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Les migrations de populations dans la commune de Savalou: impacts socio-économiques

( Télécharger le fichier original )
par Lambert AGODO
Université d'Abomey Calavi - Maà®trise, Géo humaine et Economique 2009
  

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4.2. L'immigration dans la commune de Savalou

L'immigration dans la commune de Savalou peut se présenter sous trois principales formes. Il s'agit de :

- L'immigration agro-pastorale ;

- L'immigration commerciale et professionnelle ;

- L'immigration pour des raisons administratives.

4.2.1. L'immigration agro-pastorale.

Cette forme d'immigration se manifeste de deux manières dans la commune de Savalou. Il y a l'exode rural-rural et l'immigration pastorale.

· L'exode rural-rural.

Mouvement de populations rurales vers les zones où les terres sont plus fertiles, l'exode rural-rural est pratiqué par les agriculteurs dont les espaces cultivables sont menés à terme ou dégradés. Pour ce type d'immigration, la commune enregistre des étrangers de toutes les régions du Bénin en général et en particulier les populations des départements de Mono-Couffo, de Zou-Collines, de l'Atacora-Donga et d'Alibori-Borgou. Cet exode affecte surtout les populations paysannes. Il se confond à la colonisation agricole.

A l'intérieur de la commune de Savalou, ce mouvement concerne les populations béninoises de toutes les régions. Il s'effectue vers les zones où les terres sont assez fertiles et où les activités agricoles sont porteuses. En effet les terres cultivables de certaines populations ont subi une dégradation considérable du fait des facteurs humains ou naturels. Ces terres sont envahies depuis plusieurs décennies par les habitants des villes et de grandes agglomérations. Elles connaissent un appauvrissement important qui est secoué par l'occupation du sol par des habitations. Les sols ne favorisent plus l'exercice des activités champêtres qui permettent aux populations de répondre efficacement à leurs besoins fondamentaux. Ces populations pour bien mener leurs activités agricoles et en tirer des revenus satisfaisants, vont désormais dans les régions de la commune les plus reculées. Elles vont souvent dans les environs de Kpataba, de Djalloukou, de Gobada, et de Lahotan où les sols sont encore riches et moins exploitées. De plus les zones fluviales de Agbado et du Zou attirent considérablement ces populations étrangères venues du Sud particulièrement du Département du Zou et du Mono - Couffo. Ces étrangers à leur arrivée demandent auprès des autochtones des terres cultivables pour exercer leurs activités. Ils viennent de tous les départements du Bénin et des pays limitrophes ( Nigeria, Niger, Burkina-Faso, Togo) (voir figure 10).

Figure 10: Phénomène d'immigration dans la commune de Savalou

Cette carte montre l'origine des immigrants de la commune de Savalou. Ils viennent pour ce qui concerne le pays, des douze départements et pour l'extérieur des pays limitrophes.

Parallèlement à cette forme de migration, se développe la colonisation spontanée. Elle affecte les populations d'une même origine ethnique. Le plus souvent, les nouveaux colons dans une région pour créer une ferme, se déplacent par lots de deux, trois ou quatre personnes de la même famille ou avec des amis et cohabitant. Chaque famille dispose en moyenne de quatre à cinq personnes. Pour s'installer, ces personnes font la demande de terres cultivables auprès des premiers occupants ou auprès du chef village ou de collectivité. Cette colonisation agricole intéresse un grand nombre de populations venues des régions du Sud notamment du département du zou, du Mono, du Couffo et de l'Atlantique. Il s'agit des personnes venues des communes de Djidja, d'Agbangnizou, de Za-kpota, d'Abomey, de Bohicon puis des communes d'Azovè, de Klouékanmey, de Dogbo... ils sont pour la plupart des Fon, des Adja, et des Guin. Les Fon vénus du département du Zou sont essentiellement des agriculteurs et sont répandus surtout dans les arrondissements de Djalloukou, de Gobada et de Lahotan. Ils sont aussi présents dans les autres arrondissements mais en nombre peu significatif. Les Adja venus du Mono sont essentiellement des exploitants forestiers et sont partout dans la commune. Il y a aussi des groupes venus du centre c'est- à - dire du département des Collines. Il s'agit des populations venues de Dassa-zoumè, de Glazoué, de Savè et de Bantè. Ces populations sont pour la plupart des Nago (Idaatcha, Itcha, Tchabè), et des Mahi. Elles sont localisées dans les arrondissements de Logozohè, de Lahotan et de Kpataba. Les populations venues du Nord sont pour la plupart des régions de l'Attacora, de la Donga et du Borgou. Ce sont lesYom, les Lokpa, les Otamari, les dendi, les Baatonu et les Bariba... Les différentes populations venues ds départements du Bénin se présentent dans la figure de la page suivante.

Figure 11: Proportion des immigrants par département dans la commune de Savalou

Source : Enquête 2008.

A la lecture de cette figure, ii faut noter que les populations nationales qui s'installent dans la commune de Savalou pour des raisons d'activités agricoles varient d'un département à un autre. Les départements de Zou-Collines fournissent plus de la moitié (53%) de ces populations nationales, ils sont suivis des départements de Mono-Coufo (20%), des départements de l'Atacora-Donga (10%), des départements Borgou-Alibori (9%), Atlantique Littoral (6%) et enfin autres (2%). Cette forte proportion des départements de Zou-Collines se justifie d'abord par la proximité de la commune au département du Zou, son appartenance au département des Collines. Ceci fait qu'elle plus accessible aux populations de ces deux départements. Cette forme d'immigration a donné naissance à de plusieurs hameaux et fermes créés dans la commune. C'est bien là le cas des habitants fon de Kénana, de Kinha et de Zounkpa dans l'arrondissement de Djalloukou ; de Djabigon dans l'arrondissement de Tchetti et de Kokoro, de Kitikpli et de Tamba dans l'arrondissement de Lèma qui sont pour la plupart des populations fon d'Abomey. Il y a aussi une autre catégorie qui contribue considérablement à l'évolution de cette forme d'immigration dans la commune. Il s'agit des femmes qui après plusieurs semaines de travail dans les champs des cultivateurs finissent par choisir leur mari. Plusieurs femmes des communes de Bantè, de Dassa-Zoumè et de Glazoué dans le département des Collines puis des communes de Djidja, d'Abomey et de Bohicon dans le département du Zou sont concernées par ce type d'immigration. Ces femmes passent de village en village et de ferme en ferme pour chercher de travail. Elles ont comme activités principales la récolte de maïs, du riz, de l'arachide, de haricot, des tubercules et font aussi de gari.

Photo 1 : Un métayer en actvité dans un champs de maïs dans l'arrondissement de Djalloukou

Source : cliché AGODO, avril 2008


Cette image retrace un métayer en pleine activité dans l'arrondissement de Djalloukou. Les immigrants qui font le labour, gagnent environ 3.000 F par jour pour les plus rapides puis 1.500 F pour les moins rapides. En ce qui concerne le défrichage, ils prennent également entre 3.000 et 4.000 F par parcelle. Les plus rapides gagnent 4.000 F par jour et les moins rapides 2.000 F par jour. Pour le sarclage qui coûte moins cher que les autres activités, ils gagnent entre 1.500 et 2.000 F pour les plus rapides et entre 500 et 1.000 F pour les moins rapides. Cette dernière activité est le plus souvent pratiquée par les femmes et les enfants qui n'ont pas assez d'énergie pour faire le labour et le défrichage. A la fin de la saison, les immigrés repartent dans leur localité avec beaucoup d'économies. Selon les résultats de nos enquêtes dans deux villages (Attaklakanmè et Djallouma) de l'arrondissement de Djalloukou, nous avons recensé un nombre impressionnant de travailleurs soit 124 personnes dont 98 hommes, 17 enfants et 9 femmes venus pour le salariat agricole de la période d'avril à septembre 2007.

· L'immigration pastorale.

L'immigration pastorale regroupe l'élevage sédentaire et la transhumance.

- L'élevage sédentaire.

Dans la commune de Savalou il y a plusieurs ménages qui pratiquent ce type d'élevage. Il s'agit bien sûr des peuhls, des kabyè et certains fon et adja. Lors de nos enquêtes sur le terrain, nous avons recensé 246 ménages avec un effectif de plus de 500 personnes. Ce type d'élevage se pratique dans tous les arrondissements mais il est plus dense dans les arrondissements de Doumè et de Djalloukou qui regroupent respectivement 43 et 39 ménages.

L'élevage est majoritairement pratiqué par les Peulh surtout à l'ouest de la commune. On dénombre plus de 30.000 têtes de bovins et d'ovins. L'élevage domestique (caprins, ovins porcins et volailles) complète l'agriculture ; mais est faiblement associé à l'agriculture ( voir photo 2).

Le projet SONGHAI installé à Kpakpassa sur la voie menant à Tchetti initie les jeunes aux travaux agricoles et constitue un véritable centre d'élevage de volaille, de formation et d'initiation à l'auto- emploi.

- La transhumance peuhl.

Cette forme d'élevage entre temps très importante, devient de moins en moins importante par rapport aux années antérieures où on les remarque dans toutes les contrées de la commune de Savalou, ancienne Sous- préfecture. Aujourd'hui ils sont détestés et craints par les populations compte tenu des pratiques anti-sociales dont ils font objet. Ces peuhls sont venus dans la commune de Savalou comme partout au Bénin depuis les sécheresses de 1968 à 1973 ayant privé les pays sahélien de pâturage et d'eau. Ils proviennent du Niger, du Burkina- Faso, du Mali et du Nigéria. Les zones de pâturage créées dans le cadre de l'élevage et les couloirs de transhumance ne sont malheureusement pas respectées ; ce qui entraîne parfois des conflits sanglants entre éleveurs et agriculteurs.

Photo 2 : Troupeau de mouton d'un immigrant dans l'arrondissement de Djalloukou

Source : Cliché AGODO, Octobre 2008

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault