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Les "forces de l'invisible" dans la vie sociopolitique au Cameroun : le cas de la localité de Boumnyebel

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par Alain Thierry NWAHA
Université Yaoundé 2 (Soa) - D.E.A Science Politique 2008
  

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DEUXIÈME PARTIE

PERSISTANCE ET PERVERTISSEMENT DES FORCES DE L'INVISIBLE DANS LA LOCALITÉ DE BOUMNYEBEL À L'ÈRE « POST-INDÉPENDANCE »

À l'ère du « néocolonialisme » (époque contemporaine) dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, les forces de l'Invisible sont, plus que jamais, prégnantes au Cameroun, en l'occurrence à Boumnyebel. Par rapport aux siècles précédents (comme nous avons tenté de le démontrer dans la première partie de ce présent travail), notre époque est, en grande partie, caractérisé par un « pervertissement » de l'usage des forces occultes. Il ne s'agit pas pour nous de dire ici que dans le passé, les forces de l'Invisible étaient toujours utilisées pour faire le bien, mais nous voulons simplement souligner que, par rapport au contexte antérieur, le contexte actuel est davantage marqué par l'utilisation destructrice de celles-ci. Dans cette optique, nous pouvons souligner que, le champ religieux (« théurgie » et « goétie ») semble être aujourd'hui un « horizon inéliminable » et surtout « incontournable dans l'analyse et la compréhension des sociétés actuelles » (A. MBEMBE, 1987 : 18).

Compte tenu de la complexité de l'environnement (local, national et international) qui va crescendo, les individus qui « savent » sont en fait plus enclins à mobiliser les forces occultes pour accomplir de sombres desseins. Autrement dit, les « initiés » en connaissance occulte (les « maîtres en ésotérisme »), font de moins en moins le choix d'utiliser les forces de l'Invisible dans un but constructif et salvateur pour la communauté, mais préfèrent davantage en user funestement dans le sens de leurs propres intérêts égoïstes et moins nobles. Ce qui est déplorable puisque, la fonction première (et positive) des forces de l'Invisible, comme le relevait le « Mbombok A. » dans l'entretien de Novembre 2008, est de « permettre à l'Homme de comprendre et d'utiliser tout son potentiel physique et spirituel dans un but constructif, sans nuire à la Nature et encore moins à ses semblables ». Il va plus loin en mentionnant que :

« Le grand défi qui s'impose à l'homme est de savoir que dans chaque « force », il y a en règle générale un « côté obscur, destructeur » et un « côté éclairé, constructeur ». En fait, la « force » en elle-même n'est ni totalement mauvaise ni totalement bonne, mais c'est surtout l'usage que nous en faisons qui peut soit la pervertir, soit l'embellir : Dieu, « Hilôlômbi » n'est-il pas entre autres, le « Miséricordieux » (bienveillant) et le « Seigneur des armées » (détenteur d'un pouvoir destructeur dont il fait, cependant, rarement usage) ? Par voie de conséquence, l'Homme, pour suivre les traces de son Créateur (la quête de la perfection) doit toujours, afin d'assurer son salut, opter pour le « côté éclairé de la force » (utiliser la force pour faire le bien, « théurgie »), tout en évitant de basculer du « côté obscur » de celle-ci (utiliser la force pour faire le mal, « goétie ») ».

Dans le même ordre d'idées (le « pervertissement » en occurrence), J.PALOU (2002 : 16) nous explique qu'à « chaque fois que dans un pays donné surviennent des malheurs économiques ou sociaux, naissent alors des épidémies de sorcellerie ». En effet, plusieurs exemples abondent qui marquent, selon l'auteur, « la corrélation entre les faits politiques (guerres civiles ou invasion ennemies), ou économiques (pestes, épizooties, disettes, etc.) et les phénomènes de sorcellerie ». Nous pouvons par ailleurs noter de nos jours, qu'aux yeux des plus « impatients » et des plus « ambitieux » d'entre nous : « La misère engendre la sorcellerie, c'est-à-dire suggère le suprême appel au Diable, puisque Dieu ne répond plus à ses créatures inquiètes » (J. PALOU, 2002 : 19). Toutefois, il ne faut pas croire que le lien entre misère et « goétie » date d'aujourd'hui, puisque déjà P. VILLETTE (1956) soulignait, pour le cas de la France du XVème et du XVIIème Siècles ce lien dans son ouvrage en remarquant que : les crises sociales collectives ou de simples angoisses personnelles conduisaient parfois à la pratique de la sorcellerie.

Dans cette seconde partie de notre travail, nous avons essayé de démontrer que « l'insubordination symbolique »97(*), c'est-à-dire, la recrudescence des religions traditionnelles et des pratiques de sorcellerie ; le réveil du Christianisme et de l'Islam ; le développement tous azimuts des sectes ésotériques et autres églises « réveillées », relève davantage d'« une nouvelle visibilité de phénomènes religieux » (J.- F. BAYART, 1993 : 61) dans laquelle, l'emploi des forces de l'Invisible appert comme un « processus normal » pour qui veut assurer sa « réussite » sociale (Chapitre 3) d'une part ; d'autre part, comme une sorte de « viatique majeur » pour quiconque ambitionne tout « succès » politique (Chapitre 4).

CHAPITRE III

* 97 A. MBEMBE (1987 : 15).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand