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Contextualisation et variation de la langue française dans l'écriture littéraire au Cameroun: le cas de l'invention du beau regard de Patrice Nganang

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par Simplice Aimé Kengni
Université de Yaoundé I - Maitrise en Lettres Modernes Françaises 2006
  

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5.2.2 La valeur des déictiques -ci et -là.

Le terme déictique, du grec déiktikos signifie démontrer. Les déictiques sont des éléments qui servent à désigner des références situées hors discours. Ceux-ci insistent sur le référent ou sur le prédicat dont parle l'énonciateur.

M. PERRET, les considère comme des embrayeurs et les définit comme : Des éléments du lexique qui ont comme spécificité d'avoir des référents très différents, très variables (on parle de labilité référentielle) qui ne sont fonction que de la situation de l'énonciation.90(*)

En ce qui concerne les déictiques -ci et - E. DASSI remarque qu'il y a une sur- emploi de ceux-ci en position post nominale. Il le souligne à juste titre :

En réalité, il s'agit là d'une interférence sémantico-syntaxique des langues camerounaises à la faveur de la création d'un démonstratif nouveau en forme discontinue « articles défini... là...91(*)

Les déictiques à cet effet participent donc de la contextualisation du français au Cameroun. Voici quelques exemples tels qu'ils apparaissent dans le corpus.

114) Car il était évident que D. Eloundou était tout et pouvait être tout dans ce Cameroun-ci. (p.41)

115) Et la femme répondait : je ne sais pas comme si elle ne savait pas que son Innocent là avait annoncé une note significative qu'il le tuerait. (p.53)

116) Qui donc, qui aurait dit à tous ces gens dans sa cour et dans sa maison que le D. Eloundou là dont ils préparaient avec fureur le couronnement de carrière n'existait pas. (p.66)

117) Pourtant, même si ce sang-là traçait une autoroute en dessous de sa cantine (...), il savait D.Eloundou qu'il pouvait tout simplement l'essuyer. (p.70)

118) Le gamin de vingt ans que le ministre lui avait mis au trousses : « le gars là » pensait-il (p.74)

119) Elle savait que dans ce Yaoundé-ci, vingt mille francs ne valaient rien : elle qui avait compté sur cet argent. (p.119)

Le marqueur -là est couplé aux anthroponymes (Innocent et D. Eloundou) et aux substantifs sang et gars ; tandis que le marqueur -ci est couplé aux toponymes (Cameroun et Yaoundé). En plus d'insister sur les référents qu'ils décrivent, ceux-ci décrivent une certaine particularité des personnages, des choses et des lieux qu'ils indiquent, en créant une certaine idée de méfiance vis-à-vis de ces derniers.

À partir de tous ces exemples relevés supra et qui attestent la présence des marques de l'oralité dans notre corpus, il n'en fait plus aucun doute à croire que L'IBR est une sorte de conte populaire, calquée exactement sur la langue telle qu'elle est employée dans les rues et sous-quartiers du Cameroun.

Sous la plume de Patrice NGANANG, cette copie du langage quotidien passe aussi par une modification de certaines expressions figées existant en français standard.

* 90 M.PERRET, op.cit., p.59

* 91 E. DASSI, « De l'Esthétisme académique à l'oralisation effrénée de la langue française », in Les Actes du colloque sur la norme en Francophonie, AUPELF-UREF, 2004, p.12

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