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Inventaire et étude descriptive des arbres à  contreforts et à  empattements à  Kinshasa et ses environs

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par Jean-Jacques Maniana
Université de KINSHASA - Gradué en Foresterie 2010
  

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1.2. Ecologie et importance des contreforts

De fait les contreforts se rencontrent fréquemment en forêt ombrophile sempervirente et semi-sempervirente, sous climat chaud et à forte pluviosité. Mais on en trouve aussi dans les forêts caducifoliées, les forêts sèches et en Inde, dans les « forêts de mousson ».

Dans les régions plus sèches, les contreforts se rencontrent dans les forêts galeries où l'humidité édaphique compense probablement l'humidité atmosphérique. Ceiba pentadra, avec ses grands contreforts, peut même être observé dans des paysages de formations herbeuses de Côte d'Ivoire, Cameroun et Burkina Faso. Elle est le plus souvent plantée près ou dans les villages.

Dans les forêts de montagne, les contreforts n'existent qu'à basse altitude. Ainsi, au Mexique, dans les forêts humides de montagne de la Sierra Madre Orientale, la présence d'arbres à contreforts marqués n'a pas été observée au-dessus de 1000 m (Puig, 2001).

En Guyanne on rencontre des arbres à contreforts aussi bien sur les pentes et les sommets des collines que dans les bas-fonds, Virola surinamensis, fréquent sur sols hydromorphes, est épaulé de puissants contreforts. Il en est de même de Pterocarpus officinalis.

De nombreux auteurs (Schnell, 1970 cité par Puig, 2001), ont observé que les arbres à contreforts ailés sont plus fréquents sur sols argileux que sur sols sableux.

Selon Schnell (op. cit.), deux hypothèses principales sont avancées pour expliquer le déterminisme des contreforts :

- L'origine de ces structures génétiquement fixées pourrait être en relation avec les conditions du milieu.

Ce point de vue fait référence au caractère utile de ces structures qui auraient permis la fixation de l'arbre par sélection naturelle au cours de l'évolution phylogénique.

Selon un argument généralement avancé, les contreforts augmenteraient le volume de la rhizosphère et donneraient une plus grande assise et une plus grande stabilité aux arbres de grande taille, en particulier sur les sols argileux où ils sont plus fréquents.

De tels arbres résisteraient mieux aux vents. Ainsi, les individus possédant des contreforts se seraient maintenus et auraient prospéré, contrairement aux autres.

De même, Richards (1996), cité par Puig (2001), estime que les contreforts ont une fonction similaire à celle des racines échasses, celle d'accroître la résistance des arbres aux forces des vents et de la gravité. Ces structures agiraient comme des haubans ou câbles de résistance permettant aux troncs de faire face à ces contraintes.

- La deuxième hypothèse stipule que des mécanismes biochimiques induiraient l'apparition d'un contrefort à la base du tronc chez des espèces qui possèdent héréditairement une tendance à produire ces extensions.

Dans ce cas, des causes physiologiques et écologiques expliqueraient leur présence.

Ainsi, nous constatons que les arbres pourvus de contreforts ne possèdent pas de racine principale, mais présentent des racines horizontales, superficielles, divergentes et traçantes qui sont sous-jacentes aux contreforts et les prolongent en surface, parfois jusqu'à plusieurs dizaines de mètres du tronc.

Les solutions minérales puisées dans le sol par ces racines transiteraient par les contreforts selon des trajets privilégiés qui stimuleraient le cambium : ce serait l'activité intense du cambium qui entrainerait la formation de contreforts sur ces trajets privilégiés.

Schnell (1970), cité par Trochain (1980), suggère que le développement des contreforts est un caractère héréditaire chez certaines espèces et qu'il est lié à l'environnement dans le cadre des faits biochimiques et non dans le cadre des conditions mésologiques que les théories actuelles n'ont pas réussi à mettre en évidence.

Trochain (1980) cite également, Palienne (1969), qui soutient que « la différence entre contreforts tempérés et contreforts tropicaux est de degré et non de nature ». L'action enzymatique de la B-glycérophosphate privilégiant le développement des racines latérales doit, selon lui, se déclencher au moment où la croissance des racines pivotantes est contrariée par leur pénétration dans les horizons pédologiques désaturés ou hydromorphes.

Le mécanisme ainsi amorcé prend une ampleur telle que la croissance des racines latérales devient prépondérante et affecte les tissus de la base du tronc, provoquant ainsi le développement des contreforts.

Quelle que soit l'hypothèse adoptée, il reste à expliquer pourquoi la présence des contreforts est une tendance innée chez certaines espèces des forêts tropicales humides, contrairement à la majorité des grands arbres des forêts tempérées. Il convient aussi de se demander pourquoi toutes les espèces peuplant une station marécageuse ou une pente ne sont pas étayées par des puissants contreforts.

D'autre part, les contreforts sont considérés comme des défauts de structure lors d'abattage des arbres, c'est pourquoi l'abattage des arbres à contreforts et empattements doit se faire au-dessus de leur départ car il n'y a pratiquement pas de tronc au-dessous. La trace au sol de ces arbres est une étoile sans partie centrale (pivotante) ou aux bras plus ou moins flexueux et plus ou moins divariqués (Trochain, 1980).

Figure 1 : Bases de troncs des arbres à contreforts

L'observation attentive de ces contreforts ou accotements fournit de précieuses indications pour aider à l'identification d'une essence.

Schématiquement nous pouvons donc observer leur nombre approximatif ; leur disposition simple (ex. Eribroma oblongum ou eyong, Nesogordonia ou kotibé) ou ramifiée (ex. Piptadeniastrum africanum ou Dabéma ; leur direction, droite (ex. Pterocarpus soyauxii ou padouk) ou sinueuse (Microberlinia bisulcata ou zingana, Guibourtia tessmannii ou bubinga) ; la hauteur à laquelle ils s'élèvent et la distance moyenne, sur le sol, à laquelle ils plongent en terre (le tronc de l'arbre étant bien souvent rétréci entre ces contreforts ou accotements) ; leur profil, droit (Pterocarpus soyauxii ou padouk), concave (Afzelia ou doussié) ou convexe (Ceiba pentandra ou fromager) ; leur épaisseur moyenne, épais (Entandrophragma angolense ou tiama, Entandrophragma utile ou sipo, Afzelia ou doussié, Erythrophleum ou tali), minces (cas de contreforts ou accotements « aliformes » : Pterocarpus soyauxii ou padouk, Piptadeniastrum africanum ou dabéma) (Letouzey, 1972).

C'est ce qui prouve que la présence des contreforts et leur forme constitue un caractère spécifique pour déterminer une espèce.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery