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Protection de l'environnement et commerce international

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par Cheick Oumar TOURE
Université de Limoges - Master droit international et comparé de l'environnement 2008
  

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Paragraphe I: Principes ayant différentes valeurs

Les principes du droit de l'environnement se caractérisent par une très grande disparité (A) et une certaine orientation vers des valeurs morales (B).

A Disparité des principes

1 Difficile appréhension

Contrairement aux principes du droit du commerce international qui sont énoncés dans un système centralisé.

La disparité des principes du droit de l'environnement sème souvent le trouble, ils sont formulés aussi bien à l'échelon international, national que régional. Ils se retrouvent aussi bien énoncés dans des instruments de soft-law, telles les recommandations internationales que dans des textes juridiquement contraignants. Tantôt, c'est le législateur qui les consacre, tantôt c'est la doctrine qui réclame leur application, tantôt enfin, c'est le juge qui les découvre. Ils peuvent aussi bien revêtir une forme extrêmement générale - tels la prévention ou le pollueur payeur - que technique, tel le principe de notifier à l'Etat d'exportation, le projet d'exporter une cargaison de déchets ou de substances dangereuses. Certains d'entre eux se cantonnent à un secteur bien spécifique du droit de l'environnement - tels les principes de proximité ou d'autosuffisance propres au droit des déchets - alors que d'autres, à l'instar du principe de précaution, s'appliquent à toutes les politiques sectorielles.

Enfin, certains principes renferment de véritables obligations de droit positif alors que d'autres ne visent qu'à conforter des valeurs métajuridiques.

Encore faut-il pouvoir trouver son chemin dans ce dédale. L'on reste à cet égard frappé non seulement par la diversité de principes propres au droit de l'environnement mais aussi devant la multiplicité de sens et de fonctions qui leur sont attribués. Aux principes de nature purement politique, se succèdent des principes renfermant des obligations plus précises. Les problèmes méthodologiques sont encore aggravés en droit de l'environnement par la multiplicité et de l'enchevêtrement des règles en présence et la coexistence de différents ordres juridiques consacrant des principes largement identiques.

2 Exemple à travers le principe du pollueur payeur

Nous pouvons évoquer cette difficulté à cerner les principes du droit de l'environnement à travers par exemple le principe du pollueur payeur qui est défini comme un principe « selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur ».

La question est de savoir qui est le pollueur.

On définit le « pollueur » comme « celui qui dégrade directement ou indirectement l'environnement ou crée les conditions aboutissant à sa dégradation indépendamment de toute idée de responsabilité civile à base de faute et sans tenir compte des engagements contractuels des parties»(13). Cela suppose que l'on s'interroge sur la notion de dégradation, de pollution. A cet égard, deux thèses s'opposent.

Selon la première, il y a pollution uniquement lorsqu'il y a émission de substances au-delà du seuil réglementaire imposé par une norme (règlement, autorisation administrative).

L'autre thèse est fondée sur le fait qu'il y aurait pollution dès qu'il y a un dommage écologique, même si ce dommage est autorisé.

13 J.F. NEURAY, Droit de l'environnement, op.cit., p. 86.

Cela pose toutefois la question de savoir ce qu'est le dommage écologique et celle de savoir s'il faut vraiment un dommage ou si le simple risque d'une dégradation suffit à considérer que le principe pollueur payeur serait d'application.

Dans ce cas là, c'est ce qui justifie toutes les mesures préventives et que notamment le pollueur doit payer tous les frais de monitoring pour surveiller, par exemple, ses eaux usées. Très souvent, on est en face de plusieurs pollueurs. En effet, il n'est pas aisé de déterminer qui est le pollueur. Le fabricant de produit ou l'utilisateur de celui-ci. Est- ce l'industriel ou le consommateur ? Au sein même d'une entreprise, on pourrait se poser la question de savoir qui est le pollueur : les organes dirigeants de l'entreprise, ou les préposés, ou encore les fabricants de l'installation qui fabrique le produit, etc.

On recherchera l'agent qui joue un rôle prépondérant dans la production de la pollution.

Quant au payeur

Le payeur est le pollueur mais la question qui se pose est celle de savoir selon quelle technique il doit payer :

- soit un transfert des ressources financières du pollueur vers le pouvoir public en charge de la décontamination ;

- soit la prise en charge directe du dommage causé par le pollueur.

En ce qui concerne le montant du paiement : il doit couvrir le dommage immédiat seulement ? Où il doit prendre en compte d'éventuel dommage dans le futur ?

B Principes axés sur des valeurs morales

1 Le caractère axiologique de certains principes du droit de l'environnement

Si l'on examine de plus près certains principes on verra affleurer des valeurs dépassant la sphère de la technique juridique. L'identification du contenu des principes du droit de l'environnement impose, plus que pour d'autres types de normes juridiques, que l'on découvre les valeurs extra-juridiques qui les imprègnent. C'est d'ailleurs là le propre de tout type de principes juridiques que de refléter au sein de la sphère juridique des idéaux qui ne sont pas propres à celle-ci (14) Ainsi, le principe de précaution répond-t-il au souci éthique de s'abstenir dans le doute en vue de sauvegarder la protection des intérêts des générations futures qui pourraient être affectées par une gestion imprudente des ressources naturelles (15). , le principe du pollueur payeur traduit-il la prise en compte dans le droit positif d'un idéal d'équité (pas d'enrichissement sans cause). De même, le principe d'un haut niveau de protection de l'environnement trahit le souci de ne pas brader la protection de l'environnement au profit d'autres intérêts.

14 Un parallélisme peut être dressé ici avec les principes généraux du droit qui renvoient à un certain nombre de valeurs sur lesquelles le système juridique repose et qu'il convient de sauvegarder (M. VAN de KERCHOVE et Fr OST, Le système juridique, op. cit, p. 93). Ainsi quelle que soit leur individualité propre, les principes généraux sont fonction de principes exprimés par d'autre sphères d'activités de la société humaine sur lesquels ils agissent à leur tour (H. BUCH, `'La nature des principes généraux du droit», in rapport belge au VI ème congrès international de droit comparé, Bruxelles, Bruylant, 1962, p. 59).

15 En ce sens R. ATTFIELD `'The Precautionary Principle and Moral values'', in interpretating the precautionary Principle op. cit, p. 157; A. KISS, `' The right and Interest of future Generations and precautionary Principle», in The precautionary principle and international law. The challenge of implementation, op. cit. , p. 19 Voir Egalement Fr. OST, `'Les études d'incidences : un changement de paradigme ?», in L'évaluation des incidences sur l'environnement : un progrès juridique ? Bruxelles, Publication des Facultés Saint-Louis, 1992, p. 11

Mais cette influence ne s'exerce pas dans un sens unique car, de manière inverse, la juridicisation de principes peut elle-même influencer l'évolution des valeurs. Dans cet ordre d'idées, P. Lascoumes estime que les principes introduits par la loi "Barnier"(16) sont susceptibles de renforcer "la reconnaissance sociale de nouvelles valeurs tels la biodiversité, le développement durable, une responsabilité étendue et l'accès à l'information"(17)

2 Duplicité des principes

Le caractère axiologique marqué des principes est pourtant à la source d'un certain nombre de difficultés. D'abord, la plupart des valeurs auxquelles ceux-ci renvoient sont à ce point imprécises, qu'elles ne garantissent plus la sécurité juridique. L'on se plait d'ailleurs à dire que "plus la notion est présentée comme fondamentale, plus les incertitudes la concernant deviennent grandes"(18) Il convient, par ailleurs, de garder à l'esprit qu'en accordant une trop grande importance aux valeurs guidant les principes, l'on risque d'occulter les choix socioéconomiques qui les sous-tendent. Un décalage important peut en effet apparaître entre les valeurs exprimées à l'appui des principes et l'idéologie sous jacente (19)

Plusieurs exemples permettent d'illustrer la duplicité de certains principes. Le principe du pollueur-payeur qui semble traduisant dans le droit positif un idéal d'équité (ce n'est pas à la collectivité de prendre en charge les dommages causés par des pollueurs individuels), ne masque-t-il pas des préoccupations d'ordre économique (la lutte engagée contre les aides d'Etat dans la perspective de garantir une économie de marché où la concurrence n'est pas faussée)? Dans le même ordre d'idées, le principe de prévention peut cacher sous ses atours les plus attrayants le souci de ne pas remettre en cause, au nom de la protection de l'environnement, un modèle d'exploitation de type capitaliste. Le principe ne revient-il pas à admettre un juste équilibre entre la liberté d'entreprendre et la protection de l'environnement, étant donné que la seule prévention des dommages environnementaux peut s'exercer par le contrôle des activités polluantes et n'implique pas nécessairement leur suppression?

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon