WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Depenses publiques et équilibre sur le marche des biens et services au Burundi: une analyse empirique (1987-2006)

( Télécharger le fichier original )
par Donatien BANYANKIRUBUSA
Université du Burundi - Licence 2009
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE DU BURUNDI

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES

ET ADMINISTRATIVES

DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES AU BURUNDI : Une analyse empirique

(1987-2006)

Option : ECONOMIE POLITIQUE

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du Grade de Licencié en Sciences Economiques et Administratives

Par :

Donatien BANYANKIRUBUSA

Sous la direction de :

Léonidas NDAYIZEYE

Bujumbura, novembre 2009

DEDICACE

A Dieu tout puissant ;

A mon cher père ;

A ma chère mère ;

A mes frères et soeurs ;

A mes oncles et tantes ;

A mes cousins et cousines ;

A toutes mes connaissances ;

Je dédie ce mémoire.

REMERCIEMENTS

Au terme du présent travail, l'honneur nous échoit d'exprimer notre profonde reconnaissance à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à sa réalisation.

Nos sentiments de gratitude vont principalement à Mr Léonidas NDAYIZEYE, Directeur de ce mémoire. Ses conseils, ses remarques, ses exigences, ses suggestions, sa compréhension et surtout sa rigueur scientifique nous ont été chers.

Nous tenons à remercier Dr Cyriaque NZIRORERA, Président du jury pour avoir accepté de lire ce mémoire, à Monsieur Salomon NSABIMANA, membre du jury, pour avoir accepté de lire ce mémoire mais aussi de l'enseignement beaucoup important qu'ils nous ont dispensés.

Nos remerciements sont aussi adressés à tous nos enseignants, de l'école primaire à l'Université, plus particulièrement ceux de la Faculté des Sciences Economiques et Administratives, pour nous avoir formé tant moralement qu'intellectuellement.

Nous disons merci à nos parents qui ont dépensé tant d'efforts pour supporter nos caprices scolaires. A nos frères et soeurs, en particulier notre grand frère BANYIYEZAKO Jean Baptiste, qu'ils soient conscients que nous serons reconnaissants.

Nous disons aussi merci à la famille du Dr MPAWENAYO Balthazar, à la famille HAKIZIMANA Christian pour leurs secours tout au long de nos études universitaires.

Grande est aussi notre reconnaissance à toutes les personnes qui ont accepté d'investir leur confiance et leur joie en nous. Que les unes et les autres trouvent dans l'aboutissement du présent travail, le couronnement de leurs efforts.

BANYANKIRUBUSA Donatien

SIGLES ET ABREVIATIONS

ADF  : Test Dickey et Fuller Augmenté

ARCH-LM : Test d'hétéroscédasticité autorégressive conditionnelle des résidus du multiplicateur de Lagrange (LM)

B-G : Test de Breusch-Godfrey

BIF  : Burundian insurance francs

BRB  : Banque de la République du Burundi

FSEA  : Faculté des Sciences Economiques et Administratives.

F-stat  : Statistique de Fisher

IPR  : Investissement privé

IPU  : Investissement public

J-B : Test de Jarque-Bera

LT  : Long terme

MCE  : Modèle à Correction d'Erreur.

MCO  : Moindre Carrée Ordinaire

MPDR  : Ministère de la Planification du Développement et de la Reconstruction Nationale.

Mrd  : Milliard

Op.cit : Opere Citato

P.  : Page

PIB  : Produit Intérieur Brut

PIBR  : Produit Intérieur Brut Réel

PP  : Test de Philips Perron

TCHR  : Taux de change réel

TIC  : Taux d'intérêt créditeur

TID  : Taux d'intérêt débiteur

t-stat  : Statistique de Student

U.B  : Université du Burundi.

VAR  : Modèle vectoriel autorégressif

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

1. Les figures

Figure 1 : Le circuit des dollars au travers de l'économie 22

Figure 2 : Epargne, Investissement et taux d'intérêt 23

Figure 3 : Une augmentation des dépenses publiques ou une réduction de l'épargne 25

Figure 4 : Evolution des dépenses publiques du Burundi par catégorie (1987-2006) 32

Figure 5 : Evolution des dépenses publiques au Burundi (1987-2006) 34

Figure 6 : Evolution du PIBR en million de BIF (1987-2006) 37

Figure 7 : Evolution de l'investissement du Burundi par agent en millions de BIF (1987-2006) 38

Figure 8 : Evolution du taux débiteur et créditeur au Burundi en % (1987-2006) 42

Figure 9 : Evolution de l'Epargne et de l'Investissement au Burundi (1987-2006) 45

Figure 10 : Evolution des dépenses publiques et de l'investissement privé du Burundi (1987-2006). 46

Figure 11 : Evolution des dépenses publiques et du différentiel d'équilibre entre l'Epargne et l'Investissement au Burundi (1987-2006) 47

2. Les tableaux

Tableau n°1 : Résultat du test de stationnarité en niveau 55

Tableau n°2 : Résultat du test de stationnarité en différence première 56

Tableau n°3 : Résultats de l'estimation de l'équation de LT 56

Tableau n°4 : Résultats des tests de stationnarité sur les résidus : coïntégration sur le différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement (I - S) 57

Tableau n°5 : Résultats de l'estimation du modèle à correction d'erreur 58

TABLES DES MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

SIGLES ET ABREVIATIONS iii

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES iv

TABLES DES MATIERES v

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. Intérêt du sujet 1

0.2. Problématique 3

0.3. Hypothèse de travail 3

0.4. Méthodologie de travail 3

0.5. Délimitation et Articulation du sujet 4

CHAPITRE I : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES : Aspects théoriques et conceptuels 5

I.1. Notion de dépenses publiques 5

I.1.1. Définition 5

I.1.2. Les objectifs de la dépense publique 6

I.1.3. Les différentes catégories des dépenses publiques 7

I.1.3.1. Les dépenses de fonctionnement 7

I.1.3.2. Les dépenses de transfert 7

I.1.3.3. Les dépenses d'investissement 7

I.1.4. La théorie des dépenses publiques 7

I.1.4.1. Approche Néoclassique 8

I.1.4.2. Approche Keynésienne 8

I.1.4.3. Approche Ricardienne 9

I.1.5. Les dépenses publiques et leurs évolutions 10

I.1.5.1. Les risques de la dépense publique 11

I.1.5.2. L'avantage de la dépense publique 11

I.2. Notion de l'investissement 12

I.2.1. Définitions et concepts 12

I.2.2. Les déterminants traditionnels de l'investissement 13

I.3. Notion d'équilibre du marché. 14

I.3.1. La pensée classique 14

I.3.2. La pensée néoclassique 15

I.3.3. La pensée Keynésienne 15

I.3.4. L'équilibre selon Marx 16

I.3.5. L'équilibre sur le marché des biens et services 16

I.4. Les déterminants de l'équilibre entre offre et demande des biens et services 20

I.4.1. Equilibre sur le marché des biens et services : offre et demande de la production 20

I.4.2. L'équilibre sur le marché financier : offre et demande des fonds prêtables 21

I.4.3. L'impact d'une hausse des dépenses publiques 24

I.4.3.1. Les dépenses publiques comme stimulant de la croissance : effet de relance 26

I.4.3.2. Les dépenses publiques comme déprimant de la croissance : effet d'éviction 27

CHAPITRE II : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES  AU BURUNDI : Une analyse descriptive 29

II.1. Les dépenses publiques au Burundi 29

II.1.1. Les modes de financement des dépenses publiques au Burundi 30

II.1.2. Classification des dépenses publiques du Burundi 32

II.2. Evolution de certains agrégats macroéconomiques au Burundi 35

II.2.1. L'instabilité du cadre macroéconomique 35

II.2.2. Obstacles structurels à la croissance économique au Burundi 36

II.2.3. Le produit intérieur brut au Burundi 36

II.2.4. L'investissement au Burundi 38

II.2.5. Le taux d'intérêt au Burundi 40

II.3. Equilibre sur le marché des biens et services au Burundi 43

II.3.1. La politique d'investissement au Burundi et ses modes de financement 43

II.3.2. L'équilibre épargne-investissement au Burundi 44

II.4. L'impact des dépenses publiques sur les variables macroéconomiques au Burundi 46

II.4.1. Dépenses publiques et investissement privé 46

III.4.2. Dépenses publiques et déséquilibre entre l'Epargne et l'investissement 47

CHAPITRE III : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES : ANALYSE EMPIRIQUE 49

III.1. Spécification du modèle 50

III.3. Cadre théorique des tests du modèle et l'ordre d'intégration 51

III.3.1. Théorie sur les tests de racine unitaire 51

III.3.1.1. Le test de Duckey et Fuller 51

III.3.1.2. Le test de Philips et Perron 52

III.3.2. Test de coïntégration 53

III.3.3. Estimation d'un modèle à correction d'erreurs 54

III.3.3.1. Estimation du MCE en deux étapes 54

III.3.3.2. Estimation du MCE en une seule étape 54

III.4. Présentation des variables du modèle 55

III.5. Présentation des résultats des tests du modèle 55

III.5.1. Le test de stationnarité 55

III.5.2. Le test de coïntégration 56

III.5.2.1. Estimation de la relation de long terme 56

III.5.2.2. Le test de coïntégration entre les variables 57

III.5.3. Spécification d'un modèle à correction d'erreurs 57

III.5. Interprétation des résultats 59

CONCLUSION GENERALE 62

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 65

ANNEXES 68

« L'expansion se caractérise par un excès de l'investissement sur l'épargne et la récession se caractérise par un excès de l'épargne sur l'investissement »

Par

J. M. KEYNES

0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. Intérêt du sujet

Au Burundi, le trésor public intervient, d'une part, dans le financement des investissements publics notamment dans le financement des équipements qui doivent être effectués par le secteur public ; d'autre part, il est appelé à apporter secours pour la mise en oeuvre de certaines mesures tendant à promouvoir l'investissement privé.

C'est ainsi que, depuis 1990, l'Etat a mis en oeuvre une politique de promotion des investissements du secteur privé. A cet effet, l'Etat a financé la politique de promotion du secteur privé à travers trois canaux :

- le financement des fonds spécifiques ;

- les dotations budgétaires pour le fonctionnement des institutions d'appuis au secteur privé ;

- les exonérations ou avantages fiscaux.

Ce financement occasionne une forte augmentation des dépenses publiques dans le financement de l'investissement.

Ainsi, des débats ont été menés à propos de l'investissement et des dépenses publiques. L'hypothèse de base du modèle standard stipule que le déficit permanent (augmentation des dépenses publiques) évincent l'accumulation du capital du secteur privé, c'est-à-dire de l'investissement privé : c'est l'argument du « crowding out effet ». En effet, pour y parvenir, le gouvernement augmente l'offre des titres publics, ce qui, ceteris paribus, réduit leur prix et augmente le taux d'intérêt.

Selon KEYNES, une augmentation temporaire des dépenses publiques aura un impact positif immédiat et significatif sur la demande agrégée. Par conséquent, l'épargne et l'investissement peuvent être affectés positivement [EISNER et PIEPER, 1984].

L'analyse Macroéconomique retient que l'égalité entre l'épargne et l'investissement constitue l'équilibre sur le marché des biens et services. La thèse classique retient que l'ajustement de l'épargne et de l'investissement se fait par le taux d'intérêt individuel. Pour eux, le marché n'est jamais en déséquilibre. La loi de J. B. SAY illustre bien l'équilibre classique sur le marché des biens et services. Selon elle, l'offre crée sa propre demande et les produits s'échangent contre les produits.

Selon la théorie Keynésienne, l'ajustement se fait par la quantité et le volume d'emploi. Ainsi, les anticipations concourent à commander le volume de l'investissement et l'épargne, c'est-à-dire une identité mathématique.

Pour KEYNES, l'investissement est l'élément moteur de l'activité économique. En effet, l'investissement par ses variations va provoquer des variations de même sens du revenu, lesquelles appelleront l'épargne. Mieux encore, si l'épargne et l'investissement peuvent être égaux, c'est parce que l'investissement engendre une épargne égale du bien-être créée par elle. Ces résultats pourraient-ils être applicables sur le cas du Burundi ?

Ainsi, des variables macroéconomiques comme le déficit budgétaire, les dépenses publiques, la dévaluation, le déséquilibre, l'épargne et l'investissement ont intéressé les chercheurs, mais peu ont été analysées dans le sens de l'équilibre.

En effet, un nombre important des mémoires présentés à la Faculté des sciences Economiques et Administratives de l'Université du Burundi a été consacré à l'étude de ces variables.

NDIKUMANA (1990), montre que l'épargne est restée inférieure à l'investissement. L'épargne intérieure reste faible alors que la demande d'investissement croît à un rythme remarquable. Les dévaluations n'ont pas encore réussi à corriger le déséquilibre Epargne-Investissement.

MUCOWINTORE (2001), montre que les dépenses publiques stimulent la consommation des ménages.

NIBARUTA (2003), montre que les dépenses publiques stimulent la consommation des ménages et l'investissement induit par cette demande supplémentaire exerce un impact positif réel sur la croissance économique.

NAHIMANA (2004), montre que la consommation privée augmente avec les dépenses publiques et le revenu. L'augmentation de la fiscalité favorise l'expansion des niveaux de consommation résultant de la diminution des investissements.

INAMUCO (2005), montre que le déficit et le taux d'intérêt sont corrélés positivement, le déficit réel est corrélé positivement avec la croissance économique alors que le taux d'intérêt réel a un impact négatif sur le PIB.

La compréhension de l'effet des dépenses publiques sur le niveau d'équilibre sur le marché des biens et services (I = S) s'avère d'une importance capitale. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre travail intitulé : « Dépenses publiques et équilibre sur le marché des biens et services au Burundi ».

0.2. Problématique

La connaissance des liens et des réactions chiffrées entre les variables macroéconomiques est d'une importance primordiale pour une meilleure gestion de l'économie nationale et la mise en place d'une politique de développement réalisable. En effet, elle permet de faire des choix précieux au niveau de la politique économique.

Notre travail concerne l'influence des dépenses publiques sur l'équilibre entre l'épargne et l'investissement, ce qui nous amène à nous poser des questions qui sont les suivantes :

Q1 : Existe-il un équilibre entre l'épargne (S) et l'investissement (I) au Burundi ?

Q2 : Les dépenses publiques ont-ils une influence significative sur le niveau d'équilibre entre l'épargne et l'investissement ? 

En essayant de chercher des réponses à ces questions, nous avons formulé des hypothèses de travail, lesquelles ont guidé notre travail de recherche.

0.3. Hypothèse de travail

Pour analyser notre thème de recherche, deux hypothèses nous ont aidé à mieux guider notre travail :

H1 : Au Burundi, l'investissement est supérieur à l'épargne.

H2 : Les dépenses publiques influencent positivement l'équilibre entre l'épargne et l'investissement. 

0.4. Objectif

Notre travail a pour objectif l'analyse de l'impact des dépenses publiques sur l'équilibre entre l'épargne et l'investissement.

0.5. Méthodologie de travail

Pour parvenir à notre objectif, nous avons fait recours à la méthodologie documentaire. Ainsi, nous avons exploré des ouvrages diversifiés. Les ouvrages généraux, les mémoires, les revues et les autres documents en rapport avec notre travail font parti de la documentation. Nous avons récolté des données nécessaires, au Ministère de la Planification et de la Reconstruction Nationale et à la Banque de la République du Burundi (BRB).

Pour vérifier nos hypothèses de travail, nous avons procédé à une analyse économétrique. A travers une modélisation du différentiel d'équilibre (I - S), nous avons mis en évidence, avec EVIEWS, le poids des dépenses publiques pour influencer l'équilibre sur le marché des biens et services (I = S).

0.6. Délimitation et Articulation du sujet

Sur le plan spatial, notre thème est basé sur le Burundi. Sur le plan temporel, notre travail s'étend sur la période de 20 ans, soit de 1987 à 2006. Le choix de cette période est lié au fait qu'elle inclut les années 90, période pendant laquelle l'Etat a initié un projet visant la promotion des investissements du secteur privé.

Notre travail se subdivise en trois chapitres :

- Le premier chapitre fait le point d'un aperçu théorique des dépenses publiques ainsi que des déterminants de l'équilibre sur le marché des biens et services ;

- Le second chapitre fait objet d'une analyse descriptive sur le cas du Burundi. Au cours de ce chapitre, nous avons fourni une interprétation des données se rapportant sur le Burundi ;

- Le troisième et dernier chapitre fait objet d'une analyse économétrique des données à l'aide du logiciel EVIEWS. Des interprétations des résultats ont été apportées au cours de ce chapitre.

Notre travail se clôture par une conclusion générale.

CHAPITRE I : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES : Aspects théoriques et conceptuels

La question de l'influence des dépenses publiques sur les variables macroéconomiques a fait longtemps objet de controverses entre beaucoup d'auteurs. Plusieurs théories ont été développées en rapport les effets des dépenses publiques. A cet effet, notre problème est de savoir l'influence des dépenses publiques sur l'équilibre entre l'épargne et l'investissement.

I.1. Notion de dépenses publiques

I.1.1. Définition

Les dépenses publiques sont des dépenses de l'Etat qui figurent dans le budget de l'Etat voté chaque année par le parlement. Il s'agit des dépenses budgétaires (CAPUL, J.V et GARNIER, O. (2005)).

COTTA, A. (1972) distingue, outre les dépenses extraordinaires et ordinaires, les dépenses de fonctionnements des services civils, les dépenses militaires et les dépenses d'investissement.

Les dépenses publiques sont les dépenses de l'Etat telles qu'elles apparaissent dans le budget de l'Etat, ceux des collectivités et des organismes parapublics. On y trouve : les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement. Suivant le caractère du temps, on distingue les dépenses définitives et les dépenses temporaires. Leur financement est assuré par les recettes publiques (impôt, taxes et cotisations sociales) et par le déficit public.

Le professeur Philip. E. TAYLOR (1953) quant à lui, distingue les dépenses neutres et les dépenses interventionnistes.

a. Dépense neutre

On peut qualifier de dépenses neutres, les dépenses que la collectivité doit assurer dans l'intérêt général pour autant que l'économie privée est incapable d'assurer : l'administration, la sécurité intérieure, la défense nationale et la justice entrent sans contestation possible dans cette catégorie. En ce qui concerne l'éducation, il arrive des cas où ça relève de l'initiative privée. Mais, au fur et à mesure que l'enseignement revêt un caractère politique, l'Etat entend exercer un contrôle sur la formation intellectuelle. Il s'agit des dépenses de fonctionnement.

b. Dépenses interventionnistes

Sous cette rubrique, il distingue trois catégories de dépenses :

- aide à l'industrie, à l'agriculture et au travail;

- orientation de l'économie générale ;

- développement du bien-être social.

Cette classification dépasse les dépenses de fonctionnement ou d'exploitation et nous conduit à la frontière entre les dépenses de transfert et les charges de capital. Au premier chef, il s'agit essentiellement des subventions économiques en faveur des branches que le gouvernement entend développer dans le cadre de sa politique générale, ou de prime différentiel, permettant d'abaisser au profit du consommateur ou du client de services publics (transport) le prix de vente ou le tarif au dessous du prix de revient. Il s'agit donc des dépenses de transfert dans la mesure où le contribuable fait des sacrifices en vue de procurer des avantages, soit aux activités privilégiées, soit au consommateur. L'intérêt de la dette publique se rattache également à cette catégorie.

Au second plan, l'Etat cherche à se substituer à l'initiative privée et à l'insuffisance des moyens de financement pour procéder, par des ressources qualifiées de publiques, à des investissements dans le secteur économique : services publics, industrie nationalisée ou privée (mais revêtant une importance capitale), agriculture, logement, transport, réparation des dommages de guerre, etc.

I.1.2. Les objectifs de la dépense publique

L'extension de l'importance relative de la dépense publique a correspondu à un élargissement des objectifs assignés à la politique économique en général et à la politique budgétaire en particulier.

Selon Muscrave R.A. dans son ouvrage «The theory of public finance», toute dépense publique concourt à la réalisation d'un ou plusieurs des objectifs suivants, repérés par l'activité chargée d'en assumer la réalisation :

- L'activité de régulation de l'activité économique dont l'objectif est d'en assurer un taux de croissance de l'économie compatible avec le respect des équilibres fondamentaux, tant externes qu'internes ;

- L'activité de redistribution des revenus, voire même des richesses dont l'objectif est de corriger les injustices distributives résultant du libre fonctionnement de tout secteur de l'activité économique régie par les principes de l'économie de marché concurrentiel ;

- L'activité d'affectation des ressources dont l'objectif est d'assurer la production optimale de certains biens et services.

I.1.3. Les différentes catégories des dépenses publiques

I.1.3.1. Les dépenses de fonctionnement

Les dépenses de fonctionnement sont des dépenses courantes nécessaires au fonctionnement de l'Etat. On y trouve les dépenses des pouvoirs publics, les dépenses du personnel ou les salaires (80% de cette catégorie) et les dépenses liées au fonctionnement des services. Ces dépenses, en particulier des dépenses de personnel, vont permettre de stimuler la consommation en augmentant le pouvoir d'achat des fonctionnaires mais également d'augmenter leur niveau d'épargne.

I.1.3.2. Les dépenses de transfert

Les dépenses de transfert visent à redistribuer des crédits, des subventions, vers les secteurs où l'Etat souhaite intervenir. Il ne s'agit pas de véritable consommation. L'évaluation de ces dépenses aura un effet direct sur la consommation des personnes en bénéficiant.

I.1.3.3. Les dépenses d'investissement

Les dépenses d'investissement ont pour objet de faire entrer des biens durables dans le patrimoine de l'Etat. Elles prennent la forme de commandes passées par les personnes morales de droits publics, qui auront une influence sur la production et l'emploi.

I.1.4. La théorie des dépenses publiques

Les dépenses publiques constituent une canalisation des recettes, des impôts et des emprunts vers une réalisation de certains objectifs choisis. Mais l'Etat se heurte à de nombreuses difficultés pour identifier, concevoir et réaliser les opérations orientées vers la consommation, l'investissement susceptible d'élever le revenu.

C'est ainsi qu'on peut constater que certaines dépenses comme les dépenses de transfert finissent par favoriser la consommation au détriment de l'épargne et par conséquent au détriment de la formation du capital.

Pour mieux comprendre les effets des dépenses publiques, il convient de faire le contour des arguments théoriques et une analyse détaillée. C'est pour cela que nous avons intégré les dépenses publiques dans les différents courants de pensées. Nous avons retenu l'approche Néoclassique, l'approche Keynésienne et l'approche Ricardienne.

I.1.4.1. Approche Néoclassique

Cette approche stipule que les dépenses publiques s'effectuent en fonction des ressources publiques, c'est-à-dire qu'on ne doit pas dépenser plus qu'on encaisse. Selon le modèle néoclassique, l'Etat, pour financer ses dépenses, peut recourir à l'emprunt. Pour satisfaire le besoin de l'emprunt du secteur public, le gouvernement est obligé d'augmenter l'offre des titres publics, ce qui réduit leur prix et augmente le taux d'intérêt du marché. Ceci résulte de la loi de l'offre et de la demande selon laquelle pour augmenter les quantités échangées, il faut diminuer les prix, ce qui a pour conséquence l'éviction de certains investissements privés productifs suite à la réduction du capital.

Pour les Néoclassiques, l'accroissement des dépenses publiques est une promesse des difficultés économiques dans le futur avec une baisse du bien-être. En effet, la manière utilisée par le gouvernement pour financer ses dépenses affecte le niveau de consommation, d'investissement et d'exportation. Ainsi, l'accroissement des dépenses publiques est compensé par une baisse des investissements privés. Pour remédier à cette situation, il faut que les agents privés prévoient rationnellement les accroissements des charges futures.

En effet, plus l'Etat emprunte, plus il aura affaire au remboursement des intérêts et du capital, car l'accroissement de la dette publique accroît les dépenses publiques, décroît les impôts et accroît les intérêts de la dette. Il n'y arrivera qu'en procédant à de nouveaux emprunts et ainsi de suite. Ceci le conduit dans une crise d'endettement dont il n'est pas sûr de dépasser.

I.1.4.2. Approche Keynésienne

L'analyse des dépenses publiques dans la théorie keynésienne découle de l'effet du multiplicateur. Elle est donc étroitement liée aux fondements même de la thèse de KEYNES. Pour KEYNES, l'augmentation des dépenses publiques augmente l'output à concurrence de la diminution de la propension marginale à épargner. Ainsi, les dépenses publiques exercent un effet multiplicateur sur le revenu des agents et donc sur toute l'économie.

Le multiplicateur des dépenses publiques s'établit dans le cadre du modèle IS en partant de l'équation : . Admettons qu'il y ait un accroissement de g c'est-à-dire.

Au taux d'intérêt r = r0, dr = 0. Si g augmente, et en conséquence et y aussi pour maintenir l'équilibre sur le marché des produits. La courbe IS s'est déplacée à droite à concurrence du multiplicateur.

comme di = 0

L'équilibre du marché des produits implique . Comme et que et

Le rapport est appelé multiplicateur keynésien.

I.1.4.3. Approche Ricardienne

L'approche ricardienne repose sur le principe de l'équivalence. La question principalement évoquée est la possibilité de substituer l'emprunt par l'impôt. Ceci est justifié par le fait que lorsque l'impôt nécessaire au financement des dépenses publiques est affecté aux dépenses productives, l'emprunt qui est utilisé aux mêmes fins est enlevé du capital.

L'impôt prélevé plus tard pour rembourser les intérêts et le principal n'affecte pas la richesse de la nation. C'est dans ce contexte que RICARDO reprend l'argument de J. F. MELON qui stipule que : « les dettes de l'Etat sont des dettes de la main droite à la main gauche dont le corps ne se trouve pas affaibli ».

Dans sa version initiale, BARRO (1974) démontre qu'il y a équivalence entre un financement des dépenses publiques par la dette et l'impôt (supposé forfaitaire). Les agents privés compensent cette baisse de l'épargne publique par la dette publique par une hausse de l'épargne privée (pour être à mesure de payer les impôts futurs). Le multiplicateur est unitaire. Avec des impôts proportionnels au revenu, une hausse temporaire des dépenses publiques compensée par une baisse future de ces dépenses n'a pas d'effet. Mais une hausse des dépenses publiques compensée par une hausse future des impôts réduit le revenu permanent. Le multiplicateur fiscal est négatif.

En tout état de cause, la productivité des dépenses publiques importe, puisque c'est elle qui va déterminer si la dette publique est un transfert intégralement supporté par les générations futures.

Les hypothèses nécessaires à la stricte validité du principe d'équivalence sont plutôt fortes. On peut montrer que dans de nombreux cas, ce principe sera violé, horizons limités, anticipation non parfaite, contrainte de liquidité, imperfection du marché du capital et altruisme limité.

La perspective initiale du principe d'équivalence est que l'emprunt comme l'impôt est un prélèvement sur les moyens productifs du pays et de ce point de vue rien ne les distingue. Quant aux intérêts nés de l'emprunt, leur paiement n'affecte en rien la richesse de la notion. Ils sont prélevés sur les profits accumulés. Quant aux critiques adressées à l'impôt lorsqu'il influe la consommation, RICARDO admet la possibilité d'une échappatoire tout en admettant que l'emprunt est une solution à laquelle on ne peut entièrement faire recours.

I.1.5. Les dépenses publiques et leurs évolutions

La dépense publique est, avec la fiscalité, l'un des principaux instruments de l'action financière de l'Etat. Elle est aussi l'objet de controverses multiples. Le libéralisme tend à considérer que tout accroissement de la consommation publique se fait au détriment de la consommation privée. Le réflexe libéral est fondé sur une présomption de méfiance : tout ce qui est collectif est poids mort. La dépense publique est, pour ainsi dire par nature, improductive à l'exception limitée des dépenses dites régaliennes. La consommation de l'Etat équivaut à une destruction réelle ou potentielle de richesse.

A cette conception s'oppose la conception inverse : l'idée que la dépense publique est, par nature, plus conforme à l'intérêt général que ne l'est l'emploi des mêmes ressources lorsqu'il est librement décidé par les personnes privées ou les entreprises. Les dépenses publiques dans cette optique a une double fonction, sociale et économique : elle permet d'assurer une certaine forme de solidarité sociale et elle joue le rôle de stabilisateur économique. C'est l'optique keynésienne.

La tendance à dépenser est une tendance fondamentalement inscrite dans le fonctionnement de l'Etat. Mais cette dynamique de la dépense n'est pas conforme : elle varie non seulement selon les Etats, mais aussi selon les types de collectivités publiques concernées et la nature de la dépense.

I.1.5.1. Les risques de la dépense publique

Les détracteurs soulignent toutes les conséquences économiques négatives qu'un excès des dépenses publiques entraîne et ceci au trois points de vue différents :

- elles pèsent sur le développement économique ;

- elles ont des effets pervers sur la formation du capital ;

- elles ne contribuent pas nécessairement à la solution des problèmes auxquels elles sont censées apporter une réponse.

En effet, elles peuvent freiner la croissance en favorisant une allocation moins productive des ressources de la collectivité. Un système monopolistique, faute de la concurrence est toujours moins efficace qu'un système animé par la compétition.

Toute augmentation de la dépense publique risque donc d'empêcher un emploi plus productif des ressources disponibles, c'est-à-dire de constituer un obstacle au développement économique.

Par ailleurs, l'excès des dépenses publiques constitue un handicap parce qu'elles pèsent sur la formation du capital. En effet, toute dépense supplémentaire doit être financée, soit par de nouveaux prélèvements, soit par l'emprunt. Dans le premier cas, la capacité d'épargne des ménages et des entreprises est amputée ; dans le second cas, une partie de l'épargne privée, déjà constituée et en quête d'emploi, sera captée par la puissance publique. C'est ce qu'on appelle effet d'éviction de la dépense publique.

Enfin, elles ne contribuent pas nécessairement, notamment en ce qui concerne les dépenses de transfert, à résoudre des problèmes sociaux comme le chômage ou l'exclusion. Certains économistes libéraux estiment, au contraire, qu'il existe une corrélation négative entre la création d'emploi public et le taux global d'activité. Ils font remarquer, par exemple, qu'il existe, pour le Danemark un parallélisme complet entre le taux des dépenses publiques par rapport au PIB et le taux de chômage par rapport à la population active.

I.1.5.2. L'avantage de la dépense publique

A l'inverse, les partisans d'une politique active des dépenses publiques font valoir des arguments de sens contraire. La dépense publique permet de soutenir la demande et elles ont un effet contra-cyclique en période de stagnation ou de régression de la demande privée interne ou externe. La consommation collective a une fonction de substitution et de régulation.

La critique portant sur le caractère, par nature improductive, des dépenses de fonctionnement est loin d'être toujours convaincante car bon nombre de ces dépenses sont en réalité des investissements immatériels, indispensables pour assurer l'avenir.

Le rôle productif de certaines dépenses publiques a été mis en évidence par la théorie de la croissance endogène. Un surplus des dépenses publiques peut, dans des secteurs stratégiques, contribuer à améliorer la productivité des entreprises privées. Mais cette rentabilité est difficile à mesurer puisqu'elle résulte d'effets favorables qui sont exercés sur les autres agents économiques (ce qu'on appelle externalités).

Enfin, l'existence d'un système social avancé, même financé par des transferts, ne constitue pas fatalement un handicap pour l'économie. Ce qui fait problème, c'est moins la réponse publique destinée à renforcer une solidarité sociale que les modalités d'une redistribution qui, se voulant quasi-universelle, est nécessairement coûteuse, trop lourde à gérer, parfois inefficace ou s'accompagnant même d'effets pervers.

I.2. Notion de l'investissement 

I.2.1. Définitions et concepts

Dans le langage courant, la notion d'investissement décrit une multitude d'opérations : on investit en bourse, dans l'achat d'une nouvelle voiture, dans l'éducation de ses enfants, dans l'acquisition d'un logement ou dans une nouvelle machine, etc.

La définition économique est plus précise. C'est l'acquisition de biens de production. C'est un flux qui alimente le stock de capital. Au niveau microéconomique, la comptabilité privée identifie trois grands types d'investissement : les investissements matériels (terrains, constructions,...), les investissements financiers (achats de titres,...) et certains investissements immatériels (brevets, licences,...).

L'investissement privé est la partie de l'investissement qui n'est pas réalisée par les administrations publiques. L'investissement privé comprend l'investissement des entreprises et celui des ménages (construction de logement).1(*) L'investissement privé correspond à la formation brute du capital fixe des ménages et des entreprises privées.

L'investissement a un double effet2(*) :

Ø il croit le potentiel productif du pays (dont le revenu potentiel correspondant au plein emploi) ;

Ø il détermine le degré d'utilisation de ce potentiel par le mécanisme du multiplicateur (équilibre de plein emploi, de sous emploi ou de suremploi).

I.2.2. Les déterminants traditionnels de l'investissement

Selon KEMPF H., l'investissement est déterminé par trois variables3(*) :

Ø Le taux d'intérêt (r) ;

Ø La demande anticipée (y) ;

Ø Le taux de profit (ð).

La théorie du choix intertemporel accorde une place centrale au taux d'intérêt, puisque celui-ci est le prix d'un transfert de pouvoir d'achat d'une période à une autre. Mais, il n'est pas le seul déterminant de l'investissement. Le taux d'intérêt agit sur l'investissement par l'augmentation du coût du capital qu'il induit. Mais, il exerce aussi un effet sur l'investissement par l'intermédiaire de la profitabilité. Plus le taux d'intérêt est élevé, plus est faible l'investissement et donc moins importante la demande des biens et services. Inversement, si le taux d'intérêt est faible, l'investissement est trop élevé et la demande des biens et services excède leur offre.

Il semble admis que la demande anticipée est le déterminant principal de l'investissement (Muet, 1979). En période de faible croissance ou de récession, les entreprises adoptent une stratégie d'investissement prudente, elles ne cherchent pas à augmenter leurs capacités de production, et parfois même ne renouvellent pas les équipements devenus obsolètes. Au contraire, en période de croissance soutenue, les entreprises sont incitées à investir pour augmenter leurs capacités de production, afin de profiter de la hausse de la demande.

Un investissement doit être financé et les conditions de financement ne sont pas nécessairement circonstancielles du taux d'intérêt. La situation financière telle que le taux de profit peut également jouer. La capacité d'emprunt d'une entreprise dépend beaucoup des garanties qu'elle peut offrir, ainsi que des conditions du marché (niveau des taux d'intérêt). Le niveau des profits et le niveau de l'endettement de l'entreprise sont les deux indicateurs privilégiés pour évaluer les capacités de remboursement de l'emprunteur. Par ce biais, l'investissement est donc déterminé par le niveau des profits et de l'endettement.

Les variables taux de profit et taux d'endettement ont ainsi un pouvoir explicatif réel pour l'investissement des petites entreprises, mais non pour l'investissement des grands groupes4(*). Les petites entreprises ont moins de garanties à offrir aux banques, et ont donc plus de difficultés à financer leurs investissements. En particulier, une hausse des taux d'intérêt s'accompagne d'une baisse de la valeur des actifs financiers, et donc d'une hausse de la prime de financement.

I.3. Notion d'équilibre du marché.

En économie, le concept d'équilibre économique sur un ou plusieurs marchés désigne un vecteur de variables, généralement des prix qui égalisent l' offre et la demande sur l'ensemble des marchés considérés. Cette désignation d'ensemble recouvre en fait des concepts d'équilibre très différents, qui présentent des propriétés différentes et appartiennent à des cadres d'analyse parfois éloignés. On définit l'équilibre comme « une situation économique dans laquelle "rien ne bouge", tous les agents étant dans la meilleure situation possible compte tenu des dotations initiales de chacun (capital, terres,...) ».

I.3.1. La pensée classique

Les classiques croient majoritairement à l'équilibre immuable. Pour A. Smith, les intérêts individuels entraînent le bien commun. La société atteint naturellement le bien-être et la prospérité. C'est la fameuse "main invisible" de la concurrence. Donc, l'équilibre est le fruit du marché. Quant à J.B. Say, il prône l'impossibilité des crises générales de surproduction. "Les produits s'échangent contre des produits puisqu'ils se servent mutuellement de débouchés" et l'offre crée sa propre demande". Sa loi des débouchés est adoptée par la majorité des classiques dont Ricardo et Mill.

En revanche, la «loi des débouchés»  va être critiquée par Malthus et Sismondi qui, ainsi, s'écartent des positions classiques dominantes en faisant valoir, souvent à juste titre, que l'épargne et l'investissement ne doivent pas être confondus (épargnants et investisseurs ne sont pas forcément les mêmes personnes). Ils indiquent la possibilité d'apparition de crises de sous-consommation. Force est d'admettre que la thèse de l'automaticité des équilibres de Say et celle de l'inéluctabilité des crises de Malthus sont carrément antagonistes. 

I.3.2. La pensée néoclassique

Selon ce courant de pensée, l'équilibre s'établit sur le marché de concurrence pure et parfaite : atomicité, homogénéité du produit, fluidité, transparence et mobilité. Ce modèle constitue la référence des néoclassiques. Dans ce modèle, il y a clivage entre équilibre partiel et équilibre général. 

a. Equilibre partiel

Pour Marshall (école de Cambridge), «toutes choses étant égales par ailleurs», l'étude d'un seul marché donne le fonctionnement des autres ; on ne s'intéresse pas aux effets des modifications de l'équilibre d'un marché sur les autres marchés. Il mène son étude dans le cadre de la libre concurrence. 

b. Equilibre général de Walras 

Dans Eléments d'économie pure, Walras développe une théorie de l'équilibre général englobant théorie de l'échange, de la production, de la monnaie, du crédit, etc. Son ambition est de montrer que, de même qu'il existe un équilibre permettant l'échange de deux marchandises qui maximise la satisfaction des participants à l'échange, il existe un équilibre général sur un marché comportant n marchandises. Pour lui, s'il y a équilibre entre l'offre et la demande sur le marché des biens et sur le marché de la monnaie, alors il y a aussi équilibre sur le marché des titres.

I.3.3. La pensée Keynésienne

La théorie keynésienne rejette tous les postulats classiques (les "classiques " sont pour lui tous ses prédécesseurs acceptant la loi des débouchés). Elle en prend même l'exact contre-pied. On parle donc de "révolution keynésienne".

L'équilibre de l'économie n'est pas le produit de mécanismes automatiques, mais la résultante de l'addition de plusieurs fonctions de comportement. L'équilibre obtenu n'a que peu de chances d'être de plein emploi. Sa théorie est axée sur la notion de demande globale. Ce sont les flux des dépenses qui déterminent le niveau de l'activité économique et celui de l'emploi. 

I.3.4. L'équilibre selon Marx

Max met en cause plusieurs résultats des classiques, dont l'impossibilité des crises économiques. D'après la loi de Say, la demande est déterminée par l'offre et donc suffisante à son écoulement. Marx explique que la libre concurrence ne conduit pas à cette régulation des déséquilibres, mais à des crises de surproduction du fait d'une demande structurellement insuffisante de la part de la grande masse des travailleurs qui ne reçoivent que le strict minimum pour survivre, crises qui, ainsi, condamnent à terme le capitalisme à son autodestruction.

Les conceptions très différentes de la notion d'équilibre dans l'histoire de l'analyse économique laissent autour de cette notion une grande incertitude. Pourtant, dès 1937, John Hicks tente de concilier l'analyse de Keynes et celle des «classiques» en construisant ce qui deviendra le célèbre graphique IS-LM. Pour un certain taux d'intérêt et de revenu, il existe un équilibre simultané sur le marché des biens et services où l'investissement est égal à l'épargne et sur le marché de la monnaie où l'offre est égale à la demande.

I.3.5. L'équilibre sur le marché des biens et services

Dans le modèle keynésien, il n'y a donc pas d'équilibre automatique sur les marchés : les décisions des agents sont prises en fonction des prévisions qu'ils établissent. Par exemple, les ménages règlent leur niveau de consommation en fonction de la demande de travail des entreprises qu'ils prévoient. C'est donc la demande effective à laquelle les agents s'attendent à être confrontés qui détermine l'offre. Ainsi, le fonctionnement des différents marchés découle de la demande de biens et services. La demande globale, c'est-à-dire la valeur de tous les biens et de tous les services joue un rôle extrêmement important dans le modèle keynésien simplifié.

La Théorie générale parle d'une identité entre l'épargne et l'investissement. Keynes le signale en ces termes : « L'expansion se caractérise par un excès de l'investissement sur l'épargne et la récession se caractérise par un excès de l'épargne sur l'investissement »5(*).

Dans une série de conférences données en 1931 à l'université de Chicago, J.M. Keynes donne son analyse de la crise économique et les remèdes possibles pour en sortir. Une abondance d'épargne peut avoir des effets néfastes sur l'économie et sur l'emploi en particulier. Avant de s'intéresser aux différences et aux fluctuations entre l'épargne et l'investissement, Keynes analyse les deux notions et trouve une identité entre les deux.

L'épargne est la part du revenu non consommé immédiatement. L'investissement permet de créer ou d'acheter des biens de production.

Deux grands courants de la théorie économique ont analysé les relations entre l'épargne et l'investissement. Dans les années trente, l'école autrichienne et F. Hayek en particulier, estiment que l'épargne doit être préalable à l'investissement, sinon l'entrepreneur doit avoir recours au crédit, ce qui augmente son endettement. Keynes a une vision complètement différente. Pour lui, trop d'épargne peut être nuisible à l'économie et c'est l'investissement qui détermine l'épargne notamment avec le processus du multiplicateur.

Nous analyserons d'abord l'ensemble des points de vue sur la question en essayant de voir leur évolution dans le temps. Les classiques (A. Smith, D. Ricardo, T.R. Malthus) et aussi K. Marx, analysent l'épargne et l'investissement comme la même action. L'épargne de l'un permet à l'autre d'investir, il y a identité entre l'épargne et l'investissement. L'épargne précède l'investissement.

Les néo-classiques s'opposent à la pensée keynésienne et reprennent la loi des débouchés de J.B. Say «l'offre crée sa propre demande». Pour lui, une augmentation de la production permet de distribuer un supplément de revenu. L'individu plus riche achètera plus de biens ou services et facilite ainsi l'écoulement des nouveaux « débouchés ». C'est une économie basée sur l'offre qui servira de base aux néo-classiques. Pour eux, il y a égalité a priori entre l'épargne et l'investissement. L'épargne est faite pour être investie. Le revenu est égal à la somme de la consommation et de l'épargne et la demande est égale à la somme de la consommation et de l'investissement. Les néo-classiques en déduisent que le revenu est égal à la demande. C'est le taux d'intérêt qui permet de réaliser l'équilibre. L'augmentation du revenu permet de transmettre l'accroissement de l'offre à la demande.

Keynes réfute ces analyses où l'épargne égale l'investissement a priori et surtout où c'est l'épargne qui détermine l'investissement. Keynes s'oppose à la logique de l'équilibre de marché, il préfère une approche par le circuit selon laquelle : « la demande permet de créer les revenus et les revenus permettent les dépenses ».

Pour lui, l'épargne est la différence entre le revenu et la consommation, et l'investissement est la différence entre le produit global et la consommation. Si, comme le note M. HERLAND, on identifie le revenu et le produit, ce qui n'est certes pas incontestable, on trouve l'identité entre l'épargne et l'investissement.

S : épargne ;

I : investissement ;

Y : le revenu ;

D : le produit global ;

C : consommation

Nous continuons l'analyse pour vérifier la condition d'équilibre I = S. L'analyse faite par le Suédois G. MYRDAL sur la distinction des valeurs ex-ante et ex-post permet de séparer les variables entre celles qui sont possibles ou souhaitables (ex-ante) et celles qui seront effectivement réalisées (ex-post). Si nous nous situons ex-ante, nous avons donc I ex-ante = S ex-ante (notés I* = S*) uniquement à l'équilibre. Dans les autres cas, l'épargne des ménages n'est pas forcément égale à l'investissement des entrepreneurs. Cette notion doit être comprise en terme d'équilibre stable.

Comme l'écrit, M. HERLAND, l'équilibre stable est " une situation où les agents n'ont pas de raison de modifier leur comportement pour faire changer le système économique". Dans ce cas, l'épargne et l'investissement s'égalisent et comme l'équilibre est stable, on doit avoir égalisation des valeurs réalisées. Ce sont les variations du revenu qui permettent l'équilibre.

Dans Traité de la monnaie, KEYNES définit autrement le revenu et l'épargne. Pour le revenu, Keynes n'inclut pas dans sa valeur le montant de profits ou de pertes « anormaux ». L'épargne est égale à la différence entre le revenu normal et la consommation ; l'investissement est défini comme dans la Théorie générale.

Comme le note M. HERLAND, » l'égalité ex-post de l'épargne et de l'investissement n'est pas automatiquement réaliste». C'est une égalité « fortuite ». S = I si le montant des profits (ou des pertes) est nul. L'approche développée dans le Traité est une analyse, comme le note M. LAVOIE dans l'ouvrage de F. POULON Les Ecrits de Keynes, en termes de « flux financiers sectoriels » et en citant Keynes : « l'épargne des ménages a été compensée par les pertes des entrepreneurs ». Pour KEYNES, la variable d'ajustement est le revenu et non le taux d'intérêt comme le prétend HAYEK.

Les Classiques analysent l'épargne et l'investissement comme la même dose. L'épargne thésaurisée par un individu doit être utilisée par un entrepreneur. A chaque moment, il y a identité entre l'épargne et l'investissement. Les néo-classiques ne reprennent pas l'identité entre les deux notions mais font une analyse en termes d'égalité entre l'épargne et l'investissement. La variable clé des néo-classiques est le taux d'intérêt qui permet d'ajuster les deux niveaux. Comme dans le cas de l'équilibre général walrasien, une situation de concurrence pure et parfaite, l'équilibre se fait spontanément sur tous les marchés. L'épargne égale l'investissement à l'équilibre et la relation causale qui s'établit entre eux, va de l'épargne vers l'investissement. C'est l'épargne qui détermine le montant de l'investissement.

KEYNES s'oppose à cette égalité et reprend l'identité des classiques. Pour lui, la relation causale est inverse, c'est l'investissement qui détermine le revenu, et celui-ci permet, en fonction du partage que font les ménages entre la consommation et l'épargne, de déterminer le niveau de l'épargne.

G. MYRDAL reprend le schéma keynésien en l'enrichissant avec la distinction ex-ante et ex-post. Nous pouvons avoir une égalité entre les deux notions ex-ante. Ce qui, ex-post, n'est pas forcément réalisable. Pour lui, lorsque la valeur de l'investissement est supérieure à l'épargne des ménages, les recettes des entrepreneurs sont plus importantes que leurs coûts, et ils font donc un profit. Au contraire, lorsque la valeur de l'investissement courant est moindre que l'épargne des ménages, les recettes des entrepreneurs seront moindres que leurs coûts, et ils feront une perte.

Keynes, dans la deuxième conférence des «Harris Lectures», propose son analyse de la crise économique. Pour lui, les coûts de production des entrepreneurs qu'il définit comme étant les « salaires, traitements, rentes et intérêts » sont la contrepartie des revenus des agents. A un coût de production correspond un revenu, KEYNES établit une identité entre ces deux montants. KEYNES répartie ensuite les deux parties du revenu entre la consommation des ménages et l'épargne. Cette même épargne sera utilisée par les établissements financiers qui peuvent la distribuer à d'autres ménages sous forme de crédit. On reconnaît le processus causal keynésien, le revenu permet l'épargne qui entraîne un autre revenu qui est lui-même divisé entre consommation et épargne.

KEYNES introduit ensuite dans cette conférence la notion de déséquilibre après avoir réfuté l'égalité entre l'investissement et l'épargne. KEYNES expose deux cas : si le taux d'épargne est trop important, de « fortes pressions » peuvent diminuer le montant de l'épargne. Il prend l'exemple des chômeurs qui veulent continuer à consommer. L'Etat peut aussi désépargner et la production peut ainsi s'accroître.

En conclusion, KEYNES affirme que ce qu'il appelle « l'équilibre de prospérité » ne peut avoir lieu que si l'investissement est à un niveau égal à celui de l'épargne nationale pendant la prospérité.

Pour les classiques, l'épargne devient investissement au cours du temps. Pour les néo-classiques, c'est l'épargne qui détermine l'investissement et la variable d'ajustement qui permet d'avoir une égalité entre les deux est le taux d'intérêt. Pour KEYNES, c'est l'inverse. C'est l'investissement qui détermine l'épargne et la variable d'ajustement est le revenu. La distinction faite par G. MYRDAL sur les valeurs ex-ante et ex-post, permet de clarifier l'identité ou l'égalité entre les deux notions.

Dans la Théorie générale, et en fonction des définitions données par Keynes, il y a forcément identité entre l'épargne et l'investissement ex-post. Avec le processus du multiplicateur, l'investissement supplémentaire augmente le revenu qui lui-même permet un accroissement de l'épargne équivalent à l'investissement initial. Pour les valeurs ex-ante, la relation d'égalité entre épargne et investissement n'est vraie qu'à l'équilibre. Dans les autres cas, l'investissement des entreprises n'est pas automatiquement égal à l'épargne des ménages. La Théorie générale établit une identité entre l'épargne et l'investissement, c'est un point crucial dans la théorie keynésienne surtout si on prend en compte la distinction faite par G. MYRDAL sur les valeurs ex-ante et ex-post.

I.4. Les déterminants de l'équilibre entre offre et demande des biens et services

Dans cette section, il a été question de mettre en lumière les facteurs susceptibles d'équilibrer la somme de la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques aux quantités produites des biens et services.

En fait, c'est au taux d'intérêt qu'incombe le rôle essentiel d'équilibrer offre et demande. Le rôle du taux d'intérêt dans une économie peut être envisagé de deux manières : sous l'angle de son impact sur l'offre et la demande, soit des biens et services, soit des fonds prêtables (Mankiw, 2003).

I.4.1. Equilibre sur le marché des biens et services : offre et demande de la production

Les équations qui suivent synthétisent l'exposé relatif à la demande des biens et services :

La demande des biens et services produits par l'économie émane de la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques. La consommation est fonction du revenu disponible, l'investissement dépend du taux d'intérêt, les dépenses et les recettes publiques sont les variables exogènes de la politique budgétaire. La fonction de production et les facteurs de production déterminent conjointement l'offre des biens et services.

En substituant les fonctions de consommation, de l'investissement dans l'identité comptable du revenu national, nous obtenons.

Comme les variables G et T sont établies par la politique budgétaire et que le niveau de production Y est déterminée par les facteurs de production et la fonction de production, nous écrivons . Cette équation établit que l'offre de la production est égale à la demande de celle-ci, laquelle n'est autre que la somme de la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques.

Le taux d'intérêt a joué le rôle crucial parce qu'il est la seule variable non déterminée dans la dernière équation, il doit s'ajuster pour faire en sorte que la demande des biens et services soit égale à l'offre de ceux-ci. Plus le taux d'intérêt est élevé, plus est faible l'investissement et donc moins importante la demande des biens et services. Si le taux d'intérêt est trop élevé, l'investissement est trop faible et la demande des biens et services est inférieure à leur offre. Si le taux d'intérêt est trop faible, l'investissement est trop élevé et la demande excède l'offre. Au taux d'intérêt d'équilibre, la demande et l'offre des biens et services sont égales.

Pour bien cerner comment le taux d'intérêt équilibre l'offre et la demande des biens et services, nous allons introduire dans notre analyse le marché financier.

I.4.2. L'équilibre sur le marché financier : offre et demande des fonds prêtables

Le taux d'intérêt est le coût de l'emprunt et le rendement du prêt sur le marché financier (Mankiw, 2003). Ceci étant, nous avons évalué le rôle du taux d'intérêt. Pour ce faire, nous réécrivons l'identité comptable du revenu national comme suit :

Le terme désigne la production qui subsiste après que la demande des consommateurs et de l'Etat ait été satisfaite : on l'appelle Epargne nationale ou épargne tout court (S). Ainsi reformulée, l'identité comptable du revenu national montre que l'épargne est égale à l'investissement. Au sein de l'épargne nationale, il est possible de distinguer l'épargne des ménages et l'épargne de l'Etat : Le terme est le revenu disponible diminué de la consommation, soit l'épargne privé. Le terme désigne les recettes publiques diminuées des dépenses publiques, soit l'épargne publique.

Si l'Etat dépense plus qu'il perçoit, il a un déficit budgétaire et l'épargne publique est négative. L'épargne nationale est la somme de l'épargne privée et de l'épargne publique.

Le circuit économique de la figure suivante nous fournit une interprétation de cette équation : il établit que les flux entrant et les flux sortant sur le marché financier doivent être égaux.

Figure 1 : Le circuit des dollars au travers de l'économie

Revenu

Les marchés des facteurs de production

Paiement aux facteurs

Les marchés financiers

Epargne privée

Epargne

publique

Impôts

Etat

Ménages

Entreprises

Dépenses publiques

Investissement

Les marchés des biens et services

Consommation

Revenu des entreprises

Source : MANKIW, Gregory, N., Macroéconomie, 3ème édition, Bruxelles, De Boeck Université, 2003, p. 52

Cette figure propose une vision plus réaliste du circuit économique. Les encadrés situés sur l'axe horizontal au centre de la figure représentent les acteurs économiques : ménages, entreprises et pouvoirs publics. Les encadrés sur l'axe vertical au centre de la figure représentent les divers types de marchés : les marchés de biens et services, les marchés des facteurs de production et les marchés financiers. Les flèches indiquent les flux des dollars parmi les divers acteurs économiques au travers des trois types de marché.

Pour percevoir le rôle que joue le taux d'intérêt en matière d'équilibre des marchés financiers, nous substituons la fonction de consommation et la fonction d'investissement dans l'identité comptable du revenu national :. Ensuite, nous indiquons que T et G sont fixés dans le cadre de la politique budgétaire et que Y est déterminée par les facteurs de production et la fonction de celle-ci :

Le membre de gauche de cette équation nous indique que l'épargne nationale dépend du revenu Y et des variables G et T de la politique budgétaire. Pour tout valeurs données de Y, G et T, l'épargne nationale S est également donnée. Le membre de droite de l'équation indique que l'investissement est fonction du taux d'intérêt.

La figure suivante représente épargne et investissement en tant que fonction du taux d'intérêt. La fonction d'épargne est une droite verticale parce que, dans notre modèle actuel, l'épargne ne dépend pas du taux d'intérêt. La pente de la fonction d'investissement et négative : plus le taux d'intérêt est élevé, moins nombreux sont les projets d'investissement rentables.

Figure 2 : Epargne, Investissement et taux d'intérêt

Epargne, S

r

Taux d'intérêt d'équilibre

Investissement désiré, I(r)

I, S

Source : MANKIW, Gregory, N., Macroéconomie, 3ème édition, Bruxelles, De Boeck Université, 2003, p. 55

Le taux d'intérêt s'ajuste en sorte que l'épargne soit égale à l'investissement désiré. La droite verticale représente l'épargne, soit l'offre des fonds prêtables. La courbe décroissante représente l'investissement désiré, soit la demande de fonds prêtables. L'intersection de ces courbes détermine le taux d'intérêt d'équilibre.

Il est également possible d'interpréter l'épargne et l'investissement en terme d'offre et de demande. Le bien est dans ce cas constitué par les fonds prêtables dont le prix est le taux d'intérêt. L'épargne constitue l'offre de ces fonds : certains particuliers prêtent leur épargne aux investisseurs ou la déposent auprès d'une banque qui se charge de réaliser des prêts. L'investissement est la demande des fonds prêtables : les investisseurs empruntent directement auprès du public en vendant des obligations ou indirectement en empruntant auprès d'une banque. L'investissement étant fonction du taux d'intérêt, la demande des fonds destinés à financer cet investissement dépend elle aussi du taux d'intérêt.

Le taux d'intérêt s'ajuste jusqu'au moment où l'investissement et épargne s'égalisent. Si le taux d'intérêt est trop faible, les investisseurs souhaitent acquérir un volume de production supérieur à celui que peut financer l'épargne. En d'autres termes, la demande des fonds prêtables excède leur offre. Dans un tel cas, le taux d'intérêt augmentent. A l'inverse, si le taux d'intérêt est trop élevé, l'épargne est supérieur à l'investissement : l'offre de fonds prêtables excède leur demande, le taux d'intérêt baisse. L'intersection des deux courbes désigne le taux d'intérêt d'équilibre. Au taux d'intérêt d'équilibre, les ménages souhaitent épargner ce que les entreprises désirent investir et l'offre des fonds prêtables est égale à leur demande.

I.4.3. L'impact d'une hausse des dépenses publiques

La politique budgétaire a un impact direct sur la demande des biens et services produits par l'économie. Pour cette raison, elle modifie l'épargne nationale, l'investissement et le taux d'intérêt d'équilibre.

Partant de l'équation macroéconomique pour une économie fermée :

Y = le revenu d'équilibre, la production

C = la consommation

I = l'investissement

c = la propension marginale à consommer

Y = C + G + I

C = c (Y-T) + C0

I = I0

G = G0

Considérons une variation des dépenses publiques de ?G. Le premier effet est une hausse de la demande des biens et services équivalente à ?G. Mais, comme la production totale est déterminée par les facteurs de production, cet accroissement doit être compensé par une baisse dans un autre secteur de la demande. Le revenu disponible Y-T ne varie pas, la consommation C reste inchangée. La hausse des dépenses publiques doit être compensée par une baisse équivalente de l'investissement privé.

Pour induire cette baisse de l'investissement, le taux d'intérêt doit augmenter. On voit donc que la hausse des dépenses publiques entraîne un relèvement du taux d'intérêt et une diminution de l'investissement. Dans un tel cas, on dit qu'il y a éviction de l'investissement par les dépenses publiques.

Pour mieux cerner les effets d'une hausse des dépenses publiques, examinons son impact sur le marché des fonds prêtables. Comme la hausse des dépenses publiques ne s'accompagne pas d'un relèvement des impôts, l'Etat finance ses dépenses supplémentaires par l'emprunt, ce qui a pour effet de réduire l'épargne publique.

Comme l'épargne privée reste inchangée, l'emprunt de l'Etat pèse négativement sur l'épargne nationale. Comme le montre la figure suivante, une réduction de l'épargne nationale se représente par un glissement vers la gauche de l'offre des fonds prêtables disponibles pour l'investissement. Au taux d'intérêt initial, la demande de fond excède leur offre. Le taux d'intérêt d'équilibre augmente jusqu'au point où la fonction d'investissement intercepte la nouvelle fonction d'épargne.

Figure 3 : Une augmentation des dépenses publiques ou une réduction de l'épargne

r

S1

S2

r2

r1

I(r)

I, S

Source : MANKIW, Gregory, N., Macroéconomie, 3ème édition, Bruxelles, De Boeck Université, 2003, p. 56

L'accroissement des dépenses publiques induit donc une hausse du taux d'intérêt de r1 en r2. Une réduction de l'épargne diminue le volume de l'investissement et accroît le taux d'intérêt. Les mesures budgétaires qui réduisent l'épargne évincent l'investissement.

Les dépenses publiques agissent sur l'activité économique comme on peut le pressentir à travers ces deux hypothèses diamétralement opposées au sujet des effets des dépenses publiques sur la croissance économique.

I.4.3.1. Les dépenses publiques comme stimulant de la croissance : effet de relance

Cette vision optimiste des effets des dépenses publiques sur la croissance a été défendue par des auteurs, qui selon eux, les dépenses publiques jouent favorablement sur la croissance.

En effet, elles influencent la fonction de production privée en stimulant la productivité du capital puisqu'elles créent des conditions propices à la production en mettant en place des infrastructures socio-économiques indispensables pour la conduite des activités économiques (CALVO, 1985).

Quant à ASCHAVER (1985), il avance l'idée que l'augmentation de la dépense publique, surtout de l'investissement, stimule la rentabilité du capital privé ; ce qui a un impact sur la production plus supérieure à un relèvement équivalent de la consommation publique. Donc, les dépenses publiques exercent un effet positif sur la productivité globale des facteurs de production du secteur privé.

Partant de l'hypothèse que les dépenses publiques financent les biens publics purs, BARRO (1990) trouvent que ces dernières sont complémentaires aux dépenses privées, c'est-à-dire qu'elles agissent, à côté de la production privée, dans la détermination de la production nationale.

En examinant les liens entre la croissance et les dépenses publiques, ces dernières stimulent la croissance par deux possibilités :

- un mécanisme macroéconomique : plus de dépenses publiques voulant dire plus d'activité, il y a plus de gains de productivité par le jeu de diverses externalités et, par conséquent, plus de croissance future ;

- un mécanisme technologique : certaines dépenses publiques favorisent l'accumulation des connaissances et donc améliorent la capacité productive des agents économiques, ce qui, enfin de compte, stimule la croissance ; telles sont les dépenses en éducation de formation.

Les dépenses publiques agissent positivement sur la croissance par des effets d'entraînement pour le reste de l'économie (M.A NELSON, 1994). En effet, elles stimulent la demande privée et encouragent la productivité des activités étatiques. Les économistes des nouvelles théories de la croissance soutiennent eux aussi l'idée d'une plausible action positive des dépenses publiques sur la croissance à LT à condition de rationaliser leur affectation. Ainsi, les dépenses allouées aux infrastructures publiques, à la formation du capital humain à travers l'éducation, la formation et la recherche-développement stimulent l'activité économique de LT.

Finalement, l'hypothèse en faveur des dépenses publiques comme stimulant de la croissance se fonde essentiellement sur les externalités ou effets d'entraînement que ces dépenses sont susceptibles d'engendrer et qui favorisent l'initiative privée.

I.4.3.2. Les dépenses publiques comme déprimant de la croissance : effet d'éviction

Contrairement à la vision optimiste qui vient d'être présentée, des craintes relatives aux effets des dépenses publiques sur la croissance ont été suggérées par certains auteurs. L'augmentation des dépenses publiques peut venir non pas compléter, mais se substituer à la dépense des agents privés. Autrement dit, une augmentation des dépenses publiques peut avoir, dans ce cadre, un effet d'éviction des investissements privés.

Deux mécanismes sont alors en jeu :

- Le surcroît de demande globale résultant d'une augmentation des dépenses publiques en période de plein emploi va contribuer à l'apparition de tensions inflationnistes ;

- Si le financement de la politique budgétaire passe par l'emprunt, l'émission de titres de dette publique va venir concurrencer les entreprises sur le marché des capitaux, conduisant à la hausse des taux d'intérêt et, in fine, à la baisse des investissements privés.

BARRO (1981), dans sa conception radicalement opposée à celle de 1990, insiste sur l'impact différencié d'une augmentation temporaire ou permanente des dépenses de l'Etat sur l'activité économique. L'auteur s'appuie sur la théorie des anticipations rationnelles des agents économiques. En fait, si les agents économiques privés sont rationnels, ils devront projeter leurs plans de consommation et de production à LT. De ce fait, ils se prémunissent contre un changement permanent, surtout à la hausse du niveau de dépenses publiques qui conduisent souvent à des prélèvements futurs d'impôts et dépriment le revenu permanent.

En ce qui concerne l'effet néfaste des dépenses publiques sur la production, BARRO et KING (1989) montre que les préférences des individus sont défavorables dans le temps, les dépenses publiques futures n'ont d'effet que sur le taux d'intérêt mais pas sur le niveau de l'activité. Les dépenses publiques étant en grande partie financées par les recettes fiscales, leur influence sur la production privée, impliquent obligatoirement que l'on doit déterminer le taux optimal des prélèvements obligatoires sur la consommation privée qu'on ne peut pas dépasser pour le financement de la dépense future.

Pour FRIEDMAN, une relance budgétaire ne pourra donc exercer un effet stimulant sur la consommation qu'à condition que les agents anticipent une hausse durable de leur revenu. Les ménages vont réaliser progressivement qu'il s'agit d'une augmentation temporaire de leur revenu, qui sera en outre financée ultérieurement par une hausse des impôts. L'impulsion budgétaire se traduira par une augmentation de l'inflation.

Le principe de l'équivalence ricardienne renforce cette déficience à l'égard de la politique budgétaire en affirmant que les financements directs du déficit public par l'emprunt ou par impôt supplémentaire sont équivalents, les agents anticipant dans le premier cas que l'Etat sera contraint d'augmenter les prélèvements pour le financer à terme.

L'analyse des arguments en faveur de l'hypothèse des effets néfastes de la dépense publique sur la croissance repose sur le principe de l'éviction de la dépense publique qui se fait au détriment de la dépense privée.

Finalement, la théorie des effets des dépenses publiques sur la croissance reste contradictoire et non concluante. Encore plus, nous n'avons trouvé aucun travail sur les effets des dépenses publiques sur l'équilibre sur le marché des biens et services, d'où l'absence des analyses ultérieures de l'équilibre sur le marché des biens et services. Ceci nous laisse un chemin à parcourir pour prendre la position sur l'effet des dépenses publiques sur le différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement, est ce, au cours du deuxième et troisième chapitre.

CHAPITRE II : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES  AU BURUNDI : Une analyse descriptive

Au Burundi, les dépenses publiques présentent une structure qui ne favorise pas la croissance économique. L'économie burundaise est aussi caractérisée par une insuffisance de l'épargne intérieure ainsi que celle des investissements du secteur privé suite à la guerre6(*).

Au cours de ce chapitre, nous avons mis en lumière la situation des dépenses publiques ainsi que celle de l'équilibre entre l'épargne et l'investissement au Burundi à travers une interprétation des données.

II.1. Les dépenses publiques au Burundi

Dans tous les pays du Monde et au Burundi en particulier, les dépenses publiques tendent à accroître et parfois même dans de fortes proportions. Comme c'est cette augmentation qui nous préoccupe dans notre étude, nous pouvons signaler certains des facteurs explicatifs de ce phénomène.

Pour comprendre les causes d'une augmentation des dépenses publiques, nous devons tenir compte de deux facteurs principaux :

- la variation de la valeur de la monnaie dans laquelle les dépenses publiques sont exprimées ;

- les méthodes d'établissements des comptes publics.

Le budget étant exprimé en monnaie courante, il est clair que celui de l'année suivante sera supérieur à celui de l'année antérieure si la valeur de l'unité monétaire a diminué. Une bonne comparaison exige la conversion des valeurs courantes en valeur constante. C'est-à-dire que la comparaison doit tenir compte de la variation des prix ainsi que des pouvoirs d'achat de la monnaie.

Pour ce qui est de l'établissement des comptes publics, les charges relatives à la perception de l'impôt sont déduites de ce montant et qu'aucune des dépenses de cet ordre n'apparaît au budget ; le montant des dépenses doit être inférieur à celui du système comptable qui fait apparaître au budget les charges destinées à couvrir les frais de perception. Il en est de même lorsque les manques à gagner résultent des exonérations fiscales accordées à l'Etat ne figurent pas au budget.

Enfin, les dépenses publiques évoluent en fonction des variations observées qui sont des facteurs explicatifs dans les autres secteurs de la vie nationale tels que :

- Accroissement de la production et des revenus ;

- Accroissement de la population ;

- Programme économique et social du gouvernement ;

- Etc.

II.1.1. Les modes de financement des dépenses publiques au Burundi

Pour financer ses dépenses, l'Etat a besoin de collecter des fonds indispensables à son fonctionnement et à sa survie. Les recettes publiques auxquelles l'Etat fait généralement recours comprennent les emprunts et les impôts. Les emprunts sont classés en emprunt de court terme ou dette flottante (bon du trésor de 6 mois à 3 ans) et les emprunts à long terme dont la source peut être nationale ou étrangère.

Les emprunts sont généralement utilisés pour financer des projets d'investissement public. Les impôts, quant à eux constituent de loin la part la plus importante des recettes publiques. Ils se distinguent des emprunts dans la mesure où la contribution est obligatoire et ne donne pas lieu au remboursement.

Parmi ces modes de financement qui sont à la disposition du trésor, nous pouvons distinguer les modes de financement qui donnent lieu à la création monétaire de ceux qui n'en donnent pas lieu.

II.1.1.1. Les modes de financement monétaire

A. La variation des avoirs des particuliers à la poste

Des particuliers (ménages et entreprises) peuvent ouvrir un compte à la poste et le trésor public peut s'en servir partiellement. Toutefois, cette forme de financement dépend en dernière analyse des décisions des ménages et des entreprises et ne peut donc être contrôlée que par le trésor.

B. Les avances de la Banque Centrale au trésor

Le trésor peut financer son déficit en recourant aux avances directes de la banque centrale. En principe, le montant des avances de la Banque Centrale au trésor, qui sont accordées contre remise d'effets publics tels que le certificat de trésor, font objet de convention entre le trésor et la Banque Centrale. Le plafond des avances au trésor doit être fixé à un certain niveau. Si le montant devient totalement insuffisant et que l'Etat n'a pas d'autres moyens de recours, la Banque centrale ne peut pas laisser tomber en faillite tout en gardant à l'esprit le principe de limitation des avances.

C. L'emprunt extérieur

Il existe enfin une dernière forme de financement monétaire du trésor, qui a pris ces dernières années une importance croissante : l'emprunt extérieur sur le marché des devises. Les devises ainsi obtenues sont cédées à la Banque Centrale qui fournit en échange de la monnaie nationale au trésor.

Nous pouvons dire qu'en principe, les devises fournis au trésor permettent de financer le déficit extérieur (balance des paiements) sans entamer les réserves de change de la Banque Centrale. Mais ceci est quelque peu illusoire car au moment où ces emprunts arriveront à l'échéance, il devra être fait appel à ses réserves pour procéder à leur remboursement.

Ce type de financement expose bien entendu le trésor public à des pertes de change si la devise dans laquelle l'emprunt a été conclu s'apprécie par rapport à la monnaie nationale. Au moment du remboursement, le trésor doit racheter les devises à la Banque Centrale pour un montant supérieur au nominal en monnaie nationale de l'emprunt.

En effet, en cas d'appréciation (dépréciation) par rapport à la monnaie nationale des devises dans lesquelles les emprunts sont contractés, le montant de la dette extérieure s'accroît (décroît) sans qu'il y ait émission de nouveaux emprunts ou remboursement d'emprunts existants.

II.1.1.2. Les autres modes de financement

Les moyens monétaires évoqués jusqu'à présent ne constituent pas un moyen normal de couverture du déficit budgétaire. D'autres modalités existent. Citons par exemple l'utilisation des certificats de trésorerie.

Ces dernières années, les certificats de trésorerie ont fait objet d'une émission plus ou moins continue aux échéances et dans les quantités demandées. Il s'agit des effets publics à court terme, généralement 3 mois à 1 an.

L'intérêt qu'ils portent est payé sous forme d'un escompte sur le prix d'achat. Ils sont presque exclusivement placés auprès des institutions financières. Ceux-ci y trouvent un moyen commode pour placer leur trésorerie.

II.1.2. Classification des dépenses publiques du Burundi

Au Burundi, les dépenses publiques sont classées en trois grandes catégories :

- Les dépenses courantes ;

- Les dépenses en capital ;

- Les dépenses hors budget.

Parmi ces trois catégories, les dépenses courantes sont des dépenses qui occupent une place de choix dans les dépenses publiques du Burundi car ces dernières regroupent les dépenses de fonctionnement comme les dépenses sur biens et services (les salaires, les achats de biens et services), les subventions et autres transferts courants, paiement des intérêts, dépenses sur dons, etc. L'augmentation des dépenses publiques n'est pas la même dans toutes les catégorie de dépenses du Burundi. On observe une part importante des dépenses courantes par rapport aux autres formes de dépenses comme le montre la figure suivante.

Figure 4 : Evolution des dépenses publiques du Burundi par catégorie (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 1

Les dépenses courantes représentent la plus grande part des dépenses budgétaires. Cette part a connue des fluctuations en 2002. Après l'an 2003, elles ont augmenté d'année en année passant de 57,7% du total à 67,1% du total en 2005 ; la même année, elles ont représenté 23,3% du PIB. La part des dépenses courantes par rapport au PIB n'a pas cessé d'augmenter. Ainsi, les dépenses courantes ont représenté une part supérieure à 20% sur la période de 2000-2006 tandis que les années antérieures, c'est-à-dire de 1987-1999, ces dépenses représentaient moins de 20%. C'est durant cette même période qu'on observe la plus petite valeur de la part des dépenses courantes (11,8% pour 1994). En 2003, il y a eu diminution des dépenses courantes de l'ordre de 4,3% par rapport à l'année précédente. Les dépenses sur biens et services constituées par les dépenses pour achat de biens et services et les salaires représentent l'essentiel des dépenses courantes de l'Etat, soit 40,1% et 68% respectivement pour l'an 2000 et 2005.

Les dépenses pour achat des biens et services et autres services portent essentiellement sur les dépenses de fonctionnement, dépenses destinées aux achats de matériel roulant et de fournitures ou de services. Durant la période sous étude, il y a eu augmentation des intérêts sur la dette publique. En 2005, l'augmentation des dépenses sur les biens et services a concerné les salaires qui ont été majorés de 15%, le recrutement de la fonction publique ainsi que les annales7(*).

Les subventions et autres transferts courants ont connu des fluctuations, leur part a triplé en 2000 et en 2005, revenant à 9,6 Mrd de BIF en 2000 et 30,4 Mrd de BIF en 2005. Leur poids dans les dépenses courantes de l'Etat reste toujours en progression. Cependant, la part des subventions a baissé après 2003, revenant à 23,3% du total des dépenses courantes et à 15,1% en 2005.

Ensuite, les dons affectés aux dépenses courantes qui étaient en progression durant la période d'étude ont connu une baisse en 2003, puis l'année suivante, on n'affectait plus des dons aux dépenses courantes. Avant la crise, toutes les dépenses suivaient une évolution modelée et c'est après 1994 qu'on a observé une évolution rapide.

Les dépenses en capital quant à eux ont subi tantôt une accélération, tantôt une décélération. L'analyse montre que c'est durant la pleine crise que ces dernières ont été à peu près sur le même niveau que les dépenses courantes. L'accélération des dépenses en capital, de 16,7% à 49,2% du total, a été observée entre 1991 et 1992. Cette augmentation peut être due à la construction des stations de lavage du café à travers tout le pays. De 1995 jusqu'en 1997, on observe une diminution des dépenses en capital, passant de 49,2% du total à 22,1% et cela suite à l'embargo. Après cette période, les dépenses en capital ont continué à augmenter jusqu'en 2004 et l'année suivante, il y a eu une décélération de 14,3% du total pendant que leur part par rapport au PIB a chuté de 7% passant de 16% à 9% respectivement en 2004 et 2005. En 2006, elles sont passées à 91,5 Mrd de BIF, soit 10,2% du PIB et 28,7% des dépenses totales.

Concernant les dépenses hors budget, nous pouvons dire qu'elles sont demeurées peu importantes. Elles n'ont jamais dépassé 3% du PIB durant toute la période d'étude. La plus grande valeur a été observée en 2001 (3% du PIB) et la plus petite en 1997 (0,6% du PIB). Elles ont atteint 20,4 Mrd de BIF en 2005, soit 2,4% du PIB et 6,8% du total des dépenses publiques de l'Etat.

Ainsi, durant toute la période d'étude, les dépenses courantes ont été en moyenne de 16,5%, les dépenses en capital de 8,1% et celles dites hors budget de 1,8% du PIB. La figure suivante montre l'évolution des dépenses publiques du Burundi.

Figure 5 : Evolution des dépenses publiques au Burundi (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 1.

La figure montre que durant la toute la période d'étude, les dépenses publiques du Burundi ont augmenté passant de 22071,8 à 318611 de 1987 à 2006; soit une augmentation de 12,1% en moyenne. L'année 1990 et 1995 ont été exceptionnelles car durant ces dernières, il y a eu une diminution des dépenses par rapport aux années précédentes 3,6 % et 25,7% respectivement et elles représentent 20,4 % et 25,9 % du PIB. Les engagement relatifs aux dépenses du budget de l'Etat se sont établis à 318,611 Mrd de BIF en 2006, une augmentation de 6,1% contre 0,5% par rapport à leur niveau atteint une année au paravent, soit 37% du PIB. Ainsi durant la période d'étude, les dépenses publiques ont représenté de 31% du PIB en moyenne.

II.2. Evolution de certains agrégats macroéconomiques au Burundi

La croissance économique du Burundi est handicapée par l'instabilité du cadre macroéconomique et les obstacles structurels8(*) dont les principales caractéristiques sont développées dans la suite de cette section.

II.2.1. L'instabilité du cadre macroéconomique

Le besoin d'assainissement du cadre macroéconomique au Burundi se reflète à travers des déséquilibres économiques et financiers qui handicapent la relance de la croissance économique et limitent considérablement les possibilités de réduction de la pauvreté.

Ainsi, les dépenses publiques présentent aujourd'hui une structure qui ne favorise pas la croissance économique. Une large part des dépenses courantes est consacrée aux paiements des salaires et des dépenses incontournables liées aux impératifs de réhabilitation des populations sinistrées et des réformes des corps de défense et de sécurité. L'investissement a chuté de près de 15% du PIB en 1992 à moins de 10,8% à fin 2005. Ce phénomène de désinvestissement est fortement préjudiciable à la croissance économique.

Le système fiscal burundais est caractérisé par une base de prélèvement étroite et des taux élevés. Cette pression fiscale est défavorable à la croissance, dans la mesure où elle s'exerce sur un secteur structuré de petite taille, ce qui favorise l'évasion fiscale et la corruption et ces derniers se répercutent sur l'état du trésor public.

L'économie burundaise est confrontée à des problèmes des déséquilibres de la balance des paiements parce que les exportations sont faibles par rapport aux importations suite à la détérioration des termes de l'échange liée à la fluctuation du cours du café et à la nécessité d'apurer les arriérés de paiement envers les créanciers extérieurs.

Pour faire face aux déséquilibres des opérations internes et externes, le gouvernement a dû recourir à un endettement interne et surseoir au remboursement de sa dette extérieure. Les avances de la Banque Centrale ont plus que doublé entre 1997 et 2002 et les arriérés de paiement extérieur ont augmenté, passant de 5,2 millions de $ en 1995, à 85,7 millions en 1999 pour atteindre 78,6 millions en 2004.

Le financement bancaire de l'Etat a entraîné une croissance rapide de la masse monétaire et une augmentation des prix. En conséquence, l'inflation a fortement augmenté même si elle est en train d'être maîtrisé grâce à une politique monétaire restrictive. L'évolution du secteur monétaire a été marquée par une nette progression du crédit intérieur qui ne s'est pas traduite par une augmentation de crédits d'investissement à moyen et long terme. Il en est résulté une flambée des prix sans précédent et une dégradation subséquente des revenus réels.

II.2.2. Obstacles structurels à la croissance économique au Burundi

L'économie burundaise est handicapée par des rigidités structurelles empêchant la réalisation d'une croissance économique accélérée et durable qui sont le faible développement de l'économie rurale et l'absence du dynamique pour la transformation et la modernisation de l'économie.

La croissance économique et la réduction de la pauvreté doivent nécessairement passer par une augmentation de la production. Cette dernière est handicapée par :

- une démographie galopante ;

- une exiguïté des terres cultivables ;

- la prédominance d'une agriculture de subsistance ;

- l'insuffisance des infrastructures d'appui à la production ;

- une insuffisance de l'épargne intérieure ;

- un faible niveau d'investissement ;

- le sous-emploi chronique.

II.2.3. Le produit intérieur brut au Burundi

Le Produit intérieur brut (PIB) est l'indicateur le plus retenu pour évaluer la production de biens et services d'un pays pendant une année. Il illustre l'importance de l'activité économique d'un pays ou encore la grandeur de sa richesse générée.

En effet, pour créer un contexte propice à la relance de la production, il faut mettre en place des politiques et des réformes qui oeuvrent en faveur de la relance économique. En raison des effets conjugués du déplacement de la population, de la destruction massive et de la diminution des dons et des aides publiques pour le développement, le PIB du Burundi a subi un déclin considérable.

La figure suivante montre l'évolution du PIB du Burundi en million de BIF.

Figure 6 : Evolution du PIBR en million de BIF (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 4

L'évolution du PIBR montre que ce dernier connaît tantôt une accélération tantôt une décélération. Le constant est que le PIBR est resté faible durant toute la période sous étude, il affiche une croissance de 0,3 % en moyenne.

En effet, des diminutions inquiétantes du PIBR ont été observées en 1996 où il a subi une baisse de 9,4% par rapport à l'année précédente, tandis que la plus petite diminution a été de 0,9% en 2000 par rapport à l'année précédente. En 1991, le PIBR a enregistré la plus grande augmentation de toute la période d'étude (5%) suivie par l'an 2006 où la croissance était de 4,9% par rapport à l'année précédente et la plus petite augmentation du PIBR a été enregistrée en 1997 où elle a été de 0,3% par rapport à l'année suivante.

L'économie burundaise se heurte à de nombreux problèmes, à part, l'impact de la guerre. Il s'agit notamment des problèmes liés aux rigidités structurelles telles qu'une nette diminution du secteur du café qui était longtemps considéré comme la principale source de devises, une agriculture vivrière dominante mais à faible productivité et un secteur industriel peu développé et en cours de disparition. Tous ces facteurs contribuent à handicaper la capacité de production du pays, d'où le faible niveau du PIBR qu'on observe aujourd'hui.

II.2.4. L'investissement au Burundi

Certaines économies, surtout du Tiers-monde, ne disposent pas encore d'un secteur privé financièrement développé pour participer aux activités d'investissements de grandes importances. Cela étant, il revient au secteur public de prendre en charge le financement de beaucoup de projets d'investissements pour stimuler l'activité économique. Cela se remarque particulièrement pour l'investissement en infrastructures socio-économiques comme les routes, les écoles, les hôpitaux, la télécommunication, la distribution d'eau et d'électricité, etc.

L'évolution simultanée des investissements du secteur publique et ceux du secteur privé s'appréhende en terme, soit d'effet d'entraînement, soit d'effet d'éviction. Au Burundi, le secteur privé investit dans le secteur directement productif tandis que l'Etat s'intéresse aux travaux du secteur non directement productif comme les infrastructures de base et d'importance socio-économique.

La politique générale du gouvernement en matière d'investissement depuis le début des années 1990 était caractérisée par une volonté de soutien et d'encouragement à l'investissement privé. La crise socio-économique a coupé l'élan déjà amorcé et le secteur privé ne parvient pas à prendre son envol. La figure suivante donne l'évolution des investissements tant publics que privés en Million de BIF.

Figure 7 : Evolution de l'investissement du Burundi par agent en millions de BIF (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 2.

Pour le cas du Burundi, le constat est que la part des investissements du secteur public dans les investissements globaux est dominante. Sur toute la période d'étude, les investissements publics restent toujours supérieurs aux investissements privés.

En effet, les investissements du secteur public restent prépondérants avec plus de 80% des investissements totaux alors que ceux du secteur privé demeurent à un niveau moyen de 18,1%. Les investissements privés ont atteint 25,1% et 24,7% respectivement en 1990 et en 2003. Toutefois, la prédominance toujours croissante de l'investissement public s'observe.

Le gouvernement a poursuivi sa politique d'encouragement des investissements privés au Burundi au cours de l'année 1990. Les investissements totaux réalisés en 1990 s'élèvent à 25,1 Mrd de BIF ; alors qu'ils étaient de 29,3 Mrd de BIF l'année précédente. Durant la même période, la mesure de soutien à l'investissement privé a provoque une augmentation de l'investissement privé passant de 5,3 à 6,3 respectivement pour 1989 et 1990. En 2003, le secteur privé a représenté 24,7% du total des investissements contre 22,2% en 2002. Il y a eu donc une petite accélération de l'investissement privé grâce essentiellement à des structures de promotion de ce secteur important dans le développement économique mais aussi à l'amélioration de l'état sécuritaire. En 2004, le secteur public est resté le principal investisseur avec 77,2% du total, en dépit de l'existence d'encouragement des investisseurs privés combinés à l'amélioration de la sécurité.

Pour ce qui est des investissements publics, la plus grande accélération s'observe en 2005 où elle a été de 39,7% par rapport à l'année précédente. Par contre la plus grande décélération s'observe entre d'une part, l'an 1994 suite à la crise qui a secoué le pays où elle a été de 48% et d'autre part pour l'an 1997 où elle a été de 52,3% suite à l'embargo. En effet, l'évolution en «dents de scie » observée, montre que les investissements publics connaissent un problème dans leurs financements. Ceci du fait que les investissements publics sont financés en grande partie par l'emprunt et l'aide étrangère et ces derniers ne sont favorables que lorsque le pays est stable.

Les investissements publics en général sont financés à plus de 70% par les ressources extérieures. L'analyse globale des investissements publics réalisés entre 1990 et 1993 montre que ces investissements sont financés à hauteur de 26,5% par les ressources intérieures et 73,4% dont 43% sous forme d'emprunts et 29% sous forme de dons.

Pour ce qui est des investissements privés, nous avons trois types de fluctuations : la décroissance, la stagnation et la croissance.

La décroissance vient directement après la période de crise comme 1987-1988 et 1993-1997. Cela s'explique par le fait que les investisseurs privés sont beaucoup sensibles au climat d'incertitude.

Nous observons aussi une stagnation durant les périodes de 1990 jusqu'en 1992 où l'investissement est resté à 6,3 Mrd de BIF. La croissance la plus grande s'est observée les années 1989, 1999 et 2001 où elle a été de 37,7% ; 35,4% ; et 35,2% respectivement. Cette augmentation enregistrée en 1999 s'explique par l'augmentation de 36,12% des crédits à LT octroyés au secteur privé par les Banques commerciales locales. Cette situation a eu un impact sur l'importation des biens d'équipement qui ont enregistré une nette progression de 87,2% la même année.

II.2.5. Le taux d'intérêt au Burundi

L'intérêt est un revenu ; c'est la rémunération des services qu'un prêteur rend à un emprunteur en lui prêtant une somme d'argent, appelé capital, pour une certaine durée. Cette rémunération versée par le débiteur (celui qui a une dette envers son créancier) représente un pourcentage du capital prêté appelé « taux d'intérêt » (Jean-Yves LAPUL et Olivier GARNIER (1996)).

Ainsi, les taux que nous avons mis en évidence sont de deux catégories :

- Les taux d'intérêt débiteurs : ce sont des taux appliqués aux crédits consentis par les institutions financières aux agents non financiers.

- Les taux d'intérêt créditeurs : il s'agit de la rémunération qu'une banque paie à ses clients qui ont mis de l'argent à sa disposition (peut être sous forme de dépôts ou en achetant des bons de caisse).

Dans la théorie classique, le taux d'intérêt est le facteur déterminant pour la demande d'investissement. En effet, en supposant que le taux d'intérêt ne change pas, la firme maximise sa valeur en investissant dans des projets ayant une valeur actualisée supérieure au taux d'intérêt du marché. Ce qui est illustré mathématiquement par :

Avec Ct : coût de l'investissement ;

Vt : valeur actuelle ;

Rt, Rt+1, ..., Rt+n : revenus nets respectivement en t, t+1, ..., t+n

i : le taux d'intérêt supposé constant pendant la période.

Nous voyons que la valeur actuelle est inversement proportionnelle au taux d'intérêt. Certains de ces taux sont librement débattus entre les institutions financières et les déposants, d'autres sont administrés et fixés par les autorités monétaires pour deux raisons opposées :

- éviter une surenchère des banques dans la collecte de l'épargne liquide ;

- assurer une rémunération minimale à certains titulaires ou à certains emplois d'autre part.

La conséquence de la hausse des taux d'intérêt est de rendre onéreux le crédit pour les créateurs d'entreprises, ce qui limite le degré de rentabilité de nouveaux projets d'investissements financés par le crédit bancaire, comme le montre le schéma ci-après :

Schéma 1. Politique monétaire et taux d'intérêt

Politique de relance

Politique de rigueur

Baisse du taux d'intérêt

Stimulation de la demande des ménages et des entreprises

Baisse du chômage

Hausse du taux d'intérêt

Baisse de la demande des ménages et des entreprises

Baisse de l'inflation

Source : COLLIS, J. et YVES, B., Dictionnaire économique et financier, Paris, Edition Seuil, 1989, p. 296.

Ainsi, dans la fixation des taux d'intérêt, il est nécessaire de parvenir à concilier deux exigences contradictoires :

- d'une part, il faut que le taux d'intérêt créditeur soit suffisamment rémunérateur pour attirer l'épargne, en tenant compte notamment de l'inflation ;

- d'autre part, compte tenu du taux de rendement interne des projets d'investissements, il faut fixer le taux d'intérêt débiteur de telle sorte que l'investissement ne soit pas découragé.

La figure suivante montre l'évolution du taux d'intérêt débiteur et du taux d'intérêt créditeur au Burundi.

Figure 8 : Evolution du taux débiteur et créditeur au Burundi en % (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 3.

La mesure prise par le gouvernement en 1990 visant l'encouragement des investissements privés n'a pas été accompagnée par une mesure de réduction du taux d'intérêt débiteur pour favoriser l'investissement privé. Ainsi, nous avons enregistré une augmentation de 22,7% du taux d'intérêt débiteur l'an 1991 et c'est la plus grande augmentation qu'on enregistre durant toute la période. De plus, de 2000 jusqu'en 2006, le taux débiteur est resté à un niveau supérieur à 20%, ce qui ne donne pas espoir à l'investisseur privé burundais face à cette situation financière. Notons que le taux d'intérêt débiteur a baissé entre 1994 et 1995; ce qui représente une diminution de 2,5% en 1994 et 3,2% en 1995 respectivement par rapport aux années précédentes. Il y a eu d'autres diminutions du taux d'intérêt débiteur en 2002, 2004 et 2005 où ces derniers ont chuté de 3%, 1,4% et 1,5% respectivement par rapport aux années précédentes.

Le taux d'intérêt débiteur étant un taux appliqué aux investisseurs qui s'adressent aux banques pour demander des crédits d'investissement, nous voyons que ce taux reste élevé et ne permet pas aux investisseurs privés de réaliser leurs projets d'investissement.

En ce qui concerne le taux d'intérêt créditeur qui est un prix payé au déposant de l'argent à la banque, nous voyons que ce taux reste très faible qui tend à défavoriser l'épargne au Burundi. En effet, durant toute la période, il est de 9% en moyenne.

Ainsi, de 1987 jusqu'en 1992, nous voyons une amélioration de ce taux, de même que pour la période de 1995 jusqu'en 2003. Nous observons une baisse du taux d'intérêt créditeur en 1993 et en 1995 où ce dernier a baissé de 5% et 4,8% respectivement par rapport aux années antérieures. La période de 2004 jusqu'en 2006 a été marqué par une diminution du taux d'intérêt créditeur et c'est durant cette même période qu'on observe une forte diminution, 30,6% en 2005.

II.3. Equilibre sur le marché des biens et services au Burundi

L'équilibre sur le marché des biens et services suppose l'égalité de l'épargne (S) et de l'investissement (I) exprimés en termes réels : S = I.9(*) Quand il y a déséquilibre entre épargne et investissement, le pays connaît un déséquilibre au niveau de la balance des capitaux si l'épargne intérieure est insuffisante par rapport aux besoins d'investissement. Le cas inverse se produit lorsque l'épargne excède les besoins en investissement générant ainsi la rareté de l'exportation des capitaux.

Quand le pays n'a pas à consommer en quantité suffisante et ne peut pas dégager un excédant suffisant sous forme d'épargne, l'importation des biens et services excède l'exportation (X-M), et il recourt à l'emprunt extérieur pour combler l'écart entre l'épargne intérieure et le besoin d'investissement.

II.3.1. La politique d'investissement au Burundi et ses modes de financement

La politique du gouvernement en matière d'investissement découle de l'analyse des besoins existants en infrastructures sociales et en infrastructures de production, tout en tenant compte des moyens existants ou potentiels. Ce qui nous intéresse dans cette étude, c'est la manière dont on finance les investissements pour atteindre le niveau d'équilibre entre épargne et investissement.

L'équilibre sur le marché des biens et services suppose que la somme de l'épargne intérieure et de l'épargne extérieure soit égale à la somme de l'investissement privé et de l'investissement public. La source de financement des investissements peut être intérieure ou extérieure.

1. L'épargne intérieure

L'épargne nationale est, pour une économie plus ou moins en équilibre, la principale source de financement des investissements. Mais malheureusement, le Burundi, comme les autres pays en développement, est loin d'équilibrer ses besoins en investissement par l'épargne nationale. L'épargne intérieure, définie comme la différence entre le PIB et la consommation, garde une faible part dans le financement des investissements. Cette faiblesse découle essentiellement du fait que les paiements d'intérêts au titre de la dette extérieure sont importants, alors que les transferts courants ne s'accroissent pas au même rythme.

2. L'épargne extérieure

L'épargne extérieure est beaucoup plus importante que l'épargne intérieure et finance plus de la moitié des investissements. Sa part, par rapport au PIB, varie d'année en année et sa tendance est à la hausse.

Dans tous les cas, l'épargne extérieure apparaît toujours comme une solution pour combler le déséquilibre épargne-investissement. C'est une contrainte à laquelle le Burundi doit se soumettre. L'épargne extérieure apparaît sous forme d'emprunts contractés par l'Etat et ces derniers augmentent les dépenses publiques. D'où il y a intervention des dépenses publiques dans le financement des investissements et dans le rétablissement de l'équilibre sur le marché des biens et services.

II.3.2. L'équilibre épargne-investissement au Burundi

L'investissement étant un élément de la demande et l'Epargne un élément de l'offre, leur égalité donne un équilibre sur le marché des biens et services. Cela s'interprète comme si les intentions d'épargne étaient égales aux projets d'investissements. Pour le cas du Burundi, le revenu de la population est très faible, ce qui handicape le niveau d'épargne des ménages. Le niveau d'épargne étant faible, ses projets d'investissement sont limités. D'où la faiblesse de l'investissement privé. Nous tenons compte de l'épargne intérieure Brute qui, en situation idéale, devrait être égale à l'investissement pour vérifier l'équilibre sur le marché des biens et services. Néanmoins, il est plus souhaitable d'avoir un excédent d'épargne sur l'investissement qu'un déséquilibre pareil qui oblige le pays à emprunter, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur.

La figure suivante indique l'évolution de l'Epargne et de l'investissement au Burundi.

Figure 9 : Evolution de l'Epargne et de l'Investissement au Burundi (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 2.

L'analyse de cette figure montre que durant toute la période, l'investissement est toujours supérieur à l'épargne. Cela étant, on constate que les projets d'investissement sont toujours supérieurs aux intentions d'épargner de la population burundaise suite à leur faible niveau de revenu.

L'écart entre l'épargne et l'investissement au Burundi est expliqué par deux éléments principaux 10(*):

- une insuffisance de l'épargne intérieure : cette dernière est due à l'insuffisance de surplus agricole commercialisable et au secteur financier peu développé et peu adapté au crédit rural. Le problème de faible accès au capital financier se ressent également dans les autres secteurs de production tel que le secteur privé moderne en raison du coût élevé des crédits ;

- un faible niveau d'investissement aggravé par le conflit : l'investissement a subi une réduction au cours de la décennie 90 suite au conflit qui a entraîné la réticence du secteur privé, mais aussi la pénurie de ressources du secteur public d'une part et d'autre part par la baisse du revenu suite à la couverture des besoins de consommation privés et publics incompressibles qui ont accaparé une part importante du PIB.

Avec tous ces éléments, il devient logique que le déséquilibre entre l'épargne et l'investissement au Burundi puisse être observé. Pour réduire le déséquilibre épargne-investissement, il faut essayer de capter l'épargne informelle à travers les COOPEC ou toute autre structure institutionnelle de collecte d'épargne.

II.4. L'impact des dépenses publiques sur les variables macroéconomiques au Burundi

Les études antérieures réalisées sur les effets des dépenses publiques montrent qu'il existe deux versions contradictoires dont l'une est favorable à la croissance, l'autre défavorable à la croissance économique.

II.4.1. Dépenses publiques et investissement privé

Avec une politique de promotion des investissements privés, l'Etat contribue à l'amélioration des investissements privés notamment dans l'exonération ou avantage fiscaux, le financement des fonds spécifiques comme le FSIP (Fond de Soutien à l'Investissement Privé) et dans les dotations budgétaires pour le fonctionnement des institutions d'appui au secteur privé. De cette manière, l'Etat participe à l'amélioration de l'investissement privé.

Pour NSENGIYUMVA (2002), l'investissement public réel agit positivement sur l'activité économique du Burundi, car en garantissant les infrastructures nécessaires, l'Etat peut influencer la rentabilité du secteur privé. La figure suivante illustre l'évolution de l'investissement privé et des dépenses publiques du Burundi.

Figure 10 : Evolution des dépenses publiques et de l'investissement privé du Burundi (1987-2006).

Source : Nous-mêmes à partir des données des annexes 1 et 2.

Cette figure montre que, d'une manière générale, les investissements privés et les dépenses publiques évoluent dans le même sens. Le secteur privé a été touché par la crise car, c'est durant les années 1994 et 1997 qu'on a observé une grande chute respectivement de 83,8 % et 22,2% par rapport aux années précédentes. Pendant la crise, la part de l'investissement privé dans le PIB a sensiblement chuté. On a enregistré 1,6%, 1,4%, 1,1% et 1% respectivement pour les années 1994, 1995, 1996 et 1997. L'an 1998 a aussi subi les effets de l'embargo, ce qui a fait que la part des investissements privés a été la plus basse de toute la période d'étude (0,9%). En ce qui est des dépenses publiques, on voit que ces dernières n'ont subi une diminution que pendant les années 1990 et 1995 où ces dernières ont baissé de 3,6% et 25,7% respectivement par rapport à l'année précédente.

Nous pouvons dire que les dépenses publiques financent l'investissement public qui, à son tour est complémentaire à l'investissement privé. Ceci parce que le Burundi n'a pas d'infrastructures de base suffisante comme les routes, les voies ferroviaires, les industries, etc. pour assurer la production. Ce qui est évident, c'est que l'investisseur privé est incapable de financer les investissements de base.

II.4.2. Dépenses publiques et déséquilibre entre l'Epargne et l'investissement

Même si l'épargne est inférieure à l'investissement, l'investissement lui aussi reste minime car il occupe en moyenne 15,4% du PIB pour toute la période d'étude. Les dépenses publiques devront prendre le relais pour financer l'investissement afin de combler le déficit enregistré sur le marché des biens et services au Burundi.

Le différentiel de l'équilibre est resté positif sur toute la période. Ainsi, l'investissement est resté supérieur à l'épargne. Nous voyons aussi que les dépenses publiques et le différentiel suivent tantôt la même allure tantôt des évolutions opposées. La figure suivante illustre l'évolution des dépenses publiques et le différentiel de l'équilibre entre l'épargne et l'investissement au Burundi.

Figure 11 : Evolution des dépenses publiques et du différentiel d'équilibre entre l'Epargne et l'Investissement au Burundi (1987-2006)

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe 1 et 2.

L'analyse de la figure montre que sur toute la période, le différentiel d'équilibre a enregistré une diminution moyenne de 5,4%, les dépenses publiques quant à elles, ont augmenté de 12,1%. Le plus grand écart entre l'épargne et l'investissement a été observé en 2005 où il a été de 69882,7 millions tandis que le plus petit écart de 7461 millions a été observé en 1997. Pour les dépenses publiques, la plus grande augmentation a été de 61,9% en 1993 tandis qu'on a observé la plus petite augmentation en 2005 (0,5%) par rapport à l'année précédente. La plus petite variation de l'écart entre l'épargne et l'investissement a été observé en 2003 où elle a été de 3,2% par rapport à l'an 2002. On note aussi que l'écart (I-S) a été en moyenne de 21225,3.

Au titre du second chapitre, il était question de présenter les Dépenses publiques et l'équilibre sur le marché des biens et services. Nous avons pu constater que les dépenses publiques du Burundi sont classées en trois catégories : les dépenses dites en capital, les dépenses de fonctionnement et les dépenses hors budget. Nous nous sommes rendu compte également que les dépenses de fonctionnement occupent une place prédominante dans le total des dépenses faites par l'Etat.

Nous avons aussi constaté que l'investissement est supérieur à l'épargne nationale du Burundi, ce qui nous laisse dire qu'il y a un déséquilibre sur le marché des biens et services au Burundi. Donc, les projets d'investissement sont supérieurs aux intentions d'épargner, le taux d'intérêt débiteur étant largement supérieur au taux d'intérêt créditeur.

Comme la théorie ne permet pas de confirmer directement l'impact d'une variable sur une autre, il nous est utile de mener une analyse empirique afin de discerner l'impact des dépenses publiques sur le différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement.

CHAPITRE III : DEPENSES PUBLIQUES ET EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS ET SERVICES : ANALYSE EMPIRIQUE

Le but de ce chapitre est de vérifier les hypothèses de notre travail avec une méthodologie empirique. L'économétrie procède à la mise en épreuve des théories économiques par l'application des méthodes statistiques aux données empiriques. Ainsi, l'économétrie est « une approche scientifique visant à la compréhension des aspects économiques de la conduite humaine » (HENDY, 1995).

Dans ce cas, l'économétrie sert à confirmer ou infirmer ces théories alternatives par des évidences chiffrées. L'économétrie a souvent besoin des méthodes spéciales pour différentes statistiques et mathématiques car les données ne proviennent pas d'expériences contrôlées et sont donc plus sujettes à des erreurs de mesure.

« L'économétrie a pour but l'étude des problèmes économiques, tant sur le plan théorique que sur le plan d'application avec le même esprit constructif et rigoureux que celui qui s'est imposé dans les sciences physiques, et en employant les mêmes méthodes quantitatives à la fois d'ordre mathématique et statistique sur le plan théorique et empirique11(*) ».

Avant de procéder à toute estimation, nous avons analysé les propriétés des séries pour nous assurer que la spécification et les résultats qui vont en découler seront fiables. Dans un premier temps, nous avons exposé la conduite théorique des tests de racine unitaire, de coïntégration, du modèle à correction d'erreur ainsi que des tests de diagnostic. En effet, le traitement des données statistiques en économie nécessite, en plus de la connaissance de la théorie économique, le maniement des techniques statistiques et économétriques qui sont les instruments de l'analyse empirique.

L'un des objectifs de l'économétrie est de confronter les prédictions des modèles théoriques aux données économiques à l'aide de modèles statistiques. Cette confrontation pour être réalisée doit suivre un certain nombre d'étapes :

- la spécification du modèle ;

- le recueil des données ;

- l'estimation des paramètres du modèle ;

- les tests de spécifications et la respécification.

III.1. Spécification du modèle

Selon TOUNA MAMA et al.(2002), l'investissement privé est l'un des éléments clés de la croissance sur lequel une politique économique devrait s'appuyer pour aboutir à une croissance économique durable car, disent-ils :

« Il ne saurait y avoir reprise de croissance si le pôle principal de croissance qui est l'investissement privé n'est pas directement incité ».

Ces auteurs ont trouvé qu'au Cameroun le PIB retardé est significativement et relativement important et que les séries sont convergent vers la cible de LT.

KAMGNIA B. DIA et TOUNA MAMA (2000) ont trouvé dans le cadre du MCE qu'au Cameroun, la dette extérieure est un réducteur des effets du crédit sur l'investissement privé, que les dépenses publiques pour investissement affectent négativement l'investissement privé.

Les dépenses publiques directement productives tendent à entretenir un effet d'éviction sur l'investissement privé. L'effet d'entraînement est réalisé quand l'investissement public en infrastructure agit sur l'investissement privé.

Comme notre travail a pour objet de voir l'impact des dépenses publiques sur l'équilibre sur le marché des biens et services, la spécification du modèle s'est appuyée sur un certain nombre de variables pour expliquer de façon efficace le modèle. C'est cette raison qui nous a poussés à intégrer des variables variées pour expliquer «la balance des biens et services». De ce fait, «la balance des biens et services» sera désignée par le différentiel d'équilibre Eq12(*), fonction de :

- DP : Dépenses publiques

- PIBR : Produit intérieur brut réel ;

- TIC : Taux d'intérêt créditeur ;

- TID : taux d'intérêt débiteur ;

- TCHR : Taux de change réel

Ainsi, nous avons utilisé le différentiel d'équilibre pour la modélisation de l'équilibre sur le marché des biens et services. Tenant compte de tous ces facteurs, le modèle du différentiel d'équilibre sur le marché des biens et services est :

Dans cette spécification, le différentiel d'équilibre (LnEq) est la variable dépendante ou endogène, LnDP, LnPIBR LnTIC, LnTID et LnTCHR sont les variables explicatives, indépendantes ou encore exogènes. ìt est un terme d'erreur qui capte l'ensemble d'autres variables explicatives pertinentes non prises en compte dans la spécification, mais aussi d'autres types d'erreurs de spécifications telles que la forme de la relation mathématique, l'erreur d'échantillonnage et les erreurs de mesure sur les variables.

III.3. Cadre théorique des tests du modèle et l'ordre d'intégration

Dans cette section, nous avons présenté les théories des différents tests de stationnarité des séries pour vérifier l'ordre d'intégration. Après avoir trouvé l'ordre d'intégration, nous avons fait le test de coïntégration des séries et enfin procéder à l'estimation d'un MCE.

III.3.1. Théorie sur les tests de racine unitaire

III.3.1.1. Le test de Duckey et Fuller

On distingue deux tests de Dickey et Fuller à savoir le test de Dickey et Fuller simple (DF) et le test de Dickey et Fuller Augmenté (ADF). La différence entre ces deux tests réside en ce que le premier considère que le terme de l'erreur est, a priori, un bruit blanc, c'est-à-dire que les erreurs åt sont indépendantes et de même moyenne zéro et de la variance finie.

Cependant, il n'y a aucune raison d'admettre au préalable que l'erreur soit non corrélée. Le test de Dickey et Fuller Augmenté prend en compte cette hypothèse.

La construction des tests de racine unité tels que proposés par Dickey et Fuller est basée sur l'estimation de l'équation suivante qui représente la forme générale :

(1) à condition que åt soit indépendant et identiquement distribué.

 : la variable Yt en différence 1ère

C : la constante pour rendre compte du processus non stationnaire aléatoire DS (Difference stationary)

t : la variable de tendance avec t = 1,2,...,d. Si le coefficient a est statistiquement significatif, on est en présence d'un processus déterministe TS (Trend stationary)

t-1 : indice de la variable en différence pour montrer qu'elle est décalée de i périodes.

k : la longueur du retard sur les termes en différences 1ère. Cette longueur est telle que l'erreur åt soit un bruit blanc.

· Si k = 0, le test est dit Dickey-Fuller simple (DF) ;

· Si k > 0, il s'agit d'un test de Dickey-Fuller Augmentée (ADF)

La formulation des hypothèses est une étape importante pour détecter une éventuelle présence de la variance unitaire. L'hypothèse nulle indique la présence de la racine, ce qui implique la non stationnarité de la série tandis que l'hypothèse alternative, si elle est acceptée signifie l'absence de la racine unitaire et par conséquent la stationnarité de la série étudiée. La présentation formalisée de ces hypothèses est la suivante :

H0 : ë = 0 contre H1 : ë < 0

Sous l'hypothèse nulle, le coefficient ë de la variable Yt-1 de l'équation (1) est significativement égal à zéro. Ce qui signifie que la série Yt comporte une racine unitaire. Elle est donc non stationnaire. Par contre, l'hypothèse alternative stipule que le coefficient est significativement inférieur à zéro et on conclut qu'il y a absence de la racine unitaire, autrement dit que la série est stationnaire. Après avoir énoncé les hypothèses, l'étape qui suit est la prise de décision suivant les règles bien précises. Pour le cas du test de Dickey et Fuller Augmenté, un des deux cas se présente :

- Si la valeur calculée d'ADF-Stat est inférieure à la valeur critique CV, la série est dite stationnaire en niveau et est notée I(0) ;

- Si par contre la valeur calculée d'ADF-Stat dépasse la valeur critique, la série est non stationnaire ou encore elle est intégrée d'un ordre supérieur ou égal à un.

Un autre test a été mis au point pour améliorer les tests de Dickey et Fuller. Il s'agit du test de Philips et Perron.

III.3.1.2. Le test de Philips et Perron

Philipps et Perron (1988) ont mis en place un test autorisant les termes de moyenne mobile d'hétéroscédacités dans les termes d'erreur.

Le test se déroule de la manière suivante : On estime par les MCO le modèle suivant :

Avec : t : variable de tendance et variant de 1 à n ;

n : nombre d'observations.

On calcule la statistique z qui prend en compte le cas où les erreurs ne sont pas indépendamment et identiquement distribués et qui est représenté par l'égalité suivante :

Où t : la statistique de student ;

 : la variable résiduelle ;

D(x) déterminant de YY' ou Y est la matrice des variables explicatifs du modèle

Avec.

On formule enfin les hypothèses de stationnarité et les règles d'acceptation ou de rejet de H0 comme pour le test de Dickey-Fuller standard.

III.3.2. Test de coïntégration

Afin de vérifier si la régression effectuée sur des variables non stationnaires ne sera pas fallacieuse, il faut d'abord réaliser un test de coïntégration. Pour le faire, nous partons de la définition de Engle et Granger (1987). Considérons un vecteur xt de variables non stationnaires. Les composantes de xt sont dites coïntégrées si premièrement elles sont intégrées de même ordre d(I(d)), et s'il existe une combinaison linéaire de ces variables d'ordre d'intégration inférieur, c'est-à-dire s'il existe un vecteur â non nul tel que est I(d - b), avec 0 < b < d. Le vecteur â est le vecteur coïntégrant. Dans le cas où d = 1, la coïntégration implique que est stationnaire.

L'ordre d'intégration d'une variable est le nombre de fois qu'il faut la différencier pour la rendre stationnaire. La coïntégration se présente ainsi comme une propriété de réduction de l'ordre d'intégration d'une combinaison linéaire de variables intégrées de même ordre.

L'analyse de la coïntégration entre les variables exige que celles-ci soient intégrées de même ordre I (1). Toutes les variables étant intégrées du même ordre I (1) ; nous allons les considérer toutes dans la recherche de l'équation de long terme.

La notion de coïntégration traduit l'idée selon laquelle des variables ayant une tendance fluctuante à travers le temps, peuvent avoir une tendance d'évolution constante et parallèle sur une longue période.

Pour tester cette relation de coïntégration, nous avons utilisé la méthode basée sur les résidus de Engle et Granger (1987). Selon cette méthode, pour tester une éventuelle relation de coïntégration entre les variables, il suffit de dériver le résidu de relation statique et de le soumettre aux tests de la racine unitaire. Si les résidus sont stationnaires en niveau, on conclut à la présence de la coïntégration entre les variables. Si par contre, les résidus possèdent une racine unitaire, on rejette l'hypothèse de coïntégration entre les variables.

III.3.3. Estimation d'un modèle à correction d'erreurs

Lorsque les séries non stationnaires sont coïntégrées, il convient d'estimer leur relation à travers un modèle à correction d'erreurs (Engle et Granger (1987)). Soient les séries Xt et Kt, toutes intégrées d'ordre I (1), l'estimation par les MCO de la relation de LT indique une stationnarité du résidu. Ainsi, on peut employer deux méthodes pour estimer un MCE.

III.3.3.1. Estimation du MCE en deux étapes

Cette méthode se déroule comme suit :

Ø Estimation du MCE par les MCO du modèle statique (relation de LT) :

 ;

Ø Estimation par les MCO de la relation du modèle dynamique (court terme)

(2).

Pour qu'il y ait un retour de Xt à sa valeur d'équilibre de LT, le coefficient á2 doit être significative et négative. Dans le cas contraire, il convient de rejeter une spécification du type MCE. Selon R. BOURBONNAIS (2000), le mécanisme de correction d'erreur irait en sens contraire et s'éloignerait de la cible de long terme.

III.3.3.2. Estimation du MCE en une seule étape

On estime le modèle suivant :

Cela consiste à remplacer dans le modèle (2) par en une seule étape l'ensemble des paramètres. Ce coefficient a2 doit être significativement négatif pour les mêmes raisons que celles évoquées précédemment. Cette méthode est rarement utilisée car on mélange des variables d'ordre d'intégration différent et le vrai coefficient â de la relation de LT n'est pas connu.

III.4. Présentation des variables du modèle

Pour estimer le modèle du différentiel d'équilibre, nous avons opté d'utiliser les variables suivantes :

- LnEQ  : Logarithme du différentiel d'équilibre (I-S) ;

- LnDP  : Logarithme de dépenses publiques ;

- LnPIBR  : Logarithme du PIB réel ;

- LNTIC  : Logarithme du taux d'intérêt créditeur ;

- LnTID  : Logarithme du taux d'intérêt débiteur ;

- LnTCHR  : Logarithme du taux de change réel.

Dans notre analyse, les variables du modèle ont été transformés en logarithme car cette forme présente certains avantages :

· elle permet de dégager immédiatement les élasticités, c'est-à-dire le degré de sensibilité d'une variable explicative sur une variable expliquée ;

· son utilisation permet de stationnariser les séries et permet également l'allégement des chiffres.

III.5. Présentation des résultats des tests du modèle

III.5.1. Le test de stationnarité

Les résultats de test de racine unitaire (ADF et PP) sur ce résidu se trouvent dans le tableau ci-contre.

Tableau n°1 : Résultat du test de stationnarité en niveau

Séries

ADF

PP

Stationnaire

Oui ou Non

t-stat

C.V

t-stat

C.V

LnDP

LnPIBR

LnTIC

LnTID

LnTCHR

LnEq

-3,149

-0,904

-2,621

-2,619

-2,216

-1,190

-3,690

-3,673

-3,710

-3,029

-3,029

-3,029

-2,468

-1,409

-2,126

-2,619

-2,198

-1,125

-3,673

-3,029

-3,029

-3,029

-3,029

-3,673

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Source : Nous-mêmes à partir des tests avec le logiciel Eviews.

Comme le montre les résultats du tableau ci-dessus, les séries analysées sont non stationnaires en niveau. En effet, les valeurs ADFt-stat ainsi que ceux de PPt-stat sont toutes supérieures à leur valeur critique au seuil de 5%. Comme les données ne sont pas stationnaires en niveau, on procède au test de la racine unitaire des séries en différence première. Les résultats de la racine unitaire sont résumés dans le tableau suivant.

Tableau n°2 : Résultat du test de stationnarité en différence première

Séries

ADF

PP

Stationnaire

Oui ou Non

t-stat

C.V

t-stat

C.V

LnDP

LnPIBR

LnTic

LnTid

LnTCHR

LnEq

-4,103

-2,616

-4,853

-2,314

-4,125

-5,014

-3,052

-1,961

-3,791

-1,961

-3,098

-3,040

-4,072

-2,617

-2,389

-2,262

-6,153

-5,393

-3,040

-1,961

-1,961

-1,961

-3,040

-1,961

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Source : Nous-mêmes à partir des tests avec le logiciel Eviews.

Ce tableau montre que les valeurs ADF t-stat et PP t-stat sont toutes inférieures à leurs valeurs critiques au seuil de 5%. Nous constatons que ces séries sont stationnaires en différence première. Ainsi, on rejette l'hypothèse nulle de présence de racine unitaire et par voie de conséquence, on conclut que toutes les séries sont intégrées d'ordre un : I (1).

III.5.2. Le test de coïntégration

III.5.2.1. Estimation de la relation de long terme

Cette estimation de la relation de long terme a été faite après avoir éliminer toutes les variables non significatives dans le modèle. Ainsi, le nouveau modèle spécifié est :


Les résultats de l'estimation sont présentés au tableau suivant.

Tableau n°3 : Résultats de l'estimation de l'équation de LT

Variable Dépendante : LNEQ

Variable

Coefficient

t-Statistic

Prob. 

C

43.104

-3.205

0.005

LNDP

0.959

5.129

0.000

LNPIBR

3.701

3.539

0.003

LNTIC

-2.179

-3.901

0.001

0.717

Mean dependent var

9.776

R²-Ajusté

0.663

S.D. dependent var

0.575

S.E. R

0.334

Akaike info criterion

0.820

Sum squared resid

1.783

Schwarz criterion

1.019

Log likelihood

-4.205

F-statistic

13.493

Source : Nous-mêmes à partir des tests avec le logiciel Eviews.

Durbin-Watson stat

 

2.257

Prob. (F-statistic)

0.000

Après avoir estimé l'équation de LT du différentiel d'équilibre sur le marché des biens et services, les tests de stationnarité des résidus ont été réalisés.

III.5.2.2. Le test de coïntégration entre les variables

Les variables étant intégrées de même ordre, nous sommes passés directement au test de coïntégration. Les tests de stationnarité effectués précédemment montre que les variables, LnDP, LnPIBR, LnTIC et LnEq sont intégrées de même ordre un. Après avoir vérifié la stationnarité, nous avons passé à la coïntégration qui consiste à tester la stationnarité du résidu. Nous l'avons fait après avoir estimé l'équation de LT pour le différentiel d'équilibre sur le marché des biens et services.

Tableau n°4 : Résultats des tests de stationnarité sur les résidus : coïntégration sur le différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement (I - S)

Résidus

ADF

P.P

stationnaire

t-stat

C.V

t-stat

C.V

ut

- 4,706

- 3,040

- 8,271

- 3,030

Oui

Probabilité au seuil de 5%

 0,001

 

 0,000

 
 

Source : Nous-mêmes à partir des tests avec le logiciel Eviews.

L'analyse des résultants du tableau ci haut montre que les valeurs calculées (t-stat) ADF et PP sont toutes inférieures aux valeurs critiques et significatives au seuil de 5%. On en déduit que la série des résidus de l'équation est stationnaire en niveau. Par conséquent, les séries sont coïntégrées.

La coïntégration implique non seulement que la série des résidus estimés est stationnaire, mais que le coefficient d'ajustement est négatif et significatif (Engle et Granger, 1987). Toutes ces conditions étant vérifiées, nous sommes maintenant en droit d'estimer le modèle à correction d'erreurs.

III.5.3. Spécification d'un modèle à correction d'erreurs

Dans la mesure où la relation de long terme entre le différentiel d'équilibre (I-S) noté Eq et ses déterminants ont été confirmées, le théorème de la représentation de Granger nous autorise à estimer le modèle dynamique de court terme qui est une représentation à correction d'erreur, c'est-à-dire un modèle VAR en différence première des variables augmenté d'un terme d'erreur avec un retard d'une période, appelé Modèle à Correction d'Erreur (MCE VAR).

Comme la taille de notre échantillon n'est pas très grande, nous avons utilise la méthode de Engle et Granger en deux étapes qui semble la mieux appropriée. Ainsi, la méthode estime dans une première étape la relation de coïntégration et introduit, dans une seconde, la série résiduelle retardée d'une période issue de cette relation dans l'équation de court terme.

Nous avons déjà estimé la relation de LT et généré la série des résidus RS2. Il s'agit maintenant d'introduire la variable RS2 (-1) dans le modèle en différence première. L'équation à estimer sous forme linéaire se présente alors sous la forme suivante :

Le paramètre qui représente la force de rappel vers l'équilibre doit être négatif et significatif au seuil de 5%. Sinon, le modèle à correction d'erreur spécifié ne serait pas valide. Les résultats de l'estimation sont reportés dans le tableau suivant.

Tableau n°5 : Résultats de l'estimation du modèle à correction d'erreur

Variable Dépendante : DLNEQ

Variable

Coefficient

t-Statistic

Prob.

C

0.083

0.966

0.353

DLNDP

1.299

3.368

0.006

DLNTIC

-2.733

-4.783

0.000

DLNEQ(-1)

0.439

2.639

0.022

DLNDP(-1)

-1.049

-2.817

0.016

RS2(-1)

-1.834

-6.537

0.000

R2 = 0.839

R2- Ajusté = 0.772

F-stat. = 12.551 (0.000)

S.E.R = 0.227    

B-G : 5.743 (0.056)

ARCH-LM: 0.157 (0.691)

J-B: 2.300 (0.316)

Ramsey reset: 0.092 (0.761)

Source : Nous-mêmes à partir des tests effectués avec le logiciel Eviews

N. B : Les valeurs entre parenthèses désignent les probabilités associées aux valeurs statistiques F-stat., Jarque et Berra, Breusch-Godfrey, ARCH-LM et Ramsey reset.

L'analyse du tableau montre que le coefficient associé à la force de rappel est égal -1,834. Il est négatif et significatif au seuil de 5%. Nous concluons à la validité de la représentation d'un modèle à correction d'erreurs. L'élasticité de court terme est estimée à 1,299 alors que celle de LT était de 0,959.

III.5. Interprétation des résultats

Au niveau de la significativité individuelle des variables la probabilité critique de la statistique de Student nous aide à nous prononcer sur la pertinence ou non d'une variable. En fait, la probabilité critique donne les chances d'être dans l'espace de nullité. Si la probabilité critique est inférieure au seuil (généralement 5%), nous rejetons l'hypothèse de nullité du coefficient au profit de l'alternative de non nullité du coefficient.

La vitesse d'ajustement de la fonction du différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement est la cible de LT ou encore la force de rattrapage de tout déséquilibre précédemment cumulé est indiquée par le coefficient du terme d'erreur. Ce dernier est négatif (-1,834) et est significatif au seuil de 5%, d'où la validité de notre modèle.

La significativité globale de la relation estimée cherche à savoir s'il existe au moins un coefficient parmi tous les coefficients, à l'exception de la constante, qui soit significativement différent de zéro. Lorsque la statistique de Fisher est supérieure à la valeur tabulée au seuil de 5% et sa probabilité critique est inférieure au seuil de 5%, on conclut à la significativité globale de la relation estimée.

Dans notre estimation, nous constatons également que le coefficient de détermination R² et R²-ajusté sont élevés. Ils sont de l'ordre de 83,95% et 77,26% respectivement. Ceci nous pousse à dire que le différentiel d'équilibre est expliqué à 83,95 % par les variables du modèle et le modèle est globalement bon. Aussi, la valeur des erreurs standard de la régression pour notre équation estimée est inférieure à l'unité.

Pour l'analyse de l'hétéroscédasticité autorégressive conditionnelle des résidus, nous avons utilisé le test ARCH-LM de Engle (1982). Ce test est fondé soit sur le test classique de Fisher, soit sur le test du multiplicateur de Lagrange (LM). Ce test formule l'hypothèse de nullité des coefficients des carrés des résidus décalés contre l'alternative sous laquelle il y a au moins un des coefficients des carrés des résidus décalés qui est statistiquement non nul.

Le test ARCH-LM suit une distribution de ²(,1) avec  : seuil de signification (ici 5%) et 1 : nombre de coefficients affectés à ces carrés des résidus décalés. Le rejet de l'hypothèse nulle signifie, l'acceptation de la présence de l'hétéroscédasticité conditionnelle des résidus. Pour notre cas, l'hypothèse nulle est acceptée car la probabilité critique (69,19%) est supérieure au seuil de 5%. On conclut que les résidus du modèle sont homoscédastiques.

L'autocorrélation des résidus a été testée à l'aide du test du multiplicateur de Lagrange de Breusch-Godfrey pour l'autocorrélation des résidus d'ordre n. Sous l'hypothèse nulle, toutes les autocorrélations sont statistiquement nulles. L'acceptation de l'hypothèse nulle revient à prouver la non autocorrélation des résidus. Cette décision est prise si la statistique de Breusch-Godfrey calculée est inférieure à la valeur critique (5,99). La même conclusion est prise si la probabilité critique de cette statistique est supérieure au seuil de signification de 5%. La statistique du test de Breusch-Godfrey reporte une valeur de 5,743 avec une probabilité de 5,66%. On accepte donc l'hypothèse nulle de l'absence d'autocorrélation des erreurs d'ordre un.

Pour tester la normalité des résidus, le test J-B dite de JARQUE et BERRA a été utilisé. Ce test suit une distribution de Chi-deux à deux degrés de liberté ²(2). Il formule l'hypothèse nulle de distribution normale des résidus et cette hypothèse n'est acceptée que si la statistique J-B est inférieure à la valeur critique ²(2) = 5,99. Cette normalité des résidus est aussi conclue lorsque la probabilité critique est supérieure au seuil de 5%. Ainsi, La statistique de J-B est de 2,3 avec une probabilité de 31,66%. On conclut que les résidus sont normalement distribués. 

Pour vérifier s'il n'y a pas des variables omises dans le modèle et si la spécification est correcte, nous avons fait recours au test de Ramsey RESET. Ce test procède par régression successive en ajoutant des variables supplémentaires à la régression initiale. Sous l'hypothèse nulle, les coefficients estimés des régresseurs supplémentaires sont statistiquement nuls, il n'y a donc pas d'erreur de spécification ou de variables pertinentes omises. L'hypothèse nulle est aussi retenue si la probabilité critique de la statistique F-RESET est supérieure au seuil de significativité (ici 5%). Pour notre estimation, la probabilité F-RESET est de 76,18%. Il n'y a donc pas de variables omises dans le modèle et par conséquent la spécification du modèle est bonne.

L'analyse de la stabilité de notre MCE du différentiel d'équilibre entre l'Epargne et l'Investissement a été faite sur base des tests des résidus récursifs, CUSUM et CUSUM of SQUARES TESTS mis au point par BROWN, DURBIN et EVANS en 1975. Le test de CUSUM teste la présence ou non de l'instabilité systématique et le test CUSUM of SQUARES teste quant à lui la présence ou non de l'instabilité aléatoire. L'observation des graphiques de ces tests en annexe, nous montre une stabilité systématique du modèle.

Pour ce qui est de l'explication économique, les variables qui ont été retenues sont DLNDP, DLNTIC et DLNDP (-1). En effet, les coefficients associés aux variables DLNDP, DLNTIC et DLNDP (-1) sont significatifs au seuil de 5%. Les coefficients associés aux variables DLNTIC et DLNDP (-1) sont -2,733 et -1,049 respectivement et traduisent une élasticité négative tandis que le coefficient associé à la variable DLNDP est 1,299 traduit une élasticité positive.

Les dépenses publiques courantes influencent positivement le différentiel d'équilibre courant et donc négativement l'équilibre entre l'épargne et l'investissement. Autrement dit, une augmentation de 10% des dépenses publiques provoque une augmentation de l'écart entre l'épargne et l'investissement de 12,99%. Donc, une augmentation des dépenses publiques favorise le déséquilibre entre l'épargne et l'investissement soit en diminuant l'épargne, soit en augmentant l'investissement.

Le chapitre trois et dernier chapitre de notre travail vient d'être clôturé. Le modèle à correction d'erreur est validé, les résultats des tests de diagnostic montrent que les résidus vérifient toutes les hypothèses du modèle linéaire. Nous allons terminer notre travail par une conclusion générale pour confirmer ou infirmer nos hypothèses de départ.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce travail de recherche intitulé : « Dépenses publiques et équilibre sur le marché des biens et services au Burundi », il revient de jeter un regard rétrospectif sur les résultats de notre travail. Ce dernier avait pour objectif principal l'analyse de l'impact des dépenses publiques sur l'équilibre entre l'épargne et l'investissement. Il est axé sur trois chapitres qui nous ont aidé à vérifier nos hypothèses de départ.

Après une introduction générale renfermant l'intérêt du sujet, la problématique, les hypothèses de travail, la délimitation du sujet et la méthodologie de recherche, nous avons commencé le premier chapitre intitulé « Dépenses publiques et équilibre sur le marché des biens et services : Cadre théorique et conceptuel ».

Ainsi, nous avons consacré le premier chapitre aux concepts de dépenses publiques, de l'investissement, de l'équilibre ainsi qu'aux déterminants de l'équilibre sur le marché des biens et services. Au cours de ce chapitre, nous avons développé la théorie des dépenses publiques selon différents auteurs. Pour les Néoclassiques, l'accroissement des dépenses publiques est compensé par une baisse des investissements privés. Pour Keynes, l'augmentation des dépenses publiques augmente l'output à concurrence de la diminution de la propension marginale à épargner.

Concernant l'équilibre sur le marché des biens et services, nous avons montré un débat contradictoire sur l'équilibre entre l'épargne et l'investissement. Les Classiques analysent l'épargne et l'investissement comme la même dose. L'épargne thésaurisée par un individu doit être utilisée par un entrepreneur. A chaque moment, il y a identité entre l'épargne et l'investissement. Les néo-classiques ne reprennent pas l'identité entre les deux notions mais font une analyse en termes d'égalité entre l'épargne et l'investissement. Pour eux, il y a égalité, a priori, entre l'épargne et l'investissement. L'épargne est faite pour être investie. Les keynésiens s'opposent à cette égalité et reprend l'identité des classiques. Ainsi, il n'y a donc pas d'équilibre automatique sur les marchés. La Théorie générale parle d'une identité entre l'épargne et l'investissement. Pour Keynes, c'est l'investissement qui détermine le revenu, et celui-ci permet, en fonction du partage que font les ménages entre la consommation et l'épargne, de déterminer le niveau de l'épargne. Pour G. Myrdal, l'égalité entre l'investissement et l'épargne peut être obtenue ex-ante. Ce qui, ex-post, n'est pas forcément réalisable.

Quant aux déterminant de l'équilibre sur le marché des biens et services, nous avons retenu que c'est le taux d'intérêt qui permet d'équilibrer l'offre et la demande des biens et services car il est la seule variable non déterminée.

Le second chapitre a concerné l'analyse descriptible des dépenses publiques et l'équilibre sur le marché des biens et services au Burundi. Au cours de ce chapitre, nous avons montré l'évolution des dépenses publiques, des autres variables macroéconomiques (PIB, investissement et taux d'intérêt) ainsi que celle des dépenses publiques avec l'investissement privé et le différentiel d'équilibre entre l'épargne et l'investissement.

Nous avons vu que l'investissement public est resté toujours supérieur à l'investissement privé. Les investissements publics restent prépondérants avec plus de 80% des investissements totaux. La part des investissements privés demeure à un niveau moyen de 15%. Concernant les dépenses publiques, les dépenses courantes représentent la plus grande part des dépenses budgétaires. Ainsi, les dépenses courantes ont été en moyenne de 16,5%, les dépenses en capital de 8,1% et celles dites hors budget de 1,8% du PIB.

En ce qui est de l'équilibre entre l'épargne et l'investissement au Burundi, nous constatons que l'investissement est toujours supérieur à l'épargne. Cela étant, nous constatons que les projets d'investissement sont toujours supérieurs aux intentions d'épargner de la population burundaise suite à leur faible niveau de revenu. Cela nous permet de confirmer notre première hypothèse qui était libérée comme suit : « Au Burundi, l'investissement est supérieur à l'Epargne ».

Le troisième et dernier chapitre nous a permis d'une part, la présentation de la méthodologie d'analyse économétrique utilisée et d'autre part, l'analyse empirique proprement dite qui teste économétriquement l'impact des dépenses publiques sur le différentiel d'équilibre entre investissement et épargne.

Une analyse des variables prises séparément a révélé que les variables utilisées sont stationnaires en différence première, donc qu'elles sont intégrées d'ordre un : I (1). Le test de coïntégration quant à lui, nous a permis de conclure à l'existence d'une relation de long terme entre le différentiel d'équilibre et ses principaux déterminants. Cela nous a permis de passer à une estimation d'un modèle à correction d'erreur du différentiel d'équilibre sur le marché des biens et services.

Les résultats empiriques du MCE estimé nous montrent qu'une augmentation de 10% , ceteris paribus, des dépenses publiques courantes entraînent une augmentation du différentiel d'équilibre (I-S) de 12,99%, donc à une augmentation du déséquilibre entre l'épargne et l'investissement. Nous concluons qu'une augmentation des dépenses publiques favorise le déséquilibre sur le marché des biens et services en augmentant l'investissement ou en diminuant l'épargne.

L'analyse des signes des coefficients et la probabilité critique nous montre que le différentiel d'équilibre est influencé positivement par les dépenses publiques. Cela nous permet d'infirmer notre deuxième hypothèse qui stipule que : « Les dépenses publiques influencent positivement l'équilibre entre l'épargne et l'investissement ».

En effet, notre étude nous pousse à reformuler l'hypothèse et nous concluons qu'au Burundi, « Les dépenses publiques augmentent le déséquilibre sur le marché des biens et services ».

Au terme de notre travail, quelques recommandations ont été formulées à l'égard du gouvernement telles que :

- Orienter les dépenses publiques dans les secteurs d'investissement qui favorisent la création d'emploi à la population quitte à augmenter la production nationale ;

- Penser à une politique de fixation des taux d'intérêt pour que le taux d'intérêt créditeur soit suffisamment rémunérateur afin d'attirer l'épargne, en tenant compte de l'inflation ;

- Stimuler la demande des ménages et des entreprises, en fixant le taux d'intérêt débiteur de sorte que l'investissement ne soit pas décourager, afin de réduire le chômage et équilibrer le marché des biens et services.

En clôturant cette étude, nous savons qu'elle comporte des manquements, mais aussi, nous tenons à affirmer également qu'elle constitue un dépassement et une certaine contribution, notamment dans le domaine économique et surtout dans le cadre de l'équilibre sur le marché des biens et services. Nous interpellons, par conséquent, aux chercheurs ultérieurs qui voudront faire des recherches en cette matière, d'y apporter des améliorations nécessaires.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. ABRAHAM-FROIS, G., Keynes et la macroéconomie contemporaine, 3ème édition, Paris, Economica, 1991.

2. ARTUS, P. et MUET, P.A., Investissement et emploi, Paris, Economica, 1986, 260p.

3. ARTUS, P., Macroéconomie, Paris, Economica, 1995.

4. BARRO, R. J., Money, expectations and business cycles: essays in macroenomics, New York, London, Toronto: Academic press, 1981.

5. BOURBONNAIS, R., Econométrie : Manuel de cours et exercices corrigés, 3ème édition, Paris, Dunod, 2000.

6. BOURBONNAIS, R., Econométrie : Manuel et exercices corrigés, 5ème édition, Paris, Dunod, 2003.

7. BOUVIER, M. et Al., Finances publiques, 7ème édition, Paris : LGD-EJA, 2004.

8. CAPUL, J.Y. et GARNIEN, O., Dictionnaire d'économie et des sciences sociales, Paris, Hatier, 2005.

9. COLLIS, J. et YVES, B., Dictionnaire économique et financier, Paris, Edition Seuil, 1989.

10. COTTA, A., Dictionnaire des sciences économiques, 3ème édition, Tours, Mame, 1972.

11. DAUPHIN-MEWNIER, A., Le jeu de l'épargne et de l'investissement, Paris, Payot, 1969.

12. FERRANDON, B., La politique économique et ses instruments, Paris : La documentation française, 2004.

13. GUY, T., Economie des services collectifs et de la dépense publique, Paris, Dunod, 1971.

14. IBANES J., Précis d'initiative économique, Paris, Tome II, 1977.

15. KAMGNIA, G. Dia et TOUNA, M., Le comportement privé au Cameroun : un resserrement de la contrainte financière, Cameroun, Yaoundé, 2000.

16. KEMPF, H., Macroéconomie, 1ère édition, Paris, Dalloz, 1995.

17. KEYNES, J.M., Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, Paris, Payot, 1936.

18. LAPUL, J-Y. et GARNIER, O., Dictionnaire d'économie et des sciences sociales, Hatier, 1996.

19. LECAILLON, J., Analyse macroéconomique, Paris, Cujas, 1960.

20. MACKINNON, R. I., Monnaie et finance dans l'échange international, Paris, Cujas, 1974.

21. MANKIW, Gregory, N., Macroéconomie : Traduction de la 4ème édition américaine par Jean HOUARD, 2ème édition, Bruxelles, De Boeck, 2001.

22. MANKIW, Gregory, N., Macroéconomie : Traduction de la 5ème édition américaine par Jean HOUARD, 3ème édition, Bruxelles, De Boeck Université, 2003.

23. MANKIW, Gregory, N., Principes de l'économie, Paris, Economica, 1998.

24. MARSCHALL, A., Principles of economics: An introductory volume, 8th ed. London, Macmillan, 1958.

25. MAURICE A., Puissance et danger de l'utilisation de l'outil mathématique, Econometrica, 22 (1), 1954.

26. PHELPS, E., S., Economie politique, Paris, Fayard, 2007.

27. POULON, F., Les Ecrits de Keynes, Paris, Bordas, 1985.

28. POULON, F., Macroéconomie approfondie : équilibre et déséquilibre, circuit ; PSCF de Bernard DUCROS, Paris, Edition CUJUS, 1982.

29. SEMEDO, S., Economie et finances publiques, Paris, Ellipses édition Marketing, 2001.

30. STOLERU, L., L'équilibre et croissance économique, Paris, Dunod, 1967.

31. TAYLOR, Philip. E., The economics of public finance, revised Edition, MC Millian, N. Y., 1953.

32. TOUNA, M. et Al., Ajustement et investissement privé en Afrique : cas du Cameroun, Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, 2002.

Revue, mémoires et autres

1. Les mémoires

1. BIZIMANA, C., Analyse des incidences des dépenses publiques sur l'investissement et la croissance économique, Mémoire, U.B, FSEA, 2006.

2. INAMUCO, C., Les effets du déficit budgétaire sur le taux d'intérêt et leurs répercutions sur l'activité économique du Burundi, Mémoire, U.B, FSEA, 2005.

3. MUCOWINTORE, V., L'impact du mode de financement du déficit budgétaire sur la consommation agrégée des ménages au Burundi, Mémoire, U.B, FSEA, 2001

4. MUKERANDANGA, O., L'épargne intérieure et l'investissement privé, Mémoire, U.B., FSEA, 1995.

5. NAHIMANA, A. M, Les effets des dépenses publiques sur la consommation privée au Burundi, Mémoire, U.B, FSEA, 2004.

6. NDAYIKUNDA, P., Impact de la fiscalité sur l'investissement, Mémoire, U.B, FSEA, 1999.

7. NDIKUMANA, D., Spirale déséquilibre-dévaluation au Burundi, Mémoire, U.B, FSEA, 1990.

8. NIBARUTA, P., L'incidence du financement du déficit budgétaire sur l'investissement privé, Mémoire, U.B, FSEA, 2003

9. NIYONZIMA, O., Fiscalité et investissement privé au Burundi : une analyse empirique à partir d'un modèle à correction d'erreur, Mémoire, U.B, FSEA, 2004.

10. SIMBAVIMBERE, D., La restructuration des dépenses publiques dans les perspectives d'une croissance endogène de l'économie burundaise, Mémoire, U.B., FSEA, 2002.

2. Les revues

1. BENOIT, J.P.V, « Taux administrés et taux du marché », Epargne et développement, 1985, P. 35.

2. BLEJER, M.I et KHAN, M.S., «Government policy and private investment in developing countries», Staff Paders, Vol. 31, N°2, 1984.

3. BRB, Publications quinquennales 1991, 1996, 2001 et 2006.

4. BRB, Rapport annuel 1987, 1988, 1989,1990, 1991, 1992, 1993, 1995, 1996, 1999, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2006.

5. DUHAUTOIS, R., « Le ralentissement de l'investissement est plutôt le fait des petites entreprises tertiaires », Economie et statistique, n° 341-342, 2001-1/2, P. 48.

6. MPDR, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP), septembre 2006.

7. MPDR, Economie Burundaise 1987, 1988, 1989,1990, 1991, 1992, 1993, 1995, 1996, 1999, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2006.

8. MUET, P.A., « Les modèles «néo-classiques», et l'impact du taux d'intérêt sur l'investissement », Revue économique, n° 2, mars 1979.

9. RANGUZA, I., « La politique du taux d'intérêt et la rémunération de l'épargne au Burundi de 1970 à 2004 », Cahier de l'IDEC, volume 1, n°2, Septembre, 2005.

3. Les sources électroniques

1. http://supercdi.free.fr/ses/theorie-generale-epargne-investissement.htm

2. http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/ses/CPGE/Travaux/CollesCorot/PE4.htm

3. http://www.oboulo.com/demande-globale-equilibre-marche-biens-services-modele-keynesien-simplifie-35418 .html

4. http://www.senat.fr/rap/r02-035/r02-03511.html#toc65.

ANNEXES

Annexe 1. Les dépenses publiques par catégorie en Mrds de BIF

Année

Dépenses courantes

Dépenses en capital

Dépenses hors budget

Dépenses totales

PIB

1987

18,9

3,6

2,8

25,3

152,0

1988

22,7

7,0

4,1

33,8

179,6

1989

24,9

7,4

5,2

37,5

197,0

1990

26,3

6,6

6,0

38,9

205,0

1991

29,3

7,1

6,1

42,5

226,0

1992

30,5

31,9

2,4

64,8

237,0

1993

34,8

33,1

1,7

69,6

251,8

1994

35,7

35,7

1,2

72,6

301,8

1995

36,3

21,7

4,1

62,1

265,4

1996

42,9

17,9

7,3

68,1

346,1

1997

54,6

16,2

2,5

73,3

404,4

1998

62,1

25,8

4,4

82,3

406,3

1999

69,7

23,2

4,4

97,3

577,0

2000

92,1

39,6

7,2

139,8

511,0

2001

116,7

49,3

16,5

182,5

550,0

2002

159,0

65,8

11,5

236,3

584,6

2003

153,3

99,4

12,8

265,5

644,7

2004

160,1

119,9

17,9

297,5

748,5

2005

200,9

77,9

20,4

299,2

860,9

2006

227,1

91,5

-

318,6

898,4

Moyenne

79,9

39,0

7,3

125,4

427,4

Source : BRB, Rapport annuel 1987-2006.

Annexe 2. L'investissement par agent et épargne au Burundi en Millions de BIF

Années

Investissement privé

Investissement Publique.

Investissement Totaux

Epargne Nationale

Déséquilibre (I - S)

1987

4600

24600

29200

8064,9

21135,1

1988

3300

19600

22900

8527,7

14372,3

1989

5300

24000

29300

10166,1

19133,9

1990

6300

18800

25100

8958,6

16141,4

1991

6300

19900

26200

8353,3

17846,7

1992

6300

26500

32800

7489,8

25310,2

1993

6800

29300

36100

7340,3

28759,7

1994

3700

19800

23500

11163,9

12336,1

1995

3400

20000

23400

12185,3

11214,7

1996

3300

29400

32700

12993,7

19706,3

1997

2700

19300

22000

14539,0

7461,0

1998

3100

20900

24000

14031,0

9969,0

1999

4800

29500

34300

22428,9

11871,1

2000

5900

32300

38200

26917,2

11282,8

2001

9100

30900

40000

30830,2

9169,8

2002

12400

43400

55800

40218,3

15581,7

2003

17100

52000

69100

53004,2

16095,8

2004

19200

64900

84100

59834,4

24265,6

2005

26200

107600

133800

63917,3

69882,7

2006

27100

108300

135400

72430,0

62970,0

Moyenne

8845

37050,0

45895

24669,7

21225,3

Source :

Ø Rapport annuel BRB 1987-2006 ;

Ø MPDRN, Economie Burundaise 1987-2006 ;

Ø Calcul de l'auteur.

Annexe 3. Le taux d'intérêt au Burundi en %

Années

Taux d'intérêt créditeur

Taux d'intérêt débiteur

Marge

1987

4,9

9,2

4,3

1988

5,5

9,7

4,2

1989

5,7

10,5

4,8

1990

6,4

11,9

5,5

1991

7,4

15,4

8

1992

8,4

16,6

8,2

1993

8

16,7

8,7

1994

8,8

16,3

7,5

1995

8,4

15,8

7,4

1996

8,5

15,9

7,4

1997

8,5

16

7,5

1998

9,1

17,6

8,5

1999

9,4

17,7

8,3

2000

11,3

20,4

9,1

2001

12,2

20,9

8,7

2002

13,3

20,3

7

2003

13,7

21,1

7,4

2004

12,8

20,8

8

2005

9,8

20,5

10,7

2006

8,8

20,7

11,9

Moyenne

9

16,7

7,7

Source :

Ø BRB, Rapport annuel 1987-2006 ;

Ø MPDR : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), 2006,

Ø Calcul de l'auteur.

Annexes 4. Les données utilisées dans les régressions

Années

DP

PIBR

TCHR

TIC

Eq

1987

22071,8

293236,5

117,2

4,9

21135,1

1988

28300,4

307934,0

103,0

5,5

14372,3

1989

37967,8

312327,5

140,2

5,7

19133,9

1990

36648,5

323216,8

92,7

6,4

16141,4

1991

41643,3

340218,7

96,1

7,4

17846,7

1992

46203,3

346277,5

84,1

8,4

25310,2

1993

74780,1

322034,6

82,7

8,0

28759,7

1994

81898,7

312238,1

87,7

8,8

12336,1

1995

65152,6

290343,1

96,6

8,4

11214,7

1996

67556,6

265414,0

100,0

8,5

19706,3

1997

78598,1

266335,8

118,3

8,5

7461,0

1998

103059,0

275469,7

108,3

9,1

9969,0

1999

117305,0

272689,4

89,7

9,4

11871,1

2000

130253,9

270177,4

92,8

11,3

11282,8

2001

182422,8

275868,4

61,1

12,2

9169,8

2002

236239,3

288312,0

68,5

13,3

15581,7

2003

265542,3

284737,7

65,9

13,7

16095,8

2004

297515,0

297303,8

74,2

12,8

24265,6

2005

299135,9

300050,8

75,8

9,8

69882,7

2006

318611,0

315355,6

82,5

8,8

62970,0

Source :

Ø BRB, Publications quinquennales : 1986,1991, 2001 et 2006 ;

Ø MPDR : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), 2006 ;

Ø Calcul de l'auteur.

Annexe 5. Résultats des différentes estimations et tests

1. Estimation de la relation de LT

Dependent Variable: LNEQ

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 08/18/09 Time: 20:16

 
 

Sample: 1987 2006

 
 

Included observations: 20

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

-43.10437

13.44510

-3.205954

0.0055

LNDP

0.958952

0.186943

5.129660

0.0001

LNPIBR

3.700832

1.045791

3.538789

0.0027

LNTIC

-2.179756

0.558718

-3.901357

0.0013

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.716710

    Mean dependent var

9.775628

Adjusted R-squared

0.663593

    S.D. dependent var

0.575572

S.E. of regression

0.333835

    Akaike info criterion

0.820519

Sum squared resid

1.783137

    Schwarz criterion

1.019665

Log likelihood

-4.205188

    F-statistic

13.49307

Durbin-Watson stat

2.256959

    Prob(F-statistic)

0.000120

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


2. Estimation d'un Modèle à Correction d'Erreur (MCE)

Dependent Variable: DLNEQ

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 08/18/09 Time: 20:22

 
 

Sample (adjusted): 1989 2006

 
 

Included observations: 18 after adjustments

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

0.083322

0.086221

0.966373

0.3529

DLNDP

1.298978

0.385634

3.368422

0.0056

DLNTIC

-2.733330

0.571473

-4.782955

0.0004

DLNDP(-1)

-1.049251

0.372504

-2.816751

0.0156

DLNEQ(-1)

0.439877

0.166624

2.639939

0.0216

RS2(-1)

-1.834563

0.280650

-6.536836

0.0000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.839477

    Mean dependent var

0.082075

Adjusted R-squared

0.772593

    S.D. dependent var

0.476822

S.E. of regression

0.227383

    Akaike info criterion

0.136842

Sum squared resid

0.620438

    Schwarz criterion

0.433633

Log likelihood

4.768421

    F-statistic

12.55115

Durbin-Watson stat

2.629924

    Prob(F-statistic)

0.000201

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


3. Test de Jarque-Bera

4. Test de Breusch-Godfrey

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic

2.618376

    Probability

0.110783

Obs*R-squared

5.743076

    Probability

0.056612


5. Test d'ARCH

ARCH Test:

F-statistic

0.139818

    Probability

0.713695

Obs*R-squared

0.156997

    Probability

0.691937

6. Test de Ramsey

Ramsey RESET Test:

F-statistic

0.061385

    Probability

0.808509

Log likelihood ratio

0.091843

    Probability

0.761848

6. Cusum test

7. Cusum of square test



* 1 IBANES J., Précis d'initiative économique, Tome II, Paris, 1977, P. 175.

* 2 IBANES J., Op. Cit. P. 175.

* 3 KEMPF, H., Macroéconomie, 1ère édition, Paris, Dalloz, 1995, P.

* 4 DUHAUTOIS R., Le ralentissement de l'investissement est plutôt le fait des petites entreprises tertiaires, Economie et statistique, n° 341-342, 2001-1/2, P. 48.

* 5 KEYNES J. M., Op. Cit., P. 158.

* 6 MPDRN, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP), septembre 2006, p. 22

* 7 BRB, Rapport annuel 2006.

* 8 MPDR, Op. Cit., p. 21

* 9 STORELU, L., L'équilibre et la croissance économique, 3ème édition, Paris, Dunod, 1973, P. 130.

* 10 MPDR, Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, Bujumbura, septembre 2006, P. 25.

* 11 Maurice A., Puissance et danger de l'utilisation de l'outil mathématique, Econometrica, 22 (1), 1954.

* 12 Différentiel entre l'investissement et l'épargne






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo