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Exercice du pouvoir traditionnel à  l'épreuve de la légitimité : cas de la dynastie Vungala dans la chefferie Zune en territoire de Poko.

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par Félix-Amand FUFULAFU
Université de l'Uélé - Licence en Sciences politiques et Administratives 2010
  

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Projet d'article :

EXERCICE DU POUVOIR TRADITIONNEL A L'EPREUVE DE LA LEGITIMITE : cas de la dynastie vungala dans la chefferie Zune en Territoire de POKO.

Introduction.

La domination résulte du recours à la puissance pour obtenir l'exécution des décisions, elle aboutit à une dissymétrie totale entre dominants et dominés. L'obéissance des dominés est consentie lorsque l'autorité est légitime. Cette légitimité peut-être soit traditionnelle, elle repose sur la valeur des traditions ; soit charismatique quand elle repose sur les valeurs de la personne du chef ; soit encore rationnelle dans ce cas, repose sur le droit et la compétence.

La légitimité du pouvoir vient essentiellement de son caractère sacré, obtenu suite à l'accomplissement correct des cérémonies rituelles du pouvoir en utilisant les symboles exigés à l'occasion.

Chaque pouvoir, traditionnel ou moderne qu'il soit, est à la recherche de sa légitimité et doit la conserver puisque sa durée d'existence en dépend étroitement.

On reconnait d'une part au système politique traditionnel un certain degré de différenciation structurelle avec un niveau de la culture politique de sujétion. Le système politique moderne d'autre part est doté d'infrastructures politiques différenciées (parti politique, groupes d'intérêt et mass medias), et qui repose par ailleurs sur une culture politique de participation1(*).

En effet, en Afrique en général et en République Démocratique du Congo en particulier, le pouvoir coutumier occupe une place importante dans l'exercice du pouvoir moderne. Il apparait comme la toile de fond de celui-ci. Bon nombre de la population congolaise est rurale, de ce fait, elle est gérée directement par le pouvoir traditionnel. Ainsi, chaque ethnie est constituée et gérée suivant une autorité hiérarchique traditionnelle. Toutes les générations reconnaissent la légitimité et la domination de la famille régnante. La plus part de constitutions africaines, comme celle de la RDC reconnaissent l'autorité des chefs traditionnels, pour autant que celle-ci ne soit contraire à la constitution, à la loi, à l'ordre public, et aux bonnes moeurs2(*). Leur pouvoir traditionnel tire leur fondement du sacré tel qu'il est reconnu et accepté par les membres de cette société. Il s'enracine par ailleurs dans la mémoire de ce groupe et déploie leur effectivité en utilisant les repères que ce groupe s'est donné depuis des temps immémoriaux.

Cette légitimité est à la fois traditionnelle et moderne : traditionnelle par ce que l'autorité a donc comme une base légitime des caractères traditionnels du sacré, puisqu'elle est exercée par dynastie ayant toujours détenu l'ensemble du pouvoir. Le pouvoir politique traditionnel dans la dynastie vongara qui constitue l'objet d'étude de cette dissertation, se constitue en systèmes centralisés à tendance absolutiste où « l'autorité est avant tout individuelle, concentré entre les mains du Souverain ». Aussi peu démocratique soit-il,  ce système est approuvé par une population qui n'en conçoit pas d'autre, puisqu'il a été sanctionné par la coutume ancestrale.

La légitimité est aussi moderne en dans la mesure où, l'observation des règles nationales impersonnelles liées aux fonctionnaires publics coutumiers le, respect des procédures administratives sont exigées dans la gestion des affaires publiques. Tel est le cas de l'investiture coutumière qui doit être accompagnée de l'investiture administrative, sans celle-ci, les Pouvoirs Publics ne sauraient reconnaitre aucune autorité au chef investit traditionnellement.

Par ailleurs il n'est pas étrange de constater que dans la dynastie vungala que certains observateurs arrivent à considérer certains principes modernes comme étant la violation des lois traditionnelles zande et entrent en réalité en contradiction.

De toute façon, le pouvoir coutumier est appelé à jouer une triple fonction, notamment : la fonction de représentation, la fonction de régulation et la fonction de la protection.

La première fonction est relative au mode de gestion, qui permet à toutes les couches sociales de se reconnaitre et de s'identifier à travers l'exercice légitime du pouvoir coutumier. C'est une fonction d'intégration sociale.

La deuxième fonction en effet, est l'élément qui permet d'évaluer la réalité du pouvoir traditionnel. Celui-ci s'exerce aussi bien à l'intérieur de la société entre les individus et les groupes d'individus qu'à l'extérieur, à l'encontre d'autres individus ou groupes. La justice est dans ce cas un instrument du pouvoir traditionnel permettant aux membres de la société de dépasser le stade des intérêts individuels pour embrasser la dimension collective, sociale.

Tandis que la troisième fonction est relative à la recherche de bien être collectif de la chefferie et particulièrement des catégories vulnérables, et aussi la préservation tradition.

La question de la légitimité de l'exercice du pouvoir traditionnel repose aussi bien sur la tradition que sur la modernité. Or certaines pratiques modernes nécessaires à l'exercice de l'autorité des acteurs du pouvoir, peuvent facilement être appréhendées comme une contradictoire à la tradition. La démocratie étant un régime populaire à travers lequel, les citoyens élisent leurs représentants dans les institutions de l'Etat, elle insiste sur la promotion du principe d'égalité des chances pour tous à accéder aux différentes fonctions publiques ne semblent pourtant avoir son sens dans la logique de la coutume traditionnelle. La loi coutumière limite d'avance les catégories sociales susceptibles d'exercer l'une ou l'autre fonction coutumière. Le peuple Zande reconnait à la seule dynastie vungala et aux anciens localement appelés bakumba respectivement l'exercice légitime du pouvoir traditionnel et des tâches des conseillers de la chefferie. Le choix de ces fonctionnaires s'opèrent conformément aux critères préétablis par la coutume zande suivit de la reconnaissance des Pouvoirs Publics.

La pensée d'organiser une élection démocratique accessible à tous les prétentieux au poste du chef coutumier n'a pas son sens dans le système traditionnel zande, au risque d'occasionner toutes sortes de conflits de succession souvent, difficile à maitriser. Les critères sont avant tout traditionnels que modernes pour ces postes.

ISANGO IDI WANZILA a constaté que l'intégration des institutions coutumières dans l'administration territoriale va à l'encontre de certains principes de base de la démocratie moderne, dont celui de la liberté qu'ont les gouvernés des choisir les autorités appelées à les diriger3(*).

Au regard de ce qui précède il convient de se demander si qu'elle est la part de la tradition d'un coté et celle de la modernité de l'autre coté dans la légitimation de l'autorité du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala de la chefferie Zune ? 

Anticipativement, nous pouvons dire que la modernité jouerait un double rôle : celui d'assoir le pouvoir et celui de l'affaiblir à travers ses vecteurs, tandis que la tradition qui est la base du pouvoir traditionnel zande joue de plus en plus le rôle honorifique que, dans le système de légitimation du pouvoir traditionnel de la dynastie vungala. La grande conséquence qui s'observe directement est celle de l'affaiblissement de l'autorité traditionnelle vis-à-vis de la population de la chefferie concernée, alors que paradoxalement, l'autorité des acteurs traditionnels croit devant les Pouvoirs Publics.

Le présent article se fixe comme objectifs de relever en premier lieu, les fondements de la légitimité du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala ; en second lieu, dégager les aspects du pouvoir moderne qui concourent à cette légitimation, sans omettre quelques difficultés pratiques relatives à la fonctionnalité de certains principes démocratiques et/ou modernes dans l'exercice du pouvoir traditionnel dans la dynastie.

Schématiquement, outre l'introduction et la conclusion, nous indiquerons d'abord un aperçu général sur le peuple vungala, son histoire et celle de la chefferie Zune, tout en présentant, ensuite aborder l'exercice du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala de la chefferie Zune.

I. APERÇU GENERAL.

I.1. Histoire de peuple vungala.

Les avungala sont de peuples qui constituent une dynastie régnante parmi tous les clans qui forment le grand peuple zande. Ils sont rependus dans toutes les régions Zande. L'histoire de ce peuple est intimement liée à l'ensemble de peuple azande.

Etymologiquement, le nom « Zande  » serrait la déformation du nom « sende », c'est-a-dire la « terre ». Les « Azande » signifient ceux qui occupent beaucoup de territoires.

Littéralement connu sous diverses appellations, telles que Nyam-Nyam, Makaraka, Ambili, Abandia, Avongara, les Azande ne constituent pas aujourd'hui un peuple à proprement parler, mais un ensemble de tribus absorbées dans la culture des « Ambomu », qui constituent le noyau dominant primordial des Azande  encadrés par la dynastie des «  Avongara »4(*).

En parlant de l'histoire des Azande, certainement le premier point de départ de la migration « Zande » n'est pas encore clairement déterminé. Par contre certains chercheurs s pensent pour leur part que la dernière vague des migrations vient du Nord, suite à celle de « Proto-Bantous », du XVIIIe siècle, et sa proche origine serait Nigérienne, de race soudanaise, ou on leur assigne même les alentours du lac Tchad. D'autres auteurs au contraire prétendent que cette migration originelle se serait divisée en deux branches :

ü L'une occidentale : celle-ci aboutie à la cote du Gabon, et qui donnerait le « Fang » ;

ü L'autre orientale : c'est celle qui constituerait les « Azande ».

Vers le milieu du XVIIIe siècle, il s'observera un groupe de clans dans les environs des fleuves « Shinko » et « Mbomu », sous la conduite de la dynastie des « Avungala ».

Le règne des « Avungala » sur d'autres clans Azande se résume à travers un mythe qui est transmis de génération en génération. Selon la tradition populaire, le mot « Vungala », au singulier et «Avungala » au pluriel tire son origine d'un homme du nom de  « Basenginonga » qui a réussi à ligoter un autre appelé « Ngala » qui signifie « force ». Ainsi, tous les descendants de « Basenginonga » seront baptisés du nom des « Avungala » c'est-à-dire ceux qui ont maitrisé ou ont ligoté Ngala (la force). Certains n'hésitent surtout pas de penser qu'à la base de toute réussite « zande », il y a eu la force et la sagacité des « Avungala », qui ont guidé le premier noyau des « Avungala -Mbomu» à la conquête des vastes territoires5(*). Le roi « Ngula » a réalisé l'entrée des Azande dans l'époque purement historique, jusqu'à l'arrivée des européens. Il a conduit les « Azande-Mbomu » à la conquête des groupements « Bandiya » vers le sud. Il sera tué au combat près de la rivière « Gangu » vers 1780. Ce reçu fait de Ngala un véritable fondateur de peuple « Zande »6(*).

En réalité, il y a aucune marque extérieure qui distingue les « Avungala » des autres « Azande ». Ils sont connus par le nom de leur clan et établissent leur identité par leur arbre généalogique et leur fierté ainsi que par leur animal totémique (surtout les animaux non domestiques). A leur passage, les avungala ont soumis la plus part de peuples au point que certains aujourd'hui, sont pris seulement pour les azande puisque ils ne se rappellent plus de leur dialecte d'origine. Le pazande reste leur seul dialecte.

* 1 Carroll T.G., « Secularization and States of Modernity », World Politics, XXXVI-3, avril 1984, p. 362-382. Cité par BADIE B., Le développement politique, 5è 2d. Economica,Paris, 1994, p.49

* 2 Constitution de la Troisième République Démocratique du Congo

* 3 ISANGO IDI WANZILA, « La présence des chefs coutumiers dans l'Administration territoriale au Zaïre : quelle opportunité ? » In Zaïre-Afrique, n°263, Vol. XXX. Mars 1992, pp. 151-161.

* 4 Di GENNARO J., A la rencontre des Azande, E.M.I., Bologne 1980 ; p. 26-27.

* 5 Di GENNARO J., Op. Cit., p. 28.

* 6 Idem, p. 29.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote