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Réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés et construction de la paix: analyses des approches organisationnelles

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par Justin SHERIA NFUNDIKO
Université Officielle de Bukavu - Licence 2009
  

Disponible en mode multipage

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Année académique: 2008-2009

UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU

B.P. 570 BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

REINSERTION SOCIALE DES ENFANTS SORTIS DES
FORCES ET GROUPES ARMES ET CONSTRUCTION DE
LA PAIX A BUKAVU :Analyses des approches
organisationnelles

M6moire pr6sent6 et d6fendu en vue l'obtention du Diplome de licence en Sociologie

Par : SHERI A NFUNDIKO Justin

Directeur: Professeur KAZADI KIMBU Encadreur : chef de travaux KAG AND A Philippe

2
SIGLES ET ABREVIATIONS

1. A.G.R : Activité Génératrice des Revenus

2. BVES : Bureau pour le Volontariat au Service de l'Enfance

3. CDE : Convention des Droits de l'Enfant

4. CELPA : Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique

5. CEPAC : Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale

6. CICR : Comité Internationale de la Croix Rouge

7. CONADER : Commission Nationale de Désarment et Réintégration

8. CTO : Centre de Transit et d'Orientation

9. DUDH : Déclaration Universelle des droits de l'homme

10. EAFGA: Enfants Associés aux Forces et Groupes Armés

11. ESFGA : Enfants Sortis des Forces et Groupes Armés

12. FSSPA : Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives

13. IRC : International Rescue Commitee

14. LAV : Laisser l'Afrique Vivre

15. OIT : Organisation Internationale du Travail

16. ONG : Organisation Non Gouvernementale

17. Op.Cit : Opere Citato

18. OSA : Objectifs Stratégies et Actions

19. PAM : Programme alimentaire mondiale

20. PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

21. RDC : République Démocratique du Congo

22. RECOPE : Réseau Communautaire de Protection de l'Enfance

23. SWOT: Strength (Force), Weakness (Faiblesses), Opportunity (Opportunité) and Thread (Menace).

24. UEPN DDR : Unité d'Exécution du Programme National de Démobilisation, Désarmement et Réintégration

25. UNICEF :

26. UOB : Université Officielle de Bukavu

27. VIH /SIDA : Virus Immuno Humain/ Syndrome d'Immuno Déficience Acquise

DEDICACE

A mes parents Daniel NFUNDIKO NTERANYA et Isabelle KINJA M'KASENGE pour tant de sacrifices consentis pour tout au long de ma formation,

A mes frères et soeurs pour vos encouragements incessants qui m'ont fait toujours le goût de poursuivre la carrière scientifique ;

A toutes ces organisations qui du jour au lendemain consacrent leurs efforts pour que les forces et groupes armés cessent d'être le lieu de vie des enfants ;

Justin SHERIA NFUNDIKO

4
REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail, nous tenons à remercier sincèrement toutes les personnes tant physiques que morales qui ont concouru à sa réalisation, par cette occasion, nous tenons à leur exprimer nos sentiments de gratitude.

Nous remercions les autorités académiques de l'Université Officielle de Bukavu, notre alma mater, pour avoir organisé pour nous des enseignements de qualité avec des enseignants chevronnés et attitrés de la faculté des sciences sociales, politiques et administratives.

Nos remerciements s'adressent au Professeur Ordinaire Timothé KAZADI KIMBU pour avoir bien voulu dirigé ce mémoire, ses remarques et suggestions nous ont été capitales dans la réalisation de cette oeuvre.

Nous pensons au Chef de Travaux Philippe KAGANDA MULUMEODERHWA qui,malgré ses lourdes tâches, s'est impliqué profondément dans la réorientation de notre thématique de recherche,l'encadrement du présent mémoire, aussi d'avoir dissipé nos inquiétudes liées aux exigences scientifiques chaque fois quand nous en avions.

Nos sincères remerciements s'adressent également à nos compagnons de lutte. Grâce à vous nous avons appris grand-chose, nous pensons à Michel AHANA, Jean Claude BIKANGU, Georges MUGISHO, David AMANI, Rosine FURAHA, Claudine KIBIBI, Lyly NSIMIRE, Ange LUBANZADIO, Dynat FATAKI, ZAWADI MISSI, Bernadette NTAKWINJA, Nely RWIWIBUKA, Filidor BIKENGU, Justin MUGABO, Vianney BASAMBILA.

Que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation du présent travail, trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude

Justin SHERIA NFUNDIKO

0. INTRODUCTION GENERALE 0.1.0bjet, choix et intérêt du sujet

0.1.1. Objet et objectifs du travail

La présente étude porte sur la réinsertion des enfants associés aux forces et groupes armes à Bukavu et ses environs.

Selon J.MAQUET, une société est un réseau de groupes majeurs en interconnexion et envisage comme une unité qui protège une culture commune. Quel que soit le domaine où l'on se situe, une société suppose un groupe de personnes conscientes de leur communauté, unie par de multiples relations,exerçant des activités des diverses natures,visant plusieurs objectifs dont le principal est son maintien. 1

A travers ce travail, nous nous proposons d'analyser les approches dont se servent ces organisations pour réinsérer dans la vie civile les enfants sortis des forces et groupes armés dans la Province du sud Kivu en général et la ville de Bukavu et ses alentours en particulier.

Notre étude poursuit les objectifs suivants :

> Sur le plan scientifique, nous voudrions analyser les modèles de réinsertion des enfants associés aux forces et groupes armés adoptés par les organisations locales ; déceler les limites, les défis à relever ainsi que leur contribution a la construction de la paix durable.

> Sur le plan pratique, nous voulons proposer aux acteurs des voies d'améliorer leurs interventions ce domaine.

1 J.MAQUET, Pouvoir et société en Afrique, Paris, Hachette, 1970. P.10

0.1.2. Choix et intérêt du sujet

Pour François DEPELTEAU, le choix d'un sujet est un acte purement subjectif. Il va de soi que ce choix se fasse en fonction de l'expérience passée et de la personnalité du chercheur. Ce choix dépend énormément de l'enseignement, de l'environnement social dans lequel évolue le chercheur2.

L'intérêt pratique : choix porté présent sujet n'est donc pas un fait du hasard. Il est plutôt le fruit d'un long questionnement et observations sur la vie des enfants sortis des forces et groupes armés. Ces derniers ont connu et commis des atrocités dans leur communauté, malgré eux, et qui ont par conséquent besoin d'une aide psychologique, sociale, et économique plus efficace pour maîtriser les traumatismes d'être réinsérés dans la vie civile.

L'intérêt personnel ; c'est depuis l'année 1999 que notre famille accueille transitoirement des enfants sortis des forces et groupes armés, avant de regagner leurs familles respectives. Au cours des nos échanges, ces enfants n'évoquent que des situations difficiles de nature à créer des traumatismes qui mettent à mal leur adaptation à la vie civile.

L'intérêt scientifique est d'apporter un éclairage théorique quant à ce phénomène afin de mieux le comprendre et d'y apporter tant soit peu de solutions.

0.2. ETAT DE LA QUESTION

Pour Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT, lorsqu'un chercheur entame son oeuvre, il est peu probable que son sujet d'étude n'ait jamais été traité par d'autres chercheurs en partie ou directement.

Ainsi, toute oeuvre scientifique s'inscrit inéluctablement dans un continum et peut être situé par rapport à des courants de penser qui le président et qui l'influencent par ailleurs. D où, il est normal et important que le chercheur en prenne connaissance pour lui permettre de préciser ce qui rapproche d'une part et ce qui distingue d'autre part son propre travail de ceux des autres.3

2 F.DEPELTEAU,La démarche d une recherché en sciences Humaines, Québec,P.U.L,2000,P.100.

3 R.QUIVYet L.V.COMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Bordas, 1988, PP30-38

Le domaine scientifique n'étant pas l'apanage d'une seule personne, plusieurs autres personnes ont mené des recherches proches de notre étude.

Nous citons a titre illustratif ;

L'ouvrage de Philippe CHAPLEAU 4éclairant sur une situation scandaleuse qui, loin d'être un épiphénomène sociétal, constitue, depuis la deuxième guerre mondiale, un vrai problème militaire.

Il établit un cadre historique, socio économique et tactique qui précise les facteurs qui se combinent pour favoriser l'implication directe des enfants dans les conflits et violences armés.

Il cite entre autre la démographie galopante, l'évolution technologique des

armements, la suppression des barrières traditionnelles entre combattants et civils et enfin, la paupérisation de la population.

Il tente d'apporter une solution à l'interrogation du comment combattre les enfants soldats en deux temps.

Le premier temps consiste en une prévention, en établissant un cadre juridique qui interdit le recrutement des mineurs et en faisant respecter les conventions internationales dans des zones des conflits.

Le deuxième temps c'est la démobilisation et la réinsertion, en imposant la paix et en accompagnant le retour à la vie civile des combattants, spécialement les jeunes.

Il estime que la société militaire se trouve dans une posture beaucoup plus délicate, et face aux enfants soldats, les armes traditionnelles sont désarmées en ce sens leurs codes de conduites et leurs tactiques apparaissent inopérants face aux menaces posées par ces enfants qu'ils considèrent comme des véritables guerriers asymétriques compte tenu du succès militaire qu'ils connaissent sur le champ de bataille, succès dû en grande partie à l'audace.

Cependant, quel que soit le mérite de ces enfants associés aux forces et groupes armés au front militaire, ils ont droit à une démobilisation et a une réinsertion socio économique pour pouvoir participer en tant qu'acteur à la vie civile,étant entendu que la place d'un enfant c'est sa famille, dans sa communauté et non dans une force armée ou une milice. Cette réinsertion doit être le soubassement d'une paix durable dans la communauté.

Pierre ERNY5 étudie la vie de l'enfant noir en milieu coutumier ainsi que l'éducation qu'il y reçoit.

Il cherche la pédagogie adaptée à l'Afrique noire et réalise une étude proprement ethnologique de l'éducation coutumière.

Il éclaire sur les ressorts les plus intimes de la société traditionnelle, fait comprendre
tout ce qui se passe dans la vie de l'enfant en marge de l'école, la part de l'éducation

4 P.CHAPLEAU, Enfants Soldats, victimes ou criminels, Paris, Rocher, 2007.

5 P.ERNY, L'enfant et son milieu en Afrique noire, paris, Fayot, 1972

que l'enfant reçoit de son milieu d'origine et dont il serait logique de tenir compte dans la manière de concevoir.

L'auteur passe en revue successivement l'éducation donnée durant la première enfance, celle qui situe l'enfant verticalement dans sa lignée (les liens de parente avec des ascendants) et horizontalement (dans le groupe des camarades d'ages) dans la société des semblables, les relations qui s'esquissent avec la société globale (la façon dont l'enfant participe a la vie collective).

Il décrit donc comment l'enfant intègre la société traditionnelle, assimile les connaissances et savoir faire qui lui sont indispensables pour pouvoir participer aux tâches, préoccupations et satisfactions qu'elles lui proposent. La façon dont l'enfant entre dans l'univers de la parole, lui fait porter des valeurs morales et enfin le fait passe par l'expérience spirituelle majeure de l'initiation qui est un rite culminant en des fêtes.

Notre analyse situera la réinsertion des enfants associes aux forces et groupes armes dans un environnement multiculturel (urbain et rural) et mettra l'accent sur la façon dont est organisé le retour aux activités civiles des ces enfants excombattants en tenant compte des aspects socio culturels de la communauté comme l'affirme Philipe CHAPLEAU, il est vital d'intégrer dans le processus de réinsertion des enfants associés aux forces et groupes armés des populations civiles promptes à victimiser les anciens enfants soldats et faire appel aux guérisseurs traditionnels et à leurs rituels de purification pour libérer les enfants de tous leurs démons6

Pour leur part I an Douglas et Alii7, dans leur ouvrage portant sur la démobilisation, désarmement et réintégration, démontrent que les mesures de désarmement doivent être appuyées par d'autres programmes qui permettraient d'accroître la sécurité et, du même coup, de réduire la circulation d'armes parmi la population civile. Une approche globale est donc nécessaire si l'on veut atteindre une sécurité, une paix et un développement durables.

Ils estiment que les campagnes d'informations sont essentielles à la sensibilisation des communautés touchées. Cependant, ils veulent qu'on tienne compte de la situation régionale ; c'est-à-dire, prendre la considération selon la quelle les pays font partie d'une région qui a influencé le conflit et qui a été influencé a son tour.

En ce qui concerne le désarmement et la démobilisation, ils montrent que les mesures prises pour assurer la réussite du programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion doivent être axées sur la vie civile, plutôt que sur la vie militaire, car le but ultime de la réinsertion consiste à préparer les anciens combattants à la vie civile.

6 P.CHAPLEAU, op.cit.P.216

7 I an DOUGLAS et Alii

D'autre part, les nombreuses tâches, assumées par les organisations

humanitaires et l'aide au développement montrent l'importance, selon les auteurs, de la coopération entre civile et militaire.

Parlant de la réintégration, ils mettent l'accent sur l'importance de la coordination des mesures de désarmement, de démobilisation et de la réintégration pour que cette dernière, en tant que tâche civile, réussisse. Si le processus de démobilisation ne réussit pas à instaurer la confiance et à susciter l'engagement vers le programme DDR, les combattants libérés risquent de se mobiliser à nouveau ou d'avoir recours à la violence et à la coercition pour survivre.

L'étape de la réintégration est conçue pour fournir aux ex-combattants des compétences utiles et des perspectives de retour à la vie civile. La réintégration ne fonctionne cependant que si elle a lieu dans une société fonctionnelle où la sécurité humaine des ex-combattants et de la population en général est assurée de maniere suffisante.

Pour notre part, nous pensons que la réinsertion des ex combattants doit tenir compte de leurs tranches d'âges, en spécifiant la maniere de prendre en charge les enfants et les adultes en se sens qu'à chaque tranche d'âge,correspond des problèmes particuliers qui nécessitent des solutions appropriées.

L'article de Sophie NOLET8, montre que les enfants et jeunes adolescents combattent volontairement où de manière forcée, dans les troupes gouvernementales ou des groupes armés d'une trentaine des pays en toute légalité. Selon l'auteur, ces enfants, sont utilisés comme des démineurs, espions, bombes vivantes, messagers, cuisiniers, porteurs, esclaves, sexuels...

Elle énumère une série des causes qui font à ce que les enfants soient de plus en plus visibles dans les groupes armés. Elle cite notamment la pauvreté des familles, la docilité des enfants qui fait à ce qu'ils soient faciles à enrôler, aussi, leur témérité : car les enfants sont plus impitoyables et s'infiltrent facilement dans les camps adverses.

Enfin, elle énumère les pays dans lesquels les enfants sont utilisés comme soldats dans le monde, pays de l'Afrique et de l'Asie pour la plupart.

Cependant l'article ne fait aucunement allusion aux mécanismes pouvant faciliter le retour à la vie civile de ces enfants.

Pour notre part, nous n'allons pas nous intéresser aux causes du recrutement des enfants dans l'armée ni même à la démobilisation bien que nous allons les citer par exigence méthodologique ; plutôt, notre effort sera concentré aux mécanismes favorisant le retour et à l'adaptation à la vie civile des enfants sortis des forces et des groupes armés.

8 S.NOLET, Les enfants soldats, armes légères et conflits en Afrique in Revue du GRIP, Bruxelles, N3, 2003, PP19-26

Dans le rapport publié par Save the Children UK et les groupes d'organisations non gouvernementales CARE, IFESH et IRC, Beth VERHEY9présente les résultats d'une étude menée en République Démocratique du Congo au près des autorités gouvernementales militaires et civiles, des agences des nations unies intervenant au Congo, des associations locales, les organisations de la société civile ainsi que les focus groupes des femmes. Ce rapport se penche principalement sur la situation et les attitudes des filles sorties des forces et des groupes armés, les obstacles de la participation des filles au processus de réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés et au processus officiel de DDR. Enfin elle formule des recommandations en terme d'actions à mener afin de persuader les filles à participer au processus. Ces recommandations sont ainsi adressées à la communauté qui se charge de l'accueil des ces filles ainsi qu'aux autorités gouvernementales.

Nous allons analyser l'effort des organisations dans la participation des filles au processus de réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés comme contribution à la construction de la paix dans le dernier chapitre.

MILFRID TONHEIM10, elle décrit la littérature disponible et la recherche relative à la réinsertion des enfants soldats en général avec un accent particulier aux filles soldates dans le processus de réinsertion en République démocratique du congo. Elle s'intéresse aussi d'une maniere sommaire à la manière dont la société civile congolaise se mobilise pour contribuer au processus de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des groupes armés.

Cet auteur donne les résumés d'une centaine d'études théoriques et empiriques existantes sur la réinsertion des enfants ex-soldats .Il s'agit des articles, ouvrages , des mémoires de maîtrise ainsi que des thèses de doctorat se rapportant au phénomène de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés. Toutes ces études portent sur les pays en situation post conflit comme la Sierre Léone, l'Uganda, Mozambique, la Cote d'Ivoire, Angola, le Sri Lanka, les Philippines et la Colombie.

Elle met en relief quelques tendances et développements dans la littérature. Des thèmes importants dans le domaine des études sensitives au genre sur la réinsertion sont discutés, ainsi que d'autres thèmes qui demandent une recherche et une compréhension plus poussées. Elle souligne enfin que la recherche sur les enfants associés aux forces et aux groupes armés demeure insuffisante compte tenu du fait que les aspects non couverts par ces études sont nombreux. D'où la nécessité pour les chercheurs, de multiplier les efforts pour produire une documentation suffisante sur les enfants ex combattants et particulièrement les filles.

9 Beth VERHEY, Atteindre les filles :Etude sur les filles associés au forces et groupes armés en République Démocratique du Congo, Londres, Save the Children et CARE, IFESH et IRC , Novembre 2004.

10 MILFRID TONHEIM, Reintegration of child soldiers :a literatuture review with particular focus on girl soldier's reintegration in the DRC, in rapport du SIK, N°1, 2009

KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU11, ont mené une étude sur les considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des groupes armés à Bukavu. Cette étude a couvert un échantillon de deux cents enfants sortis des forces et groupes armés choisis selon des critères bien définis. un questionnaire composé en grande partie d'items à réponses fermées qui reprenaient les paramètres essentiels de la personnalité des enfants sortis des forces et des groupes armés leur a été soumis.

A la fin de l'étude, ils ont dégagé les conclusions selon les quelles, bien que ces enfants constituent une catégorie spéciale des vulnérables. Il s'avère que ces enfants ex-soldats ne sont pas pour autant différents des autres enfants du point de vue psychologique dans la mesure où leurs réactions ne semblent pas trop s'éloigner du cadre comportemental général de la société.

Néanmoins, sur le plan affectif, il se révèle que ces enfants ex soldats sont plus tournés vers l'extérieur du fait d'avoir été détachés prématurément de leurs familles.

Par ailleurs, les résultats de ces auteurs ont montré que ces enfants sont équilibrés sur le plan sexuel malgré leur exposition aux éventuelles déviations.

Aussi, la peur due aux différents événements sombres vécus, continue-t-elle à marquer le parcours de leur vie quotidienne.

Sur le plan de la sociabilité, ils ont montré que la fréquence élevée d'incarcération ou de l' emprisonnement des garçons, ferait penser à la délinquance ; ce qui ne dénote ni de l'alcoolisme,ni du tabagisme, encore moins de la toxicomanie de la part de ces enfants.

Le mémoire de BALEMBA MUNGANGA12 qui procède par le structurofonctionnalisme, veut savoir quelles sont les activités des démobilisés dans la commune d'Ibanda et comment ces activités leur permettent de réintégrer au sein des populations civiles de Bukavu.

Il a trouvé que l'intégration d'un démobilisé est avant tout fonction de lui-même ; c'est à dire, de sa bonne volonté avant d'être l'affaire de la communauté.

Les activités réalisées par les ex-combattants, ainsi que leurs rapports avec les populations civiles peuvent au fil du temps faciliter leur acceptation et assimilation a ces populations civiles.

Cependant, les représentations collectives ou individuelles qui accompagnent les comportements collectifs et individuels,dont dépendent d'une part grandissante le degré d'intensité des conséquences positives ou négatives provenant des formes que revêtent les dominations plutôt que les coopérations,l'apparition ou la disparition d'interdépendances suite au double mouvement d'intégration ou de désintégration voire même d'intégration partielle,constituent des contradictions permanentes dont le

11 KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU, « quelques considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des groupes armés : cas de la ville de Bukavu »in recherches africaines, N°21-22 janvier -Juillet 2008 PP 106-116

12 BALEMBA MUNGANGA, les activités des démobilisés comme facteur de leur intégration sociale en commune d'Ibanda, Mémoire, FFSPA, U.O.B, Inédit, 2007-2008

siège semble être la société moderne ou en modernisation alors que le processus d'intégration prend essentiellement la forme d'une massification.

Il a enfin, trouvé que les démobilisés sont plus intégrés dans le système fonctionnel que dans les autres systèmes alors que les valeurs, les normes, les contacts et les relations interpersonnelles dans les groupes avec les autres populations faciliteraient une intégration complète plutôt qu'une intégration partielle.

La communauté a une grande part de responsabilité et d'influence dans la réussite du processus de réinsertion. En effet, les ex-combattants démobilisés des forces et groupes armés exercent leurs activités dans la communauté où ils ont commis des atrocités. Ils se voient financés pour exercer leurs activités de réintégration économique. Il y a donc la nécessite de renforcer les capacités socio économiques des populations locales pour écarter les formes de rejet et méfiance qui pourraient élire domicile dans cette communauté qui voit ses bourreaux d'hier assistés financièrement et matériellement sans pour autant penser à elle.

Dans son mémoire SHUKURU BATACHOKA13, partant du fonctionnalisme mertonien veut savoir comment et pourquoi organiser la démobilisation des ex - combattants au sud Kivu et quelles sont les conséquences et effets pervers de cette démobilisation sur les ex combattants et sur la société. Il souligne que la démobilisation des combattants intervient comme un mode de transformation positive du conflit ou la pacification. La démobilisation a été organisée au sud Kivu comme mesure structurelle de contrôle de l'armement et des troupes,en vue de pacifier la province, de consolider la paix par la récupération des armes en circulation,la diminution des effectifs militaires et freiner la multiplication des groupes armés et le trafic illégal d'armes. D'où la nécessité de réinsérer les anciens combattants dans la vie sociale et économique en tenant compte des réalités et exigences environnementales pour reconstruire la province et contribuer à la stabilité régionale.

Il dégage les résultats selon lesquels la démobilisation a été massive et

non progressive, ne tenant pas compte de la taille des mesures des structures d'encadrement des ex-combattants ; le désarmement reste problématique car la récupération des armes ainsi que des munitions et la question de brassage entre troupes ex composantes reste préoccupante.

Il souligne que la réinsertion reste incertaine suite au soutien financier insuffisant dont bénéficient les démobilisés suite à la crise socio économique demeure criante.

13 SHUKURU BATACHOKA,La problématique socio-politique de la démobilisation des combattants au sud Kivu, cas des démobilisés de la CONADER ,Mémoire ,FSSPA,2005-2006,Inédit

Selon lui, si l'on ne tient pas compte du devenir des ex-combattants, on aboutira à la milicisation et à la spectacularisation de la violence qui pourra entraîner la crise et les conflits en escalades conduisant encore une fois de plus à l'effondrement de l'Etat.

En plus de cet appui financier, les enfants retournés dans la communauté ont également besoin d'une assistance psycho sociale pour maîtriser les traumatismes vécus.

Notre travail va se distinguer des oeuvres qui précèdent par le fait qu'il analysera les approches dont se servent les organisations locales pour réinsérer les enfants sortis des forces et groupes armés dans la société civile ainsi que la contribution de ces approches a la construction de la paix durable à Bukavu et dans ses environs.

0.3. Problématique

Une problématique est une approche ou une perspective théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ.14

Trois cent mille (300000) enfants au monde, au moins, porteraient les armes ou surviraient de supplétifs au sein des forces armées nationales, des milices rebelles, des groupes armés paramilitaires et des gangs mafieux.15

Ces cohortes de guerriers juvéniles constituent une menace trop souvent ignorée dès lors qu'il faut juger les actes d'enfants arrachés à leurs familles et plongés dans l'horreur de la guerre.

En effet, le recrutement et l'utilisation des enfants par des groupes armés est un phénomène répandu, connu depuis le conflit de 1996-1997, résultant du renversement du régime de Mobutu pour le cas de la RDC.

La question des enfants utilisés par les groupés armés en R.D.C. a attiré un niveau élevé et constat d'attention internationale, aux niveaux diplomatiques et de plaidoyer depuis le début du conflit et cela au milieu de l'année 1998.

Tous les groupes armés en R.D.C. ont été nommés dans les rapports annuels du secrétaire général des Nations Unies de 2002 et 2003 sur les enfants et les conflits

14 R. QUIVY et L.V. COMPENHOUDT, Op. cit, p. 83

15 P. CHAPLEAU, Op. Cit. p. 7

armés devant le conseil de sécurité.16 La République démocratique du Congo compte à elle seule 10% des effectifs d'enfants soldats au monde, près de 33494 enfants avaient été recrutés dans les forces et groupes armés et certains d'entre eux y presteraient encore jusqu'à ce jour ; pour ce qui est de la seule province du sud Kivu, près de 3000 à 5000 enfants seraient impliqués dans ce processus selon les organisations intervenant dans la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés.

L'unité d'exécution du programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants annonce que près de 10000 (milles)enfants seulement avaient été démobilisés et réinsérés depuis 2004, et que les autres seraient encore actifs dans les forces et groupes armés dans le pays en général et dans les provinces orientales du pays en particulier17.

Au niveau national, le cadre de travail légal concernant les enfants associés avec les groupes armés est spécialement solide en R.D.C.

En plus d'être un élément supplémentaire faisant partie de la législation des enfants, notamment dans le protocole facultatif à la convention des Nations Unies relatives aux droits de l'enfant, une loi nationale avait été votée en Juin 2000 qui interdit clairement la participation des enfants de moins de dix-huit ans dans un groupe armé.18

Au nombre des mesures pratiques pour obtenir la démobilisation des enfants, un certain nombre d'efforts est entrepris. Il a été constaté qu'en R.D.C., il était possible de réaliser la démobilisation et la réinsertion des enfants pendant un conflit en cours.

L'accord de paix de Pretoria de 2002 qui a établi un gouvernement de transition en R.D.C., a élargi et ouvert le contexte de manière significative pour la démobilisation, le désarmement et la réintégration.

En Août 2003, l'UNICEF a pour la première fois orienté les efforts concernant les enfants en direction d'un cadre national de travail pouvant accueillir les enfants sortis des forces et groupes armés.

16 Beth VERHEY, Atteindre les filles, Etude sur les filles associés aux forces et groupes armés en R.D.C., Save the Children, Novembre, 2004.

17 Propos du prof NTUMBA LWABA, coordinateur de l'U.E. PNDDR, tenu en juin 2008 lors du lancement de la campagne de démobilisation des enfants dans les groupes armés.

18 Décret-loi n° 066 de Juin 2000

En Avril 2004, le gouvernement congolais a adopté le Programme National pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion. (PN-DDR).

Dans ce cadre, la CONADER (Commission Nationale de Désarmement et Réinsertion) a été créée comme institution nationale chargée de la coordination et planification du PN-DDR. Elle a été adoptée d'un directorat spécial pour la DDR des enfants.

Des dizaines de milliers d'enfants ayant été recrutés comme pouvant servir des soldats dans les différentes guerres qui ont secoué le pays, beaucoup d'entre eux ont été démobilisés à travers la CONADER à partir de 2005, d'autres enfants s'étant autodémobilisés ont obtenu de la 10ème Région militaire des attestations individuelles de démobilisation.

Au Sud Kivu, en général, et à Bukavu et ses environs en particulier où près de 3000 à 5000 enfants auraient été enrôlés dans les forces combattantes, un grand nombre d'acteurs différents sont impliqués dans le processus de retour à la vie civile des enfants associés aux forces et groupes armés.

Ces organisations locales ont soit un réseau large, impliquant les structures profondes de la communauté (comme les Eglises : la 5ème Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique, CELPA en sigle, la 8ème Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale, CEPAC, l'Eglise Catholique par son service de CARITAS), soit des organisations locales qui constituent un relais des organisations internationales non gouvernementales mais qui reçoivent l'aide de fonctionnement de celles-ci.

Ces organisations locales procèdent par différentes approches pour aider les enfants associés aux forces et groupes armés à se réinsérer dans les activités et services civils.

La tâche de ces organisations reste énorme et les enjeux gigantesques puisque les conséquences psycho-sociales d'une participation d'enfants, tant active que passive aux hostilités sont catastrophiques : agressivité accrue, absence d'éducation et d'apprentissage des mécanismes sociaux, relations sociales endommagés, problèmes d'identité, handicapes physiques, maladies sexuelles, détresse spirituelle,

stigmatisation et rejet par la famille ou par la collectivité, perspective d'avenir ...19 ; la tâche reste toujours pour ces organisations aussi compte tenu du défi de paix et du développement durables qui doit être relever.

Les enfants associés aux forces et groupes armés se trouvent dans une situation de plus en plus délicate. Ayant subi beaucoup d'atrocités, leur récupération sociale et communautaire est un processus qui demande du temps.

La situation des filles est de plus en plus complexe en ce sens que d'abord elles sont cachées par leurs commandants, sont considérés comme des « soldats - invisibles » : en plus, elles sont considérées comme leurs maîtresses pour assouvir leurs instincts sexuels quel que soit l'âge. C'est du concubinage forcé pour la plupart.

Certaines d'entre elles, qui se donnent l'audace de retourner dans leurs communautés respectives, sont butées au problème de rejet social par les membres de la communauté qui, les considèrent comme épouses des militaires sans morale ni valeur. Elles s'adonnent alors à la prostitution.

Les enfants sortis des forces et groupes armés n'étant pas bien encadrés, constituent un risque considérable pour la société et sont sources d'insécurité se manifestantpar les formes des violences physiques, l'agressions, les assassinats et vols à mains armées en ville ; tandis qu'au village, on assiste aux prises d'otage avec nécessité des rançons, le viol, le braconnage, l'adhésion aux groupes criminels ...

Au regard de ce qui précède, les questions suivantes méritent d'être posées :

1. Comment les organisations locales procèdent-elles pour assurer la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés ?

2. Quelle est la contribution de ces organisations locales à la construction de la paix à Bukavu ?

19 P. CHAPLEAU, Op. Cit. p ; 213

0.4 Hypothèses de travail

1. Les organisations locales procèdent par des approches communautaires et centralisées qui offrent aux enfants sortis des forces et groupes armés une assistance psychosociale, une formation en métiers, une assistance médicale, une intégration scolaire, un appui aux activités génératrices de revenu (AGR), un appui matériel à leurs familles d'accueil transitoire.

2. L'aide à la réconciliation des enfants jadis bourreaux de leur communauté et les membres de celle-ci, la participation des filles au processus de réinsertion sociale,la mise en place des projets locaux impliquant la participation conjointe des enfants ex-soldats et les membres de la communauté réduisant le risque de méfiance de cette dernière, son appropriation du processus de réinsertion par la mise en place des comités à son sein ayant en charge le suivi de réinsertion, constituent la contribution de ces organisations locales à la construction de la paix à Bukavu et ses environs.

0.5. Méthodologie

La méthodologie est définie comme étant une science des méthodes. En tant que telle, elle est une discipline qui réfléchit sur le processus rationnel de base et ses instruments rationnels d'une pensée méthodologique.

Elle élabore les concepts de base et les instruments rationnels qu'une méthode doit employer pour arriver à son but. Le bon usage de ces instruments doit conduire à organiser, à expliquer les données dans un tout cohérent20.

Ainsi, pour expliquer notre objet d'étude de manière cohérente, nous allons utiliser la méthode structuro fonctionnelle, dont le schéma nous permettra de trouver

20 A. BIROU, Op. cit., pp. 210-211

les fonctions que remplissent les approches dont se servent les organisations locales s'occupant de la réinsertion des enfants soldats dans la ville de Bukavu et ses environs. Cela du fait que les actions de ces organisations locales qui s'investissent dans la réinsertion des enfants ex combattants ne peuvent pas être écartées du système général de l'action qui a été étudié par Talcott PARSANS21 .

Tel que nous l'indique le protocole descriptif de la méthode structuro fonctionnelle, le système social est une catégorie analytique posée à priori,et doit être conceptualisé dans son ensemble avant qu'on ne puisse passer à l'étude des problèmes particuliers.

En d'autres termes, le système social doit être conçu comme un ensemble de personnes en interactions motivées par une tendance à l'optimisation des gratifications et dont la relation aux situations dans lesquelles elles se trouvent est définie et médiatisée par un système des symboles communs et structurés culturellement22.

Sous cet angle , nous considérons la ville de Bukavu et ses environs comme un système, un ensemble de personnes, où les organisations locales ayant en charge la réinsertion des enfants associés aux forces et groupes armés, procèdent par différentes approches, pour permettre aux enfants ex-soldats, ayant commis et connus des atrocités et ayant subi une certaine dose des traumatismes d'interagir avec les membres de la communauté en conformité aux normes et valeurs communes reconnues aux membres de cette communauté, en assurant une coordination dans l'organisation et le fonctionnement avec les autres membres de cette communauté . En participant à l'atteinte des objectifs et buts qui sont traduits par les quatre impératifs fonctionnels à savoir la stabilité normative, l'intégration , l'adaptation et la poursuite des objectifs.

En appliquant le schéma de quatre impératifs fonctionnels indispensables (AGIL) au maintien de tout système, nous trouvons que les organisations locales par le biais de leurs approches, assurent aux enfants sortis des forces et groupes armés, des formations en métiers qui leur permettent de se réinsérer économiquement dans les

21 T. PARSANS cité par Guy ROCHER, Introduction à la sociologie générale : organisation sociale, Paris, HMH, 1960, p. 203

22 F. ESSISO AISA AMANI « Des méthodes qualitatives d'usage en sciences sociales problème de choix et limite d'application » in Revue d'IRSA, n°6, 1999, p. 109

structures de la société. Grâce à ces métiers, ils gagnent des ressources dans le même environnement que les autres membres de la société (adaptation).

Dans ce même processus, ces organisations inculquent aux enfants des connaissances qui sont les moyens pour réaliser leurs fins. Ces connaissances (connaissances scolaires, apprentissage des métiers, activités génératrices de revenu) sont les mêmes dont disposent les membres de la communauté (Goal attainment).

En outre à travers les actions de réinsertion sociale et économique dont ils bénéficient de la part des organisations, ces entrent en coordination et en contact direct ave les membres de la communauté, contact et coordination qui renforcent leur réintégration dans la société (intégration).

Enfin, les soins psycho-sociaux des traumatismes que les enfants reçoivent des organisations leur permettent de reconnaître leur culpabilité et le réconcilient avec les membres de la communauté pour le maintien de la cohérence du système des valeurs et la résolution des tensions qui existeraient dans la communauté (latent patter maintenance).

Pour une meilleure compréhension des interventions des organisations de la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés, l'approche praxéo configurationnelle a été mobilisée pour cette fin.

Cette méthode a été complétée par des techniques telles que :

- La technique documentaire : nous allons recueillir et lire les documents écrits se rapportant à notre objet d'étude.

- L'échantillonnage à boule de neige qui nous a aidé à découvrir, grâce aux informations qui nous seront fournis par nos enquêtés, là où pourraient se trouver d'autres sources d'informations.

Notre échantillon sera constitué des enfants soldats vivant dans le centre de transit ou dans leurs familles respectives, les responsables des organisations locales et des membres de la communauté.

se trouveraient les enfants soldats (famille, communauté, école, centre de transit).

- La technique statistique nous a aidé à interpréter les données statistiques que nous aurons recueillies.

- La technique d'entretien libre : nous a permis de nous entretenir avec nos enquêtés ; et cela moyennant une grille d'entretien préétablie.

- Le technique de focus group nous a permis de nous entretenir avec les enfants sortis des forces combattantes prestant des métiers dans divers ateliers dans la ville de Bukavu et sa périphérie.

0.6. Délimitation du sujet

· Au plan temporaire, cette étude couvrira la période de 2003 à 2009. L'année 2003 correspond à la période pendant laquelle, un nombre important d'enfants s'étaient auto démobilisés et surtout à la mise en place de la CONADER, structure nationale qui avait eu dans ses attributions la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants (adultes et enfants) ; tandis que l'année 2009, constitue celle de la systématisation de nos investigations.

· Au plan spatial, nos enquêtes vont couvrir la ville de Bukavu et ses environs précisément le groupement de Nyangezi.

· Au plan typologique ; nous analyserons les approches adoptées par les organisations locales, la 5ème CELPA (Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique), le bureau pour le volontariat au service de l'enfance BVES en sigle, laisser l'Afrique vivre (LAV) et le Réseau communautaire de protection de l'enfance de Nyangezi(RECOPE).

0.7. Difficultés rencontrées

Au cours des nos recherches nous avons été buté à plusieurs problèmes liés à la collecte des données aussi bien au près des organisations ayant constitué la cible de notre investigation que des enfants sortis des forces et des groupes armés.

En effet, certains responsables des organisations ne nous ont pas rendu la tâche facile car ils nous ont fixés des programmes d'interview auxquels ils n'ont pas répondu. Ce qui nous obligeait à passer des journées entières à leur lieu de service sans être récu. Certains avancaient des motifs selon les quels nos recherches ne constituaient pas leur priorité malgré la présentation des nos documents officiels de recherche. Face à cette difficulté, nous passions aussi parfois par des voies informelles pour nous permettre d'accéder aux informations des certaines organisations.

Aussi, certaines organisations nous avaient donné une cartographie erronée d'enfants ex combattants réinsérés dans leur communauté. Ils avaient gonflé leurs listes de noms des enfants qui n'avaient jamais été enrôlés. Au constat de la situation après entretien avec les cas, nous les éliminions facilement de la liste de nos enquêtés.

Enfin, l'autre difficulté était liée au fait que certains enfants réinsérés par ces organisations n'ont pas été retrouvés facilement, dans la mesure où ils n'ont pas évolué dans les métiers dans lesquels ils ont été formés, ils ont migré ailleurs, comme solution à ce problème, nous avons intensifié les visites de terrains et des efforts ont été fournis pour retrouver certains enfants à leurs domiciles.

0.8 Subdivision du travail

Hormis l'introduction et la conclusion, le présent travail est articulé sur tois chapitres à savoir:

- Le premier chapitre porte sur le cadre sur le cadre théorique et conceptuel avec deux trois sections, la première se rapportant au cadre conceptuel ,la deuxième au cadre théorique et enfin la troisième porte sur la présentation du milieu d'étude. Notre milieu d'étude est constitué de quatre organisations. Ce chapitre est constitué par quatre sections ;la première section porte sur le Bureau pour le

volontariat au service de l'enfance BVES en sigle, la deuxième section porte sur la 5e communauté des églises libres de pentecôte en Afrique CELPA en sigle, la troisième section porte sur l'organisation laisser l'Afrique vivre LAV en sigle et enfin la dernière se penche sur le réseau communautaire de protection de l'enfance RECOPE en sigle.

- Le deuxième chapitre étudie les interventions des organisations en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés.

- Le dernier chapitre porte sur la contribution des organisations locales de la réinsertion sociale des enfants ex-soldats à la construction de la paix.

CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Ce chapitre va comprendre trois sections à son sein.

La première section va porter sur la définition ainsi que la clarification des concepts clés et opérationnels qui seront utilisés dans le présent travail.

La deuxième section quant à elle portera sur la précision théorique dans la quelle va s'inscrire la présente étude.

La dernière section porte sur la présentation du milieu d'étude.

I.1.SECTION PREMIERE PRECISION CONCEPTELLE.

Un concept ne porte pas généralement la même signification dans toutes les sciences. C'est à ce titre que chaque discipline ou science clarifie le sens qu'elle accorde à tel ou tel autre concept.

groupes armés, enfants sortis des forces et groupes armés, paix, conflit, et guerre, organisation. Cette précision est faite en vue de rendre plus compréhensible notre thématique.

I.1.1. Intégration

Pour asseoir le sens de ce concept, dans notre étude, nous nous inspirons du sens que lui confère C.D. ECHAUNDEMAISON, pour qui c'est un état ou un processus d'insertion d'individus ou des groupes dans un ensemble (collectivité, société) acquerrant ainsi un minimum de cohésion.23

L'auteur note que ce processus est à double face parce que les individus ou les groupes concernés adoptent à des degrés divers les règles, les us et coutumes de la collectivité. Parallèlement la collectivité les intègre comme membres à part entière. Il s'agit là, en effet, d'un processus d'acculturation ou de réintégration sociale.

Cependant, l'acceptation n'est pas forcément fonction du degré d'assimilation des intéressés : il peut y avoir rejet de l'autre imaginairement perçu comme asocial, dangereux, bizarre,...indépendamment de ses caractéristiques. L'auteur va plus loin en montrant que la sociologie ménage une place importante au phénomène d'intégration dans plusieurs théories. Chez Durkheim, l'intégration est la garantie du fonctionnement même de la société, son insuffisance entraîne l'anomie, l'égoïsme e les suicides.24

Dans cette étude nous voudrions comprendre comment les actions mal orientées des organisations en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés pourraient pousser ces derniers des actions anomiques.

Chez Talcott PARSONS, l'intégration sociale est l'un des quatre impératifs fonctionnels de tout système d'action25 .Or ces impératifs fonctionnels ne peuvent être étudiés séparément. Ils sont en interaction qu'on ne peut analyser l'un sans l'autre. Les quatre systèmes entretiennent entre eux des rapports d'interdépendance et de complémentarité, de sorte que l'analyse de chacun des systèmes doit toujours prendre en considération l'existence des trois autres, qui constituent son « environnement ».26

23 C.D.ECHAUNDEMAISON, Dictionnaire d'économie et des sciences sociales, Paris, Ed.Nathan, 1986, PP .71-72.

24 E.DURKHEIM, cité par Echaundemaison, Op.cit, P.72

25 T.PARSONS, cité par ECHONDEMAISON, Idem, p.72

26 Guy ROCHER, Introduction à la sociologie, t2 l'Organisation sociale, Paris, HMH, 1968, P .206

Pour Raymond Boudon, le terme d'intégration n'a pas de sens bien fixe et défini en sociologie. Dans le langage courant, il peut désigner un état de forte interdépendance ou de cohésion entre les éléments ou bien le processus qui conduit à cet état. De plus, on l'applique soit au système social soit au rapport individu système social.27 Cette dernière application, poursuit l'auteur , est trop laxiste, mais elle semble être adaptée à notre objet car, il s'agit d'une intégration des individus, c'est-à-dire les enfants sortis des forces et des groupes armés grâce aux actions dont ils bénéficient de la part des organisations(BVES, LAV, CELPA, RECOPE).

Paraphrasant Emile DURKHEIM , Raymond BOUDON dit que le système social est intégré, dans la mesure où ses membres possèdent une « conscience collective », partagent les mêmes croyances et pratiques, qu'ils sont en interaction les uns avec les autres et se sentent voués à des buts communs avec les autres membres de leurs communautés.

Plusieurs auteurs ont opéré chacun une distinction des formes d'intégration.

Luckwood distingue « l'intégration sociale » de « l'intégration systémique » en montrant que le la première concerne les relations consensuelles ou conflictuelles entre les acteurs sociaux et la seconde concerne les composantes d'un système social. Il donne l'exemple de l'antagonisme de classes pour la première et la contradiction entre les rapports de production pour la seconde forme d'intégration.

D'autres auteurs distinguent les formes suivantes d'intégrations : l'intégration personnelle, l'intégration psychologique, l'intégration économique et l'intégration politique.

> L'intégration personnelle se dit de l'individu qui rassemble en son moi unitaire toutes les multiples influences qui s'exercent du dehors.28Elle est l'aptitude de l'enfant sorti des forces combattantes à s'adapter aux conditions de vie du système.

> L'intégration psychologique se dit de l'état d'une personnalité dont les diverses composantes sont en harmonie, sans tension, complexe, fixation et rejet.29 La personnalité de l'enfant joue un rôle déterminant dans son intégration à part les actions des organisations de la réinsertion sociale.

> L'intégration politique désigne les processus qui visent à faire accepter à des groupes ou à des Etats, des institutions, un pouvoir, une façon d'agir, de sentir

et de voir la maniere de faire, d'agir de voir et de sentir et de voir d'un groupe plus vaste ou d'une société plus vaste.30

Cette forme d'intégration est traduite à travers le programme national de désarmement, démobilisation, et de réintégration des ex combattants traduit à travers le cadre opérationnel pour enfant sortis des forces et groupes et groupes armés mis en place par le gouvernement de la République démocratique du Congo pour orienter les actions de désarmement, démobilisation, de réinsertion des enfants ex combattants en RD congo.

> L'intégration économique fait appel à un processus de coopération et de mise en commun tendant à développer autant que possible l'économie par une meilleure utilisation des ressources, par une organisation rationnelle de la population et des échanges en vue de relever sensiblement le niveau de vie, but de toute activité économique.31il est question de comprendre si les activités génératrices de revenu ainsi que l'apprentissage des métiers dont bénéficient les enfants ex soldats de la part des organisations permettent à ces derniers de s'intégrer dans les structures socio-économiques à Bukavu et ses périphéries et par de là au Sud Kivu.

A ce concept d'intégration, est rattaché celui d'insertion qui vient du latin « inserere », signifiant introduire, trouver sa place dans un ensemble. Du point de vue social, l'insertion signifie que les individus concernés ont accès à l'emploi, au logement, à la protection sociale. Ce concept s'oppose à celui de marginalisation et à la ségrégation qui suppose l'exclusion.32 Le concept de réinsertion est inclus dans celui de réintégration qui comprend les notions d'assimilation ainsi que d'accommodation des individus dans un groupe donné. Dans le cas d'espèce, il s'agit de la réintégration des enfants sortis des forces et des groupes armés.

Pour Yvan CONOIR et Gérard VERNA, la réintégration comprend une phase de réinsertion et la réintégration à court terme.

La réinsertion est à court terme et inclut la période initiale du retour des forces combattantes au foyer ou de l'arrivée de l'enfant dans un centre d'accueil transitoire. Durant cette période, les objets ménagers sont fournis, des aliments sont fournis à l'enfant lui permettant de s'installer .La réintégration est un processus plus long ; son objectif est d'introduire l'ancien combattant dans sa famille dans la vie civile et, éventuellement, lui permettre d'atteindre l'autonomie financière en

30 J.GREMOND et GELEDAN, Dictionnaire économique et social, Paris, Hatier, 1990, P .216

31 M .NORRO, cité par A.COHEN, la déviance, Gembloux, Duculot, 1971, PP.151- 160

32 Lexique de sociologie, Dalloz, Paris ,2OO5, p .129

participant à des activités productives. Ce processus compte deux éléments:l'élément social et l'élément économique.33

Les principes de paris définissent la réinsertion des enfants soldats comme étant un processus permettant aux enfants d'opérer leur transition vers la vie civile es assumant un rôle positif et une identité civile acceptés par leur famille et leur communauté dans le cadre d'une réconciliation locale et nationale. La réinsertion est durable lorsque les conditions politiques, juridiques, économiques et sociales dont dépendent la survie, la subsistance et la dignité des enfants sont réunies. Ce processus vise à garantir aux enfants la possibilité jouir de leurs droits, parmi lesquels l'éducation formelle et non formelle, l'unité de la famille, les moyens d'une existence digne et le droit d'être à l'abri du danger.34

Pour ce qui est de notre travail, la réinsertion désigne ce processus qui consiste à aider les ex combattants et dans le cas précis, les enfants à s'adapter à la vie civile et à adhérer aux activités civiles après une période passée dans une force combattante.

I.1.4 .L'organisation

L'organisation est un ensemble ou un groupe de personnes délibérément constituées pour oeuvrer ensemble de maniere ordonnée et structurée pour la poursuite d'un ou des plusieurs buts spécifiques35.

Selon le lexique des sciences sociales, les organisations constituent des groupements humains, ordonnés rationnellement en vue d'objectifs déterminés, caractérisés par la division du travail, du pouvoir, des responsabilités, des réseaux de communication planifiés et un contrôle de l'ensemble pour ne pas dévier des objectifs prévus et maintenir l'efficacité et la survie de l'organisation.36

On distingue deux genres d'organisations : l'organisation formelle et l'organisation informelle.

On parle d'organisation formelle lorsque l'on se réfère au mode de structuration et de division du travail, de répartition des compétences, des rôles, des pouvoirs et de réglementation établis de maniere permanente selon les normes formelles au sein d'un ensemble.

33 Yvan CONOIR et Gérard VERDA, DDR, Désarmer, démobiliser, et réintégrer : défis humains enjeux globaux, Québec, P.U.L, 2006, PP.297

34 Principes de paris relatifs aux enfants associés aux forces et groupes armés, février2007, P.8

35 Ferdinand MUSHI MUGUMO,les organisations :théorie,stratégie,et leadership, kinshasa, MEDIAS SAINT PAUL , 2006, P.76

36 Lexique de sciences sociales, Paris, LAROUSSE, 1998

L'organisation informelle par contre se réfère aux relations sociales qui se développent de maniere spontanée entre les membres d'une organisation, le staff et travailleurs ou aux relations informelles qui découlent du fonctionnement de l'organisation et qui résultent de l'interaction entre organisation formellement établie et la dynamique des relations interpersonnelles parmi les participants, ainsi qu'au sein de l'environnement immédiat.

Toute organisation formelle secrète sa propre organisation informelle. Cette dernière joue un rôle important dans la conduite des opérations de toute organisation et ne peut pas exister sans la précédente.

Le rôle qu'assume l'organisation informelle peut être soit positif soit négatif.

L'organisation informelle joue un rôle positif lorsqu'elle concourt à cimenter l'harmonie, assurer la cohésion et favoriser la coopération au sein de l'ensemble. Son rôle est ainsi positif lorsqu'elle facilite l'intégration, l'initiation, la socialisation, et l'encadrement des membres.

Elle joue cependant un rôle négatif lorsqu'elle constitue un blocage à la réalisation des missions de l'organisation et devient le principal canal de référence ou créneau du pouvoir, de la légitimité et de la communication.

L'organisation informelle peut également servir comme témoignage de la concordance ou de la discordance, de l'adaptation ou de l'inadaptation des hommes qui les animent et des structures formelles à la mission de l'organisation37.

Caractéristiques de l'organisation

Toue organisation exhibe certaines caractéristiques : unicité normative des objectifs :ce sont des objectifs affichés par l'organisation , elle-même qui déterminent la norme, établissent la ligne de conduite et le cadre de référence approprié ; la hiérarchisation des pouvoirs( la division du travail, du pouvoir et responsabilités entre membres) ;la présence combinée d'hommes et des structures :(l'organisation constitue à la fois une unité mécanique et une unité sociale) ;la présence d'un centre des décisions , d'impulsion et de coordination ; la possibilité de substitution et de recombinaison du personnel( transfert, promotion, renvoi, etc.) :la distinction de patrimoine ;la recherche constante de la rationalité, de l'efficacité et de l'efficience ;la possibilité d'adaptation, d'acquisition et ou de changement des missions.

I.1.4 Enfant Associé à une Force et Groupe Armé

Est toute personne âgée de moins de 18 ans qui est ou a été recrutée ou employée par
une force ou un groupe armé, quelle que soit la fonction qu'elle y exerce. Il peut

37 Ferdinand MUSHI MUGUMO,Op Cit, P.78

s'agir, notamment mais pas exclusivement, d'enfants, filles ou garçons, utilisés comme combattants, cuisiniers, porteurs, messagers, espions ou à des fins sexuelles.38

Ce terme ne désigne pas seulement les enfants qui participent ou ont participé directement à des hostilités.

Ce concept est employé quand l'enfant preste encore dans une force ou groupe armé ;celui d'enfant sorti des forces et groupes armés est employé quand l'enfant est déjà démobilisé et ne prend plus part à des activités des forces combattantes.

Dans le cadre de ce présent travail, nous allons utiliser les expressions telles que « ex enfants soldats, enfants associés aux forces et groupes armés, enfants ex- combattants, »pour désigner les enfants sortis des forces et groupes armés.

Il faut entendre par force armée, une institution militaire d'un pays, ayant un fondement juridique et institutionnelle mais aussi ayant un appui en termes des salaires et autres avantages liés aux services rendus, lui permettant de remplir une des ses fonctions régaliennes qui est la protection de l'intégrité territoriale ainsi qui la protection des civiles et de leurs biens.

Par contre, un groupe armé est mouvement, illégal, contraire à une force armée qui exercer des activités subversives, contre la pouvoir établi, ou même et dans certains cas en collaboration avec les autorités établies, c'est une milice, une rébellion armée.

I .1.5. Construction de la paix

Le concept de paix est employé dans des sens forts différents : ce qui explique qu'il soit l'objet des discussions.

La paix est selon LABAMA LOKWA, « un accord, une attente entre individus à l'intérieur d'un groupe social. De ce fait, elle traduit les rapports entre personnes qui ne sont pas en conflit, en querelle. On peut citer, à ce niveau et à titre illustratif, les conventions collectives signées entre le patronat et le syndicat des entreprises paraétatiques par les quelles les parties s'engagent à résoudre les conflits par la négociation en s'interdisant, pratiquement, toute mesure de lock-out ou de grève. Elle a pour synonyme accord, concorde, entente, absence de troubles, des violences39 ».

La paix n'est pas l'absence des guerres car le monde ne peut vivre sans cela aussi longtemps que les intérêts égoïstes des uns et des autres n'ont pas encore trouvé des satisfactions. Croire autrement c'est une utopie et en même temps un idéalisme sans fondement.

38 Principes de paris, février 2007, p .7

39 B.LABAMA LOKWA, la Prévention des crises et l'instauration d'une paix durable en R.D.C., Kinshasa, S.E, 2002

Le grand dictionnaire encyclopédique définit la paix comme étant « un état de concorde, d'accord entre citoyens, les groupes sociaux, d'entente et de paix sociale »40

La construction de la paix consiste donc à un ensemble de mécanismes, des actions, des stratégies, mis en place par un groupement d'individus (acteurs individuels ou collectifs) pour préserver la concorde sociale au sein d'une communauté déterminée.

I.2. SECTION DEUXIEME : CADRE THEORIQUE

Dans le souci de comprendre la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés tels qu'effectués par les organisations à Bukavu et ses environs, nous nous inscrivons dans la théorie structuro fonctionnelle de Talcott PARSONS.

Cette théorie résulte de la symbiose du structuralisme et du fonctionnalisme. Ces deux théories considèrent la société comme un système social. Pour le structuralisme, le système social est constitué des éléments susceptibles de perturber l'équilibre nécessaire à la persistance, tandis que pour le fonctionnalisme, le système social a des fonctions qui permettent de maintenir son équilibre indispensable à sa persistance.

Nous avons utilisé la méthode structuro fonctionnelle dont le schéma nous a permis de trouver les fonctions que remplissent les approches dont se servent les organisations locales s'occupant de la réinsertion des enfants soldats dans la vile de Bukavu et ses environs.

PARSONS donne quatre postulats appelés impératifs fonctionnels auxquels fait face tout système social pour exister et se maintenir en équilibre. Ces impératifs fonctionnels sont la stabilité normative, l'intégration, l'adaptation et la poursuite des buts.41

Parsons appelle adaptation l'ensemble des unités-actes qui servent à établir des rapports entre le système d'action et son milieu extérieur.

Tel que défini par Parsons, le milieu extérieur au système d'action est généralement un autre ou plusieurs autres systèmes, qui peuvent être des systèmes d'action ou de non-action. L'adaptation consiste à aller puiser dans ces systèmes extérieurs les diverses ressources dont le système a besoin, à offrir en échange des produits qui proviennent du système lui-même et à aménager et transformer ces ressources pour les faire servir aux besoins du système. Cette fonction comprend, comme son nom l'indique, les activités destinées à assurer que le système s'adapte à son environnement, à ses

40 Grand dictionnaire encyclopédique LAROUSSE Tome 7, Librairie Larousse, Paris, 1984, P.7740.

41 G.ROCHER, Talcott Parsons et la Sociologie Américaine,

, PUF, 1972, P.49

contraintes, ses exigences et ses limites, et celles aussi par lesquelles le système adapte l'environnement à ses besoins, le modifie, le contrôle, l'exploite.

Ainsi, les organisations locales de la réinsertion, par le biais de leurs approches, assurent aux enfants sortis des forces et groupes armés, des formations en métiers qui leur permettent de se réinsérer économiquement dans les structures de la société, et grâce à ces métiers, ils gagnent des ressources dans le même environnement que les autres membres de la société, ressources qui leurs permettent de réadapter à la vie civile à Bukavu et ses périphéries.

La poursuite des buts constitue la deuxième dimension de tout système d'action. Parsons classe dans cette catégorie toutes les actions qui servent à définir les buts du système, à mobiliser et gérer les ressources et les énergies en vue de l'obtention de ces buts et à obtenir finalement la gratification recherchée.

C'est précisément la capacité de se fixer des buts et de les poursuivre méthodiquement qui distingue le système d'action des systèmes de non-action, c'est-à-dire des systèmes physique ou biologique.

Les organisations de réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés, grâce et leurs approches d'interventions, inculquent à ces derniers des connaissances qui sont des moyens qui leurs permettent de réaliser leurs fins. Ces connaissances sont entre autres celles scolaires, l'apprentissage des métiers, l'alphabétisation...

Dans tout système d'action, certaines unités-actes sont destinées à établir des contrôles, à inhiber les tendances à la déviation, à maintenir la coordination entre les parties et à éviter les perturbations trop profondes. À cet ensemble d'actions, Parsons donne le nom d'intégration. Il s'agit de la dimension stabilisatrice du système, c'est-à-dire celle où se retrouvent les actions qui tendent à protéger le système contre des changements brusques et des perturbations majeures et à y maintenir l'état de cohérence ou de « solidarité » nécessaire à sa survie et à son fonctionnement. A ce titre, les actions dont bénéficient les enfants ex combattants de la part des organisations locales à Bukavu et ses environs leurs permettent d'entrer en contact avec les autres membres de société. Ces contacts renforcent leur réintégration dans la vie civile à Bukavu et ses périphéries.

Enfin, tout système d'action a besoin d'un ensemble d'unités-actes qui servent à assurer chez les acteurs la motivation nécessaire. Il s'agit en quelque sorte ici de l'accumulation d'un réservoir de motivation dont doit disposer tout système d'action, réservoir qui doit toujours se renouveler parce qu'il se déverse sans cesse. Le système d'action a besoin que l'énergie provenant de la motivation se maintienne au moins à un certain niveau minimal. Cette fonction apparaît donc comme une sorte de système de canalisation qui sert à la fois à accumuler de l'énergie sous forme de motivation et à la diffuser. C'est pourquoi Parsons a donné à cette dimension le nom de latence. Celle-ci est en même temps le point de contact entre le système d'action et l'univers symbolique et culturel. Ce dernier appartient au système d'action d'une manière particulière, en ce qu'il fournit les symboles, les idées, les modes d'expression et les jugements qui sont nécessaires pour créer la motivation et la canaliser vers l'action. Grâce aux soins

psychosociaux des traumatismes que les enfants reçoivent des organisations, ils reconnaissent leur culpabilité s'il l'échait, et se réconcilient avec les membres de la communauté pour le maintien de la cohérence du système des valeurs et la résolution des tensions qui existeraient dans la communauté.

Cette théorie du structuro fonctionnalisme de Talcott PARSONS a été complétée par le modèle théorique d'analyse pro active d'impact des politiques de gestion des conflits (conflict impact assessment) mis sur pied par Luc REYCHLER.42

Par cette théorie d'analyse proactive de prévention proactive des conflits, on entend l'analyse des effets qui engendrent et renforcent les structures durables qui elles mêmes amplifient les possibilités d'une co-existence pacifique, réduisant les possibilités d'éclatement, de récurrence ou de persistance d'un conflit violent.

Il est question dans cette théorie d'analyser tous les effets politiques, économiques, et sociaux qui amplifient les possibilités de réagir à un conflit d'une manière violente.

Le but d'une analyse pro active d'impact des possibilités sociopolitiques de gestion des conflits est de :

· Connaître à temps l'impact positif et ou négatif de plusieurs types d'interventions (ou leur absence) sur les conflits.

· De contribuer au développement d'une prévention des conflits et d'une politique de construction de la paix plus cohérente,

· De servir d'outils de sensibilisation aux élites politiques, sociaux, en les aidant à identifier certaines faiblesses dans leur approche comme points oubliés (incohérences des actions, priorités inadéquates, etc.).

· De stimuler les efforts de développement et de construction de la paix.

Cette théorie se veut un rappel pour les gens de terrain en l'occurrence les organisations de la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés (BVES, CELPA, LAV, RECOPE) qui s'occupent de la prévention des conflits et la construction de la paix.

Le système d'analyse pro active d'impact des politiques des conflits comprend six critères pour évaluer les politiques en fonction de leur capacité à construire la paix. Ces critères sont les suivants :

> La définition claire et attractive de la paix qu'on veut atteindre et un cadre conceptuel valable qui indique les conditions qui stimulent ou empêchent la réalisation de cette paix,

> Une analyse complète des besoins ou de la présence (ou absence) des conditions mentionnées plus haut dans la zone conflictuelle,

> Un plan d'action cohérent,

> Une exécution effective de ce plan,

42 Luc REYCHLER, Tatien MUSABIMANA, Stefan CALMEY, défi de la paix au Burundi : théorie et pratique, Paris, Harmattan, 1999.

> La reconnaissance et l'inclusion des acteurs primaires dans le processus de transformation du conflit,

> La prise de conscience et le démantèlement des murs sentimentaux qui entravent la réalisation des critères précédents.

En appliquant cette théorie à notre travail, il sera question de porter un regard perspicace sur les, objectifs, actions, ainsi que les stratégies mis en place par les organisations de réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés, en analysants les points forts ainsi que les points faibles de leurs politiques grâce à l'analyse praxéo-configurationnelle qui sera mobilisée pour cette fin, ce point sera donc traité dans notre troisième chapitre.

I.3. SECTION TROISIEME : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

Cette section présente les organisations auprès desquelles nous avons effectué nos recherches.

Il s'agit des organisations suivantes :le Bureau pour le Volontariat au service de l'Enfance et de la Santé,BVES en sigle , de l'organisation LAISSER L'AFRIQUE VIVRE, de Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique CELPA en sigle et du Réseau Communautaire de Protection de l'Enfance RECOPE en sigle.

I.3.1 Le bureau pour le volontariat au service de l'enfance et de la santé BVES

I.3.1.1APERCU HISTORIQUE

Le BVES a vu le jour l'an 1989 sous forme d'un week end de partage d'informations sur la situation des enfants dans la ville de Bukavu par certains scientifiques (psychologues, médecins, sociologues, anthropologues,...).

Par la suite, il deviendra véritablement une ONG locale le 6 mars 1992 sous la dénomination « Bureau pour le volontariat au service de l'enfance et de la santé » .

La contribution pluridisciplinaire (sociologue, juriste, psychologue, médecin, anthropologue,...) animée par la volonté de contribuer à la promotion, à la défense des droits fondamentaux des enfants victimes de la marginalisation économique et sociale ainsi que des enfants victimes des conflits armés (enfants de la rue, enfants soldats, enfants non accompagnés,...) avait motivé sa création.

Traduisant ce rêve en des actes concrets, coopérant étroitement avec la communauté internationale (agences des nations unies, ONG internationales humanitaires et de la défense des droits humains en RDC) et les communautés locales, le BVES est devenu une grande organisation consacrée à la cause des enfants aussi bien en RDC que dans la région des Grands lacs.

I.3.1.2 .LOCALISATION

Le BVES est situé sur avenue patrice Emery LUMUMBA en commune d'Ibanda, ville de Bukavu, province du sud Kivu en République démocratique du Congo.

Son centre de transit et d'orientation CTO est situé sur la même avenue non loin du marché de Nguba à coté de l'institut national de sécurité sociale INSS, au numéro 310 /01 sur la route principale qui mène vers la frontière entre la République Démocratique du Congo et République Rwandaise.

I.31.3 OB.JECTIFS DU BVES A. OBJECTIF GLOBAL

Le BVES a pour objectif global de contribuer à la promotion, à la protection et à la défense des droits fondamentaux des enfants victimes de ma marginalisation.

Il s'agit de traduire en des actes concrets les différents objectifs définis par communauté internationale lors du sommet mondial pour les enfants de septembre 1990 et protégés par la convention relative aux droits des enfants CDE en 1989.

Le BVES a d'abord opté pour la vulgarisation de objectifs de la CDE et du sommet mondial et la résolution pour les enfants ainsi que ceux d'autres rencontres internationales spécifiques relatives à l'enfance.

Il a ensuite mobilisé les enfants en situation particulièrement difficile, les familles, les communautés (confessions religieuses,) les écoles, les media, les initiatives locales de développement, le pouvoir public et la communauté internationale sur les conditions de vie des enfants et des mères dans le but d'amener les décideurs à accorder la première place à l'enfant dans un monde de plus en plus en pervers. Les enfants d'abord

Enfin, le BVES s'est engagé lui-même activement dans l'encadrement des enfants soldats.

B.OBJECTIFS SPECIFIQUES

· Rendre réalités les droits de l'enfant une réalité, les défendre, les protéger et les promouvoir,...

· Prévenir et lutter contre l'enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés en conflit dans la région,

· Contribuer à la démobilisation des enfants qui sont dans les forces et groupes armés et intégrer ceux-ci dans leurs familles respectives,

· Procéder à la réunification familiale et communautaire des certains enfants (ENA/ EDR) séparés de leurs familles par la guerre.

· Protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle récupérer certaines victimes de ce crime,

· Contrôler et mobiliser la communauté contre les violations des droits de l'enfant.

I.3.1.4. STRUCRURES ORGANISATIONNELLES ET

FONCTIONNELLES

1. STRUCTURE ORGANISATIONNELLE

Elle est composée de la manière suivante :

1. le conseil annuel des ses membres

2. le conseil d'administration

3. le comité directeur

4. le bureau des programmes

On distingue les services suivants :

+ le service social,

+ l'unité des soins de santé et nutrition,

+ l'école BVES et la recherche des exclues de l'éducation (éducation de base non formelle)


·
· la cellule de vulgarisation de la CDE et d'autres objectifs pour l'enfance,

+ la cellule de collecte des données sur la situation des droits des enfants, + le service de logistique,

+ la cellule de collecte des données et d'alerte rapide en économie alimentaires des ménages,

+ le centre de transit et d'orientation (CTO) ;

+ le centre pour la protection des droits de la jeune fille (CPDJF) à Bukavu ;

+ le centre pour la protection des enfants de la rue (CPER) à Bukavu ;

+ le centre pour la documentation et le plaidoyer sur les droits des enfants à Bukavu

+ le service pour le suivi et la protection des enfants en milieu rural ;

Le CTO centre de transit et d'orientation dispose d'un service spécialisé d'encadrement psycho social qui vise à transformer les enfants démobilisés des forces et groupes armés en des enfants civils selon les dispositions de la réglementation internationale, qui dispose que toute personne de mois de 18 ans ne peut pas être enrôlée dans les forces combattantes.

Ce service est exécuté quotidiennement avec un personnel composé de la manière suivante :

o six éducateurs sociaux de niveau A1 et A0

o un infirmier de niveau A1, 2 infirmiers de niveau A2,

o 1 nutritionniste de niveau A1

o 1 psychologue de niveau A0, médecin volontaire de niveau AO

o 1 expert en métiers

o 04 agents de sécurité jour et nuit

o 1 logisticien

o 2 agents de cuisine femmes

o 1 ingénieur agronome

2. FONCTIONNEMENT DE LA STRUCTURE

1. le conseil annuel des membres et animateur de BVES : ce sont les membres créateurs du BVES, il est l'organe suprême de celui-ci.

2. le conseil d'administration est l'organe de contrôle de l'exécution des actions par le BVES

3. le gouvernement : celui-ci collabore avec le BVES dans le cadre de la protection de l'enfance. L'Etat soutient la philosophie des ONG dans l'encadrement et la récupération des enfants par les services étatiques.

4. les partenaires y sont les organisations locales, nationales, internationales, onusiennes avec lesquelles le BVES collabore dans ses actions

5. la direction du bureau de programme est l'organe d'exécution et collabore directement avec différents services. Elle dirige les activités et représente BVES devant les partenaires ou les financiers.

6. le secrétariat s'occupe de réceptionner toutes les correspondances administratives,

7. le chargé de programme s'occupe de tous les programmes au niveau du centre de transit et d'orientation ; éducation de base non formelle des enfants non accompagnés, la protection des enfants associés aux forces et groupes armés ;...

8. la comptabilité gère l'argent de la caisse, les cotisations des membres ainsi que le financement des projets par les bailleurs des fonds

9. la logistique et sécurité : s'occupe de la protection des enfants au niveau du CTO ainsi que des matériels de ce dernier.

10. le droit et la protection sont des organes qui s'occupent de la revendication des droits de l'enfant qui est toujours en contact avec l'autorité de la place pour les ONG locales et internationales.

11. le suivi et réinsertion familiale organe qui s'occupe du suivi et de la réinsertion des enfants soldats dans leur famille et communauté.

12. recherche de droit et protection : est l'organe qui cherche à restaurer les droits de l'enfant.

I.3.1.5 LE BVES SON FINANCEMENT ET SES PARTENAIRES

Le BVES fonctionne grâce aux cotisations et contributions des volontaires locaux et internationaux.

Les ressources ainsi mobilisées sont soumises à une gestion rigoureuse tout au long de l'année.

Le BVES collabore avec des services étatiques comme l'inspection provinciale de la santé, les divisions provinciales des affaires sociales, du genre, femme et famille, de l'enseignement primaire secondaire et professionnel ; la Radio télévision nationale congolaise, les medias locaux, L'UNICEF, le PAM, le CICR, SAVE THE CHILDREN, l'Ambassade des USA au Congo, Amnesty international ainsi que le secrétariat permanant pour mettre fin à l'utilisation des enfants soldats à londres.

I.3.1.6. APPROCHE DE LA REISERTION SOCIALE DU BVES

Le BVES participe à la négociation pour la sortie des enfants des forces et groupes armés dans les provinces orientales du pays.

A la sortie des enfants des forces combattantes, ils sont acheminés au centre de transit et d'orientation situé à Nguba ou ils reçoivent les soins psycho sociaux leur permettant de maîtriser les traumatismes de la vie dans l'armée. Ces activités d'accompagnement psycho social renferme les activités récréatives (visant à de traumatiser l'enfant par des sports, promenade, contes denses), des activités créatives visant à aider l'enfant à réfléchir sur son projet individuel de vie après la vie dans l'armée grâce au dessein.

Le séjour au CTO ne dépasse pas trois mois selon la réglementation du cadre opérationnel pour enfants associés aux forces et groupes armés en RDC mis en place par la CONADER.

Le séjour au CTO est mis à profit pour renforcer la communication avec l'enfant grâce
à des interviews avec les animateurs sociaux mais aussi par le dialogue avec tous ses
pairs du centre. Des activités de remise à niveau et d'alphabétisation sont organisées

pour permettre aux enfants ne sachant ni lire ni écrire d'avoir des notions de base en français en arithmétique et en civisme.

On y fait aussi de diagnostic médical en vue de se rassurer que l'enfant ne soit pas porteur de telle ou telle autre maladie

En plus des animations sur des thématiques précises sont organisées journellement, les thèmes portent sur l'alcoolisme, le VIH SIDA, la déclaration universelle des droits de l'homme, les droits de l'enfant, l'éducation pour la paix...

Pendant cette même période, les activités de recherche familiale sont entreprises pour retrouver les familles des enfants ex soldats.

Une fois ces familles retrouvées, les enfants sont retournés dans leurs familles bien entendu après la médiation familiale organisée par BVES au cas ou il y aurait une certaine résistance de la famille à accueillir l'enfant et de là ils peuvent attendre le soutien à leur projet individuel de vie, soit la réintégration scolaire soit la formation en métiers divers pour une autonomie financière.

Pour ce qui est des enfants dont leurs familles n'ont pas été trouvées, un foyer des jeunes autonomes leurs est formé dans la ville de Bukavu pour leur permettre de s'installer et entreprendre des activités leur permettant de devenir autonome.

BVES loue une maison pour ces jeunes de 17 et 18 ans et les ravitaille en produits alimentaires pendant une année, le temps qu'ils soient en mesure de se prendre en charge.

Tableau n°1 EFFECTIF D'ENFANTS SORTIS DES FORCES ET DES GROPUPES ARMES REINSERES PAR LE BVES EN 2008

Milieu d'origine des enfants

Agriculture

Ajustage

Mécanique

Coiffure

AGR

pêche

menuiseri e

Réinsertion scolaire

Tot

MWENGA

27

 
 

4

24

 
 

6

61

KABARE

2

 

1

 
 
 
 

1

4

BUKAVU

 
 

5

 

1

 
 

5

11

UVIRA

1

 
 

3

5

 
 

15

24

KALEHE

13

 
 

1

20

3

2

6

45

NORD KIVU

14

 
 

8

 
 
 
 

22

KINSHASA

 
 
 

1

 
 
 
 

1

KATANGA

 
 
 

1

 
 
 
 

1

MANIEMA

 
 
 
 
 
 
 

1

1

WALUNGU

1

 
 
 

1

 
 

1

3

BURUNDI

 
 

1

 
 

1

 
 

2

RWANDA

2

 
 

1

1

1

 
 

6

TOTAL

60

 

7

19

52

5

2

35

180

Source : archives du BVES

Ce tableau ci haut nous renseigne que pour la seule année 2008, le BVES a réinséré 180 enfants sortis des forces et groupes armés, ces enfants sont pour la majorité de la province du sud Kivu et d'autres des différentes provinces du pays voire même des pays voisins.

On remarque que 33.3% de cet effectif ont été réinsérés dans l'agriculture, dans la mesure ou la quasi-totalité des enfants réinsérés dans ce secteur sont tous du milieu rural car proviennent des territoires ruraux comme Mwenga, Kalehe et Walungu.

Les activités génératrices de Revenu AGR occupent aussi une place importante avec 28.8% , vient ensuite la réinsertion scolaire avec 19% d'effectifs d'enfants réinsérés

I.3.2 LA COMMUNAUTE DES EGLISES LIBRES DE PENTECOTE EN AFRIQUE

I.3.2.1. HISTORIQUE DE LA CELPA

La brochure intitulée (historia ya 5ème CELPA) écrit par le honoraire TOTORO BASHI BARHEGINE est le document qui nous trace l'implantation de cette communauté au congo. Cette Brochure stipule que la et Lewis pétrus en suède, en 1921, ces deux fondateurs se sont détachés de l'église luthérienne et ils ont fondé les églises de pentecôte. Ils ont commencé à envoyer les missionnaires dans le monde.

Le premier missionnaire envoyé en Afrique fut monsieur Gudnnerius Tollfren, il avait conduit un groupe des missionnaires qui avaient d'aller à l'est du Congo pour venir évangéliser le monde noir. Ils ont cherché l'emplacement autour des lacs Tanganyika et Kivu, mais c'était pratiquement impossible à cause de la mauvaise intention des catholiques qui ont trompé la population de ne pas adhérer dans cette église protestante, qui jette les gens dans l'eau pour les baptiser et les crocodiles peuvent les manger. Alors les BAMI (chefs coutumiers) ont chassé ces missionnaires loin de leurs terres ; on leur accorda cependant la place de Nyamoma à Labotte ici à Bukavu.

Ensuite, quittant Ludaha à Kabare où se trouvaient déjà les catholiques, ils s'implantèrent à Bugobe. Les catholiques avaient une grande mission à Kabare Irhonda Byuhu.

Le missionnaire Gunnesciust continua son chemin vers les chefferies de Kaziba, luhwindja, et Burhinyi et en 1922 il s'installa à Mushinga -Namurhera dans la collectivité de Baziba ziba qui fut la première mission des protestants norvégiens au sud Kivu. En 1926, d'autres missionnaires arrivèrent pour continuer le travail d'évangélisation.

En 1928, Jean et Marie BRYNHILDESEN, quittent Kaziba pour s'implanter à Burhinyi / Kakwende. Ces deux missionnaires ont rencontré beaucoup de difficultés à Kankwende comme à Kaziba entre autres les problèmes de la communication dans la langue locale, problème de logement, de l'alimentation, de l'environnement, il y a eu beaucoup de moustiques et le commencement était chaque fois difficile. Mais les prières des églises et des chrétiens motivèrent les missionnaires à faire davantage et à implanter l'église à Kaziba et à Burhinyi, un travail de taille fut amorcé comme la construction des églises à Namurhera, à Kakwende, à Ciburhi, Luhwindja, Lwindi, etc.

A kaziba, ces missionnaires n'obtiennent qu'une place marécageuse à Namurhera pour leur installation. Ce qui ne les empêchant pas néanmoins à débuter l'évangélisation en invitant même les chefs notables à écouter la parole de Dieu et stimulant les autochtones par la distribution des cadeaux, sels, habits, etc.

L'oeuvre des premiers missionnaires fut renforcée par l'envoi d'autres missionnaires. Ces derniers ont pensé aussi la création des écoles et dispensaires.

La MLN n'aura une personnalité civile qu'en 1929. Au cours de la même année monsieur TOLLFREN G, introduisit une demande auprès du service des titres fonciers pour étendre le terrain de Kaziba de quatre hectares aux périphéries de la mission et une extension à Kakwende et Kalambi. Lorsque la deuxième cette demande fut agréée en 1932. L'oeuvre missionnaire pentecôtiste connaîtra déjà guerre mondiale éclata, ce qui handicapa un peu les activités.

A la fin de la guerre, la MLN comptait déjà huit stations indépendantes au sud Kivu à savoir Kaziba en 1922 , Kalambi en 1941, Bagira en 1956, Kalonge en 1958.

Aujourd'hui la CELPA compte 700 églises locales, six régions et 35 districts ecclésiastiques.

I.3.2.2. STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DE LA CELPA

Elle a été créée par l'arrêté royal du 7 juin 1929 publié au journal officiel de 1929, deuxièmes parties à la page 376. Association sans but lucratif dénommée Association des églises libres norvégiennes (AELN), modifiée par l'arrêté ministériel N° 143 du 16/10/1969 portant création de l'association des églises libres du Congo (AELC), modifiée par l'arrêté ministériel N 177/ CAB/MIN/R/J/95 portant création de la CELPA

Les organes de la CELPA sont : la conférence, le conseil d'administration, le conseil exécutif, le conseil régional ecclésiastique, le comité consultatif régional, le conseil de district et l'église locale ou le centre d'églises.

LES ORGANES DE DIRECTION

+ la conférence l'organe de décision, est l'assemblée générale de la CELPA. elle se réunit régulièrement tous les cinq ans en temps normal ;


·
· le conseil d'administration est l'organe d'approbation et des stratégies qui se réunit en session ordinaire sur convocation du conseil exécutif ou sur proposition de deux tiers de ses membres.

+ Le conseil exécutif est l'organe directeur exécutif de la CELPA. il est également l'organe de coordination et de contrôle des activités des organes placés sous son autorité. Il assure donc les relations internes et circonstances l'exigent et est présidé par le représentant légal et comprend :

1' Le représentant légal : il incarne la personnalité civile et morale de l'église, conformément aux lois et règlements en vigueur en RDC. Il supervise toutes les activités du conseil exécutif et représente la communauté vis-à-vis des tiers. Il propose au conseil exécutif son programme d'action pour la communauté et le soumet au Conseil d'administration et à la conférence, propose au nom du Conseil exécutif le budget de la communauté ou du conseil d'administration .Il veille à l'unité, à la vie spirituelle morale, et au patrimoine de la CELPA. Il envoie au ministère de la justice les décisions signées par les deux tiers des délégués à la conférence.

1' Le représentant légal adjoint : il remplace le représentant légal en cas d'absence ou d' empêchement. il s'occupe des dossiers relatifs aux églises qu'il exploite et fait rapport au représentant légal qui orient les suites à y apporter.

1' Le secrétariat administratif est l'organe technique de direction de la CELPA. Il comprend deux branches, une partie de l'administration chargée des courriers des archives, de la dactylographie (informatique), de la gestion du personnel et de la documentation. Une autre partie s'occupe des finances, de la comptabilité, de la caisse et de la gestion du patrimoine de la communauté.

1' Le conseiller missionnaire donne des conseils utiles pour une bonne marche du travail. Il est responsable du contrat entre le conseil exécutif et les organes de PYM en norvège. Il veille à l'utilisation de fonds en provenance de la norvège.

DE L'ORGANE D'EXECUTION

DE L`ORGANISATION GEOGRAPHIQUE

Géographiquement la CELPA est divisée en régions ecclésiastiques, la région en districts et chaque le district en églises locales qui pouvaient comporter chacune plusieurs chapelles ou sections.

Elle comprend en outre les nouveaux champs d'évangélisation qui pourront fonctionner selon les circonstances, comme églises locales, districts ou régions ecclésiastiques.

La région ecclésiastique est un groupement des districts ecclésiastiques dans une entité géographique bien déterminée. Elle jouit d'une autonomie administrative dans le traitement des questions spécifiques qui le concernent.

Le district qui se réunit au moins une fois par semestre a à sa tête un responsable du district élu par le conseil de district. L'église locale quant à elle est administrée par l'assemblée générale ecclésiastique qui réunit tous les fidèles de l'église locale.

CHAMP D'ACTION DE LA CELPA

Pour ce faire, la CELPA exerce ses activités dans cinq provinces de la RDC à savoir : le sud Kivu, le nord Kivu, la province orientale, le Maniema, et à kinshasa. Ces activités sont entrain de s'épanouir actuellement dans d'autres provinces de notre pays. À ce jour cette communauté se retrouve dans six pays africains à savoir : RDC RWANDA TANZANIE SOMALIE KENYA et NIGER. Partout dans ces pays, les missionnaires qui y enseignent la parole de Dieu sont aussi acteurs de développement selon la capacité de la communauté.

DU DEPARTEMENT DE LA DIACONIE ET DEVELOPPEMENT DE LA CELPA

La CELPA s'est engagée à appuyer l'oeuvre d'évangélisation par des oeuvres de développement socio économique.

~ Dans le domaine de la santé : la communauté s'est assignée deux sortes d'objectifs (global et spécifiques). En parlant des objectifs globaux, il faut s'attendre à l'amélioration de la couverture sanitaire des populations en RDC et participer à la lutte contre la pauvreté en améliorant la santé de nos populations. Et pour les objectifs spécifiques, la CELPA supervise les activités médicales dans 65% de formations sanitaires sous sa gestion en vue de veiller à la qualité des soins dispensés et d'améliorer la capacité de gestion des formations sanitaires.

· Renforcer la capacité de prise en charge des patients dans les formations sanitaires de la CELPA par un appui en équipements de base et en médicaments essentiels.

· Assurer la formation continue des agents prestataires des soins médicaux en vue d'améliorer leurs connaissances.

· Réhabiliter les infrastructures sanitaires vétustes et construire de nouvelles formations sanitaires en vue d'élargir la couverture sanitaire.

· Assister le ministère de la santé dans le fonctionnement des zones de santé et inspection provinciales de la santé.

· Lutter contre la malnutrition dans quelques sites ciblés dans chaque région ecclésiastique.

En effet, les oeuvres médicales de la CELPA comprennent 102 structures réparties de la sorte :

3 hôpitaux généraux de référence dont 1 à Kaziba, kalonge et nyamibungu

 

4 centres hospitaliers: Bukavu, kankwende, Kisangani, Kinshasa.

66 centres de santé à travers quelques provinces de la république ou la CELPA intervient.

14 postes de santé, 8 centres nutritionnels

2 cliniques ophtalmologiques : Bukavu et kindu

1 institut technique médical à kaziba

2 centres pour handicapés physiques à kaziba et kisangani

1 pharmacie centrale à Bukavu

1 orphelinat à Kaziba.

 

Ce réseau médical comporte à son sein un effectif de 517 agents dont 155femmes et 362 hommes et toutes ces formations médicales sont intégrées dans le système des soins de santé primaire de l'Etat congolais. Le partenaire principal de la CELPA dans le domaine de la santé reste PYM Norvège.

DANS LE DOMAINE DE L'EDUCATION

Dans sa prise de position sur l'éducation, la CELPA comprend 511 écoles au Sud Kivu en particulier, et 667 écoles sur toutes étendue de la république.

La communauté appuie les initiatives des parents à participer à leur construction par l'apport des tôles, du ciment, des clous, des fers à bétons ...offre un équipement en manuel scolaire, programme des cours, matériels didactiques , tableaux et pupitres. En plus, de l'institut BWINDI qui a déjà acquis une renommée nationale, la CELPA a construit des écoles secondaires de type est celui de l'institut TUMAINI de Bukavu dont l'équipement informatique moderne avec Internet sont à la portée des enfants.

La CELPA organise aussi à son sein les activités du centre de formation pour le développement social (CFDS). Ce centre a comme activité principale l'organisation des séminaires, des sessions de formation de recyclages pédagogiques en faveur des enseignants des écoles de la CELPA en particulier et des tous les acteurs éducatifs de l'enseignement au Congo en général. Son rayon d'action couvre l'étendue de la RDC partout ou la CELPA organise les écoles.

DANS LE DOMAINE DE LA REINSERTION DES ENFANTS SORTIS DES FORCES ET GROUPES ARMES

La CELPA intervient sur les axes suivants :

· L'axe sud kivu est, qui correspond à la ville de Bukavu et ses alentours avec Kabare et walungu

· L'axe sud kivu ouest qui correspond à Mwenga et shabunda

· L'axe sud qui correspond à la cité d'uvira ainsi que Itombwe

· L'axe du nord kivu

· L'axe de kasongo

· L'axe de kindu

· L'axe de Kisangani

· L'axe de Bunia

Ces axes sont répartis sur les provinces du nord Kivu, sud Kivu, Maniema et la province orientale.

Les axes représentent les entités qui se basent sur les communications existantes et sur les habitudes sociales du milieu.

La direction de la CELPA a opté pour une approche de la réinsertion fortement décentralisée fortement pour l'implication totale des communautés à la base, pour son appropriation et une pérennisation des acquis du projet.

Le projet de réinsertion de la CELPA est coordonné par un coordinateur du projet et appuyé par un adjoint ainsi qu'un assistant financier au projet. Les activités de chaque axe sont coordonnées par un animateur qui est rémunéré par la CELPA , il dispose d'une moto pour assurer la supervision des activités de réinsertion dans l'axe.

Pour ce qui est des nos recherches sur les activités de réinsertion de la CELPA, elles portent essentiellement sur l'axe sud Kivu Est. Pour ce faire, nous avons observé ces activités dans la ville de Bukavu ainsi que dans les alentours de la ville à savoir le groupement de Karongo nyangezi.

APPROCHE DE LA REINSERTION SOCIALE DE LA CELPA

C'est depuis 2003 que la CELPA a commencé son projet de réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés en RDC en général et dans la province du sud Kivu en particulier.

Cette réinsertion a débuté par les enfants auto- démobilisés de l'armée. Il s'agit en fait des déserteurs des forces combattantes devenus de plus en plus visible et nombreux dans les communautés ou intervient la CELPA. Et cela avant la mise en place du cadre national opérationnel pour les opérations de réinsertion socio économique des enfants sortis des forces et groupes armés par la CONADER. La CELPA a eu a explique aux autorités politiques et militaires pour rester dans la légalité.

L'approche est fortement décentralisée avec un grand nombre des projets locaux impliquant la participation locale. La CELPA a mis en place pour ce faire des comités de base dont la composition reflète la diversité de la communauté locale en question. A cause de ce réseau décentralisé, la CELPA n'à jamais pensé à mettre en place un centre de transit et d'orientation CTO car les enfants sortis des forces et groupés armés ont rejoint directement leurs familles du fait de s'être auto démobilisés. La CELPA est parvenue à trouver des attestations individuelles de sortie des forces combattantes pour ces enfants. Ces documents permettent aux enfants de n'être pas considéré comme des déserteurs dans la communauté.

organisés en faveur de l'enfant pour lui permettre de maîtriser les traumatismes et pour l'orienter vers le choix de métier en vue de l'aider à subvenir à ses propres besoins pour ceux là qui n'auront pas été intégrés dans les écoles pour des raisons d'âge avancé.

Ensuite, intervient la formation en métier qui dure trois à quatre mois. A la fin de la formation, l'enfant reçoit un kit de réinsertion constitué des outils de travail du domaine de sa formation. Ce qui lui permet de démarrer les activités économiques dans le milieu de réinsertion.

Le suivi des activités des enfants réinsérés est assuré par un comité local qui est soutenu professionnellement par la CELPA .Ce comité est le CARSEL ou comité local de soutien et de suivi au niveau des axes . Il est chargé de sonder l'histoire, les voeux et les desideratas des enfants sortis des forces et groupes armés dans les milieux d'établissement, de trouver la famille d'origine et le cas échéant d'identifier et d'installer l'enfant sorti des forces combattants dans une famille d'accueil transitoire et d'éducation bénévole. Ce comité assure aussi un suivi depuis son identification et jusqu' à ce que l'enfant soit capable de travailler seul.

On retrouve un CARSEL par axe d'intervention de la CELPA.

La CELPA, grâce à son approche communautaire fortement décentralisée a réussi à intégrer dans le processus de réinsertion sociale des enfants associés aux forces et groupes armés près de 41,4% des filles et 58, 5% des garcons. Ce qui constitue un record par rapport à d'autres organisations de la réinsertion sociale.

I.3.3LAISSER L'AFRIQUE VIVRE (L.A.V.)

1. IDENTIFICATION DE L'INSTITUTION

Laisser l'Afrique vivre est une association sans but lucratif reconnue officiellement sous le no, de LAISSER L'AFRIQUE VIVRE. Elle une plate forme d'actions des jeunes pour la paix, la sécurité et le développement durable dans la sous région des grands lacs.

Elle est située au N?315, avenue Patrice émery Lumumba, commune d'Ibanda, ville de Bukavu, province du sud Kivu, en république démocratique du Congo.

2. HISTORIQUE DE L'INSTITUTION

La plate forme LAV est née à partir d'une série d'expériences menées par des
organisations des jeunes issues des communautés religieuses et de la société civile ;
ONG, cercles académiques et scientifiques, mouvements associatifs des jeunes,

mouvements féminins, organisations peuples autochtones,...qui s'investissent dans les actions visant à stabiliser (pacifier) la région de grands lacs.

Elle a été créée par un groupe des jeunes intellectuels professionnels le 15 mars 2000 et reconnue officiellement par l'Etat congolais par l'autorisation de fonctionnement N JUST.GS 112/J K 984/2001 du 19 mars 2001. Né dans un contexte particulier des conflits armés à l'Est de la RDC aux ramifications sous régionales, avec ambition de mobiliser la jeunesse congolaise regroupée à travers des associations des jeunes ou non, en commencant par la province du sud Kivu autour de la thématique emploi et formation professionnelle , afin de l'aider à comprendre que son avenir ne réside pas à servir les intérêts des acteurs politiques ou des groupes, milice armée, mais plutot dans le travail qui va la rendre artisan de son propre destin et lui offrir les possibilités, capacités à s'impliquer activement dans la processus de paix en cours dans le pays. De ce fait, il est partisan de l'entreprenariat socioculturel et économique dont le pays a besoin pour son développement.

3. OBJECTIFS DU L.A.V.

LAV a pour objectif global d'amener les jeunes à être plus actifs dans le processus de paix et de développement durable en RDC en particulier et dans la sous région des grands lacs en général en améliorant leurs capacités d'accès aux décisions et aux moyens qui leur permettront d'être capables de promouvoir leur propres intérêts et ceux des générations futures.

Pour y parvenir, elle entend poursuivre les objectifs spécifiques suivants :


·
· Contribuer à l'éclosion d'une nouvelle société dans la région des grands lacs en général et en RDC en particulier ;


·
· Encourager l'éclosion de la classe moyenne en RDC en particulier dans la sous -région des grands lacs en général ;


·
· Intensifier la lutte contre le VIH SIDA et les MST ;

+ Mobiliser les populations civiles et pouvoir public sur l'importance de sauvegarder l'environnement en vue de protéger l'humanité contre les catastrophes écologiques dues à la volonté et aux actions humaines ;


·
· Contribuer à l'amélioration des conditions de vie des autochtones et minorités par la défense de leurs droits, l'accès libre et facile à l'instruction, au crédit et à l'amélioration de l'habitat et les conditions hygiéniques ;


·
· Créer l'emploi aux jeunes, promouvoir le genre ;

+ Lutter en faveur des droits humains et contre les violences sexuelles ;

+ Etc.

4. FONCTIONNEMENT

1. Le conseil d'administration

Il est l'organe de conception, d'administration et de gestion de la plate forme .il composé de sept membres :

> Un president ;

> Un vice président et un chargé du renforcement relationnel des questions juridiques et règlement des conflits ;

> Un secrétaire rapporteur ;

> Un conseiller en matière économique, comptabilité et gestion

> Quatre membres conseillers avec des compétences variées.

Le conseil d'administration est chargé des fonctions suivantes :

o Assumer le rôle de conception et de planification conformément aux statuts et règlements intérieurs ;

o Approuver les plans d'action et les prévisions budgétaires établies au niveau du secrétariat général ;

o Suivre la gestion de l'évolution institutionnelle de l'association ;

o Préparer, convoquer et organiser les rencontres du conseil consultatif des membres ;

o Autoriser suivant les prévisions budgétaires et cela par un achat des biens immobiliers tels que les engins motorisés, les immeubles et les concessions ;

o Fixer les traitements mensuels du secrétaire général, chargé des projets et du développement organisationnel et de l'administrateur financier y compris tous les avantages inhérents à leur travail et signer leurs congés et leurs missions ;

o Approuver ou désapprouver les propositions de recrutement des responsables des services spécialisés et autres agents sous la responsabilité du secrétaire général, excepté le chargé des projets et du développement organisationnel et de l'administrateur financier ;

o Participer aux négociations des partenaires au niveau local et extérieur ;

o Proposer au CA, les modifications à apporter aux statuts et règlements d'ordre intérieur, etc.

b. secrétariat général

Il est l'organe de coordination et d'exécution des activités quotidiennes .il organise et travaille sous la responsabilité du CA.

IL est chargé de:


· Assurer des contacts utiles en faveur de la plate forme au niveau local et extérieur ;

· Contresigner les contrats de collaboration et de partenariat ;

· Harmoniser et produire des rapports narratifs des activités et financiers ;

· Préparer les missions de consultance au près de la plate forme et ses projets ;

· Vulgariser les textes réglementaires régissant l'organisation au près de tout le personnel ;

· Engager, évaluer et révoquer le personnel.

c. le conseil consultatif des membres et les autres services

Il travaille en consultance avec le secrétariat général. Les services spécialisés sont crées suivant l'évolution des activités et le développement de l'organisation. Chaque service est dirigé par un responsable de service avec un nombre d'agents exécutant le travail en vigueur en RDC.

4. RAYON D'ACTION, GROUPE CIBLE ET DOMAINE D'INTERVENTION

1. RAYON D'ACTION

En RD Congo en général et à l'est du pays en particulier. Il travaille dans la province du sud Kivu à Bukavu Shabunda, Fizi Baraka, Bunyakirio, Ngweshe, Kaziba, Luhwindja, Kalima, et dans la province du Maniema.

Le programme de réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés concerne les entités suivantes :

· Bukavu au centre de formation en métiers TEGEMEO TRAINING CENTER

· BIDEKA dans le territoire de Walungu

· Mushenyi à WALUNGU

· KABARE centre

2. GROUPE CIBLE

Le groupe cible est réparti de la maniere ci après :

1) Enfants sortis des forces et groupes armés ;

2) Jeunes vulnérables en situation particulièrement difficiles (orphelins, victimes des guerres et VIH SIDA

3) Hommes et femmes victimes des violences sexuelles.

2. DOMAINES D'INTERVENTIONS ET ACTIVITES A.DOMAINES D'INTERVENTION

1' Paix et reconciliation,

1' Droits humains et lutte contre les violences sexuelles ; 1' Prévention du VIH /SIDA et éducation sexuelle ;

i' Alphabetisation des adultes ; 1' Rehabilitation,

1' Urgences humanitaires, 1' Promotion du genre.

B. Activités

1' Paix et réconciliation, droits humains et lutte contre les violences ; " Sensibiliser les communautés sur le DDR à travers les théâtres,

i' Plaidoyer et lobbying auprès des autorités locales et nationales sur les droits

des enfants et le phénomène enfant soldat ;

" Identification et vérification des enfants sortis des forces et groupes armés ; i' Appui logistique à la 10région militaire pour la démobilisation ;

1' Reunification et mediation familiale ;

1' Appui scolaire

i' Formation professionnelle pendant 6mois en quatre filières (soudure, ajustage, menuiserie, coupe et couture et mécanique auto).

6. RESSOURCES DU LAV

LAV travaille avec un personnel constitué des 21 agents dont 7 à la coordination de Bukavu, 8 au centre de formation en métiers et 6 encadreurs dans les sites de Bideka, Mushenyi, Nyangezi, Kabare.

L'organisation dispose d'un bureau équipé en fourniture des bureaux permettant de faire fonctionner les taches administratives.

7. PARTENAIRES DE LAV

Au niveau local les partenaires de LAV sont les initiatives locales de développement dans les villages, les confessions religieuses, la coordination pour la protection de l'enfance sud Kivu, les services étatiques, l' UEPN DDR, la commission de lutte contre les violences sexuelles de l`OCHA, les médias, la 10ème région militaire.

Au niveau international LAV collabore avec NORVEGIAN CHURCH AID, La Afrika leve/ NORVEGE, OPDE Burundi, centre ETHEMBONI Afrique du sud, FPFK / Kenya et Rwarri/ Kayonza.

APPROCHE DE LA REINSERTION DE LAV

LAISSER L'AFRIQUE VIVRE ne dispose pas d'un centre de transit et d'orientation pour les enfants sortis des forces et groupes armés. De ce fait il collabore avec d'autres organisations comme le BVES et jadis avec la CONADER

devenue UEPN DDR qui en dispose ainsi d'autres organisations qui s'occupent de la réinsertion des enfants ex soldats en province du sud Kivu.

Après identification d'un enfant comme étant sorti des forces et groupes armés, LAV inscrit l'enfant dans son centre de formation en métier. LAV organise des centres de formation en métier pour enfants sortis des forces et groupes armés. Ces centres organisent les filières suivantes : la coupe et couture, la soudure et ajustage, la mécanique auto et la menuiserie.

Les enfants inscrits dans ces différents centres de formation en métiers suivent des enseignements de la filière de leur choix pendant une période de six à huit mois ces enseignements sont théoriques et pratiques. Un brevet sanctionne la fin de la formation . LAV procède par la remise des kits de réinsertion aux enfants formés, ces kits sont constitués des outils de travail de la filière de formation suivie. Il paie une garantie locative de six mois pour ses lauréats. L'installation de la propre unité de production des ces enfants est précédée par l'apprentissage sous forme stage dans un atelier pour un approfondissement des connaissances apprises pendant les séances de formation et l'acquisition des notions en gestion.

Dans cette approche de LAV, les enfants une fois formés sont regroupés en équipe de travail de 5, 6 voire même 10 personnes dans un atelier. Les ambitions et aspirations différentes des membres d'une même équipe sont autant de problèmes auxquels cette stratégie se trouve confrontée.

Tableau n° 3 Effectifs d'enfants formés par LAV

Filières de

formation

garçons

filles

total

Coupe et

couture

11

84

95

Menuiserie

157

 

157

Mécanique auto

213

26

239

Soudure et

ajustage

224

 

224

total

605

110

715

SOURCE : archive de LAV

Nous constatons que le LAV a déjà organisé des formations dans quatre filières de métiers qui sont la coupe et couture, la mécanique auto, la soudure et ajustage et la menuiserie pour un total de 715 enfants formés à qui le kit de réinsertion composé du matériel du métier pour lequel l'enfant a été formé, a été remis.

L'effectif des garcons ayant déjà bénéficié des actions de LAV reste élevé 605 enfants soit environ 84% d'enfants réinsérés contre 110 filles soient 16% de la participation féminine aux actions de réinsertion de LAV.

I.3.4. LE RESEAU COMMUNAUTAIRE DE PROTECTION DE L'ENFANCE DE NYANGEZI

Cette structure a été mise en place par l'organisation internationale SAVE THE CHILDRE pour suivre les problèmes de protection de l'enfance en groupement de Karongo à Nyangezi. A ce titre, elle a eu la charge d'exécuter les activités relatives à la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés dans cette contrée. Le Réseau Communautaire de protection de l'Enfance est une approche tendant à approprier la communauté locale du processus de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes et le pérenniser dans le milieu.

Les Réseaux Communautaires de protection de l'enfance sont implantés à Bukavu, à Nyangezi, Walungu, Kavumu et Bunyakiri, tous ces réseaux procèdent par la même approche. Le choix du Réseau communautaire de Nyangezi comme milieu d'étude a été dicté par le fait que le milieu est facilement accessible et proche de la ville de Bukavu.

Il a été crée en 2001, et est constitué des personnes mandatées par leur différentes base représentant diverses couches de la population de la contrée.

Cette structure poursuit comme objectif,

De respecter et de faire respecter les droits des enfants dans la communauté. Il est à ce titre régit par un règlement d'ordre intérieur pour son fonctionnement.

Il comprend les organes suivants : une assemblée générale et un comité d'animation constitué d'un animateur, d'un animateur adjoint, d'un secrétaire, de deux trésoriers, et deux chargés de relation publique. C'est une organisation de 25 membres tous représentants différentes couches de la communauté comme l'Etat, les associations sans but lucratif, les églises... ils sont tous bénévoles.

Ils ont la charge d'exécuter les activités suivantes :

· Identification des problèmes liés à l'enfance dans la communauté,

· Plaidoyer,

· Sensibilisation communautaire,

· Médiation familiale en cas des problèmes dans des familles,

· rapportage

APPROCHE DE LA REINSERTION DU RECOPE

Elle a consisté à la négociation directe pour obtenir la sortie de l'enfant des forces combattantes. Après cette sortie, l'enfant est conduit au centre de transit de SAVE THE CHILDREN à Bukavu. Là, il va bénéficier des soins psycho sociaux permettant de maîtriser les traumatismes de la présence dans les forces combattantes.

Après une période de trois mois au plus centre de transit et d'orientation, l'enfant est réinséré dans son milieu suivant le type de réinsertion choisi.

Ainsi les types de réinsertion organisés par le RECOPE Nyangezi sont les suivants

o la réinsertion sociale qui consiste à placer l'enfant dans sa famille, et passer régulièrement dans cette famille pour suivre le niveau d'acceptation de l'enfant dans sa famille, voir si l'enfant a des difficultés ou pas. la médiation familiale intervient en cas des problèmes entre l'enfant les membres de la communauté dans laquelle l'enfant est réinséré.

o La réinsertion économique ou professionnelle : elle n'intervient que si la réinsertion sociale a réussi. Elle consistait pour le RECOPE à inscrire les enfants du milieu réinséré dans diverses filières d'apprentissages des métiers en tenant compte des opportunités et du milieu. Les formations suivies en coupe couture, menuiserie, maçonnerie, en maroquinerie, en petit commerce, et en élevage. Après cette période de formation ne dépassant pas six mois, les kits de réinsertion sont distribués aux enfants pour leur permettre d'entreprendre des activités économiques du secteur dans lequel, ils ont été formés. Comme dans toutes les organisations ces enfants ont été regroupés en équipe de travail, ce qui n'a pas favorisé la bonne marche du travail. Des enfants trouvés dans la briqueterie à Nyangezi nous ont affirmé qu'ils auraient vendu leur kit de réinsertion seulement quatre jours après leur réinsertion et se sont répartis l'argent car ne parvenaient pas à s'entendre en équipe.

o La réinsertion scolaire a été organisée pour les enfants qui avaient interrompus les études pour le recrutement..

Le RECOPE a soutenu ces enfants durant deux ans et un protocole avait été signé entre la communauté et les gestionnaires des écoles pendant cette période pour que les enfants inscrits soient pris en charge en contre partie du kit pédagogique rémis à l'école. A coté d'un enfant soldat réinséré dans une école, le RECOPE associait un enfant vulnérable du milieu pour résoudre le problème d'acceptation de l'enfant dans le milieu et ne pas violer le principe de la non discrimination tel que prôné par la convention relative aux droits de l'enfant.

Tableau n°4Enfants réinsérés par le RECOPE par filière de réinsertion

N

FILIERE DE REINSERTION

NOMBRE

1.

Coupe et couture

30

2.

menuiserie

22

3.

Maçonnerie

4

4.

Petit commerce

28

5.

scolarisation

6

6.

maroquinerie

8

7.

élevage

21

 
 

TOTAL

119

Source : données du RECOPE

140

120

100

40

20

80

60

0

Série1

Il ressort de ce tableau et de l'interprétation du graphique que pour le RECOPE Nyangezi, 30 enfants sortis des forces et des groupes armés ont été réinsérés dans la vie civile et ont été formés en coupe et couture, 22 ont été formés en maçonnerie, 28 en petit commerce, la réintégration scolaire a été faite pour 6 enfants ex soldats, 8 enfants ex soldats ont été formés dans la maroquinerie et enfin 21 enfants ont été réinserés en élevage.

CHAPITRE DEUXIEME : ACTIONS DES ORGANISATIONS DE LA REINSERTION DES ENFANTS EX-SOLDATS

Ce chapitre est constitué de deux sections, la première section porte sur les interventions des organisations de la réinsertion en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés, ces interventions sont focalisées autour des trois actions principales qui sont l'assistance psycho sociale, la formation en métiers ainsi que la réintégration scolaire des enfants ex combattants.

La deuxième section quant à elle analyse la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des groupes armés telle qu'organisée en milieu rural (NYANGEZI) et en milieu urbain (BUKAVU).

SECTION PREMIERE : INTERVENTIONS DES ORGANISATIONS EN FAVEUR DES ENFANTS EX COMBATTANTS

Cette section sera consacrée à l'analyse des actions que mènent les organisations qui s'occupent de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés. Ce sont les actions dont bénéficient ces enfants. Ces activités sont l'assistance psycho sociale, les différentes formations en métiers ainsi que la réintégration scolaire pour les enfants.

1. Assistance psycho sociale

De retour des forces et groupes armés, les enfants ont besoin d'un soutien psychologique et social pour briser les liens avec la vie militaire et les préparer à reprendre la vie en famille et dans la communauté.

L'assistance psycho sociale est appelée également soins psychosociaux. Ils constituent un élément clé permettant aux enfants de comprendre et sentir l'injustice

de leur mal utilisation et de recommencer leur vie sans se sentir coupables de ce qu'ils ont vécu dans l'armée. De l'autre côté, ils doivent comprendre que les actes qu'ils ont commis sont inadmissibles dans la société où ils doivent continuer à vivre.

La tâche des organisations locales est énorme et les enjeux gigantesques puisque les conséquences psycho sociales d'une participation d'enfants, tant active que passive, aux hostilités sont catastrophiques : agressivité accrue, absence d'éducation et d'apprentissage des mécanismes sociaux, les relations sociales endommagées, problèmes de l'identité, handicaps physiques, maladies sexuellement transmissibles, détresse spirituelle, stigmatisation, rejet par la famille ou la collectivité et tableau des perspectives d'avenir peint d'éléments négatifs. Ces éléments et tant d'autres montrent la nécessité d'une activité de prise en charge psycho sociale des enfants sortis des forces et groupes armés.

Cette activité se déroule dans toutes les séances dont bénéficient les enfants sortis des forces et groupes armés et dépendent d'un acteur à l'autre.

100% de nos enquêtés, responsables d'organisations de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés affirment intégrer dans leurs activités en faveur de ces derniers, des séances de prise en charge psycho sociale.

La méthodologie des soins psycho sociaux ou assistance psycho sociale en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés dépend d'une organisation à une autre.

Le BVES, dispose d'un centre de transit et d'orientation C.T.O., dispense des enseignements psycho sociaux aux enfants ex-soldats pendant les trois mois que les enfants passent au centre de transit.

Pour le BVES, cette activité consiste en une série d'entretien et d'écoute des enfants sortis des forces et groupes armés actuellement enregistrés au CTO en provenance des groupes armés. L'entretien est dirigé par un encadreur social, suivi d'une sensibilisation thématique en petits groupes de 12 enfants pour chaque encadreur social.

Ces activités tournent autour des thèmes spécifiques comme l'intériorisation des normes régissant les enfants sortis forces et groupes armés au centre de transit et

d'orientation, la lutte contre la toxicomane, la propreté, la vie future ainsi que les conséquences de la guerre.

D'autres activités sont organisées pour accompagner psycho socialement les ESFGA. Il s'agit des séances de detraumatisation des séquelles de la participation dans les forces combattantes. Ce sont les contes, les promenades dans les rues, les danses et le sport (football). Ces activités récréatives sont toujours encadrées par des animateurs sociaux dans le but d'éviter le débordement.

Les activités créatives consistent à aider l'enfant, à l'accompagner à réfléchir intensément dans le but de parvenir avec son propre raisonnement à dégager et conceptualiser un projet individuel de vie. Ces activités s'effectuent au moyen des différents dessins qui illustrent les situations (maisons, véhicules, activités de commerce, ...).

La communication directe se fait sous forme d'interview pour amener l'enfant à s'exprimer d'abord dans le petit groupe au sein du CTO et ensuite qu'il reste ouvert dans la communauté en ce sens que l'enfant renfermé sur lui-même ne peut pas être de traumatisé immédiatement.

L'alphabétisation ou remise à niveau compte tenu du fait que beaucoup d'enfants ne savent ni lire ni écrire. Les activités de ce genre sont organisées en leur faveur. Il s'agit des notions d'opérations fondamentales (addition, soustraction, multiplication, division), de l'écriture et lecture des lettres de l'alphabet pour le premier niveau et d'éducation aux droits des enfants, aux devoirs des enfants envers leurs parents, conjugaison du verbe Etre et avoir pour le deuxième niveau.

Pour la CELPA, l'approche est tellement différente compte tenu du fait qu'elle ne dispose pas d'un centre de transit et d'orientation.

Les séances des soins psycho sociaux sont organisées dans les communautés vivent les enfants.

La CELPA fait référence à l'UNICEF ou bien à une ONG spécialisée en matière des soins psycho sociaux comme WAR CHILD au profit des enfants à sa charge.

Les soins psycho sociaux seront effectués par des agents engagés et des volontaires de la CELPA formés dans des telles techniques par les spécialistes.

Ces volontaires sont tous surtout pasteurs, enseignants, des responsables des femmes et des jeunes, des membres des CARSEL et d'autres personnes influentes dans la communauté.

Certains ont une formation et une expérience en pédagogie ou bien en cure d'âme basée sur des principes bibliques colorés par la culture du milieu.

En effet, la CELPA dispose de tout un réseau de personnes qui ont des connaissances et des expériences de conseiller et d'aider les gens qui souffrent et ont besoin d'une aide pour retrouver la paix du coeur.

Grâce au partenariat avec War Child hollande, la CELPA a organisée un séminaire de formation des formateurs.

Ce séminaire avait comme objectif de :

- Identifier les principales causes qui sont à l'origine de traumatisme chez les enfants ayant participé aux conflits ou ayant été victimes.

- Avoir une idée sur le traumatisme et l'approche psycho sociale dans le but de faire comprendre aux enfants, à la société et tout le monde que les enfants ne sont pas responsables de ce qui est arrivé. Ils ont été impliqués par force et ils restent enfants valables dans la société.

- Utiliser les techniques de bonne communication pour une meilleure réinsertion.

- Appliquer les stratégies d'intervention au cas où les traumatismes sont en groupes, en famille ou seuls.

Les thèmes suivants ont été abordés :

- Introduction au processus de DDR ;

- Traumatisme et approche psycho sociale ;

- Que faire en cas de traumatisme d'un enfant et quelles stratégies faut-il utiliser ?

- Protection de l'enfant et les facteurs de son développement ; - Communication avec les enfants ;

- Les maladies sexuellement transmissibles ;

- Evénements difficiles dans le développement de l'enfant ; - Stratégie d'intervention ;

- Stress et trauma.

Les personnes formées lors de cet atelier, ont eu la charge de mener les séances de soins psycho sociaux dans les différents sites ou lieu d'intervention de la CELPA au bénéfice des enfants ex-soldats.

L'approche de la CELPA met l'accent sur l'influence et la connaissance des leaders religieux dans le processus de detraumatisation.

Pour ce qui est du LAV, ne disposant pas de structure transitoire pour accueillir les enfants sortis des forces et groupes armés, collabore avec les autres qui en disposent comme le BVES.

Il organise des formations dans différents métiers ; la prise en charge psycho sociale s'effectue la matin pendant la prière matinale avant les séances de formation et cela pendant six mois.

Un ex-enfant soldat trouvé au centre LAV nous affirme ce qui suit : « pendant la séance de prière, je parvient à me souvenir de tous les dégâts que j'avais commis quand j'étais dans les forces et groupes armés, de toutes personnes innocentes que j'avais tué, des femmes et filles violées, ... après je demande au modérateur de m'aider à prier pour que pareil événement ne se reproduise plus un jour... »

Il est donc vital d'intégrer dans ce processus des populations civiles promptes à victimiser les anciens enfants soldats et à les considérer comme des « contaminés ». Cet ostracisme peut être combattu si des programmes de réconciliation sont lancés ou l'on fait appel aux guérisseurs traditionnels et à leurs rituels de purification43.

Dans un entretien avec un enfant au centre de transit et d'orientation du BVES, il nous a relaté ce qui suit : « après mon enrôlement dans le groupe armé, j'ai été envoyé au camp de formation ... près de Kavumu et de là, j'ai été muté dans la plaine

43 Entretien avec Serge MURHULA ce 24 mai 2009 au centre LAV après la prière.

de la Ruzizi où j'ai d'abord échappé aux épidémies diverses comme le choléra, la fièvre typhoïde et d'autres maladies de mains sales qui ont emporté plusieurs de mes camarades avec qui j'ai été enrôlé . Ce qui a développé en moi un esprit tendant à la vengeance. De ce fait pour manger, il fallait harceler les paisibles citoyens, leur ravir tout ce qu'ils avaient. J'ai été arrêté à maintes reprises par mes supérieurs et dans les prisons, tout était permis. Je me souviens avoir violé cinq femmes à la prison de Lubarika ; bref, dans l'armée, j'ai tout fait, tuer des civils innocents, fumer le chanvre, boire des boissons alcoolisées, je me sens poursuivit par le sang des personnes innocentes que j'ai abattu, violé...44 »

Les organisations doivent intégrer dans ces activités, des séances d'indentification des besoins, connaître les vrais besoins des enfants et y apporter des solutions appropriées.

Il est impérieux que ces organisations prennent en compte l'expérience des enfants avant, pendant et après le recrutement, leur âge (par souci de comprendre le niveau d'atteinte d'un traumatisme), leur milieu familial, le niveau d'éducation. Les enfants se trouvant dans des forces et groupes armés sont séparés de leur famille et communauté depuis très longtemps. Pour eux, la démobilisation a constitué une période d'incertitude, voire d'angoisse. Ils laissent derrière eux ce qu'ils n'avaient jamais connu dans leur vie antérieure : une certaine indépendance, une mesure de pouvoir et un sentiment d'appartenance.

L'assistance psycho sociale en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés devrait tenir compte de la situation où les enfants retournent, dans la mesure où, certains étaient déjà attachés par des liens conjugaux. Pour cette catégorie, il faut des solutions particulières permettant une prise en charge de la famille différente de celle de l'armée. D'autres enfants ont subi des sévices sexuels. Pour ces derniers, l'adaptation sera particulièrement difficile en ce sens que le fardeau qu'ils ont à porter est considérable : les tabous autour des agressions sexuelles à l'encontre des garçons qui sont encor plus puissants que ceux concernant les filles. Les réactions des enfants à ces expériences sont les souvenirs persistants des sinistres événements, les pleurs, les troubles du sommeil, les cauchemars,les problèmes psycho somatiques, l'agressivité,

44 Entretien du 8 mai avec Marius dit BRAVO au centre de transit CTO, BVES

le repli sur soi, la méfiance face aux offres d'aide, les inquiétudes à former des biens affectifs. Les organisations doivent songer à intégrer dans leurs approches le retour à l'attitude de normalité et tenir compte des problèmes particuliers qui nécessitent des solutions particulières. Les séances de couseling individuelle peuvent être renforcées mais aussi y adjoindre des spécialistes des sciences de l'homme.

Il est également important d'intégrer dans ce processus la participation à des cérémonies traditionnelles de guérison, qui peuvent être organisées par les organisations dans le but de réconcilier les enfants avec les membres de la communauté pour annihiler le sentiment de réticence qui peut élire domicile dans l'un ou l'autre camp (enfants sortis de l'armée et membres de ma communauté).

Les organisations doivent tenir compte de la reconversion des mentalités des enfants sortis des forces et groupes armés et inculquer les valeurs civiques et patriotiques, le respect du bien d'autrui.

2. Formations en métiers

Les enfants sortis des forces et groupes armés bénéficient des formations en métiers pour être réinsérés à la vie ainsi qu'aux activités civiles.

Ces organisations procèdent des diverses manières pour capaciter ces ex-enfants soldats en métiers. Certaines organisent directement ces formations (cas du LAV), d'autres recourent à des expertises extérieures pour ce faire.

Après ces formations, les enfants entre en possession des kits de réinsertion leur permettant de se mettre au travail et d'entreprendre des activités génératrices de revenu.

Les formations dispensées aux ex-ESFGA sont la soudure et ajustage, la coupe et couture, la mécanique auto, la menuiserie, la cordonnerie, l'agriculture et l'élevage, le petit commerce, les arts plastiques, ...

Tableau n° 5: Répartition des enquêtés (ESFGA) par formation après démobilisation.

Formations

Effectif

%

Soudure et ajustage

15

25

Mécanique auto

5

8,3

Coupe et couture

4

6,6

Agriculture et élevage

7

11,6

Menuiserie

2

3,3

Petit commerce

13

21,6

Maçonnerie

2

3,3

Cordonnerie

3

5

Intégration scolaire

8

13,3

Arts plastiques

1

1,6

TOTAL

60

100

25

20

15

10

5

0

%

Soudure et ajustage Mécanique auto

Coupe et couture Agriculture et élevage Menuiserie

Petit commerce Maçonnerie Cordonnerie

Intégration scolaire

Arts plastiques

Source : Données de l'enquête de terrain 2009.

Il ressort de ce tableau que 25% constitués de nos enquêtés enfants soldats ont opté pour la soudure et ajustage. Cette activité est en émergence dans la ville de Bukavu et ses environs compte tenu du nombre croissant des chantiers des maisons en matériaux durables ; ces maisons exigent nécessairement des portes, des fenêtres, des garde-fou ; bref des oeuvres de la soudure et ajustage ; l'on retrouve sur certaines avenues des ateliers des construction des portes et fenêtres et au bord du lac ,le chantier naval avec la construction des bateaux localement, ont permis à la soudure et ajustage d'être un métier non négligeable sur la scène du marché de travail à Bukavu. (8,3% de nos enquêtés enfants soldats ont opté pour la mécanique auto), 21,6% de nos enquêtés enfants sortis des forces combattantes ont opté pour la formation en métiers, cela compte tenu de l'importance de cette activité (construction des meubles, et d'autres objets d'arts, ...), 11,6% ont opté pour l'agriculture et l'élevage. Cette

formation a été organisée pour les enfants sortis des forces et groupes armés réinsérés en milieu rural (Nyangezi) selon les données de terrain à notre possession ; dans la mesure où l'agriculture et l'élevage constituent une des caractéristiques du milieu rural (ruralité) ; 13,3% d'enfants interviewés nous ont déclarés avoir opté pour la réintégration scolaire dans la mesure où ils se sentent encore apte à poursuivre avec les études et du fait qu'ils n'avaient pas encore dépassé l'âge. Cette catégorie concerne les enfants qui n'avaient pas passé beaucoup de temps dans l'armée et qui sentaient encore le goût de continuer avec les études ; 6,6% ont opté pour la coupe et couture, filière en grande partie convoitée par les filles.

Le petit commerce a intéressé 3,3% des enfants interviewés, la maçonnerie avec 3,3% également. Pour la cordonnerie, 5% de nos enquêtés nous ont déclaré avoir opté pour ce métier et 1,6%nous a déclaré avoir opté pour les arts plastiques (la transformation des peaux des bêtes en ceintures, portes monnaies, tambours). Cette activité a également concerné seulement le milieu rural.

Toutes les autres formations sont à cheval entre le milieu urbain et le milieu

rural.

A .Facteurs présidant au choix des métiers.

Pour les organisations chargées de la réinsertion sociale des enfants associés aux forces et groupes armés que nous avons contactés, plusieurs facteurs sont à la base de l'orientation dans telle ou telle autre filière de réinsertion sociale.

Ces facteurs sont énumérés, de façon non exhaustive, de la manière suivante : le niveau d'étude des enfants, les opportunités que présentent le milieu où l'enfant sera réinséré, choix ou désir personnel de l'enfant, âge de réinsertion de l'enfant, l'intérêt du métier ainsi que la recherche de l'autonomisation des enfants réinsérés.


· Le niveau d'étude des enfants :

Certains enfants ont intégré les forces et groupes armés avec un niveau d'étude
inférieur. Certains n'avaient pas encore franchi la 5ème année primaire .Dans
cette même catégorie, certains ont passé beaucoup d'années dans les forces

combattantes. A ces enfants, l'orientation scolaire en terme de système éducatif formel est déjà écartée. Ils ne peuvent être réinsérés que dans les métiers professionnels.

Pour d'autres n'ayant pas fait beaucoup de temps dans l'armée et qui se sentent encore aptes à intégrer le système éducatif formel, ils avaient une possibilité de réintégrer le secteur scolaire. Cette orientation concerne également les enfants qui ont franchi la 4ème année des humanités. Certaines organisations nous ont confirmé qu'à ces enfants, la réintégration du système éducatif a été le premier choix qu'ils ont opéré.

· Les opportunités du milieu :

Certains métiers étaient favorables pour les milieux. Tenant compte de cet aspect, les enfants qui ont été réinsérés dans le milieu rural ont opté pour certaines formations particulières tels que l'élevage, le traitement des peaux des bêtes. Ces activités s'exercent déjà dans le milieu où elles trouvent des bonnes conditions de développement (main d'oeuvre, matière première) et répondent aux besoins communautaires dans la mesure ou leur produit est consommé.

Les organisations ont tenu compte dans le choix du métier de l'exercice effectif du métier pour lequel l'on est formé après la formation.

Une étude préalable du milieu de réinsertion l'enfant au plan économique, a été faite par l'organisation pour avoir l'idée sur l'efficacité de la formation. A cela, on ajoute les besoins du milieu en termes de potentialités formées en tel ou tel autre métier.

· Le choix de l'enfant

Certaines organisations ont reconnu à l'enfant sa filière de formation choisie selon qu'elles ont jugé fondée cette option.

· L'intérêt du métier

Les métiers présentent des intérêts différents. Certains produisent des intérêts immédiats, d'autres des intérêts à long terme. Il existe cependant des milieux sans intérêt ni pour le milieu ni pour l'enfant qui retourne dans sa communauté.

Par exemple un enfant du milieu rural qui opte pour la conduite automobile dans un milieu où il n'existe pas de véhicules.

· L'âge de l'enfant

A un âge donné, correspond un métier quelconque. C'est par soucis d'adaptation. C'est le cas des enfants âgés de moins de 15 ans qui ne peuvent pas apprendre la conduite des automobiles.

· La recherche de l'autonomisation des enfants

Les enfants sortis des forces et groupes armés ont déjà indépendants sur le plan matériel, financier et personnel. Ils ont acquis la majorité du fait de la participation dans les groupes armés. Les organisations les appuyant dans la réinsertion sociale veuillent à ce que l'activité de réinsertion des enfants les rende autonome pour subvenir aux besoins sociaux et économiques.

· Les atouts ou potentialités de l'enfant :

Ce sont les capacités et habiletés dont dispose l'enfant sorti de l'armée et cela compte tenu de son expérience dans le passé.

B. Constitution Du kit de réinsertion

Une fois la formation terminée, les enfants sortis des forces et groupes armés ont été regroupés en différentes équipes pour constituer des ateliers de travail selon le type de métier suivi. C'est au groupe que le kit de réinsertion est donné ; ce kit dépend d'une filière à une autre.

Ainsi donc, pour

· La soudure et ajustage/Moyens de réinsertion : les éléments suivants étaient remis au groupe de travail :

1poste à souder, une meuleuse, une foreuse, un étau, deux boîtes de baguettes, deux portes déjà prêtes à la vente, une garantie locative.

· La menuiserie : Un rabot, une équerre, un sergot, vitreuse, un vilebrequin, un marteau terraille, râpe, mètre, garantie locative.

· Coupe et couture : machine à coudre, deux ciseaux, deux tissus, garantie locative à six mois.

· Automobiles/Conduite : un permis de conduire national, l'outillage des pièces de réparation (clés), garantie de stage dans un atelier

· Agriculture et élevage : deux chèvres étaient remises à chaque enfant. Pour les autres (petit commerce), une somme ne dépassant pas 150$ leur étaient remise.

C. Correspondance entre la formation suivie et les activités exercées après la réinsertion

Il s'agit de voir si les activités effectuées à ce jour par les enfants sortis des forces et des groupes armés correspondent aux formations suivies.

100% de nos enquêtés de la catégorie de responsables d'organisations oeuvrant dans le domaine de la réinsertion sociale des ex enfants combattants nous ont affirmé que les activités exercées actuellement par les enfants sortis des forces combattantes correspondent bien aux formations reçues de ces organisations.

Cependant, les enfants ex combattants que nous avons interviewé nous ont affirmé qu'il y a eu mobilité dans leurs activités compte tenu de plusieurs facteurs.

Tableau N°6: correspondance entre activités exercées et formations suivies

Activités exercées actuellement

Effectif

pourcentage

Soudure et ajustage

17

28.3

Mécanique auto

5

8 .3

Menuiserie

4

6.6

Petit commerce

10

16.6

Briqueterie

17

28.3

Coordonnerie

3

5

Intégration scolaire

2

3.3

Coupe et couture

2

3.3

Total

60

100

 

18

 
 
 

16 14 12 10 8 6 4 2 0

 

Soudure et ajustage Mécanique auto Menuiserie

Petit commerce briqueterie Coordonnerie Intégration scolaire Coupe et couture

 
 
 

Source : nos enquêtes de terrain

Le tableau ci haut nous renseigne qu'il y a eu changement considérable dans le chef des enfants sortis des forces et de groupes armés entre la formation suivie et la profession exercée après la réinsertion dans la communauté.

changement est du à l'importance trouvée dans ce métier dans la ville de Bukavu compte tenu de l'intérêt qu'il génère.

De même, le secteur de la briqueterie a intéressé les enfants sortis des forces combattantes. Aucune organisation n'a formé les enfants dans la briqueterie mais force est de constater que 17 enfants soit 28.3% ont opté pour prester dans la briqueterie. Cet engouement dans la briqueterie nous l'avons observé à Nyangezi et cela compte tenu des conditions pédologiques (sol) favorables pour la fabrication des briques, ces dernières constituent une denrée dans le milieu surtout dans la ville de Bukavu en pleine urbanisation croissante. Cette activité prouve à suffisance le manque d'étude approfondie du milieu avant la réinsertion des enfants par les organisations en milieu rural.

Le petit commerce a également intéressé les enfants ex soldats. Ayant passé de 3.3% à 16.6%, les enquêtés enfants ex soldats ont affirmé qu'ils ont souhaité travailler dans ce domaine car ils seront chaque fois en contact avec l'argent et les intérêts immédiats seront perceptibles.

Les secteurs d'activité comme la mécanique automobile ainsi que la cordonnerie ont gardé leurs scores de départ, avec respectivement 8.3% et 5% de nos enquêtés.

Les enfants qui évoluent dans la cordonnerie nous ont affirmé avoir voulu évolué dans cette activité compte tenu du fait que ce métier leur procurait la stabilité , mais aussi tenant compte du gain qu'ils y ont tiré. Grâce au revenu généré cette activité, ces enfants ont mis en place des nouvelles unités de production en l'occurrence deux « publiphones »ainsi qu'un kiosque pour la ventes des petites articles diverses au quartier Panzi.

La menuiserie ainsi que la coupe couture ont pris les cotes respectives de 6.6% et 3.3%, ce qui traduit une diminution par rapport au taux d'enquêtés ayant suivi ces formations. Ce ci est dû aux fluctuations des modèles de fabrication au jour le jour. Ce qui exige des techniciens, et somme suffisante d'argent pour fabriquer des oeuvres innovées, susceptibles d'être exposées au public ; qui seront vendues sous forme des

prêts-à-porter. Les ateliers d'enfants sortis des forces combattantes qui ne disposent pas de capitaux leur permettant de répondre à cette exigence ont du fermer leurs portes.

L'intégration scolaire est passée de 13.3% à 3.3% d'enfants sortis des forces combattantes qui ont évolué dans le cursus académique et scolaire, les autres ont fait mouvement ailleurs.

Il est à constater qu'aucun enfant n'a évolué dans le domaine de l'art plastique contre le 1,6% de formés. Ce ci prouve que ce secteur n'a pas été intéressant pour ces enfants. Les questions relatives à l'écoulement des oeuvres issues de ces métiers sont à se poser.

D. Facteurs ou raisons de ce changement

Nos enquêtés nous montrent que 27 enfants sortis des forces et des groupes armés soit 45% de nos enquêtés nous ont déclaré n'avoir pas évolué dans le domaine dans lequel ils ont été formés. Les raisons qui ont milité au changement de filière de réinsertion sont les suivantes :


·. La mauvaise constitution des équipes de travail : tout travail en équipe nécessite une cohésion pour la réalisation des objectifs assignés à l'équipe. Les organisations ayant réinsérées les enfants ex combattants dans la communauté, pour des raisons liées au suivi après la réinsertion ont constitué des équipes travail pour ces enfants. Ces derniers ont été répartis suivants les types de formations reçues. ces équipes n'ont pas été homogènes dans leur constitution, on y trouvait des individus avec des objectifs diamétralement opposés .Aussi la constitution ; des ateliers n'a pas nécessairement tenu compte des lieux de provenance des enfants ex combattants. Certains, du fait qu'ils habitaient loin de leur lieu de travail ont purement et simplement abandonné. Sur demande de membres, certaines équipes ont dû vendre leurs kits pour se partager l'argent.

Quitte à chaque enfant de redémarrer sur sa propre base. Certains enfants nous ont affirmé qu'au lieu de constituer deux ateliers de douze personnes dans le quartier, l'organisation a préféré implanter un seul avec la pléthore d'individus, avec tous les problèmes de travail en équipe. Dans un entretien avec un enfant sorti des forces des forces et groupes armés, dans un atelier de travail à Bukavu, il nous a déclaré ce qui suit : « j'ai été réinséré dans un atelier de travail avec des enfants de la rue déguisés. Contrairement à moi, le souci de mes amis étai de vendre le kit pour partager le montant. ».

· . Insuffisance du kit de réinsertion : certains enfants ont jugé insuffisant le nombre de kits de réinsertion mis à leur disposition par les organisations obligées pour cette raison à les regrouper en équipe. ne leur permettant pas de s'adapter à la vie ainsi qu'aux exigences du métier embrassé. Il s'agit principalement des enfants trouvés dans la briqueterie à Nyangezi ; ces enfants nous ont déclaré avoir été formé en élevage mis à qui on avait donné ne fut ce que deux têtes de chèvres sans autre moyens de survie ; ils ont du vendre ces chèvres pour s'orienter ailleurs.

· . Kit de réinsertion de mauvaise qualité : il s'agit des outils de mauvaise qualité qui avaient été remis aux enfants réinsérés. Des rabots en panne le première jour de son utilisation pour le cas de la menuiserie, des meuleuses de soudure non appropriées ; bref des outils qualifiés de pirates par les bénéficiaires.

· . Manque d'étude préalable du milieu : il s'agit des études de faisabilité qui n'ont pas été faites dans le milieu où les sont appelés à exercer leurs activités. Les organisations n'ont pas tenu compte des potentialités du milieu et sont parties des suppositions. Des études prospectives des perspectives ont fait défaut à la veille de la formation de enfants.

· . Formation insuffisante : la formation pour certains enfants n'a pas été bien donnée ; le défit pour les organisations de recourir à des expertises bien aguerries pour former les enfants ex-combattants en métiers.

· . Difficulté de paiement du loyer : pour les enfants ex combattants qui prestent à Bukavu, certains nous ont affirmé que les frais de loyer étaient trop exorbitants pour des petits bénéfices réalisés. Face à cela, certains enfants ont abandonné le lieu de travail pour s'installer à un nouveau site moins coûteux avec les risques de perdre la clientèle. D'autres ont dû carrément changer de profession.

· . Inadaptation à la mode : cette raison intéresse surtout les enfants ayant opté pour la menuiserie et la coupe couture ; ces deux métiers ont beaucoup d'exigences et les modèles cloisonnent au jour le lendemain, et pour s'adapter à cette exigence, les enfants sont obligés de disposer d'un capital suffisant leur permettant de fabriquer des oeuvres à exposer au public.

3. DE L'NTEGRATION SCOLAIRE

Comme nous l'avons remarqué précédemment, 13,3% de nos enquêtés enfants sortis des forces et des groupes armés ont été réintégrés dans le système éducatif formel, c'est-à-dire dans les écoles de la ville de Bukavu et ses périphéries. Cette réintégration avait été faite dans tous les cycles (primaire, secondaire, supérieur).

De13, 3% de nos enquêtés ayant opté pour la réintégration scolaire à la sortie des forces combattantes, seuls 3 ,3% ont poursuivi leurs études. Les autres ont migré dans d'autres secteurs des métiers pour diverses raisons.

Au niveau primaire et secondaire, les organisations locales ayant organisé la réintégration scolaire pour les enfants ex combattants (BVES et RECOPE) ont procédé à la signature des protocoles de collaboration avec les écoles qui accueilli les enfants retournés des forces combattantes.

Cet accord de partenariat accordait le privilège aux enfants retournés d'étudier gratuitement sans être chassés pendant une période ne dépassant pas deux années scolaires en contre partie d'un kit du matériel scolaire et pédagogique qui a été remis aux écoles. Ce kit était constitué des livres, des boites des craies...

Il est à constater que cette action en faveur des enfants réintégrés des écoles est éphémère ; pour des enfants qui n'étaient qu'à un stade inférieur et qui s verront leur assistance suspendue deux après.

Pour d'autres ayant été inscrits dans les institutions d'enseignement supérieur soit 5% des nos enquêtés enfants sortis ders forces combattantes, seule la première tranche des frais d'études leur aurait été payée. Ce qui a fait que la majorité de leur collègue abandonne les études par manque de sponsor et d'autres activités économiques pour générer des ressources pour payer les frais restants.

L'éducation est un droit pour tous les enfants, notamment les enfants soldats.

Elle peut aussi les aider à retrouver une vie normale dans la communauté.

Le système officiel d'enseignement a du mal à répondre aux besoins des enfants dans la mesure où les conflits armés ont eu des effets négatifs sur l'accès à l'éducation pour tous les enfants.

Il est impérieux de donner des possibilités d'éducation aux enfants de la communauté en général en même temps qu'aux anciens combattants.

Pour ce faire, 50% de nos enquêtés constitués des responsables d'organisations nous ont affirmé que pour éviter la discrimination dans la communauté en général et au sein des écoles où sont réintégrés les enfants soldats, la réinsertion scolaire a profité non seulement aux enfants ex combattants, mais aussi aux autres enfants vulnérables dans le respect d'une certaine proportion.

connaissances sur les systèmes de moyens d'existences des communautés vers les quelles les enfants retournent.

Le soutien aux enseignants et aux écoles plutôt qu'aux enfants individuellement, ainsi qu,'une formation appropriée, ont été autant d'éléments qui ont aidé les écoles à faire face aux difficultés de fonctionnement causées par la guerre.

L'éducation au rétablissement est essentielle pour rétablir du sentiment de normalité dans la vie et pour son aide à faire une coupure nette avec le passé militaire surtout lorsque les enfants commencent a se rendre compte des avantages qu'ils en gagnent (l'assurance et l'amour propre augmentent).

L'éducation de base offre aux enfants une fondation d'une formation et un travail dans l'avenir. Ce qui permet, aux enfants plus âgés en particulier, de contribuer à la vie du ménage et de la communauté.

Offrir une éducation, ce n'est pas seulement construire des nouvelles écoles : ce que les enfants apprennent doit être adapté à leur vie et répondre à leurs besoins. C'est là un aspect extrêmement important, non seulement pour les enfants anciens combattants, mais aussi pour tous les enfants touchés par les conflits dans la communauté.

Une approche inclusive, visant à répondre aux besoins de tous les enfants de la communauté, est plus équitable et peut aussi faciliter la réconciliation dans une communauté divisée et le rétablissement du système de l'éducation.

Nicklas LUHMANN45 souligne que le système éducatif est un système partiel de la société dont la fonction consiste dans un mécanisme de rendre possible les prémisses improbables pour les contacts sociaux qui se situent au dehors du système éducatif lui-même. Le système éducatif est un système transitoire par où passe tout individu avant d'être inclus au sein des autres systèmes sociaux du système sociétal.

45 Nicklas LUHMANN Cité par MUSIMBI MUGANZA, Syllabus du cours des systèmes sociaux : structures et pouvoirs, L1 SOCIOLOGIE, FSSPA, 2007-2008.

Le système éducatif porte l'individu à apprendre la capacité d'apprentissage nécessaire pour affronter les vicissitudes et les problèmes de la vie dans un horizon du futur.

Les organisations intervenants dans la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés sont appelés à plus d'effort pour renforcer plusieurs enfants ex combattants dans le système scolaire formel dans la mesure où la famille et la communauté n'ouvrent plus à l'apprentissage plutôt au système éducatif.

Les contraintes suivantes ont été exprimées comme obstacle à l'intégration scolaire des enfants ex combattants au sein des écoles :

a. le manque de financement à long terme

Le financement de projets d'éducation des enfants sortis des forces et des groupes armés est insuffisant et ne couvre qu'une période ne dépassant pas deux ans. Cette situation démotive les enfants s'il faut tenir compte du fait que les enfants rentrent dans leurs familles sinistrées à cause des effets de la guerre et d'autres disloquées et par conséquent, incapables de prendre leur cursus scolaire et académique de leurs enfants.

Il faut remédier aux contraintes liées à la conception et à la mise en oeuvre des programmes et aux ressources pendant la transition entre les opérations humanitaires, la reconstruction et le développement si l'on veut que les droits de l'enfant soient respectés pendant la période post conflits.

Il se pose le problème de disparité de financement entre les pays pour ce qui est du secours d'urgence et de la reconstruction.

En RDC, on a toujours avancé que l'absence de leadership international est responsable de l'échec des opérations de réinsertion des ex combattants. Le financement est l'expression concluante de l'engagement politique de la communauté internationale.

Les disparités sont aussi signalées entre les pays du nord et ceux du sud pour ce qui concerne l'aide au rétablissement des personnes victimes des conflits armés.

En 2000 par exemple, cette aide se montait à 237 dollars américains par personne en Bosnie- Herzégovine, tandis que pour les pays du sud, elle était de 12dollrs américains pour un burundais et de 3 dollars américains pour un congolais de la République Démocratique du Congo.46

b. la non priorisation de l'éducation des enfants ex soldats

Les organisations intervenant dans le domaine de la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés n'ont pas mis au centre de leurs préoccupations la question de l'éducation ; ce ci car leurs bailleurs de fond ne font pas de l'éducation des enfants soldats une priorité dans les activités permettant le retour à la vie civile des enfants ex combattants.

Les efforts des organisations locales sont focalisés sur l'aide psycho sociale ainsi qu'à la formation en divers métiers.

En effet, offrir aux enfants un enseignement de base pendant leur prise en charge provisoire n'a qu'une utilité restreinte s'ils ne peuvent entrer en suite dans le système scolaire. Il en est de même de la formation professionnelle si elle n'est pas accompagnée par une aide pratique pour une familiarité avec le monde des métiers et éventuellement trouver du travail.

C. Défis des organisations locales de la réinsertion dans la formation en métiers et l'éducation des enfants ex soldats

Ces défis sont énumérés ici en terme de support pouvant permettre aux organisations d'être plus efficace dans le domaine de l'éducation et de la formation en faveur des enfants ex combattants.

> Travail en synergie avec le gouvernement : la responsabilité globale des politiques et services offerts en matière d'éducation incombe au gouvernement. Ainsi, les prestations du système politique au système éducatif étant entre autre, de mettre en place les programmes des enseignements, de décerner les titres scolaires et académiques (diplômes), fixer la date de la rentrée ainsi que celle de la clôture de l'année scolaire. Cependant, il est possible que les capacités étatiques soient limitées en matière d'intégration des enfants sortis des forces et groupes armés ; un travail de synergie et de collaboration est nécessaire entre les organisations de la réinsertion et le gouvernement de la République dans la mesure ou ce dernier maîtrise le problèmes ainsi que les besoins du pays. Parmi les supports ou contribution des organisations, on peut retenir :

· La réhabilitation des écoles détruites pendant les guerres,

· La fourniture et distribution du matériel scolaire,

· La formation des enseignants dans la prise en charge des enfants touchées par la guerre. Ces enfants ont des problèmes particuliers nécessitant des solutions particulières,

· L'élaboration d'un programme d'enseignement comprenant des solutions estimées aux problèmes des enfants soldats, à soumettre au gouvernement de la République pour approbation et amendement.

Il faut voir ces supports comme contribution à, la réhabilitation du système éducatif. Une assistance technique à plus long terme peut aussi être nécessaire.

> Intégrer l'éducation des enfants ex combattants avec d'autres enfants : cette stratégie pourra permettre aux organisations locales à faire intégrer les enfants sortis des forces combattantes dans leur communautés respectives.

> Tenir compte des problèmes particuliers des enfants : les adolescents auront évidemment des besoins d'éducation et de formation différents de ceux des enfants plus jeunes. Certains jeunes âgés de plus de 18 ans sont peut être entrés dans les forces combattantes quand ils étaient adolescents ou même avant. Il est alors impérieux de baser les services d'éducation sur les éléments tels que :

· L'âge des enfants quand ils sont entrés dans les forces combattantes,

· Leur niveau d'éducation à ce moment là,

· Le temps passé dans les forces combattantes et le nombre d'années scolaires perdues,

> L'Adoption d'une approche équitable des frais de scolarité et autres

coûts associés. Pour permettre aux enfants sortis des forces combattantes de se réinsérer dans leur communauté en général et au sein des écoles en particulier, les organisations ayant des activités dans la réinsertion scolaire ont dans certains cas pris en charge les frais de scolarité pour certains enfants. c'est le cas du RECOPE et BVES. Ce ci revient à favoriser un groupe d'enfants par rapport aux autres groupes vulnérables de la communauté qui éprouvent le même besoin. Cette situation peut provoquer un ressentiment dans les familles et communauté, une stigmatisation encore plus marquée des enfants sortis des forces et des groupes armés. C'est un dilemme pour les organisations car si elles n'aident pas les enfants à payer leurs frais de scolarité ou à acheter leurs uniformes, l'école ne

peut plus fonctionner. Les organisations doivent donc cibler l'aide à apporter aux enfants pour qu'ils retournent à l'école. L'aide qui profite à tous les enfants de la communauté équitablement est la meilleure. Nous citons entre autre une assistance de grande envergure aux écoles.

~ Une formation professionnelle basée sur les besoins locaux en terme de

main d'oeuvre et sur les besoins de l'économie locale.

SECTION DEUXIEME : REINSERTION SOCIALE DES ENFANTS EX COMBATTANTS EN MILIEU URBAIN ET EN MILIEU RURAL

La problématique des enfants soldats n'a pas été observée seulement en milieu urbain mais aussi en milieu rural. Le recrutement des enfants dans les forces combattantes a été fait dans les deux milieux à la fois pour ce qui est de la province du sud kivu. Ce qui explique la réinsertion de ces enfants dans les deux milieux.

Nos enquêtes nous ont réveillé que les caractéristiques de ces deux milieux sont pour beaucoup dans la réussite de ce processus de réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés.

Ainsi, pour le milieu urbain (la ville de Bukavu), toutes les activités de réinsertion mises en place par les organisation qui ont été axées prioritairement sur les métiers fonctionnels s'expliquant la campagne d'urbanisation par la mise en place des grandes agglomérations urbaines.

Des métiers tels que la soudure et ajustage pour la fabrication des portes et fenêtres en dur, la mécanique et la conduite auto (du fait d'un nombre énorme des véhicules du à la propension de l'importation des véhicules à Bukavu car la ville est ouverte aux ports océaniques de l'Afrique de l'Est. Tous ces véhicules ont besoin des chauffeurs et de mécaniciens pour des éventuels entretiens, réparation), la coupe et couture ( par soucis d'adaptation à la mode), le petit commerce ( du fait de la fonction commerciale de la

ville toujours en croissance) ;sont là des métiers qui se rapportent directement aux caractéristiques de l`urbanité.

Pour ce qui est du milieu rural et en l'occurrence le groupement de Nyangezi où nous avons mené des recherches en plus de la ville de Bukavu, nous y avons observé le fait que les activités principales de la réinsertion ont été axées sur l'agriculture et l'élevage. L'agriculture et l'élevage sont parmi les activités qui font fonctionner le milieu rural comme Nyangezi.

Les potentialités du milieu sont à tenir en compte dans la planification des activités de réinsertion compte tenu de l'importance croissante observée dans la briqueterie à Nyangezi. Pourtant, cette activité qui n'a pas été planifiée dans la série de métiers dans lesquels devraient évoluer les enfants sortis des forces combattantes à Nyangezi. Ainsi, 28,3% de nos enquêtés enfants sortis des forces combattantes trouvés dans différentes briqueteries à Nyangezi nous ont affirmé avoir vendu leur kit de réinsertion reçu des organisations pour avoir les moyens leur permettant de démarrer leurs activités dans les briqueteries compte tenu du gain que les exploitants en tirent mais aussi du fait de la demande toujours croissante en brique cuites par la ville de Bukavu et la cité de Nyangezi en évolution.

CHAPITRE TROISIEME : CONTRIBUTION DE L'ANALYSE PRAXEO CONFIGURATIONNELLE A LA CONSTRUCTION DE LA PAIX

SECTION PREMIERE : CONSIDERATIONS PRAXEO

CONFIGURATIONNELLES

L'analyse praxéo configurationnelle consiste à miroiter une réalité quelconque pour relever ses problèmes et ses besoins dans le but de déterminer les moyens de changement des ce milieu quelconque en un autre milieu par une forme de créativité.47

Cette analyse préconise deux diagrammes à savoir le diagramme OSA (objectifs, stratégies et actions) et diagramme SWOT qui analyse les forces, les faiblesses, les opportunités, et les menaces d'un environnement. Ces deux digrammes sont consécutifs à l'élaboration d'un arbre à problème.

1. ARBRE A PROBLEME DE BVES, LAV, RECOPE, ET LA CELPA

En effet, plusieurs auteurs ont réfléchi sur le concept de problème et ses origines : en voici quelques uns :

Horton place les problèmes sociaux dans le cadre du changement social, de la relativité culturelle et dans le processus d'apprentissage culturel. Il ramène la typologie des problèmes sociaux à trois démarches à savoir :

· La désorganisation sociale expliquée par le changement socio culturel,

· La déviation individuelle qui suppose l'analyse du mode de comportement conformiste et déviant,

· Le conflit des valeurs qui s'efforce de dégager une relation entre instabilité de la disparition des valeurs d'une part, et l'apparition des problèmes sociaux d'autre part.48

47 M.NDAY WA MANDE, Cours de service social, Inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2006-2007

48 Horton, cité par RUGAMBWA SEBUJANGWE, Cours de service social, inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2005-2006

Mascotsh NDAY WA MANDE définit praxéologiquement le problème comme un ensemble de difficultés qui s'érigent en obstacles dans le cours normal d'une société, d'un milieu social et qui indisposent les habitants.

La difficulté est dès lors conçue par le même auteur comme la qualité de ce qui ne rend pas facile, qui complique et qui embarrasse. C'est aussi ce qui empêche d'agir, de réagir, de reproduire dans le temps ; alors que l'obstacle consiste en des objets qui se mettent sur une voie et l'obstruent.

Couvrant un champ sémantique plus large, l'obstacle comprend l'accroc, l'impasse et ou l'entrave.49Au regard des considérations ci haut évoquées, nous pouvons dire que l'enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés a ses origines (causes) ainsi que ses conséquences que nous allons découvrir dans l'arbre à problème ci-dessous :

49 M .NDAY WA MANDE, Op cit

Handicaps physiques

Regain

de l'insécur ité

Enrôlement des enfants dans les forces
combattantes et leur réinsertion sociale

Agressivité accrue

Absence de
l'éducation

Déperditio n scolaire

Absence des mécanismes sociaux

Détresse spirituelle

Perspective s d'avenir négatives

Relations sociales endomma gées

Problème
d'identité

Stigmatisation

MST

Mariage précoce

Rejet par la communauté

Situation

 

Guerres à

Explosion

 

Enfants

Pauvreté

Aptitudes

Rupture

Manque

Désacra

 

Accord

Milicis

politico

 

répétition

démograph

 

moins

de la

physique

des liens

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l'armée

 

GOMA

jeuness e

 
 
 
 
 
 
 

De l'analyse de cet arbre à problème des organisations intervenant dans le domaine de la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés, il ressort que les taches de celles-ci sont de plus en plus nombreuses et lourdes. L'enrôlement des enfants dans l'armée et leur réinsertion posent de sérieux problèmes qui comportent diverses causes entre autres l'instabilité politique du pays, la destruction du tissu social , extrême estimation des enfants dans les conflits armés par les acteurs. Ces problèmes ont comme conséquence majeure la perte des mécanismes sociaux chez les enfants sortis des forces et des groupes armés, l'agressivité.

1. LES CAUSES OU ORIGINES

> La situation politique et militaire troublante : cette situation a été caractérisée en RD Congo par une instabilité politique avec chaque fois des risques d'affrontements entre mouvements armés actifs dans la partie orientale du pays et dans la province du sud Kivu en particulier. Ainsi, pour renforcer leurs ossatures et rester actifs, les forces et groupes armés opérationnels au sud Kivu ont recouru à l'enrôlement massif des enfants dans leurs rangs pour gonfler leurs effectifs.

> Les guerres à repetition : ont permis la suppression des barrières traditionnelles entre la vie civile et la vie militaire du fait de la succession des événements et des faits militaires créant une certaine familiarité dans le chef des certains enfants qui considèrent les faits militaires comme ordinaires.

> L'explosion démographique : en vue de réduire le boom démographique de la population, certaines entreprises multinationales appliquent les théories de la guerre en faisant de l'Afrique en général et Du Congo en particulier, un champ d'expérimentation des armes. Aussi, par le fait que les enfants, devenant de plus en plus nombreux, peuvent constituer des grandes troupes du fait du taux élevé de natalité.

> Les enfants constituent une main d'oeuvre moins chère : leur utilisation dans les forces et groupes armés n'exige pas beaucoup de dépenses. Il suffit de les nourrir d'espoir et jouer sur leur psychologie. le rôle de l'idéologie en tant force séductrice est remarquable. Des simples promesses suffisent aux enfants pour qu'ils tiennent jusqu'au bout.

> La paupérisation ou pauvreté généralisée : les familles dans lesquelles les enfants naissent sont pauvres. Elles ne parviennent pas à scolariser leurs enfants, ne répondent pas à leurs besoins, même les plus élémentaires. Toute opportunité qui se présente à eux est la bienvenue pour ces enfants pourvus que leurs besoins soient satisfaits. Ils croient

que leurs salut se trouve au bout du fusil et que rien n'est impossible si et seulement si l'on dispose d'une arme.

> Aptitudes physiques des enfants : les enfants sont considérés comme des véritables guerriers, redoutables. Ils n'ont pas la peur de tuer. Ils sont capables d'effectuer beaucoup de kilomètres de marche à pied que les vieux hommes ne peuvent. Ils sont audacieux et ont un coeur dur peuvent affronter toute situation facilement ils peuvent se droguer pour atteindre ce but. Les atouts physiques des enfants c'est-à-dire du fait qu'ils soient légers, petits, agiles. Les enfants soldats se camouflent facilement et se faufilent partout. De plus, la grande disponibilité des armes légères faciles à manier et à transporter par les enfants constitue le facteur déterminant.50 La témérité fait à ce que les enfants soldats se montrent impitoyablement cruels que les adultes. Leur inexpérience de vie et le fait qu'ils soient souvent nés dans situation de guerre les prédisposent au combat.

> La rupture des liens familiaux : la désorganisation des certains foyers par suite des problèmes d'ordre social entraîne ainsi la dislocation des ménages. Séparés de leurs familles, les enfants cèdent facilement à l'enrôlement forcé ou volontaire. L'armée constitue alors le lieu de leur réorganisation sociale, de compensation des troubles sociaux.

> La non application des règlements interdisant l'association des enfants à des conflits armés à quelques fins que ce soient : porteurs, espions, éclaireurs, messagers,...règlements contenus dans l'arsenal juridique tant national qu'international.

> La désacralisation de l'armée : elle est due à la démystification de l'armée et des armes .L'armée est devenue l'affaire de tout le monde, même sans aucune formation, aucune entrée dans l'académie militaire. L'on se réveille le matin et l'on devient officiers général, supérieur, subalterne selon le cas. Le mythe qui entourait l'armée a été enrayé par les pratiques quotidiennes.

> Les accords de paix de Goma de janvier 2008 : les groupes armés ayant participé à la conférence de Goma sur la paix, la sécurité, et le développement avaient présenté des effectifs dont ils ne disposaient pas. Ainsi pour accéder à des traitements privilégiés de la part du gouvernement de la RD Congo, ils ont procédé au recrutement des enfants pour grossir leurs effectifs. A ce titre, plusieurs enfants ont été sollicités pour faire partie de tel ou tel autre groupé armé en échange d'espoir et ambitions nourris par les responsables des groupes armés. Ce

50 SOPHIE NOLET, op. Cit. P.21.

ci valait aussi bien pour les groupes armés qui n' existaient que de nom,

qui n'étaient pas actifs que pour ceux qui étaient opérationnels.

2. Les consequences

> L'agressivité accrue : après une longue vie dans l'armée, les enfants n'en sortent pas comme ils y sont entrés. Ils développent une agressivité liée au fait qu'ils y étaient déjà habitués, par la consommation excessive des boissons alcoolisés, et d'autres drogues diverses.

> L'Absence d'éducation : ces sont des enfants qui, suite à la participation aux activités des forces combattantes, ont perdu des notions élémentaires d'éducation, de respect envers les supérieurs. Généralement ils ne sont plus soumis.

> La déperdition scolaire : ces enfants ont interrompu la scolarité pour l'armée. Ils ont du mal à s'adapter au système éducatif formel après leur réinsertion sociale.

> L'absence des mécanismes sociaux : du fait de leur enrôlement, ces enfants ont interrompu le processus de socialisation familiale, ont perdu les mécanismes sociaux élémentaires qui leur permettraient de s'intégrer dans la société globale.

> Problème d'identité : du fait de l'interruption du processus normal de socialisation familiale, ils ont perdu l'identité d'enfant car certains d'entre eux se sont engagés et sont devenus époux ou épouses. Ils ne sont plus identifiés comme enfant mais comme responsables des ménages du fait des unions conjugales précoces.

> Handicaps physiques : certains enfants ont été touchés par des bales,des bombes, ou des mines ou autres engins explosifs qui les ont amputés soit d'un bras, soit d'une jambe. Dès lors, ils deviennent et invalides et inaptes à tout travail. Ce qui constitue une charge pour la famille et pour la communauté entière car désormais il faut faire tout pour cet enfant.

> Les maladies sexuellement transmissibles : du fait de viol et violences sexuelles dont certains ce sont rendus coupables et d'autres encore victimes, ils se retrouvent porteurs des maladies sexuellement transmissibles dont le SIDA, deviennent une charge médicale de plus pour la famille et constituent une menace d'infection pour les autres enfants de la communauté.

> Détresse physique : elle est liée à des traumatismes psychosociales dues à la participation pendant une longue durée dans les conflits armés, laquelle participation ayant entraîné les enfants à la tuerie même des personnes innocentes, au viol, au vol, à la consommation des stupéfiants,...Tous ces éléments se constituent en charge morale

insupportable par les enfants sortis de forces combattantes qui ont besoin de la détraumatisation en guise des soins.

> La stigmatisation et le rejet par la communauté : certains enfants ont été rejetés et refoulés par les membres de leur communauté les accusent d'avoir commis des atrocités ou de suite de leur comportement antérieur dans leur milieu.

> Perspectives d'avenir négatives : ces enfants n'ont plus en eux des ambitions positives mais voient leur vie entachée des beaucoup d'irrégularités. Ils ont perdu tout espoir.

> Regain de l'insécurité et risque de re-recrutement : la réinsertion ratée des enfants soldats a favorisé dans certains coins la montée de l'insécurité.

2. LE DIAGRAMME OSA (OBJECTIFS, STRAREGIES ET ACTIONS) DES ORGANISATIONS Tableau n° 8

ENROLEMENT ET REINSERTION

Objectif 1 : Facilitation du retour des enfants sortis des forces dans la communauté Stratégie 1 : Identification des enfants

Actions :

- Descentes dans les zones d'activités des groupes combattants ;

- Visites dans des différentes brigades pour vérification des enfants dans les rangs militaires ;

- Enregistrement des enfants identifiés ;

- Entretien avec les enfants ;

- Remplissage de la fiche d'identification des enfants associés aux forces et groupes armés (Fiche A) ; de la fiche de vérification individuelle des enfants ex EAFGA (B)

Stratégie 2: Négociation de la sortie

- Prise des contacts avec les autorités militaires de la zone ;

- Entretien avec les autorités militaires

- Vérification avec les autorités de la présence des enfants dans les rangs ; - Obtention de l'autorisation de la sortie des enfants dans l'armée.

Objectif 2 : Accueil de l'enfant dans le centre de transit et d'orientation

Stratégie 1 : Documentation de l'enfant

Action :

- Remplissage de la fiche de documentation individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés, fiche C - Constitution de la base des données des enfants sortis de force et groupes armés (différentes adresses)

Strategie 2: Accompagnement psychosocial

- Activités récréatives: detraumatisation, promenade,

- Activités créatives ;

- Entretien communautaire ;

- Diagnostic sanitaire

- Réveil scolaire et la remise à niveau

- Animation thématique.

Stratégie 3 : Recherche familiale et Réunification

- Localisation et visites du domicile des enfants sortis des forces combattantes - Préparation du retour des enfants dans la communauté

- Médiation familiale

Objectif 3 : Réinsertion socio-économique des enfants des sortis des forces et des groupes armés Stratégie 1 : Apprentissage de métiers

Actions :

- Recueil des desiderata des enfants quant aux filières de formation

- Orientation des enfants selon leurs capacités (intellectuelle et physique) et opportunités offertes par leurs milieux - Formation en divers secteurs (menuiserie, soudure, ...).

- Remise d'un Kit de formation

- Appui en AGR (Activité Génératrice des Revenus).

Stratégie 2: Intégration scolaire

- Identification des enfants pouvant être réintégrés dans les écoles ; - Identification des écoles pouvant accueillir les enfants retournés ; - Signature des protocoles de collaboration avec les écoles

- Remise des kits pédagogiques aux écoles; rehabilitation ou construction des nouvelles écoles

- Intégration des vulnérables.

- Suivi des enfants intégrés

Objectif 4 : Prévention et lutte contre l'enrôlement des enfants dans l'armée Stratégie 1 : Rencontre des couches de la population dans leurs milieux

Actions:

- Sensibilisation des autorités politiques et militaires

- Vulgarisation des textes interdisant l'enrôlement des enfants

- Sensibilisation de la crème intellectuelle (conférence dans les universités) - Sensibilisation en milieu religieux

- Sensibilisation des autres composantes de la société civile

- Sensibilisation des partis politiques

- Sensibilisation des enfants contre l'enrôlement

Stratégie 2: Lobbing international

- Contact avec les gouvernements extérieurs

- Echange d'expérience avec les organisations étrangères

- Plaidoyer à la CPI (Cour Pénal International)

- Contact avec les agences du système des nation Unies (UNICEF, PNUD,...)

Ce diagramme des objectifs, stratégies et actions diagramme OSA en sigle essaie de dégager les objectifs, les stratégies ainsi que les actions entreprises par les organisations (BVES, CELPA, LAV, RECOPE) d'une manière compilée.

Parmi ces objectifs, stratégies et actions, certains sont à envisager pour rendre efficace les actions sociales en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés.

Globalement, le diagramme OSA préconise 4 objectifs assignés à ces organisations à savoir : la facilitation du retour en famille ou dans la communauté des enfants sortis des forces combattantes, l'accueil des enfants dans le centre de transit et d'orientation, leur réinsertion socio-économique et enfin la prévention et la lutte contre leur enrôlement .

1. La facilitation du retour des enfants sortis des forces combattantes dans la communauté

Il est question, pour les organisations de la réinsertion des enfants, d'entamer le processus du retour à la vie civile des enfants ex-combattants.

Pour ce faire, deux stratégies découlent de cet objectif à savoir l'identification des enfants sortis des forces combattantes et la négociation de la sortie des enfants des forces combattantes.

* L'identification des enfants sortis dans forces combattantes, est matérialisée sur le terrain par les actions suivantes :

- Les descentes dans les zones d'activité des groupes armés ; il s'agit d'une série de sortie effectuée dans les zones où sont opérationnels les groupes armés par les animateurs sociaux des organisations, en vue de se familiariser avec le milieu. C'est une sorte de pré étude du milieu.

- Les visites dans les différentes brigades pour vérification : ces visites sont organisées par les organisations pour affirmer exactement la présence des enfants dans les groupes armés actifs dans la région.

- L'enregistrement des enfants identifiés comme tel :il consiste à noter tous les cas considérés comme anormaux ; c'est-à-dire tous les enfants devant être démobilisés des forces combattantes où ils prestent.

- L'entretien avec les enfant ; permet aux animateurs de terrain des organisations sociales de recueillir les premiers besoins déclarés par les enfants soldats mais aussi de

se rassurer de la présence ou pas d'autres enfants étant donné que certains groupes armés les cachent , surtout les filles, considérées comme épouses des militaires.

- Le remplissage de la fiche d'identification des enfants consiste à recueillir le nom du groupe armé dans lequel l'enfant preste, la région militaire, le nom du commandant bataillon ou de la brigade, la signature du commandant de bataillon ainsi que des renseignements individuels de l'enfant.

* La seconde stratégie consiste à la négociation pour obtenir la sortie des enfants

des forces ou groupes armés, elle se matérialise par les actions suivantes :

- La prise de contact avec les autorités militaires de la zone ; ces contacts sont soit la sollicitation des audiences par écrit, soit par contact téléphonique de la part des animateurs des organisations auprès des autorités militaires.

- Une fois l'accord d'audience obtenue, l'entretien entre les responsables des organisations et les commandants militaires a lieu. Des questions relatives à la sortie des enfants sont traitées.

- La vérification commune est effectuée par les autorités militaires et les responsables des organisations pour le rassurer que les individus identifiés par les organisations sont de moins de 18 ans.

- Après la vérification, l'obtention de la sortie des enfants des forces combattantes est accordée, l'enfant ainsi rejoint le centre de transit et d'orientation.

2. L'accueil de l'enfant dans la structure transitoire

Trois stratégies ressortent de cet objectif à savoir la tenue de la documentation de l'enfant ex-soldat, l'accompagnement psychosocial, la recherche familiale et la réunification familiale et communautaire de l'enfant.

* La documentation de l'enfant : cette stratégie est rendue effective grâce à deux actions qui sont :

- Le remplissage de la fiche de documentation individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés. Cette fiche contient les renseignements relatifs à l'histoire de l'enfant.

La photo de l'enfant ex-soldat, le code de l'agence, l'identité complète de l'enfant
(nom, post nom, âge, lieu et date de naissance, province d'origine, territoire), son

contexte de la séparation d'avec sa famille lors de l'enrôlement dans le groupe armé, les adresses successives de l'enfant, les lieux où l'enfant a habité successivement), ses frères et ses soeurs, sa prise en charge actuelle, sa situation nécessite une attention particulière (autrement dit si l'enfant est chef de ménage, handicapé, a un problème enfant mère), les voeux de l'enfant de l'enfant (le familier qu'il voudrait retrouver), la liste des documents et bien importants que l'enfant possède.

- D'autres indications non contenues sur la fiche C devient constituées la base des données de l'enfant.

* L'Accompagnement psychosocial : il est effectif à travers :

- Les activités récréatives : ce sont des activités grâce auxquelles les enfants sortis des forces et groupes armés parviennent à être détraumatisés ; ce sont par exemple les promenades, les sports, les jeux, les contes...

- Les activités créatives : ce sont des activités qui consistent à aider l'enfant à concevoir un idéal en concevant un projet individuel de vie grâce aux dessins.

- L'entretien : cette action est entreprise pour permettre à l'enfant de sortir de l'angoisse, de la solitude et d'être en communication avec les encadreurs sociaux ainsi que ses pairs trouvés au centre transit.

- Le diagnostic sanitaire : initié pour détecter les maux (maladies) dont souffrent l'enfant et qui pourraient mettre mal à l'aise les autres enfants.

- Le réveil scolaire et remise à niveau : cette activité a comme but d'inculquer aux enfants sortis des forces et groupes armés des connaissances. Pour certains, il s'agit de savoir lire et écrire ; et pour d'autres de savoir les opérations fondamentales (addition, soustraction, multiplication, division) pour s'adapter à la vie pratique.

- L'animation thématique : elle consiste en une série d'exposés en faveur des enfants sortis des forces combattantes. Elles portent sur des thèmes relatifs à la prévention du VIH/SIDA , les droits de l'homme, la conservation de l'environnement, les valeurs civiques...

Ces animations doivent être approfondies en tenant compte du passé récent de l'enfant soldat. Elles doivent être tenues dans les langues locales (Swahili) et même les langues vernaculaires pour une meilleure compréhension de la cible. (Enfant soldat)

Elle se matérialise par trois actions entreprises par les organisations à savoir les visites à domicile des enfants sortis des forces combattantes, la préparation morale des parents au retour de leurs enfants et enfin la médiation familiale.

- En cas de refus des familles au retour des enfants, les animateurs sociaux des organisations intensifient des séances de médiation au sein de famille dans le but de les persuader à accepter leurs enfants. Cette résistance au retour des enfants est souvent vécue si les enfants ont été auteurs des exactions contre les membres de leur communauté, ou si leur comportement laissait à dévier lors de leur incorporation dans les forces combattantes.

3. Réinsertion socio-économique des enfants ex-soldats.

Cette étape est la plus fondamentale dans le processus du retour à la vie ainsi qu'aux activités civiles des enfants sortis des forces et groupes armés. Elle se réalise à travers l'apprentissage des métiers et que la réintégration scolaire des enfants exsoldats.

* L'apprentissage des métiers passe par les démarches suivantes:

- Le recueil des desiderata des enfants en rapport avec leur projet de métiers souhaités. Cette action consiste à recueillir les avis des enfants pour avoir une idée sur les types des formations à organiser à leur intention.

- Une orientation en filière des métiers est faite en tenant compte des capacités intellectuelles et physiques de l'enfant.

- La formation proprement dite intervient dans les domaines suivants : coupe et couture, soudure et ajustage, menuiserie, agriculture et élevage, cordonnerie, arts plastiques, maçonnerie,... La durée de ces formations varie de 6 à 8 mois.

- Après la formation, un appui en activités génératrices de revenu est accordé aux enfants. Cet appui est constitué des outils de travail de la filière de formation de chacun. Pour d'autres enfants, ceux ayant opté pour le petit commerce, une somme ne dépassant pas 150 $ leur est accordée pour leur permettre d'entreprendre l'activité. Ceux ayant opté pour l'élevage, chacun deux chèvres pour le démarrage. Enfin, ceux ayant opté pour les métiers reçoivent en plus des outils, une garantie locative du bâtiment (atelier) pour une durée de plus ou moins trois mois.

* La réintégration scolaire se matérialise par les actions qui suivent :

- Le processus de l'identification consiste à enregistre les enfants ayants opté pour la réintégration scolaire. Il s'agit des enfants ayant été pour la plupart enrôlés au bas âge et n'ayant pas passé beaucoup de temps dans l'armée.

- L'identification des écoles pouvant accueillir les enfants ex-soldats. Elles sont choisies dans les milieux où sont réinstallés les enfants.

- Les organisations de la réinsertion procèdent à la signature d'accord de partenariat avec les écoles. Il s'agit pour les écoles à s'engager à ne pas chasser les enfants sortis des forces combattantes pendant une période ne dépassant pas deux ans. et fournir de kits aux écoles constitué des craies, des livres, et autres fournitures scolaires diverses en compensation des frais scolaires.

- A côté d'un enfant ex-soldat inséré dans les écoles, les associations associent un enfant vulnérable du milieu pour éviter la discrimination.

4. La prévention et lutte contre l'enrôlement des enfants dans l'armée

Elle constitue le quatrième objectif du diagramme OSA objectif stratégies et actions des organisations intervenant dans la réinsertion sociale des enfants soldats. Cet objectif se réalise par 2 stratégie à savoir : la rencontre des couches de la population dans leurs milieux ou espaces-temps (milieu de vie) et le lobbing international.

* La Recherche des couches de la population dans leurs milieux, a pour activités principales :

- La sensibilisation des autorités politiques et militaires sur le phénomène enfant soldat et sur la nécessité pour les autorités d'instruire les commandants des troupes à toutes les instances de bannir la pratique d'enrôlement des enfants et surtout sanctionner les individus qui s'en redent coupables.

- La vulgarisation, par des dépliants, affichages des textes des lois nationales et/ou des traités et principes internationaux interdisant l'utilisation des enfants dans une force combattante.

- La sensibilisation de la crème intellectuelle sur le phénomène enfant soldat ainsi que sur ses conséquences par des séances d'activités académiques, des symposiums, des colloques, des conférences-débats dans les universités.

- La sensibilisation en milieu religieux ; celle-ci doit tenir compte du fait que la religion ou le phénomène religieux occupe une place importante dans les activités des

individus et la nécessité d'impliquer les acteurs religieux à sensibiliser à leur tour leurs fidèles croyants (dirigeants et parents) sur le phénomène enfant soldat.

- La sensibilisation des autres composantes de la société civile, comme la composante femme, la composante jeunesse à s'engager résolument à éradique ce phénomène.

- La sensibilisation des partis politiques : ces derniers ont la destinée de la nation dans leurs différents projets de société, d'où la nécessité d'inclure dans ces derniers la lutte résolue contre le phénomène enfant soldat.

* Lobbying international :certaines de ces organisations, d'exécuter des projets financés de l'extérieur, disposent déjà de la reconnaissance internationale (réputation) ; d'où ,la nécessité d'exploiter cet aspect.

Elle se matérialise par les actions suivantes :

- Les contacts avec les gouvernements extérieurs : ces contacts doivent concerner les gouvernements ayant une certaine capacité de convaincre les autorités du pays, faire une certaines pression sur elles pour qu'elles s'engagent à ne plus utiliser les enfants dans l'armée.

- Certaines organisations internationales disposent déjà de l'expérience dans le phénomène enfant soldat pour avoir travaillé depuis très longtemps sur la question. D'où la nécessité pour ces dernières de profiter de cette expérience pour renforcer le système de monitoring, (relèvement des cas ou dénonciation des cas de flagrance) et de faire le plaidoyer en faveur de son éradication.

- Les contacts au niveau des agences du système des Nations Unies (comme l'UNICEF, le PNUD) doivent permettre de renforcer cette lutte contre le phénomène enfant soldat.

Les objectifs, les stratégies ainsi que les actions que préconise le diagramme OSA ci haut détaillé, ont pour la plupart déjà été envisagés, d'autres sont envisageables ou susceptibles d'être améliorés par les organisations de la réinsertion étudiées.

Ainsi, leur efficacité requiert la connaissance des forces et faiblesses de ces organisations ainsi que les opportunités et les menaces qu'elles subissent de l'extérieur (environnement).

3. DIAGRAMME SWOT Tableau n°9

FORCES (Strenght)

FAIBLESSES (weakness)

- Sortie des EAFGA de l'armée - Assistance psycho morale

- Formations en divers métiers - Réinsertion scolaire

- Octroi des Kits

- Appui aux AGR

- Exécution de divers projets

- Certaines ont négligé les autos démobilisées

- Manque du personnel compétent pour la prise en charge psychosociale

- Manque des fonds suffisants

- Niveau bas de l'administration

- Insatisfaction des enfants

- Mauvaise composition des équipes de travail

- Enregistrement des faux enfants soldats (vulnérables, enfants de la rue)

- Appui scolaire à court terme

- Mauvais kit de réinsertion rémis

- Obligation des enfants de faire le métier qui n'est pas de leur choix

- Détournement des frais de location des enfants (Ateliers) - Retard dans la remise des kits

MENACES (Thread)

OPPORTUNITES (opportunity)

- implication statique dans la réinsertion à travers l'UEPN, DDR. - Partenariat local (...)

- Financement des projets à divers instances, agences des Nations

Unies : PNUD, UNICEF, BIT, OIT, PYM NORVEGE.

- Existences des instruments internationaux CDE, DUDH,

principes du CAP, principes de Paris ;

- Existences des lois interdisant l'enrôlement des enfants - Cadre opérationnel DDR

- Collaboration avec les communautés locales.

- Pauvreté généralisée, 99% d'enfants viennent de familles pauvres

- Fonds de financements à court terme

- Instabilité socio-politique

- Existence de plusieurs milices Maï Maï

- Stigmatisation des EAFGA

- Régit des EAFGA par la communauté

- Difficulté de fonctionnement des ateliers (fonds, courant)

- Dépendance des enfants qui voudraient avoir de l'aide à tout instant.

Le SWOT est un sigle anglais qui signifie Strenght (Force), Weaknes (Faiblesses), Opportunity (Opportunité) and Thread (Menace). Ce diagramme nous permet d'analyser les forces, les faiblesses, les opportunités ainsi que les menaces que connaissent les organisations intervenant dans la réinsertion sociale des enfants soldats que nous voudrions présenter dans les lignes qui suivent.

Lorsqu'on procède au croisement de ces différents éléments de l'environnement interne et externe, on en obtient des issues stratégiques en terme de : les forces croisées aux opportunités donnent le succès ; les forces croisées aux faiblesses donnent de la réussite ; les faiblesses croisées aux opportunités donnent l'équilibre.

1. Forces des organisations

Les forces des ces organisations sont la sortie des enfants dans l'armée, à ce titre 74 % de nos enquêtés constitués d'enfants sortis des forces et groupes armés ont exprimé leur reconnaissance envers ces organisations dans la mesure où elles leur ont permis de sortir des forces et groupes armés grâce aux contacts et négociations avec les autorités politiques et militaires. L'assistance psycho morale et médicale, les formations en métiers, la réintégration scolaire des enfants ex-soldats, l'octroi des kits de réinsertion, l'appui aux AGR ainsi que l'exécution de divers projets constituent les forces de ces organisations locales facilitant le retour aux activités civiles des enfants ex-combattants.

2. Les faiblesses

Elles sont :

- Le manque du personnel compétent pour la prise en charge des problèmes particuliers des enfants ; dans la mesure où ces enfants posent des problèmes divers et qui nécessitent des solutions particulières. D'où, la nécessité d'intégrer dans leur structures les technocrates (sociologues, psychologues) qui sont rodés en matières des aux problèmes sociaux et psychologiques.

- Le manque d'une administration qui fonctionne rationnellement. Ceci est dû au cumul des fonctions que nous avons observé dans certaines organisations où un seul agent réalise les tâches réservées à plusieurs. Aussi, la lenteur dans le traitement des dossiers, un gestion du type familial étant donné les relations parentales qui caractérisent les agents.

- Certaines comme organisations le BVES refusent carrément la prise en compte des enfants auto démobilisés .

Deux organisations sur les quatre contactées nous ont affirmé qu'elles ne se chargent que des enfants ayant été démobilisés officiellement. Ce qui crée une menace pour la paix dans les communautés où vivent les enfants non pris en compte .Pour ceux-ci les moyens sont possibles pourvu qu'ils satisfassent leurs besoins dans la mesure où ils sont délaissés.

- La mauvaise composition des équipes dans les ateliers de travail ; des personnes venant des coins différents avec des ambitions déférentes sont forcés de travailler ensemble. Ce ci n'a pas permis à ces groupements de travail de durer longtemps.

- L'incorporation dans les listes d'enfants soldats, des enfant n'ayant jamais été enrôlés dans l'armée, que nous avons découvert lors des nos enquêtes à travers les interviews ; des enfant confirmés par les organisations comme étant des enfants excombattants mais qui en pleine interview nous ont rassuré qu'ils n'avaient jamais été dans l'armée ou groupe armé ; ce sont des enfants de la rue, avec des enfants vulnérables d'autres qui ont de liens de parenté avec les responsables des organisations de la réinsertion,

- Appui aux enfants ex-soldats scolarisés à court terme ne permettant même pas d'achever un cycle d'études. En plus, il a manqué des activités d'auto-financement qui permettraient de subvenir aux frais après la rupture de l'aide.

- Remise des kits non adaptés aux enfants (outils), ne permettant pas de réaliser efficacement le travail. Lesdits kits comportent des matériels soit insuffisants,soit fragiles.

- Obligation pour certains enfants de faire le métier qui n'est pas de leur choix, ces enfants après la formation, certains nous ont affirmé avoir vendu le kit qui leur avait été donné pour exercer l'activité de leur choix. A ce titre KALONGA LUSELUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU51 soulignent que si bon nombre d'acteurs qui ont tenté de réinsérer socialement et ou économiquement les enfants sortis des forces et des groupes armés ont échoué, c'est parce qu'ils ont négligé l'interdépendance qui doit toujours exister entre trois éléments qui sous-tendent une orientation professionnelle véritable, à savoir :le métier, le marché de l'emploi et la personne à orienter en tenant aussi bien compte de ses aspirations et ses des aptitudes .

51 KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO

MBULU, « problématique de l'orientation professionnelle des enfants sortis des forces et des groupes armés » cas de la ville de Bukavu in Recherches Africaines, N°20 décembre 2008

- L'insatisfaction des enfants : les enfants déclarent que l'aide est insignifiante et ne leur permet pas de s'adapter aux exigences de la vie civile après plusieurs mois (années) passés dans les forces combattantes.

- Les organisations manquent des fonds suffisants pour satisfaire tous les besoins ressentis par les enfants.

- Le détournement de la garantie locative des enfants, pour certains enfants au lieu d'une garantie de 6 mois, seul 3 mois leur avaient été payés, et d'autres se sont vu entasser dans un atelier des 8 à 10 personnes.

- Le retard dans la remise des kits : la fin de la formation pour certaines organisations ne correspond pas à la remise du kit. Les enfants formés à Nyangezi par le RECOPE n'ont reçu le kit de réinsertion que 6 mois après. En attendant, ils avaient déjà d'autres ambitions que celles pour lesquelles ils avaient opté pour la formation suivie.

Ils ont purement et simplement vendus leur kit de réinsertion qui leur avait été remis.

3. Les opportunités des organisations de la réinsertion sociale

L'environnement extérieur offre aux organisations de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés des opportunités suivantes dans leurs actions sociales en faveur desdits enfant .Il s'agit des opportunités suivantes :

- L'implication étatique dans la réinsertion sociale des enfants sortis des groupes armés.

Les organisations de la réinsertion ont d'abord collaboré avec la CONADER, la commission nationale de désarmement et réintégration depuis 2004 jusqu'en fin 2007. Cette commission avait pour mission d'exécuter et coordonner les activités du PN DDR ou programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion. Ensuite, la CANADER a cédé la place à l'Unité d'exécution du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion qui a vu le jour en 2008.

Ces deux institutions qui se sont succédé ont travaillé en collaboration aussi bien avec les organisations internationales que les organisations locales intervenant dans la réinsertion des enfants ex-soldat s dont les organisations que nous étudions dans le présent travail.

Pour ce faire, le cadre opérationnel pour enfants associés aux forces et groupes armés avait été adopté le 7 mai 2004 par le Gouvernent de la République Démocratique du Congo. Ce document constituait la partie spécifique et pratique du programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion qui établissait les

principes directeurs, les normes et procédures pour la prévention du recrutement des enfants dans les forces et groupes armés, leur retrait ainsi que leur réinsertion dans la vie civile.

D'autres institutions étatiques travaillent en collaboration avec les organisations locales. Il s'agit des divisions provinciales des affaires sociales, de la femme, famille, enfant et du genre, de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, de la justice et garde des sceaux, l'inspection provinciale de la santé,...

- Le partenariat organisationnel au niveau local : à travers d'autres organisations, associations sans but lucratif, intevenant dans la réinsertion des enfants sortis dans forces combattantes, hormis les 4 organisations que nous analysons, nous pouvons citer la Fondation Solidarité des Hommes FSH, la Solidarity Action for Children in Detress) SACD, le Group One,

- Le financement des projets diverses instances internationales ; les organisations sont financées les unes par les agences du système des nations unies (UNICEF, PNUD, UNHCR), les autres par des organisations internationales comme PYM/Norvège, Afrika Leve / Norège, War Child Hollande, Norvegian Church aid NCA, AMNESTY INTERNATIONAL,SAVE THE CHILDREN, la coalition stop pour l'utilisation des enfants soldats Londres, Save the Children Grande Bretagne, USAID, Banque Mondiale, MDRP, Organisation Internationale du Travail OIT,...

- Existences des instruments juridiques internationaux protégeant les enfants, la convention relatives aux droits des enfants CDE, la charte africaine de droit et de bien être de l'enfant, la déclaration universelle des droits de l'homme DUDH,

- Existence des principes internationaux interdisant l'enrôlement des enfants dans les forces combattantes dont,

~ Les principes du Cap ont été adoptés en 1997 à l'issue d'un

colloque organisé par l'UNICEF et le groupe de travail des ONG pour la convention relative aux droits de l'enfant en vue de formuler des stratégies de prévention du recrutement d'enfants, de démobilisation des enfants soldats et d'assistance à ces enfants aux fins de leur réinsertion dans la société. Ces principes ont pris valeur de norme inspirant l'élaboration des règles, de la législation internationale ainsi que l'évolution des orientations aux niveaux national, régional et international.

~ Les principes de Paris, principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés. Ces principes mettent en exergue les modalités informelles selon lesquelles des garçons et des filles s'associent aux forces armées et groupes armés et les quittent. Ils montrent à quel point il est essentiel, du

point de vue humanitaire, de faire en sorte que les enfants puissent quitter sans conditions les forces armées ou groupes armés à tout moment, même au plus fort d'un conflit et pour toute la durée de ce conflit. Ces principes ont une approche sexo spécifique tendant à renforcer les mécanismes pour persuader les filles à sortir des forces combattantes

- Loi nationale

Une loi nationale avait été votée en Juin 2000 qui interdit clairement la participation

des enfants de moins de dix-huit ans dans un groupe armé.52

- La collaboration avec les communautés locales d'où les enfants doivent être réinsérés constitue une garantie de l'appropriation du processus de la réinsertion et gage d'une intégration réussie des enfants soldats.

4. Menaces

Les menaces auxquelles ces organisations de la réinsertion des enfants excombattants font face dans le processus de construction de la paix dans les milieux d'intervention sont les suivantes :

- La pauvreté généralisée des familles dans lesquelles les enfants reviennent ; les enfants qui sont réinsérés n'ont pas la garantie de satisfaire leurs besoins dans leurs familles. D'où le risque de se rallier à un groupe criminel qui aura comme conséquences de troubler la quiétude des citoyens ou même retourner dans l'armée où le salut des besoins se trouve au bout du fusil.

- Le fonds de financement des projets accordés par les donateurs extérieurs ne permettent pas d'étendre les projets de réinsertion à long terme ni même de les pérenniser dans les actions par les petits projets productifs dans les milieux où sont réinsérés les enfants.

- L'émergence des milices armées (Maï Maï) : après la conférence sur la paix, la sécurité et le développement tenue à Goma en 2008, les groupes armés qui avaient pris part à ses assises s'étaient engagés à déverser leurs troupes dans les rangs de forces armées régulières. Le constat qui avait été fait, était que ces groupes armés

52 Décret-loi n° 066 de Juin 2000

n'avaient pas les effectifs et ont dû entamer des compagnes de sensibilisation au recrutement des troupes y compris les enfants sortis des forces en groupes armés.

15 enquêtés enfants ex-soldats soit 25 % de nos enquêtés trouvés à Nyangezi, nous ont affirmé que beaucoup de leur collègues avaient été incorporés dans ces groupes armés à cette époque là car beaucoup d'avantages leur avaient été promis par les anciens seigneurs de guerre.

Tableau n°10 : Enfants sortis des forces et groupes armés ayant été sollicités de réintégrer les forces combattantes.

Enfants ex-combattants

sollicités ou pas

TOTAL

%

Enfants sortis des forces

combattantes ayant été

sollicités de réintégrer les
Forces

48

80

Enfants n'ayant pas été

sollicités

12

20

TOTAL

60

100

80 70 60 50 40 30 20 10

0

 

%

Enfants sortis des forces combattantes ayant été sollicités de réintégrer les

Enfants n'ayant pas été sollicités

Source : nos enquêtes sur terrain 2009.

Les résultats de nos enquêtes nous révèlent que sur 60 enfants enquêtés soit 100 % de nos enquêtés de la catégorie d'enfants sortis des forces et groupes armés, 48 enfants soient 80 % nous ont affirmé avoir été sollicités par les groupes armés opérationnels au Sud Kivu pour y prester comme combattants en contre partie d'une importante somme d'argent comme salaire, de transport et d'autres ont été promis d'être élevés à des grades d'officier, d'officiers supérieurs dans ces différentes composantes armées.

Seuls 12 enfants soit 20 % de nos enquêtés ont affirmé n'avoir pas été contactés pour faire partie d'une force ou groupe armé.

Au cours de nos enquêtés, 15 enfants ex-soldats trouvés à Nyangezi nous ont affirmé que beaucoup d'enfants ex-soldats avec qui ils avaient été réinsérés dans la vie civile, avaient déjà réintégré les groupes armés qui prestent dans leur contrée.

La construction de la paix est un effort qui doit être fourni par tous les acteurs, qu'ils soient sociaux ou politiques. Les actions des organisations s'inscrivent dans la logique de la construction de la paix dans la province du Sud Kivu en général et dans les zones où elles interviennent. Cet effort se traduit par l'ensemble des actions entreprises par les organisations en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés. Cependant, cet effort semble être mis à mal par l'environnement politique qui semble être incertain dans les milieux où retournent les enfants ex-combattants avec l'émergence des milices armées avec des effectifs importants d'ex-combattants pour leur positionnement politique.

Tableau n°11 Cartographie des forces et groupes armés du Sud Kivu ayant enrôlé des enfant soldats.

Groupes armés

Zone d'intervention

Effectif approximatif

d'enfant utilisé

RCD GOMA

SUD KIVU

698

MAIMAI

FIZI UVIRA

437

MUDUNDU 40

WALUNGU

325

FRF

FIZI

353

 
 
 

FDLR/ Rwandais

FIZI UVIRA KABARE

WALUNGU KALEHE

69

 

SHABUNDA MWENGA

 

FDD/Burundais

UVIRA FII

80

FARDC

 

532

MILICE LOCALE Luhwinja

MWENGA

253

INSURGE 106

KALEHE

48

GROUPEMENT COMBATTANT

MWENGA

124

PARECO

KALEHE

340

DISSIDENT KIFUAFUA/ MAIMAI SIDO

 

342

FARDC NON BRASSES

KABARE

221

MAIMAI BRIGADE

COBRA

FIZI

458

EAFGA Congolais

associés aux FDLR

 

353

MAIMAI SHIKITO

UVIRA MWENGA

117

MAIMAI CORTINO

SHABUNDA

69

MAIMAI KIRIKICHO

 

16

MAIMAI SIMBA

 

53

MAIMAI LEOPARD

 

72

AUTRES

 
 

TOTAL

 

4938

Source : statistiques de l'UE PN DDR

Comme on le constate, le tableau ci haut nous montre que tous les territoires de la province du Sud-Kivu à l'exception de celui d'Idjwi ont connu l'enrôlement des enfants dans les forces combattantes.

- Le Rejet par la communauté des certaines enfants ; d'autres sont stigmatisés comme les filles.

- La difficulté pour les ateliers de certains enfants soldats surtout ceux de la ville de Bukavu organisant la formation dans sa filière de soudure et ajustage suite aux coupures intempestives du courant électrique.

Un ESFGA de l'atelier de Nyawera nous a déclaré ce qui suit : « il nous arrive de passer 3 à 4 jours sans courant électrique. Cette situation nous crée des problèmes avec nos clients... »53

Ce problème peut renforcer la dépendance des enfants tenanciers des ateliers vis-à-vis des organisations.

SECTION DEUXIEME : MECANISMES DE CONSTRUCTION DE LA PAIX

La section précédente a mobilisé l'analyse praxéo-configurationnelle avec la construction d'un arbre à problème, le diagramme OSA et le diagramme SWOT en vue de comprendre pratiquement les actions des organisations de la réinsertion des enfants ex-soldats pour la construction de la paix.

La section suivante va étudier l'implication communautaire sollicitée par les organisations pour soutenir les efforts de paix dans les milieux de retour des enfants.

a. Mécanismes d'auto prise en charge

Les mécanismes d'auto prise en charge consistent pour les organisations de la réinsertion à mettre en place des activités, telles qu'expliquées précédemment, en faveur des enfants sortis des forces combattantes en vue d'évoluer dans une unité de production (atelier) selon la filière de formation suivie et grâce à l'appui financier offert par les organisations pour le démarrage des activités génératrices de revenu.

Ces rendent directement l'enfant sorti des forces combattantes responsable de luimême.

L'autre volet consiste au fait que l'enfant réinséré en milieu scolaire est également encadré dans une structure même si l'action n'est pas durable (deux ans d'appui scolaire).

Après ces deux ans, on peut redouter des actions contraire à la paix comme les tentatives de re-enrôlement des enfants sortis des forces combattantes du fait que si les parents n'ont pas été en mesure de prendre le relais des organisations, cette approche empiète l'élan de la paix dans la mesure où ces enfants vont se rallier à des groupes criminels en souvenir des leur séjour dans les forces et groupes armés pour subvenir à

53 Entretien avec MIKE le 14 mai 2009

leurs besoins. Il en est de même des enfants dont leurs métiers de réinsertion professionnelle ne sont pas productifs. Le fait de fixer des attentes irréalistes dans les avantages immédiats de la paix peut faire plus du mal que de bien, et risque d'amener ceux qui auront le sentiment d'être perdants du processus de paix à tenter de le faire échouer en provoquant des troubles ou en recourant à d'autres formes des violences, notamment des activités criminelles.54

Les organisations locales procèdent par des mécanismes permettent de contribuer à la réduction du chômage, de la déscolarisation, de la prostitution, du vagabondage, de l'oisiveté, du vol et de résorber tant d'autres situations qui engendrent une crise sociétale dans le chef des enfant sortis des forces et groupes armés.

Pour ce qui est de la contribution à la construction de la paix, les organisations locales qui ont fait l'objet de notre étude, nous ont affirmé que c'est grâce à leurs actions ci haut énumérées, qu'elles contribuent à la construction de la paix au Sud Kivu.

b. De l'implication des communautés locales

L'apport des communautés locales est important dans l'appropriation des actions de la réinsertion sociale et par ricochet de la construction de la paix, gage pour le développement des communautés.

L'apport des organisations passe également par la mise en oeuvre au sein des communautés des structures locales ayant pour charge de faire le suivie des activités de réinsertion.

Tableau N°11 : Des structures communautaires

Structures implantées

Effectif

%

Organisations avec

structures propres créées

3

75

Organisations travaillant

avec des partenaires
autonomes

1

25

TOTAL

4

100

54ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, Prévenir les conflits violents : quels moyens d'action ?,Paris, OCDE,2001,p59

80
70

 
 
 

60 50 40 30 20

 

Organisations avec structures propres créées

Organisations travaillant avec des partenaires autonomes

10

0

 
 

%

Source : Nos enquêtes

L'interprétation du tableau et du graphique ci haut fait ressortir le fait trois organisations locales travaillant dans la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés, les 75 % de notre échantillon des organisations mettent en place leurs propres structures pour suivre les activités de la réinsertion au niveau de leur base. Tandis qu'une seule organisation travaille avec des partenaires autonomes à la base pour cette même fin.

Ces structures ainsi implantées fonctionnent grâce aux allocations des organisations locales mais sont censées être bénévoles dans la pratique.

Elles ont pour charge de suivre les actions, des organisations au niveau de base et de les pérenniser à. Ces structures étant l'émanation de la communauté sont dirigées pour la plupart par les représentants de diverses couches de la communauté.

Les collectivités locales constituent des entités incontournables pour la mise en oeuvre et l'exécution d'activités de construction de la paix. Ainsi tout effort tendant à initier des actions dans la communauté doit travailler avec celle-ci là dans le but de pérenniser les actions au profit de ses membres et les actions puissent continuer à produire des effets positifs.

Ces structures mises en place ont implanté de clubs de paix qui sont des noyaux communautaires où les diverses couches (enfants et adultes) se rassemblent pour parler des actions en faveur de la paix. Cette expérience nous l'avons vécu à Nyangezi,...

Les organisations intervenant dans la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés doivent aider au renforcement des capacités et des structures locales et communautaires qu'elles accompagnent pour participer à la construction de la paix dans la communauté.

Pour ce qui est de l'Aide à la communauté où les enfants retournent, soulignons que 3 organisations soit 75 % de nos enquêtés ont affirmé qu'à part l'appui économique en faveur des enfants ex-combattants, aucune autre aide matérielle n'est apportée dans la communauté où les enfant retournent. Les organisations se contentent du lobbying auprès des autorités pour les conscientiser à tenir compte des besoins exprimés par les populations. Pour susciter les membres de la communauté à accueillir et à intégrer les enfants ex-combattants, il serait important que ces organisations mettent en place des projets communautaires impliquant la participation des tous les membres de la communauté en terme d'adduction d'eau en milieu rural et perurbain ainsi qu'un appui en AGR aux membres de la communauté...

c. La réinsertion des filles ex-combattantes

Les organisations de la réinsertion des enfants ex-combattants nous ont affirmé que les filles demeurent invisibles et ne participent pas nombreuses au processus de réinsertion sociale des enfants ex-combattants pour des raisons diverses.

Tableau N°12. : Répartition des nos enquêtés par sexe

Sexe

Effectif

%

Masculin

52

86

Féminin

8

14

TOTAL

60

100

Source: Nos enquêtés 2009

109

masculin feminin

60

50

40

30

20

10

0

Sexe

Le constat qui se dégage de ce tableau est que 86 % des nos enquêtés de sexe masculin tandis que 14 % sont du sexe féminin, on remarque que la participation féminine est largement inférieure à celle garçons.

Les organisations avancent une moyenne de 35 % de participation au processus de réinsertion dans la province du Sud Kivu et justifient cette faible participation par :

- Les filles sont cachées par les autorités (commandants) militaires qui les considèrent comme leurs femmes malgré les viols et violences sexuelles commises sur elles et donc elles sont leur propriété personnelle. A ce titre, elles n'ont pas la chance de participer à la démobilisation formelle. La seule solution qui leur reste c'est la désertion. Les organisations nous ont affirmé que 65 % d'auto démobilisation sont constitués des filles qui ont trouvé la seule solution d'échapper aux violences ; c'est la désertion.

- Le problème de la culture : la tradition considère qu'une fille qui a déjà passé plusieurs jours en dehors de toit paternel est considérée comme femme d'autrui, les filles ont intériorisé cette tradition. Lorsqu'une fille a eu un contact sexuel avec un homme que ce soit de manière volontaire, par viol ou par présomption, du fait d'avoir été prise par un groupe armé, en dehors du mariage et du système de dot, elle est considérée comme n'ayant plus aucune valeur par la société. Connaissant ces points de vue, les filles pourraient ne pas chercher à être relâchées et démobilisées de la même manière que les garçons car elles craignent davantage la stigmatisation sociale à laquelle elles devront faire face à leur retour dans leurs familles et leurs communautés. Cette situation se complique certainement encore davantage si la fille attend un enfant ou a eu des enfants de ses relations.

Pour Beth VERHEY, quand les groupes armés se déplacent ou se redéploient, on peut observer peu après des groupes de « jeunes femmes » se déplaçant à l'arrière troupe,... les filles se sentent obligées de rester ou même le désirent avec le groupe armé ou leur « époux militaire » car elles ne profitent pas de ces occasions pour s'échapper. Alors l'idée du manque de choix pour ces filles impliquées dans des relations avec les groupes armés est bien ancrée, l'ignorance des filles de la possibilité de démobilisation ou de l'irrégularité de leur enlèvement en premier lieu par des groupes armés.55

Pour persuader les filles à participer au processus de réinsertion sociale, les organisations procèdent par la sensibilisation sur le genre à travers les théâtres, les visites à domicile des filles et par des conseils psychosociaux en vue de conscientiser les membres des familles ainsi que les filles elles-mêmes.

Dans le processus de construction de la paix, il est impérieux de tenir compte de la fille ou des femmes. Les femmes sont des bâtisseuses de la paix ; en se limitant à considérer les femmes (filles soldats comme victimes des conflits), on peut occulter le rôle qu'elles sont susceptibles de jouer en tant que conciliateurs dans le processus de reconstruction et de rétablissement de la paix.

Pour le CAD, dans le monde entier, des femmes et leurs organisations ont amorcé le dialogue et la réconciliation dans des communautés et des villages. Leurs expériences de survie durant la guerre leur ont fait acquérir des points de vue et des connaissances spécifiques non négligeable. De ce fait, leurs opinions en ce qui concerne les questions de paix et de sécurité sont essentielles pour le processus de paix à tous les niveaux.56

C'est ainsi qu'il est important pour les organisations de la réinsertion de sensibiliser les autorités et vulgariser le cadre opérationnel des enfants cités aux forces combattantes en vue d'obtenir la sortie officielle des filles dans les forces combattantes. Celles s'étant auto démobilisé ou déjà été réinsérés doivent de créer des regroupements en vue de les suivre pour envisager la stigmatisation qui les embourbe et de renforcer leur capacité de production aussi de faire de leur éducation une priorité parmi tant d'autres.

Les organisations nous ont affirmé au cours de nos enquêtes que les filles qui parviennent à participer au processus de réinsertion optent de plus en plus pour les

55 Beth VERLHEY, Atteindre les filles, Etudes sur les filles associés aux forces et groupes armés, Londres, SAVE THE CHILDREN, 2004, P16.

56 Les lignes directrices du CAD, prévenir les conflits violents : quels moyens d'action.

activités génératrices de revenu que la réintégration scolaire. Ainsi il faut arriver à marier l'adage selon lequel « éduquer une femme c'est éduquer toute une nation. »

d. La réinsertion sociale et l'Age des enfants sortis des forces et groupes armés.

La construction de la paix, un processus qui doit passer plusieurs étapes. Elle doit tenir compte de l'âge de l'entrée et celui de sortie de l'enfant des forces et groupes armés. Il est clair que la question de l'âge est un facteur secondaire lorsqu'il faut réinsérer les enfants soldats.

Le temps passé dans les forces et groupes armés est important pour savoir les problèmes spécifiques de chaque enfant. Il y a des enfants qui ont été enrôlés à 12 ans pour n'être démobilisés qu'après leur majorité. Passer sous silence cet aspect constitue une menace grave pour la paix dans la communauté dans la mesure où ces enfants ont passé toute leur adolescence dans l'armée, sans éducation, ni morale ni affection.

Tableau n°13 : Age d'entrée des ESFGA enquêtés dans l'armée

Tranche d'âges

effectif

Total

10 - 15

42

70

16 - 20

18

30

Total

60

100

112

effectif

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

10 - 15
16 - 20

Source : Enquête de terrain 2009

Les résultats de terrain nous renseignent que 70 % de notre population d'étude constituée de la catégorie d'enfants sortis des forces et des groupes ont été enrôlés dans l'armée dans l'intervalle d'âges de 10 et 15 ans et 30 % avait l'âge entre 16 et 20 ans.

Ainsi, nous constatons que la majorité de nos enquêtés ont pratiquement été enrôlés quand ils n'avaient pas encore franchi la 4ème Année des Humanités.

CONCLUSION GENERALE

Nous sommes au terme de notre travail de fin d'étude qui a porté sur la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés et la construction de la paix dans la ville de Bukavu et ses périphéries.

Ce travail s'est fixé comme objectif d'analyser les approches dont se servent les organisations locales pour faciliter le retour aux activités civiles des enfants sortis des forces et groupes armés afin de déceler les limites des ces interventions, ainsi que les défis majeurs à relever par ces organisations en vue d'améliorer la qualité des leurs interventions en faveur des enfants ex combattants.

La problématique qui a soutenu ce travail a été articulée autour des deux questions principales à savoir comment est ce que les organisations procèdent pour assurer la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des groupes armés, et quelle est la contribution des ces organisations à la construction de la paix à Bukavu et ses périphéries.

Les hypothèses suivantes ont constitué le fil conducteur de travail :

Les organisations locales offriraient aux enfants sortis des forces et groupes armés une assistance psychosociale, une formation en métiers, une assistance médicale, une intégration scolaire, un appui aux activités génératrices de revenu (AGR) aux excombattants, un appui matériel aux familles d'accueil transitoire des ex-enfants associés aux forces et groupes armés. Aussi, l'aide à la réconciliation entre les enfants jadis bourreaux de leur communauté et les membres de celle-ci, la participation des filles au processus de réinsertion sociale,la mise en place des projets locaux impliquant la participation conjointe des enfants ex-soldats et les membres de la communauté réduisant le risque de méfiance de la communauté, l'appropriation de la communauté du processus de réinsertion par la mise en place des comités communautaires ayant comme charge de faire le suivi de réinsertion, constitueraient la contribution de ces organisations locales à la construction de la paix à Bukavu et ses environs.

L'arsenal méthodologique ayant permis de mettre en place ce présent travail a été de la méthode structuro fonctionnelle à la quelle nous avons joint l'approche praxéo configurationnelle pour besoin d'analyses organisationnelles. Les techniques telles que les techniques d'interview, de questionnaire, d'observation directe, documentaire, statistique, focus group, l'échantillonnage à boule de neige, nous ont permis de collecter et de traiter nos données de terrain.

Le cadre théorique dans lequel la présente étude s'est inscrite a été la théorie structuro fonctionnelle de Talcott PARSONS sur laquelle s'est greffé le modèle théorique d'analyse pro active d'impact des politiques de gestion des conflits (conflict impact assessment) mis sur pied par Luc REYCHLER, à ce cadre théorique, nous avons confronter les concepts d'intégration, d'action, d'organisation et de paix.

A cet effet, nous avons constaté que les organisations de la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés interviennent des diverses manières en faveur des enfants ex combattants, leurs actions principales en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés sont l'assistance psycho sociale permettant aux enfants de maîtriser leurs traumatismes, les formations en divers métiers professionnels permettant l'autonomisation des enfants sortis des forces et des groupes armés tenant compte de plusieurs facteurs aussi bien du milieu de réinsertion que de l'enfant à réinsérer lui-même. Cependant il est à remarquer que les activités qu'exercent les enfants sortis des forces combattantes ne correspondent pas nécessairement aux formations reçues de la part des organisations de la réinsertion. Pour ce qui est de la réinsertion scolaire, disons qu'elle concerne tous les cycles d'enseignement, pour les 13.3% de nos enquêtés ayant été réinsérés dans le secteur éducatif formel par les organisations de la réinsertion, seuls 3.3% de nos enquêtés ont bien évolué. Les autres ont abandonné dans la mesure où la prise en charge scolaire dont ils bénéficiaient de la part des organisations n'était pas durable et ne dépassait pas deux années scolaires. Aussi, la réinsertion des enfants ex combattants n'a pas été organisée de la même façon en milieu urbain qu'en milieu rural, elle a tenu compte des caractéristiques de ces deux mondes en tant qu'entités en interconnexion directe dont les rapports sociaux ne doivent être compris que dans la cadre d'une totalité - Etat.

Grâce à la mobilisation des analyses praxéologiques, nous avons dégagé la contribution des organisations de la réinsertion des enfants ex combattants en épinglant leurs forces ainsi que leurs faibles des organisations de la réinsertion au niveau interne. Aussi les menaces ainsi que les opportunités de l'environnement dans le quel les organisations évoluent et où les enfants ex combattants sont réinsérés.

Nous avons constaté que ces organisations contribuent à la construction de la paix au sud Kivu grâce aux mécanismes d'autonomisation des enfants ex combattants à travers les métiers professionnels, l'intégration scolaire ainsi que les activités génératrices de revenu qui permettent d'occuper utilement les enfants au lieu d'errer ici et là. Cependant ces mécanismes sont insuffisants et ne permettant pas aux enfants d'être du tout stables. Par les mécanismes d'implication des communautés locales à travers les structures communautaires mais aussi par la participation des filles au processus de réinsertion des enfants sortis de forces combattantes et par la prise en compte de l'âge à la réinsertion des enfants ex combattants en vue d'éviter d'écarter une catégorie d'enfants ex combattants susceptible de se regrouper en groupe criminel contre la communauté dans la quelle ils ont été réinsérés.

Eu égard à ce qui précède, nous formulons les recommandations suivantes : Aux autorités politico-militaires,

> De s'impliquer activement dans l'éradication du phénomène enfant soldat au sud Kivu en instruisant aux commandants militaires disposants des enfants dans leurs troupes de les mettre à la disposition des organisations qui interviennent dans la réinsertion sociale en vue de la préparation au retour à la vie civile.

> D'anéantir tout processus tendant à mettre en place des groupes armés et par là le recrutement forcé des enfants des forces et des groupes armés.

d'organiser avec efficacité le retour aux activités civiles des enfants ex combattants.

Aux organisations de la réinsertion sociale des enfants ex combattants :

> D'orienter leurs actions vers les véritables enfants sortis des forces et des groupes armés,

> De recruter le personnel capable de répondre aux besoins spécifiques des enfants que ce soit dans leur formation professionnelle ou leur prise en charge psycho sociale.

BIBLIOGRAPHIE FINALE

I.OUVRAGES

1. CARRIER, H et PIN, E, Essai de sociologie religieuse, Paris, Spes, 1967, P.64

2. CHAPLEAU, P, Enfants Soldats, victimes ou criminels, Paris, Rocher, 2007.

3. COHEN, A, la déviance, Gembloux, Duculot, 1971

4. CONOIR, Yvan et VERDA, Gérard, DDR, Désarmer, démobiliser, et réintégrer : défis humains enjeux globaux, Québec, P.U.L, 2006, PP.297

5. DE COSTER, M, Introduction à la sociologie, Bruxelles, Ed. De Boeck, 1987

6. DEPELTEAU,F, La démarche d une recherché en sciences
humaines,Québec,P.U.L,2000

7. DOUGLAS, I an et Alii, désarmement, démobilisation et réintégration .guide théorique et pratique, Canada, LITHONIC, 200

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9. ERNY, P, L'enfant et son milieu en Afrique noire, paris, Fayot, 1972

10. HERMAN, J, Le langage de la sociologie, paris, P.U.F, 1983

11. LABAMA LOKWA, la Prévention des crises et l'instauration d'une paix durable en R.D.C., Kinshasa, S.E, 2002

12. MAQUET, J, Pouvoir et société en Afrique, Paris, Hachette, 1970.

13. MORIN, E, Sociologie, Paris, Fayard, P.103

14. MUSHI MUGUMO, F, les organisations : théorie, stratégie, et leadership, Kinshasa, MEDIAS SAINT PAUL, 2006

15. NOLET, S, Les enfants soldats, armes légères et conflits en Afrique in Revue du GRIP, Bruxelles, N3, 2003.

16. QUIVY, Q et COMPENHOUDT, L.V Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Bordas, 1988

17. REYCHLER, Luc, MUSABIMANA, Tatien et CALMEY, Stefan, défi de la paix au Burundi : théorie et pratique, Paris, Harmattan, 1999.

18. ROCHER, G, Introduction à la sociologie générale : organisation sociale, Paris, HMH, 1960.

19. ROCHER, G, Talcott parsons et la sociologie Américaine, Québec, Chicoutimi, 1988

20. VERHEY, Verhey, , Londres, Save the Children et CARE, IFESH et IRC, Novembre 2004.

1. ALPE, Y et Alii, Lexique de sociologie, Paris, Dalloz, P.3.

2. BIROU, A, Vocabulaire pratique des sciences sociales (2éd), Paris, Ed. Ouvrières, 1966

3. BOUDON, R et Alii, Dictionnaire de sociologie, Larousse, 2003

4. DORTIER, F, le dictionnaire des sciences humaines, Paris, ed. Sciences humaines, 2004

5. DORTIER, J.F Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, Ed. Sciences humaines, 2004

6. ECHAUNDEMAISON, CD, Dictionnaire d'économie et des sciences sociales, Paris, Ed.Nathan ,1986.

7. GREMOND et GELEDAN, Dictionnaire économique et social, Paris, Hatier, 1990

8. Lexique de sociologie, Dalloz, Paris ,2OO5

9. MESURE, S et SAVIDAN, P le dictionnaire des sciences humaines, Paris, P.U.F, 2006

III. REVUES ARTICLES ET AUTRES PUBLICATIONS

1. Décret-loi n° 066 de Juin 2000

2. ESSISO ASIA AMANI, F « Des méthodes qualitatives d'usage en sciences sociales problème de choix et limite d'application » in Revue d'IRSA, n°6, 1999, p. 109

3. KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI, LUTABABIBILI, « quelques
considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des groupes armés : cas de la ville de Bukavu »in Recherches Africaines, N°21-22, janvier juillet 2008

4. KARE LODE et Alii, « Réinsertion des enfants soldats : une expérience du Congo »in SIK rapport, n°2, 2007

5. MILFRID TONHEIM, « Reintegration of child soldiers: a literature review with particular focus on girl soldiers reintegration in the DRC » in SIK rapport,1,2009

6. Principes de paris relatifs aux enfants associés aux forces et groupes armés, février2007, P.8

IV.TRAVAUX DE FIN DE CYCLE ET MEMOIRE

1. BALEMBA MUNGANGA, les activités des démobilisés comme facteur de leur intégration sociale en commune d'Ibanda, Mémoire, FFSPA, U.O.B,
Inédit, 2007-2008

2. SHUKURU BATACHOKA,La problématique socio-politique de la démobilisation des combattants au sud Kivu, cas des démobilisés de la CONADER ,Mémoire ,FSSPA,2005-2006,Inédit

V.NOTES DE COURS

1. NDAY WA MANDE, Cours de Service Social, Inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2006-2007

2. MUSIMBI MUGANZA, Syllabus du cours des systèmes sociaux : structures et pouvoirs, L1 SOCIOLOGIE, FSSPA, 2007-2008.

3. RUGAMBWA SEBUJANGWE, Cours de Service Social, inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2005-2006

VI.REFERENCES ELECTRONIQUES

1. www.child-soldiers.org

2. www.save the children.co.uk

3. www.amnestyinternational.org

4. www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques des sciences sociale s/index.html

TABLE DE MATIERE

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1.0bjet, choix et intérêt du sujet 5

0.1.1. Objet et objectifs du travail 5

0.1.2. Choix et intérêt du sujet 6

0.2. ETAT DE LA QUESTION 6

0.3. Problématique 13

0.4 Hypothèses de travail 17

0.5. Méthodologie 17

0.6. Délimitation du sujet 20

0.7. Difficultés rencontrées 21

0.8 Subdivision du travail 21

CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 22

I.1.SECTION PREMIERE PRECISION CONCEPTELLE. 22

I.1.1. Intégration 23

I.1.4 .L'organisation 26

I.1.4 Enfant Associé à une Force et Groupe Armé 27

I .1.5. Construction de la paix 28

I.2. SECTION DEUXIEME : CADRE THEORIQUE 29

I.3. SECTION TROISIEME : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 32

I.3.1 Le bureau pour le volontariat au service de l'enfance et de la santé BVES 32

I.3.2 LA COMMUNAUTE DES EGLISES LIBRES DE PENTECOTE EN AFRIQUE38 I.3.3LAISSER L'AFRIQUE VIVRE (L.A.V.) 44 I.3.4. LE RESEAU COMMUNAUTAIRE DE PROTECTION DE L'ENFANCE DE NYANGEZI 50

CHAPITRE DEUXIEME : ACTIONS DES ORGANISATIONS DE LA

REINSERTION DES ENFANTS EX-SOLDATS 53

SECTION PREMIERE : INTERVENTIONS DES ORGANISATIONS EN FAVEUR DES

ENFANTS EX COMBATTANTS 53

1. Assistance psycho sociale 53

2. Formations en métiers 59

3. DE L'NTEGRATION SCOLAIRE 70

SECTION DEUXIEME : REINSERTION SOCIALE DES ENFANTS EX

COMBATTANTS EN MILIEU URBAIN ET EN MILIEU RURAL 77
CHAPITRE TROISIEME : CONTRIBUTION DE L'ANALYSE PRAXEO

CONFIGURATIONNELLE DES A LA CONSTRUCTION DE LA PAIX 79

SECTION PREMIERE : CONSIDERATIONS PRAXEO CONFIGURATIONNELLES 79

1. ARBRE A PROBLEME DE BVES, LAV, RECOPE, ET LA CELPA 79

2. LE DIAGRAMME OSA (OBJECTIFS, STRAREGIES ET ACTIONS) DES

ORGANISATIONS 86

3. DIAGRAMME SWOT 96

SECTION DEUXIEME : MECANISMES DE CONSTRUCTION DE LA PAIX 105

CONCLUSION GENERALE 113

ANNEXES

122
GRILLE D'ENQUETE

I. QUESTIONS POSEES AUX RESPONSABLES DES ORGANISATIONS DE LA REINSERTION DES ENFANTS EX COMBATTANTS

1. Depuis quand intervenez-vous dans la réinsertion des enfants ex-soldats ?

2. Quelle est votre zone d'intervention ?

3. Combien d'enfants avez-vous déjà réinséré ?

4. Quelle est leur répartition dans votre zone d'intervention ?

5. Tous les enfants sont-ils passés par le processus officiel de
démobilisation ?

6. Quelles sont les activités qui préparent l'accueil des enfants au retour dans leur milieu ?

Quels types de formation reçoivent-ils avant leur retour ?

7. Quels sont les facteurs qui président au choix de ces types de formation ?

8. Quelles sont les activités qu'exercent les enfants une fois de retour dans leur milieu ?

9. Qu'est-ce qui guide le choix de ces activités ?

10. Quels genres des moyens mettez-vous à leur disposition ?

11. Tous les enfants ont-ils progressé ?

12. Apportez-vous de l'aide dans la zone où les enfants retournent ?

13. Si oui, de quelle nature ?

14. Les filles participent-elles au processus de réinsertion ?

15. Si non, quels sont les obstacles qui font à ce qu'elles ne participent pas à ce processus ?

16. Quel mécanisme mettez-vous en place pour les soutenir et les persuader à adhérer à ce processus ?

17. Avez-vous une structure transitoire qui accueille les enfants avant leur retour en famille

18. Quel est son rôle, si elle existe ?

19. Quels sont les besoins qu'expriment les enfants qui y sont accueillis ?

20. Dans le cas où il y a des enfants qui ne veuillent pas être réinsérés en famille mais qui sont dans cette structure, que faites-vous d'eux ?

21. Quel type de projet avez-vous initié dans le milieu où retournent les enfants pour pérenniser les acquis de la réinsertion et contribuer à la paix durable dans le milieu ?

22. Quelles sont les difficultés auxquelles êtes-vous confrontés ?

23. avez vous des structures au niveau communautaire qui assurent le suivi de la réinsertion?

24. Lesquels?

26. Comment fonctionnent ils?

27. Comment pensez-vous contribuer à la construction de la paix à travers vos actions ?

II.QUESTIONS POSEES AUX ENFANTS EX SOLDATS

1. Depuis quand avez-vous été réinséré ?

2. par quelle structure avez-vous transité avant de retourner en famille ?

3. Quelles sont les actions dont vous avez bénéficié de la part de cette organisation ?

4. comment avez-vous été accueilli par les membres de la communauté ?

5. Quelles sont les forces ainsi que les faibles que vous avez observées dans le chef de cette organisation ?

6. souhaiteriez vous retourner dans une force ou groupe armé ?

Si oui pourquoi ? Si non pourquoi ?

7. Quels sont tes perspectives d'avenir ?






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