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Impacts socio-économiques de la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du parc W du Bénin

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par Byll Orou KPEROU GADO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Docteur vétérinaire 2006
  

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Introduction

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En Afrique subsaharienne, l'élevage est une activité agricole d'importance à la fois économique, sociale et culturelle. Selon la FAO (1997), dans les pays sahéliens, les produits d'élevage participent pour 10 à 20% au Produit Intérieur Brut (PIB) et parfois jusqu'à 50% aux ressources d'exportation. Dans cette région d'Afrique de l'Ouest, le système d'élevage du bétail est majoritairement extensif et transhumant.

L'élevage transhumant qui est le déplacement alternatif et saisonnier des animaux (DIALLO et al., 1985) est un système de production animale adapté au contexte sahélien semi-aride. La variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie dans ces milieux rend aléatoire la disponibilité des ressources alimentaires pour les animaux. Ainsi, la mobilité des animaux et leurs éleveurs est motivée par la recherche de pâturages, de points d'eau, mais également par la fuite des foyers d'épizootie ou le commerce d'animaux. La distance et l'amplitude des déplacements sont très variables et peuvent se dérouler dans un même pays ou entre pays limitrophes. Dans le dernier cas, on parle de transhumance transfrontalière. Ce type de transhumance se pratique en Afrique de l'Ouest habituellement en saison sèche, des pays sahéliens vers les pays côtiers (SOURNIA et al., 1998) en direction des terres de parcours. Elle se fait de plus en plus dans les parcs et autres aires protégées en raison de la raréfaction des zones de pâturage, de l'occupation des couloirs de transhumance, l'inadaptation de la législation foncière et l'existence de nombreux conflits sociaux. L'incursion incontrôlée des éleveurs transhumants et leurs animaux dans les aires protégées et leur périphérie n'est pas sans poser d'une part de problème de cohésion sociale avec les population autochtones et d'autre part de difficulté de gestion des ressources. Des initiatives publiques, en collaboration avec des partenaires au développement, sont ainsi en cours dans certaines réserves pour une gestion participative impliquant les populations riveraines et les éleveurs transhumants.

Au Bénin, le parc W situé à cheval entre le Bénin, le Burkina-Faso et le Niger, reçoit chaque année de nombreux transhumants en provenance des pays limitrophes (TAMOU, 2002). La mobilité pastorale dans la réserve pose des problèmes de gestion des ressources mais aussi des difficultés de cohabitation avec les populations autochtones riveraines. Le Programme Régional Parc W (PRP-W / ECOPAS) en collaboration avec les structures nationales de gestion des aires protégées des trois

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pays riverains du parc W a mis en place un système qui vise la gestion durable du milieu et des espèces. Parmi les actions prioritaires du programme, la recherche occupe une place non négligeable et la transhumance est l'un des grands domaines d'investigation. Plusieurs travaux de recherche ont été réalisés dans ce domaine, notamment sur l'état des lieux quantitatif et spatialisé de la transhumance. La présente étude est la suite logique de ce qui a déjà été fait.

L'objectif de l'étude est d'évaluer les impacts socio-économiques de la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du parc W du Bénin. De façon spécifique, il sera question de :

- préciser l'importance du cheptel dans la zone d'étude, les évolutions récentes, les tendances et la place de cette zone dans les activités d'élevage ;

- évaluer les revenus des ménages d'éleveurs et la part de l'élevage dans les activités économiques de la région ;

- obtenir la vision la plus objective possible des principaux éléments qui favorisent ou

freinent l'élevage et la transhumance dans la zone d'étude ou les mettent en

concurrence avec les objectifs de protection et de gestion durable de la réserve ;

- proposer des solutions aux problèmes socio-économiques posés par la transhumance

transfrontalière dans la zone d'étude.

Cette étude comporte deux parties. La première partie consacrée à la revue bibliographique évoque d'abord les caractéristiques et le système de gestion du parc W et sa zone riveraine puis la transhumance transfrontalière et son importance en Afrique de l'Ouest. La deuxième partie est l'étude proprement dite. Elle donne dans un premier temps les milieux, le matériel et les méthodes d'étude et en second lieu les résultats, la discussion et les recommandations.

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lere Partie : Revue

bibliographique

Cette partie comprend deux chapitres :

Chapitre 1 : Caractéristiques et système de gestion du parc W du Bénin et sa zone riveraine

Chapitre 2 : Transhumance transfrontalière et son importance en Afrique de l'Ouest

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Chapitre 1 : Caractéristiques et système de gestion du parc W du Bénin et sa zone riveraine

1.1. Données physiques

1.1.1. Situation géographique et structure

Le complexe parc national du W (PNW) est situé à l'extrême nord-ouest du Bénin, entre les latitudes 11°20' et 12°23' N et les longitudes 02°04' et 03°05' E. Il est limité au Nord par la Commune de Karimama, au Sud par la Commune de Banikoara, à l'Est par la rivière Alibori et les Communes de Kandi et Malanville, et à l'Ouest par la rivière Mékrou. Il fait partie d'un ensemble d'aires protégées contiguës de cinq (5) millions d'hectares, considéré comme le plus grand parc transfrontalier de l'Afrique de l'Ouest et appartient au complexe régional Bénin, Burkina Faso et Niger.

Au Bénin, le complexe W (carte 1) comprend :

- le parc national du W (563 280 ha) ;

- la zone cynégétique de la Djona (115 200 ha) ;

- la partie orientale de la zone cynégétique de l'Atacora baptisée zone de chasse de la Mékrou (83 958 ha).

Il existe une zone tampon. Selon l'article 11 de la loi n° 2002-016 du 18 octobre 2004, la zone tampon est la bande du domaine forestier protégé qui ceinture les aires protégées (BENIN, 2004). Cette bande est de 5 km autour des limites du parc W.

1.1.2. Climat

1.1.2.1. Pluviométrie - Température

Le parc national du W a un climat de type soudano-sahélien avec une pluviométrie qui oscille autour 600 mm par an au nord du complexe (à Karimama) et entre 700 et 900 mm au sud (à Banikoara). Il comprend deux saisons :


· la saison sèche comprenant :

- une période chaude de mars à mi-mai avec une température mensuelle moyenne oscillant entre 30 et 34°C et des maxima atteignant 40°C ;

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- une période fraîche allant d'octobre à février avec des températures mensuelles moyennes autour de 25°C et des minima pouvant atteindre 12°C. C'est la période de l'harmattan.

Carte 1 : Présentation du parc national du W avec les communes riveraines


· la saison pluvieuse allant de mi-mai à octobre avec une température mensuelle moyenne autour de 26°C.

En 2005, les relevés du service météorologique de la station de Kandi, sont présentés par la figure 1.

Precipitations (mm)

450

400

350

300

250

200

150

100

50

0

225

200

25

75

50

0

175

150

125

100

Temp6ratures (`C)

Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

Précipitations Températures

Figure 1 : Diagramme ombro-thermique de Kandi en 2005 (ASECNA, 2005)

1.1.2.2. Vents

La zone du PNW est soumise à deux types de vents s'établissant dans le temps avec des vitesses variables :

- l'alizé maritime : il souffle d'avril en novembre suivant une direction sud-ouest avec une vitesse variant entre 3 m/s en avril à 2 m/s à mi-octobre. Sa vitesse maximale oscille entre 23 m/s et 30 m/s suivant les mois. A Kandi, la vitesse moyenne des vents est de 28 m/s en septembre et de 30 m/s en mai puis en juillet ;

- l'harmattan : il souffle suivant une direction nord-est sur toute la partie septentrionale du Bénin, de novembre à mars, avec une vitesse moyenne de 2 m/s, atteignant parfois 12 à 14 m/s. C'est un vent sec et froid chargé de sable et de poussières, asséchant rapidement les points d'eau et réduisant considérablement la visibilité.

1.1.2.3. Insolation - Humidité relative

La durée mensuelle moyenne de l'insolation est de 8,19 heures. L'insolation est maximale en novembre et minimale en août. La période la plus ensoleillée va d'octobre à mai et la moins ensoleillée de juin à septembre.

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Les mois ayant de fortes valeurs d'humidité relative maximales de l'air vont d'avril à novembre et minimales de mai à octobre. Les moyennes mensuelles varient de 26% en février à 80% en août. De décembre à avril, l'humidité relative moyenne est inférieure à 50%.

Pour l'année 2005, les relevés du service météorologique de la station de Kandi sont présentés par la figure 2.

120

Humidite relative (%)

100

40

80

60

20

0

Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

 

HR minimales HR moyennes HR maximales

Figure 2 : Répartition mensuelle des humidités relatives à Kandi en 2005 (ASECNA, 2005)

1.1.3. Relief - sol

Le relief du parc du W est un modelé d'ondulation de 20 à 40 m de dénivelé avec une pente inférieure à 2%. Le PNW comprend en outre l'extension terminale de la chaîne de l'Atacora.

Avec ses longues bandes orientées nord-nord-est - sud-sud-ouest, les formations de la région comprennent surtout les séries du Buem, de l'Atacorien et du Dahomeyen ; on y rencontre aussi des roches éruptives basiques mais de moindre importance.

A partir du 10ème parallèle, au nord-est, une pénéplaine granito-gneissique s'incline en
pente douce vers le Niger. Cette monotonie est cependant rompue par la présence de

quelques collines d'altitude assez modeste. A l'exception des surfaces cuirassées des vallées fluviales ou bas-fonds, la pénéplaine granito-gneissique présente essentiellement des sols ferrugineux tropicaux qui diffèrent selon la nature et la position topographique de la roche-mère.

1.1.4. Hydrographie

La région du complexe du parc national du W est parcourue par de nombreux cours d'eau dont les principales sont la Mékrou (410 km) à l'Ouest et l'Alibori (338 km) à l'Est (carte 2).

A ces deux importantes rivières, s'ajoutent des affluents dont les principaux sont Kpako, Kompa gorou, Kokodiangou, Bédarou, Djiga et Konékoga ; ils sont tous des intermittents. Ils reçoivent, de part et d'autre, des cours d'eau secondaires. La rivière Mékrou coupe, sur son cours, les extensions terminales de la chaîne de l'Atacora à deux endroits, donnant naissance aux chutes de Koudou et à une série de rapides et de passages étroits dont la gorge de la Mékrou est la plus représentative.

1.1.5. Végétation

La végétation du parc national du W a été étudiée par SZANIAWSKY (1982) puis complétée par SINSIN (1985). La majeure partie du parc du W (Centre et Nord) à l'exception de la bande sud et de la zone cynégétique de la Djona (ZCD) est constituée de savanes arbustives que sillonnent les forêts galeries. Ce sont des formations anciennes dont les arbustives sont régulièrement rabattues par les feux de saison sèche. La densité des sujets ligneux est faible et leur taille ne dépasse guère 3 m de hauteur. Cet appauvrissement du parc en formations boisées serait dû aux caractéristiques du sol et des roches sous-jacentes. En effet, les sols sont, en général, squelettiques et la végétation peut être basse et si claire que la formation mérite en certains endroits le nom de steppe arbustive. L'espèce caractéristique des savanes du PNW est le Sclerocarya birrea.

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Carte 2 : Réseau hydrographique du parc régional du W (la flèche indique le méandre du fleuve Niger qui a donné son nom au parc)

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Selon le rapport d'activités du Projet UNSO en 1994, la superficie de l'espace pastoral dans les communes de Malanville et Kandi est 75 663 ha sans les forêts classées et aires protégées, puis de 197 466 ha avec celles-ci. Pour ADJAGNISSODE (2003), la production primaire totale de ces espaces pastoraux est respectivement de 3 486 et de 4 200 kg MS/ha dans les communes de Malanville et de Kandi.

Les travaux effectués par TAMOU (2002) sur l'étude de pâturage dans la ZCD ont permis de distinguer cinq types de pâturages au sein desquels celui à Hyparrhenia involucrata et Pennisetum polystachion a la plus grande phytomasse, correspondant à une capacité de charge de 0,24 UBT/ha pendant la période sèche et après le passage des feux. Pour l'auteur, ce chiffre indique que la ZCD est surpâturée en période sèche, au vu des effectifs d'animaux qui la traversent.

1.1.6. Faune

Par comparaison au Parc National de la Pendjari (PNP), dans le PNW, la densité des grands mammifères est très faible. Les diverses formes de pressions anthropiques (braconnage, pâturage) en sont les principales causes. On connaît actuellement très peu de choses sur la faune du complexe du W. Toutefois, presque toutes les espèces de grands mammifères de la savane soudanienne de l'Afrique de l'Ouest devraient encore s'y trouver. Aux chutes de Koudou, on rencontre la plupart des espèces fréquentes dans la Pendjari, mais en faible nombre. Le site des éléphants à Alfakoara dans la ZCD attire beaucoup de touristes.

Les mammifères les plus fréquemment rencontrés sont Syncerus caffer (Buffle), Loxodonta africana (Eléphant), Hipotragus equinus (Hipotrague), Alcelaphus buselaphus (Bubale), Sylvicarpus grimmia (Céphalophe de Grimm), Oureba ourebi (Ourébie), Tragelaphus scriptus (Guib harnaché), Kobus defassa (Cobe defassa), Kobus redunca (Cobe des roseaux), Damaliscus korrigum (Damalisque), Hippopotamus amphibius (Hippopotame), Phacochoerus aethiopicus (Phacochère), Panthera leo (Lion), Panthera pardus (Panthère), Acynonyx jubatus (Guépard), Crocuta crocuta (Hyène), Papio anubis (Babouin doguera), Erythrocebus patas (Singe rouge).

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L'avifaune du PNW est représentée par 230 espèces selon les travaux de SZANIAWSKY (1982). Les oiseaux les plus couramment observés sont Pintade, Francolin, Charognard, Buphagus africanus (Pique-boeuf à bec jaune), Macrodipteryx longipennis (Engoulevant à balanciers), Crapimulgus olimacurus (Engoulevant à longue queue). Les reptiles sont assez représentés ; différentes espèces de serpents, de tortues aquatiques, de sauriens telles que Crocodylus niloticus (Crocodile), Varanus niloticus (Varan). Les principaux cours d'eau du parc sont poissonneux. Les poissons les plus courants sont Lates niloticus (Capitaines), Hydrocynus sp (Poissons chats).

1.2. Données socio-économiques

1.2.1. La population riveraine du W

La population des cinq communes riveraines au parc national du W est de 316 125 habitants (INSAE, 1992). En 2002, cette population est passée à 452 459 habitants soit un taux d'accroissement annuel de 3,92 % (INSAE, 2002). Pour 2006, cette population est estimée à 534 434 habitants (INSAE, 2006 a). Selon les estimations de la DPSE du CARDER Borgou en 1997, les populations riveraines du parc national du W et de la ZCD s'élèvent à 109 116 habitants dans 61 villages. Dans ces mêmes communautés, le recensement de 2002 donne 254 286 habitants, soit un accroissement annuel de 22,17 %.

En plus de l'accroissement naturel de la population, la dynamique démographique actuelle est entretenue par de fortes immigrations dans la périphérie du complexe W au Bénin. Ces immigrations concernent des groupes ethniques divers : Peul, Djerma et Haoussa qui ont quitté majoritairement les pays frontalier situés au Nord du Bénin. Les Peul sont des éleveurs tandis que les Djerma et les Haoussa sont d'anciens pêcheurs qui se sont progressivement reconvertis en agriculteurs.

Les principales ethnies de la zone riveraine du W sont les Dendi et apparentés à Karimama (64%) et Malanville (62%) ; les Bariba qui dominent à Banikoara (52%) et à Kandi (32%) ; les Peul, une communauté assez dispersée qui représentent 18% des habitants de Karimama, 14% à Malanville, 35 et 30% respectivement à Banikoara et à

Kandi. Les autres ethnies sont Haoussa, Mokolé, Djerma, Gourmantché, Tchenga, Fon, Yoruba et Nago.

Ces communautés sont rurales à 91 % et sont de religion musulmane (majorité), chrétienne et animiste. La densité humaine est très variable. Elle est relativement élevée dans la zone du fleuve Niger (plus de 20 habitants/km2 à Karimama). Mais, si l'on exclut la surface occupée par le parc dans cette zone, on atteint une densité équivalente à celle de Malanville soit 24 habitants/km2 (BILLAND et al., 2004).

La zone riveraine du W a les taux d'alphabétisation et de scolarisation les plus bas du pays avec respectivement 12,7% (contre 42,9% au niveau national) et 22,6% (contre 51,3% au plan national) pour ce qui concerne les jeunes. Au niveau des adultes, le taux d'alphabétisation est de 10,5% contre 32,5% au niveau national (INSAE, 2006 b).

1.2.2. Situation économique dans la région du W

L'agriculture et l'élevage sont les principales activités économiques des communautés riveraines du parc. En effet 65 à 75% des chefs de ménage sont agriculteurs et 15 à 25% des éleveurs. La technique culturale est de type traditionnel avec la culture itinérante sur brûlis basée sur des moyens de production rudimentaires. C'est une agriculture de subsistance. Les principales cultures vivrières sont le sorgho, le mil, le maïs, le manioc et l'igname ; la principale culture de rente est le coton. Peu associé aux cultures agricoles, l'élevage demeure aussi traditionnel. La volaille et les petits ruminants sont élevés par tous les groupes sociaux. Les races bovines les plus rencontrées sont le Somba (race naine trypanotolérante) de l'Atacora, le Borgou, les croisés Somba × Borgou, Somba × Zébu, Borgou × Zébu (SZANIAWSKY, 1982).

Par ailleurs les usines d'égrenage de coton de Banikoara et de Kandi, les importants marchés régionaux de Banikoara, Kandi, Angaradébou et Malanville, le développement urbain des localités de Kandi et de Malanville sont des sources d'activités économiques croissantes.

La population rurale autour du parc W connaît des conditions socio-économiques
parmi les plus difficiles. L'indice de développement humain (HDI) du PNUD (qui
assemble des indicateurs de santé, alphabétisation et performance économique) les

place au 147ème rang sur un total de 162 pays listés en 2001 (BILLAND et al., 2004). Une proportion élevée des emplois est concentrée dans les activités de faible productivité, donc peu rémunératrice. Cette zone a l'indice de pauvreté humaine (IPH) le plus élevé du pays, soit 65,7 contre 47,6 pour le pays (INSAE, 2006 b).

1.3. Système de gestion du parc W et de sa zone riveraine

Le complexe du W est le dernier refuge en Afrique de l'Ouest d'énormes troupeaux de grands mammifères terrestres emblématiques qui caractérisaient le continent il y a moins d'un siècle. Ce complexe d'aires protégées du W se trouvait confronté à un processus de dégradation bien réel (BILLAND et al., 2004). Pour freiner ce processus, il a été adopté, à partir de 2001, une politique de renforcement de la surveillance, et la mise en oeuvre de pratiques de gestion adaptées au W.

1.3.1. Objectif

L'objectif visé dans la mise en place d'un système de gestion du parc W et de sa zone riveraine est d'assurer la gestion durable des milieux et des espèces sur la base d'un plan d'aménagement. Selon l'article 46 de la loi n° 2002-016 du 18 octobre 2004 ce plan privilégie la conservation de la faune, de la flore, des biotopes et des écosystèmes, tout en permettant, lorsque les conditions s'y prêtent, des utilisations socioéconomiques contrôlées de leurs ressources (BENIN, 2004).

1.3.2. Cadres juridique et institutionnel

Les statuts juridiques du PNW ont été fixés pour la première fois par un décret du 4 août 1954 portant transformation en parcs nationaux de trois réserves totales de faune existant en AOF promulgué par arrêté général n°6009 SET du 19 août 1954. Cet arrêté a été complété notamment par :


· la loi 87-014 du 21 septembre 1987 portant réglementation de la protection de la nature et de l'exercice de la chasse et ses textes d'application. Cette loi ne prévoit pas une implication des populations riveraines aux activités de gestion des aires protégées ni la possibilité d'organiser des chasses villageoises (BENIN, 1987);

· le décret n° 98-487 du 15 octobre 1998 portant création, attribution et fonctionnement du CENAGREF. Mais les attributions, la structure et le fonctionnement du CENAGREF seront précisés plus tard par l'arrêté n° 037/MDR/DC/SG/CP du 25 janvier 1999 ;

· la loi n° 2002-016 du 18 octobre 2004 portant régime de la faune en République du Bénin révise la loi 87-014 du 21 septembre 1987 pour tenir compte des nouvelles orientations de la politique de gestion des ressources naturelles mettant l'accent sur la participation des populations riveraines (BENIN, 2004).

Par ailleurs, le Bénin a adopté des instruments législatifs internationaux pertinents pour la préservation et la gestion des aires protégées. Ce sont :

· la Convention de Washington ou CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of wild fauna and flora) ;

· la Convention d'Alger de 1968 portant Charte Africaine de la Nature ;

· la Convention de Rio de Janeiro de 1992 sur la Diversité Biologique ;

· la Convention de Ramsar portant sur la gestion durable des ressources des zones humides ; entrée en vigueur au Bénin le 24 mai 2000 (CENAGREF, 2002 ; BILLAND et al., 2004).

1.3.3. Structures de gestion

1.3.3.1. La Direction du Parc National du W (DPNW)

La DPNW est sous l'autorité du CENAGREF dont la mission est la conservation et la gestion des aires protégées définies comme l'ensemble des réserves naturelles intégrales, des parcs nationaux, des réserves de faune, des réserves spéciales ou sanctuaires, des zones cynégétiques et leurs zones tampon. L'organigramme de la DPNW est précisé par le CENGREF ; cette direction est composée de quatre (4) services : service Administratif et Financier, service Surveillance et Infrastructure, service Ecologie, service communication.

1.3.3.2. Le Programme Régional Parc W / ECOPAS (PRP-W / ECOPAS)

En mai 2000, une réunion interministérielle regroupant les Etats du Bénin, du Burkina Faso et du Niger aboutit à la « déclaration de la Tapoa ». Cette déclaration affirme la

volonté commune de ces pays de gérer conjointement le parc transfrontalier du W, pour aboutir à une valorisation durable des ressources naturelles à travers une mise en place de mécanismes de distribution équitable des bénéfices au profit des populations riveraines des aires protégées (ECOPAS, 2002). L'Union Européenne soutient cette initiative et le PRP-W / ECOPAS (Ecosystème Protégé en Afrique Soudano-sahélien) voit le jour et démarre ses activités le 1er janvier 2001.

1.3.3.3. Le Projet d'Eco-développement et de Gestion des Espaces des zones d'Influence des Parcs Nationaux (PEGEI)

Partenaire direct d'ECOPAS, c'est un projet financé par la Coopération Néerlandaise et exécuté par l'UICN.

1.3.3.4. Les organisations communautaires de gestion des ressources naturelles Globalement on peut distinguer, autour du parc :

· Les AVIGREF : ce sont les Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune. Elles sont mises en place dans le cadre de l'application de la politique nationale de gestion participative des ressources naturelles. L'AVIGREF regroupe les chasseurs traditionnels et/ou leurs descendants, et divers autres acteurs concernés par l'exploitation des ressources protégées tels les pasteurs Peul et les femmes.

· Les confréries de chasseurs : ce sont des organisations traditionnelles de chasseurs encore vivantes et très puissantes dans les zones où le braconnage est développé. C'est le cas de l'association traditionnelle baptisée Mekouarey à Karimama (CENAGREF, 2002).

1.3.4. Fonctionnement

Le personnel mis à disposition du parc est organisé selon cinq fonctions principales : direction, surveillance, développement dans la périphérie du parc, suivi écologique et administration. Au cours de la mise en place du PRP-W / ECOPAS, l'organigramme de la DPNW a été remanié, avec l'arrivée de deux types de personnel supplémentaire : le personnel contractuel recruté par le projet et le personnel fonctionnaire mis à

disposition du projet par l'administration (BILLAND et al., 2004). La composante béninoise du PRP-W / ECOPAS appuie directement la DPNW qui fait partie du CENAGREF.

Les activités réalisées sont entre autres : la formation d'éco-gardes, la formation des animateurs à la gestion participative des ressources naturelles, la réalisation d'ouvrages, la réouverture ou l'entretien de pistes, l'aménagement de points d'eau, la réalisation d'émissions radio-télévisées de promotion et de sensibilisation, l'installation de nattes de concertation animées par des animateurs.

La surveillance se déroule à partir de deux bases-arrière (Banikoara et Karimama) et des postes de permanence. Ces derniers ont pour rôle d'occuper de façon quasi permanente le terrain à des fins de dissuasion, de collecter des indices de toutes natures, de piéger et d'arrêter les délinquants.~ Des patrouilles sont régulièrement organisées ; les patrouilles conjointes se coordonnent grâce aux radios. La surveillance du complexe W est assurée avec le concours des auxiliaires villageois et des hommes envoyés par les AVIGREF. Ces AVIGREF sont également associés dans la délivrance des permis de visite et dans divers travaux du complexe (pistes, informations, aménagements divers).

Les règles de gestion du parc W et de sa zone périphérique sont définies par la loi n°2002-016 du 18 octobre 2004. Cette loi prévoit, lorsque les conditions s'y prêtent, des utilisations socio-économiques contrôlées des ressources du parc (BENIN, 2004).

1.4. Occupation des sols et sa dynamique dans la zone périphérique

Le terroir est organisé par l'autorité du village. Dans le cas des agriculteurs, il faut, pour avoir un champ, s'adresser au chef de village ; ce dernier intercède auprès d'un grand propriétaire terrien qui cède une partie de ses terres au demandeur jusqu'au moment où il en aura besoin. Dans la commune de Karimama par exemple, les champs sont situés en majorité autour du village ; sur toute cette bande, il n'existe pas de pâturages sauf dans le cas de quelques rares jachères situées loin des agglomérations. En saison sèche, après la récolte du riz, les animaux pâturent dans le bas-fond pour profiter de la bourgoutière. En saison pluvieuse, les autorités villageoises demandent

aux éleveurs de libérer le bas-fond pour remonter vers la colline qui est, dans le cas de Pékinga, la limite du parc W (SOUNKERE, 2003).

Selon BILLAND et al. (2004), la zone périphérique du parc W est à la limite de la saturation foncière. La problématique diffère d'une zone à l'autre, mais dans tous les cas, la pression foncière est une réalité dans les terroirs riverains du parc. Dans un tel contexte de concurrence accrue pour l'utilisation de l'espace entre forestiers, agriculteurs et éleveurs, une solution alternative trouvée par ces derniers est d'opérer des incursions dans le parc au mépris des dispositions en vigueur. C'est dans ce contexte déjà difficile que les transhumants étrangers sont accueillis dans la zone riveraine du W.

Chapitre 2 : La transhumance transfrontalière et son importance en Afrique de l'Ouest

2.1. Définition de la transhumance

Le mot transhumance, étymologiquement, vient du latin « trans » (au-delà de), et « humus » (terre), et signifie ainsi mener paître les bestiaux sur un autre terrain. Selon N'DIAYE cité par ATCHY (1976), ce terme était utilisé autrefois pour désigner les mouvements de moutons méditerranéens qui se déplaçaient en été vers les montagnes voisines où persiste l'herbe fraîche pour redescendre en automne. Selon le même auteur, aujourd'hui, il est utilisé pour désigner les déplacements de bétails (bovins, ovins, caprins) qui utilisent alternativement et saisonnièrement deux zones de pâturage séparées par une région qu'ils ne font que traverser. C'est plus précisément, en zone soudano-sahélienne, un mouvement oscillatoire entre la zone sahélienne en saison pluvieuse et la zone soudanienne en saison sèche.

D'autres auteurs donnent des définitions qui ne s'attachent qu'à la notion de déplacement du bétail. Ainsi, d'après TURNER (1999), la transhumance est un déplacement alternatif et périodique des animaux entre deux régions de climats différents. Selon DIALLO et al. (1985), la transhumance est définie comme un déplacement de troupeau utilisant alternativement et saisonnièrement deux zones de pâture. Pour DAGET et GODRON (1995), le système de production transhumant consiste en un déplacement saisonnier des troupeaux, d'une région à une autre, par des éleveurs qui ont une habitation permanente établie sur leur terroir d'attache.

La transhumance doit être distinguée de deux autres mouvements qui sont le nomadisme et la migration. Le nomadisme désigne l'ensemble des mouvements pastoraux d'une zone climatique à des dates et dans des directions imprévisibles sans idée de retour et sans non plus quitter la zone climatique (BARRAUD et al., 2001). La migration, quant à elle, est un départ définitif d'une population ou d'une fraction d'ethnie, hors des limites de la zone de parcours traditionnelle. Parfois, ces mouvements peuvent s'imbriquer de telle sorte que la transhumance se complique de nomadisme et que la migration soit entreprise à la faveur de la transhumance et du

nomadisme. Dans tous les cas, ces mouvements sont motivés par un certain nombre de contraintes qui rendent les zones de parcours traditionnelles hostiles à la survie des animaux.

2.2. Contraintes dans les zones agro-pastorales traditionnelles

Dans les zones agro-pastorales traditionnelles, le système de gestion de l'espace connaît de nombreuses contraintes en raison de l'accroissement des effectifs d'animaux, de l'extension des cultures de rente et de l'urbanisation. Ces contraintes engendrent notamment la restriction des parcours naturels, l'appauvrissement des terres suite à une exploitation excessive et la perte du pouvoir des autorités traditionnelles gestionnaires de l'espace (TABE BETE, 1988).

Selon AKPO (2005), dans la plupart des pays à vocation pastorale, les meilleures terres sont cultivées. Les terres de parcours sont souvent impropres aux cultures et caractérisées par l'hétérogénéité de leur répartition dans l'espace et dans le temps. La densification généralisée de l'occupation de l'espace rural consécutive à la croissance démographique et à l'augmentation de la productivité du travail agricole a entraîné une concurrence croissante avec l'agriculture. Il en résulte de multiples empiètements sur le domaine pastoral qui rend de plus en plus difficile la circulation des troupeaux et l'accès à certaines zones pastorales. Cette situation engendre de nombreux conflits entre pasteurs et agriculteurs.

Par ailleurs, depuis longtemps, les pasteurs sont dénoncés comme destructeurs de l'environnement. Mais alors que ces critiques émanaient d'administrations ou de milieux socio-culturels majoritairement hostiles, depuis quelques décennies ce sont des rangs des meilleurs connaisseurs des sociétés pastorales et des pasteurs eux-mêmes que montent les cris d'alarme (AKPO, 2005). MOHAMMED (1994) affirme que les pasteurs font usage des feux pour détruire les pailles et stimuler les repousses d'espèces graminoïdes appétées par le bétail. D'après l'UNESCO (1981), l'usage du feu par les pasteurs serait la cause de la précarité des milieux et de la progression du désert. Après le passage des feux de brousse, en saison sèche, les savanes sont nettement plus fréquentées par les pasteurs et leurs troupeaux en raison de leur réserve en fourrage ligneux (HEYMANS et SINSIN, 1988). Lorsque les animaux finissent de

consommer les feuilles des branches les plus basses, les pasteurs grimpent sur ces arbres pour couper du fourrage. L'ébranchage et l'écorçage abusifs de Afzelia africana et de Khaya senegalensis par les pasteurs en quête de fourrage aérien pendant la saison sèche sont fréquents dans la commune de Banikoara (TOKO, 1994). Cette pratique dégrade à la longue l'environnement (RINEY, 1979).

La conjonction de la croissance des troupeaux et de l'effritement progressif de l'espace pastoral fait croître rapidement la pression exercée sur l'environnement. Le surpâturage menace lorsqu'il n'a pas encore commencé ou achevé ses méfaits. Les épisodes de sécheresse qui ont marqué les dernières décennies ont aggravé et parfois tragiquement révélé la gravité du problème écologique auquel doivent faire face de nombreuses sociétés pastorales (AKPO, 2005). L'une des conséquences de cette dégradation est la migration vers le sud des populations sahéliennes, en particulier des pasteurs de la zone dite « pastorale » (RAYNAUT, 1997). Les mouvements ainsi engendrés sont dominés par la transhumance qui comporte plusieurs variantes.

2.3. Différents types de transhumance

Il existe plusieurs types de transhumance en fonction des critères mis en jeu. Ainsi en

tenant compte de la distance qui est le critère le plus important, on peut citer :

- la grande transhumance1 : de grandes distances sont parcourues, souvent plusieurs centaines de kilomètres, entre les terroirs de départ et les zones d'accueil. Les déplacements peuvent se limiter à un changement de région dans le même pays, comme ils peuvent aussi dépasser les limites frontalières (TOUTAIN et al., 2001). En saison sèche, période où les herbes déjà lignifiées sont devenues sèches et les points d'eau rares, les pasteurs sont obligés de se déplacer à la recherche des points d'eau et du pâturage ;

- la petite transhumance2 : ce type de mouvement de bétail s'effectue sur de petites distances. C'est une transhumance nationale, car elle ne traverse pas de frontière. Pendant la saison sèche, les raisons de la mobilité des troupeaux résidants sont les mêmes que celles des grands transhumants (TOUTAIN et al., 2001). En saison

1 bartoje en Poulaar.

2 yawtooru en Poulaar.

pluvieuse, elle a pour but d'éviter les dommages causés par le bétail dans les champs; sa durée et son éloignement par rapport à la zone d'attache de l'éleveur sont alors très limités (CONVERS, 2002).

D'autres critères de classification permettent de citer : la transhumance commerciale (occasion d'échange de résidus agricoles et de céréales contre la fumure ou autres produits d'élevage), la transhumance touristique connue en France ( http://www.aurelle-verlac.com/vachaubr/transhum/transhum.htm), la transhumance sociale (concerne certaines tribus d'éleveurs telles que les Touareg et les Peul au Niger et constitue une occasion de resserrement de liens entre familles dispersées), la transhumance nationale ou la transhumance transfrontalière.

2.4. Transhumance transfrontalière en Afrique de l'Ouest

2.4.1. Gestion et organisation

Dans la plupart des pays ouest africains, la gestion de la transhumance revient au ministère chargé des activités agricoles et de la pêche. Il y a des cas où la gestion de la transhumance se fait en collaboration avec d'autres structures ministérielles telles que l'administration territoriale (Bénin) ou l'environnement (Sénégal) (ABIOLA et al. 2005).

Malgré que la gestion de la transhumance relève de l'Etat, son organisation lui échappe généralement. Elle est souvent assurée par l'éleveur, des associations d'éleveurs ou marginalement par les services d'élevage. Cependant dans certains pays (Burkina Faso, Togo), c'est la direction de l'élevage qui organise la transhumance.

La durée de la transhumance dans l'ensemble de pays de l'Afrique de l'Ouest varie de 3 à 7 mois (ABIOLA et al. 2005). Le document administratif exigé pour la transhumance dans les pays de la CEDEAO est le certificat international de transhumance (CIT). En outre, la plupart des pays exigent un document sanitaire (laisser passer zoo sanitaire, certificat de vaccination, certificat vétérinaire).

La transhumance transfrontalière peut concerner seulement les zones frontalières ou
intéresser toute l'étendue du territoire d'un pays. Au Burkina Faso par exemple, la
zone de transhumance avec les pays voisins est la frontière avec le Mali, le Bénin, le

Togo, le Ghana, le Niger et la Côte d'Ivoire. Certains pays comme la Côte d'Ivoire et le Togo ne font qu'accueillir les animaux transhumants (ABIOLA et al. 2005). La traversée des frontières pour des fins de transhumance se présente pour certains pays comme l'indique le tableau I :

Tableau I : Mouvement transfrontalier du bétail transhumant dans quelques pays d'Afrique occidentale

Pays

Bénin

Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Mali Sénégal

Togo

Provenance

Niger, Nigéria

Mali, Niger

Burkina Faso, Mali

Mauritanie, Niger

Mauritanie, Mali

Burkina Faso, Niger

Destination

Nigéria, Togo
Bénin, Togo
-
Côte d'Ivoire, Mauritanie
Gambie, Mali
-

Source : ABIOLA et al. (2005)

2.4.2. Importance

Tous les pays de l'Afrique de l'Ouest pratiquent la transhumance et celle-ci concerne les bovins, les petits ruminants et les camelins. Par contre, les pays africains comme l'Afrique du Sud, le Botswana, la République Démocratique du Congo, l'Ouganda, le Sao Tomé et Principe, le Swaziland ne pratiquent pas du tout la transhumance.

2.4.2.1. Au plan institutionnel et socio-économique

Malgré que la transhumance soit un système largement pratiqué en Afrique de l'Ouest, elle bénéficie très peu de projets spécifiques financés par des ressources nationales. Par contre, beaucoup de projets d'élevage à financement international prennent en compte la transhumance. Dans certains pays comme la Côte d'Ivoire, on dénombre jusqu'à 20 projets, tous financés par l'extérieur ; au Bénin, sur 7 projets prenant en compte la transhumance, 5 ont un financement extérieur (ABIOLA et al. 2005).

Au plan économique, la transhumance transfrontalière est un facteur d'échange de
produits d'élevage (SOUNKERE, 2003). D'après HESSOU et SINSIN (1999), elle
s'effectue à travers une transaction de bétail importé sur pied selon une filière de la

transhumance impliquant divers acteurs qui en tirent des profits intéressants. La transhumance commerciale permet d'approvisionner en protéines animales les grands centres urbains et les circuits commerciaux induisent des milliers d'emplois secondaires comme par exemple au Burkina Faso où ils étaient estimés à 60 000 équivalent temps plein en 2001 (FAO/CDI, 2003).

2.4.2.2. Au plan juridique

Pour les pays où la transhumance fait partie des systèmes d'élevage, on note une très grande hétérogénéité dans la nature juridique et le contenu des textes relatifs à la transhumance. Tous ces pays n'ont pas des textes réglementaires spécifiques à la transhumance et parmi ceux qui en ont (Bénin, Burkina Faso, Mali), il y en a qui n'ont pas encore de textes d'application (Burkina Faso, Mali).

Au Bénin, les textes relatifs à la transhumance sont notamment :

· la loi n° 87-013 du 21 septembre 1987 portant réglementation de la vaine pâture, de la garde des animaux domestiques et de la transhumance (BENIN, 1987);

· l'arrêté n° 165/MDRAC/DGM/DAFA/SAA du 12 juin 1989 portant fixation d'une taxe nationale de pacage sur le cheptel bovin sur toute l'étendue du territoire de la République Populaire du Bénin (BENIN, 1989) ;

· l'arrêté interministériel n° 010/MISAT/MDR/D-CAB du 20 janvier 1992 portant création, organisation, attribution et fonctionnement des comités de transhumance (BENIN, 1992).

Au niveau régional, la plupart des pays pratiquant la transhumance ont souscrit à des accords bilatéraux et multilatéraux au sein d'organismes qui traitent de la transhumance. C'est l'exemple de la décision A/DEC.5/10/98 du 31 octobre 1998 relative à la réglementation de la transhumance entre les Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, 1998). Les autres organismes du genre en Afrique de l'Ouest sont l'UEMOA et le CILSS notamment. Les accords régionaux prennent en compte les différents aspects importants de la transhumance (mobilité des animaux, utilisation durable des ressources pastorales, gestion des conflits et préservation de l'environnement).

2.4.3. Difficultés

Les principales difficultés rencontrées par la transhumance transfrontalière sont l'insuffisance des ressources en eau et en pâturage, l'inorganisation des éleveurs, la porosité des frontières, les problèmes d'insécurité (vol de bétail, conflits), la gestion des parcours, l'absence de structures d'accueil, les problèmes de communication. Ces problèmes sont aggravés ces dernières années par l'explosion démographique et l'augmentation du cheptel qui engendrent une recherche généralisée de nouvelles terres à mettre en valeur.

Ainsi, l'afflux des migrants de plus en plus vers les régions protégées ; ceci créé les conditions d'une saturation de l'espace propice à générer des rapports de concurrence entre agriculteurs et éleveurs (RIEGEL, 2002). Les aires protégées sont, dès lors, convoitées par les éleveurs et leurs animaux malgré les interdictions. LY (2001) constate que beaucoup d'éleveurs effectuent leur transhumance dans de nombreux espaces classés, comme dans les parcs nationaux du Djoudj (Sénégal) et de la Pendjari (Bénin) ou dans la réserve de faune de l'Arly (Burkina Faso). SOURNIA (1998) cite d'autres exemples comme les parcs nationaux du Badiar (Guinée Conakry), de la Boucle du Baoulé (Mali) et du W (Bénin).

2.4.4. Transhumance dans la région du parc W

Dans la zone d'influence du parc W, la transhumance concerne environ 3000 éleveurs avec un cheptel estimé à 143 453 têtes de bétail en 1990. Au Nord du parc, dans les communes de Karimama et Malanville, ce sont 87,31% des troupeaux qui quittent la zone pour descendre dans le Sud, tandis qu'au Sud du parc (Banikoara), seuls 16% du bétail se déplacent vers le Sud, soit environ 16 000 têtes de bétail (BILLAND et al., 2004).

La grande transhumance concerne des pasteurs nationaux et une grande majorité de pasteurs originaires des pays voisins, en particulier le Niger. TAMOU (2002) constate que la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du parc W du Bénin est pratiquée par des populations de diverses nationalités (nigérienne, le burkinabé, nigériane, togolaise). Cette transhumance d'après SAIDOU (1986) intéresse, dans la partie nigérienne, les animaux des départements de Niamey et de Dosso. Pour

TOUTAIN et al. (2002), au Burkina Faso, les animaux concernés sont ceux des provinces de la Tapoa, du Gourma, de Komandjari, du Yagha et du Seno. Des troupeaux viendraient même du Mali et de la Mauritanie.

Au sein des trois pays ayant en commun le parc W des actions sont menées au profit de la transhumance transfrontalière. Ainsi par exemple, à l'issue d'une réunion qui s'est tenu à Cotonou en février 2004, il a été retenu cinq (5) axes de transhumance dans la zone du WAP (CENAGREF, 2002). Comme les transhumants ne suivent pas toujours les parcours prévus officiellement et, ce pour diverses raisons, des conflits souvent violents éclatent entre transhumants et sédentaires. Selon FAAKI (1996), 55% des transhumants étrangers sont armés au cours de la transhumance ; l'un de leur itinéraire habituel à travers le W est la ligne Karimama-Founougo (cartes 3 et 4).

Cette pratique mérite d'être bien cernée spécifiquement dans cet espace géographique en vue d'y trouver des solutions adaptées. C'est là le but de cette étude qui s'intéresse aux impacts socio-économiques dans la zone riveraine du parc transfrontalier du W.

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# Pékin ga

# Monsey Borgnami # Loumbal-oumbou #

 
 
 
 

#

Transhumance nationale Agglomération

Route Nationale Inter-Etat Route de praticabilité Piste praticable

Réseau de pistes du

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permanente

Parc W du Niger

 
 
 
 
 
 
 

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# Kompa

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Kara Banikani # #

Bogo-Bogo# # Mamassi Pe ul

# KARIMAMA

# Mamassi # Kofouno

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# Molla

#

# Koki

Bodjécali #

Torozougo u # # Kantoro

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Cours d'eau permanent Cours d'eau saisonnier Forêt classée

Parc National du W Zone Cynégétique de Zone cynégétique de Limite du Parc W du Limite du Parc W (partie

du Niger la Djona Mékrou Niger (partie Niger)

Burkina Faso)

Konkombri

#

 
 
 

#

Kérémou

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# Founougo # # Arbonga

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#

# Gomparou

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# Sèkalé

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Guéné

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#

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# Goungoun

# Fiafounf oun

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#

 

# Alfakoara Forêt classée

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# Angardébou

 
 
 

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8 16 24 32 Kilo mètres

 

# KAND I

# Si n a wo ng ou r o u # Don wa ri

Forêt class ée

de l'Alibo ri Supérieur

 
 
 
 
 
 
 

#

Kérou #

 
 
 
 
 

Source: Feuilles topographiques du Bénin au Laboratoire d'Ecologie Appliquée/FSA-UAC,

1/200000 (fond de carte) et résultats de terrain Adi MAMA, déc 2002

 

300000 350000 400000 450000 500000 550000 600000

Carte 3 : Circuits de la transhumance nationale dans la zone riveraine du PNW

ge C ANUA NL

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du Niger la Djona Mékrou Niger (partie Niger)

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Source: Feuilles topographiques du Bénin au Laboratoire d'Ecologie Appliquée/FSA-UAC,

1/200000 (fond de carte) et résultats de terrain Adi MAMA, déc 2002

 

300000 350000 400000 450000 500000 550000 600000

Carte 4: Circuits de la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du PNW

2 ème Partie : Impacts socio-

économiques de la

transhumance transfrontalière

dans la zone riveraine du Parc W

du Bénin

Cette partie comprend trois chapitres :

Chapitre 1 : Milieux, matériel et méthodes d'investigation Chapitre 2 : Résultats

Chapitre 3 : Discussion et recommandations

Ivpaats socLo-ecoVOKiotes de La travslLvaice travsfroita116-e dal/ Ls La oIe rLveraLie du. Parc W du, B,e1A.Lin,

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