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Influence du sédiment sur les flux énergétiques et le métabolisme oxydatif chez l'huà®tre creuse Crassostrea Gigas

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par Antoine Perhirin
UBO Brest - Master Chimie Marine 2009
  

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Discussion

Croissance - Mortalités

La croissance observée en baie de Quiberon en eau profonde est très importante. Pour comparaison, le taux de croissance printanier des huîtres de Marennes-Oléron est 0.18g poids sec/mois (données « Morest » Soletchnik et al. [3]) tandis qu'il atteint 0.38g poids sec/mois en baie de Quiberon pour la station QB05. Les mortalités sont faibles pour les stations 2 et 5 et sont relativement régulières (environ 20% sur une année), tandis que la station 4 a subi une forte mortalité pendant cette première année d'élevage au sol (Figure 8). La présence sur ce site de nombreux bigorneaux perceurs pourrait être une des explications à ce taux de mortalité. La perte de poids de l'ensemble des animaux pendant l'été correspond principalement à l'émission de gamètes. Par ailleurs, on observe des différences au niveau physiologique des huîtres stockées sur l'estran qui ont subi l'exondation et qui ont été resemées en mars. La taille moyenne et le poids sec moyen de ces huîtres sont beaucoup plus faibles (annexe 2). Les réserves énergétiques sont plus faibles, le niveau de métabolisme énergétique est également plus faible tandis que le métabolisme oxydatif est davantage activé par rapport aux huîtres cultivées en pleine eau. Tous ces éléments attestent du fait que les huîtres resemées ont été ou sont, dans ces nouvelles conditions environnementales, stressées et ne sont pas comparables aux huîtres des autres stations.

Mesures des réserves énergétiques

Les réserves d'énergie chez l'huître creuse sont principalement constituées de glycogène et de lipides. Le taux de lipides suit essentiellement la gamétogénèse, les gonades ayant le plus fort taux de lipides dans l'organisme. La baisse du taux de lipides entre juillet et septembre 2008 (Figure 9) concomitante à la perte de poids sec peut correspondre à la ponte. Le taux de lipides est en accord avec les données bibliographiques [12]. Concernant les glucides totaux, les taux sont classiques pour cette espèce qui est connue pour stocker beaucoup de glucides par rapport à d'autres huîtres comme l'huître plate par exemple [12, 13]. Les huîtres n'ont pas encore commencé à stocker des sucres en mars. On note également un taux de sucres plus faible pour les nouveaux individus de la station 04 arrivés en mars.

Mesures des activités enzymatiques du métabolisme énergétique

L'activité PK pendant juillet et septembre est assez faible (100-150mU/g poids frais) comparée aux taux mesurés en condition contrôlé normoxie-hypoxie qui sont plutôt de l'ordre de 500-700mU/g poids frais. L'activité PK plus élevée en mars atteste que la glycolyse fonctionne bien à cette période et pourrait correspondre à la présence de ressources nutritives dans l'environnement.

Les données de CS sur Crassostrea gigas dans la littérature montrent des activités comparables aux nôtres (Activité CS de 1.5mU/mg ph soit environ 50mU/mg prot. pour Fields et al. [11], activités de 0.8mU/mg ph soit environ 30mU/mg prot. pour Dunphy et al. [13]). Les valeurs de CS estivales paraissent tout de même plus élevées pour les échantillons Riscosol (~60mU/mg prot.) que les échantillons témoins de la manipulation hypoxie (~20mU/mg prot.) ce qui peut s'expliquer par le stress environnemental naturel (marées, sédiment,...) subi par les huîtres par rapport à des conditions en milieu contrôlé en laboratoire.

L'absence de hausse de la CS en mars peut signifier que les produits de la glycolyse ne sont pas essentiellement utilisés pour les dépenses energétiques de l'animal. Ils peuvent être orientés vers des voies de stockages (synthèse lipidique par exemple) ou pour la gamétogénèse. Des niveaux faibles d'activité Citrate Synthase peuvent également être le signe d'une contamination aux métaux lourds [14]. Hormis une contamination de ce type, la CS (et le métabolisme plus généralement) serait régulé par la température essentiellement [14]. Pour la PK, outre la température, plusieurs autres facteurs peuvent participer à sa régulation. Le Moullac indique que l'activité PK chez Crassostrea gigas peut être lié au processus reproductif [6]. Les facteurs comme l'alimentation et le type de métabolisme (aérobie/anaérobie) seraient également liés aux variations saisonnières de l'activité PK [15].

Des conditions limitantes d'oxygène pendant l'été 2008 pourraient provoquer la baisse de l'activité PK aux niveaux mesurés. La baisse de l'activité PK a été plusieurs fois confirmée en condition hypoxique [6, 16]. L'influence de l'hypoxie sur l'activité Citrate Synthase est contradictoire selon les auteurs dans la littérature. Certains montrent la baisse de l'activité en condition hypoxique chez E. Coli [17] ou chez le rat [18], tandis que d'autres études montrent l'inverse chez les bivalves marins [19]. Nos résultats pour l'expérimentation hypoxie tendent à confirmer la hausse de l'activité CS en condition d'hypoxie chez l'huître creuse.

La réponse de ces deux enzymes à l'hypoxie est donc totalement différente. Cela contribue à expliquer le découplage observé entre les données de PK et CS.

Il n'y a pas de variations saisonnières de l'activité PEPCK. L'activité PEPCK est connue pour ses faibles variations d'activité, sa régulation étant surtout allostérique. L'activité est principalement régulée par les variations de pH observées en condition d'hypoxie ou d'émersion qui influe sur le sens de la réaction. On note toutefois une activité plus basse pour les huîtres issues de l'estran de la station QB04 en mars.

Concernant l'activité CCO, la variabilité des taux entre les différents réplicats biologiques est très élevée. Elle correspond à une grande hétérogénéité au sein de la population. Cela est particulièrement mis en évidence pour la station 04 en septembre 2008. A cette date, la station 04 est touchée par de fortes mortalités. La probabilité d'échantillonner des huîtres moribondes ou en état de stress est donc non négligeable et pourrait correspondre à cette forte différence entre individus. Une hausse de l'activité CCO pourrait être liée à un stress environnemental. En effet, certains résultats de « Morest » en conditions contrôlées (hypoxie) montraient une augmentation de l'activité ETS (mesure du transport d'électron de la chaîne respiratoire) en été et en automne alors que la consommation d'oxygène des huîtres en hypoxie a baissé de 70% [6]. Ce résultat peut être expliqué par un processus de compensation de l'huître qui essaye de maintenir le plus possible un métabolisme aérobie. L'hypothèse d'une régulation au niveau du gène est alors envisageable puisqu'une sur-régulation de la sous-unité III de la cytochrome c oxydase a été montrée dans la glande digestive d'huîtres soumises à l'hypoxie [20]. Cependant, les résultats de nos mesures de l'activité CCO sur les huîtres soumises à l'hypoxie ne montrent pas de réponse de l'activité de la CCO spécifiquement au manque d'oxygène. Cette différence entre l'expression de gène et l'activité enzymatique pour la CCO en condition d'hypoxie a déjà été discutée par Ripamonti et al. Il s'étonnait de voir l'expression du gène augmenter alors que l'activité baissait pour cette enzyme lors de ses essais sur le rat [18]. De nombreuses étapes régulatrices entre l'expression au niveau d'un gène et l'activité d'une protéine existent et peuvent expliquer ce résultat. L'activité CCO peut également être induite par une contamination au cadmium [21]. L'activité CCO plus haute en été serait davantage due à des facteurs comme la température, l'hypoxie ou les métaux lourds qu'aux sulfures, ceux-ci provoquant une baisse de l'activité CCO [22].

La corrélation entre les activités CS et CCO est représentative du lien entre production du pouvoir réducteur par le cycle de Krebs et le fonctionnement de la chaîne respiratoire. Marie et al. [23] ont déjà montré ce type de corrélation chez le ver hydrothermal Paralvinella g.. La CS et la CCO peuvent être utilisées comme des indices du niveau de métabolisme. La CS est même parfois considérée comme un indice de la croissance de l'individu (chez l'huître creuse [13, 24].

Mesure des activités enzymatiques du métabolisme oxydatif

La mesure de l'activité GPx a mis en évidence des taux très faibles. Les activités étant à la limite du seuil de détection, les données ne sont pas interprétables. La faible activité GPx chez Crassostrea gigas est tout de même un résultat important. Il confirme les résultats de Valavanidis et al. [25] qui indique que l'activité GPX est de deux ou trois ordres de grandeur plus faible chez les invertébrés que chez les vertébrés.

Pour les échantillons Riscosol, aucune différence d'activité de SOD n'est visible, aussi bien entre les différentes stations qu'entre les différents points temporels. On note toujours une activité différente pour le lot d'huître provenant de l'estran (station QB04 en mars) ainsi qu'une plus grande variabilité concernant les huîtres de la station 02 en table (hors-sol). Pourtant la SOD répond assez bien à l'hypoxie, comme le confirme nos analyses ainsi que les travaux de Monari et al. chez la petite praire [26] ou Pannuzio et al. chez la littorine [27]. Nos données confirment le schéma de réponse de l'activité SOD en condition hypoxique décrit par Chen et al. chez le pétoncle [28] : dans un premier temps, la SOD est activée par l'hypoxie puis l'activité décroit rapidement à partir de 7 jours d'hypoxie. Les faibles valeurs observées pour la SOD en Baie de Quiberon ne plaident pas forcement en faveur d'un sédiment peu anoxique tout au long de l'année car l'activité SOD varie également avec la contamination par les pathogènes et la pollution (chez la moule [29]). Box et al. [30] soulignent que la rapidité d'adaptation de cette activité enzymatique à des changements environnementaux en fait un bon biomarqueur de la qualité de l'environnement.

L'évolution de l'activité catalase au cours de l'année ne suit pas la tendance générale des autres activités enzymatiques qui semblent indiquer que le métabolisme de l'huître est plus actif en juin qu'en septembre. En effet, le taux de catalase est globalement plus élevé en septembre qu'en juillet. A cette date, les taux de catalase de l'ordre de 150-200U/mg prot. semblent assez élevés par rapport aux taux mesurés en conditions contrôlées de la manipulation hypoxie qui sont de 80-100U/mg prot. La bibliographie donne aussi des activités catalase généralement plus faibles : 20-60U/mg prot. dans la glande digestive de la palourde [31], 80-100U/mg prot. chez la moule bleue [32].

La catalase est connue pour répondre assez bien aux polluants [33, 34] mais très peu à l'hypoxie [35] ce que confirme nos essais en conditions d'hypoxie. La variation observée dans le milieu est peut-être due à un incident qui a remis de la vase en suspension (grande marée, tempête, dragage,...) et qui a provoqué ce pic en septembre. Cependant, les fluctuations saisonnières de l'activité catalase peuvent également varier en ce sens : on observe un pic de l'activité catalase chez Mytilus galloprovencialis en novembre alors que l'activité est minimale en mai (mesures sur les branchies, [36]). C'est pour cette activité enzymatique que l'on dénote la plus grande différence entre les différentes stations de la baie de Quiberon à chaque date. Comme pour la GR, on pourrait associer ces différences au gradient d'envasement des stations. Ici, la station 02 (la moins envasée) a le taux le plus faible de catalase tandis que la station 05 présente le taux le plus fort.

Les activités de GR des huîtres de la baie de Quiberon, en juillet et en septembre sont relativement basses (environ 3-4 mU/mg prot.) si on les compare aux taux de GR des huîtres témoins pour l'expérimentation hypoxie qui atteignent 10mU/mg prot. Nos essais montrent une baisse de cette activité en hypoxie conformément aux travaux de Pannuzio et al. qui ont également relevé une baisse de la GR chez la littorine en condition d'hypoxie : le taux d'activité GR passe de 13.8#177;1.5 mU/mg prot. en normoxie à 8.3#177;0.8 mU/mg prot. après 6 jours d'hypoxie [27].

La GR suit essentiellement le rythme de l'activité métabolique de l'individu en temps normal, c'est-à-dire une activité corrélée essentiellement à la température ou à l'activité d'assimilation nutritive. Manduzio et al. ont observé des fluctuations saisonnières de GR chez la moule bleue avec un pic d'activité en juin alors qu'elle est minimale pendant l'hiver [29]. Dans notre cas, l'activité GR est moins importante en septembre et juillet qu'en mars. Cela peut être expliqué par une reprise de l'activité d'assimilation nutritive dès mars ou bien par la forte répression de cette activité pendant l'été. La modification de l'activité GR avec des conditions hypoxiques en été n'est donc pas à exclure.

On peut noter également que pour cette activité enzymatique, on retrouve une légère différence entre stations (non significative sur le plan statistique) qui est corrélée avec le taux d'envasement de la station. Cela est peut être lié avec le rôle de la GR dans la détoxication des xénobiotiques et des métaux lourds qui sont surtout présents dans les sédiments.

La corrélation observée entre l'activité PK et l'activité GR est surprenante car elle lie le métabolisme oxydatif et la glycolyse et non la chaîne respiratoire. Le rôle de la GR dans la production du glutathion réduit pourrait expliquer ce lien. L'activité de filtration apporte à la fois des nutriments et des matières en suspensions non nutritives. Ces dernières peuvent être des métaux lourds ou des xénobiotiques. La détoxication de ces composés faisant intervenir le glutathion, on peut coupler ces activités de détoxications avec l'assimilation de glucose qui dépend également du rythme de filtration.

Concernant le DPPH, on remarque que l'organisme mobilise ses capacités antiradicalaires surtout en été ce qui est en accord les travaux de Seguineau et al. chez Crassostrea gigas qui montrent une baisse hivernale du taux de vitamines [37]. Le système antioxydant non enzymatique, est principalement représenté par des vitamines, mais certains acides aminés (cystéine méthionine) ou le glutathion réduit (GSH) ont également un rôle de défense contre les radicaux libres. En mars, le taux très faible d'antioxydants peut être interprété par le fait que l'animal n'a pas besoin à ce moment de l'année de mobiliser des défenses antioxydantes. On peut considérer que des conditions eutrophes du milieu devraient permettre une réaction rapide des organismes en cas de stress. Toutefois certains antioxydants comme l'acide ascorbique et le tocophérol n'interviennent pas dans le dosage DPPH [38]. Le protocole utilisé ciblerait donc une partie des défenses antiradicalaires qui n'est pas activée pendant le printemps.

Concernant les activités enzymatiques mesurées, aucune différence significative n'est observée entre les huîtres de la station 2 à plat sur le sédiment (QB02) ou en surélevé sur table (QB-T) pour le prélèvement du mois de mars. Cependant, la croissance des huîtres sur le sédiment est meilleure : 1.43g de poids frais contre 1.09g pour les huîtres surélevées en mars 2009 (table annexe 2). On observe aussi une mortalité légèrement supérieure pour les huîtres sur le sédiment (Figure 9). Cette mortalité différentielle n'est peut être pas due à un stress physiologique mais à facteur externe comme la prédation par exemple. Il est probable que des différences entre les huîtres surélevées et les huîtres au contact du sédiment devront apparaître davantage au moment de l'épisode de mortalité vers juin.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore