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Evaluation des revenus des agropasteurs, leurs demandes de formation et d'éducation, et leurs capacités contributives: cas de l'unité pastorale de Bélél Bogal dans le département de Podor au Sénégal.

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par Abou BA
Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) de Dakar - Ingénieur des Travaux d'Aménagement du Territoire et de Gestion Urbaine 2007
  

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CHAPITRE III : Problématique

La lutte contre la pauvreté constitue de nos jours l'une des plus grandes préoccupations de l'humanité. C'est ainsi qu'au sortir du sommet du millénaire de Septembre 2000 mené sous la houlette du PNUD, la communauté internationale s'était fixée comme objectif de réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015. La principale stratégie retenue à l'époque pour atteindre cet objectif était le développement du capital humain par le renforcement des capacités des principaux acteurs au développement et la promotion de la croissance économique. Cette croissance économique devrait passer par la mobilisation de ressources vers les secteurs capables de contribuer de manière forte et soutenue à la réduction de la pauvreté. L'agriculture avec les nombreuses activités qui gravitent autour d'elle est l'un des meilleurs secteurs à même de contribuer à la réalisation de ces objectifs.

En effet l'économie des pays pauvres et de l'Afrique en particulier est dominée par l'agriculture. Ce secteur occupe plus de la moitié de la population active et représente plus de 34% du PIB et 40% des exportations de marchandises des pays d'Afrique subsaharienne30.

Au Sénégal l'agriculture joue un rôle prépondérant dans la vie socio-économique. Le secteur agricole absorbe près de 70 % de la main-d'oeuvre et l'écrasante majorité des ménages ruraux se consacre à l'agriculture qui lui procure sa première source de revenu. L'agriculture, en l'an 2000 constituait également 17 % du PIB (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté - DSRP, 2002).

Malgré tout, le secteur agricole reste confronté à d'énormes difficultés qui l'empêchent d'assurer convenablement sa mission. En effet d'une part, l'agriculture nourrit de moins en moins la population car les productions deviennent de plus en plus déficitaires et d'autre part l'élevage connaît des difficultés qui ne permettent pas au troupeau d'être aussi productif.

Ces difficultés sont apparues pour la plupart d'entres elles à la suite de la sécheresse des années 70 mais ont été amplifiées par d'autres facteurs qui différent d'une région agroécologique à une autre.

30 Pierre Debouvry : Les enjeux de la formation professionnelle agricole rurale en Afrique de l'ouest francophone

Dans la région nord du Sénégal (Louga, Matam et Saint Louis) se trouve l'une des plus importantes zones agro-écologique du pays où élevage et agriculture constituent les principales activités économiques. Cette zone appelée Ferlo a connu dans son histoire deux grands moments qui ont fondamentalement modifié son paysage et son économie. En effet, le Ferlo jadis zone d'éleveurs nomades, voit à la suite des années 50 avec l'apparition des premiers forages hydrauliques des populations de sédentariser et du coup s'adonner également à l'agriculture pluviale. Cette dynamique sera stoppée à partir des années 70 avec le début des sécheresses successives qui vont ôter à ce milieu presque toute sa population et ainsi appauvrir le secteur agricole (agriculture et élevage).

Par ailleurs, située dans le Proche Jééri donc en étroite relation avec le Walo, notre zone d'étude, avec l'importance de l'élevage et de l'agriculture se trouve être l'une des plus agricoles de tout le Ferlo. Malheureusement, plusieurs facteurs concourent depuis quelques années à la fragilisation de ces secteurs d'activités qui sont d'une grande importance car occupant plus de la moitié de la population locale. Parmi ces facteurs, nous avons :

c La faiblesse et la variabilité de la pluviométrie : en 20 ans le Ferlo a connu une

dizaine de sécheresses dont les plus grandes sont celles de 1973, 1983, et 2002 ;
c La saturation et la dégradation des terroirs : plus de 50% des terres de cultures

sont dégradées dans le Proche Jééri ;

c Faible niveau d'instruction des exploitations agricoles qui peut être un facteur important au conseil agricole et rural; 91,3% des exploitations n'ont pas le niveau d'éducation du primaire ;

c L'accès difficile au système de crédit commun à l'agriculture et à l'élevage ;

c Le mode d'élevage essentiellement extensif dans le Ferlo où l'alimentation du

cheptel est basée sur les pâturages naturels soumis aux aléas climatiques ;

c La faiblesse de l'investissement public et privé dans le secteur qui se traduit par

l'insuffisance des infrastructures de base (piste de production, ouvrage

hydraulique, unité de transformation et de conservation) ;

c L'absence d'une sécurisation foncière pour les activités pastorales (car l'élevage n'est pas considéré comme un mode de mise en valeur de la terre par la loi sur le domaine national) ;

c Le sous équipement et le faible niveau de technicité des producteurs ; c Les insuffisances dans la politique de formation des éleveurs.

Malgré toutes ces difficultés qui menacent le secteur agricole, l'État ne cesse de mener des politiques de développement en vue de permettre à ce secteur de jouer pleinement son rôle c'est à dire celui de fer de lance de l'économie.

Parmi ces politiques et stratégies agricoles, il y a eu la Nouvelle Politique Agricole (NPA) mise en oeuvre en 1984 et qui avait pour objectif de réaliser la couverture des besoins céréaliers à hauteur de 80%. Après cette NPA, dans les années 1990 est survenu le Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole (PASA) avec comme objectifs la recherche de la sécurité alimentaire, du foncier et la promotion de l'investissement privé. A côté de ces politiques agricoles, il y'a eu les Lettres de politique du développement du secteur agricole et de l'élevage qui sont des cadres institutionnels dressés par l'autorité publique dans le but de mobiliser des moyens (humains, matériels et administratifs) afin de promouvoir davantage le développement de ces deux secteurs, ceci en responsabilisant les différents ministères et les principales directions concernées par ces secteurs. C'est ainsi que l'État a eu à mettre sur pied le PSAOP (Programme de Services Agricoles et d'Appui aux Organisations Paysannes). Celui-ci devrait permettre de mieux rentabiliser le secteur de l'élevage par la formation des éleveurs et l'équipement des zones pastorales entre autres le Ferlo.

Ces différentes politiques et stratégies agricoles (marquées par un désengagement de l'État,

privatisation et/ou restructuration des entreprises publiques et parapubliques, responsabilisation des agriculteurs, libéralisation des prix et des marchés, décentralisation, incitation à l'investissement privé en milieu rural) n'ont pas permis d'enrayer le déficit de la balance commerciale des produits alimentaires et de réduire la pauvreté dans la zone agro-sylvo-pastorale.

Ainsi donc malgré toutes les politiques élaborées par l'État dans le développement du secteur agricole , le monde rural et en particulier la zone agro-sylvo-pastorale du Ferlo reste caractérisée par une petite agriculture pratiquée sous pluie et un élevage extensif peu structuré. Toutes ces deux activités souffrent d'énormes contraintes dont la non moins importante est le faible niveau d'instruction et de formation des différents producteurs.

Ayant tiré une bonne leçon des échecs de ces différentes politiques et mesures, l'État par l'intermédiaire de la Loi Agro-sylvo-pastorale (LOASP) a élaboré une nouvelle vision du développement du secteur agricole. Celle-ci est clairement définie dés le préambule de cette loi « les orientations du secteur agricole portent sur la création d'un environnement attractif et incitatif en milieu rural qui vise la transformation de l'agriculture familiale en appuyant la promotion de l'exploitation agricole familiale par le passage de systèmes extensifs de production à des systèmes intensifiés, diversifiés, durables et respectueux des ressources naturelles ; elles visent aussi à favoriser l'émergence d'un entreprenariat agricole et rural >>. Pour ce faire, le développement agro-sylvo-pastorale passe par une stratégie de diversification des productions agricoles, l'augmentation de la productivité et de la compétitivité des exploitations agricoles sur une base durable, avec comme mesure d'accompagnement, le développement d'une économie non agricole en milieu rural >>31. Cette nouvelle orientation de la politique agricole est axée sur l'investissement humain. C'est ainsi qu'à travers cette même loi, on note que l'État met l'accent sur la formation des acteurs du secteur agricole : « L'éducation, l'alphabétisation et la formation constitue des leviers stratégiques pour la modernisation de l'agriculture...32 >>. Cette nouvelle approche de l'État lie le développement de l'agriculture au développement de l'agriculteur par l'éducation et la formation. C'est dans ce sens que l'Etat a mis sur pied la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR) pour améliorer la qualité du capital humain et des exploitations agricoles. La SNFAR est un outil de politique agricole élaborée par l'État et les partenaires au développement en concertation avec les acteurs du secteur agricole.

La SNFAR et la LOASP sont les derniers actes posés par les autorités publiques pour améliorer la qualité du capital humain afin de réussir le développement du monde rural ou plus particulièrement du secteur agricole.

Toutefois pour ne pas revivre la même situation dans le Ferlo que lors des précédentes stratégies et politiques de développement ou de redressement du secteur agricole, l'État avant de se lancer dans une quelconque politique d'éducation et de formation agricole doit d'abord s'investir dans la connaissance des pratiques paysannes. En effet, comme le

31 Préambule de la LOASP adoptée par l'assemblée national le 25 Mai 2004

32 Article 62 de la LOASP

dit Pierre-Marie Découdras << une connaissance plus fine des pratiques paysannes devrait (...) constituer un préalable nécessaire à la conception et à la mise en oeuvre des projets de développement, permettant de mieux raisonner les choix à faire en matière de changement technique et d'action à entreprendre sur le milieu naturel dont l'appréciation ne peut être dissociée de celle de la perception qu'en a la société concernée qui l'utilise »33 . Cette assertion met en évidence l'importance qu'il faut accorder à une étude préalable du monde rural ou précisément des exploitations agricoles notamment de la zone agro-sylvo-pastorale pour tout projet de développement les concernant et surtout les projets d'éducation et de formation car comme le souligne toujours le même auteur << sans développement des exploitations, il ne saurait y avoir développement agricole ». En outre, l'analyse des pratiques paysannes permettra de connaître les véritables besoins des exploitations agricoles dans tous les secteurs du développement et notamment dans celui de l'éducation et la formation agricole et de réduire du coup le décalage entre les offres en formation agricole et les demandes des agriculteurs.

Ainsi, il s'avère plus que nécessaire de résorber le manque de formation des agriculteurs d'une part et le déficit d'éducation au sein des exploitations agricoles d'autre part mais tout ceci dans le cadre d'une concertation avec ces populations car << il faut préparer l'ensemble des populations rurales à être les acteurs de leur propre développement, à prendre en charge leur avenir et à se constituer en partenaires et interlocuteurs des différents agents économiques »34.

Pour cela, il nous faut s'interroger sur les demandes des exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation en vue d'y apporter des solutions de façon homogène et non disparate. Sachant déjà qu'en 1982 la Banque Mondiale estimait que les agriculteurs et les travailleurs indépendants ont une contribution économique plus grande s'ils sont instruits35. Il urge de réfléchir donc sur une politique de formation et d'éducation des agriculteurs basées sur leurs propres demandes et non sur des programmes réfléchis depuis les bureaux des services étatiques ou des bailleurs de fonds.

33 Découdras Pierre-Marie : A la recherche des logiques paysannes, Editions Karthala 1997

34 Debouvry Pierre : Demain le paysan, enfin protagoniste de son développement ?

35 Rapport Banque Mondiale de 1982 intitulait : Le développement accéléré en Afrique au Sud du Sahara ; programme indicatif d'action

Par ailleurs selon la théorie du capital humain « l'éducation et la formation sont considérés comme des investissements que l'individu effectue rationnellement en vue de la constitution d'un capital productif inséparable de sa personne ». Dés lors, on ne peut faire une étude sur l'éducation et la formation en milieu rural sans connaître les perceptions et les logiques de l'agriculteur en matière d'éducation et de formation d'une part et le lien qui existe entre cette perception et les revenus de l'agriculteur d'autre part. Ceci est d'autant plus important dans le Ferlo où les populations sont très nomades et très méfiantes sur tout ce qui concerne l'éducation et la formation. Autrement dit, pour une recherche plus approfondie de cette problématique, il est nécessaire de ne pas se limiter à une étude de l'impact de l'éducation et de la formation dans le secteur agricole mais d'aller jusqu'au bout des logiques paysannes, c'est-à-dire expliquer la relation qui existe entre le niveau de revenu des exploitants agricoles et le niveau de formation et d'éducation de ces derniers. Cependant le niveau de revenu ne saurait à lui seul expliquer les comportements des exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation. En effet il est important d'y associer l'aspect sociologique car cette zone à majorité peul est une zone de forte transhumance car les peuls le plus souvent ne font que suivre l'évolution du pâturage. Lors de ces transhumances, ces populations se déplacent avec toute leur famille et donc avec leurs enfants qu'ils retirent tout bonnement du système éducatif. Ainsi s'il est important de connaître la relation entre le faible niveau d'étude et de formation et les niveaux de revenu des exploitations agricoles de la zone du Ferlo, il est impératif de faire une étude sociologique en amont pour bien comprendre les pratiques des exploitations.

C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude commanditée par le Bureau de Formation Agricole Professionnelle (BFPA) exécuté parle le Centre Nationale d'Eude des Régions Chaudes (CNEARC) et l'École Nationale d'Économie Appliquée (ENEA) avec l'appui technique du Projet d'Autopromotion du Pastoralisme dans le Ferlo (PAPF). Dans le but de bien étudier ce thème, notre mémoire se fixe les objectifs suivants :

Question de recherche :

Le niveau de revenu des exploitations agricoles de l'Unité Pastorale de Bélél Bogal joue t-il un rôle dans leurs choix en matière d'éducation et de formation ?

Pour aboutir à la réponse de cette question de recherche, il nous faut trouver d'abord des réponses à ces interrogations :

c Quelles sont les différentes activités agricoles des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal ?

c Quels sont les revenus de ces exploitations agricoles ?

c Quelles sont les préoccupations de ces exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation ?

Objectif général :

Évaluer les revenus des agriculteurs de l'unité pastorale de Bélél Bogal, leurs demandes de formation et d'éducation et leurs capacités contributives.

Objectif spécifique 1 :

Connaître les niveaux de revenus agricoles, et surtout pouvoir les mettre en relation avec différentes catégories d'exploitations, selon leur dotation en facteurs de productions et la combinaison d'activités pratiquées;

Objectif spécifique 2 :

Comparer ces niveaux de revenus aux besoins vitaux et sociaux et à d'autres revenus hors agricoles éventuellement;

Objectif spécifique 3 :

Déterminer les coûts directs et indirects de l'éducation et de la formation en fonction des revenus générés par l'agriculture ;

Objectif spécifique 4 :

Analyser la demande d'éducation et de formation des exploitations agricoles en fonction de leurs capacités contributives.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe