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Evaluation des revenus des agropasteurs, leurs demandes de formation et d'éducation, et leurs capacités contributives: cas de l'unité pastorale de Bélél Bogal dans le département de Podor au Sénégal.

( Télécharger le fichier original )
par Abou BA
Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) de Dakar - Ingénieur des Travaux d'Aménagement du Territoire et de Gestion Urbaine 2007
  

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

Un Peule- Un But- Une Foi

 

MINISTERE DE L'EDUCATION
ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE
Département Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion Urbaine
(33éme promotion)

 
 

E

N

 
 
 

E

A

 

Evaluation des revenus des agropasteurs, leurs demandes de
formation et d'éducation, et leurs capacités contributives : Cas de
l'Unité Pastorale de Bélél Bogal dans le Département de Podor

Mémoire de fin d'Etudes pour l'obtention du Diplôme d'Ingénieur des Travaux
d'Aménagement du Territoire, Environnement et de Gestion Urbaine
Présenté par:
Abou BA

Directeur de Mémoire : Directeur de Stage

M. Ali Sada Timéra M. Andréas MULLER

Formateur à l'ENEA Coordonnateur du PAPF

I

Septembre 2007

DEDICACES

Nous rendons grâce à ALLAH et prions sur son prophète Mohammad (PSL). Je dédie ce modeste travail à :

c Ma mère Coumba Sow et à mon père Samba Laye pour l'éducation qu'ils m'ont

donnée, les prières sans relâche, leurs conseils et leur soutien sans failles ;

c A mon plus que père Samba Kandji que Dieu a arraché à notre affection mais dont

les conseils continueront à illuminer notre vie;

c A mes frères Al Ousseynou, Demba, Ousmane et Abdoulaye pour leur soutien et prières ;

c A Maître Mbaye Faye pour les prières et conseils ;

c A ma plus que soeur Awa qui m'a bercé durant toute mon enfance, je ne saurai te remercier ;

c A Djiby Sow pour ses conseils, plus qu'un cousin tu es un frère pour moi. c A mes meilleurs amis EL Hadji Kandji Khadim, vous êtes des frères ;

c A mon voisin de chambre durant ces quatre années de formation, tu es un grand

frère, merci pour tes conseils et ton soutien ;

c Aux doyens Loum, Bass, Thierno Diop, Sakho, Dione, Traoré et Benghali

c A mes amis Daf, T. Baldé, Sylla, Michel, Moustapha, Mané, Timéra, Mballo,

Diallo, Malick Guèye, Fa Dièye Fall, Mada, FS, Marie Paul, Fernandez, Salif

Baldé, Lô, Ndèye Sine, Awa Koïta, Ngoné Ndiaye, Korka, Anta, Mbayang,

Anouard, Galandou, Yoro, Cheikh Thior, Cheikh Ndiaye et à Makhadi ; ? A l'ensemble de la 33ème Promotion de l'ENEA et à l'AEEM ;

REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont à l'endroit des personnes qui ont été déterminantes dans la réalisation de ce travail. Je veux nommer :

c Mon encadreur Ali Sada Timéra pour sa disponibilité et ses conseils;

c Messieurs Daniel André, Andréas Müller, Moussa Diop et à l'ensemble du

personnel du PAPF sans qui ce travail serait difficilement réalisable ;

c Latyr Diouf, chef du département ATEGU et à tout le personnel de l'ENEA ; c Messieurs Ibrahima Hathie et Sémou Sow pour leurs conseils et suggestions; c Thierno Mamadou Mamoudou Sy de Bélél Bogal et à toute sa famille qui m'a

hébergé dans de très bonnes conditions. Que Dieu les rétribue pour ces bonnes

oeuvres ;

c Monsieur Diallo, vétérinaire à Téssékéré et à toute sa famille ;

c Mamadou Sow dit « Khonté » qui a été plu qu'un traducteur pour nous ;

c Monsieur Doudou Léna Diop, pour son aide et sa compagnie à Bélél Bogal ; c A mon binôme Sarah Marsan pour sa collaboration sur le terrain et à tout le

groupe du Ferlo qui a rendu possible ce travail ;

c A l'ENEA et à Sup Agro dont la collaboration a rendu possible ce travail ; c Au BFPA pour leur appui ;

c A mon grand frère Demba dont la détermination et la pugnacité m'ont servi de modèle pour aboutir à ce modeste travail.

SOMMAIRE

SIGLES ET ABREVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX : VII

LISTE DES GRAPHIQUES VIII

Résumé du mémoire: IX

Introduction 1

CHAPITRE I : Revue critique de littérature 3

1-1 Revue des documents de référence : 3

1-2 Revue de publications sur la théorie du capital humain et l'économie de l'éducation :4

1-3 Revue des documents sur le Ferlo : 9

CHAPITRE II- Cadre théorique et conceptuel : 12

CHAPITRE III : Problématique 15

CHAPITRE IV : Cadre de l'étude 22

1-2 Milieu physique : 24

1-2-1 Le relief et les sols : 24

1-2-2 Le climat : 25

1-2-3 La pluviométrie : 25

1-2-4 Les ressources en eau : 26

1-2-5 La végétation : 26

1-3- Le milieu humain : 27

CHAPITREV : Méthodologie utilisée 31

5-1/La recherche bibliographique : 31

5-2/La démarche méthodologique : 31

5-3/ Les outils de collecte de l'information 32

5-3-1/L'observation 33

5-3-2/Les entretiens de compréhension 33

5-4/Le traitement des données : 33

5-5/ Les limites de la méthodologie et sur le terrain 33

5-5-1/ Les limites d'ordre méthodologique 33

5-5-2 Les limites et difficultés rencontrées sur le terrain 34

CHAPITRE VI : Analyse de l'histoire agraire 36

6-1/ Avant l'avènement du forage dans les années 70 : 36

6-2 / La décennie 70-80, la période des grandes mutations : 38

6-3/ La reconstitution du cheptel dans la décennie 80-90 : 40

6-4/ Un système très diversifié depuis les années 90 : 41

CHAPITRE VII : Analyse des systèmes de cultures 45

7-1/ Les systèmes de culture au Walo 46

7-1-1/ Caractéristiques et fonctionnement 46

7-1- 2/ Les performances économiques : 49

7-2/Les systèmes de culture dans le Jééri 52

7-2-1Caractéristiques et fonctionnement 52

2-2-2/ Les performances économiques : 53

7-3/ Comparaison des différents systèmes de cultures : 54

CHAPITRE VIII : Analyse des systèmes d'élevage 57

8-1/ Analyse des systèmes d'élevage bovins : 57

8-1-1Caractéristiques et fonctionnement : 57

8-1-2 Les performances économiques 61

8-2-1/Système bovin au forage 62

8-2-2/Le système bovin au Walo 62

8-2-3/Le système bovin transhumant dans le Ferlo : 63

8-3/Analyse des systèmes d'élevage ovins : 64

8-3-1-1/ Le système des ovins transhumants au Saloum : 66

8-3-1-2/Le système des ovins transhumants dans le Ferlo 67

8-3-1-3/ Le système des ovins fixes au forage 68

8-3-2-Les performances économiques : 68

8-3-2-1 Le système ovin transhumant au Saloum : 68

8-3-2-2 Le système ovin transhumant dans le Ferlo : 69

8-3-2-3 Le système ovin fixe au forage : 70

8-4/ Analyse des systèmes d'élevage caprins : 70

8-4-1/ Caractéristiques et fonctionnement : 71

8-4-2 Les performances économiques : 72

8-5/ Comparaison des différents systèmes d'élevage 73

CHAPITRE IX : Analyse des systèmes de production. 77

9-1/ Caractéristiques et fonctionnement des systèmes de production : 77

9-1-1/ Le système de production des grands pasteurs « Jargas » 77

9-1-2/ Le système de production des agropasteurs « Jargas » 78

9-1-3/ Le système des moyens agropasteurs : 79

9-1-4 Le système des petites exploitations agropasteurs : 80

9-2/ Les performances économiques des systèmes de production : 80

9-2-1-1 Les revenus agricoles des exploitations 84

9-2-1-2 Calcul des seuils de survie et de sociabilité : 85

9-2-1-3/ Analyse des revenus des exploitations par rapport aux seuils de survie et de

sociabilité : 86

CHAPITRE X : Analyse des préoccupations et propositions d'orientation 88

10-1/ La situation actuelle du secteur éducatif dans l'unité pastorale : 88

10-2/ Analyse des préoccupations des agriculteurs en matière d'éducation 89

10-3/ Analyse des préoccupation des agriculteurs dans leurs activités 92

10-4/ Propositions d'orientation 97

Conclusion : 100

BIBLIOGRAPHIE : 102

Annexe

SIGLES ET ABREVIATIONS

ASUFOR : Association des usagers de forage

BFPA : Bureau de Formation Professionnelle Agricole

CR : Communauté Rurale

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

GIE : Groupement d'Intérêts Economiques

IREDU : Institut de Recherche sur l'Economie de l'Education

LOASP : Loi Agro-sylvo-pastorale NPA : Nouvelle Politique Agricole PAPEL : Projet d'Appui à l'Elevage PAPF : Projet d'Autopromotion Pastorale dans le Ferlo

PSAOP : Programme de Services Agricoles et d'Appui aux Organisations Agricoles PASA : Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PIV : Périmètres Irrigués Villageois

SNFASP : Stratégie Nationale de Formation Agro-sylvo-pastorale

SNFAR : Stratégie Nationale de Formation Agricole Rurale

SAED : Société d'Aménagement et d'Exploitations du Delta

UBT : Unité Bétail Tropical

UP : Unité d'Exploitation

LISTE DES TABLEAUX :

Tableau 7-1 : Les consommations intermédiaires dans le système riz irrigué 49

Tableau 7-2 : Les consommations intermédiaires dans la tomate industrielle 49

Tableau 7-3 : Rendements des différentes spéculations en culture pluviale 52

Tableau 7-4 : Les productions brutes du système de culture en pluviale .52

Tableau 7-5 : Les consommations intermédiaires en culture pluviale ..53

Tableau 7-6 : Les valeurs ajoutées brutes des systèmes de culture 53

Tableau 8-1 : Les valeurs ajoutées des différents systèmes d'élevage ...71

Tableau9-1 : Synthèse des VAB par système de production 79

Tableau 9-2 : Synthèse des VAB/UBT des systèmes de production ..81

Tableau 9-3 : Les revenus des différents systèmes de production ..83

Tableau 10-1 : Les préoccupations des exploitations en matière d'éducation 87
Tableau 10-2 : Synthèse des préoccupations des agriculteurs concernant leurs

activités 90

Tableau 10-3 : Synthèse des recommandations 97

LISTE DES GRAPHIQUES ET CARTES

Carte de localisation de la zone sylvo-pastorale

.21

Carte administrative de la CR de Fanaye

.22

Graphique 1-1 : Diagramme ombrothermique

24

Graphique 7-1 : Calendrier de travail du système de culture riz irrigué

47

Graphique 7-2 : Calendrier de travail du système de la tomate industrielle

48

Graphique 7-3 : Calendrier de travail du système MxBxN

51

Graphique 7-4 : Productivité du travail des systèmes de culture

53

Graphique 7-5 : Comparaison des VAB des systèmes de culture

54

Graphique 8-1 : Calendrier de travail des bovins fixes au forage

57

Graphique 8-2 : Calendrier de travail des bovins transhumants au Walo

58

Graphique 8-3 : Calendrier de travail des bovins transhumants dans le Ferlo

59

Graphique 8-4 : Calendrier de travail des ovins transhumants au Saloum

..64

Graphique 8-5 : Calendrier de travail des ovins transhumants dans le Ferlo

..65

Graphique 8-6 : Calendrier de travail des ovins fixes au forage

.66

Graphique 8-7 : Calendrier de travail des caprins divagants

.70

Graphique 8-8 : Productivité du travail des systèmes d'élevage

72

Graphique 8-9 : Productivité des systèmes d'élevage par mère

..72

Graphique 9-1 : Contribution des différentes activités dans l'élaboration de la VAB des systèmes de production .80
Graphique 9-2 : Comparaison des productivités du travail et par UBT des différentes

catégories d'exploitation ..82
Graphique 9-3 : Comparaison des revenus agricoles potentiels des exploitations par

rapport aux seuils de survie et de sociabilité 84

LISTE DES SCHEMAS :

Schéma n°1 : Le relief dans le Jééri

.23

Schéma n°2 : Les modes d'abreuvement des bovins ..

55

Schéma n°3 : Les modes d'abreuvement des ovins

.61

Schéma n°4 : Les modes d'abreuvement des caprins divagants ..

68

Résumé du mémoire :

L'agriculture constitue de nos jours la principale activité économique dans les pays pauvres et notamment dans ceux situés au sud du Sahara.

Au Sénégal, le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans la vie socio-économique des populations. En effet, il absorbe près de 70 % de la main-d'oeuvre et l'écrasante majorité des ménages ruraux se consacre à l'agriculture d'où ils tirent l'essentiel de leurs revenus.

Malgré toutes ces potentialités, le secteur agricole reste confronté à d'énormes difficultés qui l'empêchent d'être performante et compétitive. Et pourtant le pays dispose de régions agroécologiques avec d'énormes potentialités. Une bonne exploitation de ces ressources, permettrait d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Parmi ces régions agroécologiques, nous pouvons citer le Ferlo au nord du pays, à cheval entre les régions de Louga, Matam et Saint Louis. Cette région à forte vocation pastorale joue un rôle important dans l'économie sénégalaise mais connaît également d'énormes difficultés.

Les contre performances du secteur agricole dans le Ferlo et particulièrement dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, notre zone d'étude, sont liées à la faiblesse des capacités techniques des populations, aux aléas climatiques et à l'inefficacité des politiques agricoles initiées par l'Etat depuis plusieurs décennies. La plupart de ces politiques ont échoué du fait de leur inadéquation et de la méconnaissance des réalités du milieu.

Ayant compris cela, l'Etat a initié depuis quelques années, une nouvelle politique basée sur le développement du capital humain en milieu rural, il s'agit de la SNFAR.

C'est dans cet élan que nous avons entrepris cette étude commanditée par le BFPA. Elle a pour objectif d'analyser afin de comprendre les pratiques des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal. La connaissance des pratiques paysannes permettra de connaître d'une part les demandes des agriculteurs en matière d'éducation et de formation et d'autre part de dégager les revenus tirés des exploitations agricoles dans cette partie du Ferlo.

Pour arriver à notre objectif, nous avons utilisé l'approche du diagnostic agraire qui est une approche systémique pour bien comprendre les dynamiques dans l'unité pastorale et les stratégies mises en oeuvre par les agriculteurs dans le cadre de leurs activités. L'approche du diagnostic agraire nous a permis d'une part de découvrir les différentes

activités pratiquées dans l'UP, ensuite les différents systèmes de production qui sont le résultat des combinaisons des différentes activités pratiquées dans une exploitation. La connaissance de ces systèmes de production nous a enfin permis de faire l'évaluation économique des différents systèmes de production.

En outre dans le but de diversifier l'angle d'analyse de perception du milieu, ce travail a été conduit par un binôme franco-sénégalais, une étudiante en agronomie à Sup Agro et un étudiant en aménagement du territoire et environnement à l'ENEA.

Cependant, les difficultés rencontrées sur le terrain, nous ont conduits à éliminer certaines phases de notre démarche méthodologique. En effet la période du stage a coïncidé à la transhumance dans notre unité pastorale, ce qui n'a pas facilité la collecte de l'information. C'est ainsi que la dernière phase de notre travail à savoir la restitution des résultats aux populations n'a pu avoir lieu faute de temps1.

Les résultats de l'étude ont montré que l'engagement dans la pratique de formation et d'éducation dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, est loin d'être fonction du niveau de revenu. Il obéit plutôt à des considérations d'ordre socio culturel. En effet, toutes les exploitations agricoles ont un revenu supérieur aux seuils de survie et de sociabilité, ce qui signifie qu'elles ont les capacités contributives pour financer l'éducation de leurs enfants ou s'offrir une formation d'autant que l'école élémentaire est gratuite dans l'unité pastorale. Mais la pratique de l'éducation y est encore très faible.

Pour renverser la tendance, il faut nécessairement réfléchir sur un nouveau calendrier scolaire dans le Ferlo. Un nouveau calendrier est primordial car l'actuel ne tient pas compte du calendrier pastoral alors que c'est celui-ci qui dicte le calendrier de toutes les autres activités de l'unité pastorale. Sinon penser à créer des « écoles nomades » qui suivraient les élèves dans les mouvements de transhumances de leurs campements.

1 Il était impossible de réunir les éleveurs pour des séances de restitutions qui pouvaient durer plus de deux heures à cause de leur mobilité. En effet vers la fin du stage c'était le début de l'hivernage, tous les éleveurs étaient préoccupés par la recherche du pâturage qui était rare.

INTRODUCTION :

L'agriculture sénégalaise constitue l'un des principaux secteurs économiques du pays. En plus d'occuper 60% de la population, elle contribue à hauteur de 11%2 à la formation du PIB.

Malgré toutes ces performances, le secteur est confronté (depuis les années 70 et cela à la suite de la sécheresse et des programmes d'ajustement structurel) à d'énormes difficultés d'ordre économique, structurel et politique. Cette crise a eu pour répercussion le maintien de l'agriculture dans une logique d'agriculture familiale caractérisée par un faible niveau d'équipement, une main d'oeuvre peu qualifiée et des rendements très faibles.

L'inadéquation des programmes agricoles menés jusque là explique en grande partie cette image hideuse que présente ce secteur. En effet au lendemain des indépendances, la plupart des politiques agricoles avaient mis de côté l'investissement sur le capital humain au profit de l'investissement massif dans les autres facteurs de production.

Par ailleurs, face à la mondialisation caractérisée par une forte société de consommation, l'agriculture a de nombreux défis à relever d'une part et fait l'objet de plusieurs enjeux d'autre part. Ces défis tournent autour de la production, de la qualité, de la technologie et surtout au défi de marché (manque de marché d'écoulement des produits entre autre...). Pour autant, depuis quelques années, l'Etat a initié une nouvelle politique agricole qui place l'agriculteur an centre du développement de ce secteur stratégique. Il s'agit de la nouvelle stratégie nationale de formation agricole rurale (SNFAR) qui est basée sur la formation des exploitants agricoles. Cette SNFAR est appuyée par la loi agro-sylvopastorale pour mieux organiser le secteur de l'agriculture en particulier et le monde rural en général. Ces nouvelles stratégies de développement de l'agriculture prennent leur départ à l'intérieur de l'exploitation agricole. En d'autres termes, dans ces stratégies, l'Etat semble avoir compris l'idée selon laquelle, il ne saurait y avoir de développement agricole sans le développement des exploitations.

L'éducation et la formation constituent de nos jours les principaux leviers sur lesquels
toute politique agricole devrait se baser pour influer sur le capital humain des

2 Programme d'appui au renforcement des capacités des acteurs du monde rural au Sénégal : bilan et perspective phase 1999-2002 ; bureau d'appui à la coopération sénégalo-suisse

exploitations agricoles. Toutefois, il ne faudrait pas que ces leviers soient perçus comme des programmes prêts à l'emploi c'est-à-dire des programmes conçus à l'insu des agriculteurs. A cet effet, il est important de connaître les demandes d'éducation et de formations des agriculteurs et ceci dans le but de minimiser toute possibilité d'échec de ces politiques agricoles. Cependant la seule connaissance de la demande d'éducation et de formation des agriculteurs ne saurait en elle seule suffire, il faut également s'intéresser aux revenus de ces derniers. La connaissance des revenus des agriculteurs permet d'imaginer le calcul économique que fera l'agriculteur en terme de rentabilité de la formation. Effectivement, si le gain de la formation ne compense pas le temps que l'agriculteur consacre à la formation, il aura tendance à se désintéresser de celle-ci. Ainsi le revenu de l'agriculteur est un assez bon indicateur de la réussite ou pas des politiques agricoles basées sur la formation agricole rurale en particulier et le développement du capital humain en général.

C'est dans le but de comprendre tous ces paramètres que nous entreprenons cette recherche. En effet une évaluation des revenus des agriculteurs, de leurs demandes d'éducation et de formation et leurs capacités contributives permettra de mieux appréhender cette problématique.

Pour ce faire notre mémoire sera structure en trois grandes parties :

Le cadre de référence en est la première, il présente dans un premier point la revue critique de littérature, le cadre conceptuel en est le deuxième point et la problématique le dernier.

La deuxième partie porte sur le cadre de l'étude et la méthodologie. Elle présente entre autre la zone d'étude, la population cible et les outils de collecte de l'information.

La troisième partie repose sur l'analyse des résultats et la présentation des propositions d'orientation.

CHAPITRE I : Revue critique de littérature

Avec l'augmentation des projets de développement au profit du monde rural, plusieurs recherches sur la connaissance des pratiques et logiques paysannes ont été menées. C'est ainsi qu'on trouve un nombre important d'écrits dans ce domaine. A côté de ces études, il y'a des documents de référence (textes de lois) qui abordent des questions relatives à ce sujet. Cependant la plupart de ces écrits font beaucoup plus échos de l'évaluation de l'efficacité de la formation des agriculteurs et de l'économie de l'éducation que de la perception et la demande d'éducation et de formation des exploitations agricoles. Par ailleurs, l'importance accordée à l'éducation et à la formation des agriculteurs permet de faire une étude des différentes théories sur le capital humain et sur l'économie de l'éducation.

1-1 Revue des documents de référence :

Parmi les nombreux textes et lois qui font état du renforcement des capacités des agriculteurs à travers l'éducation et la formation, nous avons la Loi Agro-Sylvo-pastorale (LOASP)3. Cette loi d'orientation, après avoir constaté les échecs des différentes politiques agricoles menées par l'État avec l'aide de ses bailleurs met l'accent sur le développement de la main d'oeuvre rurale. A travers cette loi, l'État montre sa volonté d'assurer aux agriculteurs une bonne formation dans le but de leur permettre d'être à mesure de développer leur terroir. C'est ainsi qu'il est stipulé dans son article 62 : << L'éducation, l'alphabétisation et la formation constitue des leviers stratégiques pour la modernisation de l'agriculture. L'État définit et met en oeuvre, en partenariat avec l'ensemble des acteurs du développement agro-sylvo-pastoral, une Stratégie Nationale de Formation Agro-Sylvo-Pastoral (SNFASP) ». Cette nouvelle approche de l'État dans le développement du secteur agricole à travers ce précédent article est renforcée à l'article 63. En effet, on peut y lire : << Le droit à la formation initiale et continue est reconnu aux personnes exerçant les métiers de l'agriculture et à tous les acteurs ruraux. Ils bénéficient à ce titre d'une formation générale, technique et professionnelle dans les métiers de l'agriculture, de la sylviculture et de l'élevage, qui est dispensée par des institutions publiques ou privées agréées. Cette formation est soutenue par l'État».

3 Loi N°2004-16 adoptée par l'Assemblée Nationale en sa séance du 25 Mai 2004

A côté de la LOASP, l'État a élaboré la Stratégie Nationale de Formation Agricole Rurale (SNFAR) qui s'articule autour de quatre objectifs :

c Généraliser en milieu rural l'éducation de base ;

c Répondre aux besoins de formation professionnelle des ruraux dans tous les domaines en appuyant la formulation de la demande de formation des ruraux et l'offre de formation répondant à ces demandes, en concédant le service public de la formation professionnelle des ruraux, sans remettre en cause la mission de service public ;

c Renforcer, adapter et mieux articuler les formations secondaires et supérieures entre elles et avec celles destinées aux ruraux ;

c Réguler l'ensemble des institutions publiques et privées de formation.

Ainsi donc la LOASP et la SNFAR sont les principaux cadres sur lesquels l'État veut s'appuyer pour réussir le développement du secteur agricole. Toutefois il est important de souligner que ces documents tout comme les précédentes politiques de développement agricole n'ont pas fait une étude complète de l'espace rural avant de penser à des solutions. En effet avant toute étude, l'Etat devait tout faire pour comprendre les pratiques paysannes en matière d'éducation et de formation ce qui permettrait d'aboutir facilement à une adéquation entre l'offre et la demande. Cette étude aurait aussi pour but d'aider l'État à connaître les capacités contributives des exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation et ainsi de prévoir des politiques d'accompagnement optimales.

Parallèlement à ces documents de référence élaborés par l'État ou sous sa houlette, nous retrouvons une panoplie d'écrits et/ou de publications de grands chercheurs qui parlent de ce sujet.

1-2 Revue de publications sur la théorie du capital humain et l'économie de l'éducation :

La théorie du capital humain a vu le jour au milieu des années 60 sous la houlette de Théodore Schultz, Edward Dénilson, Jacob Mincer et Gary Becker. Cependant ce dernier, lauréat du prix Nobel d'économie en 1992 est considéré comme le père de cette théorie4. Il définissait le capital humain comme étant « l'ensemble des capacités productives qu'un

4 Becker Gary : Human Capital publié en 1964

individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire etc. ». Cette théorie consiste à appliquer à l'investissement dans le capital humain les mêmes règles d'analyse que l'on applique dans la théorie néoclassique à l'investissement traditionnel.5

Selon Becker l'éducation ou la formation, qu'elle soit générale ou spécifique, accroît la productivité de ceux qui la reçoivent et influe ainsi positivement sur la croissance économique. Alors que pour Gisèle Jean et Daniel Rallet «Le savoir et le capital humain peuvent accroître la productivité de deux manières : soit dans l'ensemble de l'économie (effet de levain), soit dans certains secteurs uniquement. Certaines innovations entraînent seulement un accroissement de la productivité de certains secteurs (effet champignon)»6. Selon ces derniers le capital humain agit à deux niveaux :

? au niveau micro-économique (l'individu), on mesure le taux de rendement des investissements en formation sur les revenus du travail ;

? au niveau macro-économique, le taux de rendement social mesure l'impact des investissements sur la croissance économique et l'ensemble de la société.

Ainsi Becker lie dans une certaine mesure la croissance économique à l'éducation et à la formation des individus qui doivent être les principaux acteurs de cette croissance. C'est dans ce même ordre d'idée que plusieurs théories de la croissance essaient d'analyser le rôle de l'éducation et de la formation dans la croissance. Ainsi pour Lucas (1988) « la croissance est essentiellement déterminée par l'accumulation de capital humain, de sorte que les différents taux de croissance entre pays sont principalement explicables par les différences de taux auxquels ces pays accumulent du capital humain »7. Tandis que Nelson et Phelps8 pensent que c'est le stock de capital humain qui est le principal moteur de la croissance.

Toutefois, cette théorie de Becker a été remise en cause à la fois dans son développement et ses hypothèses car d'autres théories refusent d'établir une relation rigide entre l'éducation et la productivité. Ainsi pour K. Arrow l'éducation n'accroît pas la productivité comme le suppose Becker, elle n'est par contre qu'un filtre qui permet de

5 Rapport OCDE (Mai 2001), Du bien-être des nations : le rôle du capital humain et social

6 Idem

7 Idem

8 Ibidem

distinguer les individus les plus capables (effet de signalement par le diplôme).9 Autrement dit L'éducation ne sert donc pas à accroître les capacités des individus mais à les identifier afin de pouvoir les filtrer par un processus de sélection. En définitive, nous pouvons dire que le mérite principal de la théorie du capital humain est de considérer l'éducation comme un investissement, non comme un coût. Un investissement qu'entreprend un individu pour lui-même en ayant un comportement rationnel. Dans ce cas, l'éducation est perçue comme un calcul individuel qui se poursuit tant qu' il est estimé rentable. Cependant, de nos jours, la notion de capital humain a connu une certaine évolution. En effet, il ne se perçoit plus en terme de quantité d'investissement uniquement mais aussi en terme de qualité de l'investissement.

C'est ainsi que différents axes de recherche portant sur l'investissement dans le capital humain ont vu le jour : c'est le cas de l'économie de l'éducation. L'économie de l'éducation est un vaste champ de recherche en pleine expansion qui a une variété d'approches et de méthodologies, notamment dans le domaine des techniques microéconométriques et macroéconomiques. En effet l'éducation étant perçue comme la base de tout développement, connaître ses fondements économiques c'est-à-dire son apport pour une personne ou un pays s'avère être un impératif pour tout programme de développement. C'est dans ce cadre que l'économie de l'éducation se positionne comme étant la science qui étudie les différentes interrelations entre l'économie et l'éducation. Autrement dit, l'économie de l'éducation se charge de voir l'efficacité des investissements alloués au niveau de l'éducation et ceci sous l'angle individuel et collectif (le résultat de l'investissement dans les programmes éducatifs nationaux). Il ressort de certaines études menées jusque là que l'éducation accroît la productivité de l'individu donc les pays doivent investir le maximum dans l'éducation s'ils veulent influer plus tard sur leur produit intérieur brut. Dés lors le problème qui se pose aux économistes de l'éducation est de savoir à quel niveau ou seuil faut-il arrêter l'investissement dans le secteur éducatif ?

9 Idem

Par ailleurs selon J.P Jarousse10 : parler de l'économie de l'éducation, c'est parler de l'éducation dans toutes les acceptations de ce terme. Abondant dans le même sens, l'UNICEF pense que << l'éducation est caractérisée par la priorité accordée aux droits de la personne et à la transmission de connaissance et aptitudes qui aident chaque individu à réaliser son potentiel et à agir pour le bien être de la société, contribuant ainsi à réduire, voire éliminer progressivement la pauvreté >>11. Ainsi donc de nos jours, l'éducation constitue un moyen de préservation de notre culture mais aussi un moyen de booster notre économie vers l'avant car comme l'a dit le Président Abdoulaye Wade << le troisième millénaire sera celui de la course aux compétences >> que seul l'éducation pourra garantir. La formation agricole rurale constitue de nos jours une politique stratégique de la majorité des gouvernements de l'Afrique subsaharienne. En effet, elle est un champ sur lequel la plupart des états comptent s'appuyer pour enclencher le développement de l'agriculture en particulier et du monde rural en général. A cet effet Quincy Bérengère disait que << la formation constitue un autre élément de politique agricole essentiel pour le développement rural de long terme >>12. Ainsi donc, d'après cette dernière, le développement du monde rural, caractérisé par les activités agricoles ne peut s'opérer sans une bonne formation des acteurs c'est-à-dire des exploitants agricoles. Pour ce faire, il faut rompre avec les anciennes approches qui consistent à prendre l'agriculteur comme étant seulement un exécutant de programmes conçus ailleurs et qui sont le plus souvent inadéquats aux réalités paysannes. D'autres auteurs montrent l'importance de la formation agricole dans le développement rural. C'est le cas de Pierre Debouvry, selon lui << il faut préparer l'ensemble des populations rurales à être les acteurs de leur propre développement, à prendre en charge leur avenir et à se constituer en partenaires et interlocuteurs des différents agents économiques >>13. Pour cet auteur, il est important de mettre l'agriculteur au centre du développement agricole en lui proposant des formations qui répondent à sa demande pour ainsi passer du << paysan, objet de développement >> à celui du << paysan acteur de son développement >>. Pour y arriver, l'auteur pense que les

10 Jarousse J.P : 1991, L'économie de l'éducation ; du capital humain à l'évaluation des processus et des systèmes éducatifs, Repères bibliographiques, Perspectives documentaires en Education N° 23

11 Rapport de l'UNICEF de 1999 : « La situation des enfants dans le monde »

12 Barbadette. Loïc et Pesche Denis Formations Professionnelles rurales en Afrique subsaharienne.

13 Debouvry. P. : Demain le paysan, enfin protagoniste de son développement

formations rurales doivent donner aux différents acteurs les outils pour analyser leur situation, décider et mettre en oeuvre les évolutions nécessaires face aux enjeux techniques, économiques et socioprofessionnels. Ces différents travaux ont l'intérêt de montrer la nécessité de doter l'agriculteur d'une bonne formation agricole afin de lui permettre d'être beaucoup plus productif. Cependant ces travaux n'ont pas insisté sur l'impact de la formation agricole sur l'agriculteur en particulier et le monde paysan en général. Autrement dit, ces auteurs n'ont pas mené une mesure de l'efficacité de la formation agricole rurale sur les rendements des exploitants agricoles. La formation étant un investissement, mobilise beaucoup de ressources. C'est pourquoi il serait intéressant de faire l'évaluation des coûts et de l'efficacité de la formation agricole rurale. Pour répondre à ce souci, Alain Mingat et Nelly Stéphan14, dans les notes de l'institut de recherche sur l'économie de l'éducation (IREDU) tentent d'y apporter quelques éclaircissements. Pour ce faire, ces auteurs ont mené une étude portant sur l'efficacité de la formation générale et de la formation professionnelle sur le secteur agricole. Cette étude montre que les agriculteurs ont tendance à choisir des conditions économiques d'autant plus favorables qu'ils ont fait des études générales plus longues et qu'il existe une structure de complémentarité favorable entre formation générale et formation agricole initiale lorsque celle-ci s'applique à des individus de niveau des formation relativement faible. Elle montre aussi que dans le cas où l'enseignement agricole et la formation technique s'appliquent à des jeunes de niveau d'études générales plus élevé la formation agricole apporte à la formation générale une valeur ajoutée faible ou nulle. Ces résultats ont amené ces auteurs à dire que la formation agricole ne contribue que très faiblement à la forte variabilité de la capacité des agriculteurs à tirer profit de leur exploitation. En conclusion Mingat et Stéphane pensent qu'il est possible que la formation agricole spécifique ne soit pas un vecteur de transmission très efficace des compétences mobilisées par les agriculteurs et que celles-ci s'acquièrent en fait pour une large part sur le tas dans l'exercice même du métier. A côté de ces notes de l'IREDU, nous avons d'autres études qui parlent également de l'évaluation de l'efficacité de la formation

14 Evaluation de l'efficacité externe de la formation des agriculteurs, Notes de l'IREDU n° 97/1

agricole. Parmi ceux-ci, nous avons les mémoires de Khadim Diop15, Sileymane Bâ16 et Hahmadou Bamba Tine17.

Ces travaux tout comme les études de Mingat et de Stéphan abondent dans le sens de l'évaluation de l'efficacité de la formation des agriculteurs. Comme nous l'avons vu, ils ont contribué à connaître et à apprécier l'efficacité de la formation agricole chez les agriculteurs. Cependant toutes ces études n'ont pas fait une corrélation entre l'efficacité de la formation et les comportements des agriculteurs. En d'autres termes, il manque dans ces travaux, la relation entre les niveaux de revenus des exploitants agricoles et le résultat de la formation alors qu'on sait que dans le monde rural « les pratiques de ces derniers en matière de formation ont des fondements économiques ; elles dépendent fortement du type d'activités et du niveau de revenus (...) ». En effet, il nous semble très important d'évaluer les revenus des agriculteurs avant de se lancer dans une évaluation de l'efficacité des formations reçues par ces derniers et cela pour mieux situer les échecs des formations agricoles. Ce que nous voulons dire par là c'est que l'agriculteur se préoccuperait moins d'une formation fut elle agricole s'il n'a pas les revenus nécessaires pour compenser les revenus qu'il perd au moment où il subit la formation.

C'est ainsi que notre étude se propose de voir le lien qui existe entre les revenus des agriculteurs et leurs demandes de formation et d'éducation ce qui est une spécificité, car jusque là nous ne sommes au courant d'une quelconque recherche dans ce domaine.

1-3 Revue des documents sur le Ferlo :

Depuis longtemps, la région du Ferlo a fait l'objet de plusieurs recherches qui ont abouti à de nombreux écrits. Cependant la plupart de ces écrits ont été réalisés dans le cadre de la coopération allemande qui y achève cette année ses trente ans d'expérience.

C'est ainsi que depuis la période pré-coloniale le Ferlo faisait l'objet d'études et de recherches. Ces écrits faits dans l'ère pré-coloniale relatent le mode de vie des peuls principaux habitants. C'est le cas de Mollien qui déjà en 1818 parlait du Ferlo et de ses

15 Evaluation des formations dispensées par l'ANCAR aux producteurs agricoles : cas des
communautés rurales de Dangalma, Dalla Gabou, Sadio et Lambaye, ENEA, Dakar, 2004

16 Evaluation de l'efficacité de la formation des producteurs agricoles : cas du centre d'initiation Horticole de Gandiaye, ENEA, Dakar, 2006

17 Evaluation de l'efficacité de la formation des producteurs agricoles : cas du centre de formation agricole de Sibassor, ENEA, Dakar, 2006

habitants18. Dans ces travaux, l'auteur ne fait pas mention des systèmes de production des populations locales car en grande partie Mollien a limité ses études sur une population artisane non représentative de la population du Ferlo mais qui était vraisemblablement la plus accessible.

A côté des travaux de Mollien, nous avons ceux de Santoir qui relatent d'une part les dynamiques pastorales dans la zone du Ferlo et d'autre part les stratégies des éleveurs face aux différentes sécheresses. C'est ainsi que dans l'un de ses principaux ouvrages, Santoir montre comment les éleveurs peuls ont vécu la sécheresse de 197319 et dans un autre il parle de l'exploitation du cheptel en milieu peul et notamment dans le Ferlo 20.

Ces travaux ont eu l'intérêt de parler d'une région jadis peu connue mais dont les activités économiques occupent plus de 20% de la population nationale. Cependant ces travaux n'ont pris en compte que l'activité pastorale alors que le Ferlo a aussi une longue tradition agricole.

Pour prendre en compte la dimension agricole dans le Ferlo, nous avons les travaux de Oussouby Touré21. En effet, ce dernier a fait une étude sur la crise agricole et les comportements de survie dans cette région. Dans cette étude, l'auteur tout en faisant un zonage du Ferlo montre comment l'agriculture pluviale jadis importante activité dans le Jééri a connu des déboires du d'une part aux différentes sécheresses mais aussi au manque d'intérêt des autorités pour cette activité dans la région. En outre Touré y fait une analyse des choix des spéculations qui dit-il relevaient surtout d'un souci de sécurité alimentaire que d'autre chose.

Ces travaux de Touré en plus de montrer que le Ferlo n'est pas exclusivement une zone pastorale permettent de comprendre de façon plus globale les systèmes de production en milieu peul. Toutefois, tout comme ceux cités plus haut, ils ne nous éclairent pas sur les niveaux de revenus des exploitations agricoles de la région agro-sylvo-pastorale alors qu'une connaissance de ceux-ci aiderait à mesurer la rentabilité du secteur agricole dans

18Mollien G. T (1967): l'Afrique occidentale française en 1818, Paris Calmann-Lévy

19 SANTOIR C, 1977, Les sociétés pastorales du Sénégal face à la sécheresse de 1972 -1973

20 SANTOIR C, 1982. - Contribution à l'étude de l'exploitation du cheptel : région du Ferlo, Sénégal, Dakar. ORSTOM

21 TOURE O : Crise agricole et comportements de survie : le cas du Ferlo (Sénégal) in Société Espace Temps 1992, Page 90 à 102

le Ferlo et à s'interroger sur leur relation entre les demandes d'éducation et de formation des agriculteurs de la région sylvo-pastorale.

CHAPITRE II- Cadre théorique et conceptuel :

Comme dans tout travail de recherche, il est important de clarifier certains concepts pour éviter tout amalgame entre la définition de certains termes d'une part et faciliter la compréhension aux futurs utilisateurs du document d'autre part. C'est ainsi que nous nous proposons d'apporter notre entendement des différents termes qui vont suivre :

Evaluation, pour l'OCDE « l'évaluation est l'appréciation, la plus systématique et objective possible, d'une politique, d'un programme, projet en cours ou achevé, de sa conception, de sa mise en oeuvre et des résultats. Le but est de déterminer la pertinence et la réalisation des objectifs de développement, l'efficience, l'impact et la durabilité. Une évaluation devrait fournir des informations crédibles et utiles permettant d'intégrer les leçons de l'expérience dans le processus de décision des bénéficiaires et des bailleurs de fonds ». Dans cette étude, l'évaluation sera entendue comme la détermination de la valeur marchande de toutes les productions effectuées au niveau de l'exploitation et qui sont susceptibles de lui procurer un revenu.

Demande de formation : nous la prendrons comme étant l'expression d'un souhait ou de résultats attendus, exprimés par les acteurs de la vie sociale et économique, vis-à-vis du système éducatif et de formation. Elle résulte de conditions objectives, économiques et sociales, que vivent les acteurs, et des représentations qu'ils ont de ces conditions d'une part, et de l'offre éducative et de formation d'autre part.

Unité pastorale : Pour le PAPEL, l'unité pastorale est un espace géographique où vivent des populations ayant les mêmes intérêts économiques, les mêmes parcours pastoraux, utilisant les mêmes points d'eau (forages, mares,...) et exploitant les mêmes zones agricoles.

Besoin de formation : c'est une identification d'un écart susceptible d'être réduit par la formation entre les compétences d'un individu ou d'un groupe à un moment donné et celle attendues.

Capital humain : il existe plusieurs définitions de ce concept surtout à travers la théorie qui l'a vulgarisé. A travers notre étude, nous comprendrons le capital humain comme étant l'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire etc.

Ainsi, on voit que ce terme est défini à travers les connaissances, les qualifications, les

compétences et les caractéristiques individuelles qui facilitent la création de bien-être personnel, social, économique.

A côté de cette définition basée sur quatre angles d'analyse, d'autres conçoivent ce concept sous un triptyque à savoir les compétences, les expériences et les savoirs faire au travail.

Exploitation agricole : elle est définie par M.Dufumier comme étant « une unité de production agricole dont les éléments constitutifs sont la force de travail (famille et salarié), les surfaces agricoles, les plantations, le cheptel, les bâtiments d'exploitation, le matériel et l'outillage. C'est le lieu où le chef d'exploitation combine ces diverses ressources disponibles et met en oeuvre son système de production agricole22. »

Un système de production agricole est selon Claude Reboul23 un mode de combinaison entre terre, force et moyens de travail à des fins de production végétale et animale, commun à un ensemble d'exploitations. Il est caractérisé par la nature des productions, de la force de travail (qualification), des moyens de travail mis en oeuvre et par leurs proportions.

Un système de culture est un ensemble de modalités techniques mises en oeuvre sur des parcelles traitées de manières identiques. Chaque système de culture se définit par :

c La nature des cultures et leur ordre de succession ;

c Les itinéraires techniques appliquées à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des variétés pour les cultures retenues24.

Un système d'élevage est un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisé en vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux domestiques pour obtenir des productions variées (lait, viande, cuirs et peaux, travail, fumure, etc.) ou pour répondre à d'autres objectifs25.

22 M. Dufumier, les projets de développement agricole- 1996

23 Claude Reboul, « Mode de production et système de culture et d'élevage » in : Economie rurale, n°112,1976

24 Sébillotte M, Les systèmes de cultures. « Réflexion sur l'intérêt et l'emploi de cette notion à partir d'expérience acquis en région de grande culture », in Séminaire du département d'agronomie de l'INRA, Vichy, Mars 1992.

25 Landais E. « Principes de modélisation des systèmes d'élevage », in Les cahiers de la recherche développement, n°32, Montpellier, 1992, Page 83

Le seuil de reproduction est le niveau de revenu en dessous duquel il n'est plus possible, pour un exploitant agricole, d'assurer à la fois le renouvellement du capital d'exploitation et la subsistance de sa famille26.

Ecosystème, c'est un système constitué par l'ensemble des êtres végétaux et animaux vivant dans un milieu physique donné en interaction étroite avec ce dernier27. Productivité du travail, c'est la valeur ajoutée par unité de travail. Elle peut être calculée par travailleur disponible ou rapportée à la durée effective du travail28.

Le seuil de survie c'est le revenu minimum qu'un actif doit dégager de son exploitation pour assurer sa survie et celle de ses dépendants, c'est-à-dire celle des personnes non actives qui sont à sa charge (enfants en bas âge, infirme ou personne âgée)29.

Entretien de compréhension, c'est une méthode fondée sur l'utilisation des techniques de l'entretien semi-direct. Il permet d'analyser les pratiques. Elle s'appuie sur la conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structure mais des producteurs actifs du social donc des dépositaires d'un savoir important qu'il s'agit de saisir de l'intérieur par le biais du système de valeurs des individus. Son but est l'explication compréhensive du social.

Capacités contributives, elles peuvent être perçues comme étant les aptitudes ou les limites des exploitations agricoles à participer financièrement aux coûts d'éducation et de formation offertes. Les capacités contributives sont également fonction des surplus de revenus générés par leurs systèmes d'activités après satisfaction des besoins vitaux de survie et de sociabilité des exploitati

26 M. Dufumier, les projets de développement agricole- 1996

27 Ibidem

28 Ibidem

29 Benkhala. A et al, Initiation à une démarche de dialogue, dossier pédagogique : Observer et comprendre un système agraire, Editions du Gret, Novembre 2003

CHAPITRE III : Problématique

La lutte contre la pauvreté constitue de nos jours l'une des plus grandes préoccupations de l'humanité. C'est ainsi qu'au sortir du sommet du millénaire de Septembre 2000 mené sous la houlette du PNUD, la communauté internationale s'était fixée comme objectif de réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015. La principale stratégie retenue à l'époque pour atteindre cet objectif était le développement du capital humain par le renforcement des capacités des principaux acteurs au développement et la promotion de la croissance économique. Cette croissance économique devrait passer par la mobilisation de ressources vers les secteurs capables de contribuer de manière forte et soutenue à la réduction de la pauvreté. L'agriculture avec les nombreuses activités qui gravitent autour d'elle est l'un des meilleurs secteurs à même de contribuer à la réalisation de ces objectifs.

En effet l'économie des pays pauvres et de l'Afrique en particulier est dominée par l'agriculture. Ce secteur occupe plus de la moitié de la population active et représente plus de 34% du PIB et 40% des exportations de marchandises des pays d'Afrique subsaharienne30.

Au Sénégal l'agriculture joue un rôle prépondérant dans la vie socio-économique. Le secteur agricole absorbe près de 70 % de la main-d'oeuvre et l'écrasante majorité des ménages ruraux se consacre à l'agriculture qui lui procure sa première source de revenu. L'agriculture, en l'an 2000 constituait également 17 % du PIB (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté - DSRP, 2002).

Malgré tout, le secteur agricole reste confronté à d'énormes difficultés qui l'empêchent d'assurer convenablement sa mission. En effet d'une part, l'agriculture nourrit de moins en moins la population car les productions deviennent de plus en plus déficitaires et d'autre part l'élevage connaît des difficultés qui ne permettent pas au troupeau d'être aussi productif.

Ces difficultés sont apparues pour la plupart d'entres elles à la suite de la sécheresse des années 70 mais ont été amplifiées par d'autres facteurs qui différent d'une région agroécologique à une autre.

30 Pierre Debouvry : Les enjeux de la formation professionnelle agricole rurale en Afrique de l'ouest francophone

Dans la région nord du Sénégal (Louga, Matam et Saint Louis) se trouve l'une des plus importantes zones agro-écologique du pays où élevage et agriculture constituent les principales activités économiques. Cette zone appelée Ferlo a connu dans son histoire deux grands moments qui ont fondamentalement modifié son paysage et son économie. En effet, le Ferlo jadis zone d'éleveurs nomades, voit à la suite des années 50 avec l'apparition des premiers forages hydrauliques des populations de sédentariser et du coup s'adonner également à l'agriculture pluviale. Cette dynamique sera stoppée à partir des années 70 avec le début des sécheresses successives qui vont ôter à ce milieu presque toute sa population et ainsi appauvrir le secteur agricole (agriculture et élevage).

Par ailleurs, située dans le Proche Jééri donc en étroite relation avec le Walo, notre zone d'étude, avec l'importance de l'élevage et de l'agriculture se trouve être l'une des plus agricoles de tout le Ferlo. Malheureusement, plusieurs facteurs concourent depuis quelques années à la fragilisation de ces secteurs d'activités qui sont d'une grande importance car occupant plus de la moitié de la population locale. Parmi ces facteurs, nous avons :

c La faiblesse et la variabilité de la pluviométrie : en 20 ans le Ferlo a connu une

dizaine de sécheresses dont les plus grandes sont celles de 1973, 1983, et 2002 ;
c La saturation et la dégradation des terroirs : plus de 50% des terres de cultures

sont dégradées dans le Proche Jééri ;

c Faible niveau d'instruction des exploitations agricoles qui peut être un facteur important au conseil agricole et rural; 91,3% des exploitations n'ont pas le niveau d'éducation du primaire ;

c L'accès difficile au système de crédit commun à l'agriculture et à l'élevage ;

c Le mode d'élevage essentiellement extensif dans le Ferlo où l'alimentation du

cheptel est basée sur les pâturages naturels soumis aux aléas climatiques ;

c La faiblesse de l'investissement public et privé dans le secteur qui se traduit par

l'insuffisance des infrastructures de base (piste de production, ouvrage

hydraulique, unité de transformation et de conservation) ;

c L'absence d'une sécurisation foncière pour les activités pastorales (car l'élevage n'est pas considéré comme un mode de mise en valeur de la terre par la loi sur le domaine national) ;

c Le sous équipement et le faible niveau de technicité des producteurs ; c Les insuffisances dans la politique de formation des éleveurs.

Malgré toutes ces difficultés qui menacent le secteur agricole, l'État ne cesse de mener des politiques de développement en vue de permettre à ce secteur de jouer pleinement son rôle c'est à dire celui de fer de lance de l'économie.

Parmi ces politiques et stratégies agricoles, il y a eu la Nouvelle Politique Agricole (NPA) mise en oeuvre en 1984 et qui avait pour objectif de réaliser la couverture des besoins céréaliers à hauteur de 80%. Après cette NPA, dans les années 1990 est survenu le Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole (PASA) avec comme objectifs la recherche de la sécurité alimentaire, du foncier et la promotion de l'investissement privé. A côté de ces politiques agricoles, il y'a eu les Lettres de politique du développement du secteur agricole et de l'élevage qui sont des cadres institutionnels dressés par l'autorité publique dans le but de mobiliser des moyens (humains, matériels et administratifs) afin de promouvoir davantage le développement de ces deux secteurs, ceci en responsabilisant les différents ministères et les principales directions concernées par ces secteurs. C'est ainsi que l'État a eu à mettre sur pied le PSAOP (Programme de Services Agricoles et d'Appui aux Organisations Paysannes). Celui-ci devrait permettre de mieux rentabiliser le secteur de l'élevage par la formation des éleveurs et l'équipement des zones pastorales entre autres le Ferlo.

Ces différentes politiques et stratégies agricoles (marquées par un désengagement de l'État,

privatisation et/ou restructuration des entreprises publiques et parapubliques, responsabilisation des agriculteurs, libéralisation des prix et des marchés, décentralisation, incitation à l'investissement privé en milieu rural) n'ont pas permis d'enrayer le déficit de la balance commerciale des produits alimentaires et de réduire la pauvreté dans la zone agro-sylvo-pastorale.

Ainsi donc malgré toutes les politiques élaborées par l'État dans le développement du secteur agricole , le monde rural et en particulier la zone agro-sylvo-pastorale du Ferlo reste caractérisée par une petite agriculture pratiquée sous pluie et un élevage extensif peu structuré. Toutes ces deux activités souffrent d'énormes contraintes dont la non moins importante est le faible niveau d'instruction et de formation des différents producteurs.

Ayant tiré une bonne leçon des échecs de ces différentes politiques et mesures, l'État par l'intermédiaire de la Loi Agro-sylvo-pastorale (LOASP) a élaboré une nouvelle vision du développement du secteur agricole. Celle-ci est clairement définie dés le préambule de cette loi « les orientations du secteur agricole portent sur la création d'un environnement attractif et incitatif en milieu rural qui vise la transformation de l'agriculture familiale en appuyant la promotion de l'exploitation agricole familiale par le passage de systèmes extensifs de production à des systèmes intensifiés, diversifiés, durables et respectueux des ressources naturelles ; elles visent aussi à favoriser l'émergence d'un entreprenariat agricole et rural >>. Pour ce faire, le développement agro-sylvo-pastorale passe par une stratégie de diversification des productions agricoles, l'augmentation de la productivité et de la compétitivité des exploitations agricoles sur une base durable, avec comme mesure d'accompagnement, le développement d'une économie non agricole en milieu rural >>31. Cette nouvelle orientation de la politique agricole est axée sur l'investissement humain. C'est ainsi qu'à travers cette même loi, on note que l'État met l'accent sur la formation des acteurs du secteur agricole : « L'éducation, l'alphabétisation et la formation constitue des leviers stratégiques pour la modernisation de l'agriculture...32 >>. Cette nouvelle approche de l'État lie le développement de l'agriculture au développement de l'agriculteur par l'éducation et la formation. C'est dans ce sens que l'Etat a mis sur pied la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR) pour améliorer la qualité du capital humain et des exploitations agricoles. La SNFAR est un outil de politique agricole élaborée par l'État et les partenaires au développement en concertation avec les acteurs du secteur agricole.

La SNFAR et la LOASP sont les derniers actes posés par les autorités publiques pour améliorer la qualité du capital humain afin de réussir le développement du monde rural ou plus particulièrement du secteur agricole.

Toutefois pour ne pas revivre la même situation dans le Ferlo que lors des précédentes stratégies et politiques de développement ou de redressement du secteur agricole, l'État avant de se lancer dans une quelconque politique d'éducation et de formation agricole doit d'abord s'investir dans la connaissance des pratiques paysannes. En effet, comme le

31 Préambule de la LOASP adoptée par l'assemblée national le 25 Mai 2004

32 Article 62 de la LOASP

dit Pierre-Marie Découdras << une connaissance plus fine des pratiques paysannes devrait (...) constituer un préalable nécessaire à la conception et à la mise en oeuvre des projets de développement, permettant de mieux raisonner les choix à faire en matière de changement technique et d'action à entreprendre sur le milieu naturel dont l'appréciation ne peut être dissociée de celle de la perception qu'en a la société concernée qui l'utilise »33 . Cette assertion met en évidence l'importance qu'il faut accorder à une étude préalable du monde rural ou précisément des exploitations agricoles notamment de la zone agro-sylvo-pastorale pour tout projet de développement les concernant et surtout les projets d'éducation et de formation car comme le souligne toujours le même auteur << sans développement des exploitations, il ne saurait y avoir développement agricole ». En outre, l'analyse des pratiques paysannes permettra de connaître les véritables besoins des exploitations agricoles dans tous les secteurs du développement et notamment dans celui de l'éducation et la formation agricole et de réduire du coup le décalage entre les offres en formation agricole et les demandes des agriculteurs.

Ainsi, il s'avère plus que nécessaire de résorber le manque de formation des agriculteurs d'une part et le déficit d'éducation au sein des exploitations agricoles d'autre part mais tout ceci dans le cadre d'une concertation avec ces populations car << il faut préparer l'ensemble des populations rurales à être les acteurs de leur propre développement, à prendre en charge leur avenir et à se constituer en partenaires et interlocuteurs des différents agents économiques »34.

Pour cela, il nous faut s'interroger sur les demandes des exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation en vue d'y apporter des solutions de façon homogène et non disparate. Sachant déjà qu'en 1982 la Banque Mondiale estimait que les agriculteurs et les travailleurs indépendants ont une contribution économique plus grande s'ils sont instruits35. Il urge de réfléchir donc sur une politique de formation et d'éducation des agriculteurs basées sur leurs propres demandes et non sur des programmes réfléchis depuis les bureaux des services étatiques ou des bailleurs de fonds.

33 Découdras Pierre-Marie : A la recherche des logiques paysannes, Editions Karthala 1997

34 Debouvry Pierre : Demain le paysan, enfin protagoniste de son développement ?

35 Rapport Banque Mondiale de 1982 intitulait : Le développement accéléré en Afrique au Sud du Sahara ; programme indicatif d'action

Par ailleurs selon la théorie du capital humain « l'éducation et la formation sont considérés comme des investissements que l'individu effectue rationnellement en vue de la constitution d'un capital productif inséparable de sa personne ». Dés lors, on ne peut faire une étude sur l'éducation et la formation en milieu rural sans connaître les perceptions et les logiques de l'agriculteur en matière d'éducation et de formation d'une part et le lien qui existe entre cette perception et les revenus de l'agriculteur d'autre part. Ceci est d'autant plus important dans le Ferlo où les populations sont très nomades et très méfiantes sur tout ce qui concerne l'éducation et la formation. Autrement dit, pour une recherche plus approfondie de cette problématique, il est nécessaire de ne pas se limiter à une étude de l'impact de l'éducation et de la formation dans le secteur agricole mais d'aller jusqu'au bout des logiques paysannes, c'est-à-dire expliquer la relation qui existe entre le niveau de revenu des exploitants agricoles et le niveau de formation et d'éducation de ces derniers. Cependant le niveau de revenu ne saurait à lui seul expliquer les comportements des exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation. En effet il est important d'y associer l'aspect sociologique car cette zone à majorité peul est une zone de forte transhumance car les peuls le plus souvent ne font que suivre l'évolution du pâturage. Lors de ces transhumances, ces populations se déplacent avec toute leur famille et donc avec leurs enfants qu'ils retirent tout bonnement du système éducatif. Ainsi s'il est important de connaître la relation entre le faible niveau d'étude et de formation et les niveaux de revenu des exploitations agricoles de la zone du Ferlo, il est impératif de faire une étude sociologique en amont pour bien comprendre les pratiques des exploitations.

C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude commanditée par le Bureau de Formation Agricole Professionnelle (BFPA) exécuté parle le Centre Nationale d'Eude des Régions Chaudes (CNEARC) et l'École Nationale d'Économie Appliquée (ENEA) avec l'appui technique du Projet d'Autopromotion du Pastoralisme dans le Ferlo (PAPF). Dans le but de bien étudier ce thème, notre mémoire se fixe les objectifs suivants :

Question de recherche :

Le niveau de revenu des exploitations agricoles de l'Unité Pastorale de Bélél Bogal joue t-il un rôle dans leurs choix en matière d'éducation et de formation ?

Pour aboutir à la réponse de cette question de recherche, il nous faut trouver d'abord des réponses à ces interrogations :

c Quelles sont les différentes activités agricoles des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal ?

c Quels sont les revenus de ces exploitations agricoles ?

c Quelles sont les préoccupations de ces exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation ?

Objectif général :

Évaluer les revenus des agriculteurs de l'unité pastorale de Bélél Bogal, leurs demandes de formation et d'éducation et leurs capacités contributives.

Objectif spécifique 1 :

Connaître les niveaux de revenus agricoles, et surtout pouvoir les mettre en relation avec différentes catégories d'exploitations, selon leur dotation en facteurs de productions et la combinaison d'activités pratiquées;

Objectif spécifique 2 :

Comparer ces niveaux de revenus aux besoins vitaux et sociaux et à d'autres revenus hors agricoles éventuellement;

Objectif spécifique 3 :

Déterminer les coûts directs et indirects de l'éducation et de la formation en fonction des revenus générés par l'agriculture ;

Objectif spécifique 4 :

Analyser la demande d'éducation et de formation des exploitations agricoles en fonction de leurs capacités contributives.

CHAPITRE IV : Cadre de l'étude

1-1/ Présentation de la zone d'étude

La communauté rurale de Fanaye Jééri qui englobe l'UP de Bélél Bogal se trouve sur l'axe St Louis Matam à 15km de Thillé Boubacar, chef lieu d'arrondissement et à 70 km de Podor. Limité à l'Est par la CR de Ndiayéne Pendao, à l'Ouest par la CR de Gaye (Dagana) au Nord par le fleuve Sénégal et au Sud par le département de Linguère.

L'UP de Bélél Bogal se trouve à 13 km du siége de la CR et couvre une superficie de plus de 225km2 occupée par une dizaine de campements peuls situés à l'intérieur du Jééri. L'UP pastorale est reliée au reste de la CR par un vaste réseau de pistes qu'empruntent les charrettes et les pick-up qui font office de moyens de transport notamment pour l'acheminement dans les marchés hebdomadaires.

Unité pastorale de Bélél Bogal

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Carte n°1 : Localisation de la zone sylvo-pastorale et de l'UP de Bélél Bogal

1-2 Milieu physique :

1-2-1 Le relief et les sols :

L'UP de Bélél Bogal est à cheval sur deux écosystèmes ce qui permet de distinguer un relief différent selon qu'on soit dans la zone du Walo ou du Jééri.

- Le Jééri qui est la zone la plus importante de la CR (plus de 80% de la superficie) est caractérisé par un sol dior et caillouteux ça et là notamment sur les céno ou plateaux avec une végétation à steppe graminée dominée par le Boscia senegalensis et le calotropis procera. A côté de ces céno, nous notons l'existence de plusieurs dépressions qui rendent le relief un peu accidenté. Ces dépressions ou Changool sont des zones sablo-argileuses humides avec une végétation assez importante. Par ailleurs, ces dépressions jouent un rôle très important dans la vie des populations car elles constituent de grands points d'eau temporaire pendant l'hivernage.

Sol limono-sableux
Sol très drainant
Faible nombre de mares
Prédominance graminée
Faible densité arbres

Sol argileux
Forte retenue d'eau
Grande concentration de mares
Prédominance légumineuses/graminées

Forte densité arbres

Feuillus (type combretum) Epineux (type acacia et

balanites)

Arbustes (type bocia et calotropis)

Céno:

E

Harmattan (E/NE)

S

N

O

Écoulement des eaux

concentration en argile

Changool: bas fonds

Schéma n°1 : Type de relief dans le Jééri :

Hadar des pkies (en nen)

250

200

350

300

150

100

50

0

1970

1973

1976

Diagramme ombrothermique

1979

1932

1935

Années

1938

1991

1994

1997

2CCO

2003

2CC6

25

20

5

0

30

15

10

Nombre de jags de pkie

Hauteur de pluie en mm Nombre de jours de pluies

- Dans le Walo, nous avons deux systèmes écologiques qui composent le milieu. Il s'agit des hollaldé qui sont des parties basses ou cuvettes naturelles représentées par des terres facilement inondables en période de crue et les fondés, bourrelets sablo-argileux légèrement surélevés donc difficilement inondables même en période de forte crue. Ce sont ces terres qui reçoivent les aménagements hydroagricoles pour la culture de riz et de la tomate. Dans cette partie de la zone d'étude, les sols sont alluvionnaires, argileux et hydromorphes avec un relief relativement plat.

1-2-2 Le climat :

On note deux (02) principales saisons : une saison pluvieuse relativement courte de 03 à 04 mois et une saison sèche de 08 à 09 mois.

De type sahélien, il est caractérisé par une présence permanente de l'harmattan soufflant Nord Est durant toute la saison sèche. Des vents de sables sont très fréquents durant cette période. Des températures très élevées au cours de l'année avec des maxima de 45° et des minima de 22°en Novembre et Décembre ce qui offre à la zone un ensoleillement presque annuel.

1-2-3 La pluviométrie :

L'unité pastorale est comprise entre les isohyètes 200 à 300mm et depuis 1970 ce sont ces quantités pluviométriques qui ont été enregistrés.

Graphique1-1 : Diagramme ombrothermique

Situé dans la zone septentrionale du Ferlo, l'unité pastorale de Bélél Bogal est marquée par un déficit quasi permanent de la pluviométrie. C'est ainsi que nous constatons dans ce graphique de la pluviométrie de cette zone depuis 1970, une variation des quantités de pluies entre les saisons ce qui explique le fait que cette zone constitue la partie la plus sèche du sahel sénégalais.

Toutefois, ces trois dernières années, cette région du Ferlo connaît un retour de la pluviométrie avec des isohyètes qui varient entre 200 et 300mm.

1-2-4 Les ressources en eau :

Grâce à une diversité de son relief et de son écosystème, l'UP de Bélél Bogal dispose de plusieurs ressources en eau (naturelles et artificielles) qui disséminées un peu partout dans l'aire du forage ce qui lui procure beaucoup de potentialités.

Les mares temporaires : elles sont le résultat du remplissage après chaque hivernage des bas-fonds ou dépressions situés dans le Jééri. En plus d'être les lieux d'abreuvement des animaux pendant tout l'hivernage, elles constituent également les sources de consommation en eau des populations pendant près de quatre (04) mois dans l'année.

Le fleuve Sénégal, situé à 15km de l'UP, joue un rôle important dans la vie des agriculteurs et des éleveurs. Pour les agriculteurs, il permet de pratiquer la culture irriguée grâce aux aménagements de la SAED tandis que pour les éleveurs, il constitue une zone de repli après l'hivernage où le cheptel s'abreuve et profite de la vaine pâture issue des parcelles de cultures.

Par ailleurs, sur le plan hydrologique Bélél Bogal dispose d'une importante nappe maestrichienne qui dispose d'une importante potentialité hydrique. C'est d'ailleurs dans cette nappe que l'eau du forage est pompée à travers le maestrichtien situé à près de 80m dans le sol.

1-2-5 La végétation :

Dans l'UP de Bélél Bogal, les espèces végétales les plus importantes se retrouvent sur le tapis herbacé, il s'agit le plus souvent de : Cenchrus biflorus, Chloris prieurii, Schoenfeldia gracilis, Aristida mutabilis, Zornia glochidiata et le Borreria radiata.

Au niveau des mares d'hivernage plusieurs espèces ligneuses sont rencontrées. Il s'agit notamment des espèces comme Acacia senegal, Boscia senegalensis, Balanites aegyptiaca, Combretum alutinosum, Acacia raddiana et sclerocarya.

Par ailleurs, il est important de savoir que la plupart de ces espèces végétales surtout les herbacées sont présentes au maximum huit (08) mois dans l'année tout en sachant que cela peut être modifié par les feux de brousse.

1-3- Le milieu humain :

En se basant sur le dernier recensement démographique de 2002, l'UP de Bélél Bogal compte 2000 habitants majoritairement peuls répartis dans une dizaine de campements. Cette partie de la CR de Fanaye tout en étant l'une des plus importantes de part sa superficie demeure néanmoins la moins habitée.

Sur le plan socio-réligieux, l'UP est essentiellement composée de populations musulmanes essentiellement peuls est le siège du forage qui abrite le village de Bélél Bogal est le lieu d'habitatio n d'un grand marabout qui est la personne la plus influente de toute la zone.

L'habitat est dans son ensemble marqué par la culture peul. En effet, l'architecture des cases traditionnelles de cette ethnie constitue le type d'habitat de la zone. Cependant, les constructions en dur commencent à faire partie du décor mais ceci dans les campements permanents.

1-4/ La stratégie de gestion et d'occupation de l'espace dans l'unité pastorale :

Pour faire une étude de la stratégie d'occupation de l'espace dans l'aire d'influence du forage de Bélél Bogal, véritable zone pastorale, il est important de faire une analyse rétrospective pour comprendre l'évolution de cette stratégie.

1-4-1/ Gestion et occupation ancienne de l'espace :

Dans le Ferlo, le mode d'occupation de l'espace et le système d'exploitation des ressources obéissaient à des règles connues et acceptées par l'ensemble des usagers. En effet, l'espace était structuré en leydi correspondant à des terroirs agro-pastoraux sous le contrôle des différents groupes humains intervenant dans la région.

Ces leydi s'étiraient perpendiculairement au fleuve et se prolongeaient jusque dans l'arrière-pays, formant ainsi de véritables couloirs de transhumance bordés au nord par les terres de culture de décrue et au sud par le réseau des mares qui constitue la trame

foncière. Chaque communauté de pasteurs jouissait de droits prioritaires sur les ressources disponibles dans l'espace de son leydi.

Par contre dans le Jééri, la structuration traditionnelle de l'espace se fondait sur la distinction entre les zones dites fey qui correspondait aux meilleures terres de parcours faisant l'objet d'une appropriation stricte et les zones dites ladde qui sont vacantes et correspondant à l'espace interstitiel entre les différents fey36 Les zones fey se subdivisent en plusieurs secteurs (hurum) qui forment autant de terroirs rattachés aux campements d'hivernage. Le hurum désigne à la fois l'espace sur lequel s'exerce l'autorité du campement et les règles qui régissent l'exploitation des ressources qui y sont disponibles. Les hurum appartenant à une même zone fey sont contigus, réalisant ainsi un maillage dont la densité est telle que la totalité de l'espace utile se trouve accaparée37. L'occupation et l'utilisation de l'espace font l'objet d'un contrôle collectif engageant également la responsabilité de tous les usagers dans la gestion des problèmes fonciers.

1-4-2/ Gestion et occupation actuelle de l'espace :

Le système d'aménagement et le mode de distribution spatiale des activités et des hommes sont largement déterminés par le forage autour duquel est structuré l'unité pastorale. C'est sur cette entité que repose toute la stratégie d'occupation et de gestion de l'espace dans le Ferlo. L'UP regroupe l'ensemble des villages polarisés par le forage pastoral et qui acceptent d'unir leurs efforts pour prendre en main la gestion durable de leurs différents terroirs d'attache dont l'histoire est constitutif de l'unité pastorale.

Comme partout ailleurs dans le Ferlo, la création du forage de Bélél Bogal a contribué à modifier les modes de gestion de l'espace pastoral. Une tendance à la sédentarisation se dessine dans toute la zone avec des mouvements de transhumance d'une partie de la famille constituant l'exploitation agricole.

Le forage est devenu de nos jours un véritable pôle d'attraction autour duquel s'organisent les principales activités économiques. Il a fait naître une nouvelle forme d'occupation du sol, centrées dans les aires d'influence du forage dont le rayon tourne autour de 15km, ce qui fait une superficie de 70.000ha.

36 Grosmaire 1957.

37 Ibidem

L'habitat est dispersé ; il est constitué d'un semis de campements à l'intérieur de l'unité pastorale. Le campement est constitué d'un ou plusieurs ménages qui répondent le plus souvent d'un patriarche. Cet habitat est composé essentiellement de cases en paille, mais de plus en plus, les populations commencent à construire en dur, ce qui est un véritable signe de fixation.

Par ailleurs, les campements sont toujours localisés à proximité d'un point d'eau c'est-àdire d'une mare d'hivernage. En effet de nos jours, la véritable problématique dans le Ferlo et notamment dans l'unité pastorale de Bélél Bogal reste liée à l'eau. C'est ainsi que tous les campements situés sous l'aire d'influence du forage sont tous liés à une mare remplie en saison des pluies. Chaque campement dispose d'un droit prioritaire sur la mare d'hivernage voisin de son campement, toutefois ceci n'empêche pas d'autres populations d'utiliser cette mare en cas de besoin.

1-5/ La dynamique organisationnelle :

Avec la nouvelle structuration de la zone d'influence du forage, l'UP constitue l'épicentre de toutes les activités des différents campements gravitant autour de cet équipement hydraulique. C'est ainsi que la gestion de toutes les ressources de al localité est sous placée sous la surveillance stricte du comité de l'unité pastorale. En effet que ce soit les ressources en eau avec l'ASUFOR, les pâturages et les ressources végétales avec les comités de lutte contre les feux de brousse, toutes ces activités sont coordonnées par l'UP. Elle définit les règles d'usage des espaces et les vocations à leur conférer (habitations, aire de pâturage, calendrier d'utilisation des pâturages, règles de conduite des troupeaux etc.)38.

Par ailleurs, l'association des Usagers du Forage (ASUFOR) est la structure de gestion du forage. Ces membres sont élus par les différents campements constitutifs de l'UP. La supervision du processus de mise en place de l'ASUFOR est assurée par l'UP qui coordonne également les activités de formation notamment d'alphabétisation.

En ce qui concerne les activités de culture irriguée au Walo, tous les producteurs sont regroupés dans des groupements d'intérêts économiques (GIE). Ce qui permet à ces producteurs d'exploiter les périmètres irrigués d'une manière beaucoup plus efficiente. En effet, les GIE des producteurs sont dirigés par un président élu pour deux ans

38 Rapport de la mission de prospection de Mme Véronique et M. Timéra

renouvelables et d'un trésorier. Ce sont les GIE qui au début de chaque campagne agricole loue les engins et les tracteurs nécessaires à la préparation du sol mais aussi ce sont les GIE qui organisent l'utilisation de l'eau avec les agents de la SAED.

CHAPITREV : Méthodologie utilisée

Comme dans tout travail de recherche, il est important d'adopter une méthodologie cohérente en vue d'avoir les bonnes informations nécessaires pour élaborer ses conclusions. Cette méthodologie couvre à la fois la démarche utilisée pour recueillir les informations, les techniques d'enquêtes et les techniques de traitement de l'ensemble de ces données.

5-1/La revue bibliographique :

La recherche bibliographique a été la première étape de notre travail dés l'identification de notre thème de recherche.

Cette phase de notre mémoire nous a mené dans plusieurs centres de documentation et bibliothèques. C'est ainsi que plusieurs oeuvres, mémoires, revues, articles et publications portant sur les logiques pastorales et agricoles mais aussi sur les pratiques d'éducation et de formation en milieu rural ont été écrits sans oublier les lectures faites sur l'histoire du Ferlo. Cette recherche bibliographique a été menée dans les bibliothèques de l'ENEA (et notamment celle du département ATEGU), de l'UCAD, de l'IFAN et de manière plus importante au niveau de la bibliothèque du PAPF à Saint Louis où des visites ont été faites tout au long de la phase terrain.

5-2/La démarche méthodologique :

Le diagnostic agraire est avant tout un travail de terrain. Son objectif est de comprendre les réalités paysannes de la zone d'étude, les analyser à la fois dans une dynamique historique et dans un contexte macroéconomique global et enfin d'émettre des hypothèses argumentées sur les perspectives d'évolution. En effet, ces différents niveaux d'analyse nous permettront de comprendre les interactions entre tous les éléments qui composent la réalité étudiée. Afin d'appréhender cette réalité complexe, le diagnostic s'appuie sur les concepts fondant l'analyse systémique.

Un travail en binôme. Cette étude est le fruit d'un travail à deux. En effet, durant tout le travail de terrain, un étudiant français du CNEARC et un étudiant sénégalais de l'ENEA ont travaillé conjointement. L'échange continu entre deux personnes ayant des sensibilités, un parcours et une approche de la campagne sénégalaise différents nous ont permis de garder constamment un oeil critique sur le travail.

? Analyse du paysage agraire, cette partie consiste à observer le milieu dans lequel nous travaillons c'est-à-dire bien observer la région d'étude et par ricochet les activités qu'on y pratique. Cette observation du paysage a pour objectif de nous permettre de comprendre et d'expliquer la manière dont les agriculteurs (au sens large) exploitent leur milieu c'est-à-dire mettre en évidence les éléments d'ordre agro-écologique puis technique et socio-économique qui contribuent à expliquer le mode actuel d'exploitation du milieu39.

? Analyse de l'histoire agraire, cette phase permet de saisir l'ensemble des évolutions qui ont affecté la région à travers les différentes étapes que le milieu a connues ceci avec une vision sur le plan macro et micro c'est-à-dire voir l'évolution du milieu par rapport aux évènements qui l'ont marqué.

Cette analyse de l'histoire agraire a été conduite grâce aux entretiens de compréhension que nous avons eus avec les personnes ressources de la zone notamment les personnes âgées témoins de ces éventuelles évolutions. Dans cette partie l'ensemble des pratiques des agriculteurs en matière agricole et pastorale a été étudié ceci nous a permis d'aboutir à une typologie des différentes exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal. C'est à la suite de cette typologie des exploitations que nous avons choisi les exploitations à suivre ceci grâce à un échantillonnage raisonné. Ce choix a porté sur les exploitations de chaque type identifié à la suite. L'étude des systèmes de culture et d'élevage a été également mené au niveau de ces exploitations ce qui nous a permis d'aboutir à l'interprétation de la demande d'éducation et de formation.

5-3/ Les outils de collecte de l'information

Il s'agit essentiellement de l'observation directe, des entretiens de compréhension et des guides de l'analyse de l'histoire agraire. Ces outils nous ont permis d'identifier les différentes catégories d'exploitations qui existent dans l'unité pastorale grâce à l'analyse du paysage et de l'histoire agraire. C'est sur ces exploitations qu'a porté l'évaluation des revenus des agriculteurs à travers l'analyse des systèmes de cultures, des systèmes d'élevage et des systèmes de production. En ce qui concerne l'analyse des demandes de formation et d'éducation des agriculteurs et l'estimation de leurs capacités contributives, les enquêtes ont concerné des exploitations déjà interrogées dans les premières parties du

39 Ibidem

travail et d'autres qui ne l'étaient pas mais à chaque fois la catégorie d'appartenance de l'exploitation a été rigoureusement respectée pour les parties concernant d'une part les techniques culturales et pastorales et d'autre part les demandes d'éducation et de formation.

5-3-1/L'observation

C'est une méthode de collecte d'information fiable, simple et facile à interpréter. Elle nous a permis de mieux comprendre le paysage de l'unité pastorale.

L'observation a été une phase de collecte d'informations très importantes notamment sur l'état des ressources, les logiques pastorales, la gestion du pâturage et du foncier.

5-3-2/Les entretiens de compréhension

C»est une méthode fondée sur les techniques de l'entretien semi-direct. Il permet d'analyser les pratiques. Elle s'appuie sur la conviction que les hommes ne sont pas que de simples agents porteurs de structure mais des producteurs actifs du social donc des dépositaires d'un savoir important qu'il s'agit de saisir de l'intérieur par le biais du système de valeurs des individus. Son but est l'explication compréhensive du social. Cet outil a été utilisé pour la compréhension de l'histoire agraire et des préoccupations en matière d'éducation et de formation.

5-4/Le traitement des données :

Pour le traitement et l'exploitation des données, nous avons utilisé le logiciel Excel. Ce dernier nous a permis de faire des tableaux de nos enquêtes zootechniques mais aussi de pouvoir faire l'évaluation économique et de tracer les courbes pour l'illustration. L'autre logiciel qui nous aidé dans notre travail est Arcview3.2a, en effet c'est grâce à ce dernier que nous avons élaborés l'ensemble des cartes.

5-5/ Les limites de la méthodologie et sur le terrain

Comme dans tout travail de recherche, un certain nombre de limites ont subsisté dans cette. Ces limites sont liées à la méthodologie et sont souvent accompagnées de difficultés relatives à la quête de l'information sur le terrain.

5-5-1/ Les limites d'ordre méthodologique

L'approche diagnostic agraire qui est une approche systémique que nous avons utilisée
pour l'élaboration de ce mémoire consiste à observer le milieu sur lequel on évolue dans
le but de comprendre toutes les dynamiques. Autrement dit, cette approche est une

initiation a la compréhension des pratiques paysannes et a pour finalité d'aboutir a une connaissance plus fine des pratiques paysannes et non d'aboutir a des propositions de plans de développement destinés a un quelconque acteur.

De ce fait notre travail contrairement aux autres mémoires produites avec la méthodologie enseignée et préconisée a l'ENEA ne comportera pas de recommandations. Ce choix fait a dessein est la suite logique de la méthodologie utilisée pour mener a bien ce travail. En effet, sachant que les recommandations sont des propositions faites a partir des potentialités et des contraintes identifiées et analysées au cours de l'étude menée sur le terrain, elles font donc appel a des orientations d'ordre général sous forme de stratégies justifiées a travers le diagnostic décrit tout au long du mémoire. Toutes ces exigences des recommandations n'ont pas des articulations dans notre méthodologie ce qui nous amène a opter de manière objective a ne pas faire cette partie liée aux recommandations.

Toutefois a la lumière des préoccupations soulevées par les exploitations agricoles, il nous a semblé nécessaire de faire des propositions d'orientations a travers les propos recueillis au niveau des exploitations.

5-5-2 Les limites et difficultés rencontrées sur le terrain

Sur le terrain, un certain nombre de difficultés a ralenti notre travail, ce qui nous a conduit a remplacer des phases essentielles par d'autres assez approximatives.

En ce qui concerne les difficultés, il s'agit notamment de la période de stage qui n'est pas vraiment propice pour recueillir l'ensemble des informations pour une telle recherche surtout quand celle-ci est tournée vers les éleveurs. En effet la période de stage est intervenue au moment où la plupart des éleveurs sont partis en transhumance ce qui nous a amené a faire les enquêtes sur trois unités pastorales, car étant obligé de suivre ces éleveurs dans leurs mouvements de transhumance. Par ailleurs, le fait de devoir transhumer n'est pas une mauvaise chose en soi car la transhumance nous permet de mieux connaître les pratiques des pasteurs de cete partie du Ferlo. Cependant vu que la méthodologie proposée par le diagnostic agraire est basée sur une approche systémique qui est une approche itérative, les nombreux déplacements ne permettaient pas de retourner sur le milieu de l'étude pour vérifier ou revoir certains points dans le but de bien comprendre l'histoire agraire de l'unité pastorale.

Cette transhumance nous a conduit dans l'impossibilité de réaliser la dernière partie de notre méthodologie et qui devait constituer l'épilogue de notre diagnostic agraire. En effet notre étude devait prendre fin sur une validation de notre recherche passée dans l'unité pastorale pendant plus de trois mois. La validation devait avoir lieu au cours d'une séance de restitution des résultats aux agriculteurs mais à cause d'une part des déplacements entre forages et d'autre part de la situation de la zone en ce moment cette séance de restitution avec les populations n'a pas eu lieu.

Pour autant, cela ne nous a pas empêché d'obtenir au moins une validation de notre travail même si ce fut d'une manière très individuelle et réduite. En effet nous avons opté dès que le problème s'est posé de faire valider notre travail par les personnes ressources de l'unité pastorale à travers des rencontres individuelles ou des rencontres par binôme.

5-5-3 : Les restitutions :

Même si la restitution des résultats aux populations n'a pas pu se faire, cette étude a connu dans sa phase d'application trois restitutions.

En effet deux restitutions ont eu lieu au niveau de l'antenne du PAPF à Widou Thiengholy (Département de Linguère) et ont regroupé à chaque fois une équipe pédagogique (composée d'enseignants de l'ENEA et du CNEARC) et une équipe du PAPF (composée du coordonnateur, de l'expert technique, d'un consultant et des agents technique du PAPF). Ces deux restitutions nous ont permis de recadrer l'étude grâce aux éclaircissements de l'équipe pédagogique.

La dernière restitution s'est tenue à Dakar au niveau de l'ENEA le 13 Août 2007 et a regroupé le bureau du BFPA (qui a commandité le travail), le PAPF et l'ensemble des professeurs de l'ENEA et des autres structures qui ont participé à ce projet.

CHAPITRE VI : Analyse de l'histoire agraire

L'histoire agraire de l'unité pastorale de Bélél Bogal peut être étudiée en quatre grandes périodes que sont :

6-1/ Avant l'avènement du forage dans les années 70 :

Pendant cette période, cette partie du Ferlo est une véritable zone à vocation agricole avec des populations qui pratiquent cette activité presque toute l'année, cependant celle-ci était associée à une activité d'élevage extensif. En effet avant le forage dés les premières pluies d'hivernage les populations rejoignaient le Jééri à côté de leur campement d'hivernage « rumano » pour s'adonner à l'agriculture pluviale. Cette culture pluviale était surtout destinée à l'autoconsommation avec des spéculations comme le mil qu'on cultivait en poquet au bâton fouisseur en association avec le niébé et le béréf. Lors des travaux champêtres, les hommes creusaient les trous tandis que les femmes effectuaient les semis. Les activités de préparation du sol tournaient autour du désherbage avant les semis et le sarclo-binage intervenait après la deuxième pluie.

En ce qui concerne les activités pastorales, lors de l'hivernage tout tournait autour du rumano toujours installé à proximité des mares temporaires. Pendant cette période, l'abreuvement des animaux se faisait dans ces mares et les zones de pâturage étaient autour du campement sur un rayon de moins de 5km, à l'écart des champs de culture. Le troupeau était composé de bovins, ovins et caprins avec une prédominance d'ovins et de caprins. Le troupeau restait dans cette partie du Jééri jusqu'à la fin de l'hivernage voire parfois plus longtemps. En effet, comme le dit Barral « c'est l'assèchement des mares d'hivernage dans le Ferlo en début ou fin de saison sèche fraîche (dabbundé) selon les années qui donnait le signal du départ vers la vallée (Walo) et les peuls y demeuraient généralement jusqu'à la saison appelée (pétodji) c'est à dire la période des premières pluies de l'hivernage suivant ». Lors de ce mouvement vers la vallée, il se trouve qu'une partie de la famille est déjà partie en transhumance pour commencer les travaux de culture. La culture de décrue dans le Walo était composée principalement de sorgho et c'était les hommes qui se chargeaient de creuser les trous tandis que les femmes effectuaient les semis et l'arrangement des trous. C'était à la suite des semis que le sarclage intervenait et on ne le faisait qu'une fois.

La récolte de ce sorgho avait lieu trois mois après les semis. Pendant cette récolte, les hommes s'occupaient de couper les tiges au moment où les femmes ramassaient ces tiges qu'elles mettaient dans des sacs.

Pour éviter que les troupeaux ne nuisent aux cultures des toucouleurs et des peuls, certains animaux étaient gardés par des bergers adultes jusqu'à la récolte au mois d'Avril tandis que d'autres traversaient le fleuve dés que le niveau le permettait vers l'autre rive de la Mauritanie (jusqu'au Lac R'Kiz).

L'achèvement de la récolte des cultures de décrue était suivi par le « niangal » c'est à dire de la vaine pâture sur les terrains de cultures pour permettre aux animaux de consommer les tiges des systèmes foliaires du sorgho sous forme de fourrage vert.

Le séjour dans le Walo prenait fin dés les premières pluies au Ferlo et chaque groupe retournait vers son campement qu'il retrouvait chaque année ainsi que son champ de mil. A cette époque, à travers le système agraire de la zone de Bélél Bogal, on ne distinguait que trois catégories d'exploitations agricoles. Il s'agit d'abord des grandes exploitations possédant des salariés avec un important troupeau dominé par les bovins. Ce groupe composé des soumenaabés, des wodaabés et des tooroodos était également de grands agriculteurs avec des cultures pluviales pratiquées dans le Jééri et des cultures de décrue concentrées dans le Walo. Ensuite, nous avons la catégorie des moyennes exploitations familiales qui étaient tout comme les premiers des agropasteurs avec un troupeau composé de bovins compris entre 10 à 50 têtes et quelques ovins et caprins. Dans cette catégorie, on ne retrouvait que des soumenaabés et des wodaabés.

Enfin, nous avons les petites exploitations familiales qui regroupaient également des soumenaabés et des wodaabés. Ces derniers étaient de petits éleveurs avec seulement de petits ruminants comme animaux. Ils pratiquaient l'agriculture pluviale et la culture de décrue, elles sont par ailleurs à ces époques les plus attachées à l'agriculture.

Pendant cette période d'avant forage, toutes les catégories d'exploitations transhumaient vers le Walo. Pour les deux premières catégories, afin de bénéficier des cultures de décrue et du pâturage pour leur troupeau tandis que pour la dernière catégorie c'était pour d'une part disposer des terres de cultures et d'autre part pour obtenir du lait auprès des grandes exploitations.

Ainsi grâce à l'agriculture pratiquée toute l'année et aux bonnes conditions climatiques, nous pouvons dire, tout comme le note Barral, que le système pastoral pratiqué par les peuls réalisait le tour de force en milieu sahélien d'assurer au bétail pâturage vert et abreuvement quotidien toute l'année. Ceci est confirmé par les propos d'un berger qui disait << en ce temps, nos animaux buvaient tous les jours toute l'année et ne connaissaient pas la paille ».

6-2 / La décennie 70-80, la période des grandes mutations :

Vers la fin des années 60, le Ferlo est marqué par une diminution de la pluviométrie et le fleuve Sénégal connaît de moins en moins de crues alors que c'est grâce à celles-ci que la population s'adonnait à l'activité agricole au Walo. C'est dans ce climat de déficit pluviométrique que s'amorcera les années 70 avec comme principal effet la grande sécheresse de 72-73 caractérisée par les populations comme l'année de la << grande catastrophe ». Cette sécheresse dont les conséquences ont été immédiates avec la mort d'une grande partie du cheptel provoquant ainsi des famines et l'abandon progressif de l'agriculture pluviale jadis importante activité dans le Jééri.

A partir des années 70, le fleuve Sénégal dont les crues permettaient aux peuls de s'adonner aux activités agricoles de décrue voit à cause des déficits pluviométriques son niveau baisser. Ces déficits pluviométriques après avoir amorcé la fin de l'agriculture pluviale au Jééri vont jouer un rôle important dans le devenir des activités agricoles au Walo. C'est en effet avec la baisse voire la fin des crues du fleuve que l'agriculture de décrue perd un peu de son intérêt et par ricochet stoppe les transhumances qui avaient lieu vers la vallée des l'assèchement des mares d'hivernage du Jééri.

Par ailleurs les années 70 sont marquées par la construction du forage de l'unité pastorale de Bélél Bogal. Cet ouvrage a vu le jour presque vingt ans après les premiers forages construits dans les années 50 notamment celui de Tatki situé à 20km. Avec la mise en service de ces équipements dans le Proche Jééri, les populations peuls jadis nomades ont commencé à se fixer autour des zones d'influence des forages (généralement sur un rayon de 15km). Dés lors, commençait une nouvelle pratique dans les logiques des éleveurs du Ferlo. Ces derniers, habitués à voyager à l'intérieur du Ferlo et/ou entre le Ferlo et le Walo, se fixent maintenant autour des forages. Cette nouvelle pratique n'est pas seulement due à la présence des forages car il s'avère que les peuls ont abandonné les

transhumances vers le Walo non pas à cause des forages mais plutôt à cause de l'arrêt des crues du fleuve Sénégal.

Cette nouvelle pratique des éleveurs à savoir la fixation autour des forages contribuera fortement dans l'ampleur des dégâts de la sécheresse. En effet selon les populations, elles n'étaient pas préparées à une sécheresse lorsqu'elles se fixaient autour des équipements hydrauliques car rien ne faisait apparaître l'imminence d'une telle catastrophe. C'est ce manque de préparation qui a augmenté les ravages de la sécheresse car on a vu que lors de la sécheresse de 1983, qui était pourtant la plus rude, les éleveurs s'en sont bien tirés ceci grâce surtout à la complémentation et aux leçons issues de la précédente sécheresse. A la suite de cette sécheresse, le cheptel restant est composé de quelques bovins, d'ovins et de caprins avec toutefois beaucoup plus d'ovins que de bovins. Le petit ruminant constitue en effet la plus grande partie du troupeau. Celui-ci était élevé au niveau de l'exploitation c'est à dire du « gallé » et son abreuvement était assuré par l'eau rapportée du forage à dos d'âne.

Au sortir de cette décennie, l'UP qui comptait à la période précédente trois catégories d'exploitations se retrouve avec deux catégories car la catégorie des grandes exploitations disposant de salariés a perdu au cours de la sécheresse la quasi-totalité de son troupeau et s'est séparée de sa main d'oeuvre. Pour ainsi constituer la catégorie des moyennes exploitations familiales, celle-ci également composée de quelques MEF de la précédente période ne dispose désormais que d'une dizaine de bovins quelques ovins et caprins et même si elles ont continué à cultiver en décrue jusqu'en 1974. Les petites exploitations familiales de la précédente période n'ont pas évolué durant cette décennie, elles ont su résister à la sécheresse à cause de leur faible troupeau. Cependant elles ont été rejointes dans cette catégorie par quelques familles qui appartenaient aux moyennes exploitations familiales des années d'avant forage. Ainsi donc, cette catégorie d'exploitation s'amplifie dans la décennie 70-80 à côté des moyennes exploitations familiales.

En conclusion, nous pouvons dire que la décennie 70-80 a été une période de grands bouleversements avec la construction du forage et la grande sécheresse qui a décimé tout ou une grande partie du troupeau et diminué considérablement la pratique de l'agriculture pluviale dans le Jééri. Ceci a conduit à une recomposition des exploitations mais aussi à de nouvelles stratégies en vue de reconstituer rapidement le cheptel. C'est ainsi que des

trois catégories d'exploitations pendant la période d'avant forage, l'UP s'est retrouvée dans cette décennie avec deux types d'exploitations.

6-3/ La reconstitution du cheptel dans la décennie 80-90 :

A la suite des années 70, le Ferlo entre dans la décennie 80-90 avec un début de reconstitution du cheptel. Cette reconstitution s'est faite rapidement grâce à plusieurs stratégies élaborées par les populations. En effet, à la suite de la grande sécheresse de 72- 73, la population du Jééri dans sa grande majorité a émigré vers Richard Toll pour trouver du travail auprès de la CSS. C'est ce travail dans les plantations de cette entreprise qui leur a permis d'acheter d'abord de petits ruminants notamment d'ovins qui étaient à cette époque l'animal le plus rentable sur le marché. Ainsi la reconstitution du cheptel dans l'unité pastorale de Bélél Bogal a commencé d'abord par les petits ruminants qui voient leur nombre augmenter de manière exponentielle dans tout le Ferlo.

Par ailleurs, le Ferlo n'offrant plus de meilleures conditions de pâturage, les peuls adoptent une nouvelle stratégie de transhumance tournée vers le sud plus précisément vers la région du Saloum. Dans cette région, les ovins, vu les bonnes conditions climatiques, avaient la possibilité de mettre bas deux fois dans l'année, ceci a beaucoup contribué à l'accroissement rapide des ovins dans la région du Ferlo.

Avec l'augmentation du cheptel d'ovins, les peuls jadis bergers attachés à leur vache pour retrouver un troupeau composé de cet animal mythique vont vendre une partie de ces ovins pour ainsi reconstituer petit à petit leur cheptel de bovins.

La décennie 80-90 connaît ainsi un vaste retour du cheptel bovins mais surtout du cheptel ovin dont le nombre ne cesse d'augmenter dans toute la région du Ferlo. Cette décennie sera aussi accompagnée d'une nouvelle stratégie de transhumance. En effet avec la détérioration des conditions climatiques des années 70, les peuls se tournent vers le Saloum pour ce qui concerne les ovins et vers le Jolof pour les bovins. Cette nouvelle stratégie permettra à cette population de sortir de la sécheresse de 83-84 sans grand dommage alors que celle-ci était plus rude que celle de 72-73 même si ceci n'est pas le seul élément explicatif de cette résistance à cette sécheresse des années 80 comme le note Oussouby Touré40.

40 Crise agricole et comportement de survie : Le cas du Ferlo (Sénégal) in Société, Espace, Temps, 1992, Pages 90 à 102

La reconstitution du cheptel dans cette période ira de pair avec une réorganisation des catégories d'exploitations de l'UP. C'est ainsi qu'aux deux catégories d'exploitations de la période précédente va s'ajouter deux nouvelles. En effet des moyennes exploitations familiales des années 70 sortira d'une part les grandes exploitations avec une main d'oeuvre salariée. Celle-ci est composée de bergers disposant de plus de 100 bovins avec un important troupeau d'ovins et de caprins, ces derniers pratiquent également la transhumance vers le Saloum. D'autre part, il y'a des grandes exploitations avec toujours une main d'oeuvre salariée. Cette catégorie d'exploitation dispose d'un troupeau de bovins inférieur à 100 bovins avec cependant un important troupeau d'ovins et de quelques caprins, elle pratique également la transhumance vers le Saloum et les opérations de tabaski.

A côté de ces deux catégories d'exploitations, on voit émerger dans cette période des moyennes exploitations familiales et des petites exploitations familiales. Les moyennes exploitations familiales proviennent des petites exploitations familiales de la décennie passée. Ce sont des exploitations agropasteurs avec un troupeau de bovins inférieur à 50 bovins à côté de quelques ovins et caprins. Ce sont des exploitations qui pratiquent toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri avec des spéculations comme le mil, le niébé et les poddés. La dernière catégorie d'exploitation répertoriée dans cette décennie est celle des petites exploitations familiales qui sont de petits bergers avec un troupeau n'excédant pas une dizaine de bovins et quelques ovins et caprins. Ils sont également de petits paysans avec une agriculture principale de subsistance pratiquée sous pluie dans le Jééri.

6-4/ Un système très diversifié depuis les années 90 :

A partir des années 90, l'unité pastorale de Bélél Bogal connaît de nouveaux changements qui vont influencer le mode de gestion du troupeau. A l'instar de la précédente décennie, cette période sera marquée par une forte croissance du cheptel notamment le cheptel ovin qui constitue de nos jours un trésor dans le milieu peul car faisant office de compte courant pour les bergers.

Avec cette nouvelle configuration, les populations peuls adoptent de nouvelles stratégies
de conduite du troupeau. C'est ainsi qu'en saison des pluies, les bergers exploitent
d'abord les pâturages les plus proches de leur rumano et des mares d'hivernage où le

troupeau s'abreuve quotidiennement. En saison sèche, ce sont les pâturages les plus distants du campement permanent c'est à dire comprise entre 10 à 20km qui sont exploités dans un premier temps avec cette fois-ci un abreuvement au forage tous les deux jours. On notera dans cette période que l'abreuvement d'un jour sur deux est beaucoup plus pratiqué par les grands éleveurs et cela dés l'assèchement des mares d'hivernage alors que dans la plupart du temps la distance entre les zones pâturées et le forage permettait encore l'abreuvement quotidien du troupeau.

Cette période inaugure également de nouvelles formes de transhumance pratiquées par les bergers. Il s'agit d'abord de l'intra-transhumance qui permet aux bergers de bouger à l'intérieur de l'aire d'influence du forage à la recherche du meilleur pâturage pour le troupeau de bovins le plus souvent. Ensuite, il y'a l'inter-transhumance qui se fait entre les différents forages du Ferlo toujours motivé par la recherche du meilleur pâturage mais parfois ce sont les pannes du forage qui sont à l'origine de cette transhumance. Pour celleci le plus souvent si dans la famille, il n'y a pas de vieilles personnes c'est alors toute la famille qui effectue cette forme de transhumance. Par contre si ce n'est pas le cas c'est seulement une partie de la famille qui se déplace le reste veillant sur les personnes âgées. Enfin, il y'a la grande transhumance qui consiste à quitter la zone d'influence du forage pour s'établir au Jolof et/ou Saloum. Cette forme de transhumance intéresse le plus souvent le troupeau d'ovins surtout quand il s'agit de la transhumance vers le Saloum et le troupeau de bovins quand il s'agit de transhumance vers le Jolof.

Par ailleurs, cette période est également marquée par l'aménagement des terres de la vallée du fleuve située à hauteur de Dierba. Ces aménagements marquent la création des périmètres irrigués villageois (PIV) qui sont des parcelles de cultures aménagées par la SAED et distribuées par le conseil rural aux populations.

Avec ces PIV, c'est le retour de la culture au Walo mais cette fois-ci sous forme irriguée. C'est ainsi que toutes les exploitations de l'UP qui disposaient d'une main d'oeuvre pour cultiver ont bénéficié des affectations de parcelles pour la culture du riz et de la tomate. En plus de ces affectations de parcelles de culture, les populations ont été regroupées en GIE pour une exploitation plus optimale.

Ce retour de la pratique de l'agriculture dans le Walo entraîne ipso-facto celui de la
transhumance vers la vallée (ou vers les périmètres irrigués). En effet avec les cultures

irriguées, les restes des spéculations sont laissés dans les parcelles sans aucune mise en valeur surtout la paille de riz. Certains éleveurs profitent de nos jours de ces restes en y conduisant leur troupeau de bovins qui y reste parfois jusqu'à deux mois.

Cette période est également celle de la généralisation de la charrette tirée par les ânes pour le transport de l'eau dans presque toutes les exploitations. Cet outil constitue le principal moyen de transport de l'eau destinée d'une part à l'abreuvement du petit ruminant parqué à domicile et d'autre part à la consommation familiale. Pour le transport de l'eau des petits ruminants, ce sont des chambres à air de capacité variante qui sont utilisées tandis que ce sont des bidons de 20L qui servent de contenants pour l'eau destinée à la famille.

Avec cette panoplie de nouveautés qu'a connue l'UP, les catégories d'exploitations répertoriées dans la précédente période vont connaître une certaine évolution. En effet, les grandes exploitations (15%) disposant d'une main d'oeuvre salariée voient leur troupeau augmenter à plus de 200 têtes de bovins, un milliers d'ovins qui effectuent la grande transhumance au Saloum réparti en trois groupes dont le premier est constitué des ovins au Saloum, le deuxième regroupant les ovins au forage et le troisième étant les ovins au Ferlo et plusieurs caprins demeurant dans l'UP. Il faut noter que cette catégorie d'exploitation agropasteurs est la plus éloignée du forage, elle est entre 8 à 10km au sud du forage et possède entre 2 à 3 charrettes. La deuxième catégorie d'exploitation (25%) est représentée par les grandes exploitations agropasteurs avec toujours une main d'oeuvre salariée dont le troupeau de bovins est inférieur à 200 têtes, un troupeau d'ovins qui n'atteint pas le millier avec la même composition que la première catégorie d'exploitations et un troupeau de caprins important. Ces exploitations qui se localisent vers le nord du forage disposent de 2 à 3 charrettes et pratiquent la culture irriguée dans le Walo. A côté de ces exploitations, nous avons les moyennes exploitations familiales (25%) qui sont les mêmes que celles de la précédente période avec toutefois, un troupeau plus important (inférieur à 50 têtes de bovins), avec plus d'une cinquantaine d'ovins et quelques caprins. Ce sont des exploitations qui pratiquent l'agriculture au Walo dans les périmètres irrigués villageois et disposent d'au moins une charrette. La dernière catégorie d'exploitation qu'on retrouve de nos jours dans l'UP est constituée par les petites exploitations familiales (35%) qui ne différent pas beaucoup de celles de la précédente

période. Ce sont des agropasteurs avec un troupeau de bovins qui ne dépasse pas la vingtaine associé à quelques ovins et caprins. C'est une catégorie qui pratique toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri et elle dispose également d'une charrette pour le transport de l'eau.

Ainsi donc de nos jours l'unité pastorale de Bélél Bogal est très diverse dans sa composition. Ce qui montre qu'elle a beaucoup évolué, en effet des trois catégories d'exploitation de la période d'avant forage, on est aujourd'hui arrivé à quatre catégories d'exploitations ce qui laisse présager une grande diversité des systèmes de culture et d'élevage. (Voir annexe 1 et 2, pour types d'entretiens historiques).

Typologie évolutive des exploitations agricoles de l'UP de Bélél Bogal

CHAPITRE VII : Analyse des systèmes de cultures

Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous rencontrons deux écosystèmes différents et qui sont le lieu où se pratique nt les activités agricoles de la zone. Ces activités agricoles tournent autour de trois systèmes de culture. Il s'agit d'abord du système de culture associée mil, béréf et niébé en saison des pluies, ensuite du système riz irrigué et enfin du système de culture basée sur la tomate industrielle. Les deux derniers systèmes de cultures sont pratiqués dans le Walo grâce aux PIV.

7-1/ Les systèmes de culture au Walo 7-1-1/ Caractéristiques et fonctionnement

Commencée depuis l'an 2000, les cultures au Walo sont devenues une pratique très répandue dans l'UP de Bélél Bogal. C'est ainsi qu'elles constituent une activité importante pour les populations.

Située à 15 km de l'UP, cette zone de culture reçoit des spéculations comme la tomate et le riz. Ces deux cultures sont mécanisées et demandent beaucoup de force de travail surtout lors des phases de préparation du sol. Cependant la culture du riz est moins intense en travail que la tomate industrielle.

En ce qui concerne la tomate industrielle, il faut dire qu'elle fait l'objet d'un suivi permanant grâce aux techniciens de la SOCAS qui est la principale industrie à qui la production de tomate est destinée.

Par ailleurs les cultures sur les PIV s'étendent sur toute l'année ce qui permet aux agriculteurs de s'adonner à cette activité de manière permanente. Le riz irrigué démarre à partir du mois de juin par le labour des parcelles et à la suite de ces travaux les agriculteurs passent à la phase d'irrigation grâce au système d'irrigation aménagé par la SAED avant de terminer par les semis après enfouissement des semences. Ce travail étant fait le reste des opérations culturales se déroule tout au long du cycle du riz jusqu'à la récolte c'est-à-dire cinq (05) mois après comme l'illustre le graphique ci-dessous.

D'après ce graphique, nous constatons que le gardiennage des parcelles de culture constitue la plus grande charge de travail et ceci est beaucoup plus marqué pendant le mois d'octobre. En effet, la zone du Walo qui est une région voisine du fleuve Sénégal est

Juillet

Juin

S 1

S 3

S 1

S 3

S 1

S 3

S 1

S 3

S 1

S 3

S 1

S 3

et 2

et 4

et 2

et 4

et 2

et 4

et 2

et 4

et 2

et 4

et 2

et 4

Août Septembre Octobre Novembre Période

Temps de travail (HJ]

35,00

30,00

25,00

20,00

15,00

10,00

5,00

0,00

un lieu d'accueil de plusieurs espèces d'oiseaux. La présence de ces espèces granivores menace fortement les cultures irriguées ce qui explique l'importance de la surveillance des parcelles au mois d'octobre pendant lequel le riz est en maturation. A côté de cette opération, le repiquage constitue l'autre phase pendant laquelle la force de travail est importante cause pour laquelle les femmes sont utilisées lors de cette activité.

Graphique7-1 : Calendrier de travail du système de culture riz irrigué

Décortiquage

Battage Séchage Récolte

Engrais

Repiquage Désherbage

Drainage Gardiennage

Semis

Enfouissement semences Trempage semences Irrigation

Labour

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Quant à la tomate industrielle, son exploitation commence à partir du mois de novembre par la construction des pépinières devant abriter les premiers semis. C'est à la suite de ce travail que les parcelles de culture sont préparées pour pouvoir recueillir les plants qui seront issus des pépinières. Le transfert des pépinières vers les parcelles de culture se fait par le repiquage qui est la plus exigeante en matière de force de travail et la plus difficile pour les agriculteurs. Après cette opération, le sarclo-binage et la récolte constituent les autres phases dans ce système qui requièrent beaucoup de force de travail comme le montre le tableau ci-dessous. Pour ce qui est du sarclo -binage, cela est du au fait que la terre dans le Walo n'est pas facile à travailler sans oublier que cette opération nécessite des moyens motorisés. Les agriculteurs qui pratiquent ce système de culture utilisent beaucoup de produits phytosanitaires mais grâce à l'encadrement des techniciens de la SOCAS, ils ont acquis une certaine expérience qui fait que ce travail ne mobilise pas beaucoup de monde. Concernant la récolte, c'est la période de récolte qui explique l'importance de la force de travail qui lui est allouée. La récolte a en effet lieu au moment

où tous les agriculteurs n'ont plus beaucoup de fonds mais aussi au moment où la SOCAS est en rupture de matières premières pour son industrie de conserverie. Ainsi donc pendant cette période, tout le monde veut vendre car sachant que le stockage des tomates diminue leurs poids ce qui est un manque à gagner.

Graphique7-2 : Calendrier de travail du système de culture de la tomate industrielle

Période

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

S 1
et 2

NovembreDécembrS 3S et 4

1

et 2

S 3S et 4

1

et 2

e Janvier

S 3
et 4

S 1S et 2

Février

et 4

3S

1

et 2

Mars

S 3S et 4

1

et 2

Avril

S 3
et 4

Temps de travail (HJ

40,00

35,00

30,00

25,00

20,00

15,00

10,00

5,00

0,00

Champ récolte Champ relevage

Champ traitement phyto Champ engrais de fond +urée Champ sarclo-binage

Champ repiquage Champ billonage manuel Champ irrigation Champ herbicide Champ engrais de fond Champ billonage Champ Labour Pépinière engrais Pépinière arosage Pépinière semis Pépinière construction

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Pour terminer sur les systèmes de cultures dans le Walo, nous signalons que les agriculteurs de l'UP de Bélél Bogal exploitent cet écosystème dans le cadre des GIE de producteurs formés par la SAED à la suite des aménagements. C'est ainsi qu'excepté certains rares producteurs qui exploitent en privé, tous les agriculteurs sont regroupés dans ces GIE et on démontre dans l'UP trois organisations de ce genre.

Par ailleurs, il est important de savoir que contrairement à la tomate industrielle qui est une culture exclusivement destinée à la vente, le riz est une culture surtout d'autoconsommation et il arrive de voir des agriculteurs vendre leurs biens pour payer leurs crédits liés au riz et garder la production.

Dans ces deux systèmes de culture, pour faire face à la surcharge de travail, c'est la solidarité entre exploitations qui prévaut. Toutefois, il y'a des exploitations qui utilisent de la main d'oeuvre salariée.

7-1- 2/ Les performances économiques :

Nous précisons ici la méthode des calculs économiques que nous avons mis en oeuvre pour évaluer la rentabilité économique des systèmes de culture, d'élevage et de production. Il faut tout d'abord évaluer la richesse produite par un système d'élevage ou de culture: la valeur ajoutée brute (VAB). Nous avons l'égalité : VAB = Produit brut (PB) - Consommations intermédiaires (CI), le produit brut étant la valeur monétaire des productions finales, quelque soit leur affectation (vente, autoconsommation...) et les consommations intermédiaires, celle des intrants consommés au cours d'un cycle de production (engrais, semences...).

VAB = PB - CI

Afin de pouvoir comparer les VAB des différents systèmes de culture ou d'élevage entre eux, il nous faut la ramener à la même unité. Il est particulièrement intéressant de la calculer par unité de surface : VAB/ha qui représente la richesse produite par un hectare de tel système, soit la productivité de la terre. Par ailleurs, calculer cette VAB par heures de travail investit dans tel système est tout à fait complémentaire. Pour cela, nous utilisons l'unité d'homme.jours (h.j), qui correspond au travail d'un actif adulte durant une journée de huit heures. On obtient ainsi la VAB/h.j qui représente la productivité du travail. Cependant l'importance des systèmes d'élevage dans notre zone d'étude nous a amené à faire recours aux VAB/UBT pour faire la comparaison des systèmes de production.

Lorsqu'on passe de l'échelle de la parcelle ou de celle de l'animal à l'échelle de l'exploitation, il nous faut additionner les VAB des différents sous-systèmes. C'est également à ce stade qu'il faut déduire l'amortissement (Am) du capital fixe de l'exploitation : bâtiments, outils...Nous calculons l'amortissement en répartissant le prix d'achat d'un outil, par exemple, sur le nombre d'années durant lesquelles il va servir correctement à l'exploitant : Am = (prix actuel de l'objet*quantité)/potentiel de vie utile. Puis nous obtenons pour la valeur ajoutée nette (VAN) :

VAN = S (VAB) - Am

La VAN correspond à la richesse crée sur une exploitation. Là encore, il est intéressant de
la ramener à une unité pour pouvoir comparer les différents systèmes de production entre

eux. Nous calculerons ainsi la VAN par hectare (VAN/ha) et par actifs (VAN/actif). Par ailleurs, il faut savoir comment cette richesse créée sur l'exploitation se répartit au sein de la société. En effet, le véritable revenu agricole familial (RAF) sera calculé en déduisant de la VAN la richesse captée par l'Etat (impôts et taxes ; Imp), par la banque (intérêts ; Int), par les ouvriers extérieurs (salaires ; Sal) et enfin par le propriétaire des terres si l'exploitant en question loue (rente foncière ; Rf).En outre, la société peut inversement financer l'exploitation agricole à travers l'Etat (subventions, Sub). Nous obtenons au final :

RAF = VAN - (Imp + Rf + Int + Sal - Sub)

Cette fois encore, nous divisons le RAF par le nombre d'actifs (RAF/actif familial) pour pouvoir comparer les différents systèmes. Cette comparaison s'effectue entre des exploitations représentatives de chaque système. Elles sont choisies de manière à éliminer autant que possible les éléments d'ordre conjoncturel : On obtient ainsi des archétypes sur lesquels reposent l'analyse, même si il faut être conscient que ceux-ci sont réducteurs par rapport à la réalité. En effet même si un ancien de plus de 60 ans et un jeune de 12 ans n'ont pas la même capacité de travail, dans l'ensemble de notre travail nous avons choisi de compter pour actif toute personne dont la présence est indispensable au fonctionnement du système.

C'est ainsi que pour le système de culture du riz irrigué, la quantité produite par année s'élève à 40 sacs de 100kg ce qui fait une production brute de 500.000F vu qu'un kilogramme du riz irrigué est vendu au marché à 125F.

Les consommations intermédiaires de ce système de culture sont répertoriées dans le tableau suivant :

Tableau 7-1 : Les consommations intermédiaires dans le système riz irrigué :

CI

Quantités

Unités

Prix unitaire

Total

Semences

75

Kg

274,951456

20621,3592

Engrais fond

49,9895127

Kg

108,155376

5411,45214

Urée

149,991848

Kg

125,155376

18772,2855

Labour

0,5

Ha

19000

9500

Hydraulique

0,5

Ha

170000

85000

Phyto

 

3,49577012

L

1846,66667

6455,52215

Battage décorticage

et

-

-

-

60000

Total

 
 
 
 

145760,619

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Ce qui nous donne une valeur ajoute brut estimé à 354.239,381FCFA.

Pour ce qui est de la tomate industrielle, la production par année est estimée à 450 casiers. Chaque casier est vendu à 660F à la SOCAS, ce qui donne une production brute de 297.000F par an. Les différentes consommations intermédiaires sont répertoriées dans le tableau suivant

Tableau 7-2 : Les consommations intermédiaires dans le système de la tomate industrielle

CI

Quantité

Unités

Prix unitaire

Total

Semences

25

G

-

20000

Engrais fond

225

Kg

110,852459

24941,8033

Urée

46

Kg

125,16

5757,36

Herbicide

7,3

L

4091,75

29869,775

Labour

0,25

Ha

37991,12023

9497,80059

Billonnage

0,25

Ha

29992,6686

7498,80059

Hydraulique

0,25

Ha

115.000

28750

Phyto

3,2

L

3397,14286

1087,8571

Phyto 2

0,9

L

100,833333

90,75

Pépinière

24

m de bois

 

5000

Total

 
 
 

142.276,513

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Grâce à cette production brute et aux consommations intermédiaires, la valeur ajoutée brute de ce système est évaluée à 154.723,487FCFA.

7-2/Les systèmes de culture dans le Jééri

7-2-1Caractéristiques et fonctionnement

Dans le Jééri, nous ne retrouverons qu'un seul système de culture dans l'UP de Bélél Bogal, il s'agit de la culture du mil, béréf et niébé tous associés en culture manuelle.

Cette agriculture pluviale est le plus souvent une culture de subsistance basée sur l'utilisation de la main d'oeuvre familiale et pratiquée dans des parcelles situées sur les séno avec en général une superficie d'un hectare et demi.

Ce système de culture fonctionne avec deux actifs et parfois lors de certaines opérations comme les semis et la récolte, ces deux actifs sont aidés par des agriculteurs du même campement.

Les opérations culturales relatives à cette activité démarrent au début du mois de Juin avec la réparation des clôtures et se poursuivent avec le nettoyage du sol, les semis et se terminent avec les récoltes avec en premier lieu la récolte du béref et du niébé. Cette dernière se poursuit jusqu'à trois mois après les premières récoltes.

Graphique 7-3 : Calendrier de travail du système de culture MxBxN

Temps de travail (HA

25

20

35

30

15

10

5

0

Période

Décorticage niébé Récolte béref Récolte mil

Récolte niébé

Sarclo-binage manuel et surveillance

Semis mil*béref* niébé (manuel)

Nettoyage du sol

Réparation clôture

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

A propos des opérations culturales, nous constatons tout comme l'illustre le graphique que le sarclo-binage constitue la plus forte charge de travail. En effet cette activité mobilise en moyenne 22,5 hommes/jour par semaine entre la première quinzaine du mois de juillet et celle du mois de septembre. L'importance de cette opération est due à la

manière dont elle est effectuée c'est-à-dire c'est une opération qui est menée de manière manuelle donc exigeant beaucoup plus de force de travail et de temps de présence. Après le sarclo-binage, la récolte du béréf constitue la deuxième opération culturale la plus exigeante en matière de travail à cause surtout de la durée de récolte qui débute dés la première quinzaine du mois de septembre jusqu'au mois de novembre. Ainsi pour ce système de culture, il faut nécessairement à toute exploitation qui le pratique au minimum 196,5 actifs pour fonctionner.

En outre, il est important de signaler que de rares exploitations pratiquent ce système de culture mais cette fois-ci de manière motorisée car disposant d'une machine de sarclobinage.

Cependant, cette catégorie d'exploitation est très minime par rapport aux pratiques qui existent dans le village, ce qui justifie notre choix de ne pas en faire un système pertinent à étudier.

2-2-2/ Les performances économiques :

Pour avoir les performances économiques, il nous faut chercher les productions brutes et les consommations intermédiaires. Pour cela les rendements à l'hectare des spéculations de ce système de culture sont recensés dans le tableau ci-dessous :

Tableau 7-3 : Rendements des différentes spéculations

Spéculations

Rendements (kg)

Surface (ha)

Quantité produite

Mil

200

1,5

300

Béréf

150

1,5

225

Niébé

150

1,5

225

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Nous avons ainsi la production brute suivante :

Tableau 7-4 : Les productions brutes du système de culture en pluvial

 
 

Quantité consommée (en kg)

Prix FCFA)

unitaire

(en

Prix FCFA)

total

(en

Mil consommés mois après récolte

2

100

75

 
 

7500

 
 

Mil consommés

6

200

90

 
 

18000

 
 

mois après récolte

 
 
 

Béréf

225

125

28125

Niébé mois 1

45

150

6750

Niébé mois 2 + 3

90

175

15750

Niébé mois 4 +5

90

180

16200

Production brute

92325

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Et pour les consommations intermédiaires, elles sont exclusivement composées des éléments résumés dans le tableau suivant :

Tableau 7-5 : Les consommations intermédiaires du système de culture en pluvial

Types

Quantité

Prix unitaire

Prix total

Mil

10

200

2000

Béréf

2

300

600

Niébé

Consommations intermédiaires

5

500

2500
5100

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Ainsi pour avoire La valeur ajoutée brute de ce système est de 87225FCFA.

7-3/ Comparaison des différents systèmes de cultures :

Tableau 7-6 : Les valeurs ajoutées brutes des différents systèmes de culture

Systèmes

VAB totale

VAB par hectare

VAB/ HJ

Riz irrigué

354.239,381

708.478,762

1693,87166

Tomate industrielle

154.723,487

30944,974

1039,24964

MxBxN

87225

43612,5

443,89

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique7-4 : Productivité du travail des systèmes de cultures

MxBxN Tomate industrielle Riz irrigué

Système de culture

Temps de travail (H/J:

1800

1600

1400

1200

1000

400

200

800

600

0

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique7-5 : Comparaison des valeurs ajoutées brutes à l'hectare des systèmes de cultures

Tomate industrielle MxBxN Riz irrigué

Systèmes de cultures

VAB/ha (en FCFA]

400000

200000

800000

700000

600000

500000

300000

100000

0

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

D'après les deux graphiques, nous constatons que le système de culture riz irrigué est plus intensif en travail et en capital. C'est un système caractérisé par l'importance du gardiennage et du drainage dans les opérations culturales. Par ailleurs le graphique nous montre que malgré le fait que la tomate industrielle soit une grande culture de rente, elle

ne constitue pas une culture aussi rentable car même l'agriculture pluviale confrontée aux aléas climatiques offre une meilleure rentabilité que ce système de culture. Cependant elle a une grande importance dans le mode de vie des populations locales car c'est avec les revenus tirés de cette activité que les agriculteurs paient le plus souvent les semences des spéculations de la culture d'hivernage et même parfois l'alimentation de bétail pour la complémentation en période de manque de pâturage. En outre, des trois systèmes de culture le système mil, béréf et niébé associé constitue celui qui est le moins intensif en travail à cause d'une part de la durée qui est relativement courte par rapport aux autres systèmes et d'autre part à la faiblesse des opérations de cultures d'hivernage . La faiblesse des opérations des cultures d'hivernage est due à l'association des différentes spéculations qui permet aux exploitations d'avoir des productions variées tout en diminuant les charges de travail.

CHAPITRE VIII : Analyse des systèmes d'élevage

Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous rencontrons trois systèmes d'élevage de

bovins, quatre systèmes d'élevage d'ovins et un système d'élevage caprins. Tous ces systèmes d'élevage excepté le système d'élevage caprin sont basés essentiellement sur la transhumance.

8-1/ Analyse des systèmes d'élevage bovins :

Les trois systèmes d'élevage présents dans l'UP sont les bovins résidant de manière

permanente au forage, les bovins transhumants au Walo et les bovins transhumants à l'intérieur du Ferlo.

8-1-1Caractéristiques et fonctionnement :

Basés globalement sur la transhumance, les systèmes d'élevage bovins sont des élevages

de type extensif et font parties des plus répandus dans l'unité pastorale. C'est un type d'élevage qui fonctionne selon deux modes distincts. L'un d'abord pendant la saison des pluies où les bovins utilisent le pâturage vert de l'hivernage en cours et s'abreuvent au niveau des mares temporaires qui se remplissent dés les premières pluies. L'autre pendant la saison sèche mais qui a un double fonctionnement avec d'une part un abreuvement au niveau du forage de l'UP et un pâturage autour du campement ou bien avec des mouvements à l'intérieur de l'UP. Cette forme de micro-transhumance ne dure que deux mois au maximum. D'autre part, il y'a le type basé sur la transhumance dans le Ferlo avec à chaque fois un abreuvement au niveau du forage d'accueil une fois tous les deux jours. Ainsi donc, comme nous le constatons, les systèmes d'élevage bovins dans le Ferlo fonctionnent exclusivement dans la combinaison de deux stratégies à savoir une stratégie qui vise à faire pâturer le troupeau en utilisant les meilleurs espaces fourragers et une autre stratégie qui consiste à profiter des points d'eau les plus proches de ces espaces fourragers.

Le schéma ci-après résume de manière générale les différents modes d'abreuvement du cheptel notamment en saison des pluies et saison sèche qu'on rencontre dans l'UP de Bélél Bogal.

Le schéma du mode d'abreuvement en saison des pluies est valable pour les trois
systèmes d'élevage tandis que celui de la saison sèche ne concerne que les système

d'élevage « bovins forage et bovins Ferlo » car pour le système d'élevage « bovins Walo » l'abreuvement se fait pendant la transhumance dans cette région au niveau du fleuve Sénégal une fois tous les deux jours.

Schéma des modes d'abreuvement

Saison des pluies

Pâturage Pâturage

Mares Campement Mares

Abreuvement et pâturage quotidien

Saison sèche Forage

 
 
 

Campement

Campement

Abreuvement et pâturage un jour sur deux

En ce qui concerne le calendrier fourrager des systèmes d'élevage, nous pouvons dire que les bovins ont un mode d'exploitation du pâturage qui évolue dans l'année. C'est ainsi que pendant l'hivernage, les bovins pâturent la journée dans les changols situés non loin des campements jusqu'au soir où ils retournent au niveau du campement pour pâturer toute la nuit sur les séno localisés tout autour du rumano. Par contre pendant la saison sèche, le troupeau exploite les ressources fourragères situées sur les changols de plus en plus éloignés du campement la journée et se tournent sur le pâturage en séno vers la fin de la journée. Pour autant avec l'épuisement du pâturage, il arrive que le troupeau se replie très tôt sur les ressources fourragères situées sur les séno car ces derniers sont les derniers à être appâtées.

Ces différents systèmes d'élevage fonctionnent le plus souvent avec deux actifs et en ce qui concerne le calendrier de travail, nous pouvons dire que ces derniers même en ayant presque le mode d'évolution diffère de calendrier de travail.

Ainsi nous avons Les calendriers de travail suivant :

Graphique 8-1 : Calendrier de travail du système d'élevage des bovins fixes au forage

Temps de travail

35

30

25

20

15

10

5

0

Période

Soins veaux au campement Mares (2h/j)

Traite (10 minutes par vache) Complémentation (1h/j) Abreuvement

Charrette veaux

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

En observant ce système d'élevage, nous constatons que l'abreuvement des veaux représente la plus grande charge de travail. Cela est du au fait que pour ces types d'animaux, il faut impérativement apporter de l'eau du forage au campement grâce aux charrettes et aux chambres à air qui constituent respectivement le moyen de transport et le contenant d'eau. Ces animaux ne pouvant pas faire les longues distances qui séparent le campement du forage sont en permanence abreuvés à domicile ce qui explique le fait qu'ils mobilisent autant de force de travail pendant les huit mois de la saison sèche.

La deuxième opération qui occupe le plus dans ce système d'élevage est la traite du lait. Cette activité exclusivement réservée aux femmes a lieu pendant l'hivernage au moment où le nombre de vaches à traire est très important alors qu'il faut en moyenne une dizaine de minutes pour traire une vache.

Période

Temp de travail (HJ)I

40

60

20

50

30

10

0

Conduite au pacage

Mares

Traite Complémentation Abreuvement Charrette veaux Transhumance

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Les bovins transhumants au Walo appartiennent le plus souvent à des moyennes exploitations ou à de petites exploitations ce qui veut dire qu'ils ne représentent pas un très grand troupeau. Pour ce système, nous constatons que la conduite au pacage c'est-àdire la conduite au pâturage et l'abreuvement constituent respectivement les opérations les plus exigeantes en matière de travail et les plus étalées dans l'année. En effet, pour la conduite au pacage dans le Walo dés que le troupeau arrive dans cette zone c'est-à-dire au mois de Mai, les éleveurs vont à la recherche du meilleur pâturage tout en évitant les champs ce qui les amène ainsi à faire plusieurs endroits. En ce qui concerne l'abreuvement, il est plus important pendant la transhumance car au Walo le troupeau s'abreuve quotidiennement au fleuve et il est à chaque fois au moins accompagné d'une personne.

Temps de travail (HA

40

20

60

50

30

10

0

Période

Graphique 8-3 : Calendrier de travail des bovins transhumants au Ferlo

Surveillance veaux au campement

Conduite au pacage

Mares

Traite Complémentation Abreuvement charrette veaux Transhumance

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage constitue l'activité la plus intensive en travail avec en moyenne 22,5 homme/jour pendant la transhumance au Ferlo. En effet, les animaux de ce système d'élevage sont conduits au pâturage une fois tous les deux jours et pendant ce mouvement vu que les animaux ne connaissent pas bien cette zone d'accueil, il faut en moyenne deux à trois personnes pour bien mener cette activité. C'est ainsi que le plus souvent, les exploitations qui pratiquent ce système emploient un berger salarié. Par ailleurs, ce système d'élevage est plus pratiqué par les grands éleveurs c'est-à-dire ceux qui disposent de plusieurs têtes, ce qui explique le fait qu'ils soient obligés chaque année d'aller en transhumance pour profiter des meilleurs pâturages et de vastes surfaces à pâturer.

Pour ce système d'élevage, la surcharge de travail à partir du mois d'Avril s'explique par le fait que les mouvements de transhumance commencent à partir de ce mois jusqu'au mois de Juin.

8-1-2 Les performances économiques

Pour cette partie nous nous proposons d'étudier les performances économiques des systèmes d'élevage bovins par rapport au maximum technique de chaque système mais de façon isolée c'est-à-dire par système pris à part.

8-2-1/Système bovin au forage

Système d'élevage assez répandu dans l'unité pastorale, les bovins au forage constituent un mode de gestion du troupeau basé sur l'exploitation des ressources fourragères et hydriques de l'espace pastoral. Autrement dit, c'est un système qui ne pratique pas la transhumance sauf en cas d'extrême nécessité.

Par ailleurs ce système d'élevage dont le maximum technique est de 72 têtes de bovins dont 30 mères reproductrices fonctionne avec deux actifs.

C'est un système qui à l'image de plusieurs systèmes d'élevages du Ferlo pratique la complémentation au milieu de la saison sèche notamment pendant les mois de Mai et Juin.

Ce Système d'élevage déstocke en moyenne dix (10) têtes par année dont quatre (4) vaches de réformes, quatre (4) mâles non castrés et deux (2) génisses.

Ce qui nous amène à évoquer les productions brutes de ce système qui est le résultat de l'addition des performances zootechniques du troupeau. Pour notre cas d'exemple, la production brute s'élève à 1799500 F tandis que les consommations intermédiaires qui représentent l'ensemble des charges en production, des charges en alimentation (abreuvement, fourrage...) et des charges en santé, ceci s'élève à 251898 F.

Ces résultats nous permettent d'évaluer la valeur ajoutée brute à 1.547.602FCFA.

Par ailleurs, en ce qui concerne le coût de l'abreuvement, il faut dire qu'un bovin est taxé entre 125 à 200 FCFA par mois tandis qu'un ovin coûte entre 25 et 50 FCFA.

8-2-2/Le système bovin au Walo

Le système bovin transhumant au Walo est un système exclusivement pratiqué par les petits éleveurs ou bien par les petites exploitations dont le nombre de têtes de boeufs ne dépasse la vingtaine. C'est un système qui, à part la transhumance vers le Walo, ne se différencie pas des autres systèmes bovins de l'UP et parfois il se transforme en système bovin sédentaire au forage. Ainsi donc, le troupeau de ce système part au Walo au début du mois de Mai jusqu'au mois de juin ou juillet. Il pratique également la complémentation pendant cette même période et n'emploie pas de salariés.

Par ailleurs, c'est un système qui fonctionne avec seulement deux actifs et dont le
maximum technique est estimé à 95 têtes de boeuf. Ce système déstocke en moyenne 15

animaux par année dont 5 vaches de réformes, 4 mâles non castrés, 4 boeufs et 2 génisses sans oublier qu'il y'a une partie des vaches qui sont traites pour la vente du lait.

Ces transactions notées dans le système nous permettent de calculer la production brute qui est estimée à 2.609.000F

Dans ce système, les dépenses liées à l'exploitation des animaux tournent autour de la complémentation, de l'abreuvement, du coût du pâturage au Walo et des soins vétérinaires. L'ensemble de ces charges calculées nous donne 410.805F.

Ainsi la valeur ajoutée brute dégagée par ce système est de 2.198.195FCFA. (annexe3)

8-2-3/Le systè me bovin transhumant dans le Ferlo :

C'est le mode d'exploitation du troupeau bovin qui est le plus pratiqué dans l'unité pastorale de Bélél Bogal. Il concerne l'ensemble des éleveurs mais ceux qui ont de grands troupeaux en sont les plus nombreux.

Tout comme les deux précédents systèmes les bovins transhumants dans le Ferlo fonctionnent avec deux actifs et le maximum technique pour ces deux actifs est estimé à 72 têtes de boeufs.

Contrairement aux autres systèmes les bovins transhumants dans le Ferlo constituent le système qui utilise beaucoup plus l'aliment de bétail pour la complémentation. Ce système d'élevage est également le plus intensif en travail et le plus souvent il nécessite l'emploi d'un berger surtout quand il s'agit d'un très grand troupeau.

En ce qui concerne les mouvements dans le troupeau, nous notons que ce type de système déstocke en moyenne 11 animaux par année dont trois vaches de réformes, quatre mâles non castrés, deux boeufs et deux génisses.

Ces mouvements dans le troupeau nous permettent d'avoir la production brute de ce système d'élevage qui est évaluée à 1.802.500 F.

Pour ce qui est des dépenses de ce système, elles s'élèvent à 305562,5 F. Ces dépenses tournent autour des coûts d'abreuvement, des coûts pour les soins de santé et des coûts relatifs à l'achat de l'aliment de bétail.

Grâce à ces calculs, nous avons une valeur ajoutée brute qui s'élève à 1.496.937,5FCFA.

8-3/Analyse des systèmes d'élevage ovins :

Dans l'UP de Bélél Bogal, nous rencontrons trois systèmes d'élevage s ovins à savoir les ovins transhumants au Saloum, les ovins transhumants dans le Ferlo et les ovins fixes au forage.

8-3-1 Caractéristiques et fonctionnement :

Globalement dans l'UP de Bélél Bogal, les systèmes d'élevages ovins évoluent selon deux stratégies : le premier consistant à conduire le troupeau dans l'aire d'influence du forage et le second à transhumer chaque année dans le Saloum dés le mois de novembre pour profiter des bonnes conditions zootechniques de la région. A côté de ces deux stratégies, nous avons une autre qui consiste à transhumer dans le Ferlo avec les ovins et les bovins. Celle-ci est déterminée le plus souvent par les pannes de forages ou les grands feux de brousse.

A l'image des systèmes d'élevage bovins, ces types de systèmes ont un fonctionnement axé sur la recherche du meilleur pâturage et du plus proche point d'eau. C'est ainsi que la plupart de ces systèmes exploitent d'abord les premières zones de pâturage situées à proximité des campements pendant l'hivernage avec un abreuvement quotidien dans les mares temporaires. Ce mode d'exploitation des ovins change dés le début de la saison sèche. En effet dés le début du mois de novembre, les éleveurs adoptent une nouvelle stratégie qui consiste à faire pâturer les ovins tous les jours et à les abreuver de manière quotidienne mais au niveau du campement. Ce mode d'abreuvement des ovins est basé sur le transport de l'eau du forage au campement, grâce à des charrettes avec une traction asine et à des chambres à air qui font office de récipients. Ce mode d'abreuvement ne concerne que les ovins qui ne transhument pas car ceux qui pratiquent la transhumance ont d'autres modes d'abreuvement. Pour ce qui est des ovins transhumants dans le Ferlo, l'abreuvement se fait par la conduite du troupeau au niveau du forage une fois tous les deux jours par contre, les ovins transhumants au Saloum s'abreuvent au niveau des forages d'accueil quotidiennement.

Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage ovins en hivernage

Campement

Mares Pâturage Pâturage Mares

Abreuvement et Pâturage quotidien

Pour la saison sèche, les modes d'abreuvement diffèrent d'un système à un autre. Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage ovins transhumants en

saison sèche

Campement Forage Campement

Abreuvements ovins transhumants dans le Ferlo

Abreuvements ovins transhumants au Saloum

Les ovins forages s'abreuvent toute la saison sèche à domicile grâce au transport de l'eau. En ce qui concerne le calendrier fourrager de ces systèmes d'élevage, nous pouvons dire qu'il n'est pas très différent de celui des systèmes bovins. C'est ainsi que pendant l'hivernage, les ovins exploitent dans la journée les pâturages situés sur les changols qui sont des zones très humides et le soir ils retournent dans leurs campements pour y être parqués. Tandis que durant la saison sèche, en plus de l'exploitation des zones de pâturage, ceux localisés sur les séno sont également exploitées avec parfois même l'exploitation du pâturage aérien mais cela lorsque la ressource se raréfie.

Comme nous l'avons vu, l'exploitation des différents systèmes d'élevage ovins n'est pas la même partout ce qui donnera des calendriers de travaux très divers.

8-3-1-1/ Le système des ovins transhumants au Saloum :
Graphique 8-4 : Calendrier de travail des ovins transhumants au Saloum

Hommeiour

160

140

120

100

40

20

80

60

0

Période

Complémentation Abreuvement (campement) Charrettes Ferlo

Charrettes Saloum Conduite troupeau sevrés Conduite troupeau mères Surveillance jeunes

Voyage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

En observant ce graphique qui symbolise le calendrier de travail du système ovins transhumants, nous constatons que le voyage vers le Saloum constitue l'activité la plus intensive en travail car occupant pour l'aller et le retour 75h/j. En effet, cela s'explique d'une part par la grande distance qui existe entre le Saloum et le Ferlo et d'autre part par le nombre de personnes qu'il faut mobiliser quand on effectue ce type de transhumance. Après cela, nous constatons que la conduite du troupeau des mères et la surveillance des jeunes constitue les opérations les plus exigeantes en travail. L'importance du travail liée à la conduite du troupeau des mères s'explique par le fait que dans la région du Saloum les éleveurs sont tenus d'être toujours à côté de leur troupeau pour éviter d'éventuels conflits avec les agriculteurs. Ceci est valable en partie pour la surveillance du troupeau de jeunes sevrés, ceux-ci ont besoin d'être gardés pour qu'ils ne se perdent pas mais aussi contre les voleurs qui sont très nombreux dans la zone d'après les éleveurs.

8-3-1-2/Le système des ovins transhumants dans le Ferlo
Graphique8-5 : Calendrier de travail des ovins transhumants dans le Ferlo

Temps de travail (FL

120

100

40

80

60

20

0

Mois

Conduite au pacage et au forage Voyage

Marquage

Surveillance agneaux

Transport eau

Mares

Complémentation

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage et au forage pour l'abreuvement constituent la plus grande charge de travail car nécessitant pendant toute l'année en moyenne près de 25h/j dans le mois. L'importance de cette charge de travail est due au fait que ce système est basé sur la recherche du pâturage d'une part et lorsqu'il est en transhumance, il est obligé d'habiter très loin du forage pour bénéficier d'une importante zone de pâturage d'autre part.

A côté de cette opération, la surveillance des agneaux est la seconde opération la plus exigeante en travail. Celle-ci exclusivement réservée aux enfants ou aux femmes n'en demeure pas moins une opération à forte exigence de main d'oeuvre car nécessitant en moyenne 30h/j par mois.

8-3-1-3/ Le système des ovins fixes au forage
Graphique 8-6 : Calendrier de travail des ovins fixes au forage

Période

Temps de lraval (I-U)

40

20

90

80

70

60

50

30

10

0

Marquage agneaux surveillance agneaux Complémentation Conduite au pacage abreuvement au mare

transport eau par charrette

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Les ovins fixes au forage fonctionnent de la même manière que les bovins fixes au forage. A l'exception du transport de l'eau pour les premiers, on retrouve presque les mêmes opérations techniques dans les deux systèmes.

Ce système d'élevage dépense beaucoup plus de force dans la conduite des animaux au pacage qu'ailleurs. Cette opération est aussi importante parce qu'elle est aléatoire puisque obéissant aux aléas climatiques sans oublier que ce système fonctionne selon une micro-transhumance à l'intérieur de l'aire de desserte de l'unité pastorale. C'est ainsi qu'avec la recherche des meilleures zones de pâturage, le troupeau peut être appelé à faire plusieurs kilomètres.

8-3-2-Les performances économiques :

Comme pour l'étude des performances économiques des systèmes d'élevage bovins, nous analyserons les systèmes ovins en ne prenant en compte que les maxima techniques. Les maxima techniques constituent la limite technique qu'un système ne saurait dépasser vu le nombre d'actifs qu'il dispose et son calendrier des travaux.

8-3-2-1 Le système ovin transhumant au Saloum :

Ce système de gestion des ovins assez répandu dans l'UP est surtout pratiqué par les exploitations qui disposent très souvent d'un énorme troupeau.

Les ovins transhumants au Saloum constituent un système qui exige une importante force de travail et beaucoup de dépenses. En effet, c'est un système qui ne fonctionne qu'avec cinq (05) actifs qui sont indispensables pour le fonctionnement du système. Avec ce nombre d'actif, le maximum technique de ce système s'élève à 470 têtes. Cela signifie que ce système peut augmenter son capital d'ovins jusqu'à 470 têtes mais au-delà de ce chiffre, le nombre d'actifs actuel ne pourra pas gérer le troupeau.

Par ailleurs ce système d'élevage basé sur la transhumance au Saloum fonctionne avec deux charrettes qui transportent les chambres à airs chargés d'eau d'une capacité de sept cent (700) litres sans oublier les actifs.

En ce qui concerne les mouvements dans ce troupeau, nous constatons qu'en moyenne 188 ovins y sont déstockés par an dont 40 brebis de réforme, un bélier de réforme et 147 agneaux sevrés (la moitié en début de saison sèche et l'autre moitié en fin de cette saison). Ces mouvements de sortie nous permettent de calculer la production brute de ce système qui est s'élève à 4.210.500F.

Par contre les dépenses relatives aux différentes charges de fonctionnement de ce système qui tournent autour de l'aliment de bétail, des soins de santé et des coûts liés à l'abreuvement s'élèvent à 1.553.500F. Ce qui nous donne une valeur ajoutée brute estimée à 2.657.000 FCFA. (voir annexe 4)

8-3-2-2 Le système ovin transhumant dans le Ferlo :

Les ovins transhumants dans le Saloum constituent un système quasiment lié au système bovin transhumant dans le Ferlo car le plus souvent les éleveurs qui effectuent ce dernier système pratique en même temps ce système d'élevage des ovins. En effet la transhumance dans le Ferlo est une stratégie d'exploitation des ressources fourragères et hydriques valable aussi bien pour les bovins et les ovins.

Ce Système fonctionnant avec trois (03) actifs à son maximum technique qui est estimé à 193 têtes dont 95 mères reproductrices. Ainsi donc, les trois actifs de ce système peuvent augmenter leur capital en ovins mais ne sauraient dépasser le maximum technique sinon l'exploitation en souffrirait.

Par ailleurs, ce système déstocke en moyenne 71ovins par an dont 15 brebis réformées, un
bélier de réforme et 55 agneaux sevrés (dont la moitié en début de saison sèche et l'autre
moitié en fin de saison sèche). Ces mouvements notés dans ce troupeau du système des

ovins transhumants dans le Ferlo nous permet de calculer la production brute qui est de 1145945,83F.

En ce qui concerne les consommations intermédiaires qui sont les différentes dépenses englouties par ce système pour les besoins de son fonctionnement, elles s'élèvent à 569.670F et elles constituent les frais liés à l'abreuvement, aux soins de santé et à la complémentation. Ce qui donne une valeur ajoutée brute estimée à 576275,83FCFA.

8-3-2-3 Le système ovin fixe au forage :

Très présent dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, le système d'élevage ovin au forage est constitué des éleveurs à faible nombre d'ovins. C'est un système caractérisé par une non transhumance pendant toute l'année sinon ce qui signifie que c'est un système qui profite des ressources fourragères situées à l'intérieur de l'aire d'influence du forage. Il est donc un système qui pratique ce qu'on appelle la micro-transhumance c'est à dire des déplacements au sein de l'unité pastorale dans le seul but de trouver les meilleurs pâturages.

Le système ovin forage dont le maximum technique est estimé à 193 ovins dont (95) mères reproductrices fonctionne avec trois (03) actifs, une charrette avec une chambre à air de six cent (600) litres pour l'abreuvement quotidien des ovins à domicile.

Pour ce qui est du déstockage dans ce système d'élevage, nous constatons qu'il s'agit en moyenne de 63 ovins dont 54 agneaux sevrés, 14 brebis de réforme ( 7 en début de saison sèche et 7 en fin saison sèche) et un bélier de réforme.

Ceci nous permet d'aboutir aux calculs de la production brute de ce système qui s'élève à 1145945,93F. Tandis que les consommations intermédiaires calculées à partir des frais d'abreuvement, des soins de santé et des frais relatifs à l'aliment de bétail nous donne 535200F Ce qui donne une valeur ajoutée brute de 610745,93 FCFA.

8-4/ Analyse des systèmes d'élevage caprins :

Dans l'UP de Bélél Bogal, nous ne rencontrons que deux systèmes d'élevage caprins : l'un basé sur la transhumance et conduit avec les ovins transhumants dans le Saloum et l'autre étant un système divagant dans l'aire d'influence du forage.

8-4-1/ Caractéristiques et fonctionnement :

Les systèmes d'élevage caprins fonctionnent selon deux modes distincts selon les périodes. En effet durant l'hivernage ce sont le pâturages les premiers à être exploités avec un abreuvement au niveau des mares tandis que pendant la saison sèche ce sont les ressources fourragères de plus en plus éloignées de l'unité d'habitation qui sont exploitées avec un abreuvement assuré à domicile grâce aux charrettes qui font office de moyen de transport des chambres à air.

Par ailleurs, les systèmes d'élevage de caprins constituent le mode d'exploitation du troupeau le plus commun aux différentes exploitations de l'UP. Il est en effet rare de trouver une exploitation agricole dans le Ferlo sans un système d'élevage de caprins dans la composition du système de production. Ceci s'explique d'une part parce que ce type de système est le moins intensif en travail et en capital.

La particularité de ce système réside dans le fait que ces animaux supportent beaucoup plus la diminution des ressources fourragères que les autres systèmes et cela grâce à leur faculté d'exploiter le pâturage aérien.

Schéma du mode d'abreuvement du système d'élevages caprins divagants en
hivernage

Campement

Mares Pâturage Pâturage Mares

Abreuvement et Pâturage quotidien

Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage caprins divagants en saison
sèche

Campement Forage Campement

Transport eau avec charrette et chambre à air

En ce qui les opérations techniques dans le système des caprins divagants, elles tournent essentiellement autour du transport de l'eau, de l'abreuvement et de la surveillance des cabris comme l'illustre le calendrier cultural suivant :

Graphique 8-7 : Calendrier de travail du système d'élevage des caprins divagant

Temps de travail (h.j:

40

60

50

30

20

10

0

Période

Surveillance cabris Déparasitage Marquage Abreuvement Transport eau

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'observation de ce graphique nous montre que la surveillance des cabris est l'opération qui exige le plus de temps de travail même si cette dernière opération est une activité généralement réservée aux femmes ou aux enfants. L'importance de la force de travail est le plus souvent liée au fait que les campements qui disposent de ces types d'animaux sont situés dans des zones où l'agriculture pluviale est assez importante mais aussi au fait que les cabris très jeunes nécessitent beaucoup d'attention notamment pour leur permettre d'être allaités régulièrement par leurs mamans.

A côté de cette activité, le transport de l'eau pour ne pas dire la recherche de l'eau au forage nécessite également un temps de travail assez important même si les exploitations disposent de moyens de transport. Ceci est du à l'éloignement le plus souvent des campements du forage alors qu'il faut quotidiennement aller chercher de l'eau sans oublier que dans la plupart des cas ce sont les jeunes garçons ou les femmes qui s'occupent de cette activité.

8-4-2 Les performances économiques :

A l'instar de l'analyse économique des précédents systèmes d'élevage, l'évaluation des performances économiques de ce système sera axée sur le maximum technique.

Ce système, à l'image des systèmes d'élevage d'ovins est qualifié de comptes courants des exploitations agricoles du Ferlo ce qui laisse présager beaucoup de déstockage dans ce type de système.

Par ailleurs ce système fonctionnant avec deux actifs, une chambre à air de 600 litres à un maximum technique qui est évalué à 190 têtes de caprins dont 90 mères reproductrices. En ce qui concerne les mouvements de sortie d'animaux, nous constatons qu'en moyenne 67 caprins sont déstockés par an dont 52 chevreaux sevrés, 15 chèvres de réforme et un

bouc de réforme. Ce qui nous permet de calculer la production brute de ce système, celuici est de 624.500F. Quant aux consommations intermédiaires qui représentent l'ensemble
des charges qui ont servi au fonctionnement du système à savoir les frais liés à l'abreuvement et les frais sanitaires, elles s'élèvent à 219.000F.

Grâce à la production brute et les consommations intermédiaires de ce système, nous avons une valeur ajoutée brute estimée à 405500 FCFA. (voir annexe 5)

8-5/ Comparaison des différents systèmes d'élevage

Pour faire une analyse comparative des différents systèmes d'élevage pratiqués dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous étudierons les productivités en travail et en capital des systèmes.

Tableau 8-1 : Les valeurs ajoutées brutes des différents systèmes d'élevage

Systèmes

VAB Totale

VAB/ Mère

VAB/ HJ

Bovins Forage

1547602

51586,73

9379,41

Bovins Ferlo

1.496.937,5

49897,92

6438,44

Bovins Walo

2.198.195

73273,17

12930,56

Ovins Ferlo

576275,83

6066,06

752,32

Ovins forage

610745,93

6428

839,22

Ovins Saloum

2.657.000

13285

2036,02

Caprins divagants

405500

4505,56

766,18

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 8-8 : Productivité du travail des systèmes d'élevage

Temps de travel par HJ (en FCFA))

14000

12000

10000

4000

2000

8000

6000

0

Systèmes d'élevage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 8-9 : Productivité des systèmes d'élevage par mère

VABAMete (en FCFA)

40000

20000

80000

70000

60000

50000

30000

10000

0

Systèmes d'élevage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'analyse comparée de ces deux graphiques permet de constater que les bovins constituent les systèmes d'élevage les plus intensifs en travail et en capital. En effet les systèmes d'élevage qui constituent les comptes d'épargne des exploitations agricoles du Ferlo sont très exigeants en travail à cause le plus souvent de leur caractère transhumant. Autrement dit la plupart des systèmes bovins de l'UP de Bélél Bogal est un système extensif basé sur l'exploitation de vastes réseaux de ressources fourragères et

hydrauliques ce qui augmente du coup le s charges en travail. Parmi ces systèmes d'élevage, les bovins transhumants au Walo avec plus de 12930 homme/jours sont de loin ceux qui exigent une importante force de travail pour son fonctionnement mais produisent également les meilleurs résultats économiques. Ce système a les meilleurs résultats économiques parce que d'une part la transhumance vers le Walo lui permet de ne pas payer les charges liées à l'abreuvement durant tout le séjour dans cette zone car le troupeau s'abreuve au niveau du fleuve Sénégal ce qui est lui procure des gains.

Par ailleurs la comparaison intra-système nous montre que les bovins transhumants dans le Ferlo sont moins intensifs en travail que les bovins fixes au forage par contre ils sont moins rentables que ces derniers. En effet les bovins fixes au forage ont une forte demande en travail car pendant la saison sèche, ils sont obligés de patrouiller partout dans l'unité pastorale à la recherche du pâturage de plus rare. Ils ont cependant la meilleure productivité économique par rapport aux bovins transhumants dans le Ferlo. Ces derniers sont moins productifs parce que d'une part le plus souvent, le Ferlo est confronté à des problèmes de pâturage vers la fin de la saison sèche dus aux feux de brousse ou à la surexploitation des zones d'accueil des transhumants et ce qui amène d'autre part les éleveurs à faire recours à la complémentation. C'est principalement ce recours à l'aliment de bétail pour complémenter le troupeau qui augmente les charges liées à la gestion de ce dernier et par ricochet diminue les performances d'un tel système qui reste pourtant une pratique très répandue dans la zone.

En ce qui concerne les petits ruminants, nous constatons que les ovins transhumants au Saloum constituent le système le plus intensif en travail et en capital. En effet au Saloum, les ovins venant du Ferlo font beaucoup de déplacements pour exploiter le maximum de pâturages sans oublier l'importance de la surveillance des jeunes ovins pour éviter tout conflits avec les agriculteurs. Tout ceci participe à l'augmentation du travail dans ce système par rapport aux autres modes de gestion des petits ruminants. Le Saloum constitue également un carrefour, un lieu de transit de plusieurs populations venues de tous les coins du Sénégal ce qui fait que le prix des ovins est plus important dans cette région que dans le Ferlo. Cette différence assez considérable du prix des petits ruminants dans cette région contribue de manière considérable à augmenter les résultats économiques de ce système.

Pour l'inter-comparaison des systèmes d'élevage, il apparaît clairement que les bovins constituent les systèmes les plus intensifs en travail et les plus rentables ce qui veut dire que les exploitations agricoles ont beaucoup plus intérêt à pratiquer les systèmes bovins que les systèmes à petits ruminants. Toutefois, ceci est à relativiser car les systèmes à petits ruminants constituent les comptes courants de ces exploitations même s'ils ne sont pas aussi rentables, ils sont constitués des animaux les plus faciles à écouler d'où l'intérêt d'en avoir sans oublier que les opérations tabaski en font des systèmes assez juteux.

CHAPITRE IX : Analyse des systèmes de production

Dans l'UP de Bélél Bogal, nous retrouvons quatre systèmes de production combinant plusieurs systèmes d'élevage et de culture. Il s'agit :

c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage+ovins Ferlo + Ovins Saloum + Caprins, ce système de production correspond à la catégorie des grandes exploitations pasteurs « Jarga »

c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage +Ovins transhumant Ferlo + Ovins Saloum + Caprins + Riz + Tomate, c'est la catégorie des grandes exploitations agropasteurs « Jarga »

c Bovins transhumants Walo + Ovins forage + Caprins + Riz + Tomate +M//B//N. Il pratiqué par les moyennes exploitations agropasteurs ;

c Ovins forage + Caprins+ M//B//N correspond aux petites exploitations agropasteurs.

9-1/ Caractéristiques et fonctionnement des systèmes de production :

9-1-1/ Le système de production des grands pasteurs « Jargas »

Exclusivement basé sur l'élevage, ce système de production est constitué des grandes exploitatio ns (riches) qui représentent près de 15% des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal. C'est un système qui combine tous les types de systèmes d'élevage qu'on rencontre dans la zone.

Ce système de production fonctionne selon plusieurs stratégies qui permettent à cette catégorie d'exploitation de combiner de manière efficiente les différents systèmes d'élevage dont certains sont basés sur la transhumance.

Les exploitations qui pratiquent ce système mode de production sont les plus éloignées de l'unité pastorale. En effet, elles sont situées en moyenne entre 10 et 13 km du forage ce qui fait que ces dernières disposent de moyens de transport notamment pour l'abreuvement des petits ruminants. Cette situation géographique permet à ces exploitations de profiter des meilleurs pâturages de l'unité pastorale et d'être également dans des zones non loin des autres forages pour parer à toute panne de l'infrastructure hydraulique.

Ces exploitations ont une organisation très spécifique qui leur permet de combiner
l'ensemble des systèmes d'élevage de manière optimale. C'est ainsi que la présence de

salariés est notée dans ces systèmes de production surtout pour la conduite du troupeau ovin notamment pour celui qui transhume vers le Saloum et/ou le Ferlo. Ces salariés s'occupent des petits ruminants notamment du troupeau d'ovins qu'ils conduisent toujours avec les membres de l'exploitation agricole. En fait, s'il s'agit des ovins transhumants au Saloum, une famille de l'exploitation est chargée d'aller avec le troupeau aidée en cela par les bergers salariés. Très souvent, ce sont les jeunes mariés sauf l'aîné qui vont au Saloum avec toute leur famille, ce dernier s'occupe très souvent du troupeau des bovins. Concernant ce troupeau, il est tout le temps conduit sans berger et c'est toute la famille de l'aîné de l'exploitation qui transhume quasiment avec lui chaque année dans le Ferlo. Le reste des systèmes de l'exploitation est sous la charge de la famille qui reste au niveau de l'unité pastorale. Grâce à cette organisation, cette exploitation agricole composée de sept (06) actifs familiaux et d'un berger salarié parvient à faire fonctionner son système de production.

9-1-2/ Le système de production des agropasteurs « Jargas »

Pratiqué par près de 25% des exploitations de l'UP, ce système de production est basé sur la combinaison de deux systèmes de cultures et de six systèmes d'élevage.

En ce qui concerne les systèmes d'élevage, cette catégorie d'exploitation fonctionne de la même manière que la précédente. En effet sur le mode d'organisation des activités liées à l'élevage, nous retrouvons les mêmes pratiques à savoir l'organisation de l'exploitation au moment de la transhumance au Saloum ou au Ferlo mais aussi l'emploi d'un berger pour conduire le troupeau d'ovins.

Cette catégorie d'exploitation localisée le plus souvent vers le nord du forage dispose d'un important matériel pour les besoins de son fonctionnement. C'est ainsi que nous retrouvons deux à trois charrettes avec deux chevaux et plusieurs ânes.

S'agissant des systèmes de cultures à savoir le riz irrigué et la tomate industrielle, elles occupent une place importante dans ces catégories d'exploitations. Ce qui fait que dès le mois de juin, une partie de la famille partie en transhumance se replie dans les campements pour ainsi organiser le départ vers le Walo où ces agropasteurs vont séjourner jusqu'à la fin des premières opérations culturales liées au riz irrigué. Tandis que pour la tomate industrielle, le début des opérations culturales a lieu au mois de novembre période à laquelle le travail concernant le troupeau n'est pas important.

Ceci permet à ces exploitations qui ne disposent que de sept (07) actifs d'être à cheval sur l'ensemble des travaux qu'exige leur système de production même si parfois elles font appel à de la main d'oeuvre salariée notamment pour les besoins de la récolte de la tomate et de la conduite d'une partie du troupeau.

9-1-3/ Le système des moyens agropasteurs :

Avec près de 25% de pratiquants, ce système de production est le seul de l'unité pastorale qui a un système d'élevage basé sur la transhumance au Walo. En plus de ce système d'élevage, les ovins fixes au forage et les caprins divagants constituent les autres systèmes d'élevage figurant dans le système de productions de ces types d'exploitation agricoles. A côté de ces systèmes s'activant dans l'élevage, nous avons trois systèmes de culture dont deux dans les PIV et l'un étant une culture pluviale.

Ce système de production fonctionnant avec cinq (05) actifs grâce à des combinaisons très particulières parvient à travailler sur six (06) systèmes différents. En effet, pour ce qui est des travaux liés à l'agriculture principalement le riz irrigué, les opérations culturales commençant presque avec celle de la culture pluviale ce sont les hommes qui s'occupaient du troupeau en transhumance au Walo qui s'en occupent. Tandis que pour l'agriculture hivernale, il n'y a qu'un seul homme membre de la famille, le plus souvent le chef de famille qui en est responsable aidé en cela par les femmes de l'exploitation et les enfants.

En ce qui concerne la conduite des ovins et des caprins résidants au campement, ce sont les enfants qui sont chargés de conduire au pâturage et de surveiller les ovins tandis que les caprins le plus souvent sont laissés en divagation.

Ces exploitations agricoles sont équipées au moins d'une charrette avec trois à quatre ânes et un cheval, ce qui leur permet d'assurer leur besoin et celui du troupeau en eau depuis le forage avec le transport des chambres à air quotidiennement mené par les charrettes à ânes mais aussi de faire très souvent des déplacements entre le Ferlo et le Jééri pour accomplir certains travaux dans différents systèmes composant leur système de production.

9-1-4 Le système des petites exploitations agropasteurs :

Il est le système le plus représenté dans l'unité pastorale de Bélél Bogal avec 35% des exploitations agricoles qui ont ce même mode d'exploitation des ressources. Ces exploitations qui allient les systèmes ovins fixes au forage, caprins divagants et agriculture pluviale associée dans le Jééri sont celles qui disposent de la plus faible force de travail car vivant seulement avec trois (03) actifs.

Cette catégorie d'exploitation est de nos jours celle qui tient le plus à l'agriculture pluviale car celle-ci constitue un véritable levier sur lequel s'appuie ces agropasteurs pour atteindre l'autosuffisance alimentaire dans leurs différentes exploitations.

Les petites exploitations agropasteurs fonctionnent avec généralement une charrette pour le transport de l'eau du forage au campement et le plus souvent un membre de la famille travaille comme salarié dans d'autres familles de l'unité pastorale ce qui leur permet d'augmenter leurs revenus.

Par ailleurs ce système de production tend à ne regrouper que des familles mononucléaires ce qui fait que la force de travail de ces exploitations n'est pas aussi importante contrairement aux autres exploitations agricoles regroupées en grandes familles.

9-2/ Les performances économiques des systèmes de production :

Il s'agit tout d'abord de l'évaluation de la valeur ajoutée brute des systèmes de production qui est la somme des valeurs ajoutées brutes des différents systèmes pratiqués par l'exploitation agricole. Elle est le premier niveau de création de richesse de toute exploitation.

Dans un souci de synthèse, nous avons choisi de résumer l'ensemble des valeurs ajoutées brutes des différents systèmes de production dans le tableau ci-dessous.

Par ailleurs sachant que dans l'analyse des systèmes d'élevage, nous avions axé notre analyse sur le maximum technique de chaque système, dans cette partie no us allons considérer les données réelles de chaque système pour établir les performances économiques des différents systèmes de production.

Tableau 9-1 : Les différentes VAB par système de production

Systèmes

Bovins Bovins

Ferlo Forage

Bovins Walo

Ovins Ferlo

Ovins Forage

Ovins Saloum

Caprins divagants

Riz irrigué

Tomate industrielle

MxBxN

VAB/Système de production

Pasteurs Jargas

2258668,8 1150027,8

0

239850,83

198943,97

1606918,9

88694,575

0

0

0

5543104,984

Agropasteurs Jargas

2258668,8 1150027,8

0

239850,83

198943,97

1606918,9

88694,575

354239,38

179723,49

0

6077067,852

Moyens agropasteurs

0 0

2105270

0

198943,97

0

88694,575

354239,38

179723,49

87225

3014096,412

Petits agropasteurs

0 0

0

239850,83

198943,97

0

88694,575

0

708478,76

0

87225

614714,374

15248983,62

Total

4517337,6 2300055,6

2105270

719552,49

795775,88

3213837,8

354778,3

359446,98

174450

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 9-1 : Contribution des différentes activités dans l'élaboration de la VAB des systèmes de production

4000000

6000000

2000000

7000000

5000000

3000000

1000000

0

Systèmes de production

VAB (en FCFA)

MxBxN

Tomate industrielle Riz irrigué

Caprins divagants Ovins Saloum Ovins Forage Ovins Ferlo Bovins Walo Bovins Forage Bovins Ferlo

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'analyse de ce graphique permet de voir que la contribution de chaque activité dans la constitution de la VAB globale est différente selon le système. Dans la majorité des exploitations, les systèmes d'élevage bovins constituent l'essentiel de la VAB globale. C'est ainsi que nous constatons que dans le système de production composé des pasteurs « Jargas », la VAB du système des élevages transhumants dans le Ferlo représente 40% de la VAB globale. Par contre, dans le système de production des agropasteurs « Jargas », même si les systèmes d'élevage bovins constituent avec ses 53% la plus grande partie de la VAB globale, les systèmes d'élevage ovins représentent aussi une bonne partie de la valeur ajoutée de ce système de production notamment le système des ovins transhumants au Saloum qui couvre 26% de la richesse des exploitations.

Par ailleurs en ce qui concerne le système de production pratiqué par les petits agropasteurs, on constate qu'il est fortement sous l'influence des systèmes d'élevage qui disposent de la plus grande part dans l'élaboration de la valeur ajoutée de ces exploitations. En effet avec plus de 71% dans la VAB globale les systèmes d'élevage basés sur les ovins constituent les systèmes les plus rentables pour ces catégories

d'exploitations même si pour autant elles pratiquent toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri.

Pour mieux comparer les systèmes de production des différentes exploitations, nous allons utiliser les productivités du travail et les productivité par UBT ce qui nous permettra de voir toutes les dynamiques des exploitations agricoles de l'unité pastorale. Tableau 9-2 : les valeurs ajoutées brutes des différents systèmes de production

 

VAB globale

Nombre d'homme jours (HJ)

VAB/HJ

UBT totale

VAB/UBT

Pasteurs Jargas

5543105

1900,3367

2916,90674

243,677

22747,7562

Agropasteurs Jargas

6077067,9

2376,0867

2557,59514

244,337

24871,6643

Moyens agropasteurs

3014096,4

1450,4496

2078,04283

66,025

45650,8355

Petits agropasteurs

614714,37

1011,25

607,875772

6,75

91068,7961

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 9-2 : Comparaison des productivités du travail et par UBT des différentes catégories d'exploitation

Comparaison des productivités du travail et par UBT des
différentes catégories d'exploitation

VAB/UBT (en FCFA

2500

2000

3500

3000

1500

1000

500

0

Pasteurs
Jarga

Agropasteurs
Jarga

Catégories d'exploitations

Moyens
agropasteurs

Petits
agropasteurs

40000

20000

90000

80000

70000

60000

50000

30000

0

100000

10000

VAB/HJ (en FCFA

Productivité/UBT Productivité du travail

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'observation de ce tableau et de ce graphique nous montre que le système de production des exploitations agropasteurs « Jargas » est celui qui dispose de la plus grande valeur ajoutée globale alors qu'il constitue le système de production qui combine le plus des systèmes d'élevage et de culture. Ce qui montre que les systèmes pratiqués par cette catégorie d'exploitation notamment l'agriculture au Walo contribue à la formation de cette valeur ajoutée brute d'une manière très conséquente ce qui permettra probablement à ce système de production de dégager un revenu agricole assez important.

Par ailleurs le graphique révèle que le système de production constitué des petits agropasteurs a la plus grande productivité du travail alors qu'elle dégage la valeur ajoutée la plus faible des quatre systèmes de production.

9-2-1-1 Les revenus agricoles des exploitations

Avant de calculer les revenus agricoles des différentes exploitations, il nous faut d'abord calculer les valeurs ajoutées nettes et les amortissements notés dans les systèmes de production.

Par ailleurs, nous tenons à signaler que c'est suite à une impossibilité de comparer le

revenu agricole familial à l'hectare que nous avons opté de travailler avec les unités bétails tropicales (UBT).

Tableau 9-3 : Les revenus des différents systèmes de production

 

Pasteurs Jargas

Agropasteurs Jargas

Moyens agropasteurs

Petits agropasteurs

VAB globale

5.543.104,984

6.077.067,412

3.014.096,412

614.714,374

Amortissements

170.357

203.024

88.917

29.945

VAN

5.372.747,984

5874043,41

2925179,412

584769,374

Salaires

90.000

180000

-

-

Revenus agricoles

5.282.274,984

5694043,41

2925179,412

584769,374

Actifs / Système

7

7

4

3

Revenus/Actifs

754610,711

813343,773

731294,853

194923,125

Source : Mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Avec ce tableau, nous constatons que le système des agropasteurs « Jargas » est celui qui génère les revenus les plus importants, ceci grâce à la combinaison de tous les systèmes d'élevage et des systèmes de culture du Walo. En effet ces systèmes permettent à cette catégorie d'exploitation d'avoir un revenu agricole important. Par contre le système de production des petits agropasteurs qui ne combine que deux systèmes d'élevage de petits ruminants et un système de culture pratiqué en hivernage dispose du plus faible revenu agricole.

Ainsi donc, nous pouvons dire que dans l'UP de Bélél Bogal, le niveau de revenu est fonction du nombre de système de culture et d'élevage combinés mais aussi du nombre d'actifs dont dispose l'exploitation agricole.

9-2-1-2 Calcul des seuils de survie et de sociabilité :

Le seuil de survie est le revenu minimum qu'un actif doit dégager de son exploitation pour assurer sa survie et celle de ses dépendants, c'est-à-dire celle des personnes non actives qui sont à sa charge (enfants en bas âge, infirme ou personne âgée). C'est ainsi que pour l'évaluer, il nous a paru nécessaire de mener les enquêtes chez les exploitations

les plus démunies ce qui nous a permis d'estimer ensuite un seuil de survie dans l'ensemble de l'unité pastorale.

A côté du seuil de survie, il y'a le seuil de sociabilité qui est le niveau de revenu en dessous duquel il n'est plus possible, pour un exploitant agricole, d'assurer à la fois le renouvellement du capital d'exploitation et la subsistance de sa famille. Pour l'élaboration de ce seuil, les investigations ont concerné des exploitations à très faible revenu c'est-àdire celles qui ont aidé à évaluer le seuil de survie mais aussi des exploitations à revenus intermédiaires. C'est ainsi que ces deux seuils représentent respectivement 83706 FCFA et 125558 FCFA.

9-2-1-3/ Analyse des revenus des exploitations par rapport aux seuils de survie et de sociabilité :

Graphique 9-3 : Comparaison des revenus agricoles potentiels des exploitations agricoles par rapport aux seuils de survie et de sociabilité

Catégorie d'exploitations

Pasteurs
Jargas

Petits
agropasteurs

Moyens
agropasteurs

Agropasteurs
Jargas

Revenue agricoles/Adifs (en FCFA)

400000

900000

800000

600000

500000

300000

200000

700000

100000

0

Seuil de survie Seuil de sociabilité

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Avant de passer au commentaire de ce graphique, il nous faut préciser que c'est parce que dans notre zone d'étude, l'élevage est la principale activité économique ce qui fait que dans l'analyse du diagnostic agraire, il est ressorti plus de systèmes d'élevage que de systèmes de culture. Avec cela, on constate qu'il est impossible de faire l'analyse des revenus agricoles par actifs par rapport à la surface par actif comme le recommande la méthodologie utilisée jusque là.

L'analyse de ce graphique montre clairement que les différents systèmes de production existants dans l'unité pastorale de Bélél Bogal dégagent tous un revenu par actif supérieur aux seuils de survie et de sociabilité. Ce qui nous renseigne sur la rentabilité des systèmes de production pratiqués dans cette partie du Ferlo.

L'importance des revenus agricoles familiaux est due dans certains cas notamment en ce qui concerne les exploitations agropasteurs (Jargas et Moyens) à la présence des cultures irriguées qui jouent un grand rôle direct ou indirect dans le fonctionnement des exploitations agricoles de cette zone d'ailleurs la plus proche du Walo de tout le Ferlo.

Cependant il est important de noter que l'importance des revenus familiaux par actifs dans l'ensemble des exploitations peut conduire à des confusions. En effet le seuil de survie n'étant basé que sur les modes de vie des populations locales d'une région sa faiblesse ou sa grandeur peut donc différer d'une région à une autre ce qui veut dire que les systèmes de productions que nous avons dans cette zone peuvent devenir très faibles en quittant l'unité pastorale.

Avec cette analyse comparée des revenus par actifs et par catégorie d'exploitations qui a abouti à la conclusion que les revenus des exploitations de l'unité pastorale sont supérieures aux seuils de survie et de sociabilité, nous constatons que les différentes exploitations de cette zone disposent toutes de capacités contributives assez conséquentes qui pourraient leur permettre de diversifier leurs activités ou d'investir dans d'autres secteurs tels que l'éducation et la formation.

Les revenus agricoles des différentes exploitations sont tous supérieures aux seuils de survie et de sociabilité ce qui veut dire que les exploitations de cette région peuvent tous envisager de mettre leurs enfants à l'école ou bien de s'offrir des formations d'autant plus que l'école primaire est totalement gratuite dans l'unité pastorale. Dans ce cas, il apparaît clairement que les revenus ne constituent pas de grands déterminants dans les choix des agriculteurs à scolariser ou à s'offrir une formation. Ce qui nous amène à rechercher les choix de ces exploitations en matière d'éducation et de formation dans les perceptions que ces derniers ont de ces deux notions mais aussi dans les préoccupations des agriculteurs.

CHAPITRE X : Analyse des préoccupations et propositions d'orientation

Avant de passer à l'analyse des préoccupations des exploitations agricoles, nous allons faire l'état des lieux c'est-à-dire la situation actuelle de ce secteur dans l'unité pastorale.

10-1/ La situation actuelle du secteur éducatif dans l'unitépastorale :

Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous ne trouvons qu'un établissement scolaire localisé dans le village du même nom. Cette école élémentaire construit il y'a vingt ans est composée de deux abris provisoires et fonctionne sous le régime du multigrade avec un enseignant qui assure les cours dans quatre classes pédagogiques.

Par ailleurs, cet établissement scolaire connaît en moyenne plus de vingt abandons par an ce qui rend difficile la pratique de l'éducation scolaire dans les exploitations agricoles de l'unité pastorale. Pour preuve, pour l'année académique 2006-2007, l'école a démarré sur un effectif de trente six élèves pour terminer l'année scolaire avec vingt et élèves soit un taux d'abandon de 41,7%.

Ce fort taux d'abandon est loin d'être lié au niveau de revenus des populations car dans cette unité pastorale tous les frais liés à l'école élémentaire sont gratuits. En effet, les frais de scolarisation tout comme les fournitures sont à la charge du conseil rural qui effectue chaque année une dotation à l'école, mieux l'école dispose d'une cantine scolaire financée et subventionnée par l'ONG américaine Counter Part International qui permet aux élèves de prendre leurs déjeuners au niveau de l'école et cela sans aucune contrepartie.

L'importance du taux d'abandon et la faiblesse du taux d'inscription sont dues selon les populations au fait que le calendrier scolaire n'est pas bien adapté à la zone sylvopastorale. En effet selon toujours ces populations, au moment où vaquent les classes les enfants sont sollicités dans les exploitations pour aider à la surveillance du troupeau qui est pendant cette période dans une situation critique à savoir l'épuisement du pâturage. Cette situation critique du troupeau appelant les éleveurs à transhumer avec leurs familles pause un problème de logement des enfants scolarisés d'où le fort taux d'abandon constater et qui se manifeste surtout les mois de mars, avril et mai.

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA

En outre un autre fait peut expliquer le faible taux de fréquentation de l'école française. Il est en effet à chercher dans les pratiques des populations en matière d'éducation. Il ressort ainsi que les populations préfèrent le plus souvent mettre leurs enfants à l'école coranique qui selon elles, constitue la meilleure pour apprendre à vivre en société. Signalons que lorsque les éleveurs amènent leurs enfants à l'école coranique le problème relatif au logement des enfants au moment de la transhumance est réglé car les enfants sont nourris et logés dans la maison du marabout.

Ainsi donc comme nous le voyons la non inscription des enfants de cette unité pastorale à l'école française est loin d'être un problème de volonté mais plutôt une question liée à l'inadéquation du calendrier scolaire par rapport au calendrier pastoral des exploitations agricoles dont les activités les plus importantes ont lieu pendant cette période.

10-2/ Analyse des préoccupations des agriculteurs en matière d'éducation

Pour cette partie, nous avons travaillé avec des guides d'entretiens qui nous ont permis de recueillir les perceptions et les préoccupations des populations vis-à-vis de l'école. Avec ces données, nous avons sortis toutes les préoccupations en prenant le soin à chaque fois de donner les dires des agropasteurs pour illustrer les perceptions ou préoccupations.

Tableau 10-1 : Les préoccupations des exploitations en matière d'éducation

c L'école coranique

Préoccupations

Cadre d'analyse des parents

Coûts directs et indirects

La consolidation des valeurs religieuses

L'école coranique est un moyen
pour connaître les préceptes de l'islam

L'école coranique participe à la socialisation des enfants.

« A son retour de l'école coranique mon fils saura les préceptes de l'islam et évitera ainsi les péchés sans oublier qu'avec la connaissance acquise là-bas il saura comment vivre en société en respectant les anciens et ses voisins ».

«Je suis vieux, je n'ai qu'un garçon et si je l'envoie au daara, j'aurai personne pour s'occuper des animaux »

c L'école française

Préoccupations

La gestion de l'élevage

L'éveil et la conscientisation des enfants

La

diversification des activités

Cadre d'analyse des
parents

' Même si on a pas un

emploi avec l'éducation, elle nous permet de sortir de ignorance, de gérer nos activités surtout d'élevage sans dépendre des autres ».

'un enfant ayant été à l'école est plus intelligent et peut vivre sans dépendre des autres et sans être trompé par d'autres personnes ... »

Coûts directs et indirects

' Dans cette école, on ne paie rien, tout est donné par l'enseignant même pour la cantine scolaire, les parents d'élèves ne participent plus à la cotisation mensuelle »

' Quand j'envoie mon fils à l'école, je dois payer 15000 F à un berger pour conduire les animaux »

'Si les enfants réussissent à l'école, les revenus d la

famille seront diversifiés mais s'ils ne réussissent pas nos revenus ne dépendront que de l'élevage ce qui n'est pas une bonne chose car l'élevage n'a plus d'avenir»

 

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'analyse de ces deux tableaux récapitulatifs de l'ensemble des préoccupations des exploitations en matière d'éducation nous montre que le fait d'amener les enfants à l'école française obéit à des raisons diverses selon les catégories d'exploitations. En effet pour les grandes exploitations pasteurs et agropasteurs qui représentent 40% des exploitation de l'unité pastorales, le fait d'amener les enfants à l'école c'est en vue de leur permettre plus tard de mieux gérer le troupeau. Autrement dit pour ces types d'exploitations, l'école doit permettre à leurs enfants d'acquérir un savoir faire afin d'optimiser le troupeau grâce à une bonne gestion de celuici. Par contre, pour les autres catégories d'exploitation à savoir les petits et moyens pasteurs, l'école constitue un

moyen ou le chemin permettant d'aboutir à une diversification de leurs activités pour ne pas dire parvenir à quitter l'élevage. Ces exploitations sont les plus nombreuses dans l'unité pastorale et les moins riches par rapport à celles citées plus haut cependant ce sont elles qui scolarisent plus leurs enfants.

Cette différence de niveau dans les préoccupations des exploitations agricoles en matière d'éducation s'explique par d'une part les grandes exploitations pasteurs et agropasteurs ne sont pas confrontées à des problèmes d'ordre financier et disposent d'autre part d'un important troupeau dont elles sont soucieuses de sa bonne gestion. Ceci n'est pas le cas des autres exploitations car ces derniers même en disposant d'un revenu agricole par actif supérieur au seuil de sociabilité n'en demeurent pas moins des exploitations confrontées à plusieurs difficultés dont la non moins importante est la cherté des aliments de complémentation. Ainsi donc pour ces types d'exploitation, l'école française constitue une porte qui grâce à leurs enfants peut les permettre d'élargir les possibilités d'accroître leurs revenus par une diversification des activités dans leurs systèmes de production.

En ce qui concerne l'école coranique, les préoccupations des différentes exploitations sont toutes identiques car son objectif premier est de participer à inculquer aux enfants les valeurs de la religion pour lui apprendre le comportement à adopter en société.

Pour terminer cette partie liée aux préoccupations des agriculteurs en matière d'éducation, nous constatons que si pour l'école coranique ces préoccupations sont partagées ce n'est pas le cas des préoccupations relatives à l'école française. En effet, nous avons constaté que les préoccupations sont exprimées en fonction des niveaux économiques des exploitations agricoles même si dans l'unité pastorale tous les types d'exploitation disposent de revenus supérieurs au seuil de sociabilité. Ceci se remarque dans l'appartenance du plus grand nombre des élèves inscrits à l'école française aux catégories d'exploitations qui ont les niveaux de revenus les plus faibles.

10-3/ Les coût liés à l'éducation :

Comme nous l'avons vu plus haut dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, les coûts directs liés à l'éducation sont quasiment nuls. Il s'agit entre autres des frais d'inscriptions qui sont gratuits, des frais liés à la cantine scolaire qui sont également gratuits car la cantine est financée gratuitement par une ONG américaine et enfin les fournitures sont offertes aux élèves par le conseil rural qui donne tout le matériel didactique nécessaire aux élèves

durant l'année scolaire. Cependant, il y a les frais liés à l'habillement des élèves durant l'année scolaire, ils sont estimés à 8000F par élève.

En ce qui concerne les coûts indirects liés à l'éducation, il s'agit principalement des frais liés à l'engagement d'une main d'oeuvre salariée pour remplacer éventuellement l'enfant envoyé à l'école. Pour ces frais liés à la main d'oeuvre, il est important de signaler que seuls les deux grandes catégories d'exploitations en ont alors qu'elles constituent celles qui envoient le moins leurs enfants à l'école. Ainsi un salarié est payé à 15.000FCFA par mois, cependant ces salariés ne travaillent le plus souvent qu'au maximum six mois et ils sont généralement payés en nature surtout quand il s'agit de ceux qui vont au Saloum.

Pour terminer, nous pouvons dire que les coûts liés à l'éducation sont peu élevés pour les moyennes et petites exploitations agricoles car ne concernant que les frais d'habillement. En effet ces exploitations n'utilisent pas de main d'oeuvre salariée même quand il s'agit d'envoyer un enfant à l'école. Ce qui confirme nos propos cités plus haut que les différentes exploitations de l'UP de Bélél Bogal ont toutes les capacités contributives nécessaires pour financer l'éducation de leurs enfants.

10-4/ Analyse des préoccupation des agriculteurs dans leurs activités

Interroger les populations rurales sur les préoccupations qu'ils ont dans leurs pratiques de tous les jours est un moment très riche en enseignement. En effet dans leurs activités quotidiennes, les agriculteurs sont confrontés à des difficultés mais toutes ne constituent pas des préoccupations car ces populations à chaque fois qu'elles peuvent par leurs propres stratégies venir à bout d'une difficulté ne manquent pas de le faire. Ce qui fait que leurs préoccupations constituent des difficultés qu'elles n'ont pas pu lever à leur niveau.

Ces préoccupations qui se manifestent par l'exposition de difficultés le plus souvent peuvent être levés par plusieurs moyens notamment la formation. Ainsi donc, ces préoccupations constituent dans une moindre mesure des demandes de formation qu'expriment implicitement les agriculteurs.

Pour comprendre tout cela, la plupart des préoccupations des agriculteurs de notre zone d'étude est consignée dans les tableaux ci-dessous :

Tableau 10-2 : Synthèses des préoccupations des agriculteurs concernant leurs
activités

Préoccupations

Cadre d'analyse des agriculteurs

Stratégies mises en oeuvre

 

L'élevage aujourd'hui dans le

Pour faire face au manque de pâturage, la

 

Ferlo est menacé par le déficit

transhumance est l'une des stratégies

 

pluviométrique.

adoptées par les éleveurs.

 

L'augmentation de la population

Le retard fréquent des pluies oblige les

 

compromet l'avenir de l'élevage.

éleveurs à faire recours à la complémentation qui est très chère.

 

« S'il pleut et qu'il y a beaucoup

 
 

d'herbes tout va à merveille.

« La pratique de l'élevage est très difficile de

L'élevage est

confronté au

Actuellement, il y'a beaucoup de problèmes. L'herbe s'épuise et la

nos jours car elle tourne qu'autour de la transhumance et de la complémentation, ce

manque de

pâturage.

pluie ne vient pas encore »

qui signifie qu'il faut tout le temps bouger ce qui n'est pas une bonne stratégie et pas du

 

« ..c'est la pluie et l'herbe

qui maintiennent en vie notre élevage

tout possible car arrivera un moment où on ne pourra plus bouger»

 

(...) et ces dernières années la pluie

« Actuellement tout les animaux sont en

 

a fortement diminuée ... »

transhumance et chaque année c'est comme ça dans toute la zone...dés qu'il y a plus

 

« De nos jours, la population

d'herbes on transhume. Les rares éleveurs

 

augmente sans cesse, le troupeau

qui restent là sont les petits éleveurs ils sont

 

encore beaucoup plus donc le

obligés de complémenter comme ceux qui

 

pâturage est surexploité alors que la superficie de la terre est restée la

sont en transhumance ».

 

même mieux les pâturages se

« ...On est obligé de partir chaque année en

 

rétrécissent à cause de la pression

transhumance à la recherche du pâturage, il

 

démographique donc où est l'avenir

faut également complémenter car avec la

 

de l'élevage... »

durée de saison sèche l'herbe de bonne qualité a disparu et on est obligé de maintenir en forme les animaux les plus faibles ».

L'élevage

souffre de

l'absence d'une filière de vente du lait

Les déficits

pluviométriques

menacent la

survie de

l'agriculture

Pour parer aux déficits pluviométriques,

les agriculteurs adoptent des spéculations à cycle plus court.

« ...maintenant nous cultivons beaucoup plus du niébé et du béréf qui sont plus adaptés à la situation actuelle »

« à cause de la pluie qui diminue et qui tarde à venir, il y a de moins en moins d'arachide et du mil, les gens ne cultivent que du niébé, du béréf et de la pastèque »

« aujourd'hui nous ne pouvons cultiver que des spéculations à cycle très court car les conditions pluviométriques ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois »

L'agriculture dans le Jééri est dépendante de la pluviométrie

« vous savez dans cette partie du Ferlo l'agriculture ne dépend que de la pluie, s'il pleut tôt on a de bonnes récoltes et si c'est le contraire on est sûr de vivre une année difficile »

« ... l'agriculture qu'on pratique ici n'est pas bonne car elle ne dépend que de la pluie alors que celle-ci est du ressort de Dieu... »

« ... parce que la pluie n'est pas du ressort des hommes, notre activité d'agriculteur n'a pas d'avenir à moins que la situation pluviométrique se renverse »

L'agriculture pluviale dans le Jééri est confrontée aux agressions des insectes et des oiseaux.

A cause des oiseaux, les agriculteurs sont

obligés de surveiller constamment leurs champs.

Pour faire face aux attaques des insectes,

L'action des

insectes et des oiseaux diminue les productions

« dés le début de floraisons de nos cultures, les insectes et les oiseaux viennent détruire ce qu'on devait récolter »

«les oiseaux et les insectes sont les principaux ennemis à nos champs car ils font beaucoup de dégâts ce qui causent des pertes tout les agriculteurs »

les agriculteurs utilisent des insecticides.

« ...au moment de la floraison, nous construisons une case dans le champ avec mon fils on se relaie pour surveiller et renvoyer les oiseaux et parfois avant cette période, on utilise des insecticides »

« Pour avoir une production dans le Jééri, il faut constamment surveiller son champ sinon on court vers de grosses pertes... »»

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Avec l'analyse de ces tableaux, nous constatons que notre zone d'étude est un véritable bastion des activités agricoles. En effet l'ensemble des préoccupations soulevées par les populations tourne autour de ces deux activités qui sont : l'élevage et l'agriculture. Cependant ceci peut être du aussi au fait que nos enquêtes ont été menées à un moment où l'ensemble des agriculteurs étaient occupés par ces activités notamment pour l'élevage qui était dans une situation très difficile due à plusieurs facteurs.

C'est ainsi que pour cette activité la principale préoccupation partagée par toutes les catégories d'exploitations est celle relative au pâturage. Cette préoccupation constitue le plus grand souci des éleveurs de l'unité pastorale car face à celle-ci les pasteurs et agropasteurs n'ont que comme solutions : la transhumance et la complémentation.

En ce qui concerne la transhumance les éleveurs sont tous unanimes sur le fait qu'elle n'est pas une solution durable d'où donc l'intérêt de réfléchir sur d'autres stratégies capables de pérenniser l'activité pastorale dans cette partie du Ferlo.

Par ailleurs la transhumance étant motivée par le manque de pâturage dans l'unité pastorale, celui-ci va aussi être déterminant dans l'utilisation de l'aliment de bétail pour la complémentation. En effet avec ces déplacements les éleveurs arrivent en milliers dans les forages d'accueil où la surexploitation des ressources fourragères finit par créer des déficits de pâturage et avec la pluviométrie qui tarde très souvent à se pointer la complémentation demeure à cette période l'unique solution pour maintenir le troupeau en vie. Cependant à cette période l'aliment de bétail est très cher et les éleveurs sont tenus de déstocker un important nombre de boeufs ou de moutons pour faire face à ces frais ce qui explique l'unanimité autour de ces deux préoccupations.

A côté de ces préoccupations la question du lait s'avère être d'une importance capitale car ce sous produit de l'élevage devrait être selon les éleveurs une source de maximisation des revenus de cette activité. Toutefois le lait demeure aujourd'hui un produit dont l'exploitation de manière optimale allait permettre aux éleveurs de mieux préparer les périodes qui suivent très souvent marquées par un épuisement rapide du pâturage à cause le plus souvent des feux de brousse. Cette situation que connaît le lait est du en grande partie à l'enclavement du Ferlo et surtout de la zone de l'unité pastorale.

Sur le plan de l'agriculture, les préoccupations des exploitations agricoles tournent autour de la faiblesse pluviométrique pour les cultures du Jééri et des attaques des insectes et des oiseaux pour les cultures au Walo.

Pour les cultures d'hivernage dans le Jééri, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer ce n'est pas l'accès au semence qui est la principale préoccupation mais le déficit pluviométrique. En effet dans cette zone c'est plutôt le déficit pluviométrique qui est peut être le frein à toute activité agricole et non les semences même s'il est vrai également que l'accès à celui-ci constitue un casse-tête pour les agriculteurs.

Ce constat est également le même pour la culture pratiquée dans les périmètres irriguées villageois. Pour les types d'exploitations s'adonnant à cette activité, on aurait pensé que le taux élevé des crédits constitueraient au moins une des préoccupations ce qui n'est pas le cas. Les préoccupations de ces exploitations sont toutes liées aux attaques des insectes et des oiseaux sur les récoltes ou sur les plantes au moment de leur floraison ce qui nous montre que les agriculteurs subissent beaucoup de pertes dues à ces attaques. Il est sur que c'est parce que les agriculteurs n'ont pas de solutions à ce problème qu'il constitue une préoccupation cruciale chez les producteurs agricoles.

En conclusion à l'analyse des préoccupations que les exploitations agricoles ont dans leurs activités, il apparaît des préoccupations qui peuvent être solutionné par l'appui à ces exploitations, c'est cela que nous étudierons dans le point suivant.

10-5/ Propositions d'orientation

A la suite de l'analyse des préoccupations des agricultures en matière d'éducation mais aussi des préoccupations concernant leurs propres activités. Nous nous proposons de voir dans ces préoccupations ce qui nous semble possibles de résoudre sous forme de propositions d'orientation à des structures que nous avons identifiées comme étant les plus concernées.

C'est ainsi que nous avons distingué les principaux points suivants :

c Sur le plan scolaire, intégrer dans les politiques de création d'établissements scolaires ou de renforcement de ceux qui existent l'internat. En effet s'il y a une volonté de rendre la pratique scolaire pérenne dans cette zone, il est important de faire tout pour que lors des transhumances les enfants puissent rester au forage pour continuer leurs études. Vu que le plus souvent le siège du forage est un

campement où presque ne réside aucun enfant scolarisé, la création d'un internat permettrait aux parents qui comme nous l'avons vu souhaitent laisser leurs enfants à l'école la possibilité de le faire lors des mouvements de transhumance. Ainsi donc, il s'agira dans ce domaine pour le conseil rural qui est compétente en matière d'éducation de construire un internat dans l'unité pastorale et de mener des séances de sensibilisation au niveau des éleveurs. L'autre volet dans cette recommandation s'adresse aux autorités du ministère de l'éducation sinon aux autorités de l'inspection régionale. En effet vu que le principal problème de ce domaine est lié au calendrier scolaire qui n'est pas adéquat au calendrier pastoral, ainsi ces autorités devraient réfléchir sur un nouveau calendrier scolaire dans l'ensemble du Ferlo et qui prendra en compte le calendrier des activités des populations locales.

c Sur le plan de l'élevage, les préoccupations soulevées par les exploitations sont toutes liées au manque de pâturage à la fin de l'hivernage alors que le plus souvent ces zones de pâturage sont bien garnies mais détruites très rapidement par les feux de brousse. Ce qui nous amène à opter pour des séances de sensibilisation des populations dans le domaine de la gestion du pâturage en leur offrant des séances de formation sur comment gérer le milieu naturel et éviter ainsi les feux de brousse. Dans ces séances de sensibilisation insister sur les procédures et méthodes nécessaires pour créer les pare-feux véritables outils de circonscrire les feux en cas d'incendie ce qui permettra à coup sûr de réduire chaque année les superficies ravagées par ces feux de brousse.

c L'autre pan de l'élevage qui nécessite un appui aux populations est la gestion du lait autrement comment faire pour rentabiliser le lait dans l'unité pastorale de Bélél Bogal. Il nous semble important de préparer les populations dans des domaines qui leur permettront d'optimaliser ce produit notamment par la création d'unité laitière très modeste. Cependant ceci nécessitera une certaine formation pour les populations qui du reste sont très proches de la route nationale mais c'est surtout le problème de la conservation du lait qui pose problème. Les unités laitières nous semblent être de bons moyens pour lutter contre les pertes de lait notées chaque année et cela globalement dans tout le Ferlo.

c Concernant l'agriculture, il est important pour ce qui est de la culture pluviale pratiquée dans le Jééri de réfléchir à des spéculations dont le cycle est relativement court ce qui permettra aux agriculteurs d'être un peu à l'abri des déficits pluviométriques. Pour ce qui est de la culture irriguée pratiquée au Walo, il est nécessaire qu'en collaboration avec les producteurs que les techniciens de la SAED et de la SOCAS principal bailleur de la tomate trouvent des stratégies efficaces de lutte contre les menaces acridiennes et autres. En effet l'importance de la culture au Walo dans les systèmes de production de l'unité pastorale devrait pousser tous ces acteurs à réfléchir sur cette question.

Tableau 10-3 : Synthèse des propositions d'orientations

Domaines

Propositions

Intervenants

Bénéficiaires

Education

- Créer un internat -Adapter le

calendrier scolaire au calendrier des activités pastorales de l'UP.

- Conseil rural -Ministère de l'éducation ou inspection académique de l'éducation

Populations locales

Elevage

- Formation en gestion du pâturage et des ressources ;

- Formation en conservation et transformation des sous produits de l'élevage

- Etat, Projets,

Conseil rural ;
- Etat, Projets

- Eleveurs

- Eleveurs, femmes

Agriculture

- Adopter des spéculations à cycle court ;

- Trouver des stratégies de lutte contre les oiseaux

- ISRA,

- SAED, Technicien
de la SOCAS, DPV

- Agriculteurs

- GIE Producteurs

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007 99

Conclusion :

Depuis 1973, date de la création du forage de l'unité pastorale de Bélél Bogal, le système agraire de cette partie du Ferlo a connu beaucoup de changements. En effet d'un système exclusivement transhumant jadis, on est passé aujourd'hui à des systèmes moins transhumants avec des exploitations fixes dans les campements gravitant autour du forage.

Cette évolution dans l'histoire agraire de notre zone d'étude n'a pas beaucoup influencé les pratiques des exploitations agricoles. C'est ainsi que les agriculteurs de l'UP sont toujours dans leur majorité des agropasteurs même si de nos jours l'agriculture pluviale dans le Jééri a perdu beaucoup de son intensité au profit de l'agriculture irriguée dans le Walo introduite depuis 2000.

Par ailleurs la méthodologie du diagnostic agraire avec laquelle nous avons travaillé se révèle être un très bon outil pour comprendre des milieux aussi complexe que la zone du Ferlo afin d'envisager des projets de développement tels l'introduction de nouvelles stratégies de formation agricole rurale. Toutefois, il faut bien se rendre à l'évidence que la promotion d'une innovation technique locale ou l'appui à des formes paysannes organisées peuvent se révéler intéressantes, mais qu' elles resteront peu efficaces pour l'intérêt général si on ne tient pas compte des perceptions, des préoccupations et des moyens financiers de populations locales.

C'est pour éviter cela que notre étude a été axé sur la connaissance des pratiques des agriculteurs afin d'en sortir leurs demandes en formation et en éducation. Cette recherche de plus trois mois sur le terrain nous a ainsi permis de comprendre les pratiques et dans une certaine mesure la sociologie des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal. En effet, il apparaît à la suite de cette étude que ces exploitations réparties dans quatre catégories ont tous grâce à leurs activités économiques un revenu supérieur au seuil de sociabilité de la localité.

Pour autant, si les résultats de l'évaluation des revenus de ces agriculteurs nous
permettent de conclure que les exploitations agricoles ont toutes les capacités
contributives leur permettant de financer les études de leurs enfants d'autant plus que

l'école est gratuite dans la zone, l'école demeure néanmoins un maillon faible dans les pratiques paysannes.

En effet même si à travers les enquêtes, l'école occupe une bonne place dans les préoccupations des agriculteurs, le taux d'inscription dans ce service reste très faible et à cela il faut ajouter un fort taux d'abandon.

Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, l'école est perçue par la plupart des agriculteurs comme un outil qui peut permettre aux enfants de quitter les activités agricoles cependant les mouvements de transhumances constituent les principaux freins au développement de ce type de service. En ce qui concerne les demandes en formation, il ressort de notre étude que les exploitations agricoles dans leurs préoccupations ont toutes émises le problème de la gestion du pâturage en saison sèche à cause des feux de brousse mais aussi le problème de la conservation du lait en hivernage. Ce qui nous amène à axer les demandes en formations des agriculteurs de Bélél Bogal dans ces domaines.

Par ailleurs après avoir étudié notre unité pastorale de Bélél Bogal, d'autres problématiques de développement du monde rural ont jailli. Il s'agit en effet de la gestion de l'eau du forage encore que cette zone a pour principale vocation l'élevage. Il nous semble que le diagnostic agraire nous a certes permis de comprendre les pratiques paysannes notamment le rapport des populations à l'eau mais cela à très bas échelle alors que cette question mériterait une analyse à grande échelle et de manière globale c'est-àdire dans tout le Ferlo. Il en est de même pour le foncier, c'est en effet une question à approfondir dans cette unité pastorale mais surtout analyser la question en ayant à l'esprit qu'on est en zone pastorale alors que cette activité n'est pas reconnu par la loi sur le domaine national comme une forme de mise en valeur de la terre et tout cela dans le contexte de la décentralisation avec le transfert des compétences aux collectivités locales.

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? Debouvry.Pierre : Les enjeux de la formation professionnelle agricole rurale en Afrique de l'ouest francophone (fichier électronique).

? Debouvry Pierre : Demain le paysan, enfin protagoniste de son développement ? (Fichier électronique)

? Faye Babacar : Cours d'économie rurale, ENEA ,2004 .

ANNEXE1 : GRILLE D'OBSERVATION DU PAYSAGE

I.Géomorphologie/hydrographie/sols

1. les formes du relief.

2. les ressources en eau disponible.

3. la présentation du sol çouleur, texture, profondeur, humidité, stabilité structurale, sensibilité à l'érosion, porosité)

II. La végétation

4. la présentation du paysage : espaces cultivés, friches, zones de parcours, forêts.

5. composition et diversité floristique de la végétation spontanée.

6. Les formations arborées et les formations arbustives : type, importance, description, types d'arbres, localisation, traces d'utilisation, Jachères.

7. Les formations herbacées : type, importance, description, localisation, usage (pâturage ou jachère)

8. Végétation cultivée : Cultures pérennes en vergers, haies ou arbres disséminés dans les champs ou pâturages

9. Cultures annuelles : taille des champs, type de cultures et associations, densités culturales, travail du sol, pratiques culturales et stade végétatif le jour de l'observation.

10. Les proportions relatives des formations végétales

11. Les questions soulevées par l'observation des diverses formes de végétation ?

III. Les formes des parcelles de culture.

12. La présentation des champs (sont-ils fermés, ouverts, en lanière, dans le sens de la pente?)

13. Les traces des pratiques culturales : traces de défrichages, de brûlis charbon, trace de travail du sol, labour à la charrue, à la houe, désherbage, taille...

IV. Les constructions : habitations, villages, chemins, routes et aménagements

14. La manière dont le village est construite.

15. Les infrastructures qu'il bénéficie (électricité, forage, dispensaire, écoles, etc.).

16. Organisation de l'habitat.

17. Les matériaux de construction.

18. Les constructions hors du village.

19. leurs fonctions (parcs à animaux, campement, ...).

20. Les routes, les chemins existants. Leur état. Leur praticabilité toute l'année.

21. Les aménagements existants (Bas-fonds, forages, clôtures, ...).

V. Les animaux

22. Animaux sauvages éventuellement (gibier, poissons, ...).

23. Animaux d'élevage : type (espèces et races animales), nombre, localisation, situation, mode de conduite (à une corde au piquet, en divagation, en parcours avec un bouvier, avec matériel de culture attelée, en enclos, ...).

Annexe2: Entretien historique 09/05/2007 Bélél Bogal

Entretien 1 :

Présentation : Bonjour, je m'appelle Sarah MARSAN, je suis étudiante en agronomie en France. Voici Abou Bâ, étudiant en aménagement du territoire au Sénégal et Khonté, notre interprète. Nous sommes à Bélél Bogal en stage de fin d'étude. Nous travaillons pour le BFPA du Ministère de l'Agriculture à Dakar. Nous serons dans la zone du forage de Bélél Bogal jusqu'au mois d'août.

Nous allons d'abord étudier l'agriculture et l'élevage du secteur et leur évolution. Puis, nous nous intéresserons aux besoins des éleveurs et agriculteurs en formation professionnelle et éducation des enfants, et par rapport à ces besoins, aux moyens dont ils disposent et qu'ils sont prêts à investir dans l'éducation et la formation.

Cette étude est réalisée dans neuf zones du Sénégal et les résultats que nous obtiendrons seront directement utilisés par le BFPA pour adapter l'offre de formation.

Aujourd'hui, nous travaillons sur l'histoire de la zone.

Réponse : La personne, qu'elle soit en haut ou en bas, a une bonne mémoire. Si vous m'avez sollicité parmi tous les autres aujourd'hui, c'est que vous savez ce que vous devez faire. Dans la zone de Dialy, mon village, il n'y a qu'une femme plus âgée. Dans tout le reste, je suis le plus vieux. Depuis le début de mes souvenirs jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu un problème. Je veux la paix pour mon village, et mon groupe de Dialy. Le village est un peu plus âgé que moi. Il date de mon grand père. Il a été installé depuis 102

ans. Il n'y a que mes grands parents, mes oncles et mes tantes qui sont enterrés là. Je n'ai jamais quitté le village, sauf pour les grandes sécheresses.

Q : D'où venaient les premiers habitants de la localité ?

Réponse : Les premiers habitants venaient de Nioro (Mali) et c'est la famille de Demba Hawa qui s'est installe d'abord. Elle a été rejoint par les familles de Coumba, Aliou Racine, Aliou Tacko, Demba Béli et Hamédi.

Q : Ces populations sont elle venues ensemble dans la localité ?

R : Les familles de Aliou Racine, Demba Béli sont en effet venues ensemble dans la zone.

Q : D'où venaient ces populations ?

R : La plupart de cette population vient de Dégou Diw (Fanaye), Thiouogne, Hamdiyérie avant de gagner Diali. Cependant c'est à la suite de l'augmentation du troupeau qu'une partie s'est déplacée vers Anthia pour ensuite se disperser autour du forage.

Q : Pendant cette période, quelles étaient les principales activités de la zone ?

R : Pendant cette période, les populations étaient principalement des agriculteurs et cultivaient surtout le mil, l`élevage existait aussi.

Q : Ces populations restaient elles toujours dans la localité où allaient dans d'autres zones ?

R : Elles ne transhumaient avant la sécheresse.

Q : Pendant la sécheresse, durant cette transhumance où allaient elles ?

R : Elles allaient dans le Walo pendant la saison sèche et elles ne revenaient que pendant l'hivernage pour cultiver la terre et les troupeaux s'abreuver dans les marres remplies par la pluie.

Q : Y' a-t-il des troupeaux qui allaient en transhumance en Mauritanie et qui s'en occupait ?

R : Quand il y'avait transhumance en Mauritanie, les ovins restaient dans la zone du Jéjegol, le reste du troupeau allait lui en Mauritanie et ce sont les jeunes de chaque famille qui s'en occupaient.

Q : En ce moment les personnes qui restaient dans le village s'adonnaient à quoi ?

R : Ceux qui restaient cultivaient la terre et toutes les cultures sauf le riz étaient cultivées ;

Q : Comment se faisait le travail dans l'agriculture à l époque ?

R : les populations cultivaient de façon traditionnelle c'est à dire avec la houe et les mains. C'est à la suite que les ânes ont fait leur apparition avant ceci les taureaux (cowoori) étaient utilisés.

Q : Quels types de taureaux ?

R : C'était tout les types de taureaux castrés ou pas.

Q : A quand remonte la castration ?

R : Elle a toujours existé donc je peux pas dire qu'elle date de telle date.

Q : Est c'est tout le monde qui s'adonnait à l'agriculture et y `avait beaucoup de champs de cultures ?

R : Effectivement et le plus grand champ de culture est celui qui est face de la maison du marabout et on répertoriais plus d'une centaine de champs de cultures,

Q : Comment se faisait la culture dans les luggérés (bas-fonds) ?

R : Dans les luggérés, on cultivait avec la houe et l `aide de la main et c'était du mil, du niébé et de la pastèque qu'on y cultivait.

Q : Comment se faisait la distribution des champs de cultures ?

R : Bon, chacun venait désherber et nettoyer la surface qu'il voulait et en faisait son champ, c'était le droit de hache.

Q : Par rapport au troupeau, comment se faisait l'organisation avec les activités agricoles ?

R : Vous savez, on cultivait d'un côté et on laissait l'autre côté au troupeau.

Q : Pendant la transhumance, qui partait avec le troupeau ?

R : Tout le monde partait, seuls les vieux restaient au village.

Q : A partir de quelle date on a arrêté la transhumance vers le Walo ?

R : C'est lorsque le forage a été construit que la population a cessé d`aller en transhumance vers le Walo. Actuellement s'il y a du pâturage, la population reste sur place sinon elle prend la direction du Sud. Tous les animaux partaient en transhumance sauf les chèvres et les petits ruminants.

Q : A quand remonte l'apparition des charrettes et des chambres à air dans la localité ?

R : Elles sont apparues avec la construction du forage.

Q : Quelle est le type de personne qui avait cet équipement ?

R : Il me semble que c'était les plus riches qui pouvaient s'en procurer et au début il n'y en avait qu'un petit nombre.

Q : Comment les autres ont fait pour en avoir ?

R : C'est par la vente d'une partie de leur troupeau que ces derniers ont pu en avoir.

Q : Et quelle était la différence entre riches et moins riches ?

R : Il faut dire qu'il n'y avait qu'un riche (Dombo) dans toute la zone qui s'adonnait uniquement à l'agriculture, le reste était éleveur principalement et parmi ceux-ci la richesse se mesurait au nombre de tête qu'on dans son cheptel.

R : Comment ce Dombo faisait il pour ne faire que de l'agriculture ?

R : C'est parce qu'il avait des esclaves.

Q : Y'avait il beaucoup de personnes qui avaient de esclaves ?

R : En tout cas ma famille et la famille de Dembo en avait, et c'était une pratique très courante dans la zone.

Q : D'oâ venaient ces esclaves ?

R : Ils provenaient de l'Est et on venait les vendre à Fanaye et je me rappelle que Dié, Lalo Baal et Aminata ont été vendu ensemble.

Q : Y' a t-il toujours des esclave ?

R : Avec l'abolition par les français, il n'en existe plus et leurs descendants habitent les villages environnants surtout Wouro Birome mais ils savent tous celui qui est leur noble.

Q : Est en ce temps la production de la gomme arabique existait ?

R : La gomme, on en avait beaucoup et beaucoup de familles ont formé leur troupeau grâce cela. C'est le cas aussi avec le fruit du jujubier et du baobab.

Q : Comment a évolué la population locale ?

R : Depuis que le forage est là la plupart des personnes qui habitaient dans les villages hivernaux se sont fixés autour de l'aire du forage.

Q : Et comment a évolué la production ?

R : Elle n'est plus aussi importante à cause des oiseaux et des criquets et de nos jours c'est le niébé et la pastèque qui sont le plus cultivés tandis que le mil n'existe plus beaucoup à cause des oiseaux mange-mil.

Q : A quand remonte l'apparition de la culture du riz ?

R : Elle remonte à 5 ans et presque toute la population s'y adonne. D'ailleurs toute la population environnante au forage ont des périmètres de cultures au Walo.

Q : Combien de temps peut durer votre stock de riz ?

R : S'il y a une bonne production, les stocks peuvent couvrir les besoins pour une année et cela après avoir payés les redevances de la banque. Par contre si la production n'est pas bonne la plupart des producteurs préfèrent garder la production de riz et vendre une partie de leur troupeau pour payer les redevances et ainsi constituer un stock annuel de riz pour l'autoconsommation.

Q : Qui travaillent dans les champs de riz ?

R : Pendant la période de cette culture tout le monde travaille, il n'y a que les enfants et les vieilles femmes qui ne travaillent pas.

Q : Comment a évolué l'élevage dans la zone depuis les évènements entre le Sénégal et la Mauritanie ?

R : Depuis ces évènements le troupeau n'est plus conduit en transhumance vers la Mauritanie mais plutôt vers le Sud.

Q : Qui conduit le troupeau pendant ces transhumances ?

R : Le plus souvent ce sont les jeunes du village et parfois des jeunes bergers recrutés.

Q : Qui utilisent ces jeunes bergers ?

R : Ce sont le plus souvent les éleveurs sans enfants qui font recours à cette main d'oeuvre.

Q : Comment se faisait le recrutement ?

R : Bon si c'est un jeune majeur, on prend sa pièce d'identité après avoir discuté des modalités et s'il y a problème on utilise sa pièce d'identité contre lui devant la justice. A la fin du contrat on le paye.

Q : Qu'elle était en moyenne la durée de chaque contrat ?

R : En moyenne c'était une année mais moi je suis avec un berger depuis 8 ans.

Q : A quel moment ce type de main d'oeuvre est apparu.

R : Ce type de main d'oeuvre est apparu à la suite de la grande sécheresse de 73.

Q : Cette main d'oeuvre venait elle de la localité ?

R : De toute façon même si elle venait d'ailleurs le berger était toujours peul pour faciliter la communication. Je voudrais rentrer maintenant.

Q : D'accord. On va arrêter là l'entretien mais il me reste quelques précisions : quel est votre nom et votre âge ?

R : Je m'appelle Seydou Sow et je suis né en 1931 à Ndiayene Pendao.

Q : Merci beaucoup !

Entretien 2 : Entretien historique

12/05/2007 Soussane : Wouro Hamet Alpha Sow

Bonjour, je m'appelle. Abou Bâ, je suis étudiant en aménagement du territoire ici au Sénégal. Voici Sarah MARSAN étudiante en agronomie en France et Khonté, notre interprète. Nous sommes à Bélél Bogal en stage de fin d'étude. Nous travaillons pour le BFPA du Ministère de l'Agriculture à Dakar. Nous serons dans la zone du forage de Bélel Bogal jusqu'au mois d'août.

Nous allons d'abord étudier l'agriculture et l'élevage du secteur et leur évolution. Puis, nous nous intéresserons aux besoins des éleveurs et agriculteurs en formation professionnelle et éducation des enfants, et par rapport à ces besoins, aux moyens dont ils disposent et qu'ils sont prêts à investir dans l'éducation et la formation.

Cette étude est réalisée dans neuf zones du Sénégal et les résultats que nous obtiendrons seront directement utilisés par le BFPA pour adapter l'offre de formation.

Aujourd'hui, nous travaillons sur l'histoire de la zone.

Q : Depuis quand vivez-vous ici ?

R : Ma famille n'a jamais voyagé depuis leur naissance, ils ont passé toute leur vie ici dans la zone.

Q : Est ce que actuellement il y'a une partie de la famille est en transhumance?

R : Actuellement les jeunes sont au Saloum avec le troupeau. Avant moi aussi je transhumais, j'allais avec mes enfants et les jeunes bergers que j'employais jusque les premiers me remplace.

Q : Est ce qu'étant jeune vous partiez aussi au Saloum ?

R : Oui après l'hivernage où quand il n'y avais plus de pâturage je partais et je revenais qu'après les premières pluies.

Q : Comment choisissiez vos les zones de transhumance ?

R : Vous savez le peul a toujours été un berger et le berger ne connaît que l'endroit qui le meilleur pâturage. C'est ainsi qu'on s'installait là où on trouvait le pâturage et dés que cet endroit n'offrait plus les bonnes conditions, on s'en allait.

Q : Depuis quand vous transhumiez vers le Walo ?

R : Cela date de très longtemps, cela a commencé depuis l'époque de nos arrières grands parents. C'est depuis que le Walo a commencé à connaître des difficultés qu'on s'est tourné vers le Sud c'est à dire le Saloum.

Q : Depuis quand le Walo connaît ces difficultés ?

R : C'est depuis la grande sécheresse.

Q : Est ce que vous cultivez dans le Walo ?

R : On cultive au Walo depuis longtemps, on l'a toujours cultivé en même temps qu'on pratiquait l'élevage. Cependant c'est pendant les crues du fleuve que cette culture se faisait. On y cultivait du sorgho et on le transportait dans le Jééri c'est pourquoi la production nous causait beaucoup de problèmes. On cultivait aussi dans le Jééri et d'ailleurs c'est à l'Est de la maison que se trouvaient les champs. Cependant depuis l'année des maures41 on ne cultive plus le Jééri et c'est pour cela qu'on amène le troupeau en transhumance vers le Sud. Ce que je veux dire c'est qu'au retour de la transhumance l'hivernage était au milieu de sa saison et ainsi il n'était plus possible de cultiver dans le Jééri. Mais c'est parce qu'aussi l'élevage nous permettait de vivre.

Q : Comment la production au Walo avaient des difficultés ?

R : Vous savez, il fallait porter la production sur les ânes jusqu'à la rive du fleuve de l'autre bord. On le confiait aux pêcheurs et on prenait juste ce qui pouvez nous nourrir pendant trois mois juste durant l'hivernage et ainsi de suite chaque année.

Q : Restait-il beaucoup après que vous ayez pris votre stock ?

R : Vous savez les agriculteurs ne sont pas pareils c'est à dire n'ont pas la même main d'oeuvre donc de champs. En ce moment presque tout le monde avait de bonne production, il revenait de la transhumance en Mauritanie avec le stricte nécessaire pour vivre.

Q : Vous cultiviez aussi bien au Walo que dans le Jééri ?

41 1978

R : On cultive dans le Walo maintenant que dans les périmètres irrigués et cela complètement différent que lors des crues des années passées. De nos jours la culture au Walo nécessite beaucoup de moyens mais vu que celui qui se noie s'agripperait même sur un couteau, on y cultive avec toujours des pertes donc des dettes.

Q : Depuis quand date l'utilisation des bergers externes ?

R : Il y' a des familles qui en ont depuis longtemps mais de nos jours la plupart des troupeaux est géré par cette catégorie de bergers. On dépense beaucoup d'argent dans le troupeau c'est à dire le troupeau constitue une grande charge.

Q : Depuis le nombre de bergers de ce type a augmenté ?

R : Je ne peux pas dire la date exacte mais cela a commencé lorsque l'élevage a connu beaucoup de difficultés mais c'est très récent.

Q : D'où viennent-il ?

R : Des bergers dans cette localité sont difficiles à trouver. Il est plus facile d'avoir les sérères du Saloum qui sont de très grands éleveurs et agriculteurs comme nous. Cependant ces derniers rentrent dés le début de l'hivernage ;

Q : Au retour du troupeau qui s'en occupe ?

R : Vous savez le Sénégal est très différent ici tu peux laisser ton troupeau avec un petit sans qu'il ne soit volé ailleurs même avec les bergers professionnels il y'a des voleurs donc dans cette zone pendant l `hivernage la surveillance du troupeau ne pose pas problème, l'essentiel c'est qu'il y ait du pâturage.

Q : Est ce qu'il y'a beaucoup de moutons dans les troupeaux ?

R : Vous savez le petit ruminant dépend de la volonté et de la chance de l'éleveur. Ce qu'il faut savoir c'est que le petit ruminant ce n'est pas pour les éleveurs fainéants donc si tu vois un éleveur de moutons tu le peux le féliciter car c'est celui qui est le plus difficile à élever.

Q : Comment faites-vous pour manger ?

R : Si je n'ai pas une bonne production avec les cultures du Walo c'est à dire après avoir payé les redevances de la banque je consomme cette production mais il faut dire qu'avec les cultures du Walo il n'y a jamais de bonne production.

Q : Et vous continuez à cultivez au Walo ?

R : Vous savez quand on se nourrit de riz même si on ne cultive pas à chaque fois on ira voir celui qui cultive ou on ira acheté le riz. Vu qu'avec les cultures du Walo je peux parfois vendre mes bêtes et garder la production de riz mieux vaut adopter cette deuxième solution.

Q : Est ce que vous travaillez dans un GIE ou vous avez vous périmètres individuels ?

R : Je suis dans un GIE .

Q : D'où vient votre famille ?

R : Je ne connais réellement l'histoire mais pour certains c'est l'Éthiopie, l'Arabie Saudite et pour d'autres c'est l'Égypte ou le Niger. En tout cas mon ethnie en véritable transhumant s'est fixé au Ferlo il y'a longtemps et ma famille est dissimulé entre ici et Dakar.

Q : Qui cultive les champs qui sont autour de chez vous,

R : Ce sont nos voisins, ce sont également nos parents.

Q : Depuis quand date le bâtiment en dur de votre maison ?

R : Il date de 2001, en fait c'est à la suite des pluies « eug » de cette année que ma mon bâtiment en banco s'est écroulé alors que je devais recevoir un invité, c'était un marabout. C'est à partir de là qu'avec l'aide d'un maçon de Fanaye qu j'ai construit le bâtiment avec des toilettes intérieures.

Q : Est ce que ce sont les mêmes races d'animaux qu'on retrouve aujourd'hui dans les troupeaux de la zone ?

R : C'est presque les mêmes races avec un mélange de la race « ndaama » qui est une race du saloum. La principale race de la zone est le « gobour » pour les vaches, en ce qui concerne les moutons c'est surtout le « peul-peul » qu'on retrouve.

Q : Qu'est ce que le forage a changé dans la zone ?

R : Il a beaucoup changé parce que si la population s'est enfin fixée c'est grâce au forage. En effet dans le temps il y'avait les puits et tout le monde sait que ce type d'infrastructures ne peut servir qu'à une population bien limitée. Cependant ce qu'il faut dire c'est dans le ferlo nous n'avons pas beaucoup de forage par rapport au Saloum où on trouve un forage tout les 5km ici nous avons un forage sur plus de 20 km. Je ne sais pas d'ailleurs pourquoi ?

Q : Combien de personnes sont partis dans votre maison à la Mecque ?

R : Il y'en a 5 dont 3 femmes.

Merci beaucoup pour votre disponibilité, il se pourrait plus tard avec l'avancement des travaux qu'on revienne vous voir.

ANNEXE 3 : Fiche technique de caractérisation du

fonctionnement des systèmes de culture

1. Les caractéristiques des parcelles où ce système est pratiqué

Dans quelles parties de l'écosystème sont-elles situées ? Quelle est leur topographie et leur altitude, le sol (couleur, profondeur, texture, structure, porosité), l'hydrographie (présence d'eau dans la parcelle à différents moments de l'année), les espèces spontanées, les aménagements (murets, rampes anti-érosives, clôtures, drains...), la taille et la forme des parcelles, l'éloignement par rapport aux habitations et aux routes ?

2. Les espèces et variétés cultivées

Discuter du choix des variétés : est-il lié à leur cycle ? En quoi la durée des différents cycles est-elle importante ? Essaie-t-on de « caler » plusieurs cycles dans une année sur une même parcelle?

3. Les espèces sont-elles associées ou en culture pure?

Des espèces sont-elles cultivées en même temps, sur le même espace, pendant au moins une partie de leur cycle végétatif ? Il faut chercher à comprendre les fondements des associations de cultures : complémentarité des plantes pour l'utilisation des ressources (lumière, eau, éléments minéraux), rôle de tuteur de certaines espèces pour d'autres, rôle de couverture du sol, de limitation de l'enherbement et de l'évapotranspiration, etc. Décrire précisément les espèces (proportions des différentes espèces et variétés, disposition dans l'espace...) ; ne pas hésiter à faire un schéma.

4. Y a-t-il un ou plusieurs cycles pratiqués sur une même parcelle au sein d'une année ? Quelles sont les successions culturales sur plusieurs années?

Les parcelles sont-elles mises en valeur de la même façon toutes les années ? Si non quelle est l'alternance ? Existe-t-il une périodicité ? on parlera dans ce cas de rotation. Se traduit-elle dans l'assolement des cultures dans l'exploitation ? Les parcelles connaissentelles des périodes de jachère ? Sur combien de temps ? Si oui, vérifier la présence de parcelles au repos dans l'exploitation au prorata des durées de jachère annoncées par l'agriculteur.

5. Quels sont le ou les itinéraire(s) technique(s) pratiqués ?

Pour chacun des cycles culturaux de la rotation, quelles sont les opérations réalisées sur les parcelles, dans l'ordre chronologique ? à quelle période sont-elles réalisées(par rapport aux saisons et aux stades végétatifs des cultures), et comment ? Il s'agit de comprendre comment l'agriculteur utilise la force de travail dont il dispose (familiale/salariée), ses outils, ses animaux, et les intrants, depuis la préparation du sol jusqu'à la vente des produits. Quelle est pour chaque opération la fenêtre de temps disponible ? la quantité de travail nécessaire? Qui la réalise ? à quel coût ? Quelles sont les contraintes que l'agriculteur rencontre dans la mise en oeuvre de différentes opérations ? Y a-t-il des variations en fonction des années ? À quoi sont-elles dues ?

6. Comment le paysan assure -t-il la reproduction de la fertilité ?

Utilisation d'engrais, de fumier, associations de cultures, temps de friche ou de jachère, parcage d'animaux, utilisation des termitières ...

7. Quels sont les produits, et sous -produits obtenus ?

Pour chaque culture, lister avec l'agriculteur les produits et sous-produits finaux (sortis du champ), qu'ils soient destinés à l'autoconsommation de la famille, à la vente, à l'alimentation des animaux, à la construction..., Quels sont les volumes produits, au sortir du champ ? Ces volumes peuvent être évalués au travers des quantités autoconsommées, vendues, grâce aux rendements obtenus par quantité de semence, etc. Y a-t-il des pertes au transport ? Au stockage ? Quel, est la destination des produits : part autoconsommée, part vendue, part donnée, part destinée à la rémunération en nature de la force de travail extérieure, part gardée pour la semence, pertes.

8. Quelles sont les limites techniques du système ?

Ce sont souvent les pointes de travail qui limitent la surface maximale qu'un actif pourra techniquement cultiver.

ANNEXE 4 : Fiche technique de caractérisation du

fonctionnement des systèmes d'élevage

Analyser un système d'élevage suppose de comprendre et de décrire précisément les éléments suivants :

Caractéristiques du troupeau

Type d'animaux élevés, races et caractéristiques génétiques. Âge et sexe des animaux (pyramide des âges du troupeau). Effectifs par tranches d'âges.

Caractéristiques du type d'élevage

Elevage de type engraisseur : raisonner par lots : période d'acquisition des animaux, à quel âge, durée de carrière sur l'exploitation? Elevage de type naisseur engraisseur. Elevage de type naisseur. Les performances techniques et économiques s'analysent :

Pour un élevage avec reproducteurs, par femelle reproductrice (vache, truie, brebis, chèvre, poule, etc.)

Pour un élevage sans reproducteurs, par unité (par exemple par poulet de chair) La conduite du troupeau par l'éleveur

Reproduction :

Comment l'éleveur gère-t-il la reproduction ? Monte libre, monte contrôlée? Age de la mise à la reproduction? Durée de la gestation? Période(s) de mise bas? Groupées ou non? Critères de choix des reproducteurs? Age à la réforme des mâles et femelles? Intervalles entre mises bas? Durée de la gestation? Nombre de petits par portée? Taux de mortalité ? Taux de renouvellement des femelles reproductrices? Ou âge à la réforme des mères?

Les produits obtenus et les résultats

Quels sont les produits obtenus?

Le lait :

Les périodes de lactation sont-elles groupées pour tous les animaux ou échelonnées? Combien de mois dure la lactation? Mois de début ? Mois de fin de lactation? Comment évolue la courbe de lactation? Quelle quantité moyenne de lait produit une femelle par jour? Quel est le mode de traite ? Quelle est la qualité du lait ? Quel est le prix du lait en fonction de la qualité?

La viande :

Vente des jeunes : Ages de vente des jeunes mâles? Des jeunes femelles? Prix de vente à chaque âge ? (par animal, ou par kg de poids vif ou de poids carcasse) vente des animaux de réforme : Age à la réforme des mères ? Age à la réforme des mâles? Combien y a t il de mâles sur le troupeau ? Estimation du prix de vente des animaux (poids vif, poids carcasse) ? Le s oeufs : nombre d'oeufs par poule, prix des oeufs ? Comment l'éleveur valorise t-il ses produits (épargne sur pied, commercialisation, autoconsommation, dons sociaux ou religieux, etc) ? Quels sont les sous-produits obtenus des animaux et quelle utilisation en fait l'éleveur ? Production de laine ? Nombre de tontes par an? Quantité de laine et prix? Cuir ? Peaux ? Plumes ? Nids (hirondelles)? Déjections animales? Dans ces deux cas raisonner à partir du nombre de femelles reproductrices. Nombre de mises bas/ an / mère Nombre de petits nés vivants/ an / mère Nombre de petits/ an / mère. Litières (à mettre en relation avec les systèmes de culture),

Abreuvement et alimentation

Abreuvement :

Comment l'éleveur assure-t-il l'abreuvement des animaux (rivière, lac, barrage, abreuvement au parc...) ? Déplacement du troupeau ou apport d'eau aux animaux ? Qui s'en occupe (enfants...) ?

Bilan des ressources fourragères :

Identifier l'ensemble des parcelles nécessaires au troupeau et les localiser dans l'écosystème : Les prairies naturelles (espaces cultivés en graminées sur lesquels l'agriculteur effectue quelques opérations telles que des fauches ou des apports de fertilisants. Les prairies temporaires«espace labouré de temps en temps«, les prairies permanentes, «cultures destinées à l'alimentation des animaux : fourrage, céréales...«)

Identifier les parcours : les parcours sont des espaces totalement naturels, l'éleveur n'y fait aucune intervention si ce n'est de laisser paître ses animaux dessus. Quel espace fourrager est utilisé et à quelle période ? (Pâturages naturels, complémentation, aliments achetés, résidus de culture, etc.). Qui garde les animaux, y a-t-il embauche de main d'oeuvre supplémentaire ?

Santé des animaux :

Il y a-t-il des « risques » sanitaires ? Quelle nature ? Comment l'éleveur prend-il en charge les animaux malades (quels traitements curatifs assure-t-il...) ? Comment l'éleveur assure-t-il le repérage des cas de mortalité ? Fait-il des traitements préventifs selon un calendrier saisonnier ? Vaccine-t-il ses animaux ?

Logement des animaux :

Sont-ils parqués ? Ont-ils un enclos pour la nuit ou un enclos saisonnier ? L'éleveur a-t-il construit des bâtiments pour les bêtes, de quel type ? L'éleveur dispose t-il de bâtiments de stockage pour le fourrage, la paille...? Les bâtiments permettent-ils de faciliter, accroître la productivité de certaines tâches ? Les quelles ?

Dresser un calendrier de travail pour la conduite de l'élevage .

Combien de personnes sont nécessaires, pour quel nombre d'animaux ? A quel moment de l'année ? Combien de temps durent les opérations ?

Conditions d'exploitation du troupeau

Les animaux appartiennent-ils à un seul ou plusieurs propriétaires ? Quelle est nature des contrats des bergers ou des gardiens ?

Quel est l'historique de la constitution du troupeau ?

Les limites techniques du système :

Quelles sont les contraintes à lever pour que l'éleveur puisse développer davantage son élevage ? Ressources fourragères insuffisantes, limite de marché ? Dégâts aux cultures ? Manque de magasin de stockage ? Risques de santé ? Manque de logement des animaux ? Difficultés de trésorerie ?

T ren=0,43

21,5 agnelles (6-12 mois)

Annexe 5 : Les schémas de fonctionnement des troupeaux

10 réformes (6 à 7 ans)

T ref=0,20

50 brebis adultes

0,67 réforme (6 ans)

x 1 bélier

OVINS

50 Mises Bas (TMB=1)

48 agneaux (TP=0,96)

43 agneaux sevrés (MS=10%)

0,5 bélier (1-2)

0,5 agneaux (6-12)

21,5 mâles

21,5 femelles

0 agnelles vendues

21 agneaux vendus

Démographie Ovins forage

50 réformes (6 à 7 ans)

200 brebis adultes

T ref=0,25

0,67 réforme (6 ans)

x 4 béliers

1 bélier (12-24)

2,5 agneaux (6-12)

T ren=0,37

75 agnelles (6-12 mois)

270 Mises Bas (TMB=1,35)

265 agneaux (TP=0,98)

235 agneaux sevrés (MVS=11%)

117,5 mâles

117,5 femelles

42,5 agnelles vendues

115 agneaux vendus

Démographie Ovins transhumants au Saloum

T ren=0,2

6 chevrette (6-12 mois)

6 chevrettes vendues

CAPRINS

5 réformes (6 à 7 ans)

T ref=0,16

30 chèvres adultes

12 mâles

x 1 bouc

 

11 chevreaux vendus

30 Mises Bas

30 chevreaux (TP=1)

24 chevreaux sevrés (MVS=20%)

12 femelles

1 bouc (12 mois)

1 chevreaux (6-12)

Schéma zootechnique système caprins divagants

BOVINS

20 réformes (12 à 14 ans)

30,5 agnelles (2-4 ans)

3 génisses vendues

75 Mises Bas (TMB=0,5)

75 veaux (TP=1)

67 veaux sevrés (MSV=30,3%)

33,5 femelles

10 taurions vendus

33,5 mâles

veaux (2-4ans)

1 Taureau (37,5 fem

T ren=0,20

T ref=0,13

150 vaches adultes

1 réforme (13 ans)

x 4 taureaux

Démographie Bovins forage 150 reproductrices

Annexe 6: Calculs techniques bovins transhumants au Walo

 
 
 
 

Calculs zootechniques

APMB

4

 
 

IMB

1,5

 
 

AMR

10

 
 

Age au sevrage

1

 
 

Age de castration des mâles

4

 
 

Age de vente des mâles

8

 
 

Carrière reproducteur

10

 
 
 

Reproducteurs

1

 
 
 

Vaches réformées

5,1

 

Reproducteurs réformés

0,10

Mises bas

13

Nombre de reproductrices

19,50

Petits nés

13

Morts adultes

1,00

Petits morts avant le sevrage

3

Taux de réforme (mâles)

0,10

 
 

Taux de réforme

 

Petits vendus avant sevrage

0

 

(femelles)

0,17

Sevrés

10

 

Mortalité au sevrage

0,23

Mâles sevrés

5

 

Mortalité adulte

0,05

Femelles sevrées

5

 
 
 
 
 
 
 
 

Vente de jeunes (sevrés)

 

Mâles sevrés destockés

4,4

 
 
 

Femelles sevrées destockées

2,5

 
 
 

Jeunes femelles par an

 
 

Taux de renouvellement

 

2,5

0,13

Femelles non reproductrices

7,5

 
 
 

Jeunes mâles par an

 
 
 
 

0,6

Mâles non pubères

1,8

 
 
 

Mâles castrés par an

4

 
 
 

Mâles entiers par an

0,1

 
 
 

Mâles castrés

16

 
 
 

Mâles entiers

0,7

 
 
 

Mâles

16,7

 
 
 

Nombre total d'animaux

 
 
 
 

56,5

 
 
 
 

Modélisation économique

 

Nombre

Prix unitaire

 
 

Produit brut

 
 
 
 

Vaches de réforme

5,10

90000,00

459000,00

 

Taureaux de réforme

0,10

300000,00

30000,00

 

Mâles non castrés

4,40

75000,00

330000,00

 

Boeufs

4,00

275000,00

1100000,00

 

Génisses

2,00

75000,00

150000,00

 

Veaux

0,00

 

0,00

 

Lait

4680,00 75

351000,00

 

TOTAL

 

2420000,00

 
 

Nombre Prix unitaire

 

Consommations intermédiaires

Complémentation (tourteau) 2

 
 

mois

390,00

237,50

92625

Pâture Walo

56,50

650,00

36725

Vaccins

56,50

100,00

5650

Vermifuge

8,00

15000,00

120000

Abreuvement forage d'origine

144,80

262,50

38010

Abreuvement forage de destination

36,20

600,00

21720

Total

 
 

314730

VAB

2105270,00

VAB/actif

12383,94

VAB/mère

107962,56

VAB/Tête

37261,4159

au Saloum

 

Annexe 7: Calculs techniques

ovins transhumants

 

Calculs zootechniques

 

APMB

1

 
 

IMB

0,75

 
 

AMR

6

 
 

Age au sevrage

0,5

 
 

Age de castration des mâles

1

 
 

Age de vente des mâles

0,75

 
 

Carrière reproducteur

5

 
 

Reproducteurs

4

 
 

Brebis réformées

40

Reproducteurs réformés

0,80

Mises bas

250

Nombre de reproductrices

187,50

Petits nés

245

Morts adultes

20,00

Petits morts avant le sevrage

41

Taux de réforme (mâles)

0,20

 
 

Taux de réforme

 

Petits vendus avant sevrage

0

(femelles)

0,21

Sevrés

204

Mortalité au sevrage

0,18

Mâles sevrés

102

Mortalité adulte

0,11

Femelles sevrées

102

 
 
 
 
 
 

Vente de jeunes (sevrés)

 

Mâles sevrés destockés

100

 
 

Femelles sevrées destockées

27

 
 

Jeunes femelles par an

 

Taux de renouvellement

 

75

0,40

Femelles non reproductrices

37,5

 
 

Jeunes mâles par an

 
 
 

2

Mâles non pubères

1

 
 

Mâles castrés par an

0

Correct

 

Mâles entiers par an

2

 
 

Mâles castrés Mâles entiers Mâles

Nombre total d'animaux

 
 
 

0

0,5

0,5

 

434,5

 

Modélisation économique

 

Nombre

Prix unitaire

 

Produit brut

 
 
 

Brebis de réforme

40,00

25000,00

1000000,00 5000

Béliers de réforme

1,00

50000,00

50000,00 250

Agneaux sevrés (début SSC)

63,50

25000,00

1587500,00 7937,5

Agneaux sevrés (fin SSC)

63,50

18000,00

1143000,00 5715

Total

168,00

 

3780500,00 18902,5

Consommations intermédiaires

 
 

Complémentation (sacs 50 kg coton)

49,00

11500,00

563500 2817,5

Bolus

40,00

2500,00

100000 500

Ivomec

40,00

15000,00

600000 3000

Abreuvement Ferlo

2,00

3000,00

6000 30

Abreuvement voyage

30,00

5000,00

150000 750

Abreuvement Saloum

14,00

6000,00

84000 420

"Accueil" (don un bélier)

1,00

50000,00

50000 250

Total

 
 

1553500 7767,5

VAB

2227000,00

 

VAB/actif

1706,51

 

VAB/mère

11135,00

 

Annexe 8 : Calcul technique des caprins divagants

Calculs zootechniques

 
 
 

APMB

1

 
 

IMB

1

 
 

AMR

7

 
 

Age au sevrage

0,5

 
 

Age de castration des mâles

1

 
 

Age de vente des mâles

1

 
 

Carrière reproducteur

4

 
 

Reproducteurs

2

 
 

Brebis réformées

15

Reproducteurs réformés

0,50

 
 

Nombre de

 

Mises bas

90

reproductrices

90,00

Petits nés

90

Morts adultes

10,00

Petits morts avant le

Taux de réforme

 
 

sevrage 15

(mâles)

0,25

 

Taux de réforme

 

Petits vendus avant sevrage

0

 

(femelles)

0,17

Sevrés

75

 

Mortalité au sevrage

0,17

Mâles sevrés

37,5

 

Mortalité adulte

0,11

Femelles sevrées 37,5

 
 
 
 

Vente de jeunes (sevrés)

Mâles sevrés destockés 37

 
 

Femelles sevrées

destockées 15

 
 
 
 
 

Taux de

 
 
 

Jeunes femelles par an

22,5

 

renouvellement

0,25

Femelles non reproductrices

22,5

 
 

Jeunes mâles par an

 
 
 

0,5

Mâles non pubères

0,25

 
 

Mâles castrés par an

0

 

Correct

 

Mâles entiers par an

0,50

 
 

Mâles castrés

0

 
 

Mâles entiers

0,25

 
 

Mâles

0,25

 
 

Nombre total d'animaux

 
 
 

190

Modélisation économique

Nombre

Prix
unitaire

15,00

172500,00

Produit brut

Chèvres de réforme

Boucs de réforme

Chevreaux sevrés (début SSC)

0,50
26,00

20000,00
10000,00

10000,00

260000,00

Chevreaux sevrés (fin SSC) 26,00 7000,00 182000,00

Total

67,50

 

624500,00

Consommations intermédiaires

 

15000

180000

24000

Bolus Ivomec

Abreuvement Ferlo

6,00

2500,00

12,00

15000,00

8,00

3000,00

Total

 
 

219000

VAB

405500,00

 

VAB/actif

766,18

VAB/mère

4505,56

Annexe 9 : Elaboration du seuil de survie et de sociabilité

fils de fer

pour 4 ans

 
 
 
 

0

0,00

0

Seuil de survie 2 actifs 3 enfants 1 pers.agée

4,5 éq adulte

3 actifs soit 1 actif nourrit 1,5 éq adulte

 

conso mensuelle totale

unité

durée
(mois)

conso.
Annuelle

prix
unitaire

Total

Total par
éq.adulte

Total par actif

Alimentation

 
 
 
 
 
 
 
 

Mil

25

kg

4

100

150

15000

3333,33

5000

Riz

33,75

kg

8

270

200

54000

12000,00

18000

Huile

3,5

L

12

42

750

31500

7000,00

10500

condiments

 
 

12

360

50

18000

4000,00

6000

Sucre

8

kg

12

96

500

48000

10666,67

16000

Lait en poudre

4

kg

9

36

2600

93600

20800,00

31200

lait frais

135

L

3

405

75

30375

6750,00

10125

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ustensiles de base

 
 
 
 
 
 
 
 

Lampe

 

u

12

2

1500

3000

666,67

1000

Pétrole

1

 

12

12

1000

12000

2666,67

4000

Savon

0,50

u

12

6

750

4500

1000,00

1500

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Frais médicaux

 
 
 
 
 
 
 
 

traitement palu

 

u

12

0

 

0

0,00

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Habillement

 
 
 
 
 
 
 
 

claquettes

1 pour 2 mois/actif et 2/an pr non actifs

 
 

14

400

5600

1244,44

1866,666667

Boubou

1 par an

 
 

6

10000

60000

13333,33

20000

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Habitat de base

 
 
 
 
 
 
 
 

Natte

dure 2 ans

 
 

0,3

2000

600

133,33

200

Marmite

sur 10 ans

1

 

0,1

5000

500

111,11

166,6666667

 
 

83706

125558

SRS

22796

28495

% (SRS/Surv.)

27,23355678

22,69463065

Annexe10: Guide d'entretien pour l'élaborations des demandes de formation et
d'éducation des exploitations agricoles

1- Présentation

A faire

2- Les conceptions de l'école

Question d'ouverture

- Pouvez-vous nous parler de l'éducation de vos enfants ?

Question de relance :

- Pouvez-vous nous parler de l'école française ?comment ça se passe pour la scolarisation ? (éventuellement établir les coûts à ce moment-là)

- Pouvez-vous nous parler de l'école coranique ?

- Pouvez-vous nous parler de vos enfants qui vont à l'école ?comment ça se passe

pour le travail sur l'exploitation pendant que les enfants sont à l'école ? - Pouvez-vous nous parler de ceux qui ne vont pas à l'école ?

- Quels sont vos projets pour vos enfants qui vont à l'école ?

- Quels sont vos projets pour ceux de vos enfants qui ne vont pas à l'école ?

- Pouvez-vous nous parler de vos enfants qui ont quitté l'exploitation ?pouvez-vous

nous parler de leur trajectoire ? comment ça se passe pour eux ?

- Pouvez-vous nous parler des métiers et de la préparation aux métiers, de

l'apprentissage ?

Informations complémentaires à obtenir qui ne ressortent pas dans l'entretien : - nombre d'enfants, leurs scolarités, type de scolarité

- trajectoires des enfants ayant quitté l'école

- éléments d'informations sur les coûts de scolarité, de formation

3- Caractéristiques de l'enquête

-Lieu

-Son statut : responsabilités professionnelles, religieuses, politiques ? - Equipeme nt

- Grandes caractéristiques de ses systèmes de culture et d'élevage... - Ressources extérieures (envois d'argent...)

- Trajectoire de l'enquêté

- Composition de la famille






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