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Le sound design musical des lieux publics haut de gamme

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par Benoit REBUS
Institut International de l'Image et du Son - Master of arts, spécialité SON 2007
  

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2.1 Musicologie (perception de la musique à travers les âges)

La musicologie n'est bien évidemment pas une notion qui s'aborde en un chapitre de mémoire. Elle se définit comme une discipline scientifique étudiant les phénomènes en relation avec la musique à travers le temps et en rapport avec l'être humain et la société. La musicologie est ainsi fondée sur l'interrogation. En tant que science, elle englobe une multitude de matières comme l'histoire, la linguistique, la psychologie, les sciences humaines et les sciences physiques. Il est certain que l'on va pas tout aborder ici, mais plutôt en retirer ce qui nous intéresse, au fil de notre raisonnement.

Avant toute chose, il serait intéressant de se rendre compte de ce que représente la musique à travers l'histoire et de part le monde. Comprendre l'intérêt universel que l'on porte à la musique dans tous les domaines, de la littérature à la peinture et bien évidemment en musicologie. Pourquoi la musique passionne tant ? Pourquoi la musique est étudiée de fond en comble sous des aspects aussi bien théorique que pratique ? A quoi sert-elle ? Voici quelques éléments de réponse :

«L'écriture comme l'auditon de la musique entra»ne un désir des choses inexistantes» Gabriel Fauré

«Religieuse et la
·que, politique et économique, individuelle et collective, érotique et puritaine, faite de jouissance et de haine de soi, omniprésente en même temps qu'artificielle, elle (NDLR, la musique) est, comme tous les autres arts, au centre du monde parce que justement hors de lui : «l'art est partout puisque l'artifice est au coeur de la réalité»11 »12

«Le sens de la musique, c'est la nostalgie de Dieu.» Schoenberg

«A quoi sert la musique ? Non pas à conna»tre ni à croire. Non pas à percevoir. A rien, finalement. Rien, si ce n'est m'introduire à l'entendement de ce qu'en fin de compte on ne peut vraiment entendre : la présence de ce rien, de ce rient qui nous tient.» 13

«La musique parle le langage général qui agite l'âme de facon libre et indéterminée.» Robert Schumann

11 Jean Beaudrillard L'Echange symbolique et la mort, Gallimard, 1976

12 Jacques Attali Bruits, Fayard, 2001 (p.19)

13 Alain Médam Ce que la musique donne à entendre, Liber Quebec, 2006 (p.

9) 14

«Plotin, Ennéades v, 8, 30 dit que la «musique sensible est engendrée par une musique antérieure au sensible». La musique est liée à l'autre monde.» 14

«La musique est une mathématique de l'âme.» Pythagore

«La musique est au-delà de la parole écrite qui est limitée parce que les mots ont un sens tellement précis. On les assemble d'une facon ou d'une autre, on peut leur faire dire toutes sortes de choses très variées, exprimer des nuances à l'infini, mais l'indicible appartient à la musique. Son langage à elle est intraduisible»15

«Le silence éternel des espaces infinis m'effraie.» Pascal «La musique, je suis presque capable d'en jouir.» Freud

Dans un contexte historique la musique trouve tristement sa place, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi en füt un de ses témoins :

«La musique était ressentie comme un maléfice. Elle était une hypnose du rythme continu qui annihile la pensée et endort la douleur. La musique devient «l'expression sensible» de la détermination avec laquelle des hommes entreprirent d'anéantir des hommes.»

Quignard en déduit la pensée suivante, à la fois dure et criante de vérité :

«Depuis ce que les historiens appellent la «Seconde Guerre Mondiale», depuis les camps d'extermination du IIIe Reich, nous sommes entrés dans un temps oü les séquences mélodiques exaspèrent. Sur la totalité de l'espace de la terre, et pour la première fois depuis que furent inventés les premiers instruments, l'usage de la musique est devenu à la fois prégnant et répugnant. Amplifiée d'une facon soudain infinie par l'invention de l'électricité et la multiplication de sa technologie, elle est devenue incessante, agressant de nuit comme de jour, dans les rues marchandes des centres-villes, dans les galeries, dans les passages, dans les grands magasins, dans les librairies, dans les édicules des banques étrangères oü l'on retire de l'argent, même dans les piscines, même sur le bord des plages, dans les appartements privés, dans les restaurants, dans les taxis, dans le métro, dans les aéroports.

Même dans les avions au moment du décollage et de l'atterrissage.

Même dans les camps de la mort.

L'expression Haine de la musique veut exprimer à quel point la musique peut devenir ha
·ssable pour celui qui l'a le plus aimée.

La musique attire à elle les corps humains.

Il faut entendre ceci en tremblant : c'est en musique que ces corps nus entraient dans la chambre. (É) La musique viole le corps humain. Elle met debout. Les rythmes musicaux fascinent les rythmes corporels. A la rencontre de la musique l'oreille ne peut se fermer. La musique, étant un pouvoir, s'associe de ce fait à tout pouvoir.»16

Cette réflexion est une bonne raison pour arrêter là les justification de l'intérêt porté à la musique en tout temps, et de terminer par un questionnement sur l'après-musique :

«Cependant, cette musique s'arrête : le disque est fini. Le silence se recompose. Tu demeures là. Tu n'entends rien, mais tu entends encore. Musique rémanente : ombre furtive de ce qui n'est plus, mais dont l'ombre perdure, précisément, inscrite dans ta propre durée. (É) S'il t'arrive d'affirmer : «J'aime la musique», tu ne songes pas, disant cela, à toutes les musiques que tu écoutes, que tu entendis et écouteras. Tu penses à cette musique-ci : cette musique qui poursuit, qui prolonge en toi l'écoute de ces musiques auxquelles tu reviens et reviendras encore.»17

A présent, rebondissons sur l'histoire de la musique. L'histoire de la musique, il est indispensable de la conna»tre, mais là encore il s'agit d'une chose non exhaustive et qui nécessite une attention de tout instant, dont je m'imprègne chaque jour, toujours en quête d'oeuvres nouvelles et d'artistes inconnus. Pour illustrer l'infini de la connaisance musicale, Alain Médam nous dit cela :

«Ainsi en viendrons-nous à ne même plus avoir conscience de toutes les musiques que nous n'aurons pas rencontrées. Celles qui nous resterons étrangeres parce que trop lointaines de nous : par la distance ou la culture. Celles auxquelles, nous-mêmes - bien qu'elles nous soient proches -, nous resterons étrangers. Celles qui se refuseront ou que nous refuserons. Qui nous éviterons et que nous éviterons. Qui nous sembleront inabordables ou qu'il nous répugnera d'aborder. (É) Nous aurons beau vouloir découvrir de nouvelles partitions, d'autres interprétations, des folklores inou
·s pour nous, d'inédites expérimentations musicales..., nous ne pourrons ignorer que ce que nous n'aurons pas entendu dépassera de beaucoup, nécessairement, ce que nous aurons été en mesure de conna»tre. (É) C'est parce que tout ne peut être entendu que ce qui s'entend nous satisfait.»18

16 Pascal Quignard La Haine de la musique, Gallimard, 1997 (p.199)

17 Alain Médam Ce que la musique donne à entendre, Liber Quebec, 2006 (p. 45)

18 idem (p.47) 16

Je retiens cette derniére phrase pour dire qu'en tant que défricheur musical, il ne faut jamais se contenter d'une quelconque satisfaction, il faut constamment rester dans un état de «vigilence» et d'ouverture, ce qui nous offrira encore quantité d'heureuses surprises.

C'est ainsi qu'en lisant la presse spécialisée, Le Monde, une encyclopédie trés fournie ou encore une émission de radio, que j'acquiért un nombre d'informations tout azumut pour finalement recouper celles dont j'ai déjà entendu parler, celles que j'ai pu écouter par hasard. Ce qui est important dans cette recherche, ce n'est pas de tout conna»tre, et par coeur, comme une lecon que l'on apprendrait à l'école, mais plutôt d'en tirer des éléments de compréhension de la musique actuelle et ainsi, tenter de comprendre l'attente des gens.

Ce qui est compliqué dans l'accumulation et la stimulation quotidienne, c'est de se dégager de cette effervescence pour prendre du recul et savoir ce qu'on va faire de tout cela. Médam toujours, à ce point de vue :

«Comment nous défaire, donc, de ce que nous savons, de ce que nous aimons, afin de nous dénuder, disposés à l'écoute, désormais, d'une préhistoire des sons ; de leur émergence fondatrice.

Difficile, bien entendu, car il y surimpression. Tous ces rythmes qui nous habitent Ð et que nous habitons Ð nous empêchent, par leur emprise, de retrouver cette innocence : cette mise à nu du sens des sons. Ces musiques d'aujourd'hui Ð en leurs exigeantes aridités -, nous ne savons les rejoindre qu'au travers de nos complaisances aux musique «qui nous font du bien». Est-ce un mal, qu'il en soit ainsi ?» 19

Et quand bien même nous arrivons à nous en écarter et que l'on manifeste des préférences pour certaines musiques, le cercle vicieu - s'il en est un - consiste en le fait qu'«Il y a dans toute musique préférée un peu de son ancien ajouté à la musique même.» 20 et encore que «l'obsession sonore ne parvient pas à départager dans ce qu'elle entend ce qu'elle ne cesse de vouloir entendre et ce qu'elle ne peut pas avoir entendu.» 21

L'évocation de «préférences» implique une notion de gout qui est propre à celui qui les exprime, aussi, Adorno a son idée sur le gout :

«Le concept de gout lui-même est démodé. L'art responsable obéit désormais à des critères qui sont proches de ceux de la connaissance : celui de l'harmonieux et du désharmonieux, celui du vrai et du faux. (É) Le comportement qui consiste à évaluer est devenu une fiction pour celui qui est assailli de tous côtés par les marchandises musicales standardisées. Il ne peut ni se dérober à leur supériorité, ni choisir parmis celles qui lui sont présentées : elles se ressemblent toutes si parfaitement qu'on ne peut finalement plus rendre raison d'une préférence qu'en invocant une circonstance biographique personnelle ou en rappelant le contexte dans lequel on a entendu cette marchandise musicale standardisée.» 22

Cette réflexion porte étrangement sur le concept de sound design car Adorno nous dit que l'auditeur valorise une musique plus qu'une autre en fonction de son vécu donc, de son expérience. Or, l'intérêt de travailler la cohérence musicale d'un lieu est avant tout dans le but de faire vivre une expérience au visiteur.

Ainsi, une personne conquise par la musique qui l'a entendue dans un endroit précis, sera forcément rattachée à l'expérience qui l'en a faite, ce qui forge désormais sa préférence pour cette musique là. Quelle satisfaction de participer à l'élaboration du gout des gens !

Pour revenir à des notions plus historiques de la musique, et de s'interroger quant à son évolution. Il est important de ne pas oublier comment était faite la musique avant l'ère du numérique ? De quelle manière est-ce que les compositeurs des siècles derniers faisaient de la musique ? Pourquoi et comment la musique a-t-elle évolué de l'acoustique à l'électronique ? Comment en est-t'on venu à autre chose que des notes sur une partition interprétées par des musiciens sachant les déchiffrer et les jouant sur des instruments acoustiques ? La technologie bien sur, mais pas seulement, encore faut-il avoir eu l'idée de s'en servir pour faire de la musique. On pourrait se demander qu'est-ce qui a poussé Robert Moog a inventer le synthétiseur de légende qui porte son nom ? Et encore avant lui, Lev Segeivitch Termen, inventeur du plus ancien instrument de musique électronique, le thérémine.

Ces inventions sont évidemment le reflet d'une évolution globale de la société d'oü l'intérêt de si référer. Ce qui est intéressant quand on étudie la facon dont les gens vivent c'est que l'on peut en déduire leur besoin de musique. Je m'explique; une personne qui travaille huit heures par jour, six jours sur sept n'est pas en contact direct avec la musique, ou alors lorsqu'elle l'entend dans un supermaché, dans un restaurant ou sur son lieu de travail. Cette écoute est dite «passive» dans la mesure oü l'auditeur ne choisit pas ce qu'il écoute. Il l'entend simplement car il n'a pas le choix ! Notre société moderne est en contact quasi permanent avec la musique. Justement par le biais de ces voies indirectes, la musique est présente partout aujourd'hui. D'une manière plus générale, l'oreille du XXIè siècle est beaucoup plus sollicitée qu'il y a deux cents ans et à contrario, l'homme s'en sert moins ou mal.

Nous approfondirons cette notion de surcharge sonore dans la partie sociologique de la musique.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault