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Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray

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par Rania Kassir
Universite Libanaise - DEA 2008
  

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D. Les principes sélectifs :

Pour répondre aux questions posées, Onfray met en oeuvre deux principes sélectifs, à savoir le langage et la politesse. Ces deux outils nous permettent de sélectionner les hommes en fonction de « la préscience du désir de l'autre » appelé par Onfray le premier degré de l'éthique aristocratique. Il est notable que chacun de nous est un autre pour autrui, c'est ainsi il faut s'enquérir du projet de notre partenaire éthique et l'informer en contrepartie de notre projet.

Le langage539(*) tout d'abord permet ce va et vient entre les deux interlocuteurs. Mais le langage ou les mots ou le verbe est une partie de la parole. Celle-ci étant l'ensemble des signes verbales (langage) et non verbales comme le sourire, le regard, le silence... Tous ces signes transmettent des messages à autrui, font circuler des affects ou des passions et permettent de classer les hommes. Toutefois, le plus sûr des signes selon Onfray s'avère le langage. Celui-ci met à mal le « nihilisme verbal » des idéalistes, comme les chrétiens, en promettant un « matérialisme linguistique », c'est-à-dire un lien entre le signifié et le signifiant et deuxièmement un lien entre ce signifiant et l'acte. A partir de ces deux mouvements du langage, on peut élire c'est-à-dire placer plus proche de nous les hommes qui précisent tout d'abord leur intention et évitent le langage désincarné des chrétiens : donc ils disent ce qu'ils vont faire. Et qui deuxièmement appliquent leurs promesses : donc font ce qu'ils ont dit. Avec ces gens élus, on voit s'instaurer une relation hédoniste et pacifiée. Le cas inverse, quand autrui échange la franchise par la discrétion ou par le mensonge540(*) et les promesses réelles par des promesses fictives, il est de notre droit de le jeter dans les derniers cercles. Ces individus évincés génèrent plus de souffrance que de plaisirs.

Le second moyen qui nous permet d'instituer un ordre entre « les prochains » des chrétiens c'est la « politesse »541(*). La politesse chez Onfray est la science des distances ou l'art de la bonne distance : ni trop loin, ni trop proche. Elle s'oppose au trop de proximité et trop de distance, générateurs des passions négatives et de l'entropie. Il est bien clair que trop de commerce avec autrui nous fatigue et nous épuise, et que trop de solitude nous ennuie et nous fait souffrir du manque de distraction. Pour réaliser une bonne arithmétique des passions c'est-à-dire augmenter le plaisir et diminuer le déplaisir, il s'agit d'élire les hommes qui pratiquent avec nous la politesse et d'évincer ceux qui choisissent la fusion ou l'éloignement.

Pour bien montrer le rôle de la politesse dans la logique des passions et, par suite, du classement des hommes, Onfray a eu recours à la métaphore des « porcs-épics » mise en scène par Schopenhauer. Cette métaphore représente des animaux en plein hiver, la période la plus froide de l'année. Pour se prémunir contre les méfaits du froid et pour se réchauffer, les « porcs-épics » décident de se rapprocher les uns des autres. Las ! Ils se heurtent à un nouveau désagrément ; chacun d'eux va subir les piquants des autres et les blessures consécutives. Afin d'éviter les déplaisirs : le froid dans l'éloignement et les piqûres dans le rapprochement, Schopenhauer opte pour la bonne distance : un peu de froid, un peu de piqûres donc un déplaisir minime pour éviter un plus grand déplaisir. Cette métaphore sera extrapolée par Michel Onfray à nos rapports avec autrui, mais il forgera une nouvelle expression pour désigner la bonne distance ; « l'Eumétrie ».

Bref on peut dire avec Onfray qu'« avec la politesse et le langage, toutes les intersubjectivités peuvent se trouver précisées. Chacun dispose des moyens de faire fonctionner le principe des affinités électives. »542(*) Grâce à ces deux principes, la sanction dans l'éthique immanente sera immédiate. Pas de jugement dernier ni de justice post mortem ici. On sanctionne l'autre selon qu'il nous procure de plaisir (rapprochement vers soi) ou de déplaisir (éjection sur les bords).

Toutefois si l'élection est source de plaisir, il ne saurait autant de l'éviction. Par cette dernière, on évite certes « le délinquant relationnel » et ses déplaisirs, mais ceci ne se fait que d'une manière artificielle car, en aucun cas, on ne peut laver les passions morbides qui nous travaillent de l'intérieur. Ceci posé, nous nous demandons : Le pardon au nom de l'amour du prochain chez les chrétiens ne sera-t-il plus hédoniste que l'éviction ? Ne purifie-t-il pas des pesanteurs et des lourdeurs ? Afin de résoudre ces questions, Michel Onfray nous pousse à cerner le problème de l'éviction qui laisse jusqu'ici une impression de flou : l'éviction est-elle hédoniste ou pas ?

* 539 Ibid., p.182 ; p.188

* 540 Ces catégories de personnes ressemblent, aux yeux d'Onfray à la figure de Don Juan qui s'amuse à dire aux paysannes des paroles enjôleuses. Il promet ici le mariage, là-bas l'argent, ailleurs les fiançailles, etc. mais il ne tenait jamais.

Cf. Le désir d'être un volcan,op.cit, p.167 ; p.168

* 541 Ibid., pp.173-177

* 542 La sculpture de soi, op.cit., p.188

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