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Contextualisation et variation de la langue française dans l'écriture littéraire au Cameroun: le cas de l'invention du beau regard de Patrice Nganang

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par Simplice Aimé Kengni
Université de Yaoundé I - Maitrise en Lettres Modernes Françaises 2006
  

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CHAPITRE PREMIER : CADRE THÉORIQUE ET REVUE DE LA LITTÉRATURE.

Dans ce chapitre purement épistémologique, il s'agira pour nous, de faire ressortir tout d'abord l'état de la question sur les principales réflexions théoriques, effectuées autour du phénomène de la variation linguistique. Celui-ci se situera à deux niveaux : ainsi , dans un premier temps, il s'agira de faire le point sur les travaux généraux effectués dans ce domaine, auxquels suivront, dans un second temps des réflexions plus spécifiques portant sur la variation linguistique du français en Afrique noire francophone. Ensuite, nous partirons de cette revue de la littérature pour dégager la problématique ainsi que les hypothèses de recherche qui en découlent. Et enfin, suivra le cadre théorique dans lequel nous présenterons la théorie de référence sous-tendant notre étude.

I.1 Mise au point théorique sur le phénomène de variation linguistique.

La variation linguistique, découverte fondamentale de la sociolinguistique, est un phénomène qui a fait l'objet de plusieurs réflexions, tant au niveau épistémologique qu'au niveau plus spécifique appliqué à des langues bien précises.

Elle se présente en fait comme l'influence du social dans le jeu linguistique, prenant en compte tous les paramètres pouvant créer les variétés d'usage dans la langue. Toutefois, cette considération est née d'une problématique plus grande et préoccupante pour les sociolinguistes : d'où proviennent les variations ? Celles-ci sont-elles dues à l'influence du social ou aux méconnaissances des règles grammaticales ? Ceci étant, il convient d'évoquer la genèse de la question avant d'en dégager les fondements théoriques.

I.1.1 Aux origines de la variation linguistique.

W. LABOV, dans ses recherches en sociolinguistique a dégagé un ensemble de questionnements auxquels il convient de prêter l'attention dans toute étude importante sur la variation linguistique. Aussi est-il nécessaire de répondre aux questions du genre :

L'évolution linguistique est-elle orientée ? Quelles sont les contraintes universelles qui s'imposent au changement linguistique ? Pour quelles raisons de nouveaux changements linguistiques émergent-ils ? Pourquoi les gens ne parlent-ils pas comme ils estiment à l'évidence qu'ils le devraient ?10(*)

Cet ensemble d'interrogations qui est un préalable à la genèse de la sociolinguistique nécessite qu'on en évoque de près les fondements théoriques.

I.1.1.1 Les fondements de la variation linguistique.

En revalorisant la notion de parole mise à l'écart par les structuralistes, W. LABOV11(*) note qu'il est impossible de chercher les fondements de la connaissance intersubjective en linguistique ailleurs que dans celui-ci. En effet, le langage est soumis à toute sorte de variation du fait qu'il est utilisé quotidiennement par les membres de l'ordre social, soit pour discuter, soit pour plaisanter et en même temps pour tromper. Bien avant W. LABOV, W.D. WHITNEY soulignait déjà que :

L'homme parle donc avant tout non pas pour penser, mais pour faire part de ses pensées. Ses besoins sociaux, son instinct social, le forcent à s'exprimer.12(*)

On note là le souci de celui-ci de faire ressortir les facteurs importants qui imposent un changement linguistique : notamment la volonté d'exprimer la vision du monde, les pressions sociales pour ne citer que ceux-là, qui ne sont en fait que des réalités extralinguistiques.

Fort à propos, U. WEINREICH et alii, s'opposant à toute forme d'homogénéité structurée en langue déclarent :

S'il est nécessaire qu'une langue soit structurée pour fonctionner efficacement, comment les gens peuvent-ils continuer à parler pendant qu'elle traverse des périodes de moindre systématicité ? [...] Nous soutenons que la solution de ce problème consiste à rompre l'identification entre structure et homogénéité. La clé d'une conception rationnelle du changement linguistique - et, en fait, du langage lui-même - est la possibilité de décrire une différenciation ordonnée au sein d'une langue utilisée par une communauté.13(*)

En réalité, U. WEINREICH et alii mettent ici en exergue le phénomène de l'hétérogénéité linguistique qu'ils considèrent comme fondement de la variation dans des communautés linguistiques complexes.

Dans cette même perspective, W. LABOV14(*) approuvant la justesse d'une telle hétérogénéité, souligne que l'existence des variations et des structures hétérogènes dans des communautés linguistiques serait une réalité bien établie. Pour lui, l'existence d'une autre communauté est à mettre en doute.

Ces deux précédentes remarques font naître l'interrogation sur ce qui serait, dans la réalité quotidienne, à l'origine des différenciations dans la langue. Sur ce, H. FREI15(*) insiste sur la notion de besoin comme fondement de la variété et de la variation des langues. En fait, celui-ci constate l'existence d'un certain nombre de besoins qui, par leurs actions sur le langage et leurs réactions réciproques le créent et le recréent sans cesse. Il en distingue de ce fait trois critères nécessaires à la compréhension du fondement de ces variétés :

- un critère linguistique lié à la nature des langues elles-mêmes

- un critère sociologique lié à la nature des rapports sociaux

- et un critère historique lié aux conditions dans lesquelles les langues évoluent ou ont évolué.

A. MARTINET16(*), bien que s'intéressant à la seule causalité interne, reconnaît tout de même, à la suite de H. Frei, que la langue (institution sociale) est un produit de la vie en société, et n'est de ce fait pas immuable ; elle est susceptible de changer sous la pression des besoins divers et sous l'influence d'autres communautés.

Par ailleurs, A. MEILLET pour sa part pense que la variation linguistique est due au fait que la société agit sur le langage. Principalement par la manière dont elle détermine le dosage des besoins linguistiques.17(*)

Toutefois, les réflexions autour du rapport entre langue et société ne fait pas l'unanimité de tous les sociolinguistes, du moins sous l'angle d'approche ; c'est pourquoi il est nécessaire ici d'aborder cette question des points de vue de deux principaux courants : variationniste et interactionniste pour ne citer que ceux-ci.

* 10 W. LABOV, Sociolinguistique, Paris, les éditions de Minuit, 1976, p.232.

* 11 Idem

* 12 W.D. WHITNEY, Language and the study of language, New , New York, Scribner's, 1901,p401

* 13 U. WEINREICH et alii, «Empirical foundation for a theory of language change», in Lehman et Malkiel, 1968, pp.100-101

* 14 W. LABOV, op.cit, p.282.

* 15 H. FREI, La Grammaire des fautes, Genève-Paris, Slaktine reprints, 1982 (1ère édit, 1929).

* 16 A. MARTINET, Éléments de linguistique générale, Paris, A. Colin, 1960.

* 17 A. MEILLET, Linguistique historique et linguistique générale, 2vol. T1, Paris, Champion, 1921, p.17

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