Droit public à l'Université Panthéon-Assas et à Bordeaux. Il a orienté ses études sur le Droit fiscal général, les procédures fiscales, Droit de l'environnement, Droit contre le bruit et enfin sur la fiscalité de l'environnement.

    Dans cet ouvrage, l'auteur aborde dans un premier temps le problème de l'environnement. En effet, il établit un parallèle entre trois disciplines, notamment le politique, le social et l'environnement. L'environnement est un problème de politique nationale, sociale et d'aménagement du territoire. Ainsi la santé de l'environnement dépend des grandes décisions nationales concernant l'utilisation et la sauvegarde des connaissances naturelles. Il pose ensuite le fondement des Parcs Nationaux. L'objectif des Parcs Nationaux est que la protection de la nature est une fin en soi, qui répond à un besoin national, tout à la fois scientifique, culturel ou même économique. Ce besoin s'impose consciemment ou non à tous les citoyens, même à ceux qui ne pénétreront jamais dans un Parc National. Pour l'auteur, les Parcs Nationaux sont nés du souci de protéger certains sanctuaires naturels. La création d'un Parc National doit être consacrée par un texte à portée nationale. Le statut des Parcs Nationaux fait l'objet d'une hiérarchie de textes qui émane des autorités centrales de l'Etat. Dans les zones de Parcs, peut-on lire, la primauté est donnée au service national de la protection de la nature.

    Toute activité humaine doit y être totalement interdite, soit strictement réglementée. Il y a à l'intérieur de cette zone une gradation : la zone périphérique (ou pré-parc) permettant de satisfaire certains intérêts spécifiques, locaux et nationaux. Les Parcs Nationaux sont soumis à un régime juridique de droit public, et le contentieux appartient en principe à la juridiction administrative. Dans cette zone, les villageois peuvent y mener des activités. L'Etat ne pourrait favoriser la protection de la nature qu'avec des administrateurs compétents en écologie, et non avec des experts en urbanisation, en finances publiques ou en industrie. Les Parcs Nationaux doivent réglementer la pratique de la chasse, elle s'étend sur les ports d'armes et de mutation. Ils doivent interdire en outre toutes les activités susceptibles d'aboutir à une modification de l'équilibre faunistique ou végétal.

    L'ouvrage nous apporte des éclairages importants sur notre sujet. En effet, la mise en place d'un Parc National obéit à des critères précis qui se fondent sur les critères juridiques. Mais au-delà de ces critères, les critères écologiques semblent être les plus importants. La formalisation de la démarche épouse les contours des données plurielles : écologiques, politiques, culturelles et même sociales. Plusieurs acteurs sont naturellement impliqués dans la gestion des Parcs, en dehors de l'Etat, les ONGe, la société civile et les villageois. la pleine réussite des actions dépend de la bonne liaison pouvant exister entre ces différents acteurs. Cette création prend en compte un zonage et aucune activité n'est admise.

    Pierre GEORGE,

    1973 - L'environnement. Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 126 p.

    L'auteur, dans un premier temps, s'interroge sur le terme environnement. Il le définit comme étant les actions de l'homme sur son milieu. Le chercheur invite l'homme rural à une meilleure gestion de son environnement, d'autant plus qu'il représente non seulement une source indispensable, une base de production ou de transit de production pour toute vie humaine mais également une menace sur ces activités traditionnelles, à cause de multiples facteurs naturels qu'il recouvre. Ces facteurs peuvent limiter le choix des ressources exploitables, d'où la variation dans l'alimentation de l'être humain. L'homme rural doit limiter les dommages qu'il cause à la forêt à travers la culture itinérante sur brûlis, car non seulement elle entraîne les modifications les plus importantes du paysage végétal naturel, mais elle appauvrit aussi les sols. La culture sur brûlis et le surpâturage détruisent et appauvrissent les sols. Cependant dans un deuxième temps, l'auteur veut montrer que l'action de l'homme rural sur l'environnement n'est pas totalement condamnable dans la mesure où les hommes détruisent les forêts pour assurer la couverture des besoins alimentaires correspondant à la croissance démographique. Il revient alors, aux Etats de mettre en place une politique rationnelle de l'environnement pouvant permettre une bonne gestion et conservation des forêts.

    On peut observer les mêmes problèmes dans les forêts des Monts de Cristal. Ces forêts subissent les effets des actions humaines, conséquence de la chasse commerciale, l'exploitation industrielle de la forêt, etc. Ces pratiques peuvent non seulement appauvrir les forêts, mais aussi et surtout provoquer la disparition de la richesse de leur écosystème. Les populations ont l'obligation de les gérer parcimonieusement. L'Etat dans sa volonté de préservation devrait prendre en compte les préoccupations des populations riveraines, car toute action qui tendrait à exclure les populations et à les paupériser serait un échec pour tous les partenaires, les ONGe, l'Etat et les villageois dans une certaine mesure.

    Philippe DESCOLA,

    1986 - La nature domestique : symbolisme et praxis dans l'écologie Achuar, Paris, Maison des sciences de l'homme, 450 p.

    Philippe Descola est un anthropologue français. Il a fait des études de philosophie à l'école supérieure de Saint-Cloud avant de s'orienter vers l'ethnologie américaniste. Il est directeur des études à l'école des hautes études en sciences sociales. Il est également directeur du laboratoire d'anthropologie sociale, président du conseil scientifique de la Fussen, membre des conseils scientifiques de la fondation de la mission des sciences de l'homme, de l'institut de recherche en développement et du département des sciences de l'homme et de la société du CNRS et membre des conseils d'administrations du musée du Quai Branly et membre de la société des américanistes.

    Cet ouvrage présente et analyse les rapports techniques et symboliques que les Jivaros achuar d'Amazonie entretiennent avec leur environnement naturel. Cette société donne à la nature toutes les apparences de la société. Ce qui va l'amener à dire que : « C'est la société qui pense la nature ». Ceci s'observe dans trois domaines : le monde des jardins, de la forêt et de la rivière. L'auteur ajoute que : « la société se pense non pas à travers la culture mais à travers la nature ». C'est la nature qui construit la société. La culture n'est qu'un outil qui permet à l'homme de s'affranchir de la nature, de passer de la perception de cette dernière à sa conception. A travers cette évolution, l'homme n'est plus qu'un simple assistant, il devient un participant à la nature. La nature et la culture forment « un système », par conséquent la dissociation de l'un entraîne le dysfonctionnement de leur union. La nature et la culture sont liées. Il n'existe pas de nature sans culture, ni de culture extérieure à la nature. C'est à travers cette union que l'homme parvient à penser la société et la comprend.

    La problématique développée par cet auteur rejoint la nôtre, en ce sens que notre étude porte sur les rapports des populations riveraines aux Monts de Cristal à la forêt. Ces populations entretiennent des rapports solides avec la forêt. La forêt est leur nourrice et leur protection. Cette population a développé au cours des années des méthodes qui lui ont permise d'avoir une connaissance parfaite de leur environnement. Il s'agit des rites initiatiques. Ces rites, notamment le Bwiti, ont pour but de répondre à certaines questions fondamentales concernant l'existence : qui sommes-nous, où allons-nous ? etc. A travers cela, l'homme parvient à une connaissance et à une maîtrise parfaite de la nature. Il parvient à dissocier ce qui va contre la nature et ce qui va dans la même direction que cette dernière.

    Maurice KAMTO,

    1996-Droit de l'environnement en Afrique. Paris, Edicef, 415 p.

    Né le 4 février 1954 à Bafoussam, Maurice Kamto, est professeur agrégé des facultés françaises de droit. Il enseigne à l'université de Yaoundé 2 et est professeur associé à plusieurs autres universités camerounaises, africaines et françaises. Il est par ailleurs fondateur et directeur du Centre d'Etude, de Recherche et de Documentation en Droit International et de l'Environnement, fondateur et codirecteur de la revue juridique africaine, membre fondateur de la société africaine de droit de l'environnement et président de la fédération des ONG de l'environnement du Cameroun. Il est également membre du comité du réseau droit de l'environnement de l'AUPELF-URF.

    Cet ouvrage aborde le problème du droit de l'environnement en Afrique, autant sous l'angle des instruments juridiques internationaux que des législations nationales africaines. Il enjambe les clivages linguistiques qui cloisonnent la recherche africaine et s'efforce de s'appuyer sur les législations accessibles tant des pays francophones qu'anglophones, des Etats nord-africains que subsahariens. Il essaie tout d'abord d'établir un parallèle entre la science juridique et l'environnement. Ces deux sciences sont liées, ce d'autant plus que toute volonté de protection de l'environnement doit nécessairement s'appuyer sur les normes juridiques. Le droit est le moteur des politiques environnementales, un instrument de protection de l'environnement. Car il a la possibilité d'intégrer l'ensemble des données exogènes nécessaires à la formation d'un cadre juridique idoine. C'est ce caractère qui justifie son utilité dans la protection et la meilleure gestion de l'environnement. La science juridique a un rôle préventif, dissuasif et curatif .sur l'environnement. Grâce aux nombreuses lois qu'il recouvre, le droit norme le comportement des acteurs sociaux sur l'environnement .Cependant bien que la science économique soit fondamentale à l'environnement cela n'empêche pas l'auteur de douter de la compatibilité de l'épistémologie juridique avec l'ensemble des problèmes liés à l'environnement. Deuxièmement, l'auteur fait état du régime juridique des Parcs Nationaux. Il conçoit le Parc National comme étant un périmètre tenant la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l'atmosphère et les eaux. Leur rôle est de protéger les « écosystèmes », notamment les paysages, ou des formations géologiques d'une valeur scientifique ou esthétique particulière. Les Parcs sont affranchis du droit d'usage et chaque Parc National est doté d'un règlement intérieur fixé par un acte de l'autorité administrative.

    Pour ce qui est du Gabon, la protection de l'environnement relève du droit de l'environnement. L'Etat a légiféré pour réglementer la conduite des individus face à l'environnement. En 1981 par exemple, le décret n°00115/PR/MAEFDR du 3 février 1981 portant protection de la faune gabonaise. Quelques années plus tard, la loi n°16/93 du 26 août relative à la protection et à l'amélioration de l'environnement était prise. En 2002, les Montagnes de Cristal ont été érigées en Parc national par le décret n°611/PR/MEFEPEPN.

    Jean-Pierre BARDE et Emilio GERELLI,

    1997- Economie et politique de l'environnement. Paris, PUF, 216.

    Le premier auteur est fonctionnaire international chargé de l'analyse économique de l'environnement. Il obtient un PhD en sciences économiques à l' Université de Paris. Il est le chef de la division nationale de politique de l'OCDE, responsable, entre autres, du travail de l'OCDE sur les instruments politiques environnementales. Il est conférencier à l'école européenne des études environnementales, à l'université de Pavie en Italie et dans les instituts des hautes études de Lausanne et de Suisse et membre dans plusieurs comités scientifiques chargés de l'économie de l'environnement. Le deuxième est directeur de l'Institut de Finances publiques et économiques de l'environnement à l'Université de Pavie en Italie.

    Dans cet ouvrage, les auteurs montrent, dans un premier temps, les rapports lointains entre la science économique et l'environnement. Leurs rapports étaient du type conflictuel. La science économique négligeait les données et les contraintes environnementales parce qu'elles se présentaient comme des facteurs limitants. Pour les économistes, cet accouplement était « contre-nature ». Dans un deuxième temps, ils nous présentent leur situation. Aujourd'hui, l'environnement est devenu un problème d'économie. L'économie essaye de résoudre les problèmes auxquels l'environnement fait face. Elle répond à de nombreuses questions axées sur les coûts économiques des dommages causés par l'environnement, sur le prix de la protection de l'environnement, et enfin sur les stratégies mises en place pour la protection rationnelle de la biodiversité, tout en se doutant de la compatibilité des critères économiques avec des critères écologiques. En s'appuyant sur une étude critique et dans une optique pragmatique, les économistes vont s'efforcer de répondre à ces questions dans le but de mettre en place une stratégie rationnelle de protection de l'environnement.

    Les questions soulevées par ces auteurs correspondent à celles que connaît le Gabon. La protection de l'environnement peut-elle rapporter financièrement autant que son exploitation ? bien que la protection de la nature au Gabon soit une ancienne préoccupation, elle est de plus en plus mise en avant depuis 1990. Elle s'inscrit dans la dynamique des résolutions du sommet de la terre de Rio et autres conférences consacrées à la problématique de la protection de la nature. Mission que tente de remplir les Monts de Cristal. L'apport de ces auteurs nous permet de mesurer toute la problématique et les difficultés réelles qui existent entre la volonté financière d'exploiter et le désir volontariste de protéger. La question reste comme mentionnée plus haut : la protection est-elle autant ou mieux plus rentable que l'exploitation ?

    Yvette VEYRET et Pierre PECHE,

    1997 - L'homme et l'environnement. Paris, PUF, 399 p.

    Dans cet ouvrage, les deux auteurs établissent un parallèle entre les sociétés humaines et l'environnement.  Ils situent l'homme au centre de cette problématique. En effet, les rapports de l'homme avec l'environnement sont de type conflictuel. Dans la mesure où, l'homme représente une menace pour l'environnement.

    Il pose des actions d'ordre irrationnel sur ce dernier sans pourtant penser au futur ni au développement durable de son pays. De ce fait, il importe alors aux chercheurs qui s'intéressent à l'étude des rapports homme-environnement de les analyser en terme de conflits entre bon nombre d'utilisateurs et en terme d'enjeux et de choix. Les deux auteurs avaient travaillé sur les pratiques d'aménagement dans le but non seulement protéger la nature mais aussi de bannir les catastrophismes systématiques véhiculés par les médias et de montrer que toute modification de l'environnement n'est pas forcement condamnable dans la mesure où les choix de gestion effectuées par les sociétés doivent d'abord aider l'homme à vivre et à améliorer ses conditions de vie

    Au Gabon, les rapports de l'homme à son environnement s'inscrivent dans ce cadre. L'homme est en perpétuel conflit avec son environnement. Il exerce une action influente sur son milieu, alors qu'il est la condition de toute vie sociale. C'est un fournisseur de ressources, responsable de contrainte pour les activités humaines, de l'aménagement et parfois source de risques. Les actions de l'homme sur l'environnement sont à l'origine des risques et de catastrophes, parce qu'elles contribuent à la modification de l'environnement. Pour repenser les relations homme-nature, ressources, société et réfléchir en terme de développement durable, l'Etat gabonais aurait mis en place des mesures dont le but est de régulariser les conduites des individus à l'égard de la nature. Ce fut là la création des Monts de Cristal. Ce Parc aurait pour but non seulement de régulariser les conduites des villageois habitant à sa périphérie sur la bonne gestion des écosystèmes naturels, mais aussi de conserver les richesses du sous-sol afin d'assurer les meilleurs conditions de vie au peuple.

    Paulin KIALO

    1998 - « Les formes traditionnelles de gestion de l'écosystème du village Moutouyeni (Ogooué-Lolo) », in Revue Gabonaise des sciences de l'homme, LUTO, Libreville, pp. 159-168.

    Paulin Kialo est un anthropologue de formation. Il est chercheur à l'IRSH (Institut de Recherche en Sciences Humaine).

    Dans cette revue, l'auteur aborde la problématique de gestion des écosystèmes dans un village situé dans la province de L'Ogooué Lolo, précisément dans le canton Lolo-Wagna. Ce dernier cherche à connaître et à comprendre les méthodes de gestion et de conservation des forêts de cette population. Il admet l'hypothèse selon laquelle, ces gens regroupent un inventaire de techniques de conservation. La conservation des forêts se fait à travers des interdits. Ces interdis sont liés aussi bien à la terre, à la rivière qu'à la forêt. Le chef traditionnel se charge de leur régularisation. Quant à la sanction à infliger, elle revient au chef surnaturel et officieux. Cela suggère que la conservation des écosystèmes va au delà du domaine du visible. La gestion des forêts se fait selon les activités (chasse, pêche, agriculture, cueillette, ramassage, vannerie), les sexes et les saisons. Les forêts sont reparties par lignage et la transmission se fait au sein de ce dernier. Généralement, elle se fait de mère à fille ou à belle-fille et de père à fils. La violation de ce principe entraîne des sanctions.

    L'analyse de cet auteur intéresse notre étude d'autant plus que nous abordons la problématique relative aux modes de gestion et de conservation des forêts. On relève une gestion et une conservation similaire au sein de la société riveraine aux Monts de Cristal. Les Fang sont attachés à leur forêt. La forêt leur offre une grande variété d'aliments, des matériaux, des ustensiles et des médicaments. Les fang gèrent les forêts à travers les activités traditionnelles et la conservent par la jachère  et les « forêts sacrées ». Toutes ces techniques sont enseignées à l'individu dès son jeune âge. Ces enseignements sont tirés des contes, des devinettes, des parémies et des sociétés initiatiques. Les forêts sont réparties par villages et chaque lignage a sa forêt. C'est le chef du village et le plus sage du lignage qui sont chargés de désigner les personnes qui enfreignent les règles préétablies. Tandis que les ancêtres se chargent de la sanction à coller. Au sortir de sa lecture, nous nous demandons si la conservation traditionnelle ne peut pas être compatibles avec les projets de conservation. Leur union peut-il favoriser le développement durable ?

    Marcus COLCHESTER

    1999 - « Parcs ou Peuples? » in Ethnie, Nature sauvage, nature sauvée? Paris, Document, pp.160-193. Marcus Colchester est directeur du Forest People Programme (Programme Forets, Peuple).

    Dans son article, l'auteur dénonce les problèmes auxquels sont confrontés les peuples indigènes avec l'arrivée de l'approche conservationniste classique. Les projets de conservation sont au dessus des intérêts des populations riveraines aux Parcs. Les populations sont marginalisées, soumises aux exigences des politiques de conservation, elles ne sont pas impliquées dans les projets de conservation et ne reçoivent aucune aide venant de l'Etat ou des ONGe. Les normes élaborées dans l'agenda 21, à propos du contrôle des populations autochtones sur l'utilisation de leurs terres et l'autodétermination ne sont pas considérées dans les projets, elles sont niées par la législation. Le constat que cet auteur fait est que, l'Etat est un outil qui permet aux projets de bien asseoir leur politique, tout en contraignant les populations. A cet effet, l'auteur recommande aux conservationnistes de développer des approches plus radicales de la conservation de la nature, fondées sur des processus de prise de décision fonctionnant de la base au sommet, et non l'inverse. Ces derniers en travaillant sur les zones habitées par des peuples traditionnels partent de l'idée qu'ils traitent avec des peuples détenant des droits légitimes à la propriété et à l'utilisation de leurs ressources naturelles. Les hommes aux modes traditionneles de vie disposent d'une connaissance adéquate de leur environnement et font une utilisation intrinsèquement durable de leurs ressources grâce aux mécanismes qu'ils mettent en place. A travers ces connaissances, ils peuvent intervenir dans les projets. Marcus pense que l'association des écologistes, chercheurs en sciences sociales, des juristes et des conseillers économiques à ces hommes pourrait faciliter la cohabitation dans les projets et favoriser une gestion durable des ressources. Les gestionnaires des Parcs doivent se comporter en conseillers plutôt qu'en directeurs. Il ajoute que la réconciliation de l'autodétermination des peuples autochtones avec les objectifs de conservation est possible à condition que les agences de conservation cèdent leur pouvoir à ceux qui sont actuellement marginalisés par les pratiques de développement et de conservation qui sont en cours.

    Pour ce qui concerne le Gabon, cette vision de la conservation n'est pas en reste. Nous rencontrons les mêmes problèmes. Les populations riveraaines des Parcs et particulièrement du Parc National des Monts de Cristal semblent marginalisés. la population et ses droits sont méconnus. La conservation se fait seulement au niveau du sommet. Le projet penserait que la population fang ne dispose pas d'outils pour une conservation durable des écosystèmes. Il va plus loin lorsqu'il estime que l'homme aux modes traditionnels de vie serait le destructeur et non le protecteur de ces ressources. L'Etat se contenterait à juste titre de son intérêt. Le massif forestier des Monts de Cristal semble être exploité par les sociétés forestières. Cependant, l'accès serait formellement interdit aux populations autochtones, même dans leurs espaces d'exploitation dans la mesure où une régularisation des activités traditionnelles est recommandée. Les populations vivraient dans des conditions précaires, aucun développement ne semble existé dans la région des Monts de Cristal. Face à cette délicate situation, nous sommes tentées de poser les questions : A quoi sert le Budget mis en place pour la gestion du Parc National des Monts de Cristal ? Au bénéfice de qui les ressources des Monts de Cristal doivent-elles être utilisées ou conservées ? A qui l'autorité sur les ressources naturelles doit-elle être réellement confier pour s'assurer qu'elles seront gérées de manière effective, avec prudence et pour le bien des générations futures. Par ailleurs, le projet étant à ces débuts, nous osons espérer que cette situation connaîtra des améliorations dans un futur proche.

    John NELSON, Lindsays HOSSACK,

    2003 - Les peuples autochtones et les aires protégées en Afrique : du principe à la pratique Pays-bas, Moreton in-Marsh, 312 p.

    Cet ouvrage est un ensemble de textes de plusieurs auteurs. Il présente l'impact de dix projets de conservation sur la vie et l'avenir des peuples autochtones dans sept pays d'Afrique. Il ressort de cet ouvrage que les projets de conservation ne tiendraient pas compte des peuples autochtones. Cela est du au fait que les principes et directives convenus au niveau mondial ne sont pas appliqués. Les villageois vivent dans des conditions précaires car ne bénéficiant pas du profit provenant des aires protégées. Ils sont exclus de leurs terres, ils n'ont plus de droits fonciers sur leurs terres traditionnelles, leurs moyens de subsistance ont connu une réduction et il n'y a aucun changement socio-économique. Les projets de conservation ne font pas pencher la balance en faveur de ces communautés, au contraire, ils valident l'imposition de nouvelles restrictions rigoureuses sur l'utilisation de leurs terres. Ils appliquent des stratégies de conservation dépassées qui ne sont pas compatibles avec la préservation. Ces auteurs recommandent alors d'établir des moyens de communication adéquats entre peuples autochtones et gestionnaires d'aires protégées. La communication n'est valable qu'en mettant en place un financement adapté et ciblé, en assurant la participation significative de ces peuples aux processus de planification, en leur donnant des emplois dans les projets de conservation et en reconnaissant leurs droits sur leurs territoires traditionnels.

    En effet, le constat fait par ces auteurs rejoint celui que nous faisons au projet de conservation mis en place par le gouvernement gabonais. Au Gabon, le projet de conservation ne tiendrait pas compte des populations qui vivent essentiellement de la forêt. Elles semblent être marginalisées. Depuis 2002 que les Parcs Nationaux, ont été mis en place et particulièrement le Parc National des Monts de Cristal, aucun changement socio-économique n'existe. Le chômage semble s'accroître davantage. Les populations continueraient de vivre dans des conditions précaires. Ces dernieres seraient dépossédées de leurs droits fonciers et l'accès à la ressource serait devenu limité. Les gestionnaires du Parc n'ont aucun souci pour ses populations. Ils se contenteraient seulement d'instaurer des législations pendant que les populations crient. La terre du villageois est devenu leur propriété. La question ici est de savoir si cette stratégie de conservation pourra atteindre le développement durable.

    Sylvie Brunel

    2004 - Le développement durable. Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? » 127 p.

    Sylvie Brunel est professeur de géographie du développement à l'université Paul Valéry de Montpellier et à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris (IEP). Elle est également romancière.

    Dans cet ouvrage, l'auteur met en exergue le terme « Développement durable ». En effet, elle situe l'origine de cette expression et montre comment elle a évolué à travers le monde et comment elle est devenue nécessaire à l'échelle mondiale et au sein des sociétés humaines. Ce concept a pour but de lutter contre les inégalités à l'échelle planétaire. La logique du développement durable consiste à ne plus considérer aucun pays comme une entité autonome à qui il appartiendrait de faire des bons choix en matière de développement. Mais en tenant compte du fait que nous vivons dans un univers mondialisé. Pour l'auteur, le terme développement est très complexe. Son interprétation varie selon les auteurs. Le développement durable tient compte de tous les domaines d'une société. Le développement durable, c'est s'efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures.

    Le rapport que nous faisons entre ce texte et notre étude, se situe au niveau du développement durable. Le projet de conservation institué au Gabon poursuit deux buts la conservation des écosystèmes naturels et le développement durable du pays. L'environnement est un secteur déterminant pour le développement durable d'un pays. Dans ce domaine, le gouvernement a mis en place plusieurs techniques pouvant permettre au pays de sortir de la crise socio-économique et d'atteindre le développement. Il a mis en place un Ministère de l'environnement. Ce ministère est chargé d'établir les législations en matière de protection des écosystèmes. Toutes ces législations sont contraignantes aux hommes et sont accompagnée de sanctions. En dehors de ce Ministère, nous pouvons également citer le ministère des eaux et forêts, de l'économie forestière, des Parcs Nationaux, et le haut commissaire au tourisme. L'Etat gabonais a également créé les Parcs Nationaux qui vont développer le tourisme à l'échelle nationale. Ces derniers gérés par le CNPN et les ONG vertes

    Sabine RABOURDIN

    2005 - Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes. Paris, Delachaux, 223 p.

    Sabine Rabourdin est une journaliste-écrivain. Elle est également ingénieur et diplômée en ethnoécologie.

    L'auteur soulève la problématique relative aux fondements sociaux de deux modes de gestion et de conservation des forêts. Il s'interroge aussi sur le foyer d'origine de ces savoir-faire. Pour répondre à ces questions, l'auteur propose deux hypothèses. Il pense que les hommes aux modes de vie modernes ont des comportements inappropriés à la gestion de leur environnement. Ces derniers se sentent exclus de la nature. La nature représente une usine à produire des richesses. Ils n'ont aucune notion de conservation de l'environnement. Ce Comportement est l'une des conséquences de la révolution industrielle. Cette dernière renforce l'individualisme et entraîne la perte des valeurs culturelles inculquées à ces hommes. Cependant, les hommes aux modes de vie traditionnels sont liés à la nature, car leur vie en dépend. Pour ces derniers, la nature occupe une place de choix. Par conséquent, ils lui doivent respect et protection. Pour faire une gestion parcimonieuse de leur environnement, ils ont développé des pratiques de gestion durable des forêts parmi lesquelles, les jachères et les forêts sacrées. Ces valeurs et savoirs traditionnels sont enseignés dans les mythes et les légendes. Ils sont sous la surveillance des sages. Leur respect est assuré par des règles prédéfinies. Leur transgression est punie par les génies de la nature. La punition peut être mortelle ou provoquer simplement une maladie. Ce souci de conservation peut aussi s'expliquer par le fait que les hommes ont toujours envie de sauvegarder l'harmonie entre leur culture et le surnaturel et c'est à travers cette harmonie que se résume l'équilibre de leur société.

    Les problèmes abordés par cet auteur correspondent à ceux que nous soulevons au Gabon. En effet les hommes qui habitent en milieu urbain auraient tendance à faire une exploitation irrationnelle de la forêt. Les sociétés forestières ne cessent au jour le jour de détruire la canopée du paysage des Monts de Cristal. Les sociétés minières installées dans la zone en font la même chose. Ces hommes enverraient de temps en temps les chasseurs pour faire le braconnage dans ce massif forestier, ce qui, compte fait, réduit la faune de cette forêt. De l'autre côté, on s'aperçoit que l'homme vivant en zone périurbaine entretient toujours des rapports étroits avec son milieu naturel. Parce qu'il estime que c'est grâce à lui qu'il mange, se soigne, s'habille et construit. Pour sauvegarder cette forêt intacte, il a développé le système de « forêts sacrées », qu'il fait respecter par des interdits. Ces interdits sont réglementés par les instances traditionnelles.

    Carte 1. Zone d'étude : les Monts de Cristal

    Cette carte met en relief les zones dans lesquelles nous avons passé notre terrain, il s'agit de Kango et de Medouneu. Kango est une ville située sur la nationale 1, alors que Medouneu est au Nord-Ouest de la province du Woleu-Ntem. L'accès à ces régions n'est possible qu'en voiture. Les noms en bleu représentent les départements auxquels elles appartiennent. Kango est situé dans le département du Como-Kango, tandis qu'on retrouve Medouneu dans le Haut-Como. Ces deux chefs- lieux de département sont limitrophes. Les villes de Kango et Medouneu sont situées des chefs lieu de provinces différentes: Oyem (Medouneu) et Libreville (Kango).

    1.2. Historique des Parcs Nationaux

    C'est du conflit des sociétés traditionnelle et moderne sur la conception de l'environnement qu'a émergé en Amérique, à la fin du XIX siècle, une nouvelle tradition pour laquelle : « La nature est un refuge par rapport aux maux de la civilisation ». Cette initiative a pu être effective grâce aux récits recueillis par John Colter, Lewis Clark puis Juim Bridger, les anciens de cette expédition. Mais avant, précisément au milieu de ce siècle, David Thoreau, un des penseurs les plus féconds d'Amérique parlait déjà avec éloquence de l'importance des sites américains sauvages isolés. Ce système des Parcs Nationaux est né suite à une volonté de protéger le patrimoine naturel de l'ouest américain.

    John Mouir, l'un des ténors du mouvement pour les Parcs Nationaux aux Etats-Unis, a fait valoir avec véhémence et succès que des zones de culture vierge devraient être réservées à la détente afin de satisfaire un besoin émotionnel de leur population traditionnel.

    A la fin des années 1860, la vision « transcendantale » de la nature préconisée par Thoreau et ses pères avait inspiré toute une génération d'écologistes qui demandèrent par la suite l'ouverture de Yellowstone en 1872.

    Le 8 septembre 1978, l'Unesco inscrit ce site au rang de patrimoine mondial de l'humanité pour le bien et le plaisir de la population. La loi de 1872 avait prévu la préservation de tout arbre, tout dépôt minéral, toute curiosité naturelle et merveille « dans son état naturel ».

    Ce site avait été choisi par sa diversité d'écosystèmes montagnards en particulier des cimes enneigés, des bisons, des grizzlys, des canyons spectaculaires et des geysers uniques qu'on ne retrouve nul par ailleurs.  

    Ce mouvement écologiste américain s'est transformé en croisade pour la gestion scientifique de toutes les terres et eaux publiques. Il préconisait un concept qui, un siècle plus tard, a évolué pour devenir « Développement durable ». Ce mouvement prit un grand essor sous la présidence de Théodore Roosevelt qui était un passionné de chasse, de nature et de conservation des ressources naturelles de son pays et de leur caractère récréatif. Durant sa présidence, il fournit son appui à la conservation des terres publiques, des eaux et de la faune, créant ainsi le service américain des forêts et classant dix- huit sites du domaine public dans la catégorie Parcs et monuments.

    Pour ces conservationnistes américains disait Marcus Cochester (1999 : 162 ), « Les espaces sauvages sont primitifs et naturels, ce sont des natures nostalgiques, natures paradis, natures sylvithérapies, ils représentent une ressource qui ne doit pas être exploitée mais gardée intacte ».

    Outre qu'elle était au fondement du programme pour les Parcs Nationaux aux Etats- unis, cette vision de la nature a puissamment façonné la configuration mondiale de la conservation. Cependant, aux Etats-Unis, cette conception de la conservation est restée et reste toujours profondément ancrée. Pour les Américains : « la nature est un lieu où l'on se redécouvre un but dans la vie » d'après Marcus Cochlester (1999 : 162). L'idée selon laquelle nature et société humaine sont intrinsèquement antagonistes et incompatibles est sans doute la rationalisation de l'intense sentiment d'aliénation qui sous-tend de nombreuses versions américaines de l'écologie radicale (Deep Ecology) et anime bien des membres tels que Earth first (Première Terre).

    Ces écologistes purs et durs avaient défini la « nature sauvage » comme : « Des zones étendues de végétations primaires, à divers étapes de son développement, hors des limites de l'exploitation humaine », Marcus Colchester (1999 : 162). Le Yellowstone Park (1872) et le Yosemite State Park (1890) ont été les résultats de cette approche et en fin de compte, la philosophie qui considérait les Parcs Nationaux comme excluant l'occupation humaine a reçu une base légale. Par rapport à cela, Gomez-Pompa et Anchéa, Kauss déclarèrent que : « La nature sauvage est un lieu où l'homme lui-même est un visiteur qui ne reste pas » , Marcus Colchester (1999 : 163) . Après les Amériques, le concept de Parc s'est répandu à travers le monde et avec lui, la prémisse de base : « La nature doit être laissée libre de toute interférence humaine ». Durant les années 1970, cette vision de l'aménagement des zones protégées en est arrivée à dominer le mouvement de la conservation. Ainsi pour l'UICN (Union Mondiale pour la Nature), un Parc est :

    « Un grand espace où un ou plusieurs écosystèmes ne sont pas altérés par l'exploitation ou l'occupation humaine, où les espèces animales et végétales, les sites géomorphologiques et les habitats ont un intérêt scientifique, éducatif ou récréatif particulier ou encore constituent un paysage naturel de beauté et où la plus haute autorité compétente du pays a pris des mesures pour empêcher ou éliminer aussi vite que possible l'occupation de la totalité de la zone, et pour renforcer efficacement les aspects caractéristiques sur le plan écologique, géomorphologique ou esthétique, qui conduit à son établissement ».

    Les idées de conservation se sont répandues au-delà des mers avec l'extension des colonies, mais elles ont apporté avec elles bien peu de ce respect pour les droits et les usages traditionnels. En Europe, le premier Parc National a été ouvert en Suisse, sous l'impulsion des chercheurs de la société helvétique des sciences naturelles. Ce site s'étend de l'est de la Suisse à la frontière de l'Italie. Ce site a été régi en Parc National, le 1er août 1914. Ces idées ont touché la grande Bretagne au XI siècle. Dès le XVIII siècle, les français ont tenté des expériences visant à réguler l'utilisation des forêts. La forêt de l'île Maurice en particulier.

    Le 6 juillet 1963, la France crée son I er Parc : le Parc National de la Vanoise. Ce site a été transformé en Parc par souci de protection du boutequin qui, à l'époque était en voie de disparition. Ce Parc est situé dans la Savoie, proche du Parc grand paradis d'Italie. Les Anglais ont pris des initiatives similaires à Tabago. Ces idées de conservation ont également touché l'Afrique.

    Suite à ce mouvement pour la conservation, l'UICN multiplia ses congrès. La première conférence se tint à Seattle, le 30 Juin 1962. La deuxième à Yellowstone, du 18 au 27 septembre 1972. La troisième à Bali en 1982 et la quatrième à Caracas, en 1992. Ces conférences débattaient sur les perspectives avenir des Parcs Nationaux. Nous pouvons également citer le colloque sur les aires protégées au XXI siècle. Ce colloque s'est tenu du 24 au 29 novembre 1997 à Albany en Australie. Au cours de ce colloque, il était question non seulement de favoriser l'établissement des Parcs Nationaux Naturels à l'échelle mondiale, mais aussi de mise en place des moyens pouvant concourir à leur réussite, afin d'atteindre le plus rapidement possible le but qui leur est assigné. A la suite de ces premiers congrès et colloque, d'autres ont pris essor. Nous avons également vu se développer plusieurs ONGe à travers les continents.

    En 1985, le Gabon signe son instrument d'acceptation en faveur de la convention pour la conservation du patrimoine culturel et naturel de 1972. Cette convention veille dans un strict respect, de la souveraineté des Etats partis à la protection du patrimoine culturel et naturel afin de s'assurer que les générations futures héritent du maximum de chef-d'oeuvre de l'humanité, témoin de leur histoire. Ainsi, le Gabon crée le 30 août 2002, treize Parcs Nationaux, décision qui s'intègre dans un long processus de prise de conscience de la richesse que représente le patrimoine naturel des Etats de l'Afrique centrale et des conventions internationales en application du nouveau code forestier promulgué le 31 décembre 2001.

    Certaines aires protégées existaient déjà : Lopé, Loango, Minkébé, Moukalaba et Mont doudou. Ces Parcs Nationaux n'existaient que dans les textes, sans gestion appropriée. Ce qui leur conférait le statut de réserves de faune. C'est le cas des Parcs Nationaux d'Akanda, de Petit Loango et de Wongué. Le statut de réserve de faune auparavant accordé à ces derniers n'était pas adapté selon la loi au développement des activités touristiques. Ces réserves cynégétiques pour la plupart, avaient été crées avant l'indépendance, sur la base de la réglementation sur la chasse. Si on se réfère aux décrets du 27 mars 1944 et du 18 novembre 1947, la chasse était interdite dans ses réserves. Ces réserves n'avaient pas le caractère d'intangibilité qu'on retrouve chez les réserves naturelles et les Parcs Nationaux Naturels. La réserve de faune n'assurait que la production des animaux potentiels cynégétiques, et non celle de l'écosystème. Selon la loi d'orientation : «  La réserve de la faune était un périmètre dans lequel la flore et la faune bénéficiaient d'une protection absolue » et interdisait toutes formes d'exploitation susceptible de modifier l'environnement et des ressources.

    A ces anciens Parcs se sont ajoutés huit Parcs nationaux. Leur classement s'appuie sur des études scientifiques menées depuis plus d'une dizaine d'années pour certains et sur des recommandations proposées en 1990. L'engagement de l'Etat gabonais à développer le secteur économique a amené à reconsidérer le statut de réserve de faune existant et à créer les nouveaux Parcs Nationaux parmi lesquels, Akanda, Birougou, Ivindo, Loango, Lopé, Mayumba, Minkébé, Monts de Cristal, Moukalaba-Doudou, Mwagné, Plateau Batéké, Pongara et Waka.

    La création des Parcs Nationaux au Gabon répond, non seulement à un souci de conserver des espaces naturels et des espèces animales et végétales, mais aussi à des considérations économiques, comme nous venons de le signaler dans les phrases antérieures, de plus en plus important à l'échelle mondiale : celui du tourisme de la nature, bénéfique pour les populations et les générations futures. Cette activité a pour fin, la réduction de la pauvreté en milieu rural et va faciliter le développement durable du pays. C'est dans cette logique que s'inscrit le Parc National des Monts de Cristal. Ces Parcs occupent 2.837.128 hectares, soit 11% de la forêt gabonaise. Selon l'Article 81 relatif à la politique des Parcs Nationaux, ces derniers sont à la charge de plusieurs administrations en particulier :

    -Le premier ministre,

    -Le ministère de l'économie forestière, des eaux, de la pêche, de la protection de la nature et de la gestion des parcs nationaux,

    -Le haut commissaire au tourisme,

    -Le ministère chargé de l'aménagement du territoire,

    -Le ministère de la planification,

    -Le ministère chargé de la recherche scientifique,

    -Le ministère de l'économie et des finances,

    -Le ministère de l'intérieur et des collectivités locales,

    -Le ministère de la défense nationale,

    - Le ministère des mines, de l'énergie et du pétrole.

    1.3. Le Parc National des Monts de Cristal

    Carte 2: Localisation des Monts de Cristal

    Cette carte illustre le Parc National des Monts de Cristal. Ainsi, à l'Est du paysage, nous avons le secteur Mbé. Ce secteur se trouve dans la région de Medouneu. Le secteur Noya se trouve du côté Ouest du Massif forestier. Autour du Parc, nous avons les villages riverains au Parc. Ces villages se situent dans le secteur Mbé de ce massif forestier. Située à cheval entre les provinces de l'Estuaire et du Woleu-Ntem, les Monts de Cristal sont une chaîne de montagne sise entre la Guinée-Équatoriale et l'Ogooué, à seulement deux ou trois heures de route de Libreville. Ce Parc est divisée en deux secteurs : la Mbè d'une superficie de 59.764 ha dans les départements du Haut-Como (Medouneu) et du Como-Kango, et le Mont Séni d'une superficie de 59.862 ha, dans le département de la Noya (Cocobeach), dans la province de l'Estuaire. Ce secteur est limitrophe de la Guinée-Équatoriale, non loin du Parc National Mont Alen de Guinée-Équatoriale. Ces deux massifs forestiers constituent l'un des caractéristiques majeur de ce Parc et c'est une des raisons qui le distingue des autres Parcs Nationaux.

    1. 4 Historique

    En fang, Montagnes de Cristal signifie minko. Ce nom est dû au fait que ce massif forestier soit dominé de Roches Cristallines. L'histoire du Parc National des Monts de Cristal commence en 1985. A la demande du gouvernement gabonais, l'UICN et le Fond Mondial pour la Nature (WWF) firent une étude et produisirent un rapport sur le statut des zones protégées du Gabon. Ces auteurs jugèrent nécessaire d'inclure les « forêts des nuages des Monts de Cristal » situées au Nord-Ouest du Gabon dans le système des zones protégées.

    Ainsi des études d'évaluation soutenues par la WCS, le WWF et le ministère des eaux et forêts débutèrent en 2001. Ces études s'appuyaient sur des prospectives biologiques, et socio-économiques. Elles avaient pour but l'appréciation et l'évaluation non seulement du potentiel faunique et végétal de cette forêt mais aussi, l'impact des activités humaines à la périphérie de ce massif forestier.

    De nombreuses équipes comme, l'Herbier National du Gabon et celui de la Guinée Equatoriale, la WCS du Gabon ont mené des expéditions durant plusieurs mois à travers cette forêt. Les analyses préliminaires issues de ces expéditions ont signalé une forte diversité végétale à la surface des Monts de Cristal, ce qui va amener l'UICN à la définir comme « site, oeuvres de l'homme ou oeuvre conjuguée de l'homme et de la nature ». Cette forêt est caractérisée des « Caesalpiniacea » et des « Begoniaceae ».

    Ces résultats ont confirmé les hypothèses et les observations qui avaient été avancées et faites par le Président de la République, lorsqu'il avait décidé de classer par une décision historique 120.000 hectares de la forêt des Monts de Cristal, en Parc National. Ce Parc a été créé par le décret n° 611/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002. Ce site a été régi en Parc pour maintenir les diversités biologique et génétique, de préserver la faune, la flore et les autres ressources naturelles utiles au développement, afin d'attribuer la zone aux études scientifiques à long terme et de favoriser le développement du tourisme dans cette forêt. Il protège également les fonctions écologiques que ces derniers assurent.

    2. Milieu abiotique et biotique

    2.1. Milieu abiotique

    2.1.1. Hydrographie

    Au Gabon, le paysage des Monts de Cristal est drainé par quatre cours d'eau qui s'écoulent vers le Sud-Ouest du pays. La Mbè et le Como font partis du bassin de l'Estuaire du Gabon. L'Anduré et la Noya s'incurvent vers l'ouest et le nord-ouest pour rejoindre l'Estuaire du Rio Muni.

    En Guinée-Équatoriale, le paysage des Monts de Cristal est drainé par les rivières Mitemele, Lagna et le Wele. Le sud du paysage inclut des zones humides qui constituent les sites du fleuve Como, fleuve qui se jette dans l'Estuaire du Gabon.

    2.1.2. La géomorphologie

    Les Monts de Cristal parfois aigus et toujours magnifiques où montagnes et rochers côtoient les brumes et les nuages. Le paysage des Monts de Cristal occupe une zone accidentée de plateaux et de chaînes de montagne. Ces derniers sont situés principalement entre 300 et 650m d'altitudes au Nord-est du bassin sédimentaire côtier du Gabon. La partie Sud-ouest très accidentée, se compose de hautes collines à relief complexes, séparés par de larges vallées alluviales à fond plat. Les élévations dépassent 900m. Mais le sommet le plus élevé étant le Mont bilan juste, au nord de Kinguélé. D'après Yves Issembe (2006 : 6), il a 925m. Le reste du cite est moins accidenté et les vallées sont plus encaissées.

    L'extrême nord du site présente un relief plus aplani. Des dômes rocheux isolés ou inselbergs se trouvent dans la partie orientale.

    Photo 1: Inselberg des Monts de Cristal

    Source : CNPN, 2004.

    Sur cette photo, nous avons un inselberg des Monts de Cristal. Les espèces de pierre que nous apercevons au centre sont des dômes rocheux. Autour de ce dôme, nous avons des plantes. Ce dôme témoigne la richesse en roches du paysage des Monts de Cristal. Le Parc National des Monts de Cristal est très riche en dôme rocheux. Le site comprend le bassin de la Mbé en amont du barrage de Kinguélé avec des parties des bassins du Haut-Como et de la Haute-Abanga.

    2.1.3. Le climat

    Carte 3 : La région la plus pluvieuse du Gabon, avec une saison sèche peu marquée

    Source : CNPN, 2006

    Cette carte met en relief les hauteurs des précipitations de toutes les régions du Gabon. Les précipitations vont de 1400 à 3200mm. Sur cette carte, on observe des fortes précipitations dans la région de Cocobeach. Dans cette région du pays, les précipitations vont de 2000 à 3200mm, cela explique l'humidité constante de la région des Monts de Cristal. Cette région est la plus glaciale du Pays.

    La pluviométrie varie de 2000mm à l'Est du massif, à 3200 mm à l'Ouest. Dans cette région, on a une saison sèche de trois mois. Cette dernière va de juillet à septembre. Elle s'atténue du fait qu'une bonne partie du paysage est enveloppée de nuages bas.Les précipitations sont fortes au nord du massif. Elles sont approximativement de 3500 mm/an et décroissant sur les pentes Est jusqu'à 2000mm/ ans. La température moyenne varie de 22 à 26° C. Toute la région est soumise à une haute pluviométrie et les vents humides de l'Atlantique et les nuages qui butent sur le flanc occidental des montagnes entretiennent une très haute humidité, surtout en saison sèche, lorsque les nuages sont très bas. Pour illustrer ce propos, Jean Damien Makanga (2006 : 58), dira que : « la forêt dense étant constituée de plusieurs strates, ces dernières permettent une rétention de l'humanité et cette forêt constitue donc une réserve d'humidité ».

    2.1.4. Géologie

    La constitution géologique de la forêt des Monts de Cristal est assez complexe. Elle est caractérisée particulièrement par la prédominance de roches cristallines et sédimentaires d'âge précambrien. On signale également une forte présence des métamorphiques (des Migmates) du précambrien inférieur. Ils forment un vaste massif forestier qui s'étale de Ndjolé à Mimongo. Ces roches occupent la plus grande partie de ce paysage (Migmates). Nous ne saurions oublier les roches d'origine détritique. Dans la partie Équato-guinéenne des Monts de Cristal et dans la région de Medouneu, les roches dominantes sont des granites calco-alcalins. La présence des quatzdiorité est également signalée. Dans l'extrême sud du site, nous avons une domination de vieux gneiss âgés de 3,2 milliards d'années. On observe également des amphibolites âgées de 2,9 à 3,2 milliards d'année. Des intrusions ultramafiques vieilles de 2,7 à 2,8 milliards d'années, des marnes et des calcaires.

    2.1.5. Pédologie

    Le massif forestier des Monts de Cristal recouvre des sols généralement ferraliques et argileux ou argilo-sableux caractérisés par leur épaisseur, une coloration jaune à ocre rouge et une texture argileuse. Cependant, les fortes pentes présentent des sols minéraux bruts ou peu évolués. Ce sont des sols à faible fertilité comprenant une grande proportion d'argile fine.

    2.2. Milieu biotique

    2.2.1 La végétation

    Le Gabon est situé le long de l'Equateur sur la côte ouest de l'Afrique. Il a une superficie de 267, 666 km2. Ce pays possède « une richesse botanique exceptionnelle élevée et remarquable » disaient Christy, Wilks, Ntougou et Jaffré (2003 : 7). De tous les paysages, ceux des Monts de Cristal ont probablement la plus grande richesse botanique et on ne peut hésiter de dire que ce site est un refuge du « pléistocène »1(*), ce qui se confirme par le fait qu'il est le centre régional de la diversité végétale pour plusieurs espèces et qu'il abonde en espèces endémiques.

    La forêt des Monts de Cristal est « ombrophile Guinéo-congolaise »2(*). La végétation dominante est la forêt de terre ferme, autour des Estuaire du Rio muni et du Komo. Toutefois, on note des étendues de forêts marécageuses. Cette végétation renferme des forêts côtières atlantiques et des forêts à Cesalpiniacées. Elles occupent les chaînes plus ou moins parallèles à la côte du golfe de Guinée. Nous avons aussi des influences sub-montagnards, les forêts primaires, les forêts de brouillards reconnaissables par l'abondance d'épiphytes.

    Cette dernière est également constituée d'une mosaïque plus ou moins dégradée et des formations quasi intactes protégées par leur inaccessibilité. Des études récentes suggèrent que les forêts des Monts de Cristal constituent les formations forestières les plus riches de l' Afrique centrale, tant sur le plan de la diversité alpha que de la diversité bêta et c'est cela qui fait de lui un paradis botanique.

    Entretien 1 : ISSEMBE Yves, 36 ans, Chercheur à l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropical), sur l'inventaire de la végétation de la forêt de Monts de Cristal. Notre entretien s'est passé le 28 février 2007, à l'IRET, précisément dans son Bureau. Il était 12h20. Ce dernier nous a pris 56 mn. Nous avons pris un rendez-vous au préalable. Notre entretien s'est bien passé.

    « Il est difficile d'avoir une estimation précise du nombre total d'espèces de plantes qui se trouvent dans la forêt des Monts de Cristal. Cette zone possède le meilleur profil pour la collecte des plantes. Ainsi, on retrouve plusieurs familles, espèces et genres de plantes ».

    De ce récit il ressort que la forêt de nuages des Monts de Cristal a un inventaire important de plantes. Cette dernière possède plusieurs familles de plantes. Dans chaque famille, on retrouve une multitude d'espèces et de genre. De tout le pays, il est le plus riche en espèce de plantes. La diversité bêta de ce Parc est extraordinairement élevée avec une composition d'espèces qui varient de manière significative qui toutefois, intéressent la science et sont d'un apport capital dans la pharmacologie. Les Monts de Cristal sont supposées contenir environ 3000 espèces, dont environ 100 sont endémiques.

    Photo 2: Exemple de Begonia endémique des Monts de Cristal, en fang mian

    Source : CNPN, 2006

    Sur cette photo, nous avons un bégonia endémique des Monts de Cristal. Ce bégonia pousse sur l'eau. Cette plante fait partie de l'ensemble de la flore et des bégonias des Monts de Cristal. Elle est une preuve du statut paradis botanique et de l'endémisme que l'UICN a attribué à cette forêt. Cette forêt démontre un niveau remarquablement élevé de diversité bêta. Elle a une forte densité en arbres. Par rapport à cela, Yves Issembe, Terry Sunderland et Gretchen Walters (2006 : 16), notaient que « Les refuges pléistocènes des forêts Equatoriales de la cote atlantique constituent les plus grands réservoirs de la diversité végétales en Afrique ».

    Tableau 1 : La diversité alpha et bêta des Monts de Cristal

    Ordre

    Familles

    Noms en fang

    Noms courants

    Noms scientifiques

    Magnoliopsida (angiospermes)

    Annonaceae

    Ebom

    Corosolier

    Anonidium mannii

     
     

    Oyéè

    Owui

    Xexalobus crispiflorus

     
     

    Ntom

    Ntom

    Pachypodanthium staudtii

     
     

    Oyang

    Xylopia

    Xylopia spp

     
     
     
     
     
     

    Anacardiaceae

    Engong

    Niové

    Trichoscypha arborea

     
     

    Amvout

    Trichoscypha

    Trichoscypha

     
     
     
     
     
     

    Apocynaceae

    Ekouk

    Emien

    Alstonia spp.

     
     

    Mebamna

    Mebamené

    Rauvolfia macrophylla

     
     
     
     
     
     

    Bombaceae

    Doum

    Fromager

     
     

    Euphorbiaceae

    Esula

    Essoula

    Plagiostyles africana

     
     

    Asam

    Rikio

    Uapaca spp

     
     

    Esang

    Essessang

    Ricinodendron heudelotii

     
     
     
     
     
     

    Olacaceae

    Eweum

    Coula

    Coula edulis

     
     

    Agueuk

    Angueuk

    Ongokea gore

     
     
     
     
     
     

    Meliaceae

    Zam ngila

    Acajou

    Khaya ivorensis

     
     

    Etom

    Kosipo

    Entandophragma candollei

     
     
     
     
     
     

    Rubiaceae

    Aloma

    Bilinga

    Nauclea diderrichii

     
     

    Endon

    Endone

    Pausinystalia johimbe

     
     
     
     
     
     

    Agavaceae

    Eborezok

    Allen

    Dracaena spp

     
     
     
     
     
     
     

    Tom

    Dabema

    Piptadeniastrum africanum

     
     
     
     
     
     

    Burcéraceae

    Anguma

    Okoumé

    Aucoumea klaineana

     
     

    Asia

    Ozigo

    Dacryodes buettneri

     
     

    Asas

    Atangatier

    Dacryodes edulis

     
     
     
     
     
     

    Césalpinaceae

    Adzap

    Ebiara

    Berlinia bracteosa

     
     
     
     
     
     

    Combretaceae

    Edum

    Doussié

    Afzelia pachyloba

     
     
     

    Pau rosa

    Swartzia fistuloides

     
     

    Eyene

    Movingui

    Distemonanthus bentamianus

     
     

    Elon

    Tali

    Erthyrophleum micranth.

     
     

    Akom

    Limba

    Terminalia superba

     
     
     
     
     
     

    Irvingiaceae

    Alèp

    Alep

    Desbordesia glaucescens

     
     

    Andok

    Andok

    Irvingia gabonensis

     
     
     
     
     
     

    Guttifères

    Ognein

    Garcinia

    Garcinia spp

     
     
     
     
     
     

    Moraceae

    Abang

    Iroko

    Milicia excelsa

     
     

    Aseng

    Parasolier

    Musanga cecropioides

     
     
     
     
     
     

    Papilionaceae

    Mbè

    Padouk

    Pterocarpus soyauxii

     
     

    Abang

    Millettia

    Millettia spp

     
     
     
     
     
     

    Rutaceae

    Olong

    Olon

    Fagara heitzii

     
     
     
     
     
     

    Samydaceae

    Emvila

    Emvi

    Homalium spp

     
     
     
     
     
     

    Sapotaceae

    Abam

    Longhi

    Gambeya lacourtiana

     
     

    Adzap

    Moabi

    Baillonnella toxisperma

     
     
     
     
     
     

    Sterculiaceae

    Abé

    Cola

    Cola spp

    Source: Issembe Yves (IRET, 2007) pour les noms scientifiques, Ministères des Eaux et Forêts (2007) pour les noms en français et les noms en fang sont de nos informateurs, avril 2007.

    Ce tableau présente la diversité alpha et bêta du massif forestier des Monts de Cristal. Cependant, la liste n'est pas exhaustive. Ces plantes et arbres sont classés dans l'ordre des Magnolipsida. Cet ordre recouvre plusieurs familles et dans chacune des familles, on compte plusieurs espèces de plantes. La forêt des Monts de Cristal ne compte pas seulement l'ordre des Magnolipsida, on en trouve d'autres parmi lesquels l'ordre des Lycoposida, Piteropsida et Pinopsida etc. Le tableau ci dessus confirme à cet effet l'hypothèse selon laquelle : «  la forêt des Monts de Cristal est un refuge ».

    2.2.2. La faune

    Cette forêt est peu connue scientifiquement en ce qui concerne la faune. Néanmoins, elle abrite la majeure partie des mammifères typiques pour les forêts d'Afrique centrale occidentale.

    Entretien 2 : Mme NGOUA Rosalie, 45 ans, Chercheur à l'IRET, sur l'inventaire des espèces animales de la forêt de Monts de Cristal. Nous avons eu cet entretien à l'IRET, le 1 mars, 2007, à 15h05 mn, il a duré 40mn.

    « la forêt des Monts de Cristal n'est pas très riche en espèces animales. Cependant, on retrouve le type d'animal qu'on peut retrouver ailleurs dans le pays. On peut retrouver les singes, les buffles, les éléphants (...) ces animaux sont représentés par des familles différentes ».

    Ce récit nous fait savoir que la forêt des Monts de Cristal n'est pas très riche en faune. Toutefois, on retrouve des grands et de petits mammifères. Mais les grands mammifères ne sont pas très courants. Ces animaux sont présents dans tout le massif forestier. Ainsi, un auteur disait à ce sujet : « les animaux n'ont pas de passeport ».

    Tableau 2 : Les animaux des Monts de Cristal.

    Ordre

    Noms en fang

    Noms pilotes

    Noms scientifiques

    Artisdactyles

    Zum

    Céphalophe rouge

    Céphalophus Nigrifrons

     

    Mie

    Céphalophe du Gabon

    Céphalophus leucogaster

     

    M'vin

    Céphalophe de peters

    Céphalophus dorsalis castaneus

     

    N'gu

    Potamochère

    Potamochoerus porcutus

     

    Niat

    Buffle

    Syncerus caffer

     

    N'zib

    Céphalophe à dos jaune

    Céphalophus porcus

     
     
     
     

    Carnivores

    N'zue

    Civette africaine

    Civettictis civetta

     

    Ebio

    Chat doré

    Félis aurata

     

    N'ze

    Panthère

    Félis panthéra

     

    N'zin

    Genette servaline

    Genetta servalina

     

    M'vei

    Nandinie à deux taches

    Nandinia binotata

     

    Aban

    Loutre à cou tacheté

    Lutra maculicollis

     
     
     
     

    Insectivore

    N'zeigne

    Potamogale

    Potamogale velox

     
     
     
     

    Pholidote

    Ka

    Pangolin à écailles tricuspides

    Phataginus tricuspis

     

    Fima

    Pangolin géant

    Smutsia gigantea

     
     
     
     

    Primates

    Kak

    Cercocèbe à gorge blanche

    Cercocebus albigena

     

    N'sak

    Cercocèbe à collier blanc

    Cercocebus torquatus

     

    Osuk

    Moustac à queue rousse

    Cercopithecus gabonensis

     

    Avem

    Hocheur

    Cercopithecus nictitans

     

    Esuma

    Pogonias

    Cercopitecus mona nigripes

     

    M'von

    Colobe noir

    Colobus angolensis

     

    Emam

    Galao mignon

    Galao alleni

     

    Odzam

    Galao d'allen

    Galao demidoffi pusillus

     

    Esegue

    Mandrill

    Mandrillus sphinx

     

    Onzem

    Talapoin

    Miothecus talapoin

     

    Wa'a

    Chimpanzé

    Pan troglodytes

     

    Avum

    Potto de bosman

    Perodicticus potto edwarsi

     
     
     
     

    Proboscidiens

    N'zok

    Eléphant de forêt

    Loxodonta africana cyclitis

     
     
     
     

    Rongeurs

    N'gui

    Anomalure de beecroft

    Anomalure beecrofti citrinus

     

    Sep

    Petit écureuil

    Aethoscirnus poensis subviridescens

     

    Osen

    Funisciure rayé à dos brun roux

    Funiscius lemniscatus

     

    Ove

    Olivatre

    Heliosciurus gambianus aubryi

     
     
     
     

    Sireniens

    Man'ha

    Lamantin

    Trichechus senegalensis

     

    Niuk

    Daman Arboricole

    Dendrohyrax dorsalis nigricans

    Source : Les noms scientifiques sont de Ngoua Rosalie, et fang de nos informateurs, mars 2007.

    Ce tableau, bien que non exhaustif, met en exergue les différents animaux qu'on peut retrouver dans le massif forestier des Monts de Cristal. Ces animaux sont classés par ordre et dans chaque ordre, nous avons les différentes familles qui la composent et dans chaque famille, nous avons les espèces. Dans ce tableau, on retrouve plus les Artisdactyles, les primates. Les Carnivores, les Insectivores, les Pholidotes, les Proboscidiens, les Rongeurs et les Siréniens sont moins représentatifs. Tous ces animaux n'ont pas la même importance du point de vue national et international. Ils y'a des animaux formellement interdits de chasse par la loi n°16/2001 portant code forestier en République Gabonaise, selon l'article 147. C'est le cas de l'éléphant dont l'espèce tend à disparaître. Ceci est dû aux multiples actes de braconnage signalés dans cette région. A l'éléphant, nous ajoutons le buffle et le chimpanzé, pour ne citer que ceux là.

    2.2.3. Les oiseaux

    Les forêts des Monts de Cristal ne recouvrent pas seulement les plantes et les mammifères, on peut également signaler la présence de certains oiseaux bien qu `ils ne soient pas en nombre important. Jusqu' à nos jours, il n'existe pas une liste complète des oiseaux pour l'ensemble du massif forestier. De toute la région des Monts de Cristal, seul dans la section équato- guinéenne où il a été signalé une « forte importance des oiseaux ». On pourrait compter plus de 350, d'après Vandé Weigh.

    Entretien 3 : VANDE WEIGHE Jean Pierre, 67 ans, Chercheur au WCS-Gabon, sur les oiseaux de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au WCS-Gabon, le 8 mars 2007, à 11h15mn. Il a duré 35mn.

    « Les Monts de Cristal regorgent les mêmes espèces d'oiseaux qu'on peut retrouver dans tout le massif forestier gabonais. Cependant, on rencontre certaines espèces endémiques qu'on retrouvait seulement dans les forêts situées à l'Ouest du Cameroun. Ces espèces vivent uniquement dans des forêts de montagne. D'autres par contre vivent auprès des chutes d'eaux comme c'est le cas dans la « forêt des nuages ».

    Tableau 3 : Liste des oiseaux de la forêt de nuage des Monts de Cristal

    Ordre

    Familles

    Noms en fang

    Noms en français

    Noms scientifiques

    Calaos

    Bucerotidae

    Okorpeun

    Calao siffleur

    Bycanistes fistulator

     
     

    Miam

    Calao à casque noir

    Ceratogymna atrata

     
     

    Ongoung

    Grand calao d»abyssinie

    Buccorvus Abyssinicus

     
     
     
     
     

    Guêpiers

    Meropidae

    Soregua

    Guêpier d'Europe

    Merops apiater

     
     
     
     
     

    Hiboux et chouettes

    Strigidae

    Tdjouk

    Chouette pêcheuse

    Scotopelia peli

     
     

    Akoung

    Hibou des Marais Africains

    Asio capensis

     
     
     
     
     

    Perroquets

    Psittacidae

    Kos

    Jacko

    Psittacus erithacus

     
     
     
     
     

    Pigeons et tourterelles

    Columbidae

    Obeng

    Pigeon de montagne

    Columba arquatrix

     
     

    Ndoung

    Tourterelle à collier

    Streptopelia semitorquata

     
     
     
     
     

    Aigles

     

    Powor

    Aigle Martial

    Polemaetus bellicosus

     
     
     
     
     

    Canards

    Anatidae

    Alate

    Canard noir

    Anas sparsa

     
     
     
     
     

    Vautours

    Accipitridae

    Obam

    Vautour huppé

    Trigonoceps occipitalis

     
     
     
     
     

    Faucons

    Falconidae

    ngomegue

    Faucons-renard

     
     
     
     
     
     

    Francolins

    Rallidae

    Nkang

    Francolin écailleux

    Francolinus squamatus

     
     
     
     
     

    Loriot

    Oriolidae

    Nga'a

    Loriot à tête noire

    Oriolus brachyrhynchus

    Source : Jean Pierre Vande Weigh et Mme Ngoua Rosalie pour les noms scientifiques et pilotes (2005). Les noms en fang sont de nos informateurs, avril 2007.

    Le tableau ci-dessus présente les oiseaux endémiques de la forêt des Monts de Cristal. Cette liste n'est pas exhaustive. Ils sont classés par ordre. Dans chaque ordre, on retrouve de nombreuses familles. Chaque famille est constituée d'un certain nombre d'espèces. Mais nous ne les avons pas toutes énuméré. Toutes ces espèces se valent et constituent la force de ce Parc. La majorité vit dans des montagnes où la forêt a une importante canopée. Ces oiseaux sont d'un apport capital dans la recherche scientifique. Ils représentent également des emblèmes nationaux. Ils peuvent attirer des milliers de touristes qui désireront découvrir les richesses du Gabon. En effet aussi bien que les plantes et les animaux, ils peuvent également participer au développement « durable » du pays.

    2.2.4. Herpétofaunes

    Depuis la mise en place du Parc National des Monts de Cristal, les chercheurs n'ont pas une connaissance parfaite des reptiles. Cependant, d'après des études faites, cette forêt est riche et représentative en reptiles. Quarante huit (48) espèces sur 120 que recouvre tout le pays, ont été recensées Pauwels Olivier (2006 : 12). Ainsi, on retrouve, l'ordre des Chéloniens, communément appelés tortues. L'ordre des Lacertiliens, des Amphisbèniens et des Ophidiens. Pour bien illustrer cela, nous avons réalisé le tableau suivant :

    Tableau 4 : Les reptiles des Monts de Cristal

    Noms en fang

    Noms en français

    Noms scientifiques

    Ngane

    Crocodile de forêt

    Ostelaemus tetraspis

    Endéma

    Le faux-gavial

    Cracodylus cataphractus

    Etughu

    Tortue de forêt

    Kinixys erosa

    Nka'a

    Varan orné

    Varanus ornatus

    Mvom

    Python de seba

    Python sebae

    Ayang

    Vipère arboricole verte

    Atheris aquamigera

    Fègn

    Vipère du Gabon

    Bitis gabonica

    Source : Cris du pangolin, pour les noms scientifiques. Les dénominations en langue fang sont tirées de nos enquêtes personnelles menées en mars 2007.

    Ce tableau ne présente pas le nombre total des reptiles que l'on peut retrouver au sein de ce site. Mais leur protection n'est pas encore effective. Seul le varan, le python et quelques crocodiles sont partiellement protégés mais, leurs statuts de protection ne correspondent pas du tout aux besoins actuels, Cris du Pangolin (2006 : 12). Cependant, leur statut actuel de protection risque d'être revu dans les plus brefs délais car l'Etat gabonais a compris que la protection des ressources naturelles passe nécessairement par là.

    2.2.5. Les invertébrés

    La faune des invertébrés est insignifiante dans ce massif forestier. Mais d'après des prospections préliminaires au Gabon, ces forêts regroupent aussi bien les papillons de jour que des espèces qui étaient comme endémiques au Cameroun.

    2.2.6. Importance pour la conservation

    Le Parc National des Monts de Cristal est reconnu comme site critique de l'UICN. L'intérêt de ce site réside dans sa richesse floristique et son taux d'endémisme remarquable.

    Entretien 4 : NGOK BANAK Ludovic, 38 ans, directeur de l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale), sur l'importance de la conservation du Parc des Monts de Cristal. Notre entretien a eu lieu le 20 février 2007, à 17h30, à l'IRET, précisément dans son bureau. Ce dernier nous a pris 50mn. Nous avons pris un rendez-vous au préalable. Il nous a reçu dans un esprit de sérénité.

    « les Monts de Cristal sont une chaîne de montagne situées entre la Guinée Equatoriale et l'Ogooué. Cette forêt est un refuge du pléistocène, de par sa diversité végétale. Ce site a été régi en parc non pas à cause des différents animaux qu'il recouvre, mais à cause des espèces de plantes qu'il a et conserve toujours. C'est une forêt immensément riche en espèces de plantes, on y trouve des orchidées, des bégonias par exemple  ».

    A travers ce récit, on s'aperçoit que la forêt des Monts de Cristal est très riche en espèces de plantes. Elle regorge d'une variété de plantes simples et endémiques, qu'on ne peut trouver nulle part ailleurs. C'est par rapport à cela qu'elles sont conservées et gérées avec parcimonie. Sa diversité est extraordinaire, près de 50% de toutes les espèces y vivent. Dans cette forêt, les Cealpinias, les Begonias et les Orchidaceés sont les espèces de plantes dominantes. Outre, nous ne saurions oublier de signaler la végétation particulière des inselbergs. Grâce à cette variété de plantes endémiques, nous sommes tentée de dire que, ce site est le plus riche en espèces végétales de toute la forêt tropicale africaine. Pour le Gabon, c'est également un site stratégique. Elle protège le sol de l'érosion et régularise l'écoulement des fleuves. Ceci prend une signification spatiale dans la vallée de la Mbé et des Monts de Cristal. C'est la Mbé qui alimente les barrages hydro-électriques de Kinguélé et de Tchimbélé.

    En effet, les pluies qui tombent dans le bassin de la Mbé en amont de Kinguélé remplissent les réservoirs de Tchimbélé et de Kinguélé et font tourner les turbines qui génèrent l'électricité. Le bassin de la Mbè est donc une ressource clé qui dépend de la protection de la forêt. La forêt protège les sols de l'érosion.

    2.2.7. Les acteurs de la gestion et de la conservation du Parc National des Monts de Cristal

    Selon l'article 81b de la Loi n° 16/2001 du 31 décembre 2001 , un Parc National est placé sous la gestion d'un conservateur nommé par décret du Président de la République, chef de l' Etat. Celui-ci est assisté d'un ou plusieurs adjoints nommés dans les mêmes formes et conditions. Ainsi, selon l'article 81c, de la même Loi, le CNPN est composé d'une pluralité des membres parmi lesquels : 

    - Les autorités administratives, politiques et locales,

    Selon l'article 81c, toujours dans la même lois, le CNPN peut consulter des spécialistes ou des chercheurs qui ont une expérience ou une qualification en rapport avec ses activités, c'est le cas de :

    - MEFEPPN ;

    - WCS (Société de Conservation de la faune et de la flore)

    - WWF (World Wide Fund ou Fond Mondial pour la Nature) ;

    Ces acteurs sont considérés comme experts de la conservation. En dehors de ces acteurs, nous avons également :

    - Smithsonian Institution ;

    - L'Université de Wageningen;

    - Herbier National (CENAREST, Centre National de Recherche Scientitique et Technologique) ;

    - L'Université de Bruxelles ;

    - OIPDEF (Organisation Internationale pour la protection de l'environnement et des forêts) ;

    - Les amis du pangolin ;

    - Jardin Botanique de Missouri ;

    - Le Boston college et ;

    A la différence des précédents, ces acteurs sont impliqués dans la recherche.

    A ces acteurs s'ajoute :

    - La SEEG qui exploite les barrages hydroélectriques ;

    - La TLP (Tropical Logs Production) ;

    - Dragage Gabon ;

    - La NGB (Négoce Bois du Gabon) ;

    - La SEEF (Société Equatoriale d'Exploitation de Bois) ;

    Ces sociétés sont également impliquées dans la recherche. Leur champ d'action se trouve dans la partie Nord-Est-Gabon du Parc. Au regard de la répartition que nous venons de montrer, c'est le CNPN, la WCS et le WWF qui sont les acteurs principaux du Parc National des Monts de Cristal.

    Chapitre 2 : Cadre Méthodologique

    2.1. Pré-enquête et enquête documentaire

    Cette partie oriente la démarche future du chercheur, car, elle permet d'avoir une idée nette de ce que nous voudrions démontrer. Elle permet de confronter la théorie avec les faits et les résultats escomptés. Elle nous permet enfin d'aller des faits à la théorie, en nous amenant à répondre à la question du pourquoi et du comment.

    Notons toutefois que pour structurer notre recherche, nous nous sommes référée à deux rudiments méthodologiques nécessaires : la pré-enquête et l'enquête.

    2.1.1. La pré-enquête
    Dans toute recherche scientifique, la pré-enquête revêt un caractère très pertinent. Elle nous permet d'avoir une vision de notre objet d'étude, et de tester notre guide d'entretien, en mesurant les difficultés d'accès à l'information. Notre pré-enquête s'est déroulée dans la province de l'Estuaire à Libreville.

    La pré-enquête s'est faite à Libreville. Nous avons parcouru plusieurs bibliothèques de la place, notamment la bibliothèque universitaire, le laboratoire d'anthropologie, la bibliothèque de l'IRET, le CICIBA (Centre de Civilisations Bantu) et certains sites informatiques. Nous nous sommes aussi rendue dans certains ONG verts installés à Libreville. C'est le cas de la WCS situé au quartier Trois Quartier de Libreville. Cet organisme mène des travaux de sensibilisation dans le Parc national des Monts de Cristal et a pour directeur Lee White. Dans ladite entreprise, nous avons rencontré des agents administratifs du Parc des Monts de Cristal. Ces derniers nous ont remis des documents nécessaires au démarrage de nos enquêtes de terrain.

    Nous avons aussi été au WWF, ou nous avons rencontré un agent administratif. Ce dernier nous a renseigné sur un certain nombre de choses concernant notre objet. Nous avons également travaillé avec le CNPN, principalement avec le conservateur, Hervé Ndong Allogho. Ce dernier nous a aussi remis des documents qui nous ont permis de baliser le terrain de notre enquête (les Monts de Cristal) et nous a aidé à mieux cerner notre terrain.

    2.2. L'enquête, limites et rapport de terrain

    2.2.1. L'enquête

    D'après François Laplantine :

    « La démarche anthropologique de base, celle que tout chercheur considère aujourd'hui comme incontournable, quelque soit par ailleurs ses options théoriques, procède d'une initiation par rapport à tout mode de connaissance abstraite et spéculative, c'est-à-dire qui ne serait pas fondée sur l'observation directe des comportements sociaux à partir d'une relation humaine » (2005).

    Dans la même veine, Jean Copans dira

    « Il n'y a pas d'ethnologie sans terrain (...) » d'autant plus que le terrain constitue « le moment le plus important de notre vie professionnelle », « notre rite de passage » « qui transforme chacun de nous en véritable ethnologue » écrit Georges Condominas, (1996).

    Pendant la collecte des données sur le terrain, nous avons interviewé 31 personnes, 20 hommes et 11 femmes. Ces informateurs sont issus de groupes linguistique fang (A70).

    Tableau 5 : Répartition de nos informateurs

    Entité

    Effectif

    Pourcentage

    Population autochtone

    21

    67 ,74%

    CNPN

    2

    6,45%

    WCS

    5

    16,13%

    IRET

    3

    9,68%

    Total

    31

    100%

    Ce tableau présente le nombre total de nos informateurs. A travers les chiffres et pourcentages mentionnés dessus, nous remarquons que la population villageoise est la plus dominante. Cela est du au fait que ce champs est élargie. Cependant, du côté des gestionnaires, il n'existe pas encore une institution de gestion du Parc. En dehors, du conservateur et du directeur du projet Parc national-Monts de Cristal, le reste ce sont des généralistes de la conservation. Ils interviennent plus au niveau de la recherche que dans la gestion.

    Graphique 1 : L'âge des femmes enquêtées.

    Source : conception, Aimée Prisca Mekemeza Engo Réalisation : Guirot Henrianne

    Cet histogramme présente les âges des différentes femmes qui ont accepté de nous fournir des informations. L'âge des femmes varie de 42 à 70 ans. En abscisse, nous avons l'âge et en ordonnée, les effectifs. Chaque âge est représenté par une femme, cependant, nous avons eu des entretiens avec deux femmes de 45 ans. Ces effectifs montrent le degré d'implication des femmes dans les projets de conservation. Toutes les femmes des âges confondus, sont préoccupées par les projets de conservation. Le projet ne concerne pas seulement les jeunes filles, les femmes âgées sont également concernées. Par ce geste, on voit leur attachement à la forêt. Ces dernières s'y impliquent par ce qu'elles sont soucieuses de leur forêt qui, aujourd'hui est devenue la propriété de l'Etat. Ces dernières acceptent sans doute de répondre aux préoccupations des étudiants et autres chercheurs car, elles posent leur confiance sur eux, espérant que leurs préoccupations seront transmises fidèlement auprès du gouvernement et que ce dernier leur apportera des solutions. Du côté des hommes, le plus jeune a 26 ans et le plus vieux en a 87.

    Graphique 2 : L'âge des hommes enquêtés

    Source : conception, Aimée Prisca Mekemeza Engo Réalisation, Guirot Henrianne

    Cet histogramme présente l'âge des hommes qui ont répondu à nos questions. Chaque âge est représenté par un homme, sinon deux. Tous ces hommes ont été consultés pour répondre aux questions relatives à leur vécu et à leurs relations avec le projet de conservation. Dans leurs propos, Ils ont dénoncé les limites et quelques avantages du projet de conservation. Ils n'ont pas hésiter de nous confier leurs attentes vis à vis du Parc. Tous sont pour la mise en place du Parc. Cependant, ils craignent que cela ne leur satisfasse.

    L'enquête de terrain se présente comme le moment initial pour le chercheur et particulièrement pour l'anthropologue. Notre enquête s'est déroulée dans deux provinces, respectivement à l'Estuaire (Kango) et au Woleu-Ntem (Medouneu), au CNPN, WCS et à l'IRET. Nous avons eu l'opportunité non seulement de discuter avec les populations autochtones sur les maux qui minent leur quotidien, mais aussi de leur confrontation avec les gestionnaires du Parc. Notre enquête de terrain s'est faite en présence d'un Ecogarde du CNPN (mais il ne contrôlait pas la collecte). Elle a duré du 23 mars au 15 avril 2007. Cette période est à considérer comme une phase de stage. Pour mieux réaliser notre enquête, nous avons utilisé un certain nombre de techniques qui sont le (guide) l'entretien, l'observation participante.

    Avant d'aller sur le terrain, nous avons élaboré un guide d'entretien que nous avons soumis à l'appréciation de notre directeur de mémoire. Les questions portaient essentiellement sur les modes de vie endogènes et exogènes. Il était question de s'interroger sur les activités des villageois et respectivement de leurs impacts sur la forêt des Monts de Cristal. Leur rapport à cette forêt, leur degré d'implication dans les projets de conservation et leur cohabitation avec les gestionnaires dudit Parc. Dans le deuxième volet, nous nous sommes préoccupée de la conception de la forêt par les gestionnaires du Parc, leurs activités dans et autour du Parc, et leurs relations avec les populations depuis la mise en place de ce Parc. C'est après réalisation de ce protocole que nous nous sommes rendue sur le terrain.

    Avant de nous rendre sur le terrain, nous avons été au préalable en conformité avec la loi. A cet effet, nous avons mis les populations, particulièrement les chefs de villages au courant de notre arrivée. Ceci n'a été possible que par le concours du CNPN. En dehors ça, nous avons obtenu des lettres de recommandations signées par notre chef de département et le conservateur du Parc National des Monts de Cristal. Ces dernières nous ont facilité la recherche. Sur le terrain, nous avons développé une autre technique d'approche, l'entretien. Nos entretiens ont été effectifs avec l'observation participante. C'est une technique qui consiste à aller sur le terrain et collecter les matériaux nécessaires pour notre étude. En effet, «  elle met l'enquêté et l'enquêteur dans une situation de face à face », disait Ferdinand Mbah (2006). A travers cette méthode, le chercheur est appelé à aller vivre au quotidien avec sa population d'étude, le but étant non seulement d'éviter tout préjugé mais aussi, de s'imprégner de leur savoir faire et être.

    2.2.2. Limites

    Nos entretiens se sont passés dans la sérénité. Nous avons pris nos données spécialement à la dictée et la durée moyenne de nos entretiens était 55 minutes. Nous pouvons aussi noter que la collecte n'a pas été chose facile, dans la mesure où il fallait trouver les noms fang, français, scientifiques de certaines espèces animales et végétales. Nous étions contrains de nous rendre de temps en temps dans des centres de recherches de la place. Il nous arrivait aussi de nous rendre dans certains domiciles pour la collecte des noms en fang.

    Nous n'avons pas rencontré des difficultés particulières pendant notre enquête de terrain, malgré le fait que nous étions parfois soupçonnée de politique, car les villageois pensent que les projets de conservation sont une décision politique. En dehors de cet apect, la route Medouneu-Kougouleu n'étant pas très praticable, le voyage a été très pénible pour nous. Notre enquête a porté sur 31 personnes, reparties en 11 femmes et 20 hommes. Nous avons enquêté dans 8 villages.

    Carte 4 : Les villages de nos informateurs

    A travers cette carte, nous apercevons les villages dans lesquels nous avons fait nos recherches, on peut les voir en marron. Ces villages se situent entre les deux secteurs du Parc, particulièrement sur la route Kougouleu-Medouneu. Leur accessibilité n'est possible que dans le secteur Mbé du paysage. On y va seulement en voiture. La pratique du terrain nous a permis, au-delà de la simple collecte de matériaux, de visibiliser des faits connus, parfois négligés, mais dont l'importance s'avère finalement significative à l'analyse.

    2.2.3. Résultats préliminaires

    Notre enquête de terrain s'est déroulée en deux phases. Dans la première phase, nous avons fait une pré-enquête comme l'exige la méthodologie. Cette pré-enquête a été faite pendant le mois de février et s'est poursuivie jusqu'à la veille de notre départ sur le terrain. Cette phase s'est déroulée à la WCS, à l'IRET et au CNPN. Dans ces différentes institutions impliquées dans la mise en place des Parcs Nationaux au Gabon, nous avons été en contact avec plusieurs responsables. Ces derniers nous ont d'ailleurs remis quelques documents officiels, qui nous ont permis de nous imprégner de l'esprit général des Parcs Nationaux en général et des Monts de Cristal en particulier.

    Au moment de l'enquête de terrain proprement dite, nous avons passé un stage de trois semaines du 23 au 15 avril 2007 au CNPN. Ce stage a été important pourtant pour nous, car il nous a permis de comprendre les logiques de la problématique des Parcs au Gabon.

    A l'issue de ce stage, nous nous sommes rendue sur le terrain avec le personnel administratif du Parc des Monts de Cristal. Ce dernier a mis à notre disposition la logistique nécessaire à la collecte de nos données. Le départ de Libreville pour les Monts de Cristal s'est fait le 25 mars 2007. Nous avons passé la nuit au village Avang, précisément chez le chef de village. Le lendemain vers 9h30mn, nous avons passé notre premier et deuxième entretien. Ces derniers se sont passés chaleureusement. Après ce village, nous sommes allée au village Mbé-Akélayong à 13h10. Là, nous avons rencontré notre troisième, quatrième, cinquième et sixième informateur. Ces informateurs et nous sommes du même clan : efak. Cet argument a prévalu dans leur accord de nous recevoir.

    Après ce village, le tour revenait au village Akoga, où nous avons passé la nuit. Dans ce village, nous avons continué notre entretien avec le chef de village. Ce dernier est considéré comme notre septième informateur. A la suite de ce dernier, nous avons passé l'entretien avec nos huitième, neuvième et dixième informateurs. Après ces différents entretiens, nous nous sommes rendue dans le village voisin, Nkann, il était 14h 25mn. Nous avons trouvé le chef de village alité, cela ne l'a pas empêché de nous recevoir. Cet homme est doté d'une grande bonté qu'on retrouve difficilement chez beaucoup de personnes. En dehors du chef, nous avons aussi travaillé avec deux de ses membres. Après ce village, nous sommes allée à Song. Il était 21h05mn, lorsque nous sommes arrivée dans ce village. Le chef de ce village était également alité, mais nous avons été reçue par sa femme. Cette dernière nous a montré une couchette. Le lendemain, nous avons travaillé avec le chef et quatre autres personnes de ce village. Vers 14h45mn, nous sommes allée à Mela.

    Nous avons été accueillie par le chef de village, qui est une dame. Femme de caractère, elle nous a prodigué de sages conseils et elle était heureuse de nous recevoir parce que, disait-elle : «  les femmes doivent aussi faire de  « hautes études ». Elle nous a éclairée sur le point de vue des femmes quant à la mise en place du Parc. Après ce village, nous nous sommes dirigée vers les villages Andok-Foula et Misome où, nous avons passée nos derniers entretiens. Après nos entretiens, nous nous sommes embarquée sur Libreville.

    Nous avons poursuivi notre enquête au CNPN, à la WCS et à l'IRET. Pendant notre terrain, nous avons eu notre entretien avec le conservateur du Parc. Ces derniers ont répondu à nos questions dans la simplicité. Les questions étaient en rapport avec la conservation et la gestion de ce Parc. En dehors du conservateur, nous avons aussi discuté avec le charger de la communication et des relations publiques. Au WCS, nous avons rencontré Vandé Weighe, Lee White et d'autres personnalités. Ce dernier, comme les précédents ont également bien répondu à nos questions. A l'IRET, nous avons eu des entretiens avec le directeur de cette institution et deux chercheurs.

    Pour nous résumer, notre enquête de terrain s'est déroulée dans de bonnes conditions, nous avons pu collecté des données de terrain consignées dans ledit mémoire. Les enquêtes étaient empreintes de simplicité, de respect mutuel et nous avons surtout apprécié l'accueil des villageois qui nous ont facilité la tâche dans nos différents entretiens. Ils nous ont fait part de leurs difficultés depuis la mise en place du Parc, notamment les dégâts causés par les éléphants, et autres buffles, dans leurs plantations.

    A la WCS, nous avons regretté que les personnes en fonction sont en majorité européenne et américaine, toute chose qui pourrait poser le problème de l'appropriation des résultats des enquêtes botaniques, entre autres, par les autochtones, et la pérennité des actions menées dans le sens de la consolidation des acquis. Au CNPN, nous avons regretté que cette institution ne soit pas dotée de véhicules pouvant faciliter le déplacement aux jeunes stagiaires que nous sommes. Nous avons pu saisir l'importance de la « la forêt de nuages » des Monts de Cristal » pour les villageois et pour les habitants de Libreville.

    Les villageois y puisent toute leur subsistance et la capitale gabonaise y est alimentée en électricité à partir des chutes de Tchimbélé-Kinguélé. Les villageois dans l'ensemble sont contents de la mise en place du Parc, mais redoutent que cela soit une décision politicienne sans lendemain.

    Deuxième Partie :
    Les modes traditionnels de vie

    Chapitre 3 : Identification de la population riveraine au

    Parc des Monts de Cristal

    1. Identification de la population

    La région des Monts des Cristal abrite de nombreuses ethnocultures. En effet, nous avons les Nzébi, Aduma, Kota, Masango, Punu, Togolais, Yougoslaves, Ghanéens, Congolais et des Equato-Guinéens. Cependant, l'ethnie dominante dans les zones montagneuses du paysage est celle des Fang. En dehors de l'ethnie fang, les autres se sont installées dans cette zone pour des raisons économiques. Parmi ces gens, nous avons des orpailleurs, des chasseurs qui font la chasse commerciale du gibier. Nous avons également plusieurs sociétés d'exploitation forestière : Rougier, Colas, TPL, SGG, LGB, etc.

    Notre étude ne prend pas en compte toutes ces ethnocultures. Elle s'inscrit dans un champ bien précis. Nous travaillons seulement avec la population gabonaise.

    Tableau 6 : Effectif de la population riveraine au Parc d'après les huit villages dans lesquels nous avons fait nos enquêtes

    Entité

    Effectif

    Pourcentage

    Gabonais

    516

    84,45%

    Etrangers

    95

    15,55%

    Total

    611

    100%

    Source : Ces résultats sont de nos enquêtes, avril 2007

    Ce tableau présente l'effectif de la population (Gabonais et étrangers) par village d'enquête. Le constant qu'on peut faire est que, sur une population de 611 personnes recensées à travers huit villages représentatifs de notre zone d'étude, les étrangers font un effectif de 95 personnes, soit 15,55%. En effet, les Gabonais représentent la population majoritaire de cette région. Ils font un effectif de 516 personnes, soit 84,45%. Comme nous l'avons signalé plus haut, ces étrangers sont dans la zone pour une durée très brève. Ils sont là pour des raisons d'ordre économiques. Après, leurs activités, regagnent d'autres régions et sont automatiquement remplacés par d'autres.

    Toujours dans le souci de rendre lisible notre travail, il importe de mentionner que notre étude ne porte pas sur toute la population gabonaise. Nous étudions uniquement la population originaire de la région des Monts de Cristal. Ce choix réside dans le fait que cette dernière est installée dans la région et malgré des mutations rencontrées, elle reste attachée à sa culture et à sa forêt.

    Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise

    Entité

    Effectif

    Pourcentage

    Fang

    386

    74,81%

    Non Fang (Aduma, Nzébi, Masango, Kota et Punu)

    130

    25,19%

    Total

    516

    100%

    Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007

    Ce tableau présente l'effectif de la population gabonaise vivant aux environs du Parc par village enquêtés. Ce recensement est le produit de notre travail personnel. En effet, ces données nous ont été produites par les chefs de villages. A travers elles, on s'aperçoit effectivement que la région des Monts de Cristal est dominée par les Fang de Medouneu, Kango et Cocobeach. Ces derniers sont dans la zone depuis des générations et sont fortement liés au massif forestier des Monts de Cristal.

    Notre étude porte sur les Fang, particulièrement les Fang de Kango (Mekè) et de Medouneu (Okak), bien que le Parc des Monts de Cristal s'étendant dans d'autres régions du pays. C'est le cas de Cocobeach, Ndjolé, Mitzic, etc.

    Tableau 8 : Recensement des populations Fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté

    Villages

    Effectif

    Pourcentage

    Avang

    49

    12,69%

    Akoga

    50

    12,95%

    Mbé-Akélayong

    65

    16,84%

    Mela

    80

    20,73%

    Nkann

    26

    6,74%

    Song

    45

    11,66 %

    Misome

    34

    8,81%

    Andok-Foula

    37

    9,59%

    Total

    386

    100

    Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007

    Ce tableau met en exergue les effectifs et les pourcentages de la population fang par village d'enquête. Pour aboutir à ces résultats, nous avons procédé à un recensement personnel village par village. Ce recensement s'est fait pendant une semaine du mois d'avril (du 1 au 8 précisément dans huit villages des provinces de l'Estuaire (Kango) et du Woleu-Ntem (Medouneu). Ces résultats ne sont pas exhaustifs. Le constat que nous pouvons faire est que, les autochtones, malgré la proximité des villes, continuent à habiter dans leurs villages respectifs. Que ce soit en grande vacance ou en année scolaire, les villages sont toujours inondés de monde. Pour ces derniers, le village est la source de tout. Ils ajoutent qu'ils aiment leurs villages parce que la forêt leur fournit tous les outils nécessaires pour leur survie. Cela montre à suffisance l'attachement de cette population à sa culture.

    2. Origines de la population de la zone d'étude

    Notre étude ne porte pas sur la migration des Fang, mais il nous paraît nécessaire d'en faire une présentation sommaire de l'origine des Fang de cette région. Lorsqu'on parle de la zone d'origine des Fang, deux hypothèses s'opposent de nos jours : celle d'une origine très lointain (non-forestière) d'une part et au contraire, celle d'une origine proche, par rapport à leur habitat actuel. La première hypothèse (celle d'une origine très lointaine), a été formulée par plusieurs chercheurs mais nous retenons l'attention du Père Trille (1912 : 35), cité par Pither Medjo Mvé. Le Père Trilles situe l'origine des Fang au Nord-est de l'Afrique, et préci sément dans le Bahr-el-Ghazal (région du Haut-Nil au Soudan). Il résume cette origine en ces mots : « Les Fang sont un des chaînons qui relient les races du Nil et de la Lybie ». L'hypothèse d'une idée très proche des Fang est d'abord de l'ethnologue Laburthe-Tolra (1981 : 41), cité par Pither Medjo. Cet auteur situe l'origine de ce peuple à l'est du Cameroun et fait ensuite l'hypothèse d'une coprésence dans la région de Minlaba (Sud du Nyong) de Bassa, Maka, et du groupe fang autour de 1850. A la suite de cet anthropologue, nous avons l'hypothèse de l'archéologue Clist. En effet Clist, cité par Pither Medjo (1991 : 52), pense que l'origine des Fang est à rechercher soit au Nigeria, soit dans la région interlacustre (Grand Lacs). Le linguiste Piter Medjo Mvé (1997 : 469), dira que les Fang reviennent de région des sources du Ntem et de l'Ivindo, suivant deux courants : Le courant septentrional et le courant oriental. Le premier courant aurait amené les Fang du Woleu-Ntem et de la Guinée-Equatoriale. Le deuxième entraînerait ceux du Sud (Moyen-Ogooué, Estuaire, Ogooué-Ivindo, Ogooué-Maritime). On pourrait dire que c'est dans ces deux courants que s'inscrit notre population d'enquête. Cela se confirme dans le récit ci-après.

    Entretien 5 : ONDO ESSONO Emile, 87 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'origine des Fang de Medouneu et de Kango. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 11h 33 mn, dans son corps garde.

    Texte en fang

    Transcription française

    1 Ane be tare be nga dzo ma, befang be nga sô ozamboga. Dzin dzòá ene ége? zame ágà dzame bot ye te mikôbe. Nge? te mot asse e kobe ikobe nbo beto fe ayong avo.

    1 D'après ce que mes parents me disaient, les Fang reviennent d'Ozambogha. Leur origine se situe à l'époque de la destruction de la Tour de Babel. A cette époque, il n'y avait pas encore cette pluralité d'ethnie. Tout le monde parlait encore la même langue. Après le Nord, nous avons progressé.

    2 Ane biga siane miko éti mifack mibè veda adzap ebe tele ezezan miko edo biga tou zen biga lot. Biga tsine doulou, ye kigne Obame Olui Megne.

    2 Nous sommes arrivés à un endroit où il y avait une falaise des deux côtés de la route. Et devant nous, il y avait un gros arbre appelé adzap (Moabi). Nous avons creusé l'arbre sur sa position verticale, de manière à fabriquer une porte. Et nous sommes passés. Nous avons continué notre migration, sous la poussé d'un homme appelé Obame Oloui Megne

    3 Obame Oloui Megne ye nsama wégne be ?be bìbìbí. Be ?be bédout bot akoum ye nji?. Akore ye otchugne befang be?gà mane kanane. Bevô be?ga ligue okamlone éba bevô apègna ye ogabon. Ebâ bevô be?à tsine messi messe bayen befang ntso dina.. be Fang beye Medzun yé ba beye Kango bia sô en guigna. Éboba be more owui.

    3 Obame Oloui Megne et son équipe étaient très dangereux. Soit, ils vous dépossédaient de tous vos biens, soit, ils vous tuaient. Après le nord, les Fang se sont dispersés. Certains sont restés au Cameroun, d'autres en Guinée-équatoriale et au Gabon. Le reste a poussé sa progression vers d'autres pays où on retrouve les Fang actuellement. Tous les Fang de Kango et de Medouneu reviennent de la Guinée-équatoriale. Nous avons nos familles là-bas.

    Ce récit ne relate pas l'histoire «  complète » de la migration fang. Il nous aide plus ou moins à mieux situer non seulement le foyer d'origine du groupe fang mais aussi de notre population d'enquête. La pertinence de ce récit réside dans le fait qu'il remonte l'histoire des Fang à la genèse, c'est à dire la destruction de la « tour de Babel ». il ressort de ce récit que les Fang reviennent de loin avant qu'ils ne se dispersent dans leurs habitats actuels. D'après ce récit, on pourrait dire que les Fang de Medouneu et de Kango reviennent de la Guinée-équatoriale, où ils ont laissé leurs familles.

    Les Fang reviennent de très loin. Ils ont eu une longue migration. Cette dernière s'est sûrement étalée sur plusieurs jours de marche. En dehors de la marche, nous avons aussi l'abattage du Moabi, qui a été un obstacle pour ce peuple. Car cet exercice recommande une force redoutable. Ces derniers ont marché pendant longtemps dans la forêt équatoriale à la recherche des terres avant d'atteindre leurs foyers actuels. Pour nous résumer, la migration fang a été très pénible et a des origines très lointaines.

    Les Fang qui occupent les régions côtières du Gabon proviennent essentiellement des sources de la Mbé et du Como. D'après du Chaillu (1882 : 75-77), cité par Pither Medjo « les Fang étaient présents dans la zone des Monts de Cristal depuis les années 1855 ». Dans cette province, ils occupent les districts de Kango et de Cocobeach.  Ainsi, au Gabon, on retrouve les Fang dans le Nord et dans le sud. La zone nord comprend essentiellement le Woleu-Ntem. Tandis que le sud est représenté par l'Estuaire, le Moyen-Ogooué, l'Ogooué-Ivindo, l'Ogooué Maritime, disait Piter Medjo Mve ( 1997 : 336 ). Les parlers fang, diffèrent selon que nous soyons dans une ou l'autre région où on parle fang. Ces différents seraient l'une des conséquences de la destruction de la tour de Babel.

    Entretien 6 : OBIANG ONDO Michel, 82 ans, ethnie fang, Village Avang, clan guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur les parler fang. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 13h55 mn, dans le salon du chef de village.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Engeng befang bantok, ban sisime azen na'a ba wegane engeueng benbe envorane. Ene ban môbe vometé. Ede bita'a befang bebele abuin bimote ési Africa.

    1 Pendant la migration, l'homme fang s'arrêtait à mis chemin, lorsqu'il se sentait fatigué. Et fondait sa famille à cet endroit. C'est cela qui explique l'élargissement des Fang sur le continent africain.

    2 Ede bibele dô befang ési Cameloun, Gabon ya à Guinée. Abui bi moreté davena'a nkobe fang obo'o mindzang abuin.

    2 Ainsi, on a les Fang au Cameroun, au Gabon, Guinée-équatoriale. Cette répartition est à l'origine de la pluralité des parlers fang.

    A travers ce récit, on comprend effectivement que la multiplicité du parler fang ne date pas d'aujourd'hui. Elle est très ancienne, voire même de l'époque de la migration de ce peuple. En effet, si il existe plusieurs dialectes fang, c'est tout simplement par ce que l'homme fang s'est installé dans des zones différentes des autres. Cependant, cela ne pose pas de problème au niveau de la compréhension. Tous les Fang se communiquent et se comprennent.

    Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays

    Parlers

    Régions

    Ntumu

    Woleu-Ntem (Bitam Oyem)

    Mekè

    Estuaire (Libreville, Kango, Ndjolé, Makokou, Mitzic)

    Mvai·

    Woleu-Ntem ( Minvoul )

    Atsi

    Estuaire (Libreville, Kango, Lambarené, Ndjolé, Mitzic)

    Nzaman

    Ogooué-Ivindo (Makokou, Booué)

    Okak

    Estuaire ( Cocobeach ), Woleu-Ntem (Medouneu)

    Source : Voltz cité par Pither Medjo Mvé (199 : 336).

    Ce tableau présente la répartition des parlers fang au Gabon. En effet, les Fang sont présents dans cinq provinces du Pays. Le constat que nous faisons est que le fang est considéré comme langue maternelle dans cinq provinces du Gabon. Parmi ces parlers, on observe que certains sont en usage dans plusieurs régions du Pays, c'est le cas du Mekè et de l'atsi. Notre étude porte essentiellement sur les parlers fang de Medouneu et de Kango.

    2.1. Organisation sociale

    Les sociétés de la forêt en générale et celle des Fang qui nous préoccupe en particulier, sont des sociétés lignagères (mvog). Le lignage reste l'unité fondamentale de toute l'organisation sociale. Le village fang (dza'a) est organisé autour du lignage et du clan, qui sont des valeurs morales et aussi autour des valeurs socio-politiques dont les sages faisant office d'autorité. Le lignage joue un rôle essentiel dans les règles du mariage et de solidarité sociale. C'est à travers ce dernier que s'organise la vie politique, économique et religieuse. Ainsi, Laburthe Tolra (1981 : 25), définit le lignage comme «  l'ensemble des descendants de l'homme ou de la femme fondatrice ». Le clan (ayons) et le lignage sont des critères de reconnaissance et d'identification des individus à l'intérieur d'une tribu. Le clan est un cadre de référence social par excellence dans cette société. Il désigne un groupe d'hommes revendiquant une parenté ou un ancêtre commun. Le lignage comme le clan repose sur «  la parenté par consanguinité », disait Maurice Fouda Ongodo (2004 : 55) et chacun au sein de ce groupe en a la maîtrise de sa généalogie. C'est à l'intérieur du lignage que se trouve le système d'éducation. On apprend aux jeunes gens leur généalogie, les manières de faire et d'être. On leur enseigne sur les règles du mariage, sur le respect de la nature et du surnaturel. Au sein de cette société, les relations entre les individus sont d'ordre fraternelles. Les Fang sont patrilinéaires et la filiation se fait de père en fils.

    2.2. L'organisation culturelle

    La société fang avait un patrimoine culturel très riche. Ce patrimoine embrassait un terrain très vaste et la pérennisation de cette culture se faisait oralement. Ainsi, on comptait les légendes, récits, rites ésotériques et exotérique, des instruments de musiques. Ce folklore a été détruit par le christianisme. Ces données coutumières étaient consenties par le groupe, car les biens en appartenaient à tout le groupe clanique ou lignager. Aujourd'hui, plusieurs ont disparu. On ne trouve plus que :

    «  le Mvet, certains instruments comme le mbeign, ngom, nkul, andzan, bikparga. Comme danse, nous avons le medzan, mekom, mbatwa, ômias ; ozila, mengane, nlup et l'élone. Ils ont des jeux, le songo », Julien Nizele (2007). Ce peuple respecte beaucoup leurs moeurs.

    2.3. L'organisation religieuse

    Les Fang ont été très rapidement convertis à la religion chrétienne. Mais bien avant cette conversion, ils avaient leurs cultes, parmi lesquels, « ngi, sô, mevung, biéri et melan », Jérôme Mba Bitome (2006). Ce sont ces sociétés qui assuraient la cohésion sociale du groupe. Les Fang croyaient que les ancêtres défunts jouaient un rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Ces intermédiaires s'appelaient les « minkuk ». On les retrouve encore au sein de cette société. Mais, ils sont devenus des propriétés privées de certaines personnes, qui les utilisent pour des mauvaises pratiques. Ces derniers étaient invoqués lors des manifestations importantes. Ils croyaient et croient toujours à un Dieu unique et omniprésent qu'ils appellent Zame ye Mebeghe, terme que la religion chrétienne a conservé. Pour eux, Zame ye Mebeghe est celui qui soutient le globe terrestre, qui est le siège de la sagesse, le père tout puissant et le créateur des Hommes. De nos jours, la majorité de ces sociétés ont disparu. Cependant, la société fang reste très croyante. On y trouve le « Bwiti » et sa cosmologie présente le monde sous trois instances en nécessaire interaction : Le macrocosme (le monde de Dieu), le mésocosme (le monde des vivants) et enfin, le microcosme (le monde des ancêtres défunts) », affirmait Jérôme Mba Bitome (2006).

    2.4. L'organisation économique

    Comme par le passé, l'économie agricole de la population riveraine aux Monts de Cristal est fondée essentiellement sur l'agriculture vivrière. C'est une agriculture pratiquée sur la base des techniques traditionnelles et donc soumise à un type de régime qui serait communautaire. En dehors de l'agriculture, ces populations font également la chasse. La chasse occupe une grande partie des hommes actifs et représente parfois l'activité principale de certains individus. Nous avons également la pêche. C'est une activité mixte, associant les hommes et les femmes. Nous ne saurions oublier de dire que ces Hommes sont des grands ramasseur-cueilleurs. Ils ramassent et cueillent des fruits et plantes diversifiés. Ils sont aussi des scieurs, des artisans, vanniers. «  Ces activités sont pratiquées aux alentours des villages et en forêt et elles sont très saisonnières » avait dit Louis Mari Afan (2007).

    2.5. L'organisation politique

    Dans cette société, le pouvoir est exercé par les sages parmi lesquels, un seul porte parole. Le village est une société sans pouvoir centralisé, sans spécialisation du pouvoir politique. Un chef doit être « éloquent, courageux, il doit avoir le don oratoire et généreux ». Ces caractéristiques sont très importantes pour prétendre au leadership. La société fang valorise l'homme qui est capable de réunir en lui toutes ces diverses qualités et d'influencer suffisamment les autres chefs pour les orienter vers les objectifs communs. On devient chef lorsque l'équité et l'efficacité de son pouvoir d'exécution sont reconnues dans la zone d'influence. Ici, le pouvoir est au service de ceux sur qui, il exerce. Il s'agit d'un pouvoir « altéro-centré », disait Mba Ndeng Ludovic (2006 : 97), où il y a recherche d'un échange équilibré. Le chef règle toutes sortes de conflits à caractère social. Ceci grâce aux pouvoirs mystiques que lui lèguent les ancêtres lors de l'initiation antérieure à son intronisation. Le chef est également le courroie de transmission du pouvoir central au niveau du village. Au sein de cette société, le corps de garde occupe une place de choix, c'est « le centre de décision et le fondement de conseil des anciens », d'après Georges Balandier (1982 : 137). C'est dans le corps de garde que l'autorité du chef s'exprime.

    2.6. Gestion foncière

    La terre est repartie sur plusieurs espaces. Nous avons ainsi, un espace social, géographique, agricole, cultural et culturel. L'espace social comprend le village, les campements de pêche (mvan minyop), les campements de chasse (mvan nsom), de cueillette et les stations de cultures vivrières. L'espace géographique englobe les forêts, les rivières, les fleuves, les ruisseaux, les étangs, les lieux destinés à la pêche, chasse, artisanat, vannerie, agriculture et cueillette. L'espace agricole est composé de terres destinées à la culture. Il s'agit des forêts primaires et secondaires. L'espace cultural est constitué des terres cultivées et celles qui sont en activité. Il est question des nouvelles plantations (tsii) et des jachères (bikoroge). L'espace culturel couvre toutes les terres réservées aux cultes. Cependant, « la société fang ne dispose plus de sa variété de rites », disait Ondo Essono Emile (2007). Mais elle reconnaît toujours le caractère sacré de la forêt. Cet espace est réservé aux pratiques ayant de près ou de loin, quelques rapports avec les cultes. On note toutefois, les nécropoles, les cimetières, les rivières et tous les autres lieux frappés d'interdits ou devenus sacrés à la suite d'un événement insigne, à caractère supranaturel accompli par un ancêtre historique en vertu de la puissance obédientielle et au bénéfice à jamais de sa descendance.

    Au sein de cette société, la terre fait l'objet d'une propriété collective notamment pour les terres lignagères. Par rapport à cela, Martin Alihanga (1998 : 123) dira : « La terre appartient à une grande famille dont beaucoup de membres sont morts, quelques-uns sont vivants, et dont le plus grand nombre est encore à naître ». La collectivité peut être un village ou une famille. Les membres de ce groupe sont libres de l'exploiter.

    Tous les espaces sont partagés. Les terres à usage agricole appartiennent collectivement au lignage. Chaque famille ne jouissant que de droits d'unsufruit sur les cultures. Les eaux sont partagées entre les lignages. Le droit à un espace revient au premier occupant. Ces endroits se transmettent par héritage, de père en fils, d'une mère à sa fille ou à sa belle-fille et ils sont cessibles. C'est le chef du village qui contrôle l'usage des terres, des forêts et des eaux, grâce à des contacts réguliers avec les esprits surnaturels. La violation à ces principes obéit à des sanctions.

    Chapitre 4 : Les fondements socio-économiques de la société fang

    1. Conception de la forêt

    Forêt « mère nourricière » 

    Depuis des millénaires, la population rurale dépend de son milieu naturel, pour subvenir à ses besoins.

    Entretien 7 : ASSONG NDOUTOUME Micheline, 45ans, ethnie fang, village Misome, clan yéguin, lignage Ndong Evo'o, mariée, 2 enfants, agriculteur, département Como-Kango, sur la conception traditionnelle des forêts des Monts de Cristal. L'entretien a eu lieu le 4 avril 2006, dans son salon, à 9h45mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    Afan éne biè éban, da vole bia. Afan éde ébele bia éning. Ka afan, bise ke ning, bia ye wou nzè, bia ye deng dia édzome bine dzo'o some ébime bia bot, fogue oya'a mebiang ye ébieme bia ve éning adza'a.

     La forêt est très importante pour nous, elle satisfait nos besoins. C'est une source vitale pour les Fang. Sans elle nous ne pourront pas vivre, nous allons mourir de faim, nous n'aurions pas de quoi s'acheter les habits avec, encore moins les médicaments et toute chose qui rend la vie possible au village.

    L'informatrice, dans son commentaire ressort l'aspect positif de leur forêt. En effet, la forêt occupe une place de choix au sein de cette communauté. Elle comble l'homme de ses besoins alimentaire, vestimentaire, pharmacologique, monétaire et dans le domaine de la construction. La forêt offre une grande variété d'aliments aux Hommes. Ces aliments sont extrêmement importants pour maintenir l'équilibre nutritionnel dans les régimes alimentaires traditionnels. Ils comprennent des feuilles, des gousses comestibles, des fruits, des racines, des noix, du miel, des champignons et du gibier. En dehors de l'alimentation, beaucoup parmi ces plantes comestibles servent de médicaments. L'homme puise dans les ressources de son environnement pour satisfaire le premier de ses besoins « se nourrir ». C'est la grande disponibilité des ressources naturelles qui va favoriser les activités de production essentiellement extrativistes. Notre accent est mis sur l'agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette, la coupe du bois, l'orpaillage et l'artisanat traditionnel.

    1.1.1. L'agriculture

    L'agriculture itinérante sur brûlis est la principale attraction de la population riveraine aux Monts de Cristal. C'est une agriculture vivrière pratiquée sur la base des techniques traditionnelles et donc soumise à un type de régime collectif et quelque fois individuelle. Elle est soumise aux aléas de la nature parmi lesquels, précipitation, soleil, situation du relief, la nature des sols et de la couverture végétale. Pour la population, le site idéal est une terrasse plate, bien drainée et non inondable, couverte d'une forêt primaire et dépourvue néanmoins de gros arbres dont l'abattage représenterait un investissement important en travail. Ces facteurs sont déterminants dans le choix de l'essart et des cultigènes à planter. L'agriculture impose dans un premier temps, le choix du site. Ce choix obéit au delà des aspects purement naturels à des pratiques sociales. C'est un exercice féminin. Le choix se fait dans les terres du village et des familles.

    Entretien 8 : ENGOUANG MINKO Nicolas, 47 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Osan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé , sur la gestion des forêts traditionnelle des forêts. L'entretien a eu lieu dans son salon, à 14h40mn. Notre entretien s'est passé dans son salon, le 6 avril 2007, à 9h30mn. L'entretien n'était pas facile d'autant plus la maîtrise de la langue nous faisait défaut. Il nous a pris 45mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Mefane mâ mene nkabane, dza'a ésese ébele akabe dzen, da'a mbot da bera bele éfus. Mbot asese abale afan dzen. Vedzameda'a, mbot ane nsome mefan mese.

    1 Nos forêts sont partagées, chaque village a sa forêt et dans le village, chaque famille en a la sienne. L'entretien de la forêt se fait par les propriétaires. Cependant, cela n'est pas très contraignant pour la chasse

    2 Ngue ba pwène mbot ésa fup, mboté ayiène dzo dzam ava'a ke bô. Ve bia bô gne dzam akal bi ne mo bo'o.

    2 Si quelqu'un s'introduit dans la plantation de l'autre, ce dernier a droit à une explication. Mais on ne lui inflige pas une sanction parce que nous formons une seule personne.

    Ce récit nous donne une idée de la répartition des forêts dans la société riveraine aux Monts de Cristal. Les forêts sont gérées par familles, et cela de génération en génération. Au sein de la famille, la forêt est conçue comme un héritage et se transmet de père en fils et d'une femme à sa belle fille ou à sa fille. Cependant par rapport aux autres activités, la chasse n'est pas très contraignante. Les hommes font la chasse dans toutes les parties de forêts destinées à la chasse dans le lignage. Cette activité s'inscrit dans un finage.

    La fertilité du sol est une donnée fondamentale dans le choix de l'essart. Cette population fait ses plantations deux fois dans l'année. D'abord pendant la grande saison sèche (juin, juillet et août), et ensuite pendant la petite saison sèche (décembre, janvier et février).

    Elle les fait aux alentours du village, parce qu'elle craint les éléphants (Loxodonta africana cycliotis) et les buffles ((Syncerus caffer). Ces animaux font du tort aux plantations. La dimension d'un essart est condition de la capacité de la force de travail de la femme, de sa progéniture, des contraintes écologiques et des difficultés posées par ces animaux. Habituellement ce sont de petites plantations. Elles font environ 3000 à 5000 m2 de surface d'après l'IGAD (institut Gabonais d'Appui au Développement). Après le choix du site, les hommes vont défricher l'essart qui a été choisi pour la semence. Le défrichage est un travail difficile et à risque, d'autant plus qu'il demande beaucoup d'efforts physiques. C'est pendant le mois de juin qu'il se fait pour la plantation de la grande saison sèche (afup oyone), et en décembre pour la plantation de la petite saison sèche (afuf esep). Elle se fait au moyen d'une machette et consiste à couper tous les buissons, arbustes du sous-bois, et les débris de taillis étant laissés sur place.

    Deux semaines après, ces derniers vont abattre les arbres qu'ils n'ont pas pu couper, par rapport à leur diamètre et à leur hauteur. Habituellement, ce sont de gros arbres. Ils préfèrent les abattre lorsque le site à cultiver est aéré, cela les épargne des éventuels accidents. Cette étape se fait en juillet pour la plantation de la grande saison sèche et en janvier pour la plantation de la petite saison sèche. L'abattage est compliqué, de par la grosseur des arbres. Ils le font à la machette, hache et à la tronçonneuse. L'utilisation de la tronçonneuse consiste à économiser du temps, l'énergie et à alléger l'abattage. Ils abattent tous les arbres excepté les arbres fruitiers et ceux qui ont un intérêt pharmacologique et symbolique.

    Tableau 10 : Les essences épargnées lors de l'abattage

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Andok

    Andok

    Irvingia gabonensie

    Ekouk

    Emien

    Alstonia congensis

    Edum

    Doussié

    Afzelia pachyloba

    Adzap

    Moabi

    Baillonella toxisperma

    Abe'e

    Cola

    Cola spp

    Ewom

    Coula

    Coula edulid

    Mbè

    Padouk

    Pterocarpus soyauxii

    Alen

    Palmier

    Detarium macrocarpum

    Aguma

    Okoumé

    Aucoumea klaineana

    Abam

    Longhi sub

    Gambeya subnuda

    Amvout

    Trichoscypha

    Trichoscypha spp

    Abang

    Millettia

    Millettia spp

    Ognein

    Garcinia ou bois amer

    Garcinia spp

    Tom

    Dabema

    Piptadeniastrum africanum

    Asia

    Ozigo

    Dacryodes buettneri

    Asas

    Atangatier

    Dacryodes edulis

    Elone

    Tali

    Erythrophleum ivorensis

    Eyene

    Movingui

    Distemonanthus bentamianus

    Asam

    Rikio

    Uapaca spp

    Source: Nos informateurs, mars 2007.

    Ce tableau n'est pas représentatif de toutes les essences protégées. Ces essences sont épargnées pour des raisons diverses. Ces raisons sont à la fois pharmacologique, nutritionnel et pour la construction. Du point de vue pharmacologique, elles ne sont pas utilisées dans le même traitement. D'autres, en dehors de ces aspects, revêt aussi un caractère symbolique, c'est le cas du palmier. Cette essence protège les femmes contre des éventuelles intempéries. Il est également utilisé dans des cérémonies.

    A la suite de l'abattage, vient le brûlage. Ce dernier se fait au mois d'août pour la première plantation et en février pour la petite plantation. Il se fait au fur et à mesure que l'herbe brûle. Il est contraignant pour les femmes. Les hommes le font s'ils le veulent. Elles se servent des allumettes (mesis) et du roseau (nke) pour faire ce travail.

    Pour chaque plantation, le nettoyage se fait un jour après le brûlage. Le principe consiste à regrouper les troncs d'arbres qui n'ont pas brûlé et les brûlés de nouveau. Pour ces derniers, le feu leur permet de gagner en temps. Après l'essartage, les femmes plantent. La semence se fait un jour après le nettoyage, généralement fin août pour la première plantation et fin février pour la deuxième plantation. Il se fait avec la machette (mpwara) et la houe (ebak). Ce sont des champs à diverses cultures.

    Tableau 11 : Les cultigènes plantées par les femmes dans leurs plantations

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Agneune, gnona'a

    Oignon

    Allium cepa

    Akabo

    Taro

    Colocasia esculenta

    akwama mbo'o

    Tubercule de manioc

    Manihot esculenta

    Asso'o

    Igname

    Discorea Sp

    Bigoma

    Courge

    Sicana odorifera

    Edeng

    Amarante

    Amaranthus

    Ekone

    Banane plantain

    Musea balbisiana

    Essang

    Oseille

    Hibiscus gabdaniffer

    Etetame

    Gombo

    Lubiscus esculentus

    Fone

    Maïs

    Zea mays

    Ngone

    Concombre

    Ipomea batatas

    Nkok fang ou nkok mebong

    Canne à sucre

    Saccharum officinanum

    Nkokgnonga

    Ananas

    Annanas comosus

    Okame

    Piment

    Capsicum sp

    Owone

    Arachide

    Arachis hypogea

    Voumba

    Tomate

    Solamum lylopersium

    Zong

    Aubergines

    Solanum Spp

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Ce tableau présente les cultigènes que renferme la société fang, mais cette liste n'est pas exhaustive. Nous n'avons noté que celles qui sont consommées habituellement. A travers cet inventaire alimentaire, on se rend compte que ces Hommes n'ont pas perdu leurs anciennes habitudes. Malgré le contact des cultures, ils ont su conserver leur alimentation de base et continuent à assurer sa transmission. Elles sont utilisées à des fins différentes. Certaines servent de condiment, d'autres de complément, et le reste comme aliments de base.

    Après les semences, les femmes vont de temps en temps voir l'état des plantations. Elles vont sarcler de temps en temps dans leurs plantations. Cette activité est indispensable d'autant plus qu'il supprime les voraces compétiteurs des plantes cultivées et met ces dernières dans la propriété. Le sarclage se fait à la machette. Une fois ce travail fait, les femmes font la récolte. La collecte se fait en fonction de la maturité des plantes et cela à des périodes différentes. Ainsi, elles récoltent d'abord l'arachide, le mais, les légumes, etc. A la suite de ces aliments, on a les ignames, le manioc, le concombre, la banane plantain, la canne à sucre, etc. ces aliments sont consommés évidement par saison et sont associés à la viande et aux poissons. L'agriculture a un but alimentaire et lucratif.

    Entretien 9 : ESSENG ESSENG ESSONO Céline, 61 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, 6 enfants, département, Como-Kango, canton Mbé, sur le but de l'activité agricole. Notre enquête s'est passée le 5 avril 2006, à Misome dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 9h15mn. Notre entretien a duré 48 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Mimbou minga alot, binga bobo'o bra metsi. Ve engueng ni, na bidzi, binga bo'o bwane metsi ye mare benzok, akal ba ji bi metsi ntsouk. Mengueng mezeng bia somane absiye. Bia somane adza'a. Ebenega ba som, ba zou fe som mbo'o, ékone, ye melos.

    1 Dans les années antérieures, on faisait de grandes plantations. Cependant, vu les dommages causés par les éléphants, nous sommes obligés de faire de petites plantations, juste pour manger. Il nous arrive quelque fois de vendre le surplus. La vente se fait au village. Les commerçantes viennent également acheter le manioc, banane, mandarine, oranges, pamplemousse.

    2 Bia somane bidzi na'a bi bele ntap, nku, megnang, mbone, tchiasin. Bia simane fe akone. Miang mite, mine bi vole na'a bisome mebiang.

    2 On vend notre nourriture pour pouvoir se procurer le savon, le sel, le lait, l'huile, le pétrole. Et on prévoit aussi le cas des maladies. Cet argent peut nous aider dans l'achat des médicaments.

    Il ressort dans ce récit que l'agriculture n'est pas uniquement destinée à l'alimentation. Les villageois vendent évidemment le surplus de leur production pour s'alimenter en produits de première nécessité tels que le lait, les allumettes, le sel, le sucre, le pétrole. Cet argent leur sert également dans l'achat des médicaments. Ce surplus se vend en bordure des routes ou sur commande. Les femmes ne se rendent pas en ville à cause du mauvais état de la route. Il arrive parfois que les commerçantes s'y rendent dans la région pour se procurer du manioc, de la banane, des mandarines et des pamplemousses. La commande varie de 5000 à 15 000fr par femme.

    Tableau 12 : Prix de quelques cultigènes sur le marché

    Noms en fang

    Noms en commun

    Prix (F CFA)

    Ebang mbo'o

    Paquet de manioc

    500

    Nsa'a ékone

    Régime de banane

    500 à 3000

    Apoma mbo'o

    Tas de tubercules

    500 à 1000

    Akabo

    Tas de taro

    500 à 1000

    Nkura owono

    Sac d'arachides

    15 à 25000

    Source : Nos informateurs, avril 2007.

    A travers ce tableau, on constate que les populations indépendamment de consommer leurs produits, ces dernières les vendent aussi, cependant à des prix différents. Ainsi, on s'aperçoit qu'il y a des produits qui coûtent plus chers que d'autres, c'est le cas du sac d'arachide. La différence s'explique par le fait que l'arachide est un aliment de base pour ces populations et il est difficile que les femmes en fassent une production suffisante. La production moyenne est de trois sacs par femmes. Certaines femmes sont obligées d'en acheter pour en avoir suffisamment, surtout pour les femmes qui ont un nombre élevé d'enfants.

    1.1.2. La chasse 

    L'activité cynégétique n'est pas en reste dans la société riveraine aux Monts de Cristal. Elle joue un rôle non négligeable dans cette société et est essentiellement masculine. Généralement, elle occupe les hommes valides et se fait en groupe ou individuellement. Les hommes chassent aux alentours du village et quelque fois en forêt, surtout lors des cérémonies, cela leur permet de faire une chasse quantitative. Ils chassent la nuit comme le jour.

    La chasse se pratique toute l'année, mais le moment propice est la saison des pluies, parce que les hommes estiment qu'en ce moment, les animaux circulent librement, le feuillage et le sol sont humides, par conséquent, les chasseurs font la chasse librement sans pourtant se faire entendre par les animaux. Cependant, en saison sèche, le moindre craquement des feuilles fait fuir les animaux. Pendant cette saison, ils chassent partout mais le meilleur endroit, c'est aux bords des cours d'eau. A cet endroit, ils ont la facilité de tuer les animaux qui viennent s'abreuver.

    Entretien 10 : NGUEMA Antoine, 65 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, lignage Mba Efak, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'organisation de la chasse. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 13h45mn. Notre entretien a duré 55 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Bi bele mindzang minsome miben: nsome ye zale ye melame. Bia bô nsome ngura mbu. Bia bô nsome nâ bibô mingura mi mame. Bia bira bô nsome mbu sughe égna dang wuin. Nsome ye sala bia ke ékuna mewale zanbwa. Melame mébele ngura awola. One ke awola asese ye mos.

    1 On a deux types de chasse : la chasse au fusil et les pièges. On fait la chasse toute l'année. On la fait en fonction de nos besoins. La grande et petite saison des pluies sont les plus propices. Pour la chasse au fusil, on va très tôt le matin (7h). Les pièges n'ont pas de moment précis. Tu peux aller à n'importe quelle heure de la journée.

    2 Bia lame mefane engeung wa kume ye wune abuin. Bia bô nsome y'alu ye wui y'omos. Nsome yalu bia bô wo ye zala ba sum wô mewola mesamane y'étun y'alu. Awola bia ni afan da sanla y'abime dulu bia yiène wulu nâ bi tchuin afan bia yiène nsome. Be bô nsome besese bebele édzango ngomane ake nâ be bô nsome. Bi bele ve bidzango bia venâ bibele menga, ébie ngomane adjuè si angua mane bibô.

    2 On pose les pièges aux alentour des villages ou en forêt, lorsqu'on veut avoir beaucoup de gibier. On fait la chasse de nuit et celle de jour. La chasse de nuit est au fusil, on va vers 18h30. L'heure de départ varie selon la distance à parcourir. Tous les chasseurs n'ont pas de permis de chasse. Nous avons seulement les permis d'autorisation de porte-d'armes, établis par le ministère de l'Intérieur.

    Ce récit fait état du type de chasse exercée par cette population. En effet, les hommes font la chasse au fusil. Ils posent également des pièges. Ces derniers chassent la nuit comme le jour. L'inconvénient ici est que ces hommes chassent sans avoir obtenu au préalable une autorisation administrative. Ce qui cause toutefois l'arrestation de ces derniers par le Ministère des Eaux et Forêts. Non seulement, ils ne disposent pas de permis de chasse mais ils pratiquent une chasse abusive des espèces animales. Ils font pour la plupart, une chasse clandestine. C'est cela qui entraîne généralement la saisie de leur gibier. L'administration en charge de la protection et de la conservation de l'environnement et des espèces animales doit y remédier. Ces hommes se servent de l' « arme passive » (piège) et de «l'arme active» (fusil) (Philippe Descola, 1989 : 283).

    Diagram

    me 1 : Répartition des chasseurs des villages enquêtés par techniques de chasse

    Source : CNPN, 2006

    Ce digramme présente les pourcentages de chasseur par technique utilisée. En effet, le constat que nous pouvons faire est que, dans cette société, les hommes chassent à la fois au fusil et aux pièges. Il existe seulement peu qui font uniquement la chasse au fusil ou aux pièges. Cela s'explique par le fait que d'une part, il y a des animaux qui meurent à la fois aux fusils et aux pièges et des animaux qui meurent seulement au fusil ou qui se font prendre aux pièges d'autre part. Ce diagramme témoigne du manque d'habilité des hommes à un type de chasse spéciale. Pour combler ce déficit, les hommes sont obligés d'associer les deux techniques de chasse.

    Le fusil à cartouche est considéré comme plus rapide, fiable et productif. La chasse au fusil (miyeng misala) se fait en pleine forêt, à des dizaines de kilomètres, de longues et pénibles heures de marche. Elle se pratique sur des espaces qui sont communs à l'ensemble de la communauté. Comme matériel, nous avons, le fusil (nge'e) « calibre 12 et calibre 458 », panier (nkuen), couteau de chasse (nzok bam) ou machette (nkpware), les cartouches (mekong). Chaque objet a un rôle à jouer dans la chasse.

    Les pièges ne sont pas en reste. Leur pratique est toutefois non négligeable. Les hommes s'en servent pour exterminer les rongeurs qui commettent des déprédations dans les plantations. Comme matériel utilisé, nous avons le câble (ntchip), le peru (mèè), le panier (mpwè'è), la machette (nkpware) ou le couteau de chasse (nzok bam). Ils piègent dans les zones périphériques de l'habitat des animaux attirés par les cultures, notamment à l'endroit de leur sente habituel. L'animal meurt par strangulation. Dans cette société, les hommes chassent toute sorte d'animaux. Mais le produit diffère selon qu'il s'agit du piège ou du fusil.

    Tableau 13 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal

    Noms en fang

    Noms pilotes

    Noms scientifiques

    Esegue

    Mandrill

    Mandrilus sphinx

    Fima

    Pangolin géant

    Smutsia gigantea

    Mvein

    Chat huant

    Nandinia binotata

    N'sing

    Genette servaline

    Genetta servalina

    Ngom

    Athérure

    Atherurus africanus

    N guin

    Potamochère

    Potamochoerus porcus

    Nkuingn

    Rat palmiste

    Cricetomys emini

    Opong

    Céphalophe bleu

    Cephalophus monticola

    Zok

    Eléphant

    Loxodonta africana cyclotis

    Source : Nos informateurs, mars 2007

    Ce tableau ne représente pas tous les animaux qui sont chassés par les hommes de cette région. Les hommes font la chasse au gros et aux petits gibiers. La proportion de la chasse au gros gibier n'est pas très importante. Le plus souvent, les hommes abattent les éléphants avec l'accord du personnel du Ministère de l'Economie Forestière. L'éléphant est abattu lorsque ce dernier fait du tort aux populations. La richesse de cet animal (les poiles, l'ivoire) revient aux eaux et forêt, les villageois se départagent le gibier et quelque fois, ils vendent le surplus. L'abattage de l'éléphant n'est pas à la portée de tous. Par conséquent, il est abattu par des spécialistes. Cet animal est tué au fusil, à l'aide du calibre 458.

    Les animaux de la famille des Potamocherus porcus sont les plus prisés. A la suite de cette famille, nous avons la famille des Bovidae, la famille des Cercopithecidae. Les autres familles sont moins chassées à cause de leur rareté et du fait de la prise de conscience de la préservation de certaines espèces pour les générations futures par les hommes. Ces derniers respectent la loi.

    Tous ces animaux ne sont pas consommés, pour plusieurs raisons. Ces hommes entretiennent des liens étroits avec beaucoup d'animaux. Certaines espèces sont considérées comme leur « Totem »3(*) et bénéficient d'une protection absolue. Par conséquent, la prise d'un de ces animaux est suivie d'une libération et d'une vente. D'autres animaux ne sont pas consommés à cause de leur constitution. Ceux-ci sont surtout interdits aux femmes enceintes et aux jeunes filles. Seuls les hommes et les femmes âgées ont la possibilité de les manger. Ce type d'interdit est très ancien.

    Tableau 14 : Les animaux dont la consommation est interdite dans les villages enquêtés

    Villages

    Noms en fang

    Noms pilotes

    Noms scientifiques

    Avang

    Mandrill, Awoun

    Mandrill, Potto de bosman

    Mandrilus sphinx Perodicticus potto edwarsi

    Akoga

    Esouma, miè

    Pogonias, Céphalophe du Gabon

    Cercopithecus mona nigripes, Cephalophus leucogaster

    Mbé akélayong

    Avoum

    Potto de bosman

    Perodicticus potto edwarsi

    Nkann

    Miè

    Céphalophe du Gabon

    Cephalophus leucogaster

    Song

    Esouma, Avoum

    Pogonias, Potto de bosman

    Cercopithecus mona nigripes, Perodicticus potto edwarsi

    Mela

    Esouma, Miè, Awoun

    Pogonias, Céphalophe du Gabon, Potto de bosman

    Cercopithecus mona nigripes, Perodicticus, Céphalophus leucogaster, potto edwarsi,

    Andok-foula

    Miè

    Céphalophe du Gabon

    Céphalophus leucogaster

    Misome

    Miè, Awoum

    Céphalophe du Gabon, Potto de bosman

    Cephalophus leucogaster, potto edwarsi

    Source : Nos informateurs, Avril, 2007

    A partir de ce tableau, nous pouvons lire les rapports qui existent entre les Hommes et certains animaux. Ces animaux sont protégés, et d'autres sont formellement interdits aux femmes enceintes pour éviter d'éventuelles déformations de l'enfant à naître. Le mandrill est considéré comme « totem » pour le lignage « Ossan Mbot Zam » du village Avang. A l'inverse, le céphalophe du Gabon et le Pogonias sont considérés comme des animaux dangereux. Ils entraînent des malformations chez le nouveau-né ou les crises d'épilepsie. Ici, on peut constater que les populations sont soucieuses de leur santé.

    Le Potto de bosman est mangé par les seuls hommes. Cet animal est très sollicité par la population, à cause de sa symbolique. Il est surtout utilisé pour unir et renforcer les mariages. Son prix sur le marché n'est pas à la portée de toutes les bourses.

    Tableau 15 : les destinations symboliques de ces animaux

    Noms en fang

    Noms pilotes

    Noms scientifiques

    Parties

    Destinations

    Mandrill,

    Mandrill,

    Mandrilus sphinx

    L'animal entier

    Totem dans la famille Osan Mbot Zam (village Avang)

    Essouma,

    Pogonias,

    Cercopithecus mona nigripes,

    L'animal entier

    Malformations chez le nouveau né. L'enfant risque de lui ressembler.

    Awun

    Potto de bosman

    Perodicticus potto edwarsi

    La main

    Renforce

    Les mariages.

    Miè

    Céphalophe du Gabon

    Céphalophus leucogaster

    L'animal entier

    La fragilité chez le nouveau né. L'enfant risque de tombé en marchant comme le fait cet animal.

    Source : Nos informateurs, avril, 2007

    Les animaux chassés sont destinés à la subsistance. Mais de temps en temps, pour subvenir à certains besoins primaires tels que se soigner, acheter les produits de lavage, envoyer les enfants à l'école etc., les villageois sont parfois emmenés à vendre certaines de leurs prises. Cette vente se fait moins en utilisant des véhicules pour se déplacer qu'en exposant le surplus de leur prise en bordure de route, en espérant qu'un éventuel visiteur ou un passant pourra l'acheter.

    Photo 3: Exposition d'un hocheur destiné à la vente, en fang « avem », nom scientifique « cercopithecus nictitans »

    Source : CNPN, 2004

    Sur cette photographie, nous voyons un animal mis à la vente. Nous apercevons au premier plan, un hocheur sur un fût. A l'arrière plan, on peut apercevoir les bois enfoncés dans le sol. Cette image renseigne sur la destiné du produit de chasse. En effet, comme nous l'avons signalé plus haut, le produit de chasse n'est pas seulement consommable mais aussi commercialisé. Ils se rendent le plus souvent vers les villes de Kango, Ntoum, et Libreville. C'est une activité très rentable. Le prix du gibier varie selon la grosseur et la saveur de l'espèce, voire le statut social de l'acheteur.

    Tableau 16 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Prix (Fcfa)

    Esegue

    Mandrill

    Mandrilus sphinx

    20 à 25000

    Fima

    Pangolin géant

    Smutsia gigantea

    35 à 80000

    Ka

    Pangolin nain

    Manis tetradactyla

    3 à 6000

    Mvein

    Chat huant

    Nandinia binota

    2500

    N'sin

    Genette servaline

    Genetta servalina

    2500

    Ngom

    Athérure

    Atherurus africanus

    4 à 8000

    Nguign

    Potamochère

    Potamochoerus porcus

    20 à 60000

    Nkuin

    Rat palmiste

    Cricetomys emini

    1500

    Opong

    Céphalophe bleu

    Céphalophus monticola

    3500 à 7000

    Source: Nos informateurs, avril 2007

    Ces animaux sont vendus en entier pour les petits gibiers et par gigot pour les gros gibiers. Ces prix sont acceptés sans trop de difficultés. La majorité de la population de Libreville et ses environs s'alimente de plus en plus en viande de brousse. Ce qui, toutefois, encourage « le braconnage », et par conséquent la disparition de certains animaux. Il est difficile de vendre le gros gibier en entier d'autant plus qu'il coûte cher. Les prix du gibier varie selon le lieu (ville ou village). Le prix du village est plus abordable, alors qu'en ville, le chasseur cherche à récupérer les dépenses qu'il a effectuées pendant le déplacement du gibier.

    1.1.3. La pêche

    Les Fang font aussi la pêche. Leurs techniques de capture sont adaptées à un type spécifique de cours d'eau et à la population de poissons qu'il abrite. Pour ce faire, ils peuvent choisir parmi un arsenal très diversifié : pêche à la ligne (nyop), à la nasse « mesame » ( pour les femmes), « avwot » ( pour les hommes ) , à l'hameçon (binga). Ces techniques changent avec les saisons (en fonction des hautes et des basses eaux) et concernent des espèces variées (poissons et crustacé). La pêche est une activité mixte. Elle se fait individuellement (à la ligne) et collectivement (au filet, nivrée). Ces activités sont saisonnières. Elles suivent les variations de la pluviométrie. Contrairement à la chasse, l'agriculture, la pêche ne retient pas l'attention d'un grand nombre de personnes.

    Entretien 11 : NZE NDONG Christian, 26 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur les difficultés liées à la pêche. Notre enquête s'est passée le 12 avril 2006, dans son corps de garde. Il était 19h23mn. Notre entretien a duré 40 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    Melu meng'alot, bian bebô mefup, nsome ye minyop. Melu mâ, bia bia dâ fe ke minyop aka achui dâ' adang ndem. Bia bô minyop ngura mbu. Ve mbeba ngueng ane oyone akal achui éne nkot.

    Par le passé, on pratiquait l'agriculture, la chasse et la pêche. De nos jours, la pêche est moins pratiquée à cause des multiples inondations auxquelles on fait face. Nous faisons la pêche toute l'année. Mais le meilleur moment est la saison sèche car la marée baisse légèrement.

    A travers ce récit, on peut dire que la pêche est moins pratiquée dans la région des Monts de Cristal. Ceci est dû au mauvais état des sites. Pour la plupart, ils sont inondés toute l'année. Ce qui amène les hommes à négliger cette activité au profit de la chasse par exemple etc.

    Ces inondations sont provoquées par les barrages de Tchimbélé-Kinguélé alors que l'humidité dure toute l'année. Patrice Christy dit à propos : « Dans l'extrême Nord du paysage, la différence entre la saison sèche et la saison de pluies sont confondues ou semblable » (2003 : 16). La pêche se pratique de façon moyenne toute l'année avec des périodes vastes pendant la grande saison sèche. Les camps de pêche sont rigoureusement attribués. Les hommes font la pêche aux alentours des rivières, surtout à proximité des villages. Comme matériel de pêche, nous avons la nasse (tân), la ligne (nyop), le filet (aya, avwat) qu'on accompagne avec la machette (nkpware), la torche (élame), panier (npwèn), verres de terre (nsong), le manioc cuit (mbo'o) mélangé à l'huile de palme (mbwan melen) et les crevettes (minwas). Ces hommes pêchent la nuit (alu) comme le jour (omos).

    Tableau 17 : les espèces halieutiques de la pêche

    Noms en fang

    Noms commerciaux

    Noms scientifiques

    Ekone

    Tilapia

    Sarotherodon

    Enguil

    Poisson rouge

    Lutjanus dentalus

    Kara

    Crabe de terre

    Potamon fluviatile

    Fabara

    Ablette

    Alestes macrophalmus

    megnein, agnegna

    Silure électrique

    Malapterurus electricus

    Mvié

    Silure marron

    Heterbranchis longifilis

    Mvong

    Machoiron à tache

    Caecomastacembelus sclateri

    Nd'o

    Poisson chat

    Claria spp.

    Ngoo

    Silure noir

    Clarias buthupogon

    Ntotom

    Mormyre

    Mormyrops sp.

    Nwas

    Crevette orange

    Cambarellus Patzcuarensis

    Mva'a

    Sardine

    Brycinus kigsleyae

    Source : Inspection des pêches et de l'aquaculture de l'Estuaire, juin 2007 (pour les noms scientifiques et les noms commerciales). Les noms en fang sont de nos enquêtes personnelles.

    Ce tableau présente les espèces halieutiques que les populations pêchent dans cette région. Ce travail a été fait lors de notre enquête de terrain. La liste n'est pas exhaustive. Ces ressources halieutiques sont prises dans les rivières des Monts de Cristal. Ces poissons sont pris aussi bien de nuit comme de jour par les femmes ou les hommes.

    La pêche à la nivrée (miok) est moins pratiquée à cause de l'inondation permanente des espaces de pêche. Les populations pêchent toute sorte de poissons. Mais tous ces poissons ne sont pas consommés, pour des raisons de santé. C'es le cas du poisson courant (megnein). Celui-ci est strictement interdit aux femmes enceintes. Il a un effet secondaire sur l'enfant prêt à venir au monde. Ce poisson est également utilisé dans les traitements de la stérilité féminine. Le poisson est avant tout un produit de consommation. Cependant, le surplus est vendu à des prix plus ou moins acceptables.

    Tableau  18 : Les prix des espèces halieutiques au kilogramme

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Prix en FCFA/ quantité

    Ngo'o

    Silure

    Clarias pachynema

    1000 (10)

    Va'a

    Sardine

    Brycinus kigsleyae

    1000 (10)

    Ntotom

    Mormyre

    Mormyrops sp.

    1000 (20)

    Enguil

    Poisson rouge

    Lutjanus dentalus

    1000 (10)

    Fabara

    Ablette

    Alestes macrophalmus

    1000 (10)

    Mvong

    Machoiron à tache

    Caecomastacembelus sclateri

    1000 (10)

    Kara

    Crabe de terre

    Potamon fluviatile

    1000 (10)

    Bikone

    Tilapia

    Sarotherodon

    1000, 2500, 3000 (5 à 6)

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Les espèces halieutiques présentées dans ce tableau sont vendues à des prix différents et selon leur valeur et leur taille. Les poissons de grande taille ont leur prix. Ceux de grande valeur en ont les siens. Cependant, on observe une grande différence au niveau du prix du tilapia et des autres espèces. Le prix de ce poisson reflète sa qualité. Ce poisson est beaucoup sollicité sur le marché.

    1.1.4. Le sciage de bois

    Le sciage du bois est une source d'énergie, une activité très importante. La forêt des Monts de Cristal offre une bonne base et de bonnes possibilités de développement pour une industrie du bois diversifiée. Elle recouvre un vaste champ de bois cotés sur les plans national et international, et qui intéressent les populations actives.

    Tableau 19 : Les essences de bois utilisés lors du sciage

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Adzaa

    Moabi

    Baillonella toxisperma

    Anguma

    Okoumé

    Aucoumea klaineana

    Mbé

    Padouk

    Pterocarpus soyauxii

    Édum

    Doussié

    Afzelia pachyloba

    Assia

    Ozigo

    Dacryodes macrophylla

    Oveng

    Kervazingo

    Guibourtia tessmanii

    Ebègne

    Ebiara

    Berlinia bracteosa

    Zam ngila

    Acajou

    Khaya ivorensis

    Etègne

    Ilomba

    Picnanthus angolensis

    Etom

    Kosipo

    Entandrophragma candollei

    Okès

    Pau rosa

    Swartzia fistuloides

    Abam

    Longhi

    Gambeya lacourtiana

    Abang

    Iroko

    Chlrophora excelsa

    Ngong

    Niove

    Staudtia gabonensis

    Aloma

    Bilinga

    Nauclea diderrichii

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Cette liste n'est pas exhaustive. Ces arbres sont ceux qui sont généralement utilisés lors de l'exploitation forestière. Leur choix réside au niveau de leur valeur. Certains ont plus de valeur que d'autre. C'est le cas de l'Okoumé. Cet arbre est le plus utilisé non seulement parce qu'on le retrouve facilement dans les forêts Gabonaise, mais aussi parce qu'il est facilement transportable. Ce qui n'est pas le cas avec les autres essences qualifiées « bois durs ». Le sciage respecte les valeurs de la société fang, de ce fait, elle ne prend pas en compte tous les arbres. Il y a des arbres qui ne peuvent pas être scier à cause de leur symbolique, nombreux interviennent dans la thérapie des villageois.

    Tableau 20: Les arbres épargnés dans le sciage et leurs destinations symboliques

    Noms en fang

    Noms en français

    Noms scientifiques

    Destinations symboliques

    Afiè

    Avocatier

    Persea americano

    Cet arbre mélangé au manguier moderne (Mangifera indica), soigne les maux de dents. Le principe consiste à faire bouillir leurs écorces et faire des bains de bouche.

    Atom

    Atom

    Dacryodes macrophylla

    Cet arbre soigne l'empoisonnement. Le principe consiste à prendre les écorce de cet arbre et les mettre dans de l'eau. Il revient alors au patien de boire cette eau. On peut également bouillir ces écorces et faire des purges.

    Ekuk

    Emien

    Alstonia spp

    Après que ces écorces soient bouillies, son jus soigne le paludisme, le mal de ventre. Le traitement se fait par voie orale.

    Mebamne

    Mebamené

    Parinari chrysophylla

    Cet arbre comme son nom l'indique, est doté d'une puissance efficace. Mélangé à l'oeuf du tonnerre, Il renforce les unions. Il permet également aux hommes de multiplier leurs chances. Grâce à ce dernier, un individu peut se procurer certaines choses. Le patient fait des bains au moins pendant une semaine, le meilleurs moment c'est lorsqu'il y'a du soleil. Le malade doit toujours regarder le soleil et faire ses voeux. Cet arbre mélangé à d'autres éléments soigne la drépanosithose.

    Aseng

    Parasolier

    Musanga cecropioides

    Les écorces bouillies, ce jus est préconisé dans le traitement des vers. On peut également mettre les écorces de cet arbre dans de l'eau et faire boire au patient. Cette potion soigne la toux.

    Asas

    Atangatier

    Dacryodes edulis

    Lorsqu'on mélange ses feuilles à celles de la papaye, il est considéré comme un anti-paludisme. Il évite au paludisme de se développer.

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Cette liste n'est pas complète, il existe d'autres arbres qui ont évidemment une efficacité symbolique. Les arbres qui figurent dans ce tableau interviennent dans la médecine traditionnelle et celle des villages environnant le Parc en particulier. Cela évite aux populations de se rendre régulièrement dans les centres hospitaliers les plus proches. L'efficacité symbolique de ces arbres émane des populations elles même, d'autant plus qu'elles leur accorde une importance et cela depuis de générations. Par ailleurs, il nous convient alors de dire que les populations riveraines au Parc ont non seulement un attachement alimentaire mais aussi symbolique avec leur forêt.

    Le sciage de bois consiste à abattre et à débiter les arbres en lattes et en chevrons destinés à la vente, à la construction des maisons. Il présente de nombreuses autres possibilités : la fabrication des tabourets, de chaises, de pilons et mortiers, des masques, statuettes, tam-tam et autres objets décoratifs. C'est une activité dont le rôle économique, voire social, est loin d'être négligeable.

    Tableau 21 : Prix des planches sur le marché de la région des Monts de Cristal

    Entités

    Prix du m3 des planches ordinaire en FCFA

    Prix du m3 des planches coffrages en FCFA

    Prix du m3 des planches de ferme en FCAF

    Okoumé

    85.000 (soit 84 planches)

    80.000 (soit 84 planches)

    90.000 (soit 74 planches)

    Bois dur (kévazingo, moabi, bilinga, padouk, pau rosa, acajou, ilomba, kosipo, etc.)

    130.000 (soit 84 planches)

    150.000 (soit 84 planches)

    130.000 (soit 74 planches)

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Ce tableau confirme en effet que le sciage est une activité rentable. Apres l'activité, les scieurs vendent les planches, chevrons et lattes à leurs clients. La vente se fait sur place et par m3. Les scieurs font habituellement la vente en gros, la vente en détail revient à cet effet à leurs clients qui, vont revendre ce produit dans leurs quincailleries. Le prix du m3 de planches, chevrons, lattes varie selon qu'il s'agisse de l'okoumé ou du bois dur. Les dimensions des planches, chevrons, lattes vont de 2 à 6m de long. La vente en détail tient compte de ces dimensions.

    Le sciage est une activité masculine qui exige d'énormes efforts physiques. Il se fait en forêt. Il peut également se pratiquer dans les champs. Lors de la période du débroussage ou de l'abattage, les hommes épargnent les arbres dont le diamètre peut interresser les acheteurs. Ce diamètre oscille entre 60 à 80 cm. Le sciage est fait par des autochtones ou par des étrangers qui travaillent dans les sociétés SEEF (Société Equatoriale d'Exploitation Forestière), NGB (Négoce des Bois du Gabon), BSG (bois et scieries du Gabon), etc. Cette activité se fait avec ou sans autorisation de l'administration forestière. L'extraction clandestine du bois se fait sous couverture d'une autorisation du chef coutumier. C'est une activité à l'aval d'une filière importante d'où plusieurs familles de la région tirent des revenus.

    Entretien 12 : OBIANG ESSONO Edouard, 30 ans, ethnie fang , village Song, clan Oyèk, lignage, Envone Zome, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur l'heure du sciage. Notre enquête s'est passée le 3 avril 2006, dans sa salle à manger. Il était 15h10mn. Notre entretien a duré 57 mn.

    Noms en fang

    Traduction française

    Nsigane bile ôbele ngueng. Bia bôde ésama. Esenté éne abé akal élé éne bi ku ayo. Ewas éne dzugu mbot. Bia sum ésenté ékuna mewola zambwa ye kire bi keki mane mewola zambwa me samane me y'alu.

    Le sciage n'a pas de saison. On le fait en groupe. Pendant cette activité, on court des risques. Un arbre peut tomber sur nous, la scie peut faire mal à quelqu'un. Le sciage se fait très tôt le matin. On commence le travail vers 7h du matin et on arrête vers 18h.

    Nous retenons de ce récit que le sciage de bois se fait en toute saisons. Il se fait toute l'année. C'est une activité masculine très pénible. Il renferme beaucoup de risques. Il se fait très tôt le matin parce que, à pareille heure, les hommes sont encore très valides. Comme outils, ils se servent de la tronçonneuse, de la scie, d'un ruban, d'un réglet, du pied à coulisse, du compas, du papier abrasif silex, des ciseaux à bois, des bédanes, des rabots, du bauchoir, de l'huile d'ébrasions et du vernis. Ici, les outils rustiques ont cédé la place aux outils modernes. Ces derniers permettent de quantifier et de qualifier la production tout en gagnant du temps.

    Chaque outil joue un rôle bien déterminé dans la coupe du bois. Les produits issus du sciage sont transportés par vagues successives au village où ils sont déposés au bord de la route, jusqu'à ce que le tout soit stocké et conduit en ville, où ils sont vendus. Cette opération a l'avantage d'être plus rapide et moins pénible.

    1.1.5. La cueillette

    La cueillette bien qu'étant une activité secondaire, la société fang a découvert et utilise d'innombrables espèces de plantes aux feuilles comestibles. Les feuilles enrichissent le régime alimentaire, réduisant ainsi diverses carences. Elles jouent un rôle dans le bien-être des populations et fournissent à l'unité familiale un complément nutritionnel, un ensemble de plantes médicinales d'usage courant, et l'essentiel des matériaux nécessaires à l'habitat. Elles procurent également un appoint alimentaire non négligeable. C'est une activité mixte. Elle est exercée par les hommes, les femmes et les enfants. Les hommes ne sont pas très contraints dans cette activité. Ils sont surtout sollicités lorsqu'il faut grimper sur un arbre. Cette activité s'exerce pendant la saison sèche et la petite saison de pluies.

    Entretien 13 : MBANG NDONG Adélaïde, 70 ans, ethnie fang, village Andok-Foula, clan Opoé, lignage Avomo Mam , célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur la période de cueillette. Notre enquête s'est passée le 8 avril 2006, à sa terrasse. Il était 11h05mn. L'entretien a duré 55 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    melos ma boban mimbou mise. wa boba oyone ye mone mbou veng, dzamete ene ye oyaya. bia vile alos, ofumi, bignoum mbou veng. niene gueng ete elora, bisefe me bera deng. bia dzi minkong ye vio'o oyone. melos me vo'o mengueng mezeng, ane andock fang.

    La cueillette se fait chaque année. Elle se fait pendant la grande saison sèche et la petite saison de pluies, ça dépend des fruits, et autres. On suce les mandarines, les oranges, pamplemousse. On suce les fruits pendant la petite saison de pluies. Après cette période, on ne peut plus les retrouver. Les chenilles et les champignons sont consommés pendant la grande saison sèche. Les autres fruits sont consommés par épisode, c'est le cas du manguier sauvage.

    Ce récit nous amène à dire que dans la région des Monts de Cristal, les produits de cueillette varient selon les saisons. Les fruits sont généralement consommés en petite saison sèche, les végétaux et le manguier sauvage, pendant la grande saison sèche. Cette rotation est respectée chaque année. Cependant certains arbres fruitiers ne produisent pas chaque année, c'est le cas du manguier sauvage. La cueillette se fait au village et en forêt. Les plantes sont misent en valeur dans les jardins des cases et dans les plantations.

    La cueillette se fait à la grimpée, au jet de pierres, par l'abattage des branches d'arbres et avec un crochet. Dans cette région, il existe une profusion de fruits et de plantes qui offrent d'énormes possibilités locales de développement commercial. Ces fruits sont très riches en vitamines. Ce sont des compléments aux autres aliments. Ces derniers sont utilisés dans maintes préparations et recettes. Ils sont très appréciés par la population et sont considérés comme des friandises agréables.

    Tableau 22 : Les produits de la cueillette

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Alos

    Mandarinier

    Citrus reticulata

    Ofumi

    Oranger

    Maclura aurantiaca

    Bignoum

    Pamplemoussier

    Citrus maxima

    Abé'é

    Cola

    Cola spp

    Nguélébam

    Citronnier

    Citrus limon

    Ewome

    Noisetier

    Coula

    Atom

    Le fruit du dabéma

    Dabéma

    Abam

    Longui

    Longui

    Adzap

    Moabi

    Baillonnella tosisperma

    Amvout

    Trichoscypha

    Trichoscypha spp

    Afiè

    Avocatier

    Persea américana

    Fuvo'o

    Papayer

    Carica papaya

    Ebom

    Corossolier

    Anonidium mannii

    Vio'o

    Champignons

    Hebeloma sinapizons

    Andok

    Andok

    Irvingia gabonensis

    Source : Ministère des eaux et forêts pour les noms scientifiques, mai 2007 et nos informateurs pour les noms en

    fang avril 2007.

    Ce tableau présente certaines des espèces de plantes et les fruits consommés par la population fang. Cette dernière connaît certaines de ces plantes depuis des siècles et leurs connaissances sont transmises de génération en génération. Ces plantes et fruits ne sont pas la propriété d'un individu. On peut cependant les trouver plantées dans des vergers privés. On peut également les trouver dans des terres communautaires. Dans ce cas de figure, ils appartiennent à tout le monde. Il existe une multitude de champignons parmi lesquels vio'o akok (Lactarius sp), vio'o bab (Amanite loosu), vio'o étok (Auricularia auricula), vio'o mbone (Lycoperdon) , vio'o bisesa (Agaricus arwensis), vio'o nkom (favalus). Toutes ces espèces sont très appréciées par les populations et les utilisent dans des préparations différentes. Ces fruits et plantes alimentent quelque peu le circuit monétaire dans la mesure où, ils sont commercialisés. La vente se fait dans les villages et centres urbains les plus proches.

    Tableau 23 : Prix du produit de la cueillette sur le marché

    Noms en fang

    Noms communs

    Noms scientifiques

    Prix en FCFA/ quantité

    Alos

    Mandarinier

    Citrus reticulata

    25 (1)

    Ofumi

    Oranger

    Maclura aurantiaca

    50 (1)

    Bignoum

    Pamplemoussier

    Citrus maxima

    100 (1)

    Abé'é

    Cola

    Cola spp

    1 (25)

    Nguélébam

    Citronnier

    Citrus limon

    100 (5)

    Ewome

    Noisetier

    Coula

    100 (10)

    Atom

    Le fruit du dabéma

    Dabéma

    100 (15)

    Abam

    Longui

    Longui

    25 (1)

    Adzap

    Moabi

    Baillonnella tosisperma

    25 (1)

    Am vout

    Trichoscypha

    Trichoscypha spp

    100 (10)

    Afiè

    Avocatier

    Persea américana

    100 (1)

    Fuvo'o

    Papayer

    Carica papaya

    200 (1)

    Ebom

    Corossolier

    Anonidium mannii

    300 (1)

    Vio'o

    Champignons

    Agaricus bisporus

    100 (le tas)

    Source : Ministère des eaux et forêts pour les noms scientifiques, mai 2007 et nos enquêtes personnelles pour

    les noms en fang, avril 2007.

    Ce tableau présente les prix du produit de la cueillette dans les villages et les centres commerciaux les plus proches de la région des Monts de Cristal. Ce produit n'est pas seulement destiné à l'alimentation, les hommes et les femmes vendent le surplus pour résoudre les problèmes d'ordre hygiénique, sanitaire etc. Ces prix sont appréciés de tous.

    1.1.6 L'exploitation minière artisanale

    L'exploitation minière existe dans toutes les régions du Gabon. La population riveraine au Parc National des Monts de Cristal n'est pas restée à l'écart. Les orpailleurs sont pour la plupart des clandestins, étrangers ou des gabonais d'autres régions du pays, qui se sont installés dans la région pour pratiquer cette activité. Ces derniers sont encadrés et exploités par des patrons orpailleurs. L'orpaillage peut se définir comme l'exploitation artisanale des alluvions aurifères ou, la recherche de l'or dans les rivières. C'est une activité mixte. Elle intéresse à la fois les hommes et les femmes. Elle se fait en groupe et demande beaucoup d'efforts physiques. C'est une activité nocturne. Les orpailleurs préfèrent la nuit parce qu'ils craignent se faire arrêtés par les autorités. Généralement, ils n'ont pas de permis d'exploitation, pour la plupart. L'orpaillage est très complexe. Il ne suffit pas d'aller dans une rivière, creuser au hasard et orpailler. D'après nos informateurs, le principe consiste d'abord à prospecter les lieux. Cela est nécessaire, parce que l'or ne se trouve pas dans tous les coins d'une forêt. Ce gravier se trouve en concentration à quelques endroits seulement, qui dépendent du courant de la rivière au moment des crues.

    Habituellement, les prospections se font dans les petites anses et ils sont certains d'en trouver dans les endroits où les graviers contiennent des galets de minerais de fer. Lorsqu'ils trouvent le filon, ils sont convaincus de récolter une dizaine de paillettes en moyenne par batée. Cette étape demande plusieurs heures de travail. L'or se trouve aussi bien au fond du cours d'eau que sur les berges en hauteur. Les paillettes d'or ne se déplacent qu'en cas de fortes crues. Donc, elles se déposent souvent sur un niveau supérieur de l'eau en période normale (saison de pluies). Mais le moment propice relatif à cette activité, c'est la saison sèche.

    Entretien 14 : MBE ELLA Michel, 46 ans, ethnie fang, village Nkann, clan Efak, lignage Mbela, veuf, département haut-como, canton Mbé, sur les étapes de l'orpaillage. Notre enquête s'est passée le 13 avril 2007 à 17h, dans son corps de garde. Notre entretien a duré 45 mn. Malgré son état de santé, il a accepté de nous recevoir.

    Texte en fang

    Traduction française

    anto mimbu miben ya zambwa ave mesuma sen or. menga suma bo esente a tchimbele, mezene nkann. esen or ene ededa ndsuk. ebele mebong.wa yiene taredzeng l'or, eyongte odzeng evom wa fak. bia bo esente ngura wola. n iene abongte da mane, bi kule ne or asiete, bia, bi mane sop, bi kelegne adza'a, evom bia somanegne ye kegnenie ngomane abale avale bieme bite.

    Je travail l'or depuis 27 ans. J'ai commencé à Tchimbélé. Après là-bas, je suis venu à Nkann. Le travail de l'or est très complexe. Il obéit à des étapes. Il consiste d'abord à un sondage. Le sondage nous permet de savoir si le site choisi a de l'or. Il se fait pendant une heure. Après le sondage, vient la sortie du trou, lorsque le site est bon. Et on le nettoie. A la suite du nettoyage, on l'amène au village, où il est vendu et déposé également au Ministère des mines.

    D'après ce récit, le travail de l'or est très pénible et incertain. Il demande une certaine force physique et beaucoup de patience, d'autant plus qu'on n'est jamais sûr de trouver l'or lors de la première tentative. Cependant, il est bénéfique lorsque le site est productif.

    Comme outils, ils se servent d'une batée, d'un seau, d'un « sluide »4(*) et d'une pelle. La pelle sert à écarter les cailloux. Le seau contient le sable lavé. La batée permet de séparer les paillettes d'or du sable. Elle sert aussi à analyser la teneur en or du gravier et à extraire l'or déconcentré obtenu à partir des moquettes posés sur une rampe de lavage ou dans une sablière. Les compétitions de lavage d'or ont lieu dans la dextérité du maniement de cette batée. Seul restent au fond les éléments lourds : le fer, la magnétique et les éventuelles paillettes d'or. Ce tri des paillettes se fait manuellement disaient nos informateurs. Tout ce matériel est fondamental à cette activité. Ils ont pour rôle de piéger seulement les paillettes, en laissant s'échapper le sable et le gravier chassés par l'énergie hydraulique.

    L'orpaillage vise un but commercial. Après cette étape, l'or est vendu clandestinement bien que cela soit interdit par le Ministère des Mines. Les marchants ambulants sillonnent les rivières et les villages pour acheter aux ramasseurs leur recette journalière. Ce produit est également vendu clandestinement auprès des bijoutiers des villes de Kango, Ntoum, et Libreville. Le prix du gramme est discutable sur place. Habituellement, le prix moyen est 5000 F, le gramme. En ville, les orpailleurs vont déposer la production au Ministère des Mines. Ce cas de figure concerne surtout les orpailleurs qui ont un permis minier et les sociétés d'exploitation minière, d'autant plus qu'ils font cette activité d'une manière légale. Il revient à ce Ministère de fixer le prix du gramme de l'or. Ce prix est évalué à 7000 francs cfa. En effet, la commercialisation de l'or permet aux orpailleurs de satisfaire leurs besoins et d'améliorer leurs conditions de vie. Sur le plan national, il favorise le développement de l'économie.

    1.1.7. L'artisanat et la vannerie

    La vie de l'homme en zone rurale est étroitement liée à celle de la plante. Celle-ci lui procure : alimentation, habillement, parures, remèdes, armes, outils, mobiliers et ustensiles. De tous les végétaux, l'arbre représente la plante par excellence. Son bois est pour ainsi dire la matière première universelle des arts et métiers, des paysans. On comprend pourquoi dans l'artisanat et la vannerie (ololong), l'usage du bois occupe une place privilégiée. Pour les essenc es, ces derniers utilisent non seulement le bois de menuiserie, charpente, mais aussi des espèces négligées par les grandes exploitations. L'artisanat et la vannerie sont des activités masculines. Elles demandent beaucoup d'énergie. Elles se font au village, précisément au corps de garde, dans les cuisines et dans la cour.

    L'outillage de la sculpture est très simple : hache (ovone). La hache sert à grossir le bois. En dehors de cet instrument, ils se servent aussi de l'herminette, du grattoir, de la lame de fer. Pour le ponçage du bois, ils se servent des feuilles à râper, le couteau. Pour traiter le bois sculpté, ils utilisent le vernis. La matière première est tirée directement de la forêt. Les plantes utilisées sont presque toujours sauvages.

    - L'ébène (Diospyros spp) est l'un des matériaux privilégiés de la sculpture. Il englobe une gamme d'espèces répandues dont la caractéristique commune est que le bois est dur, avec un aubier blanc et le coeur brun foncé qui devient de plus en plus noir au fur et à mesure que l'arbre devient plus sec.

    - L'émien (Alstonia spp) est un arbre dont l'écorce et la sève donnent une espèce de quinine. Son bois, blanc et léger, est excellent pour la sculpture. Les autres espèces les plus employées sont pratiquement les mêmes que l'on retrouve dans la grande industrie du bois. Tous les bois de la forêt ne sont pas utilisés dans la sculpture.

    - Le bambou raphia dont les feuilles servent pour la toiture est également utilisé.

    - Le rotin n'est pas en reste. Il fournit le fil. Ce dernier donne une écorce aussi bien que faible. Les paysans l'appellent nlong, communément désigné sous le nom de liane. Le produit de la vannerie et de l'artisanat est très diversifié. Ils fournissent une grande partie du mobilier traditionnel.

    Tableau 24 : Les objets de l'artisanat et de la vannerie

    Noms en fang

    Noms en français

    Nkwè

    Panier

    Mbek

    Mortier

    Ntsum

    Pilon

    Akan

    Fumoir

    Etan

    Fumoir

    Dzat

    Corbeille

    Source : Nos informateurs, avril 2007

    Ce tableau présente les objets issus de l'artisanat et de la vannerie. Cette liste n'est pas complète. Nous nous sommes limitée à ces derniers pour illustrer le savoir-faire des villageois. Ces derniers sont spécialistes dans l'activité artistique. Le produit de l'artisanat et de la vannerie est commercialisé. Les vanniers et les artisans exposent leurs produits en bordure des routes, dans leurs villages. Ceci, dans le but de résoudre leurs déficits, l'achat du pétrole, du savon, allumette, etc.

    Entretien 15 : NNANG Nfan Louis Mari , 56 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé, sur le but de la vannerie et de l'artisanat. Notre enquête s'est passée le 1 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans salon. Il était 9h00mn. Notre entretien a duré 43 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    ma long mipeun ba lerane wo mbong. ma long fe bitô, mintum ye bidong. dzoma sese ébele étang dzen. ma bôki tang abé akal ma somane adza'a été. bot ba sô medza'a mene enfefeng ne bâ ze some. ngueng zine, ébot bâ lot be ba some fe me biéme. bot ba gnegue metang mame.

    Je fabrique les paniers qui servent à transporter le manioc. Mais également des tabourets, des pilons et des mortiers. Le prix varie selon l'article. Généralement je ne vends pas cher, parce que je vends au village. Les gens viennent des villages voisins pour acheter. Il arrive aussi que les voyageurs achètent mon produit. Il est très apprécié sur le marché.

    Ce récit nous fait savoir que le vannier ou l'artisan produit plusieurs objets. Ces objets sont à la portée de toutes les bourses. Le fabricant ne cherche pas à trop gagner. Ce qui l'importe, c'est faire valoir ses capacités artistiques.

    1-2 Forêt protectrice

    Au-delà de sa valeur nutritionnelle, la forêt des Monts de Cristal revêt aussi une valeur symbolique et religieuse. C'est une source importante de l'imaginaire. Elle est le milieu phénoménal ambiant où les populations locales puisent des signifiants et des signifiés, lisent des signes. Elle reflète une vision faite d'ordre, d'harmonie et de rythmes. D'après les autochtones, cette forêt est un endroit vénéré et réservé à l'expression de leur culture. Elle se situe toujours au centre de la vie culturelle et sociale.

    Entretien 16 : Ndong Mbang Mathurin, 59 ans, ethnie fang, village Mbé-Akélayong, clan Ntun, lignage Membe, marié, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt protectrice. Notre enquête s'est passée le 6 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa boutique. Il était 14h40mn. Notre entretien a duré 55 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    afan ene bia abuin eban. biansese afa ete. embe de dzo'o bia ngue bot ane lete ngue se lete eyong akwane. bian ke bobo mebiang afan ete akal na bong beta'a yene mekeng. engueng bia bobo bisen bite, bimbe bi kobe ye biere. afan ene abum da'a da'a bale bia. afan da'a vole bia abuin, da'a ve fe bia mebiang.

    La forêt est très importante pour nous. On soignait les malades en forêt, elle nous disait s'il était possible de le soigner ou pas. On faisait des rites initiatiques dans la forêt parce qu'on ne voulait pas que les jeunes et les non initiés voient. Pendant des cérémonies initiatiques, on faisait des prières qui s'adressaient au Biéri. la forêt est un ventre pour nous. Elle nous protège. La forêt nous sert beaucoup. elle nous produit des médicaments.

    Ce récit ressort le caractère protecteur de la forêt. La forêt a toujour été une protection pour ces Hommes. Elle a toujours été une mère pour eux. Bien qu'ils soient dépossédés de leurs rites aujourd'hui, la forêt a été et reste un encadreur pour ces dernières. Les populations ont toujours su garder leurs relations avec la forêt et les ont transmises de génération en génération.

    De nombreux tabous et normes contribuent à son respect. C'est un lieu de sépulture de leurs ancêtres. Ces derniers ajoutent que : «  leurs forêts abritent des esprits des ancêtres et les dieux protecteurs du village, à qui des cultes traditionnels sont régulièrement adressés ». la forêt est aussi le siège du tribunal coutumier, le lieu des rites initiatiques, des sociétés secrètes, d'intronisation et d'inhumation des chefs traditionnels. C'est le moyen de communication des villageois avec l'au-delà, c'est à dire les ancêtres, lesquels constituent le lien qui permet de rentrer en contact avec les éléments de la nature, donnant ainsi un sens à leur existence. C'est une base spirituelle. Cette population a développé des techniques qu'elle inculque aux enfants depuis l'âge de 6 ans. On lui apprend les noms des plantes et des arbres. Il saisit alors l'importance de la forêt. La prise de conscience de ce fait est renforcée à travers les rites initiatiques. La connaissance de la forêt implique l'apprentissage du courage, de l'endurance, de manière à ce que l'individu soit apte à éviter les pièges tendus par la nature au cours de ces pérégrinations dans les bois.

    Cet apprentissage se fait par l'administration villageoise. D'après Bouroubou Bourobou Henri-Paul : « Ce sont les milieux dont les mythes font appel aux génies de la nature ou encore, ce sont les sanctuaires des dieux et des ancêtres qui ont été établis par les populations. Leur accès demeurant le plus souvent interdit » (1998 : 185). Cette forêt n'est pas à la portée de tous. Ces milieux sont fermés. Ils appartiennent seulement à leur communauté. Ces écosystèmes sont des résidences d'agents spirituels. Ils servent à préserver des espèces individuelles des plantes et d'animaux. Ils sont également des rappels utiles et visibles aux populations de la précieuse valeur de la flore et de la faune locale.

    Ces écosystèmes sont également des synonymes de fontaines grâce aux sources d'eaux qui sont souvent présentées dans ces milieux. Habituellement, elle est gérée par un chef de clan qui dicte la conduite à tenir. Elle est gérée selon les règles régies par leur tradition. Le respect des interdits et des lois se fonde sur la crainte de la colère des dieux véhiculée à travers les mythes. D'après cette population, ce sont les dieux qui se chargent des punitions. Dans la forêt, il y a des arbres et des animaux sacrés. Il est tabou de les chasser d'autant plus que certains sont considérés comme totems. La personne qui venait en freindre à ces principes se livre à des sanctions.

    1.3. L'impact des activités traditionnelles dans la forêt des Monts de Cristal

    Les sols et les forêts ont une mémoire. Ils se remettent difficilement des agressions que l'homme leur inflige. Une bonne prévention vise à éviter les dégâts dus à la déforestation et à l'érosion. A ce propos, le chef de la section Sol et Biologie générale de l'Office Fédéral de l'environnement des forêts et du paysage de Suisse (2002) cité dans Wikipédia, dira que : « Il faut des millénaires à la nature pour former un sol fertile, quelques temps peuvent suffire à le détruire ». Les sols, les forêts, les rivières ayant subi de graves atteintes mettent souvent des décennies à s'en remettre.

    Le labour en lui même n'est pas destructif, c'est la technique utilisée par les hommes qui est destructive. L'agriculture peut détruire les espèces pérennes, même si celles-ci disposent de racines profondes. Mais pour ce qui concerne l'agriculture traditionnelle, elle ne détruit pas d'autant plus qu'elle ne dessouche pas. Ce qui peut aggraver la situation, c'est lorsque que l'exploitation ne se limite pas à labourer pour répondre à des besoins en culture vivrière mais, intensifie la pratique des cultures en vue d'une rentabilité immédiate. Un autre aspect est que, compte tenu de la baisse du rendement, les hommes vont toujours rechercher des sols fertiles assurant un profit permanent, au détriment de l'équilibre environnemental. Aussi, la tendance des exploitants agricoles à laisser les terres à faible rendement expose celles-ci à « l'érosion »5(*) provoquée par les eaux de pluies et le vent, entraînant aussi une désertification accrue du milieu lorsque le temps de jachère n'est pas respecté.

    Le sciage de bois, l'artisanat et la vannerie sont très dangereux pour la forêt. Ces derniers détruisent le couvert forestier et réduisent ainsi, l'effet de serre.

    Photo 4: Un site en pleine exploitation forestière

    Source : CNPN, 2004.

    Cette image présente un site après exploitation forestière. Derrière, on aperçoit deux voitures, deux hommes qui sont en pleine discussion et des troncs d'arbres et plus près, nous avons un engin. Cette image prouve en effet que la forêt des Monts de Cristal n'est pas seulement exploitée pas les villageois mais aussi par les sociétés forestières (l'Etat). Les marqueurs écologiques sont très destructifs et on des retombées négatives sur l'espèce humaine, la flore et la faune. Les scieurs et les artisans détruisent les arbustes. Le gibier qui se faisait prendre facilement s'éloigne, devenant méfiant. On observe également la perturbation des rythmes des pratiques traditionnelles ayant un lien étroit avec la forêt primaire. La cueillette n'est pas destructive en elle-même, ce sont les techniques utilisées qui causent des dommages à la forêt. C'est le cas de la coupe des branches et du jet des pierres, du bois. Ces techniques consistent à détruire l'arbre, à faire tomber des fruits qui ne sont pas encore murs et à déposséder l'arbre de ses feuilles.

    Il existe plusieurs catégories de nuisances liées à l'activité aurifère en milieux forestiers, quant elles sont faites sans application de la réglementation. Les impacts de cette activité sont classés par leur importance sur le milieu naturel et sur les hommes. Premièrement, après l'activité, les criques et les fleuves sont saturés par les rejets de boue, ce qui entraîne la souffrance de la flore aquatique et son dépérissement. Les poissons ont les branchies colmatées, et un goût impropre à la consommation. En dehors de ça, la recherche aurifère consiste à creuser les surfaces sur plusieurs mètres en profondeur, et à laisser les sites sans réaménagement.

    Photo 5: Un site après l'exploitation minière

    Source : CNPN, 2004

    A l'arrière plan de cette image, on aperçoit les arbustes, plus près, nous avons un sol nu, dépouillé de sa végétation. Cette image montre dans quel état reste la forêt après l'exploitation minière. L'exploitation minière est très destructive en ce sens qu'elle laisse la forêt à un stade dégradé. Pour sa régénération, il faut un temps considérable.

    La chasse constitue le mode de gestion raisonnée et durable par excellence, alors qu'elle permet non seulement la conservation du biotope, du gibier et de la faune en général, mais également l'exploitation de la ressource qu'est le gibier. Cependant le braconnage constitue une menace fondamentale pour la faune des Monts de Cristal. Les hommes font la chasse quantitative pour un but monétaire. Ce qui entraîne toutefois la disparition de certaines espèces, c'est le cas des « Athérures » par exemple.

    Photo 6 : Trois porcs-épics pris par braconnage

    Source : CNPN, 2004

    Sur cette image, nous voyons trois porcs-épics dans une cache des « braconniers ». A droite, nous avons un sac de couleur blanche dans lequel les « braconniers » emballent leur butin. Cette photo est une preuve d'un braconnage important dans la région des Monts de Cristal. Le braconnage est une menace fondamentale dans ce massif forestier. Les hommes viennent des régions les plus proches pour faire la chasse irrationnelle.

    La pèche également n'est pas très destructive. Ceci s'explique par la diversité de ces techniques. Seule la technique à la nasse qui est destructive. Car, elle consiste à attraper plusieurs poissons de petite taille. Ce qui toutefois interrompt leur croissance et cela entraîne la destruction de l'écosystème marin.

    2. Méthodes de conservation des ressources forestières

    2.1. « Forêt sacrée »

    Comme dans tout groupe organisé, la population riveraine aux Monts de Cristal a développé ses représentations. C'est à dire une manière d'interpréter et de penser la réalité. Cette manière d'interpréter l'environnement induit des comportements spécifiques. Par rapport à cela, Sabine Rabourdin dira que: « Nombre de populations autochtones vivent dans un milieu naturel relativement intact, ils ont mis en place des pratiques complexes pour réglementer l'occupation des sols et sont très attachés à leur terre. Ces derniers ont une manière de gérer la nature qui favorise sa préservation » (2005 : 23).

    Entretien 17 : AVOME OBIANG Marthe, 60 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, ligange Mba Zam, veuve, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt sacrée. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa cuisine. Il était 8h10mn. Notre entretien a duré 50 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    Bi bele bilik : Engong, Alen, Meduma, Esong. Be tare ébe bengua ligue bia mefan meté.bia tchui wén ngueng ése akal bia vinât site ye kos beke oyâ. Bia ke owén engueng bi bele bra bisesang akal bisesang bia sile abui bidzi, betsit ye kos.

    On a des forêts sacrées parmi lesquelles, Engon, Alen, Meduma, et Esong. (...). Ces forêts nous ont été léguées par nos parents. On ne fréquente pas ces forêts constamment, parce qu'on évite que le poisson et la viande diminuent. On se rend là-bàs seulement lorsqu'il y a des grandes cérémonies, parce qu'elles demandent une grande quantité de poissons et de gibiers.

    A travers ce récit, on constate effectivement que la société fang connaît bien le concept de forêt sacrée (afan éki)). Cette dernière existe depuis longtemps et est conservée par les interdits. Les villageois ne la fréquentent pas régulièrement, seulement lors des grandes cérémonies.

    La création des forêts sacrées se fait par la délimitation d'une portion de forêt naturelle. Ce sont les hommes principalement qui sont chargés des délimitations des forêts. Ils peuvent éventuellement être accompagnés des femmes. C'est un travail qui se fait avec des prospections au préalable. Le principe consiste à aller en forêt et choisir un site qui répond à certains critères parmi lesquels l'accès difficile, le calme, la présence d'odeurs naturelles, les températures moyennes, pourvoyeuse de feuilles, des arbres, des animaux et du poison. D'après Henri Paul Bourobou : « C'est un lieu où il ne fait pas chaud, il n'y a pas de vent, presque pas de lumière, où il fait nuit même le jour, où il n'y a pas de bruit de voiture, ou les cris d'oiseaux et d'insectes sont perceptibles, l'eau est fraîche, la diversité biologique est impressionnante » (2005 : 185). Pour être suffisamment claire, c'est un lieu calme où tout est géré au mieux.

    Dans cette société, les forêts sacrées ont pour but de protéger et conserver non seulement la vie des humains mais aussi la diversité biologique de ces forêts. Kialo Paulin dira à propos : « La forêt n'est pas leur ennemi, mais leur compagne. Si elle l'agresse, il s'agit d'une agression amicale. Leur vie en dépendent quotidiennement (...) ce qui explique tous les égards qu'elle portent à l'endroit des forêts » (1998 : 159). A travers la notion de « forêt sacrée », comme mode de préservation et de conservation, on se rend bien compte que les savoirs autochtones ont une maîtrise parfaite de leur environnement Sabine Rabourdin ajoute que « si l'on veut préserver son environnement, il est nécessaire de bien le connaître » (2005 : 60).

    La gestion des forêts sacrées se fait grâce à des législations. L'exploitation y est formellement interdite. A cet effet, Pither Medjo Mvé ( 1994 : 78 ) dira que : « la violation implique la notion de souillure chez le fautif et tout le groupe ». Elles sont gérées par un chef qui dicte la conduite à tenir. L'exploitation est assurée par les membres du clan. Ces derniers peuvent prélever un certain nombre de produit de cueillette entrant dans l'alimentation, la pharmacologie et la construction. Il existe éventuellement des zones tampons. Ces zones sont réservées exclusivement aux responsables du clan. On peut aussi signaler des zones ouvertes au clan.

    2.2. La jachère

    Le terme « jachère » sous-entend anciennes forêts secondaires (ekorogo). C'est « une technique passive » de restauration du sol qui préfigure un éventuel retour à l'exploitation. Elle permet la reconstitution de la forêt ou du couvert forestier. Cette population distingue en général plusieurs types de jachère, à vocations différentes, selon le degré de régénération de la végétation. La durée de la jachère varie selon les ressources et du type de plantes cultivées. Ainsi, nous avons les jachères moyenne et longue. La durée moyenne d'une jachère oscille entre 5 et 15 ans.

    Entretien 18 : OBONE ELLOH Marie-France, 49 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, département Haut-Como, canton Mbé, sur la durée de la jachère. Notre enquête s'est passée le 10 avril 2006 à 10h30 mn. Cet entretien a eu lieu dans Son salon et a duré 58 mn.

    Texte en langue

    Traduction française

    1. metsi m'ajudia afan. Gniene ebira emana'a, bia ligue tsi aweuga mimbou mitane gue ke awom mimbou. tsamete da leguena'a si etobe vê.

    1. L'agriculture ne tue pas les forêts. Après la récolte, on met la plantation au repos pendant 5 à 10 ans. Cela permet à la terre d'être fertile.

    2. bi logue bise bia bem dzam avora ekorgue. Bia bo ekorgue bi logue bise ye tchi bise'e bisese. menguen mesese, bia bo'o bikorgue niane bi mana' a abelana'a afan.

    2. Toutes les plantes respectent la même durée de jachère. Elle s'applique sur toutes les plantes et sur toutes les activités. Habituellement, elle se fait après l'exploitation de la forêt.

    3. ve bia dzama ekorgue. gniene afan emana'a atobe ekorgue, bi bra belane do'o, ve dzamte da'a folane ye endzan bi ve tare ebo'o.

    3. On n'abandonne pas la jachère. Après la jachère, on revient exploiter. Cela dépend de la première expérience.

    Ce récit nous fait savoir que la société fang connaît bien le concept de jachère. Elle pratique la jachère après toute activité. Cela permet au site de se reconstituer. Elle ne revient sur les lieux qu'après une certaine période, cela dépend de l'importance du site. Cependant, pour ce qui est du site agricole, ce dernier est toujours fréquenté, même en période de jachère.

    La jachère consiste en une rotation des terres, des rivières, des forêts destinées à l'exploitation. Pendant que certains sont mis en exploitation, d'autres sont mis en repos. Ce repos n'est absolument pas définitif. Il est temporaire. D'après nos informateurs, lorsque le champ a fini d'être exploité, deux à trois ans après sa mise en culture, plusieurs scénarios sont possibles. Le premier consiste à laisser la forêt reprendre complètement des lieux. Après une période d'abandon de plus de cinq ans, la forêt secondaire pourra être remise en culture suivant la même que celle employée en forêt primaire. Ceci est valable pour le reste des activités. Il y a repos parce qu'un site n'est plus digne d'intérêt.

    Les arbres persistants, notamment ceux laissés en place lors du défrichement, demeurent la propriété du premier défricheur et de ses descendants. Ce dernier pourra toujours revendiquer le contrôle et exercer toute sortes d'activités sur ce sol. Ce droit est reconnu par la coutume. Par rapport à cela, Suzanne Jean dira : «  la jachère n'est pas totalement abandonnée, le manioc, la banane produisent continuellement ce qui permet de venir prélever dans le champ au fur et à mesure, des besoins » (1975 : 50), cité par Alain Boussougou. Les populations vont également cueillir des plantes rudéales servant de légumes et de condiments. De plus, on y chasse activement. La jachère permet aux animaux de se multiplier à nouveau. Pour la pêche également. Elle permet aux ressources halieutique de se multipliés. A propos, Jean-Emile Mbot (1998 : 128) dira que : « La jachère est un mode de gestion parcimonieux ».

    Une bonne rotation est essentielle au maintien de la reconstitution des espaces agricole, de chasse, pêche, cueillette, et d'exploitation forestière. Elle consiste à nourrir les ressources naturelles et c'est en cela qu'elle favorise une meilleure conservation.

    Troisième partie :

    Les modes modernes de vie

    Chapitre 5 : L'histoire du WCS et du CNPN-Gabon

    1. Naissance du CNPN et du WCS-Gabon

    1.1. Le CNPN

    Le Conseil National des Parcs Nationaux (CNPN) basé à Libreville, précisément sur le boulevard du bord de mer, a été créé par l'ordonnance n°6 du 22 août 2002 portant modification de certaines dispositions de la loi n° 16/2001 du 31 décembre 2001 d'après le code forestier en République Gabonaise. Le CNPN est un conseil interministériel regroupant des représentants de la Présidence de la République, des services du Premier Ministre et de huit Ministères. Cet organe est sous la tutelle d'un secrétaire permanent. Il se charge de la gestion du réseau des aires protégées du Gabon.

    1.2. La WCS

    La WCS est un organisme américain. Il est né à New-York en 1895. Cet organisme est présent dans soixante pays à travers le monde. En Afrique, elle est active depuis les années 1920, lorsque Williams Hornaday (premier président de la WCS) avait initié un projet pour la sauvegarde du Rhinocéros blanc en Afrique du Sud. En Afrique centrale, elle a travaillé pour la première fois en 1959 quand George Schallersz a débuté ses études pionnières sur les gorilles de montagne au Congo. Son programme s'est ensuite étendu vers d'autres pays tels : la République Centrafricaine, le Cameroun, le Gabon etc. Aujourd'hui, la Wildlife Conservation Society est active dans vingt pays d'Afrique.

    Au Gabon, la WCS a commencé à travailler en 1985 à l'occasion de la mise en oeuvre d'un recensement des éléphants à l'échelle nationale. En partenariat avec le CIRMF (Centre International de Recherche Médicales de Franceville) et l'IRET, ses activités initiales étaient focalisées sur la documentation et la compréhension de la biodiversité du Gabon.

    En 2001, elle signa une convention avec le gouvernement Gabonais pour la mise en oeuvre d'un programme d'appui à long terme aux efforts du pays dans le domaine de la gestion de son réseau des aires protégées et de l'exploitation durable de ses ressources naturelles que ces aires protégées recouvrent.

    2. Les Activités du CNPN et de la WCS-Gabon

    2.1. Les activités du CNPN-Gabon

    Comme la plupart des institutions mises en place dans le monde, le CNPN a pour mission principale de superviser la mise en oeuvre du Réseau de Parcs Nationaux : En assurant la cohésion des interventions des différentes administrations au sein des treize Parcs Nationaux, notamment :

    - La création et l'implantaion des Parcs Nationaux sur le plan géographique ;

    - Le contrôle de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes ;

    - Le contrôle des normes d'exploitation du tourisme dans les Parcs ;

    - - Le respect des normes nationales en matière d'aménagement du territoire ;

    - La planification des investissements ;

    - Les normes et protocoles de recherche ;

    - La fiscalité et la gestion des ressources ;

    - Les procédures d'entrée et de sortie du territoire ;

    - Le respect de l'intégrité territoriale ;

    - L'exploitation des ressources minières ;

    - La problématique des Parcs transfrontaliers ;

    - Veiller à la mise en place d'une politique standard dans l'ensemble du réseau des aires protégées, notamment en matière de formation, d'équipement, de sécurité, de recherche et de consommation.

    On constate à travers cet inventaire des travaux que le rôle du CNPN ne se limite pas seulement à la mise en place et à la surveillance des Parcs Nationaux, ce dernier a aussi d'autres tâches. Il veille sur l'exploitation rationnelle des zones protégées tout en contrôlant les entrées et les sorties qui s'effectuent dans le massif forestier des Monts de Cristal. Son rôle de financeur de stage aux jeunes étudiants et chercheurs n'en reste pas à l'écart. La réalisation de ces activités n'est possible qu'en association avec le Ministère en charge de l'Environnement et de la protection de la nature, le Ministère en charge du tourisme, le Ministère en charge de l'aménagement du territoire, le Ministère en charge du plan, le Ministère en charge de la recherche scientifique, le Ministère en charge des Finances, le Ministère de l'intérieur et le Ministère de la Défense Nationale. En dehors de ces missions principales au sein des Parcs Nationaux, le CNPN et en particulier le conservateur du Parc National exerce depuis la mise en place du Parc National des Monts de Cristal des activités parallèles. Ces activités se concentrent ou envisagent se concentrer principalement autour de quatre thèmes :

    - Susciter l'intérêt des communautés riveraines au Parc National des Monts de Cristal à la création du dit Parc. Cela s'est passé dans la plupart des villages tels : Andok-Foula, Mveng-Ayong, Mela, Akoga, Mbei-Akéléyong, Edoum, Nkinen, Nkome-Mbei, Efoulan, et à Medouneu centre. Ces sites se situent principalement sur le secteur Mbé du Parc National des Monts de Cristal. Le travail prenait en compte les enfants, les parents et les responsables de la base pédagogique de Medouneu. Le travail a porté d'abord sur les campagnes de sensibilisation des communautés (il fallait encourager les adultes à apprendre les pratiques culturelles aux jeunes, intensifier la sensibilisation dans tous les villages riverains au Parc) ;

    - Le développement d'un système de gestion et de protection du Parc. Cela a consisté à la délimitation du Parc, à des patrouilles de reconnaissances, à la collaboration avec la SOGADEMIN (Société Minière Lonmin), à la collaboration avec des exploitants forestiers et avec la SEEG (Société d'eau et d'énergie gabonaise) ;

    - La réalisation des études socio-économiques et biologiques dans et autour du Parc. Il s'agissait ici de réaliser des inventaires de la faune, de la flore et les pressions humaines sur cet écosystème (les différents animaux qu'on peut retrouver dans ce site et l'impact des populations sur ces derniers), réaliser une étude socio-économique dans les ménages villageois autour du Parc ( recueillir les informations sur les caractéristiques et la dynamique des populations, le statut nutritionnel de ces derniers, les principaux problèmes de santé qu'elles rencontrent, la gestion foncière des terres, les règles coutumières d'accès aux ressources, le système agricole et les activités de prélèvement en forêt, les associations villageoises ou des projets communautaires, le système de résolution des conflits et les cultures traditionnelles) ;

    Outre ces données, il y a également eu une étude sur la chasse dans le secteur Sam/Medouneu et Lalara/Ndjolé ( il s'agissait de voir l'intensité de la chasse commerciale ou semi-commerciale, les différents acteurs de la chasse commerciale et de la viande de brousse, la dynamique spatiale de la chasse le long de la route Sam-medouneu, l'utilisation des routes ou des rivières soumises à la chasse, les espèces et les quantités d'animaux chassés ou commercialisés, les principaux marchés de la viande de brousse et leur dynamique interne, les menaces qui pèsent sur les espèces charismatiques et les indications sur leur abondance, les opportunités pour les actions de conservation et de surveillance dans le secteur) ;

    - La collaboration transfrontalière entre les dirigeants du Parc National des Monts de Cristal et du Parc National Mont Alèn (Il a été question pour le Gabon et la Guinée-Equatoriale de trouver les aspects techniques et pratiques de gestion transfrontalière; d'où la mise au point d'une technique d'aménagement et de gestion participative. D'ores et avant, les préfets de Kango et de Cocobeach, de Medouneu et d'Akournam entretiennent de bons contacts, ces derniers ont initié un protocole d'entente entre autorités Guinéennes et Gabonaises pour des opérations de patrouille et de lutte anti-braconnage le long de la frontière.

    L'écotourisme n'existe pas encore dans le Parc National des Monts de Cristal. Ce pour plusieurs raisons : le Parc est encore en phase d'initiation, le Parc manque de financement adéquat à l'avancée des travaux.

    2.2. Les activités de la WCS-Gabon

    Le champ d'action de la WCS dans le Parc National des Monts de Cristal recouvre une superficie de 5.000 kilomètre carrés. Cette partie se situe du côté de Cocobeach précisément à l'embouchure du Como suivant le cours d'eau jusqu'à Medouneu. A la différence du CNPN, la WCS se charge particulièrement de l'appui technique dans les projets de conservation. Ainsi, elle met l'accent principalement sur :

    - Les Recrutements ;

    - La formation et équipement d'un groupe de techniciens nécessaires pour contrôler un Parc National (gardes, aides des équipes de surveillance écologiques et socio-économiques, guides de touristes etc.), avec la tutelle d'un surveillant principal ;

    - Les études scientifiques comme base pour les actions de conservation ;

    - Le développement des méthodes de recensement et suivi de la faune et de la flore ;

    - La formation aux méthodes de terrain ;

    - L'appui aux ONG locales ;

    - L'amélioration et le soutien des populations riveraines au Parc des Monts de Cristal, à travers des projets de petite taille (les projets agricoles et des projets relatives à l'activité éducative, et la promotion de médias tels : les articles écrits dans les journaux, transmissions par radio, télévision documentaire).

    - L'application de la Recherche à la conservation surtout à travers des inventaires de terrain qui ont contribué à la conception du Réseau National des Parcs Nationaux pour la mise en oeuvre du réseau au niveau central et dans les Parcs de l' Ivindo, Loango, Lopé, Mayoumba, Monts Birougou, Monts de Cristal, Plateaux Batéké, et Waka.

    - Les opérations de campagne de sensibilisation contre la chasse illégale dans et autour du Parc ;

    - Le soutien des missions anti-pochantes avec des autorités du gouvernement (le Ministère des eaux et forêts et des Parcs Nationaux) ;

    - La collaboration avec les communautés locales pour les aider à contrôler leurs propres territoires traditionnels de chasse contre des incursions par des étrangers.

    - L'assistance technique, la planification, et la gestion de ce Parc et la délimitation ;

    - Les actions dans les programmes de santé de la faune ;

    - Enfin, elle s'occupe du Programme de gestion de Bushmeat (viande de brousse).

    Au regard de ces activités, la WCS intervient dans l'appui technique au sein du projet de conservation mise en place dans le Parc des Monts de Cristal. Cette dernière travaille plus sur le terrain. Ainsi, elle se charge de la formation des techniciens pour la surveillance du Parc. Elle est également un appui aux études scientifiques et aux ONG locale. C'est le cas de l'OIPDEF (Organisation Internationale pour la Protection de l'Environnement et des Forêts. Cette ONG verte envisage non seulement la planification et un développement de l'écotourisme dans le Parc mais aussi la création d'un réseau des sanctuaires de biodiversité comme compliment à ce Parc et également le développement des industries capables de soutenir la sylviculture et de la pêche dans la région. Ces activités peuvent se confirmer à travers le récit suivant :

    Entretien 19 : HAN Hoverman, 45 ans, ex-directeur du Projet Parc National Monts de Cristal-Gabon, sur les activités de la WCS-Gabon

    « Notre activité principale consiste en la mise en place du Parc National des Monts de Cristal. En dehors de cette activité, nous collaborons avec les différents acteurs qui interviennent dans ce site : les villageois, les exploitants forestiers, miniers, la SEEG, pour promouvoir l'utilisation durable de ce paysage. Nous menons aussi des actions de renforcement des capacités des employés et des institutions avec lesquelles nous travaillons. Nous facilitons les stages et les recherches aux étudiants et aux chercheurs nationaux et internationaux, collectons des fonds et recherchons des bailleurs et des partenaires nécessaires à la réalisation de nos projet ».

    A travers ce récit, on se rend bien compte que le domaine d'intervention de la WCS est très large. Elle ne se limite pas seulement à la mise en place du Parc des Monts de Cristal, elle organise également son travail de manière à ce que tout soit en ordre au sein de cet espace protége. Cependant le comble est qu'elle ne peut pas aboutir facilement à son objectif (le tourisme communautaire) d'autant plus que ne disposant pas de bailleurs ou des partenaires capables de financer les travaux afin d'avancer dans sa logique de conservation.

    Cette ONGe a déjà visité tous les villages riverains au Parc. C'est en cela qu'elle a pu identifié les problèmes relatifs à la faune et à la flore des Monts de Cristal et inventorié les mammifères, les arbres et les plantes de cette forêt. La WCS vise spécialement la préservation de la nature notamment, la conservation de la flore et la faune des Monts de Cristal. Cependant pour parvenir à cet objectif, elle aborde un certain nombre de questions relatives à la conservation de la nature tels la commercialisation, l'usage des ressources naturelles. Sa méthode se base sur l'information et est soutenue par des principes théoriques de la conservation. Le travail de la WCS n'est pas figé. Elle met l'accent à la fois sur la science et sur les programmes de préservation. Elle oriente ses recherches aussi bien sur les écosystèmes intacts que sur ceux qui ont été sérieusement altérés par l'utilisation humaine. Leurs analyses s'étendent à long et à court terme.

    Les programmes de la WCS sont basés sur le terrain. Certains observateurs de leurs programmes parlent de «l'organisation des bottes boueuses». Le terrain lui permet d'identifier les problèmes réels du monde de la préservation afin de connaître comment régénèrent les problèmes relatifs à la conservation. L'observation directe et le travail sur le terrain lui permettent de bâtir des systèmes de conservation qui abordent des situations réelles dans le monde et éclaire ses discussions d'ordre théorique et analytique. C'est un élément absolument essentiel pour son succès car il recouvre non seulement l'aspect biologique des animaux ou de la forêt dans laquelle elle travaille mais également le contexte socio-économique, c'est à dire la façon dont les gens expriment leurs positions et utilisent les ressources, ainsi que les différentes forces économiques pertinentes. Ces données varient sensiblement d'un lieu à un autre, et doivent être prises en compte pour faire des progrès dans la préservation.

    Cette approche part de la base vers le sommet et à plusieurs niveaux. La majeure partie de son travail est empirique, même s'il est basé sur la connaissance de la préservation, du développement et des théories écologiques et biologiques. Bien que prétendant son attention sur tous les sites d'une forêt, cette dernière se concentre surtout et habituellement sur les zones qui sont plus riches sur le plan biologique. Au sein de ces espaces, elle met son accent sur leur entretien et leur amélioration.

    Les stratégies et les activités de la WCS veulent améliorer la connaissance des systèmes biologiques, écologiques et/ou socio-économiques pertinents aux problèmes de la préservation, c'est à dire l'identification des lieux qui sont importants, les espèces qui sont en voie d'extinction, les menaces liées à la nature ou aux zones sauvages, les effets des systèmes d'utilisation de ressources, ou les positions et les valeurs des populations. A travers cela, elle peut avoir des informations qui mettront en place des stratégies de conservation efficace.

    Chapitre 6 : La politique de conservation des écosystèmes forestiers des Monts de Cristal Conception de la forêt

    « Objet de relations internationales » et Usine de Production « d'argent »

    Les forêts sont devenues un enjeu écologique majeur pour la société internationale, au même titre que la couche d'ozone ou le réchauffement climatique. A ce titre, elles sont présentes dans l'ordre du jour des grandes conférences environnementales et mondiales telles que Rio (1992) ; Kyoto (1997) et Johannesburg (2002). Ces évènements ont influencé radicalement la perception et les pratiques forestières au nord comme au sud, au point d'entraîner des modifications sensibles dans les législations nationales. La forêt est rentrée à part entière dans le débat international, alors qu'elle ne concernait jusqu'alors que le département forestier de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). C'est ce dernier qui se bornait à centraliser et à rediffuser l'information mondiale sur le sujet.

    Dès le début des années 1990, l'ONU (Organisation des Nations Unies) s'est dotée de commissions spécialisées telles que IPF (Groupe Inter-gouvernemental sur les forêts, 1997) ; IFF (Forum Inter-gouvernemental sur les forêts, 1997-2000) ; et l'UNFF (Forum des Nations Unies sur les forêts, 2000). Ceci s'est réalisé à la suite de la conférence des Nations Unies qui s'était tenue à Rio, sur l'Environnement et le Développement durable. Des organisations spécialisées telles que la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement), l'ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel), et la Banque Mondiale (BM) ont désormais des commissions forestières. L'Union Européenne ( UE) n'a pas échappé à cet engouement et le Parlement Européen a publié au milieu de la décennie une étude exhaustive, l'Europe et la forêt. Elle a également élaboré une politique d'aide à la défense contre les incendies de forêts et un dispositif de surveillance sur la santé des forêts. Les ONG de protection de la nature associée en permanence à l'action des organes Onusiens, ont favorisé à la fin des années 1980, l'émergence de la notion de « Développement durable ». Ce concept a pris de la consistance en puisant une grande partie de ses définitions dans les grandes conventions environnementales signées à la suite du Sommet de la terre de 1992 et en faisant appel à des méthodes de régulation extérieure au droit international, comme la certification.

    Indépendamment de la triple fonctionnalité des forêts, c'est sa fonction écologique qui va les transformer en objet d'intérêt mondial. La forêt est donc devenue l'objet « incident » de la plupart des accords ayant trait à l'Environnement. Cependant, l'ordre en vigueur reste celui de l'économie internationale du bois et des rivalités inter-Etatiques ou inter-régionales. L'unanimité règne aujourd'hui autour de la gestion durable forestière. Nous le constatons à travers le récit suivant :

    Entretien 20: LEE White, 38 ans, Directeur de la WCS-Gabon, sur  forêt objet de relations internationales. Notre entretien a eu lieu à son bureau, précisément le 7juin, 2007 à 10h 30. L'entretien s'est passé dans la simplicité mais avant, nous avons d'abord pris un rendez-vous.

    « les Parcs Nationaux du Gabon visent la protection des richesses pour le bénéfique des générations futures, la contribution du Gabon à la préservation du patrimoine mondial, le développement d'une économie communautaire, la réduction de la pauvreté en milieu rural et le développement des produits écotouristiques ».

    En lisant ce récit, on comprend que les Parcs Nationaux mis en place ont à la fois un souci national et international. En effet, le Gabon a effectivement compris la nécessité de protéger ces écosystèmes. Par rapport à cette préoccupation le Gabon comme tout le reste du monde n'échappe pas aux conférences internationales en rapport avec la protection des forêts, la forêt le lie des autres pays du monde.

    Outre objet de relations internationales, la forêt est aussi une source de production d'« argent ». C'est dans cette vision des choses que s'inscrit la forêt des Monts de Cristal. Les matières qu'elle renferme sont très déterminantes dans l'économie nationale et internationale. Cependant la principale production de la forêt est le bois. Cette matière première est depuis longtemps un objet de relations internationale à part entière. Le bois d'oeuvre à lui seul participe à une grande hauteur aux échanges mondiaux de marchandises et la part des produits manufacturés ne cesse de croître. Contribuant largement aux flux des transports maritimes internationaux, le bois et ses dérivés nourrissent aussi de manière substantielle l'activité des principaux ports à bois de la planète. C'est le cas du Gabon. En effet, le marché du bois est très fructueux dans le pays. Cela peut s'observer à travers ce tableau.

    Tableau 25: Prix de quelques essences de bois sur le marché National

    Noms en fang

    Noms en Français

    Noms Scientifiques

    Prix Export/ m3 sur le marché ( FCFA)

    Anguma

    Okoumé

    Aucoumea klaineana

    164.200

    Adzap

    Moabi

    Baillonella toxisperma

    192.230

    Okola

    Douka

    Tieghemella africana

    149.590

    Oveng

    Kevazingo

    Guibourtia tessmanii

    2 38.145

    Mbèl

    Padouk

    Pterocarpus soyauxii

    192.228

    Asia

    Ozigo

    Dacryodes buttneri

    115.480

    Ébègne

    Ebiara

    Berlinia bracteosa

    149.590

    Tom

    Dabema

    Piptadeniastrum africanum

    100.395

    Okès

    Pao rosa

    Swartzia fistuloides

    165..990

    Edum

    Doussié

    Afzelia pachyloba

    278.810

    Aloma

    Bilinga

    Nauclea trillesii

    90..550

    Ayan

    Dibetou

    Lovoa trichilioides

    111.705

    Source : SNBG (Société National des Bois du Gabon), 2007

    En se référent à ce tableau, on comprend finalement que le secteur bois du Gabon est non seulement très riche mais aussi très développé. Le Gabon est doté des essences de qualité qui sont vendues au niveau national et international. Le prix de ces essences est très apprécié de tous. Cependant, ces prix diffèrent selon les essences et selon qu'il s'agisse du premier, deuxième troisième, quatrième, cinquième et sixième choix. Les bois de premier choix sont vendus en LM (Loyal Marchande), les bois de deuxième choix en QS (Qualité seconde), troisième choix en CI (Choix Industriel), quatrième choix en CE (Choix Economique), cinquième choix en CS (Choix Spécial) et sixième en IR (Bois Irrecevable). Les prix des essences de premier choix ne sont pas discutables. Tandis que ceux du deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième choix le sont. C'est la SNBG (Société Nationale des Bois du Gabon) et autres sociétés privées (Rougier, Leroy, GEG (Gabon Export Bois), Forex (Foreign Exchange) qui se chargent de cette vente.

    Autour de la transformation du bois, plusieurs secteurs industriels se sont développés, l'un regroupant une multitude d'entreprises de taille variable (sciage, meuble, panneaux, palette), l'autre concerne des multinationales de niveau mondial, c'est celui du papier, pour ne citer que ces deux secteurs. Ceci transforme les forêts en véritable enjeu économique de premier plan, en tant que réservoir de bois puisque la disponibilité massive de bois au niveau mondial est la condition essentielle du fonctionnement d'outil de transformation de plus en plus concentré et productif. Si les forêts au sens large sont devenues un objet écologique à géométrie variable, les arbres dont elles sont faites, obéissent à des intérêts économiques à la fois identifiables et puissants. La forêt n'a de rapports à l'international qu'à travers le bois et les autres ressources transportables et mobilières tirées de la forêt tels l'Or, le Diamant, etc. Par rapport à cela, Dominique d'Antin de Vaillac dira : « la forêt est un milieu de vie, elle rentre également dans l'économie du marché et représente une source de revenu pour l'homme » (2002 : 30). Le bois compte pour une part importante du PIB (Produit Intérieur Brut) d'une dizaine de pays tropicaux ou nordiques. C'est le cas du Gabon.

    1.2 Puits naturel de « Carbone »

    Un puits de carbone ou puits CO2 est un réservoir, naturel, ou artificiel de carbone dont la taille augmente constamment. On peut également le définir comme un réservoir de carbone qui, pendant un temps donné, absorbe globalement plus de carbone qu'il n'en rejette. Ce dernier vise le piégeage du CO2 et non son émission. Le concept s'est diffusé avec le Protocole de Kyôto (1997). Ce protocole a été institué dans le but de réduire les concentrations élevées et croissantes de CO2 atmosphérique et ainsi lutter contre le réchauffement climatique ou l'effet de serre. A la suite de ce dernier, diverses voies ont été explorées pour améliorer et développer les techniques de capture et stockage du carbone. Parmi ces techniques, nous avons la séquestration (ou piégeage, emprisonnement du carbone). La séquestration du carbone désigne les processus extrayant le carbone ou le CO2 de la biosphère et le stockant dans un puits de carbone.

    La photosynthèse est le principal mécanisme de séquestration du carbone. En théorie, elle consomme du dioxyde de carbone et produit du dioxygène et de la matière organique. Grâce à elle, les plantes, Les bactéries photosynthétiques, et la chaîne alimentaire ainsi que la nécromasse carbone utilisent l'énergie solaire pour capturer le gaz carbonique et le stocker sous forme d'hydrates de carbone, tout en assurant leur croissance. C'est par rapport à cela qu'on les considère comme des puits de carbone pour la partie « piégée » du carbone. La photosynthèse, est une réaction biochimique qui transforme schématiquement le carbone minéral (CO2) en carbone organique, grâce à l'énergie lumineuse.

    Les forêts sont des principaux réservoirs naturels de dioxyde de carbone qui deviennent émettrices de carbone. Pour la pérennisation de ce rôle, elles se doivent de bien grandir afin que leurs sols s'enrichissent davantage et durablement en carbone. C'est dans cette logique que l'Etat et les ONG vertes interviennent. Ces derniers à travers les projets de conservation mis sur pieds, luttent contre la déforestation sur le plan national et lutte contre le réchauffement climatique à la nationale et à l'internationalisation. Par ailleurs, Eric Loffeir dira : « les forêts ont un rôle naturel mais limité » (2002 : 5).

    Les écosystèmes forestiers fonctionnent comme une pompe à carbone en plus de leur fonction de réservoir de carbone. La forêt prélève du carbone dans l'atmosphère et le stock dans sa biomasse. Les arbres, le sol et une partie de la nécromasse végétale, animale, fongique et microbienne des forêts tempérées constituent le principal puits de carbone naturel planétaire, essentiel au cycle du carbone. Ils accumulent d'énormes quantités de carbone dans leur bois et dans l'écosystème via la photosynthèse. Leur rôle essentiel, à l'inverse d'un poumon, ils captent le carbone (C) contenu dans le gaz carbonique (CO2) pour libérer l'oxygène (O2), indispensable à la vie sur terre. Par ailleurs, ils modèrent les vents, amortient les pluies, filtrent les rayons du soleil, influencent le climat et contribuent à lutter contre l'effet de serre. Ces écosystèmes constituent donc une source d'énergie renouvelable et relativement propre. C'est dans cette logique que s'inscrit la forêt de nuage des Monts de Cristal. Avec ces innombrables arbres et plantes, elle joue le véritable rôle de puits de carbone.

    Par rapport à ce rôle de puits de carbone, le Gabon a organisé des séminaires et des conférences, on note le séminaire qui s'était tenu du 15 au 16 janvier 2007, sur l'écotourisme dans les Parcs Nationaux et les espaces protégés d'Afrique. Lors de ces conférences, il était question de débattre des problèmes relatifs à l'environnement. Il s'agissait de montrer l'importance de la forêt non seulement à la national mais aussi à l'international. Les chefs d'Etat de la République Gabonaise, recommandait une gestion ordonnée et durable des forêts. Il fallait faire comprendre au public que le mauvais usage des forêt n'a pour conséquence que l'augmentation de l'effet de serre et que ce dernier a des inconvénients dramatiques sur l'espèce humaine. A propos, Pierre Pèche et Yvette Veyret diront que : « l'homme, en détruisant la nature, il se détruit lui-même » (1997 : 225).

    2 - Méthodes de conservation des forêts

    2.1. Etablissement des législations et sensibilisation de la population riveraine au Parc National

    Dans toute la zone de l'accord, il existe une grande variété de législations nationales relatives à la conservation des espèces animales et végétales importantes en voie de disparition, menacées ou présentant une autre valeur. La législation est un instrument grâce auquel le gouvernement peut être plus efficacement habilité et mandaté pour atteindre ses objectifs dans les projets de conservation. Cette dernière tient compte de :

    - la faune ;

    - des zones protégées ;

    - des zones humides;

    - des forêts ;

    - de l'étude d'impact sur l'environnement ;

    - de l'accord des autorisations ;

    - du commerce ;

    - des taxes ;

    - de l'infrastructure ;

    - de l'accord des compétences aux agences et fonctionnaires gouvernementaux ;

    - des autorités centrales et de la constitution ;

    - des informations techniques relatives aux espèces et à leurs habitats ;

    - des facteurs socio-culturels particuliers dans lesquels, les espèces et leurs usages jouent un rôle.

    Les lois et règlements servent de base à la détermination des règles de conservation. Ils spécifient aussi bien la durée et le support de la conservation. Quel que soit le moyen ou la durée, la conservation doit être conforme aux principes de régularité. Au niveau national, le gouvernement a mis en place un inventaire d'articles, de décrets, textes, lois relatifs à la conservation de l'Environnement, et particulièrement du Parc National des Monts de Cristal. Ces législations sont primordiales à la conservation de cette forêt y compris des richesses qu'elle incarne. Ainsi, nous avons comme législation :

    - le Code de l'Environnement n° 281 du 15 Septembre 1993 ;

    - le Code Forestier n°452 du 16 Mars 2002 ;

    - le Code des Pêches et de l'Aquaculture n°514 du 11 Février 2006 ;

    - la Politique des Parcs Nationaux n° 463 du Décembre 2002 ;

    - l'ordonnance n°16/2002 d' août 2002 (Création des Parcs Nationaux au Gabon)

    - le Décret n° 1206/PR/MEPE du 30 Août 1993 (Définition des zones d'exploitation forestière) ;

    - Décret n° 611/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 (Portant classement du Parc National des Monts de Cristal) ;

    - Article 9 du code de l'environnement (Définissant les Ressources Naturelles) ;

    - Articles n° 27, 28, 29 du code de l'environnement (Définissant les aires protégées) ;

    - Article n°17 du Code Forestier (Définissant la gestion durable des ressources forestières) ;

    - Article n°102 du Code Forestier (Condition d'attribution des permis forestiers) ;

    - Articles n°208, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217,218, 219 du Code Forestier (Dispositifs à l'exploitation de la faune sauvage) ;

    - Articles n° 233, 234, 235,236, 237, 238, 239,240 du Code Forestier (De la commercialisation des produits forestiers) ;

    - Articles n°252, 253, 254, 255 du Code Forestier (Des droits d'usages coutumiers dans l'utilisation des forêts et des Ecosystèmes forestiers) ; pour ne citer que ceux-là.

    Ces législations aident le CNPN et la WCS dans l'exercice de la conservation et de la régularisation du Parc National des Monts de Cristal. Elles tiennent compte des écosystèmes, et d'autres acteurs sociaux, tels les populations riveraines au Parc et les exploitants ou sociétés forestières. Ces dernières les normes et les contraint à l'utilisation rationnelle et durable des écosystèmes de cet espace vert. Elles favorisent la sauvegarde des écosystèmes forestiers des Monts de Cristal. Par rapport à cela, Maurice Kamto dira : « toute volonté de protection de l'environnement doit nécessairement s'appuyer sur les normes juridiques » (1996 : 215). La constitution a un rôle préventif, et curatif sur l'environnement. L'environnement et la science juridique sont liés sur le plan de la conservation. Le non respect à ces réglementations obéit à des sanctions. A la suite des législations, le CNPN et la WCS ont et continuent à organiser les campagnes de sensibilisation sur le phénomène de conservation des écosystèmes du Parc National des Monts de Cristal.

    La sensibilisation consiste à informer et rendre quelqu'un sensible sur un fait. Les actions de sensibilisation des populations cibles ont été réalisées par le CNPN et la WCS, grâce aux sorties régulières sur le terrain. A travers les sensibilisations, les populations ont été informées du fait que des règlements existent au Gabon et interdisent la capture et la commercialisation clandestine des écosystèmes forestiers.

    Photo 7: Une campagne de sensibilisation dans un village riverain au Parc National des Monts de Cristal.

    Source : CNPN, 2005

    Cette photographie présente une campagne de sensibilisation dans un village riverain au Parc, il s'agit de Mala. Ce village est situé dans le secteur Mbé du Parc, sur la route de Kougouleu. A l'arrière plan de l'image, nous avons les responsables locaux et les gestionnaires du Parc, ils sont au nombre de 5. A gauche et à droite, quelques habitants du village, soit 9. Au centre, nous pouvons apercevoir un instrument de mesure de taille, à côté, une pesée et plus près, un tas de bois. Cette image montre en effet comment se sont passées les campagnes de sensibilisation lors de la mise en place du Parc. On constate que ces dernières ne se sont pas faites dans un grand engouement. Les habitants présents ne font même pas la moitié de la population de Mela. Les populations ont été très impliquées dans le projet. Il revient alors aux gestionnaires de renforcer leurs campagnes de sensibilisation.

    La stratégie adoptée pour arriver à ce résultat a été de s'appuyer sur la radio communautaire et d'organiser des animations populaires, des conférences publiques destinées aux différents groupes cibles. La radio communautaire a réalisé un travail de communication et d'information très important. Les émissions hebdomadaires en langues fang et française comprises par la majorité des habitants de la région de Medouneu, Kango et Cocobeach, étaient animées par les interventions des professionnels et par des interviews sur les sites. Leur travail consistait également à la projection des films. Pendant les campagnes de sensibilisation, les gestionnaires du Parc encourageaient la population sur les pratiques culturelles, tels l'art, l'artisanat, les danses, la médecine. En dehors de cela, ils organisaient également des conférences et des séminaires de formation à l'intention des agents des administrations telles Mairie, l'Assemblé départementale, la Préfecture et la Base pédagogique, le but étant le renforcement des capacités en matière de l'Environnement. Pendant les sensibilisations, ils distribuaient aussi les affiches et les brochures en ville et dans les villages. Ce travail a permis la sensibilisation de l'ensemble des acteurs sur la conservation, l'écosystème forestier et sur les bienfaits d'un Parc.

    Pendant les sensibilisations, les thèmes abordés ont été :

    - l'intérêt de préserver les écosystèmes forestiers ;

    - l'Environnement ;

    - les êtres vivants ;

    - introduction aux plantes ;

    - introduction aux animaux (animaux domestique et sauvage, les invertébrés et les vertébrés) ;

    - l'interdépendance dans la nature (les régimes alimentaires des animaux, la chaîne alimentaire et la toile de la vie) ;

    - la pollution de l'eau, de l'air et du sol, le braconnage et le déboisement ;

    - les animaux protégés ;

    - l'utilité des plantes ;

    - le Parc National ;

    - l'Environnement scolaire.

    Ces thèmes ont été développés par la radio local, au niveau des collèges et des écoles primaires. L'éducation environnementale vise à aider les enfants à développer une sensibilisation critique envers la détérioration du patrimoine culturel, et une connaissance basique de la conservation. Les cours sur l'éducation environnemental avaient une appréciation. Les organisateurs jugeaient le niveau de chaque élève et les meilleurs bénéficiaient d'une récompense.

    Malgré la disponibilité des ressources humaines, l'existence de structures de formation et de la recherche, la présence de certains projets d'éducation environnementale et de moyens de communication de masse (radio, télévision, etc.), les actions du Gabon sur le plan de la politique intégrée d'information, de sensibilisation, de formation et de recherche sur la conservation, l'utilisation durable et le partage équitable de la diversité biologique, sont encore timides. Cela se traduit par une insuffisance des connaissances de cadres formels spécialisés et d'infrastructures en matière de diversité biologique. A cela s'ajoute la dispersion des informations sur la diversité biologique au niveau des différents services techniques. Par ailleurs, les programmes de formation actuels mettent peu l'accent sur les divers aspects liés à la conservation et à l'utilisation durable de la diversité biologique. La mauvaise gestion des ressources biologiques constatée résulte de toutes ces contraintes, mais aussi de l'insuffisance de la formation et de l'encadrement des utilisateurs. Il convient alors à l'Etat Gabonais de renforcer :

    - sa politique nationale d'information, de sensibilisation, de formation et de recherche, en matière de diversité biologique ;

    - son système de collecte, de traitement et de diffusion de l'information sur la diversité biologique,

    - sa coopération scientifique et technique régionale et internationale, dans le domaine de la conservation et de l'utilisation durable de la diversité biologique ;

    - son système de recherche-développement en matière de diversité biologique.

    2.2 Exclusion des « autochtones » et la Mise « sous cloche »

    Les Fang sont largement reconnus comme étant  les «  premiers habitants de la région où se trouve le Parc National des Monts de Cristal, dans le nord-ouest du Gabon » disait Georges Balandier dans : (1962 : 84, 87, 88). Ils vivaient à l'intérieur de la zone couverte par le Parc. Ces deniers vivaient et subvenaient à leurs besoins principalement grâce à l'agriculture, la chasse, l'artisanat, la pêche et la cueillette. Aujourd'hui, ces activités sont devenues illégales. Les Fang savaient protéger la forêt, les animaux et autres ressources forestières. Ils avaient leurs vergers, cimetières, campements, autrement appelés « élik» etc. Ils avaient une vie agréable et digne.

    Avec la création du Parc, en 2002, ils ont été expulsés et dépouillés de certains sites de la région montagneuse. Actuellement, ils sont privés de leurs forêts, auxquelles toutes leurs activités sont liées. Ces derniers ont perdu des spécimens chers tels les crânes de certains chefs de village et autres parents. Situation qui n'arrange pas ce peuple, d'autant plus que ces monuments représentaient des symboles du pouvoir. Les Fang n'ont plus la possibilité d'utiliser leurs ressources. Ils sont privés d'accès à leurs campements. Ils disent « avoir été dépouillés de leurs biens ».

    Entretien 21 : OYANE NDOUTOUME Germaine, 52 ans, mariée, mère de 8 enfants, ethnie fang, village Akoga, clan Esokè, lignage Mba Zam département Haut-Como, canton Mbé, sur les inconvénients du Parc. Cet entretien s'est passé le 27 mars 2007, dans son village, particulièrement à sa véranda. Il était 10H30mn. Nous avons passé notre entretient dans un esprit de sérénité.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Ave Parc aso'o, awogane bia bafan éfolaneya'a. bia twafe yem yégn, dandna nsome.Nzo'o si a dzime mane kik afan. En gua ke bia afan éna'abi. Ane anga mane gnong édi éné vèn.

    1 Depuis la mise en place du Parc, nos rapports avec la forêt ont changé. Nos activités ont pris un coup, surtout la chasse. L'Etat a mal délimité les forêts. Il nous a donné une forêt pas très riche et il a pris les sites les plus importants.

    2 bili melos mia, me tsi ma'a, me biere ma'a medze afan anga gnong, ve bi sefe kui ewui. Engengni bia dzime ening. Bia kowong.

    2 Nos arbres fruitiers, nos anciennes plantations, les crânes de nos parents sont enterrés dans cette forêt, mais on ne peut pas y accéder. Actuellement, on vit une situation difficile. On vit dans la peur, la crainte

    3 mefan mensome mento'o avitsang.bis sefe bo'o nsome ane bia koum, ébot ba ka mye mefan be zargu bi bi. Bi sefe bo'o emam be tare ye be nane be gua lik bia

    3 Les sites de chasse sont devenus limités. On ne peut plus chasser librement, au risque de se faire arrêter par les agents des Eaux et Forêts. On ne peut plus faire nos rites initiatiques

    4 Be gua kik afan ka'a bi dzo. Bingua yem do'o ekuè be mena'a kik. Ane bingua wok abé, éde binga sile ébore benga ke adzoté na'a adzo bia ane dzameté da'a ligue.

    4 La délimitation s'est faite sans nous prévenir. Nous avons été au courant après. Face à cela, nous avons fait une guerre pacifique dans laquelle, on demandait aux gestionnaires du Parc de nous expliquer ce comportement.

    . 5 Moreté ke bi ve dzom, ke bi ve miang. Bia yebe do'o akale dzo'osi égna koum na'a bi bo'o do'o.

    5 Ils ne nous donnent rien en retour. Même pas de l'argent. Mais, on subit parce que c'est l'Etat qui commande, on ne peut qu'exécuter.

    6 Da bo'o bia eneme abi ane benga dzime mane kik si, ye dzona'a bi ta'a bera ni mefan, ve ba vuènena'a ene bia ning été

    6 Ça nous fait mal qu'ils aient mal délimité et y interdisent l'accès à nos forêts, car on se nourrit de ça.

    7 Gue beto'o ki bi lik na'a bi gni éti, bia be biéne binga belane mo'o ane bia so bia bo'o.

    7 Nous aurions souhaité qu'ils nous autorisent d'y entrer et nous recommande de faire une gestion raisonnable, comme nous le faisions auparavant.

    A travers ce récit, on se rend bien compte que la mise en place du Parc National des Monts de Cristal ne s'est pas faite d'une manière pacifique. Elle a obéit aux normes qu'on retrouve dans tous les pays africains en matière des aires protégées. La population fang a été dépouillée de ses biens. Cette dernière a perdu le cordon ombilical qui les lie à la forêt avec la mise en place du Parc. Situation qu'elle a acceptée par contrainte. Malgré ses multiples plaintes, elle ne s'est jamais faite entendre par l'Etat Gabonais., si ce ne sont que des simples promesses auxquelles elle fait face. Les Fang ont perdu beaucoup de leurs biens mais, ils n'ont jamais été dédommagés. En plus de cela, le conservateur du dit Parc et son équipe technique notamment la WCS n'ont pas tenu compte de la culture endogène lors de la délimitation des forêts.

    Les populations leur recommandent de revoir les limites afin que chacun trouve son compte. Pour eux, le Parc ne se trouve pas très loin du village et cela gène leurs activités. Les gestionnaires du dit Parc ne tiennent pas compte des recommandations instituées par l'UICN sur « la reconnaissance des droits des autochtones » (2003 : 302). Aucun village fang n'existe dans le Parc, on peut à juste titre signaler la présence de la SEEG-Gabon (Société d'Energie et d'Eau du Gabon). Le peuple fang habite aux alentours du Parc. Avec la mise en place des mesures d'application de la loi relative à la conservation de l'environnement, les Fang font figure «  d'intrus » clandestins sur leurs terres ancestrales.

    Ces derniers ont été expulsés et n'ont reçu aucune indemnisation. Alors que l'UICN reconnaît la réparation des pertes subies par les populations autochtones, les Fang voient maintenant leurs conditions de vie médiocres décliner, leurs moyens de subsistance détruits. Cette communauté locale soumise aux nouvelles mesures d'application constate que la loi imposée par le Parc est désabusée, car on leur a confisqué les droits forestiers qui permettaient leur survie afin de protéger les ressources naturelles.

    Les Fang souffrent d'une exclusion persistante depuis la mise en place des programmes de conservation institués au fur et à mesure de l'élaboration des plans de gestion du Parc. Cette expulsion a été promue par les défenseurs de l'Environnement. Ils ont été expulsés des forêts, de leurs campements conformément au plan de gestion du Parc qui interdit toutes formes d'exploitation afin de protéger l'intégrité de la biodiversité de la région, qui deviendra, pour le pays, « une source importante de revenus touristiques » (2003 : 302). La stratégie de conservation conventionnelle sur laquelle est fondé le règlement, interdit à la population de poursuivre ses activités de subsistance au sein des aires protégées. Or ce règlement a été imposé en l'absence de participation ou de consultation de la population quant à sa formulation et son application. Ce plan de gestion n'a fait intervenir aucune consultation éclairée des Fang. Les populations riveraines au Parc National des Monts de Cristal ont subi les pressions exercées par les gestionnaires du Parc. Ce sont eux qui contrôlent maintenant l'accès à la forêt. Cependant, l'UICN recommande une reconnaissance adéquate des droits de propriété, de mise en valeur, de maîtrise et d'exploitation de leurs terres communales, territoires et ressources dont ils sont les propriétaires ou occupations traditionnelles.

    Photo 8 : Un site de chasseur mis à feu lors d'une patrouille faite par les gestionnaires du Parc en forêt

    Source : CNPN, 2006

    Cette photo illustre un site mis à feu par les gestionnaires du Parc. A l'arrière plan, nous avons la forêt. Plus près il est question d'une tente et à côté, nous avons des bancs sur lesquels les chasseurs s'asseyent et un gobelet de couleur jaune. Cette image montre bien la situation dans laquelle les populations se sont trouvées lors de la mise en place du Parc. Ces dernières ont tout perdu, c'est le cas de leurs campements de chasse.

    Les gestionnaires du Parc disent avoir réagi contre leurs grés. Cependant, pour aboutir à une conservation durable des écosystèmes forestiers, les peuples habitant les régions se doivent de les quitter, afin de limiter l'impact de ces derniers sur les ressources. Par rapport à cela Sabine Rabourdin dira qu' : « il est bien illusoire pour protéger les écosystèmes forestiers d'en éloigner l'homme, d'autant plus que les territoires que l'on considère comme vierges et sauvages sont souvent plus ou moins influencés par une présence humaine antérieure » (2003 : 32). Marcus Colchester ajouta que : «  le rôle des autochtones est très déterminant dans les projets de conservation » (2003 : 29). L'exclusion des autochtones au sein des milieux que l'on veut protéger ne facilite pas la sensibilisation. Dans ce cas de figure, il est difficile d'espérer une cohabitation harmonieuse.

    Entretien 22 : AKARE NGUEMA Victoire, 63 ans, village Avang, ethnie fang, clan Oyèk, Veuve, 10 enfants, lignage Bewe Be Zame, province Woleu-Ntem, département Haut-Como, ville Medouneu, sur le vécu des populations depuis la mise en place du Parc. Nous avons eu cet entretien le 14 Avril, 2007 dans sa cuisine. Notre entretien a mis 45 mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    ngueng benga zu bô parc benga mane bi dure mefan. be mane tchik mefan, belik ne biè ne bi tâ tele mebô étun afan té akal étô akal ngomane. ane benga dzona'a ngue mbot avu ékite, mboté bâ ye gne sure. ebot bakal mefan ba kal dzamte.

    Lorsqu'ils sont venus mettre le Parc en place, ils nous ont arraché nos forêts. Ils ont coupé la forêt et ils nous ont demandé de ne plus jamais mettre pied dans cette partie de forêt parce qu'elle appartient désormais à l'Etat. Ils ont ajouté que si jamais quelqu'un venait à transgresser cette loi, il sera sanctionné. Les écogardes veillent sur ce principe.

    Ce récit témoigne bien la situation qu'ont vécue les populations lors de la mise en place du Parc. Ces dernières ont été dépouillées de leurs forêts. Elles sont effectivement, victimes d'une interdiction d'accès à cette forêt. Les gestionnaires pensent qu'elles sont destructrices et non protectrices du massif forestier des Monts de Cristal. Après l'exclusion des autochtones, les gestionnaires du Parc ont mis la forêt « sous cloche ». La mise sous cloche se définit comme la protection intégrale d'un site contre l'action anthropique. Seuls sont autorisés un droit de passage et un droit de prélèvement, les gestionnaires et les chercheurs. Les écogardes sont chargés de sa surveillance.

    L'intérêt écologique et la qualité paysagère du site dépendent particulièrement de la conservation de son couvert végétal, permettant de lutter contre l'érosion, l'effet de serre et de préserver la biodiversité. Les gestionnaires pensent que l'évaluation économique de la biodiversité a sans doute un sens plus palpable, dans la mesure où la forêt recèle des ressources qui sont largement exploitées. Pour ces gestionnaires : « La biodiversité est rentable ».

    Entretien 23 : NDJIMBI Frank, 40 ans, Directeur de communication et des relations publiques au CNPN-Gabon, sur le rôle de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au CNPN le 3 juillet 2007 à 11h10 mn.

    « On met la forêt sous cloche pour plusieurs raisons : l'écologie et l'économie. La forêt lutte contre le réchauffement climatique. Elle joue un rôle important dans la séquestration du carbone. En dehors de cet apport écologique, la forêt des Monts de Cristal a également un très grand apport économique et social à travers non seulement son apport énergétique mais aussi le tourisme. Elle participe à la lutte contre la pauvreté. Elle est aussi une source de relations internationales à cause du fait que l'effet de serre soit au centre des débats internationaux ».

    Après lecture de ce récit, on peut dire que les gestionnaires ne se préoccupent pas réellement de la situation des populations. Ce qui importe pour eux, c'est la rentabilité. Leur préoccupation première, c'est de protéger les forêts pour renforcer l'économie du pays et tisser les relations avec l'extérieur. Face à cette attitude, on ne peut hésiter de dire que les débats sur la conservation au Gabon sont davantage du côté du Mythe d'Eden et de l'idée que la nature est « bonne » et l'action humaine nécessairement « mauvaise », prônant alors la mise sous cloche au sein de cet espace protégé. Malgré les réticences exprimées, la théorie relative à la mise sous cloche est bien révolue au Gabon, et précisément dans le Parc National des Monts de Cristal. L'exploitation clandestine des ressources naturelles du site protégé étant très illégale d'après les gestionnaires du Parc et le code forestier du Gabon, seules les zones hors Parc sont exploitées, sur présentation d'un permis forestier d'après l'article 94 du code forestier du Gabon.

    Le constat qu'on peut faire ici est que, seuls sont réellement condamnés à ne pas exploiter, les villageois. Les sociétés forestières sont des véritables envahisseurs dans ces forêts, bien que le faisant légalement mais ces dernières ne tiennent pas réellement compte des normes d'exploitation. On remarque quelque fois que certaines ne respectent pas, pour ce qui est du bois, les 60 à 80 cm de diamètre que l'on recommande. Ces auteurs exploitent toute sorte de bois. Suite à cela, Kupupu Diwa Mutimanwa a dit : « La protection est une forme de domination » (2003 : 100) et Sabine Rabourdin ajoutera que : « La mise sou cloche n'est pas toujours le meilleur moyen de préserver un écosystème, elle apparaît comme un contournement, une fuite » (2003 : 33).

    On peut se permettre de dire que ce système de préservation est en effet trop inégal, favorisant quelques zones protégées de manière expérimentale au détriment du reste où il est alors loisible de s'adonner à tous les excès. Excès qui toutefois, peuvent avoir des répercutions sur la zone protégée. Pour distinguer ce site des autres qui sont soumis à l'exploitation, les gestionnaires ont procédé à la mise des étiquettes sur des arbres. Sur ces derniers, ils mentionnent le terme « Parc National ». Ce signe renseigne les exploitants forestiers. En voyant cet indice, ils sont privés de toute exploitation, quelque soit le domaine économique. Toute exploitation est soumise à une punition sévère et suivie d'une amande.

    Photo 9 : Un arbre portant les limites du Parc dans le village Mbé-Akelayong

    Source : CNPN, 2006

    Cette photographie présente quatre agents chargés de procéder à la délimitation du Parc. Celui qui est assis à gauche porte une casquette sur laquelle est posée un GPS, appareil servant à situer les cordonnées géographiques d'un point. Derrière, on aperçoit un gros arbre qui porte des marques de peinture rouge et une étiquette de couleur jaune sur laquelle est mentionné « Parc National » et juste après, un seau de peinture sur lequel est posé un pinceau. La pose de cette marque et de cette étiquette interdit aux villageois de mener des actions dans cette zone. Ce qu'ils dénoncent par ailleurs dans leurs discours respectifs. Les villageois et les sociétés forestières ont interdiction de couper ces arbres.

    Outre cet indice, ces derniers ont également construit une « Barrière » en tôle. Cette dernière sépare le site protégé des autres. Aucun individu n'est autorisé à y franchir, sauf sur lettre de recommandation du conservateur du Parc. La barrière consiste aussi à protéger les animaux et surtout les plantes, principale force de ce site, de toute agression humaine.

    Entretien 24 : NDONG ALLOGHO Hervé, 34 ans, Conservateur du Parc National des Monts de Cristal-Gabon, sur les méthodes de conservation. Notre entretien a eu lieu le 4 Avril 2007 au CNPN-Gabon et il a duré 45 mn.

    « Nos méthodes de conservations sont diverses. Nous faisons des sensibilisations, nous excluons la population de la zone à protéger, nous mettons des pancartes sur lesquelles nous «écrivons Parc National », sur les arbres et nous construisons une barrière à la limite avec la zone d'exploitation des populations. Nous avons conservé seulement les infrastructures qui préexistent au Parc. C'est le cas de SEEG ».

    A travers ce récit, on peut retenir que le CNPN et la WCS ont des méthodes de conservation qui se différencient de celles des populations autochtones. En effet, nous avons l'exclusion autochtone et la mise sous cloche de la forêt. Cependant, ces méthodes ne s'appliquent pas sur tout le monde, nous avons des exceptions. C'est le cas de la SEEG. Cette société préexiste au Parc, ce qui à prévalu à sa maintenance dans le site destiné à la préservation. Par rapport à cela, la question reste : Est-ce fondamentalement pour son rôle économique que les gestionnaires ont accepté de la garder dans le Parc où pour la simple raison qu'elle préexiste au Parc ?

    Quatrième Partie :

    Les fondements socio-culturels liés à la confrontation entre les villageois et le CNPN/WCS

    Chapitre 7 : Les limites de la politique du Parc National

    des Monts de Cristal

    1. Les causes

    1.1 Marginalisation des villageois

    Depuis la création du Parc en août 2002, il n'a jamais été demandé l'avis de la population fang par rapport au projet de conservation. Les quelques fois qu'elle a été consultée, ses doléances ne se sont jamais prises en compte. Elle fait face aux fosses promesse. Les gestionnaires l'ont promise qu'ils irons revoir les limites du Parc, jusqu' à ce jour aucune activité n'a été faite. Les Fang sont marginalisés dans ce projet de conservation. Leur consultation s'est limitée uniquement à la confiscation de leurs campements, forêts sacrées. Les gestionnaires estiment qu'ils ne connaissent rien de la conservation de la nature. Cependant, ils oublient effectivement que cette population a assuré pendant des décennies la conservation et la protection de la faune et flore du massif forestier des Monts de Cristal.

    Depuis la mise en place du Parc, aucune activité relative au développement durable n'existe dans la région. On est même tenté de dire que le projet d'éducation à l'environnement mis en place au Gabon, et particulièrement dans les Monts de Cristal ne s'inscrit pas dans le contexte d'aide régional, mais international, d'autant plus qu'il n'émane pas d'une demande locale et ne suscite pas l'adhésion de la population.

    Aucun changement social et économique ne s'est produit dans la zone des Monts de Cristal, si l'on s'en tient à la logique du développement durable. La vie des villageois n'a connu aucun changement depuis la mise en place du Parc. D'aucun disent que « le Parc est encore dans sa phase initiative ». Ils ajoutent que : «  le tourisme communautaire visé n'est pas mise en place pour des raisons de Fond ». Les villageois subissent seulement des législations. Situation qui met le projet dans une phase difficile.

    Entretien 25 : BRYAN Curram, Américain, 49 ans, Ex-Directeur des Projets WCS-Gabon.

    Le rendez-vous de cet entretien a été pris le mardi 11 avril 2006. L'entretien a eu lieu au WCS le 14 avril 2006 à 15h après que la secrétaire nous ait introduite. Il a eu lieu dans une ambiance détendue empreint de compréhension mutuelle. L'entretien a démarré à 15h50mn. Il a souhaité prolonger l'entretien du fait de la pertinence de notre sujet. Mais ses obligations professionnelles ne le lui ont pas permis.

    « Nous ne pouvons pas encore parler d'un apport économique dans le Parc des Monts de Cristal, mais des services écologiques car cette forêt est un fournisseur d'eau et d'électricité. Il n'y a pas d'investissement au niveau de ce Parc, aucun développement touristique comme c'est le cas dans la lopé, loango. Ceci est dû au fait que le Parc n'existe que depuis quatre ans. Le tourisme est difficile à développer dans ce site parce que les touristes sont fascinés par les animaux. Ceux des Monts de Cristal sont difficile à voir».

    Si l'on s'en tient à ce récit, on peut prendre le risque de dire que le Parc des Monts de Cristal n'est pas encore rentable sur le plan National, International, encore moins local. Cette situation est due au ralentissement des travaux. «  Le Parc manque de bailleurs de Fond », disaient t-il.

    Si l'on se réfère au rôle de ce massif forestier, en tant que réservoir d'eau et source d'électricité, qui alimente Libreville et ses environs, est ce que l'on ne peut pas parler de rentabilité économique ? Cette forêt de par son rôle écologique, est rentable sur le plan national et international, sauf sur le plan local. Malgré leur proximité, certains villages proches du « puits d'eau et d'électricité manquent toujours d'eau potable et d'électricité. Les populations s'alimentent en eau de source et se servent de lampes tempête ou des groupes électrogènes. Elles conçoivent cela d'inégal. L'Etat doit tenir compte du « principe 2 » (2003, 304) des principes et lignes mis en place par l'UICN. D'après ce principe :

    « Les Etats doivent améliorer les qualités de vie des populations, ces derniers doivent bénéficier directement et équitablement de la conservation et de l`utilisation durable des ressources naturelles que leurs espaces terrestres, côtiers ou marins et d'eau douce contiennent »

    Depuis la mise en place du Parc jusqu'à nos jours, les populations vivent toujours dans la pauvreté, des conditions précaires. Les villes de Medouneu et Cocobeach n'ont connu aucune amélioration, elles manquent d'infrastructure d'accueil et connaissent des problèmes à plusieurs niveaux.

    Entretien 26 : NKOGHE NIZELE Julien Alexis, 48 ans, Marié, Père de six enfants, ethnie fang, village Andok-Foula, département Como-Kango, clan Opoè, sur les rapports des villageois avec les gestionnaires. Notre entretien s'est passé dans la journée du 4 avril 2007 dans le village du pré-cité. Il avait eu lieu sous sa véranda, en présence de sa nombreuse famille à savoir son épouse, ses enfants, ses frères et ses soeurs. L'enquête a démarré à 13h33mn et elle a duré 30mn. Nous avons commencé par les rituels de politesse, nous présenter et décrire les objectifs de notre étude.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Édzame WCS ye CNPN angâ dzo bia engueng angua dzou bi yén ése ke été akal na'a bi tâ na'a Parc abele émame me ne abi edeng émame mene vê. Bingua bwuine na'a Parc aka'a sô, éning dza'a éke folane, bia ye deng bisè ane mbot abelane afan angua dzô bia, bi ave bia via yen na'a bia bia dzimle. Bia yeng dia, bia deng ke dzo, kegue yen dzame da folane. Bi tâna'a dzam dembobanedia.

    1 Contrairement à ce que nous disait la WC S et le CNPN lors des campagnes de sensibilisation, on constate que le Parc a plus d'inconvénients que d'avantages. Nous croyions qu'avec l'arrivée de ce dernier, comme le disaient les gestionnaires, nos vies allaient changer, nos enfants et nous mêmes allons trouver du travail, on se rend bien compte que nous sommes des véritables perdants. On ne voit et on ne gagne rien, pas de développement. on subit seulement les lois et nous avons l'impression qu'il n'y aura aucune activité, ni de changement.

    2 Engueng bot ba bebia, bia belane bô ve bot beté ba yiane ked dô. Ba bô na bia yébwan ba'a bi dzime ning. Mengueng medzeng, ba lik bia bigong engueng ba lot akal na'a bevele lore lelu menda ma'a. dzame été éke beme ye ke tcui odén?

    2 Lorsque ces gens viennent ici, on les reçoit bien parce que nous sommes sociables, mais en réalité, ils ne le méritent pas. Ils nous font trop souffrir. On a nos enfants qui souffrent ici. Parfois, ils nous laissent des boites de conserve lorsqu'ils sont de passage et ils le font c'est parce qu'on les loge. Cette situation va durer jusqu'à quand?

    Ce récit témoigne la souffrance qu'endurent les populations riveraines au Parc National des Monts de Cristal. En effet, ces populations sont très marginalisées dans les projets de conservation. L'Etat ne tient pas compte d'elles. Contrairement à ce que l'on pense de la politique des Parcs, celle mise en place aux Monts de Cristal n'est pas rentable et les villageois sont impatients de voir cette illusion se concrétiser. L'Etat se contente à juste titre de son profit et non l'inverse. Notons également que certains craignent que cela ne soit une perspective sans suite. Il incombe alors à l'Etat Gabonais de revoir cette politique de conservation, afin de répondre aux exigences des villageois. La politique de conservation instituée par l'UICN applique la théorie du «  don et du contre don » de Marcel Mauss. Les villageois espèrent recevoir les retombées du Parc.

    Les Problèmes connus dans la ville de Medouneu :

    - Manque de structures hôtelières de qualité pouvant répondre aux attentes des clients ; notamment la propriété des bâtiments dûe au manque d'eau (elle dispose néanmoins d'un seul motel, cependant, il ne répond pas aux exigences des clients) ;

    - Manque de pharmacie (Les populations se procurent des médicaments auprès des soeurs de l'église catholique à des prix pas très abordables) ;

    - Manque d'eau potable malgré les nombreux réservoirs d'eau de la SEEG ;

    - Manque d'enseignants Gabonais dans le CES et dans certaines écoles primaires des villages riverains au Parc (les enfants font des semaines entières sans se rendre au cours) ;

    - Manque de micro-projet pouvant permettre aux populations d'améliorer leurs conditions de vie ;

    - Manque de structures touristiques communautaires envisagées dans les projets de conservation ;

    - Manque de guides touristiques ;

    - Manque de structures pour les gestionnaires du Parc et autres acteurs de la conservation ;

    - Manque d'écoles primaires dans certains villages ;

    - Chômage accentué.

    - Manque de dispensaires dans certains villages ;

    Photo 10 : La prise de l'eau dans la ville de Medouneu

    Source : source : Cliché Aimée Prisca Mekemeza Engo

    Sur cette photographie, nous voyons une femme et ses deux fils qui reviennent d'une source d'eau avec les récipients sur la tête. A côté, nous avons des plantes. Cette image prouve effectivement que la ville de Medouneu et ses environs connaîssent des problèmes notamment en eau potable. Malgré la présence du Parc, ces régions vivent toujours dans la précarité.

    Les problèmes connus dans la ville de .Kango :

    - Manque d'infrastructures ;

    - Manque de médias (Radio, Télévision, il faut nécessairement avoir une parabolique);

    - Manque de moyen de transport ;

    - Manque de médecin ;

    - Manque de pharmacie, on compte seulement un dépôt.

    - Eaux et Forêt ;

    - Manque de micro-projet ;

    - Manque d'eau potable dans les villages proches du puits d'eau, seulement en ville ;

    - Manque d'écoles primaires dans certains villages ;

    - Manque de guide pour le tourisme communautaire ;

    - Route non praticable (Kougouleu-Song) ;

    - Manque de structures touristiques communautaires envisagées dans le projet de conservation ;

    - Manque d'écoles primaires dans certains villages.

    - Chômage accentué.

    - Manque de dispensaire dans certains villages

    Photo 11: Une voiture de la WCS et deux « routiers » dans un bourbier sur le tronçon Kougouleu-Song

    Source : WCS, 2006

    Cette photo présente au premier plan une voiture de la WCS et plus loin, deux voitures qui font le transport routier. Sur le côté gauche de la photo, nous avons de tronc d'arbres et des deux côtés de la forêt, nous avons un paysage. La photo illustre l'état de la route. La région de Kougouleu jusqu'à Song manque de route praticable. Les populations ont du mal à se déplacer surtout en saison de pluies d`autant plus que les voitures se font rare. Les populations ne peuvent non plus faire l'activité commerciale. Elles sont obligées de vendre dans leurs villages respectifs.

    A travers ces problèmes, on peut dire qu'il n'existe encore aucune trace relative au Parc. Le Parc n'a pas encore de réelles retombées auxquelles s'attendent les populations. Le souhait de ces dernières, c'est de voir un développement durable effectif prendre essor dans les zones périphériques.

    Entretien 27 : ANDEME OBAME Georgette, 50 ans, ethnie fang, clan Yégun, Mariée, village Mbé-Akélayong, département Haut-Komo, sur La conception du Parc. Nous avons passé notre entretien le 9 avril 2007. Ce dernier a eu lieu dans sa cuisine. Il a commencé à 8h24mn et s'était achevé à 8h50mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    abale émame be tare benga lik biè. ébo'o bâ bene yéne abime betsit ye bilé bia ning be. éne fe vena'a bi somane édzom be tare bân lik bia. be yeng bene sô oyap ne ba zu yén mbeba be mame ma'a. ve bia kum na'a édjuè ésimane na'a ékom bia si ye ve bia bisen.biâ vine dzam parc, bia gneguegnegue akal Parc

    Nous ne sommes pas contre le Parc, au contraire nous apprécions énormément. A travers le Parc, nous pouvons conserver notre patrimoine naturel. Nos enfants pourront voir certains animaux, plantes que nous utilisons maintenant. Nous pourrons valoriser notre patrimoine culturel. A travers le tourisme, de nombreuses personnes pourront venir découvrir nos merveilles. Cependant, nous souhaiterons que l'Etat gabonais pense à nous, développe notre région et diminue le taux de chômage.

    A travers ce récit, on peut noter que la politique du Parc est bien appréciée des populations. Les populations pensent que le Parc est une bonne chose et il a la raison d'y être. Ils croient que si les choses se mettent bien en place, cela pourra également être à leur avantage. Pour ces derniers, ils pourront trouver du travail et diminuer le taux de chômage. A travers le tourisme, ils pourront développer des micros projets dans lesquels elles vont valoriser leur savoirs-faire. En dehors de cet aspect, elles souhaitent que dans le futur, l'Etat trouve un terrain d'entente et qu'il leur prête beaucoup d'attention.

    1.2. Absence de Cogestion dans le projet de conservation

    Selon l'UICN, « la co-gestion est une situation dans laquelle plusieurs acteurs sociaux négocient, établissent et garantissent entre eux le partage équitable des fonctions, droits et responsabilités de gestion pour un territoire donné ou un groupe de ressources naturelles » (2003 : 26). Depuis la mise en place du Parc, les villageois n'ont jamais fait face à une conservation en commun de l'espace protégé de la forêt des Monts de Cristal. Ces derniers sont marginalisés. Ils sont confrontés à leur faible implication dans la gestion des ressources forestières alors qu'ils sont toujours considérés comme des « gardiens » des forêts. Les gestionnaires estiment que leur tradition est taboue et qu'ils n'ont pas de rôle à jouer dans le projet.

    Au Gabon, et particulièrement dans la politique du Parc des Monts de Cristal, on constate réellement, comme cela se passe dans la majorité des pays africains que l'approche cogestion est encore tâtonnante malgré le recours à des outils de gestion performants fondés sur « l'approche patrimoniale » et « l'approche terrain ». Les ayant droit ne figurent pas autour de la table de « conciliation » ou de « négociation ».

    La conservation de la biodiversité reste principalement du ressort de L'Etat central, de l'ONG verte et des décideurs internationaux, pour qui, les aires protégées constituent des outils privilégiés de protection de la faune, flore et autres ressources. Cette attitude favorise d'extrêmes difficultés pour faire appliquer la politique de conservation sur le terrain. D'où, une forte présence des contradictions entre les champs de l'autorité légale et coutumière et cela entraîne des blocages dans les projets.

    Le projet d'éducation à l'environnement mis en place au Gabon, et particulièrement dans les Monts de Cristal ne s'inscrit pas dans le contexte d'aide régional, mais international, d'autant plus qu'il n'émane pas d'une demande locale et ne suscite pas l'adhésion de la population. La WCS ne consulte pas les populations dans les problèmes réels de la conservation. Les quelques fois qu'elles ont été consultées, leurs opinions n'ont jamais été considérées. On les questionne sur leur vécu, modes de vie alimentaire, sans pourtant chercher à avoir leur avis sur l'établissement d'une méthode de conservation efficace et durable, leur place dans le projet par exemple.

    Les partenaires qui se nouent entre l'aide extérieure et les communautés locales doivent créer les conditions d'une participation effective : laisser exprimer leurs besoins, leur permettre une évaluation quotidienne du projet. La population veut prendre part à toutes les décisions et aimerait que leur culture soit valorisée dans ce projet de conservation. Cette dernière dit que : «  s'il y a problème, c'est parce que l'Etat ne veut pas les impliquer dans le projet ».

    Entretien 28 : OVONO MBA Frédéric, 42 ans, ethnie fang, marié, père de six enfants, infirmier d'Etat, lignage Aveba-Nzame, village Mela, département Como-Kango, clan Efak sur les limites du Parc. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 dans son corps de garde. Il avait exigé que nous nous présentions et présentions les objectifs de notre présence dans le village. Cet entretien avait démarré à 19h10mn. A l'issue de cet entretien, il nous a remis des oranges.

    Texte en fang

    Traduction française

    1 Bia belane dia ye Parc. Engueng ba konlegne ba dzo'o bia. Ve engueng bengua tchik bédzogue fe bia.

    1 Nous ne sommes pas impliqués dans la gestion du Parc. Lors de la mise en place du Parc, ils nous ont informés. Cependant, lors de la délimitation, certains villages n'ont pas été au courant.

    2 Bia yeme dia édzam babô mengueng medzeng be vele zo mindzo midzal na'a be dzu bi dzo na'a bi yeme belanegne. Ba kôbe mameté ve ye mintzzo'o midza'a. bia kume yén bia bebo'o ye bon'a awogane étôbe ézang bia beb'o.

    2 Nous ne sommes pas impliqués dans le projet, il leur arrive parfois de demander à certains chefs de villages de sensibiliser leur population sur la conservation. Ils ne discutent pas de conservation avec le reste de la population. Notre souhait est de travailler de concert et créer une ambiance avec eux.


    Après lecture de ce récit, on peut retenir que les populations riveraines sont impliquées d'une manière « partielle dans les projets de conservation. Ces derniers ne veulent plus jouer les « seconds rôles », elles veulent que leur rôle soit total, que l'Etat Gabonais leur accorde le même statut que la WCS dans la politique de conservation. Cela évitera des éventuelles difficultés et installera un climat d'ambiance.

    « Les ressources naturelles doivent être gérées pour le bien de tous et les communautés locales doivent jouer un rôle central dans la gestion des ressources de leur localité » (2003 : 180-182) disait Pénninah Zaninka

    La meilleure façon de traiter les questions environnementales est d'assurer la participation de tous les acteurs de la conservation. Les compromis entre environnement et développement ne se négocient pas seulement entre Etats et des organisations internationales, nationales, mais aussi à la base, au niveau local. C'est le lieu privilégié du partenariat. Le CNPN et la WCS doivent renforcer le rôle des autochtones afin de leur permettre de participer activement à la formulation des politiques de développement susceptibles de les affecter et de faire connaître leur avis sur la gestion de leurs propres conditions de vie. A ce sujet, Norbert Winner dira : « Si les hommes communiqueraient, il y aurait moins de guerre » (2003).

    Allant dans le même sens, dans l' « agenda 21 »5(*) du sommet de la terre de Rio, qui s'était tenu en 1992 sur le thème « De la participation des « populations locales et autochtones » à la gestion des ressources naturelles », il était question de reconnaître le droit des populations riveraines aux aires protégées à la gestion des dits espaces. Cette Convention internationale sur la biodiversité reconnaît des droits aux « populations indigènes » sur le milieu qu'elles habitent et souligne l'importance de leur rôle dans la mise en place d'une gestion durable des forêts. Cette théorie est aujourd'hui une option incontournable des politiques de « bonne gouvernance » et des programmes de « développement durable ».

    L'UICN ajoutera que : «  Les peuples autochtones maintiennent des liens de longue date avec la nature, dont ils ont une profonde compréhension. Ils ont souvent contribué de façon significative au maintien de nombreux écosystèmes parmi les plus fragiles de la planète, à travers leurs pratiques traditionnelles d'utilisation durable des ressources et leur respect de la nature fondé sur la culture. Par conséquent, il ne devrait pas exister de conflit intrinsèque entre les objectifs des aires protégées et l'existence, à l'intérieur de leurs frontières, de peuples autochtones. En outre, ces peuples doivent être reconnus comme des partenaires légitimes et égaux dans le développement et la mise en oeuvre de stratégies de conservation qui touchent leurs terres, territoires, eaux, mers côtières et autres ressources, et en particulier lors de la création et de la gestion d'aires protégées ».

    Si dans les discours institutionnels et politiques dominants comme dans les énoncés des programmes de coopération internationale, les formules consensuelles du « développement durable » et de la « participation locale » se sont imposées de toute leur évidente bienveillance, leur mise en oeuvre dans la pratique ne sert guère la cause de ceux qui sont censés en être les bénéficiaires. Tel est le cas du Gabon, et en particulier dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Alors même que l'on prône partout la participation, les populations locales de la région des Monts de cristal disposent de moins en moins de contrôle sur l'accès à leurs ressources naturelles. Cependant, Pour que le gouvernement des populations fang soit totalement efficace, il faut que les individus se définissent eux-mêmes dans les termes du développement durable.

    A la suite de ceux là, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement consacré à la mise en application de la Convention sur la diversité biologique de 1993 dira : « Les communautés autochtones résidant principalement dans des régions à forte diversité biologique ont cultivé et judicieusement utilisé pendant des millénaires la diversité biologique de leur environnement immédiat. Par conséquent, si les espèces et écosystèmes veulent être maintenus et utilisés valablement, ces peuples doivent avoir une part et un intérêt dans cette conservation. En tant que gestionnaires du site et possédant une connaissance approfondie de l'environnement local, ces communautés sont ultimement responsables de l'introduction de toutes politiques de conservation et d'utilisation durable » (Agenda 21). Les populations locales sont objectivées comme les dépositaires de savoirs qui ont permis la préservation de la diversité, ce qui permet de leur attribuer un rôle au sein de l'appareil de développement durable : celui de « participer ».

    2. Les conséquences

    2.1. La méfiance

    Il existe un climat de méfiance entre les populations et les gestionnaires du Parc. Ceci découle d'une incompréhension dans le projet de conservation. Les populations estiment que ce projet ne les concerne pas, et qu'il est du ressort de l'Etat. Les populations se sentent trompées, et elles sont persuadées que cela dissimule beaucoup d'intérêts, bien que ne gagnant rien. Elles ressentent le projet comme une expulsion, et une déposition de leurs droits. De ce point de vue, toute action entreprise doit rapporter des bénéfices, même si on ne comprend pas vraiment de quoi il s'agit. C'est dans cette logique qu'aucune crédibilité n'est donnée à l'explication, par des gens venant de si loin, garder les animaux, les plantes et autres richesses du sous-sol. La participation de la communauté dans la gestion des ressources forestières est désormais considérée comme une partie essentielle de tout projet de conservation des forêts. Néanmoins, les communautés sont encore insuffisamment consultées et leur participation demeure insuffisante. Le manque d'attention pour les caractéristiques sociales et économiques des individus, institutions et villages qui composent la communauté qui utilise les ressources de la forêt, est en partie à l'origine de cette méfiance.

    Les projets de conservation des forêts ont aussi souvent oublié de prendre en considération le contexte historique des utilisateurs. Les populations se trouvent souvent exclues des discussions concernant l'aménagement des forêts bien qu'elles aient été impliquées dans certaines interventions liées au développement du projet. Cela les empêche de prendre part aux enjeux liés à l'aménagement des forêts de nuage des Monts de Cristal.

    « Il est peu probable que ceux qui dépendent des ressources forestières soient tentés de les gérer de façon durable si leur accès à ces ressources, ainsi que la valeur de celles-ci, continue à diminuer. Il faut en effet que leur maintien présente de réels avantages économiques » (Mosse, 1996). Pour assurer l'aménagement durable des ressources forestières, il est crucial d'impliquer davantage les habitants de la forêt des Monts de Cristal dans les décisions concernant la forêt et ses ressources. Sans l'engagement et le pouvoir de décision de ces personnes étroitement liées à la forêt, le projet de conservation a peu de chance d'atteindre ses objectifs, et le climat de méfiance perdura.

    La participation des communautés locales, premiers utilisateurs des terres, est la clé du succès. Ce sont ces dernières qui font qu'un programme réussit ou échoue. Si elles sont correctement motivées, elles ont la capacité d'apporter des changements dans l'utilisation des terres. Si la participation des populations est donc une nécessité, son application n'est pas toujours évidente dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Il existe à l'heure actuelle une documentation abondante témoignant que les communautés villageoises subissent une forte discrimination dans les sociétés où elles habitent, qu'elles sont exploitées par d'autres secteurs, et que leurs droits aux ressources dont elles dépendent pour leur subsistance n'ont pratiquement aucune protection. Beaucoup de ces groupes habitent des régions où les organisations de conservation locales, nationales et internationales ont des intérêts puissants.

    Dans presque tous les cas, la plainte qui revient chez les communautés locales concerne l'absence de consultation à propos des projets de conservation. Très souvent, leurs problèmes découlent de la non-reconnaissance de l'accès dont ils disposaient traditionnellement et de leurs droits d'utilisation sur des terres qui sont maintenant délimitées en tant qu'aires protégées. Par rapport à cela, Ruth Malhesou dira : « Le plan de gestion des territoires dont dépendent les populations villageoises est accompagné de restrictions imposées aux chasseurs, cueilleurs et agriculteurs, sans leur consentement. En revanche, il n'existe encore aucun mécanisme permettant de demander aux communautés locales quels sont leurs projets » (2002 : 2-10). Il n'existe pas de gestion du site et aucune politique générale de conservation cohérente n'a été mise au point disent-elles.

    Entretien 29: ANDEME NGOUA Félicité, 42 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Ossan Mbot Zam, village Avang, département du Haut-Kango, clan Efak, sur L'aménagement du territoire. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 à 10h4, dans sa boutique et il a duré 48mn.

    Texte en fang

    Traduction française

    Bia tôbe nkele ye bot bat è mame Yo Parc. Ave be sum bisen, bâ sile edzam bia siman. Bia ning avoldâ. Ba fonane na'a ébe ba dang yeme bale mefan ye lot bia. Ve bia yeme bale afan ye lot be. Ede mefan mâ menguene dzomase. Ba yeme dzome dâ ve kil bot mefan ke bi ve ne bia bebo'o bi yén. Gue bitô yen ye be « maye kam beyeng na'a be ni mefan ma'a ; ma miéne médzeng ne me yeme baglé mefan ye dzo ébot bevo'o ne be bô ane ma'a.

    Nous sommes méfiants et retissants envers les gestionnaires du Parc. Depuis qu'ils ont commencé leurs travaux, ils ne nous consultent pas comme on veut. Nos vies n'ont pas changé. Ils pensent qu'ils savent conserver les forêts plus que nous. Cependant, nous gardons mieux les forêts qu'eux. La preuve est que nos forêts sont toujours intactes. Tout ce qu'ils savent c'est nous interdire l'accès à la forêt sans nous impliquer dans leur travail. Si on nous implique, « je peux surveiller et interdire aux étrangers d'accéder à notre forêt. Moi-même je vais réguler ma conduite sur mes activités forestières et le demander aux autres.

    Ce récit dénonce les raisons qui incitent les populations à la méfiance et à la réticence. En effet, les populations pensent que les gestionnaires abusent de leur générosité et de leur tranquillité. Ces dernières ne tiennent pas compte du sort qu'ils leur infligent. Les projets les marginalisent alors qu'ils sont aussi aptes à faire leurs preuves. Face à ce problème, les autorités doivent être conscientes de la nécessité d'un plan de gestion intégré et complet. Il ne semble pas y avoir de consensus en ce qui concerne la conservation, la restauration et le développement. Les acteurs opèrent dans le site selon leurs règles ou leurs intérêts spécifiques. La situation de l'infrastructure n'est pas résolue. Le mauvais état des routes, le manque et le vieillissement des infrastructures, le manque d'établissements scolaires, de dispensaires, de média, de médecin sont à l'origine de l'indifférence manifestée par les populations dans le projet de conservation. En dehors de ces problèmes, aucune construction d'ordre commercial ou résidentiel n'a été effectuée dans la région des Monts de Cristal.

    2-2 Les résistances

    Il est difficile pour la population riveraine aux Monts de Cristal de concevoir une vie normale sans aller à Mbé. Ce massif forestier, particulièrement la partie de forêt mise « sous cloche » est perçue comme un « grenier ». La restriction de leurs déplacements à cause des nouveaux règlements crée des doutes quant à leur avenir. Les populations vivent une situation délicate.

    Entretien 30 : ADA NDOUTOUME Léontine, 58 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Aveba-Nzame, chef de village, village Mela, département Como-Kango, clan Efak, sur les causes dues aux résistances vis-à-vis du Parc.

    Texte en fang

    Traduction française

    bia deng dia niegue edzam ba bo'o akal na'a ebot ba te dzam ete ba biane bia. bi sefe ji betsit ke na'a ebot ba kal afan ba siime bia. ve bébiéne ébo be vele lom borena'a be ke bo'o be ji be tsite. za ayiane buane y'afan, za ka yiane ke buana'a dô ? gue ngomane a tsine ye dzang bwaneté, bi woguane dia. bia yeme dia édzam ba kum bia. bia bine fe ane bô.

    Nous sommes retissants envers le projet parce que les gestionnaires nous négligent. On ne peut plus exercer librement la chasse sans qu'un agent des eaux et forêt t'arrête. Cependant, ils sont les premiers à envoyer les braconniers faire la chasse pour eux. Qui doit bénéficier de cette forêt et qui ne le mérite pas ? si l'Etat continue de cette façon, on ne va jamais s'entendre. On ne sait pas exactement ce qu'ils nous veulent. Nous aussi, nous sommes des hommes comme eux.

    Ce texte ressort les raisons qui rendent les populations résistantes au projet. Les populations dénoncent la mauvaise attitude de l'Etat dans la gestion de ce massif forestier. L'Etat encourage l'exploitation illicite de la forêt des Monts de Cristal. Les étrangers accèdent à cette forêt pour la chasse irrationnelle. Cependant cela y est formellement interdit à la population autochtone. Elles sont soumises à des législations strictes en matière de la chasse commerciale ou toute autre activité forestière. Cette attitude inégale envers les populations fait en sorte que les projets de conservation mis en place dans tous les pays africains rencontrent inévitablement des difficultés. Le projet de conservation Monts de Cristal-Gabon est confronté sans doute à des dysfonctionnements internes, institutionnels, de moyens, à des réticences voire des résistances de l'ayant droit. Face à cela, Samuel Nguiffo dira : « Il en découle pour les projets de conservation la nécessité de s'adapter en permanence, de chercher sans cesse des réponses à des questions nouvelles » (2003 :211-212).

    Ce projet a une autonomie de fonctionnement par rapport à la population locale. De ce fait, il se heurte à des résistances qui se manifestent de plusieurs manières. Généralement, les populations expriment leur mécontentement d'une manière pacifique. Ces dernières craignent éventuellement des sanctions qui peuvent découler de l'Etat. D'aucuns pensent même que ce projet est ambigu et peu pertinent, d'autant plus qu'il manque de directives claires. Les gestionnaires répondent : «  Le parc est encore dans ses débuts. Il faut attendre une dizaine d'années pour que les choses soient stables ». Le manque de coordination entre les interventions de développement est un frein incontestable à ce projet.

    Tous les intervenants sont d'accord pour le projet mais des instances efficaces de coordination ont du mal à voir le jour car souvent les gestionnaires se voient bien en « coordonnateur » mais acceptent mal « d'être coordonné ». Outre ce point, le projet fait également face à peu d'opportunités économiques pour les communautés villageoises. Depuis la création du Parc, aucun villageois n'a pu trouver un travail stable. Ces derniers occupent les tâches de « garde » et sont rémunérés à moindre coût. Le projet est perçu comme une « illusion » sans lendemain, car il n'intègre pas une approche de développement local.

    Le cadre juridique dans lequel évolue le projet n'est pas toujours adapté. Les statuts légalement prévus en matière de gestion des Parcs manquent parfois de souplesse. Dans le domaine foncier, on note une distance parfois importante entre les textes qui réglementent officiellement l'appropriation et la gestion des terres et les pratiques qui ont lieu sur le terrain. Des contradictions existent entre le « droit moderne » et le « droit coutumier », on parle alors de « flou juridique ». le flou juridique est un obstacle au projet. A cet effet, Sang Joseph K dira : «  Le flou juridique peut placer les agents des projets dans des situations embarrassantes quand l'analyse des pratiques devient publique et que les communautés locales sont lésées » (2003 : 126-128).

    Chapitre 8 : La collaboration dans le projet

    1. L'offre d' « emploi sommaire »

    1.1. Garde

    Le Parc n'a pas que d'inconvénients, il a également des avantages. Avec l'arrivée du Parc National des Monts de Cristal, certains emplois ont vu le jour, c'est le cas de « gardien de forêt ».

    Après deux années d'expérimentation et d'évaluation, précisément en 2004, le CNPN a engagé un processus de validation de l'utilité publique et de l'aspect « nouveau métier de l'environnement » que recouvre le concept « écogarde ». Il a recruté quatre jeunes hommes issus des populations de la périphérie du Parc pour exercer le métier de garde. Ces derniers ont participé à toutes les activités de gestion, de conservation et de restauration dans leur site de la région pour exercer le métier de garde.

    Un garde peut se définir comme « quelqu'un qui surveille, qui est préposé à la conservation des forêts », d'après le plus petit Larousse (1980 : 251). Les gardes ont pour rôle de :

    - Réorienter certains braconniers vers d'autres activités lucratives ;

    - Fournir aux riverains des arguments convaincants pour lever les résistances envers le principe du Parc ;

    - Surveiller le Parc ;

    - Surveiller la SOGADEMIN (Société Gabonaise de Développement Minière) contre toute exploitation illicite des autres ressources naturelles ;

    - Assister le Conservateur et la WCS dans leurs missions.

    A cet effet, Babacar Diop dira : « Plus que de simples gardes, ils sont de véritables acteurs qui vivent leur Réserve au quotidien » (2003 : 6).

    Ils ont participé pleinement aux autres activités comme les séances d'animation et de sensibilisation des populations de l'espace naturel lors du démarrage du projet de conservation.

    Photo 12: Un « garde » en activité

    Source : CNPN, 2005

    A l'arrière plan de cette photographie, on voit la broussaielle. Au premier plan, nous apercevons un homme avec une machette dans sa main droite et dans sa main gauche, il tient le piège. Celui ci est entrain de vouloir détruire les pièges déposés par les villageois à la limite du Parc. Cette image montre clairement le rôle joué par un garde en forêt. Le garde indépendamment de la simple surveillance du site, ils peuvent également empêcher toute sorte d'activité à l'intérieur et à la limite du Parc.

    Pour toutes ces activités, les jeunes sont rémunérés. Leurs revenus viennent du CNPN/ Etat et de la SOGAMIN. Ils sont payés à environ trois cent milles franc CFA (300000) par mois. Ce salaire leur permet de satisfaire leurs besoins et d'améliorer leurs conditions de vie. C'est une façon pour l'Etat de lutter contre la pauvreté. Cet outil, à l'usage premier des élus locaux et des habitants d'un territoire, a pour vocation de développer des missions d'intérêt régional voire national.

    Au-delà de leurs missions concrètes, le dispositif écogarde constitue un outil de développement du secteur d'activité de l'environnement, tel que défini dans la politique des Parcs Nationaux. A l'échelle d'un territoire, l'écogarde intervient aux différents niveaux de l'identification des besoins, de la rencontre entre l'offre et la demande (propositions de solutions), voire à des conseils ou formations ponctuelles, ainsi que le suivi pour l'exécution des chantiers.

    2 - Développement de micros projets dans la région

    2-1 Jardins scolaires

    En dehors des gardes, le CNPN avec l'appui technique de la WCS a mis en place depuis octobre 2005 une ONG locale. Cette ONG communautaire s'appelle OIPDEF (Organisation Internationale pour la Protection de l'Environnement et des Forêts) et a pour responsable un ressortissant de la région, au nom de Medzo m'Ondo Prosper. Pour son fonctionnement, elle a bénéficié d'un financement de six millions de francs CFA (6. 000. 000) venant de Carpe-Gabon. Le dit budget est géré par le responsable de l'ONG, en partenariat avec les gestionnaires du Parc National des Monts de Cristal-WCS.

    Les jardins scolaires ont une vocation sociale, ils s'inscrivent également dans l'éducation environnementale. Il est question d'apprendre à l'enfant l'agriculture et montrer aux parents d'élèves que le secteur agricole est aussi rentable pour le social. Le principe du CNPN et de la WCS consiste à mettre en place des jardins potagers dans chaque village ayant un établissement scolaire. Le projet s'est également poursuivi dans la ville de Medouneu. Les principaux bénéficiaires sont les villages situés dans le secteur Mbé des Monts de Cristal. L'effectif était de sept villages donc : Nkombé, Effoulane, Edoum, Akoga (Medouneu) et Mveng-Ayong, Andok-foula, Mela (Kango).

    Un jardin agricole est une partie d'un espace situé à proximité d'une maison et où l'on pratique une culture, généralement destiné à la consommation ou à la commercialisation. Pour assurer le bon déroulement des activités agricoles, la WCS met à la disposition des directeurs d'écoles, chargés de sa régularisation, des semences de diverses qualités. A côté des semences, nous avons encore la logistique technique : les brouettes, des râteaux, des gans etc. Habituellement, les directeurs d'écoles en compagnie de leurs élèves, plantent plusieurs aliments. La surveillance sanitaire de ces aliments est assurée par un agronome.

    Tableau 26 : Les produits des jardins scolaires

    Noms en fang

    Noms en français

    Noms scientifiques

    Eseng

    Oseille

    Hibiscus gabdaniffer

    Bilog

    Chou pomme

    Brassica oleracea

    Bilog

    Salade

    Lacatus sativa

    Zong

    Aubergines

    Solanum spp

    Vumba

    Tomates

    Solanm lylopersium

    Okame

    Piment

    Capsicum sp.

    Edeng

    Amarante

    Amaranthus

    Etetame

    Gombo

    Lubiscus esculentus

     

    Ce tableau présente la liste des plantes que le CNPN et la WCS met à la disposition des directeurs d'écoles dans le cadre des jardins scolaires. Ces essences sont plantées individuellement sous forme de sillons. Dans chaque sillon, on plante une espèce. Ceci est dû au fait qu'il y a des plantes qui ne doivent pas s'associer aux autres et cela permet un suivi harmonieux de ces dernières. Ces plantes poussent sans beaucoup de difficulté, d'autant plus que la terre de la région est très fertile. Ces cultigènes sont destinés à la commercialisation essentiellement. Les produits sont vendus dans les villages ou dans les centres urbains les plus proches. Ces prix sont très appréciés sur le marché. Ce dernier tient compte de la population riveraine d'autant plus que dans nos coutumes certaines ressources ne sont pas consommables. C'est le cas du chou pomme et de la laitue. Les prix varient aussi en fonction du client.

    Tableau 27: Prix des produits sur le marché

    Noms en fang

    Noms en Français

    Noms Scientifiques

    Prix sur le marché (cfa)

    Bilog

    Chou pomme

    Brassica oleracea

    200 ( le pied)

    Bilog

    Laitue

    Latuca sativa

    200 ( le pied)

    Zong

    Aubergine

    Solanum spp

    500 (le tas)

    Voumba

    Tomate

    Solamum lylopersium

    100 (le tas)

    Okame

    Piment

    Capsicum sp.

    100 (le tas)

    Edeng

    Amarante

    Amanthus

    100

    Essang

    Oseille

    Hibiscus gabdaniffer

     

    Etetame

    Gombo

    Lubiscus esculentus

    100 (le tas)

     

    Source : Notre enquête de terrain, avril 2007

    Dans ce tableau, on a la liste des plantes que le CNPN et la WCS met à disposition des directeurs d'écoles pour planter dans les jardins scolaires. Ces aliments sont vendus à des prix différents, ils sont à la portée de tous et sont acceptables sur le marché. Ainsi, ils sont vendus aux villageois environnant les écoles primaires. Les bénéfices qui sortent des produits de jardins scolaires sont destinés à l'aménagement des écoles primaires. Ils contribuent à l'achat du matériel pédagogique tels : la craie, les instruments géométriques du maître, des fournitures scolaires des élèves.

    C'est une façon pour les gestionnaires du Parc de lutter contre la pauvreté car, ils contribuent à l'aide sociale. Cette initiation humanitaire est très appréciée par la majorité de la population. A ce sujet, Christian Van Rompaey dans son article « jardin à vocation sociale dira : « les jardins scolaires sont des insertions sociales pour les ONG vertes ». Ici, c'est la valorisation de leur image qui importe et non la production en elle-même.

    2.2 Le club d'écologie

    L'initiative « club écologique » a démarré en 2004 et continue malgré les problèmes auxquels il fait face. Le club écologique est perçu comme un instrument d'aide aux projets de conservation. Il éduque les jeunes sur l'écologie et l'environnement. Le club écologique mis en place par le CNPN et la WCS est installé au collège de Medouneu. Ce dernier implique tous les jeunes collégiens de la région. Le club s'inscrit dans le cadre d'un environnement sain. L'objectif global de cette initiative est de contribuer à l'amélioration de l'environnement sanitaire du collège en vue de favoriser une meilleure condition de travail pour les élèves et les enseignants.

    Entretien 31 : HEGA Martin Fridolin, 36 ans, Responsable de l'éducation environnemental Monts de Cristal-WCS, sur les objectifs du club écologique. Notre entretien a eu lieu le 5 juillet 2007, au WCS et a duré 45mn.

    « Nous ne décidons de rien sans l'avis du CNPN. Depuis la mise en place du Parc les choses se déroulent passablement. Néanmoins, nous avons mis en place un club écologique au CES de Medouneu. Ce club est très important dans le cadre de nos activités. Les collégiens et les enseignants sont très impliqués dans cette initiative. On éduque les enseignants mais surtout les élèves sur l'écologie, l'environnement, les effets négatifs et positifs liés à ces derniers, dans le but de changer leurs comportements sur le plan écologique ».

    Ce récit relate les objectifs que vise le club d'écologie mis en place au CES de Medouneu. En effet, les initiateurs du projet soucieux des maux que connaît l'environnement scolaire, vont essayer de sensibiliser à travers cette initiation les jeunes filles et garçon du collège sur la nécessité d'un environnement sain. Ceci rentre dans le cadre du projet Parc National Monts de Cristal. Les objectifs spécifiques sont :

    - Assainir l'environnement scolaire ;

    - Stimuler et rehausser les aspects d'hygiène et de sécurité dans le collège ;

    - Renseigner les enseignants et les élèves sur l'écologie et l'environnement.

    Pour assurer un suivi continu de ces activités et faciliter la circulation des informations entre les partenaires impliqués ainsi que la recherche de solutions aux difficultés rencontrés, un comité a été mis en place composé des élèves du collège. Le comité se réunit deux fois sinon une fois par mois avec les responsables du projet. Le collège a bénéficié pour le démarrage de leurs activités des lots, des équipements de protection sanitaire et des détergents :

    - râteaux ;

    - Pelle ;

    - Machette ;

    - Gans ;

    - Javel ;

    - Serpillière ;

    - Balais brosse ;

    - Corbeilles servant de poubelle etc.

    Deux ateliers de formations ont été organisés dont un à l'attention des enseignants et le second à l'endroit des élèves. Les enseignants et les élèves ont été formés sur les modules suivants :

    Les enseignants :

    - Le club écologique (définition du club écologique, ses activités, ses objectifs et ses avantages ;

    - Présentation du concept «  collège propre », « collège en santé », « collège vert ».

    - Principales maladies liée à l'assainissement ;

    - Les mesures propres d'hygiène en milieu scolaire.

    Pour les élèves :

    - Le club écologique (rôle, structure, attribution) ;

    - Collège propre, collège vert, collège en santé ;

    - Assainissement en milieu scolaire et la gestion des infrastructures sanitaires.

    Pour compenser les élèves, la WCS organise de temps en temps des journées de l'environnement. Cette journée est ouverte uniquement aux élèves du collège. Les adhérents sont habituellement présentés lors de la cérémonie de remise officielle de l'initiative aux autorités scolaires et administratives. Les prix contiennent entre autre des dictionnaires écologiques, des dictionnaires anglais-français, des livres écologiques, les cartes qui représentent le Parc, des tee-shirts, des cahiers, stylos, crayons ordinaires. Des réalisations dans le cadre de cette initiative donnent des résultats encourageants. Les autorités scolaires et administratives du collège se montrent réceptives à un véritable changement aussi bien su l'aspect de l'hygiène mais également sur le comportement des enseignants et élèves dans la gestion de l'environnement écologique. La réussite de l'initiative est extrêmement liée à l'engagement des autorités locales. On peut alors affirmer que les activités de l'initiative se perçoivent positivement et que son intérêt ne faiblit pas. La preuve en est son nombre de membres qui augmente sans cesse et la participation massive de ceux-ci à la journée du Club, qui se tient chaque année, dans le cadre des journées scientifiques et techniques de la WCS.

    Conclusion

    Notre recherche a porté sur les rapports de l'homme à la forêt. Nous avons analysé les relations qui existent entre la population fang et les gestionnaires environnementalistes dans la gestion et la conservation de la faune et la flore du Parc National des Monts de Cristal. Nous avons cerné le fonctionnement du projet de conservation mis en place au Gabon, particulièrement aux Monts de Cristal et ses rapports avec les populations riveraines. Le principe consistait à savoir si le Parc était bien aperçu par les populations et voir s'il répond aux attentes des populations, et donc à l'amélioration de leurs conditions de vie. Notre travail était composé de quatre parties. Il a prit racine grâce à l'apport théorique interdisciplinaire reposant sur une méthodologie anthropologique. Ce dernier nous a permis de poursuivre dans une autre dynamique, celle de l'identification de la population riveraine au Parc et ces rapports avec la forêt. Il était question de faire une analyse de leurs activités et montrer l'impact que ces dernières peuvent avoir sur la faune, la flore, le sol, l'eau et l'homme. A la suite de cette partie, notre réflexion a porté sur les activités et les rapports des gestionnaires du Parc à cet espace protégé. La dernière partie a consisté à ressortir les difficultés et les avantages liés au projet de conservation, tout en ressortant la situation qui prévaut entre ces deux acteurs de la conservation.

    La question relative à la conservation de l'environnement a déjà été abordée par plusieurs auteurs, parmi lesquels, George Pierre (1973), Jean Lamarque (1973), Maurice Kamto (1996), Yvette Veyret Yvette et Pierre Pêche (1997) et Sabine Rabourdin (2005). Dans son ouvrage, le premier auteur montre en effet que l'environnement est une source indispensable, une base de production pour toute vie humaine, mais aussi une menace pour l'homme, à cause des facteurs qu'il recouvre. Ainsi, il recommande à l'homme rural de faire une exploitation durable de ces ressources. A sa suite, Jean Lamarque dans son ouvrage dira que l'environnement est un problème de politique nationale et sociale alors, la santé de l'environnement doit dépendre des grandes décisions nationales concernant l'utilisation et la sauvegarde des connaissances naturelles. Le troisième auteur établit le rapport entre la science juridique et l'environnement. Il pense que le droit est utile dans la protection et la gestion de l'environnement. Le quatrième auteur va réagir sur les rapports de l'homme à l'environnement. Il recommande aux chercheurs qui orientent leurs études dans le domaine environnemental d'analyser les rapports de l'homme à son milieu en terme de conflits. Enfin Sabine Rabourdin montre dans quelle mesure le mariage entre la population villageoise et les gestionnaires des Parcs peut faciliter la gestion durable des Parcs Nationaux. A ces auteurs, nous avons associé les spécialistes des Parcs Nationaux : Marcus Colchester (1999), Joseph K Sang, Samuel Nguiffo et Ruth Malhesou (2003) etc. Les idéologies de ces auteurs reposent sur les intérêts des peuples autochtones envers les projets de conservation. Ils aimeraient que les projets aient un regard proche envers les populations autochtones. Marcus Colchester dans son article Parcs ou peuples, fait une critique des projets de conservation en Afrique. Il fait ressortir que ces projets se font uniquement au niveau du sommet. Ainsi, il recommande que cela se fasse de la base vers le sommet, et non l'inverse. C'est à ce titre qu'un projet peut promouvoir un développement durable.

    Contrairement à ces auteurs, notre préoccupation s'est appuyée sur deux modes de gestion des écosystèmes au Gabon notamment traditionnelle (villageois) et moderne (CNPN, WCS). Pour trouver des solutions et élucider notre problème, nous avons constitué un guide d'entretien qui contenait un canevas de questions relatives aux manières traditionnelles et modernes de conservation de la faune et la flore des Monts de Cristal. Ces questions ont été testées pendant les mois de mars-avril 2007, mois de terrain universitaire. Nous avons mené notre enquête dans les provinces de l'Estuaire (Kango), du Woleu-Ntem (Medouneu) puis au CNPN, à la WCS et à l'IRET. Cette enquête s'est passée dans huit villages dont le critère fondamental était le nombre d'habitants, parmi lesquels, Andok-Foula, Mela, Misome (Kango), Akoga, Avang, Mbé-Akelayong, Nkann, Song, (Medouneu). Elle a été menée auprès de trente un informateurs dont onze femmes et vingt hommes dont l'âge variait entre vingt six et quatre vingt sept ans et selon les activités. Nous nous sommes intéressée particulièrement à la pêche, chasse, agriculture, sciage, artisanat et vannerie, orpaillage et cueillette. Parmi les villageois, nous avons eu trois chasseurs, trois pêcheurs, trois ramasseurs cueilleurs, deux agriculteurs, trois scieurs de long, deux orpailleurs, un artisan, deux vanniers et deux tradipraticiens. Au CNPN, WCS, et IRET, nous avons eu notre entretien avec neuf cadres gestionnaires et qui font des recherches dans le Parc.

    Au terme de notre recherche, il ressort que les deux conceptions culturelles et les deux comportements culturels relatifs à la conservation de la forêt des Monts de Cristal sont difficiles à concilier. La société fang se dote d'une très grande ambition : la préservation de l'environnement et l'amélioration de la relation que les hommes entretiennent avec ce dernier. Cette ambition s'inscrit dans la recherche de la durabilité des ressources. La culture traditionnelle a sa méthode de gestion et de conservation de la forêt. Elle possède peu d'outils, mais dispose d'une vision globale de leur place dans la nature. Cette dernière a développé des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement. Elle la gère par ses activités traditionnelles et la conserve par la jachère et les « forêts sacrées ». Ces méthodes de conservation sont régulées par les interdits. Ces interdits sont sous la responsabilité du chef coutumier, et les sanctions qu'on inflige aux individus qui transgressent la loi sont du ressort des esprits surnaturels. La jachère est une méthode de conservation qui consiste à régénérer la forêt. Elle favorise une recomposition rapide du couvert végétale lorsque sa durée a été respectée. Cependant, la WCS et le CNPN met cette forêt « sous cloche » et y interdisent tout accès

    La route Kougouleu-Medouneu n'est pas très praticable. On note aussi l'absence de l'électricité, de dispensaires, d'établissements scolaires dans certains villages, le manque d'écoguides. A travers ces faits, on ne peut pas encore parler de « développement » dans cette région d'autant plus que le tourisme n'est pas encore mis en place. Depuis la mise en place du Parc jusqu'à nos jours, la WCS et le CNPN ont recruté les jeunes des villages environnants comme écogardes et ont institué les jardins scolaires dans lesquels les jeunes de la région sont impliqués. Ils ont également mis en place un club d'écologie au CES de Medouneu.

    Il importe aux gestionnaires du Parc d'avoir une démarche d'ensemble pour l'usage du projet et non d'imposer leur modèle qui ne tient pas compte des critères de choix des sociétés riveraines, afin que cet outil serve les ambitions qui sont les leurs et atteint le développement durable. La conservation doit respecter les ambitions sociales et culturelles au lieu de les soumettre à ses propres contraintes comme c'est le cas au Gabon. Il ne s'agit pas de rejeter les formes de développement en bloc, mais de les choisir et de les orienter de manière évolutive. D'ailleurs beaucoup des villageois sont soucieux des limites de leurs ressources. Ils refusent cependant qu'on leur impose des solutions et des techniques, mais souhaitent les connaître afin de décider elles -même de les mettre ou non en oeuvre. Il apparaît donc que l'un des principaux souhaits de la société fang est d'obtenir le droit de prendre une plus grande part à la gestion du territoire qui les entoure. L'expérience des années passées a clairement montré que le défit écologique dans les sociétés traditionnelles ne se limite pas à planter, à mettre en réserve quelques forêts, à aménager quelques secteurs humides. Il s'agit avant tout d'organiser la société afin de permettre aux communautés de s'assumer et de préserver l'environnement. La mise en place d'un cadre conceptuel qui prenne en considération les ressources privées et collectives du village, ses diverses ressources en biomasse ainsi que les intérêts et besoins des différents groupes économiques de la communauté villageoise est le préalable au développement d'un programme de gestion durable des ressources naturelles, car il ne peut y avoir de développement durable sans reconnaissance des doits des peuples autochtones sur leurs terres et sur le contrôle de leurs ressources. La mondialisation des savoirs offre de nombreux moyens pour la recherche de durabilité. Aucun des problèmes d'environnement ne peut être a priori résolu à l'aide d'une réponse simple. Pour résoudre ces problèmes, il faut avant tout adopter une démarche et une vision globale. Le savoir autochtone conjugué aux savoirs scientifiques permettraient d'acquérir une compréhension plus étendue et plus près de la réalité des écosystèmes et des communautés qui y vivent. Les populations autochtones gagneraient donc à en bénéficier des connaissances scientifiques écologiques. Il revient alors aux Etats d'organiser la participation des habitants à la gestion des ressources de leur territoire et parvenir à mieux les responsabiliser. Ces efforts devraient par ailleurs permettre une plus grande autonomie au niveau local, davantage en adéquation avec les objectifs écologiques.

    Table des photographies

    Photo 1: Inselberg des Monts de Cristal 29

    Photo 2: Exemple de Begonia endémique des Monts de Cristal, en fang miang 32

    Photo 3: Exposition d'un hocheur, en fang avem, (Cercopithecus nictitan 64

    Photo 4: Un site en pleine exploitation forestière 77

    Photo 5: Un site après l'exploitation minière 78

    Photo 6 : Trois porcs-épics pris par braconnage 78

    Photo 7: Une campagne de sensibilisation dans un village riverain 93

    Photo 8 : Un site de chasseur mis à feu lors d'une patrouille 97

    Photo 9: Un arbre portant les limites du Parc dans le village Mbé-Akelayong 99

    Photo 10: La prise de l'eau dans la ville de Medouneu 104

    Photo 11: Une voiture de la WCS et deux « routiers » 105

    Photo 12: Un « garde » en activité 114

    Table des cartes

    Carte 1. Zone d'étude : Les Monts de Cristal 23

    Carte 2: Localisation des Monts de Cristal 27

    Carte 3 : La région la plus pluvieuse du Gabon, avec une saison sèche peu marquée 30

    Carte 4 : Les villages de nos informateurs 44

    Table des tableaux

    Tableau 1 : la diversité alpha et bêta des Monts de Cristal 33

    Tableau 2 : Les animaux des Monts de Cristal. 34

    Tableau 3 : Liste des oiseaux de la forêt de nuage des Monts de Cristal 36

    Tableau 4 : Les reptiles des Monts de Cristal 37

    Tableau 5 : Répartition de nos informateurs 41

    Tableau 6 : Effectif de la population riveraine au Parc d'après les huit villages enquêtés 48

    Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise 48

    Tableau 8 : Recensement des populations fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté 49

    Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays 51

    Tableau 10 : Les essences épargnées lors de l'abattage 56

    Tableau 11 : Les cultigènes plantées par les femmes dans leurs plantations 57

    Tableau 12 : Prix de quelques cultigènes sur le marché 59

    Tableau 13 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 61

    Tableau 14 : Les animaux dont la consommation est interdite dans les villages enquêtés 62

    Tableau 15 : Les destinations symboliques de ces animaux 63

    Tableau 16 : les espèces halieutiques de la pêche 64

    Tableau 17 : Les prix des espèces halieutiques au kilogramme 66

    Tableau 18 : Les essences de bois utilisés lors du sciage 66

    Tableau 19 : Les arbres épargnés dans le sciage et leurs destinations symboliques 67

    Tableau 20: Prix des planches sur le marché de la région des Monts de Cristal 68

    Tableau 21: Les produits de la cueillette 69

    Tableau 22 : Prix du produit de la cueillette sur le marché 71

    Tableau 23 : Les objets de l'artisanat et de la vannerie 71

    Tableau 24 : Prix de quelques essences de bois sur le marché National 74

    Tableau 25: Les produits des jardins scolaires 89

    Tableau 26: Prix des produits sur le marché 115

    Tableau 27 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 116

    Table des graphiques

    Graphique 1 : L'âge des femmes enquêtées 41

    Graphique 2 : L'âge des hommes enquêtés 42

    Table des diagrammes

    Diagramme 1 : Répartition des chasseurs des villages enquêtés

    par techniques de chasse 61

    Références documentaires

    1. Sources orales

    1.1. Les villageois

    ADA NDOUTOUME Léontine, 58 ans, ethnie fang, marié, mère de huit enfants, lignage Aveba-Nzame, chef de village, village Mela, département Como-Kango, clan Efak, sur les causes dues aux résistances vis-à-vis du Parc.

    AKARE NGUEMA Victoire, 63 ans, Village Avang, ethnie fang, clan Oyèk, veuve, 10 enfants, lignage Bewe Be Zame, département Haut-Como, sur le vécu des populations depuis la mise en place du Parc. Nous avons eu cet entretien le 14 Avril, 2007 dans sa cuisine. Notre entretien a mis 45 mn.

    ANDEME NGOUA Félicité, 42 ans, mariée, mère de 8 enfants, lignage Ossan Mbot Zam, village Avang, département du Haut-Kango, clan Efak, sur L'aménagement du territoire. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 à 10h4, dans sa boutique et il a duré 48mn.

    ANDEME OBAME Georgette, 50 ans, ethnie fang, clan Yégun, mariée, village Mbé-Akélayong, département Haut-Komo sur la conception du Parc. Nous avons passé notre entretien le 9 avril 2007. Ce dernier a eu lieu dans sa cuisine. Il a commencé à 8h24mn et s'était achevé à 8h50mn.

    ASSONG NDOUTOUME Micheline, 45ans, ethnie fang, village Misome, clan yéguin, lignage Ndong Evo'o, mariée, 2 enfants, agriculteur, département Como-Kango, sur la conception traditionnelle des forêts des Monts de Cristal. L'entretien a eu lieu le 4 avril 2006, dans son salon, à 9h45mn.

    AVOME OBIANG Marthe, 60 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, ligange Mba Zam, veuve, département haut-como, canton Mbé, sur la forêt sacrée. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa cuisine. Il était 8h10mn. Notre entretien a duré 50 mn.

    ENGOUANG MINKO Nicolas, 47 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Osan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé, sur la gestion des forêts traditionnelle des forêts. L'entretien a eu lieu dans son salon, à 14h40mn. Notre entretien s'est passé dans son salon, le 6 avril 2007, à 9h30mn. L'entretien n'était pas facile d'autant plus la maîtrise de la langue nous faisait défaut. Il nous a pris 45mn.

    ESSENG ESSENG ESSONO Céline, 61 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, 6 enfants, département, Como-Kango, canton Mbé, sur le but de l'activité agricole. Notre enquête s'est passée le 5 avril 2006, à Misome dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 9h15mn. Notre entretien a duré 48 mn.

    MBANG NDONG Adélaïde, 70 ans, ethnie fang, village Andok-Foula, clan Opoé, lignage Avomo Mam, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur la période de cueillette. Notre enquête s'est passé le 8 avril 2006, cet entretien a eu lieu à sa terrasse. Il était 11h05mn. Notre entretien a duré 55 mn.

    MBE ELLA Michel, 46 ans, ethnie fang, village Nkann, clan Efak, lignage Mbela, veuf, département haut-como, canton Mbé, sur les étapes de l'orpaillage. Notre enquête s'est passée le 13 avril 2007 à 17h, dans son corps de garde. Notre entretien a duré 45 mn. Malgré son état de santé, il a accepté de nous recevoir.

    OBIANG ESSONO Edouard, 30 ans, ethnie fang , village Song, clan Oyèk, lignage, Envone Zome, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur l'heure du sciage. Notre enquête s'est passée le 3 avril 2006, dans sa salle à manger. Il était 15h10mn. Notre entretien a duré 57 mn.

    NDONG MBANG Mathurin, 59 ans, ethnie fang, village Mbé-Akélayong, clan Ntun, lignage Membe, marié, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt protectrice. Notre enquête s'est passée le 6 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa boutique. Il était 14h40mn. Notre entretien a duré 55 mn.

    NGUEMA Antoine, 65 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, lignage Mba Efak, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'organisation de la chasse. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 13h45mn. Notre entretien a duré 55 mn.

    NKOGHE NIZELE Julien Alexis, 48 ans, Marié, Père de six enfants, ethnie fang, village Andok-Foula, le département Como-Kango, clan Opoè. Notre entretien s'est passé dans la journée du 4 avril 2007 dans le village du pré-cité. Il avait eu lieu sous sa véranda, en présence de sa nombreuse famille à savoir son épouse, ses enfants, ses frères et ses soeurs. L'enquête a démarré à 13h33mn et elle a duré 30mn.

    NNANG AFAN Louis Mari, 56 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, marié, père d'une grande famille département haut-como, canton Mbé, sur le but de la vannerie et de l'artisanat. Notre enquête s'est passée le 1 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans salon. Il était 9h00mn. Notre entretien a duré 43 mn

    NZE NDONG Christian, 26 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur les difficultés liées à la pêche. Notre enquête s'est passé le 12 avril 2006, Cet entretien dans son corps de garde. Il était 19h23mn. Notre entretien a duré 40 mn.

    OBIANG ONDO Michel, né en 1920, clan güèn, lignage Ossan Mbot Zam ; marié à trois femmes, 14 enfants, retraité des Travaux publics, Woleu-Ntem, Haut-Como, village Avang

    OBONE ELLOH Marie-France, 49 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, département haut-como, canton Mbé, sur la durée de la jachère. Notre enquête s'est passée le 10 avril 2006, à 10h30. Cet entretien a eu lieu dans Son salon. Notre entretien a duré 58 mn.

    ONDO ESSONO Emile, 87 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'origine des Fang de Medouneu et de Kango. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 11h 33 mn, dans son corps garde.

    OVONO MBA Frédéric, 42 ans, ethnie fang, marié, père de six enfants, infirmier d'Etat, lignage Aveba-Nzame, département Como-Kango, clan Efak sur les limites du Parc. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 dans son corps de garde. Il avait exigé que nous nous présentons et présenter les objectifs de notre présence dans le village. Cet entretien avait démarré à 19h10mn.

    OYANE NDOUTOUME Germaine, 52 ans, mariée, mère de 8 enfants, ethnie fang, village Akoga, clan Esokè, lignage Mba Zam, département Haut-Como, canton Mbé, sur les inconvénients du Parc. Cet entretien s'est passé le 27 mars 2007, dans son village, particulièrement à sa véranda. Il était 10H30mn. Nous avons passé notre entretient dans un esprit de sérénité.

    1.2. CNPN, WCS e instituts de recherche

    BRYAN Curran, Américain, 49 ans, Ex-Directeur des Projets WCS-Gabon, sur le rapport du projet à la population.

    HAN Hoverman, 45 ans, ex-directeur du Projet Parc National Monts de Cristal-Gabon, sur les activités de la WCS-Gabon.

    HEGA Martin Fridolin, 36 ans, Responsable de l'éducation environnemental Monts de Cristal-WCS, sur les objectifs du club écologique. Notre entretien a eu lieu le 5 juillet 2007, au WCS. Notre entretien a duré 45mn.

    ISSEMBE Yves, 36 ans, Chercheur à l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropical), sur l'inventaire de la végétation de la forêt de Monts de Cristal. Notre entretien s'est passé le 28 février 2007, à l'IRET, précisément dans son Bureau. Il était 12h20. Ce dernier nous a pris 56 mn. Nous avons pris un rendez-vous au préalable. Notre entretien s'est bien passé.

    LEE White, 38 ans, Directeur de la WCS-Gabon, sur  forêt objet de relations internationales. Notre entretien a eu lieu à son bureau, précisément le 7juin, 2007 à 10h 30.

    NDJIMBI Frank, 40 ans, Directeur de communication et des relations publiques au CNPN-Gabon, sur le rôle de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au CNPN le 3 juillet 2007 à 11h10 mn.

    NDONG ALLOGHO Hervé, 34 ans, Conservateur du Parc National des Monts de Cristal-Gabon, sur les méthodes de conservation. Notre entretien a eu lieu le 4 Avril 2007 au CNPN-Gabon et il a duré 45 mn.

    NGOK BANAK Ludovic, 38 ans, directeur de l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale), sur l'importance de la conservation du Parc des Monts de Cristal. Notre entretien a eu lieu le 20 février 2007, à 17h30, à l'IRET, précisément dans son bureau

    NGOUA Rosalie, 45 ans, Chercheur à l'IRET, sur l'inventaire des espèces animales de la forêt de Monts de Cristal. Nous avons eu cet entretien à l'IRET, le 1 mars, 2007, à 15h05 mn, il a duré 40mn

    VANDE WEIGHE Jean Pierre, 67 ans, Chercheur au WCS-Gabon, sur les oiseaux de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au WCS-Gabon, le 8 mars 2007, à 11h15mn. Il a duré 35mn.

    2. Sources écrites

    2.1. Ouvrages généraux

    RATANGA ATOZ Anges. Les peuples du Gabon occidental 1839-1914. Libreville,

    Raponda Walker, 359 p.

    BALANDIER, Georges. 1982 - Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Paris, PUF,529 p.

    CHAILLU, Paul du. 1996 [1858] - Voyages et aventures en Afrique Equatoriale, Centre Culturel Français, Sépia, 515 p.

    COPANS Jean. 1998 - L'enquête ethnographique de terrain. Paris, Nathan, coll. «128», 128 p.

    DESCHAMPS, Hubert. 1962 - Traditions orales et archives au Gabon, Paris, Berger-Levrault, 173 p.

    DESCOLA, Philippe. 1986 - La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar. Paris, MSH, 450 p.

    DUBOIS Jean-Jacques. 1999 - Les milieux forestiers : Aspects géographiques. Paris, René Constant, 336 p.

    DUPUIS, Bernard. 1998b - Bibliographie sur la gestion des écosystèmes forestiers denses d'Afrique humide, Tome 1. Gabon, Montpellier, CIRAD, 207 p.

    GUILLES-ESCURET, Georges. 1989 - Les sociétés et leur nature. Paris, Armand Colin, coll. « Anthropologie du présent », 182 p.

    LEVI-STRAUSS, Claude. 1962 - La penée sauvage. Paris, Plon, 389 p.

    MERLET, Annie. 1990 - Le pays des trois estuaires (1471-1900). Quatre siècles de

    relations extérieures dans les estuaires du Muni, de la Mondah et du Gabon.

    Libreville/Paris, Centre Culturel Français/Sépia, 351 p.

    SAINCLAIR Ian et RYAN Peter. 2003 - Les oiseaux d'Afrique. Paris, Delachaux, 759 p.

    WILLIAM, Serle. 1993 -Les oiseaux de l'Ouest Africains. Paris, Delachaux, 331 p.

    2.2. Ouvrages spécialisés

    BARDE, Jean-Philippe et GERELLI, Emilio. 1997 - Economie et politique de l'environnement. Paris, PUF, 216 p.

    BRUNEL, Sylvie. 2004 - Le développement durable. Paris, l'Harmattan, 249 p.

    CRISTY Patrice et al. 2003 - la forêt et la filière bois au Gabon : La forêt du Gabon au début du troisième millenaires. Libreville, Multipress, 389 p.

    CRISTY, Patrice. 1999 - La forêt et la filière bois au Gabon. Libreville, Multipress, 456 p.

    DASMAN, Raymond François. 1968 - Préservons les sources de la nature. Paris, Nouveaux horizons, 250 p.

    GEANDREAU Francis, Patrick Gubry et Verons Jacques.1996 - Populations et Environnement dans les pays du sud. Paris, karthala-ceped, 305 p.

    GEORGE, Pierre. 1973 - L'environnement. Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 126 p.

    NELSON John, HOSSACK lyndsay. 2003 - Les peuples autochtones et les aires protégées en Afrique : du principe à la pratique, Pays-bas, Moreton in-Marsh, 312 p.

    KAMTO, Maurice. 1996 - Droit de l'environnement en Afrique. Paris, Edicef, 415p.

    LAMARQUE, Jean. 1973 - Droit de la protection de la nature et de l'environnement. Paris, Gailleton, 974 p.

    POURTIER, Roland. 1989 - Le Gabon : Etat et développement tome 2. Paris,

    L'Harmattan, 345 p.

    RABOURDIN, Sabine. 2005 - Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes. Paris, Delachaux, 223 p.

    VANDE WEGHE, Jean-Pierre. 2005 - Akanda et Pongara : Plages et mangroves. Libreville, ultipress, 208 p.

    VANDE WEIGHE, Jean-Pierre. 2006 - Ivindo et Mwagne : Eaux noires, forêts vierges et bais. Libreville, Multipress, 271 P.

    VEYRET, Yvette et PECHE, Pierre. 1997 - L'homme et l'environnement. Paris, PUF, 399 p.

    2.3. Rapports, Mémoires et Thèses

    ABAGHA OLLOMO, Patrick Daniel. 2006 - Problématique de la contribution des populations de Minvoul au processus de conservation du Parc National de Minkébé, Mémoire de maîtrise anthropologie, Libreville, UOB, 124 p.

    BOUSSOUGOU, Alain. 2006 - Les rapports d'une « population flottante » à la forêt : cas d'Ekoik (Gabon), Mémoire de maîtrise anthropologie, Libreville, UOB, 123 p.

    KIALO, Paulin. 2005 - Pové et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquise d'une anthropologie comparée de la forêt, Thèse doctorale. Université Paris-v-René Descartes, 380 p.

    MBA NZENG, Ludovic. 2006 - « Para-société » et pouvoir politique au Gabon, thèse de doctorat anthropologie. Paris V, 389 p.

    MEDJO MVE, Pither. 1997 - Essai sur la phonologie panchronique des parlers fang du Gabon et ses implications historiques, Thèse de doctorat liguistique, Université Lumière-Lyon 2, 543 p.

    MEKEMEZA ENGO, Aimée Prisca. 2006 - Cohabitation population rurales /ONG WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse de cas du Parc National des Monts de Cristal, Rapoort de licence Anthropologie, Libreville, UOB, 56 p.

    2-4. Articles et Revues

    ANTIN DE VAILLAC, Dominique. 2002 - forêt objet de relations internationales, p. 30

    BABACAR, Diop.2003 -Gestion de la forêt, p. 6.

    BOUROBOU BOUROBOU, HENRI-Paul. 2004 - « Les sites et les forêts sacrées comme exemple de conservation de la biodiversité » in Revue Gabonaise des sciences de l'homme, n°5, éd. du LUTO/PUG, pp. 185-188.

    COLHESTER, Marcus. 1999 - Parcs ou peuples, in Ethnie, Nature sauvage, nature sauvée ? Paris, Document, pp. 162-192.

    DESCOLA, Philippe. 1999 - ``Diversité biologique, diversité culturelle'' in Ethnie, Nature sauvage, nature sauvée ? Paris, Document, pp. 213-234.

    FRETIGNE, Cédric. 2003 - Questions à l'anthropolo-écologie, Vol. n°5, dossier thématique.

    GADOU, Dakouri. 2001 - La préservation de la biodiversité : les réponses de la tradition religieuse africaine'' in Revue de l'Association africaine panafricaine de l'anthropologie, vol. 8, n°2, Yaoundé, APA, pp. 178-198.

    GANYO, Galley Yawo. 1985 - ``L'organisation de l'espace agricole chez les Ntumu Beti du Woleu-Ntem'' in Muntu, Revue scientifique et culturelle du CICIBA, n°3, Libreville, CICIBA, pp. 41-68.

    GRISSON, Geneviève. 2003 - ``La forêt, espace sauvage pour penser l'Occident. L'exemple de l'île d'Anticosti (Quebec).'' in Organdi Quartely, n°5, Décembre, pp. 10-35.

    LOFFEIR, Eric. 2002 -Forêt tropicales, éléments de débats, in Revue nature-société et développement durable, p. 5.

    MALHESOU, Ruth. 2002 - Gestion communautaire des ressources forestières non logneuse : Etude de cas dans la forêt de Korup au Cameroun et les aires protégées en afrique, in Peuples autochtones et les aires protégées : du parincipe à la pratique. Pays-Bas, Moreton-in Marsh, pp 2- 10.

    MBOT, Jean-Emile.1998 - Quant l'esprit de la forêt s'appelait jachère dans l'esprit de la forêt, terre du Gabon, in Cahiers gabonais d'Anthropologie, n° 2, Libreville, UOB, p. 128.

    MEDJO MVE, Pither. 1994 - « Perception de la maladiechez les fang » in Pholia, vol, Lyon, Laboratoire Dunamique du Langage. Université Lumière, pp. 77-100.

    NGUIFFO, Samuel. 2003 - Une seule forêt pour deux rêves : les contraintes des Baka de Miatta face à la réserve de faune du Dja, in Peuples autochtones et les aires protégées : du parincipe à la pratique. Pays-Bas, Moreton-in Marsh, p. 211-212.

    UICN. 2003 - les principes relatives aux projets de recherches, in Peuples autochtones et les aires protégées : du parincipe à la pratique. Pays-Bas, Moreton-in Marsh, P. 302.

    TYLOR, Stephen. 2002 - Communities, livelihood and national ressources : Action research and policy change in Asia, p. 19.

    YSSEMBE, Yves. 2006 - Etudes préliminaires de la végétation du Parc National Mbé, Monts de Cristla, IRET, 10 p.

    ZANINKA Pénninah. 2003 -L'impact des messures de conservation de la nature sur des populations autocthones et les aires protégées en Afrique, in , in Peuples autochtones et les aires protégées : du parincipe à la pratique. Pays-Bas, Moreton-in Marsh, P. 180-182.

    2. 5. Documents officiels

    Hebdo Information, La politique des Parcs Nationaux, n°463 du 14 décembre, 2002.

    Hebdo Information, Le code forestier, n°452 du 16 Mars 2002.

    Hebdo Information, Le code de l'Environnement, n° 281 du 15 Septembre, 1993.

    Hebdo Information, Le code des pêches et de l'aquaculture, n°514 du 28 Janvier, 2006.

    Le journal de l'environnement du bassin du congo : Le cris du pangolin, n°35

    3. Sources informatiques

    http// www. Environnement. fgov.org

    http//www. Agrob. Com

    http// www. Cogestion/ wiki/. Org

    htt//natcomreport.com/Gabon/Live/reserve.html.

    Table des matières

    Sommaire 2

    Dédicace 3

    Remerciements 4

    Introduction 5

    Objet d'étude 6

    Domaine d'étude 6

    Problème, hypothèses et définition des concepts 7

    Le Problème 7

    Les hypothèses 8

    Définition des concepts construits 8

    Parc National 8

    Cogestion 9

    Développement durable 10

    Première partie : Approche théorique et méthodologique 13

    Chapitre 1 : approche théorique 14

    1.1. Les auteurs sollicités 14

    1.2. Historique des Parcs Nationaux 24

    1.3 Le Parc National des Monts de Cristal 27

    1.4 Historique 28

    2. Milieu abiotique et biotique 28

    2.1. Milieu abiotique 28

    2.1.1. Hydrographie 28

    2.1.2. La géomorphologie 28

    2.1.3. Le climat 30

    2.1.4. Géologie 31

    2.1.5. Pédologie 31

    2.2 Milieu biotique 31

    2.2.1. La végétation 31

    2.2.2. La faune 34

    2.2.3. Les oiseaux 36

    2.2.4.. Herpétofaunes 37

    2.2.5. Les invertébrés 37

    2.2.6. Importance pour la conservation 38

    2.2.7. Les acteurs de la gestion et de la conservation du Parc National

    des Monts de Cristal 38

    Chapitre 2 : Cadre Méthodologique 40

    2.1. Pré-enquête et enquête documentaire 40

    2.1.1. La pré-enquête 40

    2.2. L'enquête, Limites et Rapport de terrain 40

    2.2.1. L'enquête 40
    2.2.2. Limites 43

    2.2.3 Résultats préliminaires 45

    Deuxième Partie : Les modes traditionnels de vie 47

    Chapitre 3 : Identification de la population riveraine au

    Parc des Monts de Cristal 48

    1-Identification de la population 48

    2. Origines de la population de la zone d'étude 49

    2.1. Organisation sociale 52

    2.2. L'organisation culturelle 52

    2.3. L'organisation religieuse 52

    2.4. L'organisation économique 53

    2.5. L'organisation politique 53

    2.5. Gestion foncière 53

    Chapitre 4 : Les fondements socio-économiques de la société fang 55

    1. Conception de la forêt 55

    1.1. Forêt « mère nourricière » 55

    1.1.1. L'agriculture 55

    1.1.2. La chasse 59

    1.1.3. La pèche 65

    1.1.4 Le sciage de bois 67

    1.1.5 La cueillette 70

    1.1.6 L'exploitation minière artisanale 72

    1.1.7. L'artisanat et la vannerie 73

    1.2. Forêt protectrice 75

    1.3 L'impact des activités traditionnelles dans la forêt des Monts de Cristal 76

    2. Méthodes de conservation des ressources forestières 79

    2.1 « Forêt sacrée » 79

    2.2. La jachère 80

    Troisième partie : Les modes modernes de vie 82

    Chapitre 5 : L'histoire du WCS et du CNPN-Gabon 83

    1-Naissance du CNPN et du WCS-Gabon 83

    1.1 Le CNPN 83

    1.2 La WCS 83

    2. Les Activités du CNPN et du WCS-Gabon 83

    2.1. Les activités du CNPN-Gabon 83

    2.2. Les activités de la WCS-Gabon 85

    Chapitre 6 : La politique de conservation des écosystèmes forestiers des Monts

    de Cristal Conception de la forêt 88

    1.1. « Objet de relations internationales » et Usine de Production « d'argent » 88

    1.2. Puits naturel de « Carbone » 90

    2. Méthodes de conservation des forêts 91

    2.1 Etablissement des législations et sensibilisation de la population riveraine

    au Parc National 91

    2.2. Exclusion autochtone et la Mise « sous cloche » 94

    Quatrième Partie : Les fondements socio-culturels liés à la confrontation

    entre les villageois et le CNPN/WCS 101

    Chapitre 7 : Les limites de la politique du Parc National des Monts de Cristal 102

    1. Les causes 102

    1.1 Marginalisation des Villageois 103

    1.2. Absence de Cogestion dans le projet de conservation 106

    2. Les conséquences 109

    2.1. La méfiance 109

    2.2. Les résistances 110

    Chapitre 8 : La collaboration dans le projet 113

    1. L'offre d' « emploi sommaire » 113

    1.1. Garde 113

    2. Développement de Micro Projet dans la Région 115

    2.1. Jardins scolaires 115

    2.2. Le club d'écologie 116

    Conclusion 119

    Resumé

    Le mémoire de Maîtrise qui porte sur les relations population fang et les gestionnaires des Parcs est composé de quatre parties. La première partie est constituée essentiellement du cadre théorique et méthodologique. C'est grâce à celle-ci que nous avons circonscrit notre objet.

    La deuxième partie se focalise sur les modes traditionnels de vie. Il a été question de ressortir l'origine et les fondements socio-économiques de la population fang. Cette partie nous a permis de connaître et de mieux comprendre les rapports des populations traditionnelles à la forêt. La population fang a des origines lointaines et proches. Il suffit de prendre connaissance des hypothèses du Père Trille, Laburth Tolra, de Pither Medjo et de Clis. Les Fang gèrent la forêt par la chasse, l'agriculure, la pêche, l'artisanat, la vannerie, la cueillette, l'orpallage et le sciage. La conservation de cette forêt se fait par la jachère et la « forêt sacrée ». Ces dernières sont suivies des législations et sont du ressort du chef coutumier.

    La troisième partie se concentre sur les modes modernes de vie. Dans cette partie, nous avons analysé les rapports des hommes modernes à la forêt. Il s'agissait précisément de ressortir les activités du CNPN et de la WCS autour et à la périphérie du Parc, et des représentations qu'ils en font de la forêt. Le CNPN se charge de la gestion intégrale de cet espace de protection et la WSC est apperçue comme un appui technique à ce projet de conservation.

    La dernière partie examine les rapports de ces deux acteurs de conservation. Dans cette partie, nous avons analysé les rapports des Fang avec les gestionnaires dans le projet de conservation du Parc National des Monts de Cristal. A travers l'enquête que nous avons fait aux mois de mars-avril, particulièrement au Woleu-Ntem (Medouneu) et Estuaire (Kango), il ressort que les deux acteurs vivent dans un monde d'interactions. Les deux univers entretiennent des rapports conflictuels. Ces conflits sont la conséquence d'une absence de cogestion et de la marginalisation de la population fang dans le projet.

    Mots clés : Parc National, Cogestion, Developpement durable, Conservation, Environnement, Ecosystème, Forêt sacrée, Agenda 21.

    * 1 Une forêt qui a résisté à la période de glaciation.

    * 2 Une forêt quasiment humide.

    * 3 Animal ou végétal considéré comme l'ancêtre et le protecteur d'un clan.

    * 4 Canal en bois ou en métal, dans lequel, les orpailleurs écoulent les alluvions avec un courant d'eau. C'est un outil qui aspire les alluvions dans le fleuve ou dans les rivières et les déversent sur une rampe de lavage posée sur un radeau.

    * 5 Déplacement des composants du sol à la surface de la terre, sous l'action de l'eau ou de l'air en mouvement.

    * 6 Programme d'actions signées à Rio de Janeiro, 1992, sur les 27 principes essentiels à un développement rationnel et réel.






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