WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation des revenus des agropasteurs, leurs demandes de formation et d'éducation, et leurs capacités contributives: cas de l'unité pastorale de Bélél Bogal dans le département de Podor au Sénégal.

( Télécharger le fichier original )
par Abou BA
Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) de Dakar - Ingénieur des Travaux d'Aménagement du Territoire et de Gestion Urbaine 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE VIII : Analyse des systèmes d'élevage

Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous rencontrons trois systèmes d'élevage de

bovins, quatre systèmes d'élevage d'ovins et un système d'élevage caprins. Tous ces systèmes d'élevage excepté le système d'élevage caprin sont basés essentiellement sur la transhumance.

8-1/ Analyse des systèmes d'élevage bovins :

Les trois systèmes d'élevage présents dans l'UP sont les bovins résidant de manière

permanente au forage, les bovins transhumants au Walo et les bovins transhumants à l'intérieur du Ferlo.

8-1-1Caractéristiques et fonctionnement :

Basés globalement sur la transhumance, les systèmes d'élevage bovins sont des élevages

de type extensif et font parties des plus répandus dans l'unité pastorale. C'est un type d'élevage qui fonctionne selon deux modes distincts. L'un d'abord pendant la saison des pluies où les bovins utilisent le pâturage vert de l'hivernage en cours et s'abreuvent au niveau des mares temporaires qui se remplissent dés les premières pluies. L'autre pendant la saison sèche mais qui a un double fonctionnement avec d'une part un abreuvement au niveau du forage de l'UP et un pâturage autour du campement ou bien avec des mouvements à l'intérieur de l'UP. Cette forme de micro-transhumance ne dure que deux mois au maximum. D'autre part, il y'a le type basé sur la transhumance dans le Ferlo avec à chaque fois un abreuvement au niveau du forage d'accueil une fois tous les deux jours. Ainsi donc, comme nous le constatons, les systèmes d'élevage bovins dans le Ferlo fonctionnent exclusivement dans la combinaison de deux stratégies à savoir une stratégie qui vise à faire pâturer le troupeau en utilisant les meilleurs espaces fourragers et une autre stratégie qui consiste à profiter des points d'eau les plus proches de ces espaces fourragers.

Le schéma ci-après résume de manière générale les différents modes d'abreuvement du cheptel notamment en saison des pluies et saison sèche qu'on rencontre dans l'UP de Bélél Bogal.

Le schéma du mode d'abreuvement en saison des pluies est valable pour les trois
systèmes d'élevage tandis que celui de la saison sèche ne concerne que les système

d'élevage « bovins forage et bovins Ferlo » car pour le système d'élevage « bovins Walo » l'abreuvement se fait pendant la transhumance dans cette région au niveau du fleuve Sénégal une fois tous les deux jours.

Schéma des modes d'abreuvement

Saison des pluies

Pâturage Pâturage

Mares Campement Mares

Abreuvement et pâturage quotidien

Saison sèche Forage

 
 
 

Campement

Campement

Abreuvement et pâturage un jour sur deux

En ce qui concerne le calendrier fourrager des systèmes d'élevage, nous pouvons dire que les bovins ont un mode d'exploitation du pâturage qui évolue dans l'année. C'est ainsi que pendant l'hivernage, les bovins pâturent la journée dans les changols situés non loin des campements jusqu'au soir où ils retournent au niveau du campement pour pâturer toute la nuit sur les séno localisés tout autour du rumano. Par contre pendant la saison sèche, le troupeau exploite les ressources fourragères situées sur les changols de plus en plus éloignés du campement la journée et se tournent sur le pâturage en séno vers la fin de la journée. Pour autant avec l'épuisement du pâturage, il arrive que le troupeau se replie très tôt sur les ressources fourragères situées sur les séno car ces derniers sont les derniers à être appâtées.

Ces différents systèmes d'élevage fonctionnent le plus souvent avec deux actifs et en ce qui concerne le calendrier de travail, nous pouvons dire que ces derniers même en ayant presque le mode d'évolution diffère de calendrier de travail.

Ainsi nous avons Les calendriers de travail suivant :

Graphique 8-1 : Calendrier de travail du système d'élevage des bovins fixes au forage

Temps de travail

35

30

25

20

15

10

5

0

Période

Soins veaux au campement Mares (2h/j)

Traite (10 minutes par vache) Complémentation (1h/j) Abreuvement

Charrette veaux

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

En observant ce système d'élevage, nous constatons que l'abreuvement des veaux représente la plus grande charge de travail. Cela est du au fait que pour ces types d'animaux, il faut impérativement apporter de l'eau du forage au campement grâce aux charrettes et aux chambres à air qui constituent respectivement le moyen de transport et le contenant d'eau. Ces animaux ne pouvant pas faire les longues distances qui séparent le campement du forage sont en permanence abreuvés à domicile ce qui explique le fait qu'ils mobilisent autant de force de travail pendant les huit mois de la saison sèche.

La deuxième opération qui occupe le plus dans ce système d'élevage est la traite du lait. Cette activité exclusivement réservée aux femmes a lieu pendant l'hivernage au moment où le nombre de vaches à traire est très important alors qu'il faut en moyenne une dizaine de minutes pour traire une vache.

Période

Temp de travail (HJ)I

40

60

20

50

30

10

0

Conduite au pacage

Mares

Traite Complémentation Abreuvement Charrette veaux Transhumance

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Les bovins transhumants au Walo appartiennent le plus souvent à des moyennes exploitations ou à de petites exploitations ce qui veut dire qu'ils ne représentent pas un très grand troupeau. Pour ce système, nous constatons que la conduite au pacage c'est-àdire la conduite au pâturage et l'abreuvement constituent respectivement les opérations les plus exigeantes en matière de travail et les plus étalées dans l'année. En effet, pour la conduite au pacage dans le Walo dés que le troupeau arrive dans cette zone c'est-à-dire au mois de Mai, les éleveurs vont à la recherche du meilleur pâturage tout en évitant les champs ce qui les amène ainsi à faire plusieurs endroits. En ce qui concerne l'abreuvement, il est plus important pendant la transhumance car au Walo le troupeau s'abreuve quotidiennement au fleuve et il est à chaque fois au moins accompagné d'une personne.

Temps de travail (HA

40

20

60

50

30

10

0

Période

Graphique 8-3 : Calendrier de travail des bovins transhumants au Ferlo

Surveillance veaux au campement

Conduite au pacage

Mares

Traite Complémentation Abreuvement charrette veaux Transhumance

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage constitue l'activité la plus intensive en travail avec en moyenne 22,5 homme/jour pendant la transhumance au Ferlo. En effet, les animaux de ce système d'élevage sont conduits au pâturage une fois tous les deux jours et pendant ce mouvement vu que les animaux ne connaissent pas bien cette zone d'accueil, il faut en moyenne deux à trois personnes pour bien mener cette activité. C'est ainsi que le plus souvent, les exploitations qui pratiquent ce système emploient un berger salarié. Par ailleurs, ce système d'élevage est plus pratiqué par les grands éleveurs c'est-à-dire ceux qui disposent de plusieurs têtes, ce qui explique le fait qu'ils soient obligés chaque année d'aller en transhumance pour profiter des meilleurs pâturages et de vastes surfaces à pâturer.

Pour ce système d'élevage, la surcharge de travail à partir du mois d'Avril s'explique par le fait que les mouvements de transhumance commencent à partir de ce mois jusqu'au mois de Juin.

8-1-2 Les performances économiques

Pour cette partie nous nous proposons d'étudier les performances économiques des systèmes d'élevage bovins par rapport au maximum technique de chaque système mais de façon isolée c'est-à-dire par système pris à part.

8-2-1/Système bovin au forage

Système d'élevage assez répandu dans l'unité pastorale, les bovins au forage constituent un mode de gestion du troupeau basé sur l'exploitation des ressources fourragères et hydriques de l'espace pastoral. Autrement dit, c'est un système qui ne pratique pas la transhumance sauf en cas d'extrême nécessité.

Par ailleurs ce système d'élevage dont le maximum technique est de 72 têtes de bovins dont 30 mères reproductrices fonctionne avec deux actifs.

C'est un système qui à l'image de plusieurs systèmes d'élevages du Ferlo pratique la complémentation au milieu de la saison sèche notamment pendant les mois de Mai et Juin.

Ce Système d'élevage déstocke en moyenne dix (10) têtes par année dont quatre (4) vaches de réformes, quatre (4) mâles non castrés et deux (2) génisses.

Ce qui nous amène à évoquer les productions brutes de ce système qui est le résultat de l'addition des performances zootechniques du troupeau. Pour notre cas d'exemple, la production brute s'élève à 1799500 F tandis que les consommations intermédiaires qui représentent l'ensemble des charges en production, des charges en alimentation (abreuvement, fourrage...) et des charges en santé, ceci s'élève à 251898 F.

Ces résultats nous permettent d'évaluer la valeur ajoutée brute à 1.547.602FCFA.

Par ailleurs, en ce qui concerne le coût de l'abreuvement, il faut dire qu'un bovin est taxé entre 125 à 200 FCFA par mois tandis qu'un ovin coûte entre 25 et 50 FCFA.

8-2-2/Le système bovin au Walo

Le système bovin transhumant au Walo est un système exclusivement pratiqué par les petits éleveurs ou bien par les petites exploitations dont le nombre de têtes de boeufs ne dépasse la vingtaine. C'est un système qui, à part la transhumance vers le Walo, ne se différencie pas des autres systèmes bovins de l'UP et parfois il se transforme en système bovin sédentaire au forage. Ainsi donc, le troupeau de ce système part au Walo au début du mois de Mai jusqu'au mois de juin ou juillet. Il pratique également la complémentation pendant cette même période et n'emploie pas de salariés.

Par ailleurs, c'est un système qui fonctionne avec seulement deux actifs et dont le
maximum technique est estimé à 95 têtes de boeuf. Ce système déstocke en moyenne 15

animaux par année dont 5 vaches de réformes, 4 mâles non castrés, 4 boeufs et 2 génisses sans oublier qu'il y'a une partie des vaches qui sont traites pour la vente du lait.

Ces transactions notées dans le système nous permettent de calculer la production brute qui est estimée à 2.609.000F

Dans ce système, les dépenses liées à l'exploitation des animaux tournent autour de la complémentation, de l'abreuvement, du coût du pâturage au Walo et des soins vétérinaires. L'ensemble de ces charges calculées nous donne 410.805F.

Ainsi la valeur ajoutée brute dégagée par ce système est de 2.198.195FCFA. (annexe3)

8-2-3/Le systè me bovin transhumant dans le Ferlo :

C'est le mode d'exploitation du troupeau bovin qui est le plus pratiqué dans l'unité pastorale de Bélél Bogal. Il concerne l'ensemble des éleveurs mais ceux qui ont de grands troupeaux en sont les plus nombreux.

Tout comme les deux précédents systèmes les bovins transhumants dans le Ferlo fonctionnent avec deux actifs et le maximum technique pour ces deux actifs est estimé à 72 têtes de boeufs.

Contrairement aux autres systèmes les bovins transhumants dans le Ferlo constituent le système qui utilise beaucoup plus l'aliment de bétail pour la complémentation. Ce système d'élevage est également le plus intensif en travail et le plus souvent il nécessite l'emploi d'un berger surtout quand il s'agit d'un très grand troupeau.

En ce qui concerne les mouvements dans le troupeau, nous notons que ce type de système déstocke en moyenne 11 animaux par année dont trois vaches de réformes, quatre mâles non castrés, deux boeufs et deux génisses.

Ces mouvements dans le troupeau nous permettent d'avoir la production brute de ce système d'élevage qui est évaluée à 1.802.500 F.

Pour ce qui est des dépenses de ce système, elles s'élèvent à 305562,5 F. Ces dépenses tournent autour des coûts d'abreuvement, des coûts pour les soins de santé et des coûts relatifs à l'achat de l'aliment de bétail.

Grâce à ces calculs, nous avons une valeur ajoutée brute qui s'élève à 1.496.937,5FCFA.

8-3/Analyse des systèmes d'élevage ovins :

Dans l'UP de Bélél Bogal, nous rencontrons trois systèmes d'élevage s ovins à savoir les ovins transhumants au Saloum, les ovins transhumants dans le Ferlo et les ovins fixes au forage.

8-3-1 Caractéristiques et fonctionnement :

Globalement dans l'UP de Bélél Bogal, les systèmes d'élevages ovins évoluent selon deux stratégies : le premier consistant à conduire le troupeau dans l'aire d'influence du forage et le second à transhumer chaque année dans le Saloum dés le mois de novembre pour profiter des bonnes conditions zootechniques de la région. A côté de ces deux stratégies, nous avons une autre qui consiste à transhumer dans le Ferlo avec les ovins et les bovins. Celle-ci est déterminée le plus souvent par les pannes de forages ou les grands feux de brousse.

A l'image des systèmes d'élevage bovins, ces types de systèmes ont un fonctionnement axé sur la recherche du meilleur pâturage et du plus proche point d'eau. C'est ainsi que la plupart de ces systèmes exploitent d'abord les premières zones de pâturage situées à proximité des campements pendant l'hivernage avec un abreuvement quotidien dans les mares temporaires. Ce mode d'exploitation des ovins change dés le début de la saison sèche. En effet dés le début du mois de novembre, les éleveurs adoptent une nouvelle stratégie qui consiste à faire pâturer les ovins tous les jours et à les abreuver de manière quotidienne mais au niveau du campement. Ce mode d'abreuvement des ovins est basé sur le transport de l'eau du forage au campement, grâce à des charrettes avec une traction asine et à des chambres à air qui font office de récipients. Ce mode d'abreuvement ne concerne que les ovins qui ne transhument pas car ceux qui pratiquent la transhumance ont d'autres modes d'abreuvement. Pour ce qui est des ovins transhumants dans le Ferlo, l'abreuvement se fait par la conduite du troupeau au niveau du forage une fois tous les deux jours par contre, les ovins transhumants au Saloum s'abreuvent au niveau des forages d'accueil quotidiennement.

Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage ovins en hivernage

Campement

Mares Pâturage Pâturage Mares

Abreuvement et Pâturage quotidien

Pour la saison sèche, les modes d'abreuvement diffèrent d'un système à un autre. Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage ovins transhumants en

saison sèche

Campement Forage Campement

Abreuvements ovins transhumants dans le Ferlo

Abreuvements ovins transhumants au Saloum

Les ovins forages s'abreuvent toute la saison sèche à domicile grâce au transport de l'eau. En ce qui concerne le calendrier fourrager de ces systèmes d'élevage, nous pouvons dire qu'il n'est pas très différent de celui des systèmes bovins. C'est ainsi que pendant l'hivernage, les ovins exploitent dans la journée les pâturages situés sur les changols qui sont des zones très humides et le soir ils retournent dans leurs campements pour y être parqués. Tandis que durant la saison sèche, en plus de l'exploitation des zones de pâturage, ceux localisés sur les séno sont également exploitées avec parfois même l'exploitation du pâturage aérien mais cela lorsque la ressource se raréfie.

Comme nous l'avons vu, l'exploitation des différents systèmes d'élevage ovins n'est pas la même partout ce qui donnera des calendriers de travaux très divers.

8-3-1-1/ Le système des ovins transhumants au Saloum :
Graphique 8-4 : Calendrier de travail des ovins transhumants au Saloum

Hommeiour

160

140

120

100

40

20

80

60

0

Période

Complémentation Abreuvement (campement) Charrettes Ferlo

Charrettes Saloum Conduite troupeau sevrés Conduite troupeau mères Surveillance jeunes

Voyage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

En observant ce graphique qui symbolise le calendrier de travail du système ovins transhumants, nous constatons que le voyage vers le Saloum constitue l'activité la plus intensive en travail car occupant pour l'aller et le retour 75h/j. En effet, cela s'explique d'une part par la grande distance qui existe entre le Saloum et le Ferlo et d'autre part par le nombre de personnes qu'il faut mobiliser quand on effectue ce type de transhumance. Après cela, nous constatons que la conduite du troupeau des mères et la surveillance des jeunes constitue les opérations les plus exigeantes en travail. L'importance du travail liée à la conduite du troupeau des mères s'explique par le fait que dans la région du Saloum les éleveurs sont tenus d'être toujours à côté de leur troupeau pour éviter d'éventuels conflits avec les agriculteurs. Ceci est valable en partie pour la surveillance du troupeau de jeunes sevrés, ceux-ci ont besoin d'être gardés pour qu'ils ne se perdent pas mais aussi contre les voleurs qui sont très nombreux dans la zone d'après les éleveurs.

8-3-1-2/Le système des ovins transhumants dans le Ferlo
Graphique8-5 : Calendrier de travail des ovins transhumants dans le Ferlo

Temps de travail (FL

120

100

40

80

60

20

0

Mois

Conduite au pacage et au forage Voyage

Marquage

Surveillance agneaux

Transport eau

Mares

Complémentation

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage et au forage pour l'abreuvement constituent la plus grande charge de travail car nécessitant pendant toute l'année en moyenne près de 25h/j dans le mois. L'importance de cette charge de travail est due au fait que ce système est basé sur la recherche du pâturage d'une part et lorsqu'il est en transhumance, il est obligé d'habiter très loin du forage pour bénéficier d'une importante zone de pâturage d'autre part.

A côté de cette opération, la surveillance des agneaux est la seconde opération la plus exigeante en travail. Celle-ci exclusivement réservée aux enfants ou aux femmes n'en demeure pas moins une opération à forte exigence de main d'oeuvre car nécessitant en moyenne 30h/j par mois.

8-3-1-3/ Le système des ovins fixes au forage
Graphique 8-6 : Calendrier de travail des ovins fixes au forage

Période

Temps de lraval (I-U)

40

20

90

80

70

60

50

30

10

0

Marquage agneaux surveillance agneaux Complémentation Conduite au pacage abreuvement au mare

transport eau par charrette

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Les ovins fixes au forage fonctionnent de la même manière que les bovins fixes au forage. A l'exception du transport de l'eau pour les premiers, on retrouve presque les mêmes opérations techniques dans les deux systèmes.

Ce système d'élevage dépense beaucoup plus de force dans la conduite des animaux au pacage qu'ailleurs. Cette opération est aussi importante parce qu'elle est aléatoire puisque obéissant aux aléas climatiques sans oublier que ce système fonctionne selon une micro-transhumance à l'intérieur de l'aire de desserte de l'unité pastorale. C'est ainsi qu'avec la recherche des meilleures zones de pâturage, le troupeau peut être appelé à faire plusieurs kilomètres.

8-3-2-Les performances économiques :

Comme pour l'étude des performances économiques des systèmes d'élevage bovins, nous analyserons les systèmes ovins en ne prenant en compte que les maxima techniques. Les maxima techniques constituent la limite technique qu'un système ne saurait dépasser vu le nombre d'actifs qu'il dispose et son calendrier des travaux.

8-3-2-1 Le système ovin transhumant au Saloum :

Ce système de gestion des ovins assez répandu dans l'UP est surtout pratiqué par les exploitations qui disposent très souvent d'un énorme troupeau.

Les ovins transhumants au Saloum constituent un système qui exige une importante force de travail et beaucoup de dépenses. En effet, c'est un système qui ne fonctionne qu'avec cinq (05) actifs qui sont indispensables pour le fonctionnement du système. Avec ce nombre d'actif, le maximum technique de ce système s'élève à 470 têtes. Cela signifie que ce système peut augmenter son capital d'ovins jusqu'à 470 têtes mais au-delà de ce chiffre, le nombre d'actifs actuel ne pourra pas gérer le troupeau.

Par ailleurs ce système d'élevage basé sur la transhumance au Saloum fonctionne avec deux charrettes qui transportent les chambres à airs chargés d'eau d'une capacité de sept cent (700) litres sans oublier les actifs.

En ce qui concerne les mouvements dans ce troupeau, nous constatons qu'en moyenne 188 ovins y sont déstockés par an dont 40 brebis de réforme, un bélier de réforme et 147 agneaux sevrés (la moitié en début de saison sèche et l'autre moitié en fin de cette saison). Ces mouvements de sortie nous permettent de calculer la production brute de ce système qui est s'élève à 4.210.500F.

Par contre les dépenses relatives aux différentes charges de fonctionnement de ce système qui tournent autour de l'aliment de bétail, des soins de santé et des coûts liés à l'abreuvement s'élèvent à 1.553.500F. Ce qui nous donne une valeur ajoutée brute estimée à 2.657.000 FCFA. (voir annexe 4)

8-3-2-2 Le système ovin transhumant dans le Ferlo :

Les ovins transhumants dans le Saloum constituent un système quasiment lié au système bovin transhumant dans le Ferlo car le plus souvent les éleveurs qui effectuent ce dernier système pratique en même temps ce système d'élevage des ovins. En effet la transhumance dans le Ferlo est une stratégie d'exploitation des ressources fourragères et hydriques valable aussi bien pour les bovins et les ovins.

Ce Système fonctionnant avec trois (03) actifs à son maximum technique qui est estimé à 193 têtes dont 95 mères reproductrices. Ainsi donc, les trois actifs de ce système peuvent augmenter leur capital en ovins mais ne sauraient dépasser le maximum technique sinon l'exploitation en souffrirait.

Par ailleurs, ce système déstocke en moyenne 71ovins par an dont 15 brebis réformées, un
bélier de réforme et 55 agneaux sevrés (dont la moitié en début de saison sèche et l'autre
moitié en fin de saison sèche). Ces mouvements notés dans ce troupeau du système des

ovins transhumants dans le Ferlo nous permet de calculer la production brute qui est de 1145945,83F.

En ce qui concerne les consommations intermédiaires qui sont les différentes dépenses englouties par ce système pour les besoins de son fonctionnement, elles s'élèvent à 569.670F et elles constituent les frais liés à l'abreuvement, aux soins de santé et à la complémentation. Ce qui donne une valeur ajoutée brute estimée à 576275,83FCFA.

8-3-2-3 Le système ovin fixe au forage :

Très présent dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, le système d'élevage ovin au forage est constitué des éleveurs à faible nombre d'ovins. C'est un système caractérisé par une non transhumance pendant toute l'année sinon ce qui signifie que c'est un système qui profite des ressources fourragères situées à l'intérieur de l'aire d'influence du forage. Il est donc un système qui pratique ce qu'on appelle la micro-transhumance c'est à dire des déplacements au sein de l'unité pastorale dans le seul but de trouver les meilleurs pâturages.

Le système ovin forage dont le maximum technique est estimé à 193 ovins dont (95) mères reproductrices fonctionne avec trois (03) actifs, une charrette avec une chambre à air de six cent (600) litres pour l'abreuvement quotidien des ovins à domicile.

Pour ce qui est du déstockage dans ce système d'élevage, nous constatons qu'il s'agit en moyenne de 63 ovins dont 54 agneaux sevrés, 14 brebis de réforme ( 7 en début de saison sèche et 7 en fin saison sèche) et un bélier de réforme.

Ceci nous permet d'aboutir aux calculs de la production brute de ce système qui s'élève à 1145945,93F. Tandis que les consommations intermédiaires calculées à partir des frais d'abreuvement, des soins de santé et des frais relatifs à l'aliment de bétail nous donne 535200F Ce qui donne une valeur ajoutée brute de 610745,93 FCFA.

8-4/ Analyse des systèmes d'élevage caprins :

Dans l'UP de Bélél Bogal, nous ne rencontrons que deux systèmes d'élevage caprins : l'un basé sur la transhumance et conduit avec les ovins transhumants dans le Saloum et l'autre étant un système divagant dans l'aire d'influence du forage.

8-4-1/ Caractéristiques et fonctionnement :

Les systèmes d'élevage caprins fonctionnent selon deux modes distincts selon les périodes. En effet durant l'hivernage ce sont le pâturages les premiers à être exploités avec un abreuvement au niveau des mares tandis que pendant la saison sèche ce sont les ressources fourragères de plus en plus éloignées de l'unité d'habitation qui sont exploitées avec un abreuvement assuré à domicile grâce aux charrettes qui font office de moyen de transport des chambres à air.

Par ailleurs, les systèmes d'élevage de caprins constituent le mode d'exploitation du troupeau le plus commun aux différentes exploitations de l'UP. Il est en effet rare de trouver une exploitation agricole dans le Ferlo sans un système d'élevage de caprins dans la composition du système de production. Ceci s'explique d'une part parce que ce type de système est le moins intensif en travail et en capital.

La particularité de ce système réside dans le fait que ces animaux supportent beaucoup plus la diminution des ressources fourragères que les autres systèmes et cela grâce à leur faculté d'exploiter le pâturage aérien.

Schéma du mode d'abreuvement du système d'élevages caprins divagants en
hivernage

Campement

Mares Pâturage Pâturage Mares

Abreuvement et Pâturage quotidien

Schéma du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage caprins divagants en saison
sèche

Campement Forage Campement

Transport eau avec charrette et chambre à air

En ce qui les opérations techniques dans le système des caprins divagants, elles tournent essentiellement autour du transport de l'eau, de l'abreuvement et de la surveillance des cabris comme l'illustre le calendrier cultural suivant :

Graphique 8-7 : Calendrier de travail du système d'élevage des caprins divagant

Temps de travail (h.j:

40

60

50

30

20

10

0

Période

Surveillance cabris Déparasitage Marquage Abreuvement Transport eau

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'observation de ce graphique nous montre que la surveillance des cabris est l'opération qui exige le plus de temps de travail même si cette dernière opération est une activité généralement réservée aux femmes ou aux enfants. L'importance de la force de travail est le plus souvent liée au fait que les campements qui disposent de ces types d'animaux sont situés dans des zones où l'agriculture pluviale est assez importante mais aussi au fait que les cabris très jeunes nécessitent beaucoup d'attention notamment pour leur permettre d'être allaités régulièrement par leurs mamans.

A côté de cette activité, le transport de l'eau pour ne pas dire la recherche de l'eau au forage nécessite également un temps de travail assez important même si les exploitations disposent de moyens de transport. Ceci est du à l'éloignement le plus souvent des campements du forage alors qu'il faut quotidiennement aller chercher de l'eau sans oublier que dans la plupart des cas ce sont les jeunes garçons ou les femmes qui s'occupent de cette activité.

8-4-2 Les performances économiques :

A l'instar de l'analyse économique des précédents systèmes d'élevage, l'évaluation des performances économiques de ce système sera axée sur le maximum technique.

Ce système, à l'image des systèmes d'élevage d'ovins est qualifié de comptes courants des exploitations agricoles du Ferlo ce qui laisse présager beaucoup de déstockage dans ce type de système.

Par ailleurs ce système fonctionnant avec deux actifs, une chambre à air de 600 litres à un maximum technique qui est évalué à 190 têtes de caprins dont 90 mères reproductrices. En ce qui concerne les mouvements de sortie d'animaux, nous constatons qu'en moyenne 67 caprins sont déstockés par an dont 52 chevreaux sevrés, 15 chèvres de réforme et un

bouc de réforme. Ce qui nous permet de calculer la production brute de ce système, celuici est de 624.500F. Quant aux consommations intermédiaires qui représentent l'ensemble
des charges qui ont servi au fonctionnement du système à savoir les frais liés à l'abreuvement et les frais sanitaires, elles s'élèvent à 219.000F.

Grâce à la production brute et les consommations intermédiaires de ce système, nous avons une valeur ajoutée brute estimée à 405500 FCFA. (voir annexe 5)

8-5/ Comparaison des différents systèmes d'élevage

Pour faire une analyse comparative des différents systèmes d'élevage pratiqués dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous étudierons les productivités en travail et en capital des systèmes.

Tableau 8-1 : Les valeurs ajoutées brutes des différents systèmes d'élevage

Systèmes

VAB Totale

VAB/ Mère

VAB/ HJ

Bovins Forage

1547602

51586,73

9379,41

Bovins Ferlo

1.496.937,5

49897,92

6438,44

Bovins Walo

2.198.195

73273,17

12930,56

Ovins Ferlo

576275,83

6066,06

752,32

Ovins forage

610745,93

6428

839,22

Ovins Saloum

2.657.000

13285

2036,02

Caprins divagants

405500

4505,56

766,18

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 8-8 : Productivité du travail des systèmes d'élevage

Temps de travel par HJ (en FCFA))

14000

12000

10000

4000

2000

8000

6000

0

Systèmes d'élevage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

Graphique 8-9 : Productivité des systèmes d'élevage par mère

VABAMete (en FCFA)

40000

20000

80000

70000

60000

50000

30000

10000

0

Systèmes d'élevage

Source : Enquête mémoire Abou Bâ, ENEA 2007

L'analyse comparée de ces deux graphiques permet de constater que les bovins constituent les systèmes d'élevage les plus intensifs en travail et en capital. En effet les systèmes d'élevage qui constituent les comptes d'épargne des exploitations agricoles du Ferlo sont très exigeants en travail à cause le plus souvent de leur caractère transhumant. Autrement dit la plupart des systèmes bovins de l'UP de Bélél Bogal est un système extensif basé sur l'exploitation de vastes réseaux de ressources fourragères et

hydrauliques ce qui augmente du coup le s charges en travail. Parmi ces systèmes d'élevage, les bovins transhumants au Walo avec plus de 12930 homme/jours sont de loin ceux qui exigent une importante force de travail pour son fonctionnement mais produisent également les meilleurs résultats économiques. Ce système a les meilleurs résultats économiques parce que d'une part la transhumance vers le Walo lui permet de ne pas payer les charges liées à l'abreuvement durant tout le séjour dans cette zone car le troupeau s'abreuve au niveau du fleuve Sénégal ce qui est lui procure des gains.

Par ailleurs la comparaison intra-système nous montre que les bovins transhumants dans le Ferlo sont moins intensifs en travail que les bovins fixes au forage par contre ils sont moins rentables que ces derniers. En effet les bovins fixes au forage ont une forte demande en travail car pendant la saison sèche, ils sont obligés de patrouiller partout dans l'unité pastorale à la recherche du pâturage de plus rare. Ils ont cependant la meilleure productivité économique par rapport aux bovins transhumants dans le Ferlo. Ces derniers sont moins productifs parce que d'une part le plus souvent, le Ferlo est confronté à des problèmes de pâturage vers la fin de la saison sèche dus aux feux de brousse ou à la surexploitation des zones d'accueil des transhumants et ce qui amène d'autre part les éleveurs à faire recours à la complémentation. C'est principalement ce recours à l'aliment de bétail pour complémenter le troupeau qui augmente les charges liées à la gestion de ce dernier et par ricochet diminue les performances d'un tel système qui reste pourtant une pratique très répandue dans la zone.

En ce qui concerne les petits ruminants, nous constatons que les ovins transhumants au Saloum constituent le système le plus intensif en travail et en capital. En effet au Saloum, les ovins venant du Ferlo font beaucoup de déplacements pour exploiter le maximum de pâturages sans oublier l'importance de la surveillance des jeunes ovins pour éviter tout conflits avec les agriculteurs. Tout ceci participe à l'augmentation du travail dans ce système par rapport aux autres modes de gestion des petits ruminants. Le Saloum constitue également un carrefour, un lieu de transit de plusieurs populations venues de tous les coins du Sénégal ce qui fait que le prix des ovins est plus important dans cette région que dans le Ferlo. Cette différence assez considérable du prix des petits ruminants dans cette région contribue de manière considérable à augmenter les résultats économiques de ce système.

Pour l'inter-comparaison des systèmes d'élevage, il apparaît clairement que les bovins constituent les systèmes les plus intensifs en travail et les plus rentables ce qui veut dire que les exploitations agricoles ont beaucoup plus intérêt à pratiquer les systèmes bovins que les systèmes à petits ruminants. Toutefois, ceci est à relativiser car les systèmes à petits ruminants constituent les comptes courants de ces exploitations même s'ils ne sont pas aussi rentables, ils sont constitués des animaux les plus faciles à écouler d'où l'intérêt d'en avoir sans oublier que les opérations tabaski en font des systèmes assez juteux.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus