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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE PAUL CEZANNE - AIX-MARSEILLE III

INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES

MEMOIRE

Pour l'obtention du diplôme

LES STRATEGIES D'EXPANSION DES FIRMES
MULTINATIONALES CHINOISES : FACTEURS
ECONOMIQUES, FACTEURS POLITIQUES

Par M. Geoffrey Grégoire Pierre BONNEL

Mémoire réalisé sous la direction de
Monsieur André CARTAPANIS
Professeur des universités à l'Institut d'Etudes Politiques
d'Aix en Provence

Aix en Provence
Année 2011

L'Institut d'Etudes Politiques n'entend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions émises dans ce mémoire.
Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

REMERCIEMENTS

A ceux qui m'ont aidé et soutenu dans ce mémoire, et qui m'ont permis de me surpasser lors de chaque épreuve...

A André Cartapanis pour sa patience et son aide précieuse qui m'a aidé tout le long de ce mémoire.

A Joël Ruet qui m'a accompagné dans cette aventure et qui partage avec moi la même passion pour l'Orient.

A ma mère pour son éduction qui m'a permis de devenir qui je suis actuellement, le roc de ma vie.

A ma famille pour sa relecture.

A Vincent, Jean et Philippe les amis de ma vie.

A Constantin, Nicolas et Camille qui ont été mes compagnons de route au sein de l'Empire du Milieu.

A Pierre Buxeda qui m'a aidé pour ce mémoire en m'indiquant la bonne voie.

A Li Xiaoting qui a supporté mes moments de découragement.

A Charlotte, Quentin, François, Laurent, Adrien, Pierre, Raphaëlle et Louise des amis précieux à tout moment.

A Jérôme RAVENET qui m'a fait découvrir la Chine.

MOTS CLES

· REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

· FIRMES MULTINATIONALES

· INVESTISSEMENT DIRECT A L'ETRANGER

· ENTREPRISE D'ETAT

· PARTI COMMUNISTE CHINOIS

· GLOBALISATION

· ADMINISTRATION D'ETAT DES DEVISES ETRANGERES + COMMISSION DE DEVELOPPEMENT NATIONAL ET

DES REFORMES

+ EXPANSION

+ PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT

+ PAYS EMERGENT

· STRATEGIE + REGIONALISME CHINOIS

RESUME

La République Populaire de Chine a connu de nombreuses réformes depuis son ouverture en 1979, et particulièrement sur le plan économique. Les conséquences de cette dernière se font encore ressentir aujourd'hui sur les entreprises chinoises et indirectement amènent à des changements sur les marchés internationaux.

Ces changements ont permis l'émergence des premières firmes multinationales du pays qui, petit à petit, se font une place face à la concurrence mondiale. Certaines firmes commencent même à devenir célèbre comme : Haier, Lenovo, Huawei, ZTE...

Néanmoins, comprendre cette récente émergence des firmes multinationales, c'est l'obligation de regarder le passé d'un pays complexe qui a connu une succession de régimes politiques divers qui ont, chacun, réformé l'économie de ce pays, mais qui ont tous été caractérisés par un dirigisme économique fort. Dirigisme économique qui s'est accentué depuis la période communiste et en particulier sous la présidence de Mao Zedong, mais qui depuis 1979 voit, la prise du gouvernement, se relâcher continuellement pour laisser plus de place à l'économie libérale.

Les firmes multinationales chinoises se situent, en effet, à cette charnière de la mutation de l'économie du pays et c'est pour ça que leur étude est intéressante. Ces dernières sont la preuve que l'économie chinoise commence à quitter le niveau de celle des pays émergents pour se rapprocher de celle des pays développés. Etudier ces firmes, et en particulier leurs stratégies d'expansion, permet de mieux évaluer ces dernières avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs opportunités, et leurs limites. Porter ainsi un regard sur ces dernières, c'est voire cette nouvelle Chine qui est loin d'avoir finie de se transformer, et qui irrésistiblement, s'impose à l'international.

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES EMPIRIQUES
DES FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES

Chapitre I : Les firmes multinationales chinoises et l'influence du gouvernement A) HistoricitéB) Les formes d'entreprises

Chapitre II : Les firmes multinationales chinoises caractérisées par : un faible taux d'IDE et localisées (géographiquement et sectoriellement)

Un faible taux d'IDE

Structure géographique

Structure Sectorielle

DEUXIEME PARTIE : LES FORMES ET LES FACTEURS
D'EXPANSION DES FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES

Chapitre I : Les formes d'expansion

Un regard global sur les formes d'expansion

Les marchés et les secteurs, facteurs influençant les formes d'expansion Chapitre II : Les raisons de l'expansion

Facteurs économiques de l'expansion

Facteurs politiques de l'expansion

CONCLUSION

TABLE DES ACRONYMES

n PCC : Parti Communiste Chinois

n IDE : Investissement Direct à l'Etranger

n OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

n OMC : Organisation Mondiale du Commerce

n CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

n CERNA : Centre d'Economie Industrielle

n URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

n ZES : Zone Economique Spéciale

n AEDE : Administration d'Etat des Devises Etrangères

n CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

n CSAAE : Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de l'Etat

n RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises

n OCS : Organisation de Coopération de Shanghai

n FCSA : Forum sur la Coopération Sino-Africaine

n IDH : Indice de Développement Humain

n R&D : Recherche et Développement

n CNOOC : China National Offshore Oil Corporation

n CDNR : Commission de Développement National et des Réformes

n PED : Pays en Voie de Développement

n RAS : Région Administrative Spéciale

n ASEAN : Association des Nations de l'Asie du Sud-Est

n OPA : Offre Publique d'Achat

n OPE : Offre Publique d'Echange

n PIB : Produit Intérieur Brut

n PDG : Président Directeur Général

n FMN : Firmes Multinationales

n AID : Aide Officielle au Développement

Avant-propos

La Chine fait parler d'elle et devient même à la mode en attirant de jeunes cadres étrangers, en effet l'apprentissage du mandarin ne cesse de progresser dans de nombreux pays à travers le monde dont la France. Etant étudiant de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-provence (IEP d'Aix-en-Provence) et ayant commencé à apprendre le mandarin dès la première année, c'est tout naturellement sur la Chine que mon esprit s'est tourné quand en deuxième année l'administration de l'IEP d'Aix-en-Provence nous a demandé de réfléchir sur le sujet de notre mémoire de quatrième année. Cependant, la Chine est un pays à l'Histoire plus que deux fois millénaires qui connaît depuis la prise de pouvoir du Parti Communiste Chinois (PCC) en 1949 des mutations profondes. Tous les phénomènes découlant de l'Histoire de la Chine et des mutations récentes que connaît ce pays sont aptes à devenir des sujets de mémoire plus qu'intéressant, alors pourquoi les stratégies d'expansion des multinationales chinoises : facteurs économiques, facteurs politiques ?

La Chine, au-delà de cette image un peu trop simple d'un pays produisant des biens à faible valeur ajoutée grâce à sa main d'oeuvre bon marché qui a attiré les délocalisations au cours des années 1980 et 1990, est un pays qui est devenu capable de produire ses propres biens et de les exporter par ses propres moyens. Il était donc nécessaire selon moi, de montrer cette face encore peu connue de la Chine, peu connue car récente, mais aussi car soumise encore à de nombreux préjugés. En effet, l'image « d'atelier du monde » donnée à ce pays, depuis la fin des années 1980 début des années 1990, se révèle de plus en plus obsolète. Il est vrai que, les années 2000 marquent l'expansion des premières firmes multinationales chinoises qui ont commencé à s'implanter dans des zones géographiques proches avant de s'étendre petit à petit au reste du globe. Aujourd'hui certains noms de firmes multinationales chinoises commencent à

être connus du grand public, comme le géant des réseaux de télécommunication Huaweiqui se rendit célèbre après la signature de contrats avec Vodafone, la société Haier

spécialisée dans les biens électroménagers et d'audiovisuel...Le temps de reconversion
de l'économique chinoise fut très court, en à peine 30 ans la Chine est passée d'un pays à

l'économie naufragée à la deuxième puissance économique mondiale. C'est dans cette optique que se révèle l'intérêt de l'étude de l'expansion des firmes multinationales chinoises : des firmes jeunes, fruit d'un long passé emprunt de nombreux et profonds changements, et qui s'apprête à changer l'avenir de l'économie mondiale.

Ainsi s'achève cet avant-propos en espérant que le lecteur ait pu comprendre l'enjeu de ce mémoire et les problèmes techniques qui s'y sont rapportés. La Chine est un pays en pleine mutation économique voyant s'enchaîner de nombreux phénomènes, l'expansion des multinationales chinoises faisant partie de ces derniers. Phénomène récent, mais non moins rapide.

INTRODUCTION

La montée en puissance de la Chine depuis l'année 1978, qui marque l'émergence du concept « d'économie socialiste de marché » dans le discours de Deng Xiaoping à Shenzhen (province du Guangdong), ne cesse d'impressionner ou d'inquiéter le monde, autant sur le plan politique, qu'économique. Le « dragon vert »1 semble ne cesser de grossir depuis cette époque et d'étendre son influence à travers le monde et ce, malgré les crises économiques sévères des années 1990 avec tout particulièrement la crise asiatique de 1997 dont la Chine ne subit aucun contre coup, et récemment la crise financière de 2008 dont le pays s'en remit bien plus rapidement que prévu par les spécialistes économiques de tout bord. En effet cette crise qui mit à mal l'économie américaine et cassa la consommation des ménages devait, selon les experts, fortement toucher la Chine et son taux de croissance, car son économie étant majoritairement tournée vers l'extérieur, et en particulier vers le marché américain en ce qui concerne l'écoulement des produits manufacturés. Cependant, malgré une légère fluctuation du taux de croissance, l'économie chinoise repartie de plus belle en 2010 avec un taux de croissance supérieur à 9%. La Chine semble imbattable malgré la conjoncture et ravit même en 2010 la place de deuxième puissance économique mondiale au Japon.

La Chine commença en effet en 1979 avec un taux d'Investissements Directs à l'Etranger (IDE) de 0% pour atteindre en 2009 une valeur totale de 43,3 milliards après un déclin en 2008 de l'ordre de 30% à 40%2. Cependant malgré une augmentation forte de ces IDE en 30 ans, ce taux reste comparativement faible par rapport au reste des pays développés, en effet en 2006, la somme totale des investissements chinois ne représentait encore à ce moment là que 0,6%3 du stock d'IDE mondial de l'époque, faisant alors de la République Populaire de Chine le sixième plus gros exportateur d'IDE parmi les pays émergents.

1 Le terme est employé en tant que métaphore de la Chine par de récents articles de presse. Il est emprunté à la théorie Feng shui qui veut par tradition qu'on désigne l'Est par le dragon vert.

2 Chiffres officiels du ministère de l'économie chinoise.

3 Chiffres officiels de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), OCDE Investment Policy Reviews : China 2008, p.2.

Aujourd'hui l'actualité commence à s'intéresser à cette Chine nouvelle qui commence, bel et bien, à sortir de ces frontières et qui cherche à jouer un rôle central sur les marchés internationaux. Or, le nombre de firmes multinationales chinoises reste encore assez faible même s'il est en progression et quelques firmes chinoises commencent à acquérir une bonne renommée sur les marchés internationaux, tel que Huawei, Haier, Lenovo.... Cette expansion de nouvelles firmes multinationales venant de la Chine tend à augmenter la concurrence sur les marchés internationaux, en effet ces dernières proposant des produits moins chers, mais avec un bon rapport qualité /prix, commencent à voir leurs parts de marchés augmenter, nous pouvons prendre un exemple très simple mais non moins intéressant de la société Lenovo pour éclairer cette situation. En 2005, la société d'informatique chinoise Lenovo racheta la division Personal Computer (PC) de la société International Business Machines (IBM : société qui avait lancée en 1981 l'IBM PC le premier ordinateur personnel de l'histoire), ce qui lui permettait à l'époque de prendre la position de troisième leader mondial pour les ordinateurs personnels avec un chiffre d'affaires annuel de 10 milliards de dollars4 ce qui la plaçait devant les sociétés Dell et Hewlett-Packard.

Pour mieux saisir la montée en puissance de ce pays, il faut comprendre l'action de ces firmes multinationales et arriver à dépasser de nombreux préjugés. Tel fut l'un des enjeux de ce mémoire, dépasser l'a priori lié à la qualité des produits chinois, l'inexpérience des cadres.... Malgré une faiblesse encore certaine des entreprises chinoises de façon globale, conserver ce point de vue empêche d'établir une quelconque hypothèse pour comprendre le succès réel des firmes citées précédemment. Bien sûr, le but de ce mémoire ne sera pas de présenter la « success story » de ces quelques firmes chinoises, qui ne représentent encore qu'une partie marginale de l'ensemble des firmes multinationales chinoises. Cependant, un rappel de la nécessité de se décentrer est à faire, afin d'expliquer comment ce mémoire a essayé d'aborder le phénomène d'expansion des firmes multinationales chinoises. L'autre grand enjeu de ce mémoire fut de trouver des sources fiables. En effet, l'expansion des firmes multinationales chinoises est un phénomène récent et donc encore peu étudié, ainsi la base documentaire reste encore limitée. Limitée pour deux raisons :

4 Dans ce mémoire, le terme de « dollar », fait référence au dollar américain ou US dollar.


· Un nombre encore faible d'études sur ce phénomène qui ne prit une réelle ampleur qu'au début des années 2000. Les rapports de l'OCDE ne sont que peu nombreux, ainsi que ceux de la Chambre du Commerce et de l'Industrie européenne de Pékin, les études universitaires de même sont limitées à quelques rares spécialistes dont Joël RUET5. Ce manque de support empêche encore de regrouper et de comparer des données venant de différentes sources afin d'obtenir des résultats plus précis, et de permettre une meilleure analyse du phénomène. Ainsi, ce manque de données empêche donc de valider ou d'infirmer les hypothèses présentées dans ce mémoire de façon définitive et claire.


· La fiabilité des données reste aussi un problème de taille. Les rapports provenant de sources chinoises, bien qu'un peu plus nombreux que ceux venant de sources étrangères, manquent de fiabilité statistique. Le gouvernement chinois tendant à « rectifier » certains chiffres. Malgré l'effort réel des autorités chinoises après l'entrée du pays dans l`Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour améliorer la transparence statistique des données, ces dernières doivent quand même être relativisées en permanence. Cependant de récents rapports ont été coécrits par les autorités chinoises et des institutions étrangères afin de faire gage de bonne foi, permettant alors d'utiliser ces données. C'est ainsi que des rapports sur lesquels se base ce mémoire ont été co-écrits avec des institutions étrangères, tel que la commission européenne. L'écriture de ce mémoire dus donc prendre en compte l'existence de nombreux problèmes afin de se réaliser, n'enlevant cependant aucunement l'intérêt de ce sujet.

Cependant pour véritablement aborder l'analyse de ce sujet des stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises : facteurs économiques, facteurs politiques, il faut d'abord s'intéresser à définir le « Qui ? », c'est-à-dire à ces firmes multinationales chinoises, à l'historicité du phénomène et de leurs apparitions, à leurs relations avec le pouvoir central, à leurs secteurs d'activité..., avant de pouvoir s'intéresser aux stratégies d'expansion en elles-mêmes, c'est-à-dire le « Où ? », le « Comment ? », et le « Pourquoi ? ».

5 Joël RUET est docteur en économie de l'Ecole des mines de Paris et ingénieur civil. Spécialiste de la montée en puissance des firmes multinationales indiennes et chinoises, il est aussi chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et chercheur associé au Centre d'Economie Industrielle (CERNA) de l'école des mines de Paris.

Il est tout d'abord important de rappeler que même si la Chine est récemment passée à l'économie de marché et qu'elle a fait passer en 2007 une loi instituant la propriété privée (à l'exception de la terre qui reste la propriété de l'Etat), ce pays reste un pays communiste avec un parti unique, le Parti Communiste Chinois (PCC). Aujourd'hui la majorité des grandes entreprises chinoises ont encore plus de 50% de leurs capitaux qui sont propriété de l'Etat, Etat qui fait tout ce qu'il peut pour rester mettre des grands leviers de l'économie afin de mieux remplir ses objectifs, en effet le « pacte social chinois » repose simplement sur un lien autorité du régime/croissance économique, le peuple chinois tolérant l'autorité du régime tant que la richesse s'accroît et que l'impression d'un avenir meilleur pour la génération suivante est vivace. En 2008 avec la crise économique et le ralentissement de la croissance du pays a vu des émeutes se produire dans les campagnes et les difficultés d'emploi des jeunes diplômés amena à faire baisser la confiance des gens dans le régime, le retour de la croissance en 2009 calma à nouveau les tensions, cependant des problèmes persistent (surtout le taux de chômage des jeunes diplômés qui reste élevé). Face à cette baisse de confiance en l'Etat l'essor du privé continue, les jeunes gens y trouvant des opportunités que n'accorde plus le public à cause des problèmes de népotisme, de corruption et d'arbitraire. Or le gouvernement essaye tend bien que mal de ralentir cette croissance des entreprises privées en exerçant une réelle discrimination envers elles : difficulté d'accès aux aides publiques, difficulté d'accès au crédit (les banques chinoises étant toutes propriété de l'Etat), problème de clarté lors de jugements, interdiction de certaines fusions et acquisitions.... Ce conflit public/privé se retrouve aussi à l'international (échelle qui nous intéresse), avec des partenaires étrangers se méfiant beaucoup des sociétés publiques chinoises et des desseins du PCC après l'exemple entre Danone et son sous-traitant Wahaha6. Il est donc extrêmement important de comprendre avant tout le lien privé/publique qui existe en Chine pour analyser les grands acteurs qui s'implantent actuellement à l'étranger. Certes les entreprises publiques (dont la majorité du capital appartient à l'Etat) sont sur le sommet du podium à l'heure actuelle et obéissent le plus souvent à des missions dont les objectifs sont à caractère politique, mais il ne faut pas sous-estimer la monté en puissance rapide et non négligeable des firmes chinoises privées et des intérêts strictement

6 La Société Wahaha avait signé un contrat d'exclusivité de distribution de boissons non alcoolisées avec Danone pour le marché chinois, or Wahaha fit des ventes à son propre compte et viola les termes du contrat. Quand l'affaire éclata le PCC joua la carte du nationalisme face à l'étranger lors du jugement et donna raison à la société Wahaha, et Danone fut expulsé du marché chinois.

économiques liés à leur expansion. Il faut noter que les grands acteurs de l'économie chinoise (autant privé que publique) qui s'implantent à l'étranger se basent de plus en plus sur des intérêts strictement économiques et commerciaux pour définir leurs stratégies d'expansion, avec une aide toute relative de l'Etat et qui de plus tend à s'effacer avec le temps, à cause de la levée de boucliers des pays accueillant ces dites entreprises. Les entreprises autant privées que publiques tendent à s'émanciper (de façon limitée) de l'emprise de l'Etat chinois qui contrôle et planifie de moins en moins les stratégies des grandes entreprises au profit de simples incitations et aides partielles au développement.

Ayant compris quels sont les acteurs à l'origine de ces investissements à l'étranger et les enjeux qui existent liés à l'existence d'un parti unique en Chine : le PCC, il est désormais nécessaire de s'attacher à définir ce qu'est une « stratégie d'expansion » ou tout du moins comment ce terme est utilisé dans ce mémoire et de répondre aux questions du « Où ? », du « Comment ? » et du « Pourquoi ? ».

Le mot stratégie prend ses racines dans la langue grecque et plus précisément de deux mots : stratos qui signifie « armée » et agos qui signifie « conduite », aussi stratégie signifie : la conduite de l'armée. Selon Andrews7 : « La Stratégie est un modèle de décision avec lequel une entreprise détermine ses objectifs, formule les politiques et plans pour les atteindre, défini dans quel secteur opérer, quelle organisation elle entend construire, la nature des avantages économiques et non économiques qu'elle entend donner aux actionnaires, clients, partenaires et communautés locales ». Plus précisément nous nous intéressons ici aux stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, nous devons restreindre l'analyse alors aux différentes stratégies employées par ces firmes afin de s'implanter dans de nouveaux marchés, et ce, pour des raisons très diverses.

Aujourd'hui, les firmes multinationales chinoises se placent sur différents marchés que nous pouvons diviser en deux catégories : les pays développés (marché nordaméricain, et marché européen), les pays émergents et en voie de développement (marché

7 Kenneth R. Andrews (1916-2005) economiste à la Harvard Business School, il est notamment célèbre pour être l'un des fondateurs du modèle d'analyse interne (forces/faiblesses) et externe (contraintes/opportunités), dit LCAG, de la stratégie, avec Learned, Christensen et Guth.

sud-est asiatique, marché russe, marché Hongkongais, marché taïwanais, marché latino américain et enfin le marché africain). Or les firmes multinationales chinoises selon leurs tailles, leurs expériences, leurs moyens financiers, leurs secteurs d'activités et bien sur leurs objectifs ne s'implantent pas toutes sur les mêmes marchés et quand elles le font, elles ne le font pas toutes de la même façon. En effet, le marché européen attire plus les très grandes firmes multinationales chinoises qui sont à la recherche d'acquisition de nouvelles technologiques et qui implantent pour cela des centres de Recherche et Développement, comme la société spécialisée dans les télécommunications Huawei qui en 2009 fut la première à installer un centre de Recherche et Développement en Ile de France tout en signant un partenariat avec ParisTech, qui est une institut regroupant 12 grandes écoles françaises, afin de faire des recherches dans de nouvelles technologies sans fils. De plus les firmes chinoises s'implantant dans les pays développés sont pour la plupart des entreprises avec une plus grande expérience et qui commencent à accumuler des Fusions et Acquisitions comme la société Lenovo précédemment citée qui racheta la division PC d'IBM. Sur les marchés de pays en voie de développement, les entreprises chinoises sont souvent plus à la recherche d'acquisition de ressources naturelles comme en Afrique ou de nouveaux marchés pour pouvoir écouler leurs marchandises comme en Amérique Latine ou dans l'Asie du Sud-Est. Il existe cependant d'autres raisons pouvant expliquer le choix d'expansion dans tel ou tel pays comme : vouloir contourner des mesures protectionnistes mises en place par le gouvernement local ou des quotas d'importation de produits chinois, délocaliser des branches de la production afin de fuir l'augmentation des salaires en Chine... Cependant, dans chaque choix de stratégie, le poids du gouvernement chinois pèse bel et bien au travers des aides mises en place et des soutiens diplomatiques que ce dernier peut fournir, ceci étant particulièrement vrai pour le cas du marché africain8.

Cependant, cette expansion reste encore entravée par de nombreux problèmes et carences des firmes chinoises. Le poids du PCC tend à effrayer les gouvernements locaux, ce qui pénalise les firmes multinationales chinoises, ces derniers ont peur que des objectifs purement politiques amènent à un faible développement du pays en question sur

8 Le cas du marché africain est extrêmement intéressant et complexe à analyser à cause des aides officielles au développement (AID) qui ont tendance à se mélanger avec les IDE des firmes chinoises. Il est vrai que bon nombre d'AID ont pour but de faciliter l'arrivée d'IDE chinois à travers la construction de locaux pour accueillir les bureaux de firmes chinoises ou des exploitations agricoles qui exportent leurs récoltes uniquement vers la Chine.

un angle économique, et qu'ils se retrouvent à devoir répondre aux objectifs politiques d'un pays étranger. Les entreprises chinoises qui possèdent encore peu d'expériences se focalisent encore sur les joint-ventures pour s'implanter dans de nombreux pays, elles possèdent notamment peu de moyens financiers pour supporter une fusion acquisition, et ne savent encore bien gérer les conséquences d'une fusion acquisition sur la culture d'entreprise. Le manque d'information et de conseils amène aussi à des pertes énormes et à de nombreux échecs d'expansion, comme pour l'entreprise Sichuan Tengzhong9. Enfin la réputation des entreprises chinoises et de la qualité des produits étant encore mauvaises, pénalise ces dernières pour l'écoulement de leurs marchandises, comme pour la société Haier spécialisée dans la production de biens électroménagers (en particuliers des réfrigérateurs) et de biens audiovisuels (télévision, casque audio,...).

Malgré de nombreuses difficultés et entraves, l'expansion des firmes multinationales chinoises continue, et ces dernières adaptent leurs stratégies face à ces différentes contraintes. Cette expansion reste continue et prend de plus en plus d'ampleur malgré sa petite taille actuelle. Ainsi donc, cette idée sera le fil rouge de ce mémoire, voir comment malgré des limites et une certaine jeunesse, ce mouvement d'expansion des firmes chinoises n'en est pas moins en phase d'accélération.

Ce mémoire se construira ainsi autour de deux parties complémentaires. Tout d'abord, les caractéristiques empiriques des firmes chinoises, c'est-à-dire leurs influences, et leur organisation actuelle. Par la suite, les formes et les facteurs d'expansion des firmes chinoises, avec la division des marchés et les raisons d'investissement autant économiques, que politiques.

9 L'entreprise Sichuan Tengzhong spécialisée dans la construction de routes et de machines d'entretien tenta le rachat à General Motors de sa marque Hummer, cependant le projet fut rejeté par Pékin jugeant l'entreprise trop inexpérimentée pour une telle acquisition.

Première partie :

Les caractéristiques empiriques des firmes

multinationales chinoises

Pour comprendre réellement les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, il faut tout d'abord baser notre point de vue sur un angle historique. En effet en 1979 la Chine sous l'impulsion du PCC décide d'ouvrir son économie, mais comment cette ouverture c'est elle réalisée ? Le miracle économique que connaît ce pays ne doit surtout pas nous faire oublier le passé de ce dernier et son ancienne économie dirigiste mise en place par Mao Zedong (\u27611-Ñ?? : Máo Zédông) en 1949 après la proclamation de la République Populaire de Chine (\u20013'†?A\u27665-*flI1 : Zhônghuá Rénmín Gònghéguó) . Oublier ce passé empêcherait de comprendre le lien étroit existant encore de nos jours entre l'économie et le politique en Chine malgré la mise en place d'une économie socialiste de marché. De plus on ne saurait faire l'économie de l'étude de l'Histoire moderne de la Chine avant l'arrivée au pouvoir du PCC en 1949, les sources de la soumission ou tout du moins de la mise sous tutelle des enjeux économiques face aux enjeux politiques se trouvant dans le système de l'ancien régime impérial chinois avec la dynastie Qing (\u28165ê'*J : Qîng Cháo ).

C'est dans l'Histoire qu'on peut trouver les réponses qui nous permettrons de comprendre le lien économie/politique qui existe en Chine. Lien qui a une influence capitale pour pouvoir comprendre les formes des entreprises chinoises, ces dernières étant le plus souvent des entreprises détenues par l'Etat pour les plus puissantes d'entre elles, mais où le privé est quand même en progression. Les secteurs d'activité des firmes multinationales chinoises, les marchés où elles vont s'implanter, mais surtout les caractéristiques des IDE chinois, ces derniers ont connus depuis le début des années 1980 d'importants changements de part leur taille et leur indépendance face au gouvernement central.

Chapitre I : Les FMN chinoises et l'influence du

gouvernement :

L'influence du politique sur l'économie en Chine semble à première vue un point de réflexion assez facile à concevoir dans ce pays qui a connu le communisme depuis 1949. Cependant cette influence remonte bien avant l'arrivée au pouvoir des communistes, et même bien avant la mise en place de la République de Chine ('4'?\u27665-ç : Zhônghuá Mínguó) qui dura de 1912 à 1949. Ce lien existe en effet depuis la période impériale et certes même si le but de ce mémoire n'est pas de retracer toute l'Histoire de Chine depuis le premier empereur Qin (\u31206ê`énçc'é : Qín Shi Huángdì) en 221 avant Jésus Christ, il est important d'évoquer cette tradition que le PCC n'a fait que réutiliser pour pouvoir plus facilement mettre en place sa politique dirigiste.

La compréhension de l'existence de ce lien est primordiale pour pouvoir alors mieux aborder d'autres points comme les formes des entreprises chinoises. Dans un pays de tradition communiste il est normal de rencontrer aujourd'hui de nombreuses entreprises dont l'actionnaire majoritaire est l'Etat chinois, cependant comment expliquer alors l'arrivée des grandes entreprises privées chinoises ? Et surtout quelles sont les relations que le gouvernement chinois tient-il avec ces firmes privées ?

A) Historicité :

L'histoire de la Chine est une histoire plus que deux fois millénaires et que l'occident aime à dater à partir de 221 avant Jésus Christ avec l'établissement du premier empire par la dynastie Qin. Ici pour faciliter l'analyse, nous pouvons alors nous permettre de diviser l'histoire de ce pays en trois grandes périodes. La première période est la période impériale qui s'étend de -221 jusqu'à 1912 où nous ne retracerons pas du tout toutes les dynasties qui se sont succédées pendant cette période, mais nous mettrons en avant comment la tradition a mis le politique au-dessus de l'économie.

La deuxième période est la période communiste qui s'étend de 1949 avec l'arrivée au pouvoir du PCC et l'ouverture du pays avec Deng Xiaoping en 1978, on pourrait appeler cette période, la période du communisme « pur». Finalement la troisième période s'étend depuis l'ouverture de la Chine jusqu'à nos jours : c'est la période de l'économie socialiste de marché.

a) La période impériale (avant 1912) :

La période impériale chinoise s'étend officiellement de -221 à 1912. Le régime se caractérise à ses débuts par un pouvoir absolu très fortement centralisé autour de l'empereur aidé par une administration composée de nombreux fonctionnaires très développée. Ce système permit à la Chine très tôt de réunir suffisamment de capitaux afin de financer de nombreux projets scientifiques et d'infrastructures, en effet dès le IIe siècle avant Jésus Christ les chinois maîtrisaient déjà la transformation de la fonte en acier et dès le Ie siècle avant Jésus Christ ces derniers utilisaient la technique des forages profonds pour exploiter les gisements de gaz naturel de la province du Sichuan10.

Cette capacité à réunir très tôt des capitaux au moment où l'Europe occidentale se divisait en nombreux royaumes permit à la Chine de financer de nombreux projets (boussoles, routes, le grand canal 11 ...) et de prendre une avance technologique remarquable. L'intérêt de ces quelques exemples est de montrer que l'Etat chinois a toujours été à l'origine de grands projets coûteux en capitaux. Ainsi au lieu de permettre la naissance d'une bourgeoisie commerçante et d'une forme de capitalisme, l'Etat impérial chinois a tout au long de son existence monopolisé la majeure partie des capitaux du pays au détriment des marchands... Cette façon de faire montre l'origine de la soumission des enjeux économiques aux enjeux politiques, c'est aussi une décision politique qui obligea la Chine à se fermer sur elle-même durant la dynastie Ming ce qui la

10 Robert TEMPLE, Le génie de la Chine, 3000 ans de découvertes et d'inventions, Arles, 2007, Editions Philippe Picquier, 288 pages, page.15.

11 Le Grand canal (\u22823å?\u27827%oÍ : Dà Yùnhé), permet de relier la ville de Pékin à celle de Hangzhou à côté de Shanghai. Les premières preuves de son existence datent du Ve siècle avant Jésus Christ, mais il fut rallongé et amélioré au cours des différentes dynasties.

coupa du reste du monde jusqu'en 1839 avec la première guerre de l'opium12 sous la dynastie Qing.

Cette soumission des intérêts économiques face aux intérêts politiques durant la période impériale eu deux conséquences majeures, l'une directe et l'autre indirecte. La conséquence directe fut l'avortement de la naissance d'un possible système capitaliste privé en Chine. En contrôlant la majorité du capital, l'empereur ne permettait pas à des marchands d'obtenir les capitaux suffisant pour permettre à leurs commerces de prospérer, qui étaient de plus contraints par l'interdiction de sortir des frontières du pays et de faire tout commerce avec l'étranger même proche. Il ne faut pas oublier aussi que lors du déclin d'une dynastie les empereurs accumulaient les gaspillages et donc une mauvaise redistribution des moyens financiers, il fallait alors attendre un changement de dynastie afin de permettre une allocation à nouveau rentable des ressources financières. Cette théorie permet alors de comprendre et d'expliquer le dépassement de la Chine par l'occident, en effet alors que l'occident séparait capitalisme et politique (avec l'avènement des théories libérales d' Adam Smith et le déclin des théories mercantilistes) ce qui permettait de continuer à accroître la richesse d'un pays malgré la mise en place d'un gouvernement incompétent, la Chine elle connaissait un arrêt brutal car toutes les administrations gravitant autour de la personne de l'empereur13. En réalité il exista bien un début de système capitaliste qui naquit qu'à la fin de la dynastie Qing avec le premier réseau de banques privées de la ville de Pingyao, cependant ce dernier trop jeune ne put résister à la concurrence exercée par les banques occidentales qui arrivèrent dès l'année 1842. La conséquence indirecte, elle, était non prévue : c'est une meilleure prise de l'idéologie communiste au sein des populations. L'idéologie communiste qui prônait un dirigisme actif de l'économie par le gouvernement faisait alors tout naturellement écho à la tradition impériale chinoise et permit de mettre assez facilement le système en place dès 1949.

12 La première guerre de l'opium (1839-1842) opposa le Royaume-Uni à l'Empire des Qing. Les historiens retiennent cette date comme le début du déclin de la dernière dynastie impériale et l'ouverture du pays aux occidentaux.

13 Robert TEMPLE, Op. cit., p.10.

b) La période communiste « pur » (1949-1979) :

L'arrivée au pouvoir du PCC en 1949 marque la fin de 22 années de guerre civile et de l'invasion japonaise, le pays est alors à reconstruire sous un dirigisme économique fort et les investissements à l'étranger sont interdits. La Chine se referme économiquement à nouveau sur elle-même, fermeture qui dura jusqu'en 1979. Cependant, la période se marque par une réelle révolution au sein de l'économie chinoise et la naissance des premières grandes entreprises chinoises dont certaines existent encore aujourd'hui. Si on s'attarde sur cette période on peut même se permettre de la diviser en trois sous périodes qui sont : la période de l'économie planifiée (1953-1957), les années troubles (1958-1970), et la normalisation (1970-1978)14.

En 1949, la Chine qui sort à peine d'une guerre civile et mondiale se retrouve avec un appareil économique totalement détruit. Deux grands pôles se dégagent : la région de Shanghai spécialisée dans le textile grâce à la présence occidentale qui permit à une classe de bourgeois chinois de voir le jour et la Mandchourie qui se développa dans l'industrie lourde avec la présence japonaise. Cependant la situation dans les campagnes, elle, ne s'améliora pas et ces deux grands pôles de l'industrie chinoise n'ont pu permettre d'entraîner le développement du reste du pays. La victoire des communistes se marque au début par un ménagement de la bourgeoisie shanghaienne afin d'améliorer la situation économique du pays poussée de plus par les prêts accordés par l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). 1953 est l'année du lancement du premier plan quinquennal (influencé par les plans de l'URSS) qui avait pour but d'améliorer la production de l'industrie lourde, le bilan est un succès avec une multiplication de la production du charbon par deux, celle de l'industrie par 2,3 : c'est dans ce contexte que naît une petite entreprise collective qui fabrique des réfrigérateurs et qui devient en 1984 l'entreprise Haier.

Or à partir de l'année 1956, les relations sino-soviétiques se dégradent pour arriver à une rupture définitive en 1960 avec le départ des ingénieurs soviétiques du sol chinois : c'est le début des années difficiles pour la Chine. Deux grandes réformes vont plonger

14 Françoise LEMOINE, L'économie de la Chine, Paris, 2006, Collection REPERES, quatrième édition, Editions La Découverte, 125 pages, p.17.

l'économie chinoise dans la dépression : le Grand Bond en avant (1958-1961) et la Révolution culturelle (1966-1970). Ces deux réformes vont avoir des conséquences dramatiques sur la production industrielle chinoise qui s'écroule, la famine revient et coûte la vie à soixante millions de Chinois : ces réformes sont un échec total qui va avoir des conséquences sur le pays (en particulier la formation des cadres) qui vont durer jusqu'aux années 80.

L'échec de ces deux réformes amena le comité central du PCC à adopter des programmes plus pragmatiques et modestes : c'est le période du retour au calme. Le but est de rehausser le niveau de vie des chinois et d'améliorer l'économie chinoise grâce à des importations de technologies venant de l'étranger. Ces idées sont alors défendues à l'époque par l'un des vice-présidents du comité central du PCC qui n'est autre que Deng Xiaoping. Cette période est aussi surtout marquée par la fin de l'influence de Mao Zedong sur le PCC, ce dernier affaibli par la maladie de Parkinson meurt le 9 septembre 1976 à Pékin. La Chine se prépare dès cet instant et grâce à l'influence grandissante de Deng Xiaoping à l'ouverture. Ouverture qui se veut maîtrisée pour éviter que l'économie chinoise ne soit rachetée par l'étranger.

c) L'ouverture de la chine et le concept d'économie socialiste de marché (après 1979) :

Deng Xiaoping ( ? \u23567è#172; \u24179ï½ : dèng xiaopíng) ouvre la Chine dès 1979 aux investisseurs étrangers à travers des Zones Economiques Spéciales (ZES) et dont la première fut le village de Shenzhen aujourd'hui devenu une ville de plus de dix millions d'habitants. Ces zones se sont ensuite multipliées tout le long de la côte chinoise afin d'accueillir les investisseurs étrangers. Cependant, les conditions d'accès à ces zones restent strictes : le PCC n'ayant pas libéralisés tous les secteurs de l'économie (comme les banques où l'énergie), il oblige de plus les entreprises étrangères à établir des joint-ventures avec les entreprises locales et à laisser les usines en état en cas de délocalisations. Le but de ces règles est de permettre à l'économie chinoise de bénéficier de transferts de compétences (Ressources Humaines, Responsabilité Sociale de l'Entreprise, Comptabilité...) et de technologies (avionique...). Ces transferts permettent l'émergence de grandes entreprises chinoises et la consolidation d'anciennes, mais ces dernières sont au départ pour la quasi-totalité des entreprises d'Etat (Haier,

Petrochina,...). Ces entreprises d'Etat connaissent de plus en 1998 une réforme importante afin de « laisser partir les petites et conserver les grosses » (1)11t/iN : Zhuâ dà fàng xiao), cette réforme permet alors l'émergence de grandes entreprises bien plus compétitives qui peuvent se lancer sur les marchés internationaux. Cette période marque aussi le début des premiers investissements à l'étranger pour les entreprises chinoises qui s'installent alors en Amérique du Nord et en Océanie, elles y vont pour acquérir des ressources naturelles nécessaires au marché chinois (mines, fonderies d'aluminium, scieries, et extraction pétrolière). Ces premiers investissements non jamais excédés un milliard de dollars et ont tous été réalisés par des entreprises publiques. L'Etat étant toujours un Etat communiste, les IDE sont soumis à une décision politique et chaque projet doit être validé par les institutions mises en place par le régime. Cette procédure administrative lourde explique la faiblesse des investissements, procédure toujours en vigueur aujourd'hui mais qui s'est nettement allégée afin de permettre une augmentation des investissements à l'étranger des firmes chinoises. Actuellement chaque projet supérieur à un million de dollars doit d'abord être approuvé par L'Administration d'Etat des Devises Etrangères (AEDE, NIV'MtgA : Guójiâ wàihuì guanli jú) avant de

pouvoir être envoyé au ministère du commerce de la République Populaire de Chine (ll

*AKA*11NIO*113 : Zhônghuá Rénmín Gònghéguó shângwù bù) afin d'obtenir la validation finale.

Cependant, l'ouverture de la Chine a permis avec le temps la naissance de grandes entreprises privées chinoises qui sont apparues pour la plupart dans le sud de la Chine grâce à une ouverture plus récente à l'étranger15. Sur 3000 questionnaires envoyés, le conseil chinois pour la promotion du commerce international en reçu 1377 valides et permis d'établir les statistiques suivantes : 21,6% des entreprises chinoises se situent dans la province du Guandong, 11,2% dans la province de Shandong, 10,9% de la province de Zhejiang et 10% de la province de Jiangsu. Pour plus de clarté, il est intéressant de diviser les provinces chinoises en cinq grandes régions économiques qui sont : Le delta de la rivière Yangtze, le delta de la rivière des perles, Dalian, le centre de la Chine, le

15 D'après l'échantillonnage sur lequel s'est basé le conseil chinois pour la promotion du commerce international pour son étude sur les firmes multinationales chinoises : Survey on Current Conditions and Intention of Outbound Investment by Chinese Enterprises, Pékin, avril 2010. Rapport écris en collaboration avec la commission européenne et la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).

Grand ouest et Autres16 (voir graphique I.A.1). L'analyse historique permet alors de comprendre cette répartition : le développement du delta de la rivière Yangtze commença avec la présence étrangère à Shanghai après la guerre de l'opium, le delta de la rivière des perles est la première ZES mise en place en Chine sous la présidence de Deng Xiaoping, Dalian est une ville portière de Mandchourie qui se développa sous l'occupation japonaise et plus tard l'influence communiste, le centre de la Chine, quand à lui, se développe tout récemment depuis que la ville de Chongqing (\u-28211èd? : Chóngqìng) est devenue l'une des quatre municipalités directement sous le contrôle central du PCC avec Pékin (\u21271-kú : bìijîng), Tianjin (\u22825«V' : Tiânjîn) et Shanghai (\u19978èãC : shànghai) .

Graphique I.A.1 : Distribution par régions de l'échantillonnage d'entreprises

14%

10%

20%

7%

22%

27%

Delta de la rivière Yangtze Delta de la rivière des perles Dalian

Centre de la Chine

Grand Ouest

Autres

Source: China council for the promotion of international trade.

Ce rapide rappel historique permet alors de mieux saisir la situation actuelle du paysage économique chinois (forte présence encore des entreprises publiques, contrôle de l'implantation des firmes étrangères, contrôle et limitation des IDE sortant de Chine...). Pays bien différent des pays occidentaux et de notre tradition économique capitaliste. La Chine est un pays qui n'a connu qu'un premier contact très violent avec le capitalisme à travers les traités inégaux17 et la présence occidentale. Cette période est aujourd'hui très présente dans l'inconscient du peuple chinois où se dernier y plonge les racines de son

16 Tibet, Mongolie intérieure, Yunnan...

17 Les traités inégaux furent signés entre la Chine et le Royaume Uni, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Russie et les Etats-Unis à partir de 1842. Ces derniers permettent alors au Royaume Uni (premier pays à les imposer) de récupérer Hong Kong, et plus généralement d'accorder des comptoirs aux pays signataires ainsi que la libre importation et exportations des marchandises. La ville de Qingdao devient alors Allemande, tandis que la France récupère Chongqing. Shanghai quand à elle est communément dirigée par les puissances étrangères.

nationalisme. L'ouverture aux marchés ne pouvait alors que se faire de façon contrôlée et limitée en 1979 pour un PCC qui avait alors peur de perdre les rênes du pouvoir.

B) Les formes d'entreprises :

L'angle historique bien qu'utile pour comprendre l'origine des grandes tendances de l'économie chinoise, et ici tout particulièrement en ce qui concerne l'évolution des firmes chinoises, n'est pas suffisant pour une analyse profonde des stratégies d'expansion de ces dernières. Il faut s'intéresser désormais à l'état actuel des firmes chinoises qui investissent à l'étranger et leurs liens avec le pouvoir central, qui bien que diminué n'en reste pas encore moins incontournable. Ces entreprises chinoises qui ont la capacité d'investir à l'étranger (et qui le font) peuvent se diviser en trois catégories: Les entreprises d'Etat (elles sont aujourd'hui les plus nombreuses et représentent la première catégorie), les entreprises semi-privées ou semi-publiques (cette deuxième catégorie assez récente regroupe les entreprises d'Etat qui ne répondent à pratiquement aucun objectif publique, elles se comportent totalement comme des entreprises privées seulement intéressées par le profit), et les entreprises privées (elles sont les plus récentes et les moins nombreuses mais connaissent une rythme de développement non négligeable). Cependant, deux de ces trois catégories ont de forts liens entre elles et ont tendance à fusionner avec le temps, à l'avenir il ne serait pas étonnant que la première catégorie disparaisse en se fondant dans la deuxième.

a) Les entreprises d'Etat :

Les entreprises d'Etat sont aujourd'hui à l'origine de la majorité des IDE chinois et représentent la grande majorité des entreprises chinoises qui investissent à l'étranger, en effet ces dernières contrôlaient en 2005, 84% du stock d'IDE. En 2006, les dix entreprises qui ont réalisé les plus gros investissements à l'étranger sont toutes des entreprises d'Etat (SINOPEC, CNPC, CNOOC, China Resources Holgings Co., China Mobile...)18 . Elles sont de plus en quasi monopole sur de nombreux secteurs, tel que le secteur bancaire, les assurances, l'énergie et l'extraction de matières premières. Malgré l'ouverture de la Chine aux marchés mondiaux et son entrée au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) le 11 Décembre 2001, l'Etat refuse encore de se débarrasser d'un levier important pour diriger l'évolution économique de la Chine en

18 Mais aussi : COSCO, CITIC GROUP, COFCO, China Merchants Group et SINOCHEM Corporation.

préférant tel ou tel secteur d'activité, telle ou telle région à développer... Ces entreprises d'Etat bénéficient de plus d'appuis formels et informels du PCC à travers : des facilités d'accès au crédit, un accès privilégié à l'information, des procédures administratives « allégées ». Or en contrepartie depuis 2004, ces grandes entreprises d'Etat obéissent à la Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de l'Etat (CSAAE), cette commission qui fut créée afin de mieux gérer les actifs de l'Etat (deux cent grandes entreprises) décide des orientations stratégiques des entreprises (tout particulièrement les fusions et acquisitions), des investissements à l'étranger, et nomme les dirigeants. Du fait de leurs statuts, ces entreprises assurent, pour la grande majorité d'entre elles, d'importantes fonctions sociales (protection sociale, logement des employés, bourse d'études pour les enfants...), or ces fonctions sociales représentent un coût élevé et de plus en plus d'entreprises d'Etat refusent de les assumer ou les transfèrent aux autorités locales.

Il est vrai que malgré qu'elles occupent encore une place prépondérante dans l'économie chinoise, les grandes entreprises chinoises sont en perte de vitesse. Depuis le milieu des années 1990, l'Etat n'a cessé de privatiser de nombreuses entreprises soit en les revendant aux dirigeants en place, soit en les vendant à des fournisseurs de capitaux étrangers. La proportion d'effectifs employés ne cesse de baisser et en particulier en ce qui concerne les travailleurs urbains, en effet en 1978, 78% des travailleurs urbains travaillaient dans des entreprises d'Etat, cette proportion passe à 60% en 1995 avant d'atteindre 25% en 200419. Sur le plan interne (le marché chinois), les entreprises souffrent de la corruption et du népotisme, deux choses qui font fuir les meilleurs cadres qui ont désormais tendance à se tourner plutôt vers le secteur privé (entreprises chinoises et étrangères confondues). Sur le plan externe (marchés étrangers), les entreprises d'Etat

doivent faire face à la mise en place de systèmes de protection de la part des Etats elles investissent, les autorités locales leurs reprochant de mauvaises gestions financières

et une trop forte influence du PCC20. En effet, l'influence directe du PCC sur ces
entreprises qui amène à une division floue de la responsabilité entre les dirigeants de
l'entreprise et Pékin reste un frein majeur à leur développement, de nombreux Etats

19 China statistical yearbook, éditions 1978/1995/2004.

20 En juillet 2010, 50 membres du congrès des Etats-Unis ont demandé une enquête sur le rapprochement entre Ansteel (chinois) et la société américaine Steel Development Co., car ce rapprochement pouvant « menacer les emplois et la sécurité nationale ». Chine nouvelle, le 20.07.2010.

refusant de voir leurs économies respectives se développer selon les ordres et les intérêts du PCC. Cette influence directe du parti pousse à une prise de décision répondant à des objectifs qui ne sont pas totalement économiques mais aussi politiques, les autorités locales craignent alors que le développement de leurs régions n'amène donc pas à une augmentation de la richesse de la zone ciblée.

b) Les entreprises semi-privées ou semi-publiques :

Les entreprises semi-privées ou semi-publiques sont un cas assez atypique qui fut inventé par le PCC pour résoudre les problèmes d'image et de réputation des entreprises d'Etat tout en gardant un contrôle total de ces dernières. Ces entreprises ont commencé à se multiplier à partir de la fin des années 1990 en parallèle d'une réforme de l'Etat. A partir de 1998 et le début des années 2000, Pékin abandonna petit à petit un contrôle dirigiste et rigoureux des entreprises d'Etat et surtout de leurs politiques d'investissement à l'étranger afin de préparer son entrée à l'OMC en 2001. L'Etat chinois commença à émettre des politiques plus incitatives que réellement dirigistes (à l'exception de secteurs clés comme l'extraction des ressources premières et les hautes technologies) et cela tout en poussant les entreprises d'Etat à se réformer de différentes manières. Ces dernières n'assurent plus les fonctions sociales caractéristiques des entreprises d'Etat et n'ont pour seul objectif que de faire des profits au même titre que des entreprises privées. Pour ces entreprises, l'Etat céda une partie du capital social (tout en restant majoritaire), ouverture aux financements privés chinois et parfois étrangers. Ces entreprises font de plus appel à l'expertise étrangère en faisant entrer des étrangers dans leurs « maisons mères » comme China Mobile, et sont (pour certaines) cotées à la bourse de Shenzhen. Cependant tout en se libéralisant sur le plan de la prise de décision et d'élaboration des stratégies, ces entreprises continuent à recevoir un soutien fort des administrations publiques (même si ce soutien s'exerce de façon plus discrète). Elles bénéficient en effet d'une aide à l'accès au crédit et de procédures administratives simplifiées. En cas de visites officielles du président chinois à un Etat étranger, ces dernières le suivent pour bénéficier d'un appui politique au moment de la signature des contrats, appui qui se poursuit alors après la visite par les services de l'ambassade de la république populaire de Chine dans ce pays. Cette nouvelle forme d'organisation des entreprises d'Etat permit une réelle

modernisation des politiques d'expansion de ces dernières et une meilleure allocation des ressources financières ainsi que du capital humain. Elle permit de plus de débarrasser ces entreprises de tâches coûteuses et non rentables pour ces dernières avec la suppression de l'obligation d'assurer des fonctions sociales. Ces entreprises cumulent donc de nombreux avantages : une plus grande autonomie de gestion avec un soutien toujours extrêmement fort des autorités chinoises. Or l'accumulation de ces avantages n'exclue pas l'existence de problèmes contraignant leurs développements.

En effet, malgré une aide plus fine du gouvernement chinois à ses entreprises d'Etat, les critiques que les entreprises étrangères émettent restent les mêmes. L'influence et le soutien du PCC ne reste qu'une forme de « dumping »21 officieux, qui permet à ces entreprises d'être plus compétitives que d'autres (surtout les entreprises privées chinoises). Or la Chine en 2001 accéda à l'OMC et accepta de libéraliser son économie, mais cette libéralisation rencontre encore des soucis au niveau de son application à l'échelle de grandes entreprises qui se révèlent utiles pour le gouvernement chinois. Cette politique étouffe de plus le développement d'un secteur privé autonome en Chine qui à long terme pourrait se révéler bien plus efficace que le secteur public en terme de croissance et d'expansion vu que ce dernier peut se targuer de ne pas bénéficier de soutiens directs du gouvernement. Cette nouvelle forme d'organisation amena aussi de façon indirecte à un problème de gestion des externalités de l'entreprise, en effet le fait d'avoir pu abandonner les fonctions sociales qui s'exercent aux entreprises d'Etat classiques rend ces entreprises semi-privées réticentes à toute forme de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) 22 . Ce problème se retrouve en dehors de la Chine particulièrement présent en Afrique, où les entreprises chinoises se retrouvent à devoir faire venir des travailleurs chinois pour travailler sur place étant donné que les travailleurs locaux sont plus prompts à protester face à des excès de la hiérarchie. Le cas est particulièrement vrai pour l'extraction des matières premières et le travail dans les mines, qui sont les secteurs souffrant le plus du manque de RSE de la part des firmes

21 Le « dumping », où la vente à prix prédateurs en français est une forme d'aide que les Etats mettent en place pour soutenir une part fragile de leur économie face à la concurrence. Ces derniers poussent les entreprises à vendre leurs produits au prix le plus bas possible (voir à perte) et s'engagent à compléter la différence avec les prix réels du marché.

22 La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un concept en économie qui veut que l'entreprise cherche à gérer ses externalités autant écologiques que sociales. Ce concept s'il est utilisé doit de alors rentrer en compte lors la formation de la stratégie. Pierre Batellier et Emmanuel Raufflet, Responsabilité sociale de l'entreprise, Paris, 2008, Presses internationales Polytechniques.

chinoises : la mine de Chambishi en Zambie exploitée par l'entreprise Non-Ferrous Company-Africa (NFCA) en est une parfaire représentation23. Cependant paradoxalement, un leader dans la mise en place d'une réelle politique en faveur de la RSE est une entreprise semi-privée : China Mobile. Son fondateur et actuel Président Directeur Général (PDG) , du nom de Wang Jianzhou (\u29579%oOE'à : Wáng Jiànzhòu), mit en place une RSE très complète en cinq points : « Ruralité » (politique visant à permettre de relier de nombreux villages isolés à des réseaux de télécommunication : ils sont 60 000 à l'heure actuelle), « Vie » (ce programme a pour but de gérer des crises naturelles et autres : en 2008 la compagnie dépensa 1,15 milliards de Yuan après le tremblement de terre du Sichuan) , « Culture » (le but de ce programme est d'avoir une action positive pour la défense des cultures et des patrimoines : restauration d'une partie de l'ancien palais d'été de Pékin ([1 t : Yuánmíng Yuán), « Environnement » (est le point phare de la RSE développée par China Mobile : recyclage de batteries de téléphones portables et de cartes SIM, utilisation d'éoliennes et de panneaux solaires pour alimenter des relais téléphoniques...), et « Bénévolat » (politique d'aménagement pour des handicapés, soutien à la scolarité dans des pays d'Afrique...). L'ensemble de ces programmes permit à China mobile de devenir la première et seule entreprise chinoise à être cotée au Dow Jones Sustainability Index24.

c) Les entreprises privées :

Les entreprises privées représentent une partie encore infime des firmes multinationales chinoises le plus souvent pour des raisons politiques et de discriminations (plus ou moins officielles), cependant ces dernières augmentent par le nombre et risquent de devenir dans un avenir proche de sérieux concurrents pour les entreprises d'Etat. C'est à partir de 2004 avec la révision constitutionnelle que la propriété privée est finalement reconnue comme inviolable à condition que cette dernière ait été acquise légalement, ce qui a permis l'accélération du développement de ces dîtes entreprises privées chinoises. Ces dernières occupent aujourd'hui un rôle dominant dans l'économie chinoise (2/3 du

23 La mine de Chambishi jouie d'une mauvaise réputation. Les travailleurs y ont les salaires les moins élevés et des conditions de travail plus dangereuses qu'ailleurs. En 2005, une usine d'explosifs appartenant à la NFCA explose et en 2006, cinq employés meurent après de violentes protestations. Phillipa Jones, 2009, Research China Network.

24 Cet indice lancé en 1999 est le fruit d'une coopération étroite entre l'indice du Dow Jones et le SAM (Sustainability Asset Management) qui évalue les entreprises les plus performantes en terme de RSE.

Produit Intérieur Brut de la Chine en 2003-2004), mais ces dernières sont encore très rares à avoir atteint un stade de développement suffisant pour se lancer dans des stratégies d'expansion. Cependant certaines firmes multinationales chinoises commencent à devenir de grands groupes reconnus comme : Lenovo (?\u24819zèW?\u26377LOEÀOEö

\u21496éi : Liánxidng jítuán yöuxiàngongsi) après le rachat de la branche PC d'IBM en 2005,

Suntech Power (\u23578è®ú° : Shàngdé) qui est le plus gros producteur mondial de modules solaires en silicium et qui depuis 2005 est cotée au New York Stock Exchange25, et ZTE (\u20013'†? \u-28646'ÊêMOEÒ?\u26377LOEÀOEöéi : Zhongxing Tongxìn Güfèn Yöuxiàn Gongsi) entreprise spécialisée dans les réseaux de télécommunication et leader dans ce secteur, elle est présente en France depuis 2006 avec l'installation d'un centre technique à Poitiers et elle installe en 2009 à Boulogne-Billancourt le siège de sa division Europe et Amérique du Nord. Ces rares entreprises encore à l'heure actuelle connaissent un véritable succès et sont désormais de sérieux concurrents pour les autres firmes multinationales. Ce succès peut s'expliquer par différents facteurs autant économiques que politiques, sociologiques...

Ces entreprises chinoises privées ont bénéficié tout d'abord de l'ouverture des frontières par l'arrivée d'une expertise étrangère (des entreprises étrangères ainsi que des cadres, des ingénieurs) et en même temps de l'envoi d'étudiants des les universités étrangères, comme l'actuel PDG et fondateur de Suntech Power le docteur Zhengrong Shi (\u26045é{ê? : Shi Zhèngróng) qui obtint en 1992 son doctorat en génie électrique à l'université de Nouvelle-Galles du Sud d'Australie, avant de fonder sa société en 2001. Cette ouverture permit une acquisition d'un « savoir-faire » qui manquait alors aux entreprises d'Etat chinoises et qui a permis aux entreprises privées (plus souples et non sensibles à l'expérience dirigiste) de se réformer afin de lutter face à la concurrence mondiale. Ensuite l'absence d'aide politique et d'un réel lien avec le PCC permit à ces entreprises de jouir d'une meilleure réputation que les entreprises d'Etat chinoises au moment de leur implantation dans des pays étrangers, cette absence d'inquiétude permet à ces dernières d'éviter de nombreuses barrières lors de leur expansion, comme c'est le cas pour la société ZTE qui signa des contrats avec Vodafone, Telus, et France telecom et

25 Le New York Stock Exchange (la bourse de New York en français) date de 1792 après la signature de « l'accord de Buttonwood », elle est la plus grande place boursière du monde.

put, par la suite, s'implanter sur les marchés britanniques, canadiens et français. Cette accumulation de points positifs permet alors de comprendre le succès fulgurant de ces entreprises qui apparaissent vers le début des années 1990 voir 2000 pour certaines, cependant ces dernières sont encore peu nombreuses du au fait d'une discrimination encore présente en Chine du secteur privé.

Ces entreprises privées qui se veulent indépendantes du pouvoir central ne font pas les affaires du PCC qui désire conserver la main sur l'économie du pays le plus longtemps possible, et ce malgré des ouvertures incontestables du régime. Les entreprises privées même si elles sont indépendantes du pouvoir, doivent obéir aux lois chinoises et donc passer par les commissions d'évaluation des projets d'IDE (l'AEDE et le ministère du commerce de la république populaire de Chine), elles voient ainsi leurs projets ralentis, voir refusés. Ainsi malgré une indépendance vis-à-vis du régime en place, leurs projets d'IDE passent forcement par un filtre politique, le PCC utilise alors ce filtre pour pénaliser ces entreprises privées lorsqu'elles sont en concurrence avec une entreprise d'Etat sur un même marché ou un même contrat d'exploitation... Face à cette concurrence déloyale et pour éviter les discriminations, certaines entreprises privées s'enregistrent aux chambres du commerce de la République Populaire de Chine en tant qu'entreprises « collectives » : se sont les « chapeaux rouges »26. Elles attendent alors la disparition des discriminations pour pouvoir retourner vers le secteur privé, mais ces inégalités existent malgré l'entrée de la Chine à l'OMC. Ces inégalités empêchent le secteur privé non de devenir la norme en Chine (60% de la production industrielle) mais de pouvoir grossir et se développer, aujourd'hui encore la Chine fait la différence au sein des entreprises privées entre les entreprises individuelles (moins de huit employés) et les entreprises privées (plus de huit employés). Ce sont ces entreprises de plus de huit employés que Pékin surveille et cherche à contrôler la croissance pour éviter qu'elles ne « fassent trop vite de l'ombre » aux entreprises d'Etat.

Ainsi, au travers de l'histoire et de l'actualité nous pouvons comprendre le lien étroit qui unit le politique à l'économie en Chine. Ce lien doit être pris en compte pour pouvoir mieux analyser par la suite les stratégies d'expansion des firmes multinationales

26 Françoise LEMOINE, Op cit., p.27.

chinoises. Ces entreprises qu'elles soient d'Etat, semi-privées ou privées doivent toutes passer d'une manière ou d'une autre par le PCC pour pouvoir s'implanter à l'étranger. L'influence du gouvernement même si elle peut être plus ou moins forte selon la forme de l'entreprise n'est jamais totalement nulle et influence les choix stratégiques des dirigeants de ces dernières. A l'avenir, on pourrait s'attendre à une libéralisation de plus en plus grande des autorités chinoises, et donc en corrélation une augmentation du poids des firmes multinationales chinoises privées. Cependant cette libéralisation si elle a lieu se fera lentement et au rythme décidé par le PCC. Sinon, un retournement très violent de la conjoncture en Chine pourrait au contraire pousser le gouvernement à faire machine arrière, afin de pouvoir mieux protéger ses propres intérêts, et donc à augmenter les pressions qu'il exerce déjà sur le secteur privé en jouant la carte du nationalisme.

Chapitre II : Les FMN chinoises caractérisées par : un

faible taux d'IDE et localisées (géographiquement et

sectoriellement) :

Au-delà du facteur historique, les firmes multinationales chinoises possèdent d'autres caractéristiques importantes à analyser. Ces dernières se caractérisent par un faible montant d'IDE et sont localisées autant géographiquement (marchés visés) que sectoriellement (secteurs de l'activité de base). Ces facteurs influencent fortement la définition des startégies des firmes chinoises, qui doivent décider « où » investir, dans quel secteur, et pour quel montant de capital bien précis.

Tout d'abord, il est intéressant d'analyser le taux d'IDE des entreprises chinoises. L'analyse de ce taux permet alors de connaître la taille voir l'expérience de ces dernières. Aujourd'hui le taux d'IDE des firmes multinationales chinoises reste comparativement faible par rapport au reste des firmes multinationales mondiales. Ce taux d'IDE connut de plus en 2008 un net recul avec la crise économique. Or il est intéressant aussi d'analyser au-delà de ces chiffres, et de constater une évolution globale très positive de ces derniers, avec une intention d'augmenter ce taux selon une étude portant sur les entreprises chinoises27. Or l'analyse du taux d'IDE ne permet pas à lui seul d'expliquer les stratégies des entreprises chinoises. La stratégie est aussi adaptée au secteur d'activité principal de l'entreprise ainsi qu'au marché visé. L'analyse des marchés permet une meilleure identification des entreprises et de leurs capacités. Cela permet ensuite de comprendre quels sont les secteurs où la majorité des firmes multinationales se trouvent et quels sont les secteurs porteurs ou en déclin à l'heure actuelle.

A) Un faible taux d'IDE :

Les firmes multinationales chinoises sont à l'heure actuelle, caractérisées par un faible montant d'IDE. Cette faiblesse d'IDE peut alors nous permettre de penser que les

27 Survey on Current Conditions and Intention of Outbound Investment by Chinese Enterprises, April 2010, by the China Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).

firmes chinoises restent encore faibles et disposent de peu de moyens afin d'assurer une réelle politique d'expansion agressive sur les marchés internationaux. Cependant, ce montant certes faible en comparaison des firmes multinationales européennes, américaines et japonaises, n'en reste pas moins en progression28. Au-delà du simple montant d'IDE, il est important de regarder sa progression dans le temps ainsi que les perspectives d'évolution.

a) Un faible montant d'IDE :

En 2006, Le stock d'IDE chinois ne représentaient que 0,6% de la totalité du stock d'IDE mondial, avec une somme totale pour le stock d'IDE chinois de 90,6 milliards de dollars. Ces investissements restent comparativement faibles par rapport au reste du monde, mais sont parmi les meilleurs des pays en voie de développement. Toujours en 2006 les flux d'IDE chinois étaient les quatrièmes plus importants parmi les pays en voie de développement, tandis que le stock d'IDE était le sixième le plus important parmi ces même pays. Dans cette perspective, la Chine passe pour une grande puissance parmi les pays émergents mais reste bien loin derrière les pays développés. De plus, les flux d'IDE chinois ne représentent en moyenne que 0,3% du PIB chinois pour une période s'étendant de 2000 à 2006. En comparaison, le Portugal sur la même période connaissait un ratio de 3,7%29. Avec ces données, il est alors difficile de comprendre comment la Chine peut menacer les autres firmes multinationales avec un stock d'IDE aussi faible. On pourrait en effet croire, en se basant sur ces données, que les firmes chinoises ne représentent pas une grande menace et ne peuvent augmenter la pression concurrentielle sur les marchés internationaux avec des moyens financiers aussi faibles. Or comment alors expliquer le succès de certaines grandes firmes chinoises et une réelle augmentation de la pression concurrentielle sur les marchés depuis l'arrivée de firmes multinationales chinoises ? En effet, ces chiffres bien qu'intéressants doivent être remis dans un contexte précis. La Chine commença à enregistrer des IDE tout récemment avec l'ouverture de l'économie chinoise en 1979. Ces IDE en 1979 ne s'élevaient qu'à 450 millions de dollars, car

28 L'ensemble des chiffres suivants vient de deux rapports: Survey on current conditions and intention of outbound investment by Chinese enterprises, April 2010, by the China Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD), et China's Outward Direct Investment: chapter 3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD 2008.

29 Etudes économiques de l'OCDE : Portugal, Juin 2008, OCDE 2008, volume 2008/2009.

soumis à une forte régulation politique qui craignait de voir le peu de capitaux que possédait le pays s'en aller investir des projets présents sur les marchés étrangers. Durant les années 80 et 90, les flux d'IDE restent très faibles et fortement inférieurs à la moyenne mondiale. Malgré une libéralisation de l'économie chinoise et un assouplissement des procédures administratives, il faut attendre les années 2000 en Chine pour constater une réelle augmentation des flux d'IDE. On comprend dès lors, que l'analyse du stock d'IDE n'est pas suffisante pour analyser l'expansion des firmes multinationales chinoises. Il faut s'intéresser aux flux d'IDE qui évoluent chaque année, et qui augmentent continuellement depuis les années 2000 de façon spectaculaire.

Il est vrai que les flux d'IDE chinois bien que faibles, connaissent depuis les années 2000 une augmentation régulière. Entre 2000 et 2006, les flux d'IDE chinois augmentaient en moyenne de 7 milliards de dollar par an, ce qui correspond à une augmentation de 116% par an en moyenne (voir tableau II.A.1).

TABLEAU II.A.1 : Flux d'IDE chinois

 

1982-1989
(moyenne)

1990-1999
(moyenne)

2000-2006
(moyenne)

Montant (en
millions de dollars)

453

2 323

6 938

Part dans le stock

mondial d'IDE (%)

0,4

0,8

0,8

Place mondiale

22

22

23

Part dans le PIB (%)

0,1

0,3

0,3

Source: OCDE

L'entrée de la Chine en 2001 à l'OMC aida au décollage des IDE chinois qui atteignent alors cette même année 6,9 milliards de dollars. Entrée à l'OMC qui s'accompagne du début de la politique d'aide du gouvernement aux IDE chinois en 2004. Ces deux phénomènes permettent alors de comprendre cette rapide expansion qui permit à la Chine en 2006 d'atteindre un flux d'IDE de plus de 17 milliards de dollars (voir graphique II.A.1, page suivante).

Graphique II.A.1 : Flux d'IDE chinois de 1982 à 2006

20

18

16

14

12

10

4

8

6

2

0

Flux d'IDE chinois de 1982-2006
(en milliards de dollars)

Flux d'IDE chinois

Source : OCDE, Ministère du Commerce Chinois, et la Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement (CNUCED).

Ainsi, l'observation des flux d'IDE nous permet d'obtenir une vision plus claire de la situation actuelle des IDE chinois que l'analyse des stocks d'IDE. Cette analyse des flux d'IDE permet de comprendre l'augmentation de la pression concurrentielle sur les marchés internationaux depuis l'arrivée de firmes multinationales chinoises puissantes au début des années 2000. L'entrée à l'OMC fut en effet un déclencheur réel de l'augmentation des IDE chinois. Cependant l'effet de cette entrée sur la dynamique des IDE chinois reste comparativement faible face à l'instauration par le PCC d'une politique d'aide à l'investissement extérieur : le « Going Global » en 2004. La libéralisation du régime permit une augmentation très forte des IDE chinois, même si ces derniers restent encore faibles par rapport au reste du monde. Ainsi, même si les IDE chinois ont augmenté et ont permis une augmentation de l'offre sur les marchés, il reste à analyser l'impact de la crise de 2008 sur la dynamique des IDE chinois et les perspectives possibles dans l'évolution de cette même dynamique.

Après une analyse macroéconomique des IDE chinois, il est intéressant de les étudier sous un angle microéconomique. Parler d'investissements oblige à parler des acteurs à l'origine de ces investissements. Or en Chine, la grande majorité des entreprises à l'origine d'investissements vers l'extérieur sont des entreprises d'Etat, malgré une augmentation récente du nombre d'entreprises chinoises privées sources d'IDE. Il n'est alors pas forcement intéressant d'étudier la forme des entreprises qui émettent des IDE (entreprises d'Etat, entreprises semi-privées, entreprises privées), mais de s'intéresser aux montants que ces entreprises émettent en moyenne. Il est vrai que regarder « l'uniformité » de l'investissement permet de se faire une idée sur le poids de ces entreprises émettant des IDE. En effet, les entreprises émettrices d'IDE émettent-elles toutes le même montant d'IDE ? Ou alors, derrière un montant global d'IDE se cache une grande disparité d'émission avec des entreprises « championnes » et d'autres plus en retraits ? Selon un rapport datant de 2010 du « China Council for the Promotion of International Trade », la distribution des IDE par entreprise est loin d'être uniforme et de grandes disparités existent entre les entreprises chinoises (voir graphique II.A.2).

Graphique II.A.2 : Echelle des IDE chinois

20%

12%

6% 1%

61%

Investissement compris entre 1 et 5 millions de dollars

Investissement compris entre 5 et 10 millions de dollars

Investissement compris entre 10 et 100 millions de dollars

investissement supérieur à 100 millions de dollars

Investissement inférieur à 1 million de dollars

Source: China council for the promotion of international trade.

Depuis ce graphique, nous nous apercevons que 61% des entreprises chinoises qui émettent des IDE le font pour un montant inférieur à un million de dollars et qu'à peine 1% des entreprises chinoises émettent des IDE pour un montant supérieur à 100 millions de dollars. Ces données permettent de confirmer l'hypothèse de l'existence de « grands champions » parmi les firmes chinoises émettrices d'IDE, qui sont à l'origine de la grande majorité des IDE (exemple de Lenovo, Petrochina, Haier, Hawei...). Et d'autres

firmes, qui représentent en réalité la majorité des entreprises émettrices d'IDE, qui sont plus en retrait et qui disposent de moyens financiers beaucoup plus faibles. Cette configuration de la répartition des IDE parmi les entreprises chinoises montre que bons nombres d'entreprises chinoises émettrices d'IDE ne sont pas réellement dynamique dans leur stratégie d'expansion à l'international. Cette grande majorité des entreprises chinoises emploie de faibles moyens qui limitent leurs projets, en effet 93% d'entre elles ne réalisent pas des IDE supérieurs à dix millions de dollars. Il existe donc un gouffre séparant l'immense majorité des entreprises chinoises qui réalisent des investissements nettement inférieurs à 10 millions de dollars, tandis que 7% d'entre elles réalisent des investissements au-delà de 10 millions de dollars (voir plus de 100 millions de dollars). Les entreprises chinoises réalisant des IDE sont loin d'être uniformes entre elles, alors que 7% d'entre elles réalisent des investissements pouvant rivaliser avec les grandes firmes multinationales, la grande majorité est encore « hors course ». Ceci permet alors de relativiser l'impact de l'entrée des firmes multinationales chinoises sur les marchés internationaux. A l'heure actuelle, une minorité d'entre elles est capable de véritablement rivaliser avec les plus grandes multinationales mondiales alors que l'autre majeure partie ne s'investit que timidement sur les marchés extérieurs. Cette majorité des entreprises, on peut supposer, ne voit dans les marchés extérieurs une activité complémentaire à leurs revenus. Ces dernières refusent encore de réellement s'aventurer dessus, pour des raisons diverses, intéressantes à analyser.

Ainsi, l'arrivée des firmes multinationales chinoises sur les marchés internationaux n'a eu qu'un impact limité sur l'augmentation de l'offre. A part pour une infime partie d'entres elles, les entreprises chinoises restent encore « frileuses » à s'aventurer sur les marchés extérieurs. Ceci permet alors d'expliquer la faiblesse des IDE chinois, malgré une croissance rapide des ces derniers depuis les années 2000.

b) L'impact limité, mais réel de la crise économique de 2008 sur les IDE chinois :

La crise économique de 2008 toucha fortement les IDE de toutes les firmes multinationales et entreprises investissant sur des marchés extérieurs à leurs marchés locaux. En effet, le volume du commerce international chuta de 40%, à cause de

problèmes de financements (contraction du crédit) et de chute de la consommation (surtout sur le marché américain). Cette chute de la consommation ne concerne de plus, pas que les ménages, mais aussi les entreprises avec une chute du « Business to Business »30. Les firmes multinationales chinoises n'échappent pas à la règle, même si comme cela a été dis précédemment, la grande majorité des entreprises investissant à l'extérieur des frontières chinoises le font de façon limitée. Ces dernières ont généralement aussi été affectées par cette crise économique, et ont quand même du diminuer leurs investissements. Cependant face à cette crise, certaines entreprises qui ont assez bien résisté, et grâce à des aides du gouvernement, ont pu jouer de leurs atouts afin de tourner cette crise à leur avantage en rachetant des entreprises affaiblies ou en leurs prenant des parts de marché. Cette crise économique de grande ampleur qui pouvait laisser croire qu'elle allait faire diminuer fortement les investissements chinois n'eut pas ce résultat. Les entreprises chinoises sont arrivées à passer convenablement cette crise, voir à en trouver des avantages pour les meilleures. Les IDE chinois ne sont donc pas aussi fragiles que les économistes pouvaient le croire malgré leur faible montant.

La crise économique de 2008 eu un impact important sur les IDE chinois. En 2010, seulement 13% des entreprises chinoises affirment que cette crise n'eut aucun effet sur leurs investissements, tandis que pour 31% d'entres elles, cette crise eu un impact direct majeur sur leurs IDE. Or, 56% des entreprises qui investissent à l'extérieur de la Chine disent, quand à elles, que la crise économique n'eut qu'un impact limité sur leurs IDE. Les firmes multinationales chinoises ont dus subir différemment cette crise économique, même si pour la majorité d'entres elles, l'impact fut limité voir inexistant. De plus, il est intéressant de noter qu'en 2008, 40% des entreprises estimaient que cette crise économique avait ou allait avoir une conséquence majeure sur leurs investissements, elles ne sont aujourd'hui plus que 31% au moment où le commerce international recommence à voir son volume augmenter. Ceci permet de faire l'hypothèse que même si l'impact de cette crise sur les IDE chinois fut important, les firmes multinationales chinoises ont bien résisté à cette chute du volume du commerce international. Or, au-delà de cette capacité, à première vue, à avoir su résister à la crise, on ne peut faire l'économie de chercher à

30 Le « Business to Business », souvent simplifié par : le B2B, concerne l'ensemble des activités de clientèle qu'une entreprise peut avoir avec une ou des entreprise(s). Ceci s'oppose aux relations de clientèle existant entre une entreprise et un particulier.

connaître les difficultés qu'ont rencontré les firmes chinoises durant cette période. Il est même nécessaire de chercher à comprendre les avantages que certaines d'entre elles ont rencontré au moment de cette crise.

En 2010, 257 entreprises chinoises affirment avoir rencontré des difficultés importantes à cause de la crise financière de 2008, tandis que 101 autres, au contraire, ont rencontré des facilités pour leurs IDE. Il existe cependant encore un certain nombre d'entreprises qui sont, quand à elles, encore incapable à l'heure actuelle de pouvoir évaluer véritablement l'impact de cette crise sur leur activité. Les entreprises qui ont rencontré des difficultés estiment qu'elles ont surtout souffert de la contraction de la demande sur les marchés internationaux, plus que des difficultés de financement. En effet, les banques chinoises sont des banques appartenant à l'Etat. Ces dernières ont peu soufferts de la crise financière, et elles ne spéculent pour la majorité d'entres elles que sur des bons du trésor américain ou en achetant des réserves de change en dollar. Ces banques, poussées par le PCC, ont limité la contraction du crédit afin de permettre de maintenir un rendement élevé de l'activité économique, pour tenir un taux de croissance au-dessus de 8%31. Ainsi, grâce une contraction limitée du crédit les firmes chinoises ont pu maintenir leurs capacités à trouver des capitaux pour leurs investissements, au contraire de la majorité des firmes multinationales étrangères. Sur un autre point, 33% des entreprises chinoises interrogées estiment que leur activité sera affectée à cause d'une levée de barrières protectionnistes par les pays les plus durement touchés par la crise. Or, il semblerait que cette levée de barrières protectionnistes soit limitée. Les réunions du G20 à Pittsburgh en 2009, à Londres en 2009 aussi, et à Séoul en 2010 ont permis aux Etats de s'entendre sur de nombreux points et en particulier d'affirmer la volonté de ne pas utiliser de politiques protectionnistes afin de ne pas affecter la reprise du commerce international32.

31 Les autorités chinoises estiment qu'un taux de croissance économique inférieur à 8% peut se révéler néfaste pour la société chinoise. L'économie ne pouvant dès lors, ne plus pouvoir absorber la totalité de la main d'oeuvre disponible, amenant donc à une augmentation du chômage.

32 Le G20 fait suite en 2008 au G7. Il regroupe 19 pays plus l'Union Européenne, ce qui représente 85% du commerce international et 90% du Produit Mondial Brut, ainsi que les 2/3 de la population mondiale. Le but de ce club informel fut de permettre une discussion entre chefs d'Etats afin de trouver des solutions communes pour résoudre la crise financière qui débuta en 2008.

Plus étonnamment, certaines entreprises chinoises ont trouvé des opportunités à cette crise économique afin d'améliorer leur position ou d'accroître leur chiffre d'affaire. L'effet direct de cette crise fut d'affaiblir de nombreux Etats et firmes multinationales concurrentes. Ces dernières ont particulièrement eu du mal, pour la majorité d'entres elles, d'avoir accès à des crédits afin de financer leurs activités, tout en enregistrant une diminution de leurs taux de ventes. Or, comme cité précédemment, les firmes chinoises ont moins souffert d'un manque de capital. Cet avantage majeur a permis à ces firmes d'acquérir de nouvelles parts de marché à moindre coût, grâce à une diminution globale de l'offre. Elles ont de plus pu acheter des firmes concurrentes (intégration horizontale), ou acheter des firmes dont leur activité est complémentaire à la leur (intégration verticale) à bas coût. Actuellement, 20% des entreprises chinoises affirment que cette crise économique et les conséquences directe, de cette dernière, leurs ont permis d'obtenir un avantage majeur sur les firmes concurrentes. Ainsi, malgré des IDE souvent plus faibles que les firmes étrangères, la bonne résistance des firmes chinoises à la conjoncture leur a permis d'obtenir un avantage comparatif à court terme pour pouvoir compenser leurs faibles montants d'investissement et d'accroître leurs activités.

Face à cette crise et l'impact qu'elle a eu sur leur activité, les firmes chinoises ont adopté des politiques différentes pour s'adapter à l'évolution de la conjoncture. La réponse apportée va bien au-delà d'une simple réduction du montant d'IDE alloué. En effet, les réponses peuvent être d'autres natures comme : un abandon de l'investissement hors des frontières chinoises, un changement des marchés visés, un changement des secteurs d'activités visés... Les mesures mises en place par les entreprises fortement touchées et celles qui y trouvent un avantage ne sont, en effet, pas les mêmes (voir graphique II.A.3, page suivante).

Graphique II.A.3 : Mesures adoptées par les firmes chinoises pour s'adapter à la
crise économique

120

100

40

20

80

60

0

Augmentation
des IDE

48

Réduction des
IDE

84

Changement de
la destination des
IDE

35

Changement des
secteurs visés

12

Autres

106

Source: China council for the promotion of international trade.

On retrouve dans ce graphique, les situations précédemment citées. En effet, une grande partie des firmes chinoises ont subis des contrecoups de la crise économique et adoptent donc des mesures en conséquence. Sur un total de 285 entreprises, quatre-vingt quatre ont décidé de diminuer leurs investissements à l'étranger, ce qui reste une réponse classique en cas de crise économique : l'entreprise diminue ses coûts afin de s'adapter à la diminution des ses recettes en attendant une amélioration de la conjoncture en sa faveur. Cependant, certaines ont adopté des mesures différentes, trente cinq d'entres elles ont décidé de continuer à investir à l'étranger mais, à changer la destination de leurs IDE. Le but alors est de pouvoir jouir des atouts qu'elles possèdent afin de pouvoir investir sur un marché auquel elles ne pouvaient accéder auparavant. Douze autres entreprises ont quand à elles décidées d'investir dans d'autres secteurs d'activité, sans doute dans une politique globale d'intégration verticale. Cependant, quarante huit entreprises ont décidé d'augmenter leurs IDE. Ces mesures correspondent aux entreprises qui bénéficient directement de la crise économique et qui voient la conjoncture évoluer en leur faveur. Ces dernières augmentent donc leurs investissements afin de profiter de l'avantage comparatif qu'elles possèdent grâce à la crise. Ainsi les mesures adoptées par les firmes chinoises semblent bel et bien répondre à l'évolution de la conjoncture, cependant on ne

peut se permettre d'omettre le rôle déterminant de l'Etat chinois qui chercha à maintenir le niveau des IDE chinois malgré la crise à travers des politiques macroéconomiques.

La crise financière de 2008 fut bien et vite comprise par le gouvernement chinois qui adopta très tôt des mesures macroéconomiques afin de garantir les exportations, (dont la croissance économique chinoise dépend fortement) ainsi que la compétitivité des entreprises chinoises (firmes multinationales et non multinationales). Même si les efforts du gouvernement se sont surtout portés sur le maintien des exportations et une aide pour les entreprises chinoises locales, les firmes multinationales chinoises ont aussi bénéficiées d'aides non négligeables. Sur les entreprises interrogées : 71% d'entres elles affirment avoir bénéficiées directement des aides du gouvernement, tandis qu'elles ne sont que 29% à répondre qu'elles non aucunement bénéficiées d'aides significatives. Les mesures macroéconomiques du gouvernement chinois ont pris en 2008 différentes formes, telles que : une aide financière pour soutenir les exportations, des subventions officielles pour le développement des activités des entreprises, une politique d'accès au crédit assouplie combinée à un assouplissement sur le contrôle de la mobilité des capitaux, et des diminutions et des exemptions de taxes. Face à ce panel d'aides proposées, 43% des entreprises chinoises affirment avoir surtout profitées des aides financières pour maintenir le niveau des exportations. Cependant, il semblerait que les exonérations de taxes n'aient eu que peu de conséquences sur l'activité des entreprises. Les firmes multinationales chinoises ont surtouts, quand à elles, bénéficiées des aides au développement et au maintien de leurs activités, ainsi que de la politique d'accès au crédit assouplie. Ces aides loin d'être négligeables permettent d'expliquer pourquoi 20% des firmes chinoises ont pu trouver dans la crise économique des opportunités. Ces entreprises qui ont vu la concurrence diminuée, ont pu grâce aux aides du gouvernement mener des politiques offensives pour l'acquisition de parts de marchés, voir même lancer des Offres Publiques d'Achat (OPA) ou des Offres Publiques d'Echange (OPE) sur d'autres firmes multinationales concurrentes ou complémentaires de leurs activités.

La crise économique de 2008 eu donc un impact sur les IDE chinois. Cependant, malgré une faiblesse apparente de ces derniers, et grâce aux aides du gouvernement chinois, certaines firmes chinoises ont pu trouver dans cette crise des opportunités pour

améliorer leur situation. L'aide du gouvernement qui s'est révélée dans cette situation forte intéressante pour les entreprises chinoises ne l'est pas toujours. En effet, L'ingérence du gouvernement chinois se relève le plus souvent néfaste pour les IDE chinois, à travers des problèmes de corruption et de lourdeur administrative.

c) Les difficultés caractéristiques aux IDE chinois :

Nous avons pu voir jusqu'ici que les IDE chinois se caractérisent par : un faible montant, mais qu'ils sont néanmoins en nette progression, et que la crise financière de 2008 eu un impact non négligeable sur ces derniers même si certaines firmes, et grâce à l'aide du PCC, ont pu trouver des opportunités. Il est désormais nécessaire dès lors pour totalement comprendre les IDE chinois, de se pencher sur les difficultés que rencontrent ces derniers. La Chine étant encore un pays communiste encadre fortement ses IDE, elle maintient en place des procédures d'évaluation et d'autorisation de ces derniers même si ces procédures se sont nettement assouplies depuis 2000. Ces procédures administratives peuvent expliquer en partie le faible montant des IDE, en effet, bon nombre de firmes multinationales chinoises sont découragées pour entreprendre une procédure administrative longue et lourde.

Il existe trois administrations principales qui gèrent et contrôlent les IDE des firmes multinationales chinoises : l'Administration d'Etat des Devises Etrangères (AEDE, \u22269ç%oÆO?\u31649ÇùÇ : Guójiã wàihuì gudnli jú), la Commission de Développement National

et des Reformes (CDNR, \u22269ç \u23478%oÆ ? \u23637«W \u21644a \u25913%oü \u-26775v \u22996àÏ ? \u20250%oï : Guójiã Fãzhdn hé Gdigé Wëiyuánhuì) qui dépend du Conseil d'Etat Chinois ( \u22269ç ? \u-27038%o@ : Guówùyuàn), et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine (\u20013'†?\u20154êl-açè?\u-28440ï» :

Zhonghuá Rénmín Gònghéguó shãngwù bù).

L'AEDE est l'administration en charge du contrôle et de la régulation de l'utilisation de monnaies étrangères dans les projets d'IDE chinois. Avant d'évaluer le projet d'IDE en lui-même, les fonds soulevés doivent être vérifiés et être capables de prouver leur origine. Le but de cette administration est pluriel : elle permet de lutter contre le blanchiment d'argent d'une part, et d'autre part elle permet d'établir un premier

filtre pour les projets d'IDE. Sans accord de l'AEDE, le projet d'IDE est stoppé et ne peut dès lors passer à l'étape suivante qui est le contrôle par le CDNR et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Selon un réforme de 200633, les projets inférieurs à dix millions de dollars sont évalués par les antennes locales de l'AEDE, tandis que tous les projets excédants cette somme doivent être évalués par la commission principale. Avant cette réforme, le plafond était de trois millions de dollars. Cette réforme eu aussi un autre impact majeur qui est la suppression d'un plafond maximum d'IDE. Avant cette réforme, l'AEDE ne pouvait autoriser au maximum qu'un montant global d'IDE de 3,3 milliards de dollars, plafond qui passa à 2005 à 5 milliards. De toute manière, même si de jure l'administration devait se tenir à un maximum d'IDE, de facto l'AEDE n'appliquait plus cette règle. Par exemple en 2001, le montant global des IDE chinois atteignit 6,9 milliards de dollars, soit un dépassement de l'ordre de plus de 100%. Le but de ce plafond était alors d'empêcher une sortie massive de capitaux chinois qui aurait ainsi par la suite pus faire défaut au marché local. Or, avec l'accentuation de la mondialisation, le PCC autorisa cette réforme afin de permettre aux firmes chinoises d'égaler les autres firmes multinationales. Cependant, un autre problème plus important persiste : la longueur administrative. En effet, après l'évaluation préliminaire du projet d'IDE par l'AEDE, ce projet doit obtenir l'aval de la CDNR et du ministère du commerce chinois. Le temps entre chaque autorisation est inadmissible dans un contexte de concurrence mondiale surtout quand il s'agit d'acquérir un contrat ou une entreprise (à travers une OPA ou une OPE). Cette lourdeur administrative coûte chère aux firmes multinationales chinoises qui se retrouvent désavantagées face à d'autres firmes qui peuvent instantanément fournir les fonds nécessaires. C'est pour cela que la réforme de 2006 prit ce critère en compte, à travers un assouplissement de la procédure. En effet, l'AEDE (à travers la commission principale ou l'antenne locale) peut donner une autorisation de délivrer 15% (au maximum) de la totalité du montant de l'IDE. Cette réforme essaye de contenter les besoins de la vie économique des firmes chinoises, ainsi que les attentes des administrations chinoises. Cependant en cas de refus de l'autorisation du projet d'IDE par la CDNR ou le ministère du commerce, l'entreprise est obligée de rapatrier les fonds qu'elle avait investi (15% du montant total de l'IDE). Ainsi, rien qu'à ce stade de la procédure, bon nombre d'entreprises chinoises peuvent être découragées

33 Circular on the Revision of Certain Foreign Control Policies Relating to Overseas Investment, rapport de 2006.

d'investir à l'étranger. En effet, la lourdeur de l'administration d'une part désavantage ces dernières qui ne peuvent fournir immédiatement la totalité des fonds exigés. De plus, en cas de refus d'autorisation de la part des autres administrations concernées, les firmes chinoises sont obligées de rapatrier leurs capitaux. Ce rapatriement forcé peut leurs coûter très cher (obligation de rembourser le désistement à la dernière minute, voire l'obligation d'abandonner les fonds sur place).

Cependant, l'obtention de l'accord de l'AEDE n'est pas suffisante pour pouvoir mener un projet d'IDE à terme. Le projet doit être par la suite, évalué par la Commission de Développement National et des Reformes (CDNR) et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine. La CDNR, qui dépend du conseil d'Etat Chinois, a pour mission de formuler des politiques économiques et sociales pour le développement et d'évaluer l'intérêt ainsi que la validité de chaque projet d'IDE. Plus précisément, au sein de la CDNR, c'est le département d'utilisation des capitaux étrangers qui évalue les projets d'IDE. Le projet d'IDE pour être validé, doit être conforme : aux lois et règlements de l'Etat chinois, à la politique industrielle officielle, contribuer au développement de l'économie et de la société chinoise, suivre les « instructions » recommandées par le PCC en terme d'accès aux capitaux étrangers et enfin, démontrer la capacité réelle de l'entreprise à mener à terme le projet. Ces cinq conditions sont nécessaires pour obtenir l'autorisation du CDNR, avant enfin de pouvoir obtenir l'autorisation finale du ministère du commerce (qui se base sur les cinq même critères que le CDNR pour réexaminer le projet), aucune dérogation n'est alors permise sauf sans certains cas précis d'un projet mené par une entreprise d'Etat. En effet, avant une réforme en 200434, tous les projets supérieurs à un million de dollars devaient obtenir l'aval du bureau central de la CDNR ainsi que du ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Le but de cette réforme était d'assouplir les procédures administratives afin de pouvoir augmenter la compétitivité des IDE chinois. Cette réforme permit de plus de classer et regrouper les IDE en cinq types :


· Les projets d'IDE dont le montant total est supérieur à 200 millions de dollars, ou dont le montant de capitaux étrangers est supérieur à 50 millions de dollars. Ces

34 The Reform of the Investment System Decision, juillet 2004, par le Conseil d'Etat Chinois.

projets doivent alors répondre à des critères plus sélectifs. En effet, ces derniers passent par le bureau central de la CDNR qui évalue le projet dans sa totalité. Après l'accord du CDNR, le projet doit obtenir l'aval non du ministère du commerce, mais du conseil d'Etat Chinois.

· Les projets qui se situent dans le secteur de l'extraction de matières premières et dont le montant total est supérieur à 30 millions de dollars, ainsi que tout ceux dont le montant des capitaux étrangers sont supérieurs à 10 millions de dollars doivent obtenir l'aval du bureau central du CDNR.

· Les projets menés pas les entreprises d'Etat, et avec l'aval du gouvernement central n'ont besoin que de s'enregistrer à la CDNR. Il n'est pas nécessaire pour ces derniers de passer les phases d'évaluation si le montant total du projet n'excède pas 30 millions de dollars ou dont le montant de capitaux étrangers n'est pas supérieur à 10 millions de dollars. Cependant, l'autorisation du ministère du commerce reste nécessaire, et le projet doit être évalué par ces services. En même temps, le ministère est obligé de communiquer à l'entreprise toutes les données récoltées par l'ambassade de Chine du pays hôte, c'est-à-dire qui va recevoir les IDE.

· Tous les projets inférieurs à un montant total de 30 millions de dollars, ou dont le montant total de capitaux étrangers est inférieur à 10 millions de dollars sont évalués pas les antennes locales de la CDNR et du ministère du commerce. Les rapports des antennes locales sont par la suite envoyés aux bureaux centraux des administrations respectives.

· Enfin, tout projet qui a pour destination Taiwan ou un pays non reconnu officiellement par la République Populaire de Chine est évalué par les antennes locales de la CDNR et du ministère du commerce. Cette évaluation doit amener à la constitution d'un rapport, soumis par la suite, au conseil d'Etat Chinois.

Ainsi, il est désormais intéressant de mettre en relation l'ensemble des procédures qu'une entreprise doit remplir afin de pouvoir valider son projet d'IDE. L'AEDE évalue tout d'abord l'origine des fonds du projet d'IDE, et autorise à délivrer 15% du montant total avant l'autorisation officielle de la CDNR et du ministère du commerce. Or la CDNR et le ministère du commerce exigent des conditions très strictes, qui le sont

d'autant plus si le projet concerne de fortes sommes d'argent et à une destination « sensible ». Il est désormais facile de comprendre que cette lourde procédure administrative limite les IDE chinois. Rares sont les entreprises qui sont en effet capables d'investir plus de 200 millions de dollars, et d'oser délivrer avant l'autorisation finale des administrations officielles, 15% de cette somme avec le risque de devoir l'abandonner sur place, si le projet est rejeté au dernier moment. Pour preuve, le cas de l'entreprise Sichuan Tengzhong qui tenta le rachat à General Motors de sa marque Hummer. L'entreprise sichuanaise après l'accord de l'AEDE délivra 15% de la somme exigée pour cet achat, or au dernier moment, le ministère du commerce rejeta le projet prétextant un manque d'expérience de cette entreprise pour pouvoir mener à bout un tel projet. L'entreprise fut contrainte d'annuler le contrat et de rapatrier cette somme sans délai. Cet exemple récent qui date de 2009, montre qu'encore actuellement l'Etat chinois peut faire preuve d'un manque de souplesse dans les affaires économiques. Aussi, cette procédure administrative révèle bien la discrimination du privé par rapport au public et l'existence des « chapeaux rouges ». Dans certains cas (sous la tutelle du PCC), les entreprises publiques sont beaucoup moins contraintes par les procédures administratives et peuvent se permettre de se passer de l'accord de certaines institutions (comme la CDNR), cela pousse donc les entreprises chinoises à favoriser le public au détriment du privé, ainsi que des investissements de petites tailles afin de gagner en souplesse et en rapidité.

Ces défauts récurrents semblent pouvoir contraindre durablement les investissements chinois à l'étranger, or d'après une récente étude, les entreprises chinoises pensent dans l'avenir investir plus que par le passé. Ce paradoxe attire donc notre attention, en effet, même si l'on peut espérer une reprise forte du commerce international après la crise économique, cette seule condition ne peut expliquer ce choix à elle toute seule. Il est vrai que d'une autre part, le gouvernement chinois semble laisser entrevoir des possibilités de nouvelles réformes autour des procédures d'analyse des IDE. Ce retrait dans l'économie de Pékin, et donc une cette augmentation de la souplesse peut aussi jouer un rôle décisif pour expliquer le regard optimiste que pose les entreprises chinoises sur leurs futurs IDE.

d) Vers une augmentation des investissements ?

Parler des intentions des entreprises pour leurs futurs investissements demeure un travail difficile, en effet, comme toute spéculation les intentions varient que les buts soient définis pour un avenir proche ou lointain. Il est vrai que selon la distance de la projection, les facteurs sur lesquels se basent les entreprises pour établir leurs prévisions ne sont plus les mêmes. Jusqu'ici, on a pu identifier deux facteurs principaux qui influencent fortement les possibles actions futures des entreprises : le rebondissement de l'économie mondiale après la crise de 2008, et les intentions de Pékin d'assouplir encore plus son contrôle sur les IDE chinois.

Selon une étude, la tendance globale des entreprises chinoises est à une reprise modérée des investissements à l'étranger. Cependant, cette reprise n'a pas la même ampleur selon qu'elle se situe dans 12 mois ou dans 2 à 5 ans (voir graphiques II.A.4 et II.A.5).

Graphique II.A.4 : Tendance des IDE chinois dans 12 mois

Augmentation modérée

Aucun investissement

Forte Augmentation

Niveau Original

Diminution

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%

1%

5%

21%

30%

43%

Graphique II.A.5: Tendance des IDE chinois à 2-5 ans

Augmentation modérée

Aucun investissement

Forte Augmentation

Niveau Original

Diminution

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

2%

9%

12%

28%

49%

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, d'après les graphiques (page précédente), les intentions des entreprises chinoises concernant leurs politiques d'investissement varient fortement qu'elles soient définies pour dans un an ou pour dans deux à cinq ans.

Si l'on regarde tout d'abord les intentions des investissements des firmes chinoises à l'étranger d'ici un an, pour une grande partie d'entres elles, elles n'ont aucun projet d'investissement (43%). Elles sont par contre 56% à avoir décidées d'investir durant la même période. On constate quand même que 1% a décidé de diminuer leurs investissements. Cependant, parmi les firmes chinoises qui ont décidé d'investir à l'étranger, on ne peut manquer de faire la différence entre celles qui maintiennent leur niveau original d'IDE (30%) et celles qui ont décidé de l'augmenter (26%). Ces chiffres permettent de voir que les conséquences de la crise économique de 2008 sont loin de n'avoir plus d'effets, et ce, malgré l'aide que le gouvernement chinois a mis en place afin de soutenir les investissements chinois à l'étranger. Les entreprises chinoises restent globalement prudentes face à la reprise économique et attendent encore que la situation s'améliore pour pouvoir investir à l'étranger. Le cas des entreprises chinoises qui ont décidé d'augmenter leurs IDE d'ici 12 mois, fait écho aux 20% d'entreprises chinoises qui jugent que la crise économique fut une source d'opportunités pour elles (cf. page.34). Il semblerait qu'elles soient alors plus nombreuses à estimer cela en 2010 que durant le pic de la crise économique, ceci permet de déceler un certain optimisme dans une frange réduite des firmes multinationales chinoises.

Or, l'étude des intentions des investissements d'ici deux à cinq ans montrent des tendances complètement différentes. En effet, alors que les entreprises qui prévoyaient de ne pas investir dans les 12 mois étaient de l'ordre de 43%, elles ne sont plus que 28% quand on parle de projet de deux à cinq ans. Ceci ce confirme aussi pour les entreprises qui désirent investir, elles passent de 56% à 70%, dont 61% qui désirent augmenter leurs investissements et 9% qui désirent maintenir leur niveau actuel d'investissement. A l'inverse, le nombre d'entreprises souhaitant diminuer leurs investissements passe de 1% à 2%. Au-delà de l'évolution du nombre d'entreprises qui désirent investir, c'est le rapport entre les entreprises qui maintiennent leurs niveaux d'investissements et celles qui désirent augmenter leurs investissements qui est intéressant à analyser. En effet, alors

que pour des projets à 12 mois, les intentions étaient majoritairement tournées vers une stagnation des investissements, ce rapport évolue largement en faveur d'une augmentation des investissements pour des projets dans deux à cinq ans. Deux raisons peuvent alors expliquer cette tendance à une augmentation massive des IDE chinois d'ici deux à cinq ans. Tout d'abord, cela montre que les firmes multinationales chinoises estiment que les effets de la crise économique de 2008 ne se feront plus du tout sentir d'ici deux à cinq ans. Or pourquoi une différence de trois années ? On peut penser que selon les secteurs d'activité de l'entreprise, les effets mettront plus ou moins de temps à totalement disparaître : deux ans au minimum et cinq ans au maximum. De plus, ces chiffres datent d'une étude de 2009/2010, cela voudrait donc dire que les entreprises chinoises estiment que les derniers effets de la crise devraient disparaître d'ici 2012 au minimum et 2015 au maximum, on pourrait alors estimer que les tendances demeurent quand même assez pessimistes au moment où certains économistes35 commencent à parler pour cette même année 2010 d'une reprise de l'activité économique dans de nombreux pays et d'une augmentation du commerce international. La seconde raison pouvant alors expliquer cette reprise de l'investissement, est la volonté du gouvernement chinois de continuer les réformes autour de la procédure de contrôle des IDE chinois afin s'assouplir cette dernière. Les entreprises chinoises jugent, en effet, que cette procédure limite la taille des apports de capitaux étrangers et ralentit les projets, des défauts inacceptables dans un contexte de concurrence mondiale (voir graphique II.A.6).

Graphique II.A.6 : Défauts assimilés à la procédure d'évaluation des IDE chinois

Limitation des capitaux étrangers. Lenteur de la procédure. Limitation de la taille des IDE. Coût élevé de la procédure.

Procédure trop stricte d'évaluation de l'origine des fonds.

17%

44%

24%

35%

58%

Source: The Foreign Investment Advisory System, the International Finance Corporation, and the Multilateral Investment Guarantee Agency.

35 L'actuel directeur général du Fond Monétaire International (FMI), Dominique Gaston André Strauss-Kahn estimait, en avril 2009, la reprise de l'économie mondiale en 2010. Source AFP.

Nous pouvons ainsi voir les cinq défauts majeurs que les entreprises chinoises reprochent à la procédure du PCC d'évaluation des IDE chinois. En tête vient la limitation des apports de capitaux étrangers, suivit de près par la lenteur de la procédure et la limitation de la taille des IDE. Face à ces défauts, le gouvernement chinois tente de répondre à ces critiques par une augmentation de la souplesse de cette procédure voire sa complète annulation dans certains cas. En effet, le gouvernement pense rehausser les plafonds des investissements et permettre un plus grand apport de capitaux étrangers. Des solutions tournent aussi autour de sortir les entreprises les plus fragiles de ce processus afin de les encourager à investir à l'étranger. Le but final saurait pour Pékin d'être plus incitatif que proactif, et d'aider les entreprises chinoises via un meilleur accès à l'information, et une meilleure préparation, à l'intégration de marchés locaux via les ambassades de la République Populaire de Chine. En effet, plus que le gouvernement, les entreprises restent les plus aptes à choisir leurs débouchées et s'auto évaluer36. Or, malgré cette volonté affichée de réforme, il semblerait hasardeux d'affirmer qu'elle est à l'origine de l'augmentation des IDE chinois d'ici deux à cinq ans. Il faut pour cela regarder les tendances d'évolution de l'échelle des IDE chinois (graphique II.A.7).

Graphique II.A.7 : Echelle des projets d'IDE chinois pour dans 2 à 5 ans

16%

6%

9%

36%

33%

Investissement inférieur à 1 million de dollars

Investissement compris entre 1 et 5 millions de dollars

Investissement compris entre 5 et 10 millions de dollars

Investissement compris entre 10 et 100 millions de dollars

Investissement supérieur à 100 millions de dollars

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce graphique et sa comparaison avec le précédent (cf.page.30) permet de mesurer les possibles évolutions d'échelle des IDE chinois. On peut en effet remarquer, que par rapport à aujourd'hui, les entreprises chinoises envisagent d'augmenter les investissements supérieurs à un million de dollars, au détriment des IDE

36 Comme toute réforme en préparation, le gouvernement chinois reste très discret et n'avance pas de chiffres officiels. Il semblerait qu'il faille attendre le prochain congre du PCC (le XVIIIe) en 2012.

inférieurs à cette même somme. Par exemple : les IDE supérieurs à 100 millions de dollars passent de 1% à 6%, à l'opposé, les IDE inférieurs à un millions de dollars sont passés de 61% à 33%. Alors qu'à l'heure actuelle, la première catégorie des IDE chinois sont les investissements inférieurs à un million de dollars avec 61%, il semblerait que la première catégorie dans deux à cinq ans soit les investissements compris entre un et cinq millions de dollars, avec 36%. Ceci marque une augmentation significative de la taille des IDE chinois, et peut s'expliquer, entre autres, par la fin des conséquences de la crise économique. Or, cette augmentation de la taille des IDE peut aussi s'expliquer par les possibles réformes à venir du processus d'évaluation des IDE chinois par le PCC. En effet, n'oublions pas d'une part que le PCC voudrait augmenter la part de capitaux étrangers dans les IDE chinois, ce qui pourrait expliquer cette augmentation rapide la taille des IDE chinois. D'autre part, le PCC entend assouplir la procédure d'évaluation des IDE, ce qui vaudrait à une diminution des refus et un allègement du coût total de traitement des dossiers, ceci peut alors convaincre de nombreuses entreprises d'augmenter leurs investissements ou bien de se lancer dans des investissements vers l'étranger pour la première fois. Cependant, ceci ne reste que de la spéculation, et il faudra attendre les réformes proposées par le XVIIIe congrès du PCC en 2012, ainsi que de nouveaux rapports pour infirmer ou confirmer les hypothèses avancées précédemment.

De façon générale, l'analyse des IDE chinois permet de comprendre la situation actuelle de l'investissement chinois à l'étranger et les possibilités d'évolution. La Chine fait face à de nombreuses difficultés qu'elle tente petit à petit de surmonter, malgré certaines réticences pouvant venir du gouvernement central de Pékin, qui entend garder le plus longtemps possible la main sur les leviers de l'économie du pays. Ceci n'empêche, les IDE chinois connaissent une progression fulgurante malgré des difficultés récentes. Les firmes multinationales chinoises ont su s'adapter à la crise économique de 2008 et aux lourdes procédures administratives qu'imposent le PCC. Les IDE semblent dans un avenir plus que proche devoir encore augmenter. Ceci caractérise bien le mouvement que connaissent les firmes chinoises depuis les années 2000, c'est-à-dire, une expansion bien que récente qui n'en demeure pas moins rapide, même si elle reste limitée.

B) Structure géographique :

Après l'étude des IDE chinois, il est désormais intéressant de se pencher sur l'étude des marchés visés par ces mêmes investissements. D'après un rapport de l'OCDE, depuis 1999 la grande majorité des flux d'IDE chinois sont dirigés vers les pays en voie de développement (PED). De 2003 à 2006, les PED ont reçu 94,7% de ces flux, et en 2006, on a pu calculer que 95,3% du stock d'IDE chinois étaient tournés vers les PED. Cependant, « où vont les entreprises chinoises ? » reste une question pertinente, et pour mieux y répondre il est important de classer les zones de destination des investissements. On peut alors se permettre de diviser ces marchés en trois groupes principaux ayant chacun leurs propres caractéristiques : le marché asiatique et les pays limitrophes de la Chine (l'Asie est la principale zone d'implantation des firmes multinationales chinoises), le marché africain (un marché en forte progression où se mélange IDE et aides au développement), et le marché européen et nord-américain (un marché pas si tardif, mais qui récemment connaît une forte progression avec l'installation des plus puissantes firmes chinoises).

a) L'Asie et les pays limitrophes à la Chine : un marché prépondérant :

Aujourd'hui, l'Asie représente la première destination des investissements des entreprises chinoises. Ceci semble logique à cause de la proximité géographique, que l'Asie ait été la première zone d'implantation des entreprises chinoises et qu'elle soit encore à l'heure actuelle la principale destination des IDE chinois, or cela n'est pas le cas. D'après une enquête, sur 344 entreprises chinoises ayant investi à l'étranger, pour 49% d'entre elles, l'Asie fut la zone ciblée. On peut donc s'apercevoir que cette zone est bien la principale cible des investissements chinois. Cependant, les investissements chinois dans cette zone n'ont vraiment commencé que vers les années 1991 et pas avant. Cependant, depuis cette époque les investissements chinois se sont surtout concentrés sur cette partie du monde avec en moyenne 47% des flux d'IDE de 2003 à 2006. Si l'on réfléchit en terme de stocks d'IDE, c'est 64% de ces derniers que l'Asie a concentrée, divisée entre quatre principaux pays (graphique IiB.1, voir page suivante). L'analyse de ce graphique permet de constater le poids gigantesque de Hong Kong face aux autres

pays d'Asie, pouvant s'explique facilement par les liens étroits qui unissent les deux pays (cf. encadré sur Hong Kong). Les trois autres pays qui attirent majoritairement les investissements chinois restent la Corée du Sud (2%), Macao (1.3%) et Singapour (1%). La Corée du Sud et Macao sont des pays limitrophes de la Chine, même s'il est important de faire la différence entre les deux.

Graphique II.B.1 : Principales zones d'investissement en Asie

Autres

Singapour

Macao

Corée du Sud

Hong Kong

1%

1,30%

2%

7,70%

88%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Source : OCDE

En effet, Macao (cf. encadré sur Macao, voir page suivante), comme Hong Kong, entretient une relation particulière avec la Chine continentale et permet d'expliquer le fort taux d'investissement chez eux, la situation de la Corée du Sud quand à elle peut s'expliquer par différents facteurs que sont : une situation géographique très proche, une forte communauté coréenne présente en Chine (particulièrement en Chine du Nord), un marché en expansion, des intérêts technologiques... Singapour quand à elle est une zone riche, prospère, et peuplée à 85% de chinois. Le poids de la diaspora chinoise (et l'unité de la langue) permet d'expliquer aussi l'attrait de ce territoire relativement proche et qui propose de nombreuses opportunités (infrastructures portuaires, place financière,...).

HONG KONG

L'histoire moderne de Hong Kong (\u-26215çç` : xiâng g?ng) commence en 1842 après le traité de Nankin qui cède ce territoire à la couronne britannique. Ce dernier va s'élargir petit à petit après la seconde guerre de l'opium (1856-1858), et la signature d'un bail de 99 ans pour les « Nouveaux Territoires » en 1898 : la superficie totale de l'archipel atteint 1100 km2. En 1949, le PCC qui vient d'accéder au pouvoir tolère la présence

 

britannique, et s'assure en premier d'unifier la Chine continentale. Il faudra attendre le 1er juillet 1997 pour que la totalité de Hong Kong soit rétrocédée à la République Populaire de Chine, et accède dès lors au titre de Région Administrative Spéciale (RAS) pour au minimum 50 ans. Ce régime fut crée à l'initiative du président Deng Xiaoping qui voulait : « Un pays, deux systèmes », et permet à Hong Kong de conserver une autonomie politique, juridique, et surtout économique. Aujourd'hui, Hong Kong dispose de sa propre monnaie (le Hong Kong dollar) et est la troisième place financière mondiale (Même si le siège social fut transféré à Londres en 1997, les bureaux du PDG de la banque HSBC (Hong Kong Shanghai Banking Corporation, deuxième banque mondiale) demeurent à Hong Kong). Cette indépendance économique se traduit aussi avec une autonomie sur le plan douanier, ainsi que sur la gestion des réserves de change. Hong Kong permit aussi d'amener une expérience capitaliste à la Chine et en particulier aux zones économiques spéciales, avec de forts investissements sur ces territoires.37

MACAO

La colonisation de Macao (\u28595àS? : ào mén) par les Portugais commença en 1553, avant une reconnaissance officielle par la Chine de la souveraineté du Portugal sur cet archipel en 1862 avec le traité de Tianjin. Comme pour Hong Kong, le PCC en 1949 tolère la présence portugaise et maintient le statu quo. Le 20 décembre 1999 Macao passe à nouveau sous souveraineté chinoise et obtient le statut de RAS. L'archipel est surtout connu pour ses casinos et son industrie du jeu, cependant des efforts sont fais par les autorités locales afin de moins dépendre de cette industrie et de développer d'autres activités du secteur tertiaire. Récemment, Macao connaît une prospérité nouvelle, en effet, à peine une heure de ferry la sépare de Hong Kong. De nombreux hongkongais ont depuis les années 2000 commencé à investir et à s'installer dans cet archipel jugé moins pollué, et plus prospère aux affaires.38

 

Or, si l'on regarde de plus près ce graphique, on s'aperçoit que 7,7% des investissements fais en Asie vont ailleurs que dans ces quatre destinations principales.

37 Françoise LEMOINE, Op. cit., p.96.

38 Ming K. CHAN et Shiu-hing LO, Historical Dictionary of the Hong Kong SAR and the Macao SAR, 2006, Scarecrow Press, Lanham Md.

D'autres territoires intéressent les IDE chinois, comme : les pays d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan,...), l'Inde, et les pays membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et en particulier le cas du Vietnam. Taiwan reste quand à elle un territoire spécial, les procédures d'évaluation des IDE font cas à part de cette île qui connaît régulièrement de fortes tensions avec le PCC39.

L'Asie centrale est depuis au moins cinq ans devenu une zone importante pour Pékin qui y voit un intérêt à développer des relations commerciales avec ces pays limitrophes, qui bordent de plus une région très instable en Chine : le Xinjiang (\u26032êVOE : Xînjiâng)40. En Décembre 2009, La Chine organisa une table ronde avec le Kazakhstan afin d'améliorer les relations bilatérales des deux pays et de pousser plus loin la coopération économique. Le gouvernement central chinois est surtout intéressé par les réserves en hydrocarbure de la région afin de pouvoir s'émanciper du pétrole transporté par voie maritime. En 2005, 988km de pipeline ont été inaugurés entre les deux pays et devaient permettre d'acheminer en Chine trois millions de baril par jour pour 2015. En 2009, l'entreprise pétrolière chinoise Petrochina Co acheta 50% de l'entreprise Kazakhe Ao Mangistaumunaigas, on estimait alors que l'entreprise possédait six milliards de barils de pétrole en réserve. En 2008, la Chine est devenue le troisième partenaire commercial du Kazakhstan avec un accroissement des échanges commerciaux de 27%. Des accords se mettent aussi en place en parallèle avec l'Ouzbékistan et le Turkménistan afin de mettre la main sur d'autres champs pétroliers, afin de pouvoir maintenir le développement soutenu du pays. De plus, ces accords se réalisent avec l'aval de la Russie, qui voit dans l'Asie centrale une zone stratégique pour elle-même41. Ces deux pays travaillent ensemble au sein de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui regroupe en plus de ces deux pays le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, et le Kirghizstan (voir encadré page suivante). Cependant, les échanges commerciaux restent largement limités au secteur énergétique et d'extraction de pétrole. L'Asie centrale bien qu'importante sur un plan politique, reste économiquement pour la Chine des partenaires secondaires face à d'autres comme : l'Inde ou les pays membres de l'ASEAN.

39 Pékin ne reconnaît pas le statut actuel de Taiwan et exige son retour dans le giron de la Chine continentale au sein des RAS.

40 Le Xinjiang ou la région autonome Ouïghour du Xinjiang connaît régulièrement des troubles à cause d'un grave sous-développement économique et des problèmes culturels. Cette région reste stratégique pour la Chine, car elle représente 1/6 de la superficie totale de la Chine et possède une frontière commune avec huit pays différents.

41 Boris Eisenbaum, Guerres en Asie centrale, Paris, 2005, Edition Grasset.

ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI

L'OCS (#177;\u28023Cç‡f'ftR : shànghai hézuò zuzhî) est un organisme international qui regroupe : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, la Tadjikistan et le Kirghizstan. Cette organisation créée après la signature d'un traité en 2001 fait suite à une coopération officieuse de ces Etats afin de garantir les frontières des pays après la chute de l'URSS en 1991. Pour la Chine, l'enjeu était à l'époque de limiter l'influence du Kazakhstan et du Kirghizstan sur la province autonome du Xinjiang. Les buts affichés sont de renforcer la coopération des Etats membres (sur le plan : politique, économique, scientifique, et culturel), d'assurer la stabilité de la région et sa sécurité, et de permettre la création d'un nouvel ordre politique et économique mondial (juste et démocratique). Il est surtout intéressant de constater qu'à l'heure actuelle, cette organisation regroupe 20% des ressources mondiales de pétrole, 38% des ressources de gaz naturel, 40% de charbon et 50% des ressources d'uranium. Cette organisation possède deux structures permanentes qui sont : le secrétariat à Pékin, et la Structure anti-terroriste régionale à Tachkent. Aujourd'hui, les propositions d'adhésion de l'Inde et de l'Iran sont à l'étude.

 

L'Inde est aussi un partenaire économique grandissant de la Chine depuis 2008. En effet, le commerce bilatéral atteignait en 2008 51 milliards de dollars, ce qui représentait une augmentation de 34% par rapport à 2007. Cependant, en 2009, le commerce bilatéral n'atteignit que 43,4 milliards de dollars. Les relations commerciales n'ont cessé de se nouer depuis 2008 avec la visite du premier ministre indien Manmohan Singh en Chine, avec en parallèle une lutte Chine/Inde sur les marchés mondiaux via les firmes multinationales. Les importations indiennes de produits chinois représentaient durant la même année, 11,1% des importations totales du pays, les exportations vers la Chine étaient, quand à elles, de 9,3%. L'Inde reste un rival important à la Chine, surtout que le pays à la différence de « l'Empire du Milieu », s'est développé dans les produits innovants (logiciels informatiques...) et que l'évolution démographique joue en sa faveur42. Cependant d'autres facteurs sont à l'avantage de la Chine comme : un meilleure éducation de sa population, un nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté plus

42 Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), la population indienne devrait dépasser la chinoise à l'horizon 2030.

bas...43. Actuellement la Chine conserve une avance ce qui lui permet de moins dépendre de l'Inde, mais l'inverse n'est pas forcement vrai, en effet, le déficit commercial indien s'accentue avec 11,2 milliards de dollars en 2008 et 16 milliards en 2009, la Chine dès lors devrait quand même, bien avant l'Inde, dépasser les Etats-Unis sur la plan économique. Les firmes multinationales chinoises qui s'installent actuellement en Inde sont surtout des entreprises de télécommunication comme Huawei ou China Mobile44, et des entreprises informatiques comme Lenovo, ces dernières profitent sur place de l'avance technologique indienne et d'un marché en plein essor (surtout pour les abonnements mobiles et les réseaux téléphoniques).

L'ASEAN qui fut fondé en 1967 regroupe actuellement dix pays qui sont : L'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Brunei, le Vietnam, le Laos, le Myanmar45, et le Cambodge. Cette organisation politique et économique a vu ses relations s'améliorer avec la Chine, le Japon, et la Corée du Sud depuis 1995 avec la création de l'ASEAN+3. Avec la Chine, les relations ont particulièrement pris un nouveau tournant à partir du 31 décembre 2009, avec la mise en place d'une zone de libre échange entre : l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et Brunei (le Laos, le Cambodge, le Vietnam et le Myanmar devant rejoindre cette zone de libre échange à l'horizon 2015) et qui regroupe au final 1,7 milliards de personnes. En effet, l'étude des chiffres montre que le poids économique de l'ASEAN est important pour la Chine et devrait dans un avenir très proche en prendre encore plus. En 2007, le PIB cumulé de l'ASEAN atteignait 876 milliards de dollars et un volume global d'échanges de 850 milliards de dollars, avec de janvier à octobre 2005, un volume des échanges commerciaux qui s'élevait à 129,91 milliards de dollars avec la Chine, soit 23% de plus qu'en 2004 sur la même période de temps46. L'établissement de cette zone de libre échange, qui prenait exemple sur l'européenne, amena à une suppression des droits de douane sur 90% des échanges commerciaux, pour favoriser les relations entre les pays concernés. En 2010, on estimait que le volume commercial était de 4 500 milliards de

43 Françoise LEMOINE, L'économie de la Chine, Paris, 2006, Collection REPERES, quatrième édition, Editions La Découverte, 125 pages, p.17.

44 En 2010, China Mobile devait compter 500 millions d'abonnés mobiles en Inde, selon une étude faite par Informa Telecoms Media.

45 Anciennement dénommé Birmanie, la pays changea de nom le 18 juin 1989. De nombreux pays anglophones, ainsi que la Thaïlande et la France utilisent cependant encore, de façon officielle, la dénomination Birmanie.

46 Source : Bureau National des Statistiques de Chine (4 A\u27665-*U\u22269çç%oÆ??\u23616Ç : Zhônghuá rénmín gònghéguóguójiâ tongjìjú). Années 2005/2007.

dollars, et cela grâce à un passage des droits de douane du côté chinois de 9,8% à 0,1% et du côté de l'ASEAN de 12,8% à 0,6%. L'intérêt des pays d'Asie du Sud-est est de pouvoir accéder plus facilement au marché chinois, même si au contraire cela a permis aux firmes multinationales chinoises de pouvoir en même temps plus facilement accéder aux marchés respectifs des pays co-signataires. Les entreprises chinoises étaient fortement intéressées par la production locale de Caoutchouc et une main d'oeuvre meilleure marché que la chinoise, ils se sont mis, à leur tour, après le Japon, la Corée du Sud, et Taiwan, à appliquer le modèle du vol d'oies sauvages (voir encadré).

Modèle du vol d'oies sauvages47

Ce modèle de développement économique fut inventé en 1937 par le Japonais Kaname Akamatsu et complété en 1982 par Shinohara. Il se divise en trois phases :

· Le pays importe un produit de faible technicité afin d'alimenter le marché national, tout en étudiant la conception de ce dernier.

· Le pays après avoir compris la conception du produit, remplace les importations par une production nationale. Il se met dès lors, à alimenter le marché national et même à exporter aux pays voisins.

· A cause de l'amélioration économique du pays et de l'augmentation des salaires, la production n'est plus aussi rentable et le produit est abandonné pour un autre à plus haute valeur ajoutée. Or, au lieu d'un simple abandon de la production du produit on assiste, en réalité, à une délocalisation de la production de ce dernier vers des pays voisins où la main d'oeuvre est meilleure marchée.

 

Le Vietnam occupe au sein de l'ASEAN une place particulière. En effet, ce pays accueillit selon une étude de 2010 portant sur 344 entreprises chinoises, 6% de ces dernières48. Ceci classe le Vietnam dans les dix pays qui attirent le plus les IDE chinois, et ce, depuis deux années consécutives. Or, la Chine en même temps qu'une opportunité, se révèle comme une menace pour ces pays. Ces derniers craignent, en effet, que la Chine

47Evelyne DOURILLE-FEER, L'économie du Japon, Paris, 2005, Collection REPERES, Editions La Découverte.

48 Survey on current conditions and intention of outbound investment by Chinese enterprises, April 2010, by the China Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).

n'use de son poids afin de mieux les contrôler, et des actions révèlent ces inquiétudes. Par exemple, la Laos qui est devenu en 2010 le prochain pays à accueillir les Jeux asiatiques du Sud-est, s'est vu offrir l'aide de la Chine pour construire un nouveau stade en échange d'un bail de 50 ans sur 1600 hectares à la périphérie de la capitale Vientiane à l'entreprise Suzhou Industrial Park Overseas Investment Co. Cet acte entraîna des protestations du peuple laotien en sachant que la construction de cette infrastructure serait faite pas des ouvriers chinois.

Cependant, même si en stock l'Asie reste la première zone d'investissement des firmes multinationales chinoises, en terme de flux, l'Asie perdit la première place face à l'Amérique Latine et les Caraïbes (voir graphique II.B.2). Ceci est confirmé par les intentions des entreprises chinoises, qui ne sont plus que 36% à vouloir investir en Asie dans un futur proche.

Graphique II.B.2 : Partage des flux d'IDE chinois entre 2005 et 2006

60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 

2005 2006

 

Amerique Latine et Caraïbes Asie

Autres destinations

Source : OCDE

La majorité des investissements chinois (97% selon l'OCDE) destinés à l'Amérique Latine et aux Caraïbes durant la période s'étendant de 2003 à 2006 visait des placements offshore : Les Bahamas, Les Îles Vierges Britanniques, et les Îles Caïmans. En effet, à la différence de l'Asie, les investissements sont foncièrement plus « spéculatifs » que destinés à l'économie réelle et ne peuvent montrer une implantation d'entreprises chinoises dans cette région. De plus, la crise de 2008 eu comme conséquence de diminuer ces flux, confirmant l'hypothèse de la spéculation, cependant ces derniers se tournent de plus en plus vers des investissements industriels comme les

agrocarburants au Brésil49. A la fin de l'année 2006, la proportion de l'Amérique Latine occupait cependant, 26,3% du stock total d'IDE chinois.

L'Asie est donc encore aujourd'hui la première destination d'implantation des firmes multinationales chinoises, même si son poids tend à diminuer face à la montée de l'Amérique Latine et des Caraïbes. Or d'autres destinations intéressent aussi les entreprises chinoises comme l'Afrique, l'Amérique du Nord et l'Europe.

b) L'Afrique, un marché original et en expansion :

L'Afrique, depuis les années 2000, occupe une place de plus en plus prépondérante au sein des investissements chinois. Les relations sino-africaines existent depuis les années 1950 mais sont restées strictement politiques et non vraiment pris qu'une direction économique vers la fin des années 1990. Ces relations se sont par la suite accélérées, et l'année 2006, marque une étape cruciale dans ces relations : la Chine devient le deuxième partenaire de l'Afrique avec 500 millions de dollars d'échanges, devant la France. En octobre 2000, s'est tenu le premier sommet du forum sur la coopération sino-africaine (\u20013'†»ñç‡çì?? : Zhông Fçi hézuò lùntán), qui a permis de développer les relations économiques entre Pékin et les grands pays africains (voir encadré sur le forum sur la coopération sino-africaine).

Forum sur la coopération sino-africaine

Le forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) se tient tous les trois ans depuis octobre 2000. Le but de ce forum est de permettre d'accroître les relations économiques et politiques entre la Chine et les pays africains. L'année 2006 marque le dépassement de la France par la Chine, en terme d'échanges commerciaux, et permet de considérer que ce forum est, dès lors, plus important que les sommets France-Afrique. Ce forum occupe une place stratégique vitale pour Pékin qui entend augmenter dans l'avenir ses relations avec le continent.50

 

49 http://www.amisdelaterre.org/geopolitique-des-agrocarburants.html (le 1 mars 2011).

50 Source provenant du site Web officiel du FCSA : http://french.focacsummit.org/focacsummit/ (le 1 mars 2011).

Cependant, même si les flux d'IDE chinois sont importants (voir graphique II.B.3), les stocks chinois restent quand à eux très faibles par rapport aux autres partenaires traditionnels de l'Afrique, et ne représentaient en 2006 que 1% du total. Le Royaume-Uni occupait quand à elle la première place avec 16,6%, les Etats-Unis d'Amérique avec 9,2% la deuxième place, la troisième place à la France avec 7,6%, l'Espagne (5,6%), et les Pays-Bas (4,9%).

Graphique II.B.3 : Flux d'IDE chinois vers l'Afrique de 1991 à 2006
(En millions de dollars)

400

200

600

500

300

100

0

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Source : Ministère du Commerce de la République Populaire de Chine.

L'analyse de graphique permet de confirmer deux choses : le début du décollage des investissements chinois commença à partir de la fin des années 1990 et le forum de coopération sino-africain joua un rôle important dans le développement des relations commerciales (sommets de 2000,2003, 2006, 2009, et 2012 à venir).

La majeure partie des entreprises qui investissent, est privée et quelques une à peine sont des entreprises d'Etat. En effet, sur 750 à 800 entreprises chinoises qui investissent en Afrique, à peine 100 d'entres elles sont des entreprises d'Etat, et le reste compte majoritairement des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Ceci permet alors d'appréhender les investissements des entreprises en Afrique, en effet, les PME chinoises réalisent des projets de petits montants, tandis que, les entreprises d'Etat quand à elles réalisent des projets avec de très gros montants (projets de voies ferrées, de génies civils,

et de réseaux de télécommunication...51). Il est important de noter que le FCSA, a permis d'aider les PME chinoises à s'installer, et est l'une des caractéristiques du marché africain. Les entreprises d'Etat, quand à elles, sont présentes depuis longtemps et répondent à des intérêts politiques.

L'autre caractéristique du marché africain qui le rend original est : le mélange d'IDE et d'Aides au Développement. De 1960 à 1989, les aides au développement de la Chine atteignent la somme de 4,7 milliards de dollars (soit la moitié de la totalité des aides au développement reçus par l'Afrique durant cette même période). Alors qu'à la base, ces aides avaient été mises en place afin d'obtenir des soutiens diplomatiques, ces dernières ont évolué afin de se coordonner avec les IDE chinois. En effet, selon les professeurs Deborah Brautigam52 et Duncan Freeman53, les aides au développement chinois visent à s'assurer des soutiens politiques afin d'obtenir un accès privilégié aux ressources naturelles des pays et aux divers marchés du continent. Ces aides ont aussi été mises en place afin de permettre le développement de l'agriculture en Afrique via une acquisition de terres, cependant la production est majoritairement destinée à la Chine et non aux locaux, de plus certaines exploitations visent à la production de biocarburants. Les aides au développement chinois cachent, en effet, des intérêts économiques jugés stratégiques par Pékin. Ces aides permettent aussi de mieux faire passer les investissements au près des locaux, en effet, les entreprises chinoises jouissent d'une mauvaise réputation, en particulier pour les secteurs miniers et de l'industrie lourde. Ces aides sont aussi réalisées par des entreprises, via des contrats, qui les poussent à investir sous des formes de branches, de filiales, de joint-ventures... Cependant, ce mélange n'est pas accepté par tout le monde et certains pays africains ont peur qu'à travers ces aides au développement, la Chine tente de s'immiscer dans les affaires internes du pays. D'autres pays, quand à eux, voient dans ce « mariage » un non respect de la concurrence et une aide inacceptable du PCC à ces entreprises.

Les investissements chinois se concentrent sur 48 pays, dont cinq en particuliers (si l'on regarde sous l'angle des stocks) : l'Algérie, le Niger, l'Afrique du Sud, le Soudan,

51 China's Outward Direct Investment: chapter 3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD 2008.

52 Professeur à la School of International Service, American University.

53 Chercheur à l'Institut d'études contemporaines chinoises de Bruxelles.

et la Zambie. Ces derniers regroupaient, rien qu'à eux, 54,6% du stock total des IDE chinois en 2006. Le Soudan rentra quand à lui en terme de stock, comme la 9e destination mondiale préférée des investissements chinois en 2006 (voir graphique II.B.4).

Graphique II.B.4 : Pays africains qui reçoivent le plus de Stocks d'IDE chinois

600

400

300

200

500

100

0

Soudan Zambie Algérie Niger Afrique

du Sud

Tanzanie Egypte Ethiopie Congo Guinée

Source : Ministère du commerce de la République Populaire de Chine.

En terme de flux, les pays recevant le plus d'investissements chinois en 2006 restent plus ou moins les mêmes (Soudan, Zambie, Algérie, Afrique du Sud). Les 5 destinations préférées en monopolisent plus des trois quarts. En fait, la Chine a globalement investi dans des destinations qui ont été évitées par les firmes multinationales étrangères, et en particulier occidentales, comme le Soudan, l'Angola, et la Zambie. Par exemple, en 2002, la Chine investit en Angola (après 27 ans de guerres civiles) et aida à la reconstruction du pays, ceci permit alors à la SINOPEC d'acquérir 50% de Sonangol54. En 2006, ce rapprochement poussa à la création d'une joint-venture : Sinangol-SINOPEC International, afin de pouvoir à partir de l'Angola investir vers d'autres destinations proches du pays. Des investissements similaires ont eu lieu en 2006 au Soudan, et en particulier dans la zone du Darfour, ainsi qu'au Zimbabwe alors que d'autres firmes multinationales avaient été découragées par l'action d'Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui militent pour les Droits de l'Homme. Ces investissements sont fortement critiqués par les puissances étrangères, mais la Chine répond que sans aides, on ne peut permettre le développement. En réalité, le pays profite de l'absence de concurrence pour s'implanter au meilleur coût, et prendre une avance sur les autres pays. Sur un plan politique la Chine joue la carte des « pays non démocratiques », en effet,

54 Entreprise pétrolière d'Etat angolaise.

l'absence de démocratie est la critique principale faite au pays et utilise cette critique comme un argument positif : « on peut être non démocratique, mais réussir quand même »55. Cette critique commune pousse, certains pays africains, à se jeter dans les bras de la Chine qui montre qu'un pays peut se développer, malgré une absence de régime démocratique.

Dans l'avenir, le marché africain risque de devenir l'un des principaux marchés de la Chine et où de nombreuses firmes multinationales chinoises s'installent. Le PCC parie sur une progression suffisante de ce dernier pour devenir un marché de consommation à très gros potentiel. Cependant, malgré la réussite à l'heure actuelle de la Chine, le continent reste encore perplexe face à ce nouvel arrivant et n'est pas encore prêt à tourner le dos définitivement aux investisseurs traditionnels comme la France. De plus, des échos négatifs liés à l'implantation de firmes multinationales chinoises commencent à se faire entendre. L'exemple de la mine de Chambishi (cf.page.22) reste célèbre et présente la Chine comme un investisseur qui peut être parfois sans scrupule, et qui par ailleurs, embauche en Afrique majoritairement des chinois et non des locaux, ce qui pousse certains pays comme l'Algérie à obliger chaque entreprises du bâtiment chinoises à embaucher au minimum 20% de salariés algériens56.

c) L'Amérique du Nord et l'Europe, un marché plus tardif ?

Les pays occidentaux sont souvent décris, par la presse, comme le nouveau lieu d'investissement et d'installation des firmes multinationales chinoises, cependant l'étude des IDE chinois peut prouver l'erreur partielle de cette affirmation57. Il peut aussi sembler logique à première vue de réunir dans une même catégorie, des pays développés, les marchés nord américains et européens. Or, le réflexe ne doit pas être aussi naturel, en effet, les différences entre les Etats-Unis, le Canada, les Bahamas, les Bermudes, les Îles Caïmans, Cuba, la République Dominicaine, Haïti, Dominique, la Jamaïque, le Mexique, et Antigua et Barbuda sont bien réelles : les deux premiers pays sont respectivement

55 Pan WEI, Le modèle chinois : une lecture de soixante ans de République populaire, Pékin, 2009, Editions Zhongyang Bianyi Chubanshe.

56 http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20090812175902/petrole-chine-commerce-cooperationrien-neva-plus-pour-les-chinois-d-algerie.html (le 1 mars 2011).

57 http://www.presseurop.eu/fr/content/article/354501-faut-il-avoir-peur-de-la-chine (le 1 mars 2011).

classés première et onzième puissance mondiale en 2009 58 , ont des monnaies différentes... Pour l'Europe, les différences sont encore plus grandes avec d'un côté les pays de l'Europe de l'Ouest (Royaume-Uni, Allemagne, France, Belgique...) et de l'Est (Pologne, Ukraine, Russie...), ainsi qu'entre les pays membres de l'Union Européenne, ceux qui postulent à l'adhésion, et ceux qui s'y refusent. Pouvoir parler des entreprises chinoises s'installant dans ces marchés respectifs, c'est d'abord distinguer ces derniers et leurs caractéristiques spécifiques.

Tout d'abord, le marché nord américain n'est pas une destination récente des investissements chinois, bien au contraire, il est avec l'Océanie le tout premier lieu à avoir reçu les premiers IDE chinois en 1979. Ces derniers regroupaient 80% des flux chinois de 1979 à 1991, mais ils restaient, en valeurs absolues, très faibles et n'excédaient jamais un milliard de dollars par an. La majorité de ces investissements étaient de plus effectués par des entreprises d'Etat sans expériences qui hésitaient encore à s'aventurer sur les marchés extérieurs. Cette inexpérience, plus qu'un défaut, est la cause du choix du marché nord-américain et Océanique. L'Océanie était proche et plus développée que la Chine, et l'Amérique du Nord, quand à elle, était un marché très actif et ouvert aux capitaux étrangers. Dans les deux cas, le placement était sur et ne comportait aucun risque majeur à l'époque. Cette absence de risque permet de comprendre cette décision de venir très tôt s'installer sur ces marchés. Or, à près 1991, les entreprises chinoises se sont détournées de ces marchés pour pouvoir se recentrer sur de nouvelles destinations comme l'Asie, il faudra attendre alors 2003 pour voir ces derniers regarder de nouveau vers le marché originel.

En 2010, parmi les entreprises qui ont investi en Amérique du Nord, la majorité a investi ni aux Etats-Unis, ni au Canada, et ont préféré d'autres destinations comme les Bahamas, le Mexique... (Voir graphique II.B.5, voir page suivante).

58 Classement provenant du Fond Monétaire International (FMI), sur une base de calcule du Produit Intérieur Brut (PIB). World Economic Outlook Database d'avril 2010.

Graphique II.B.5 : Destinations des investissements des FMN chinoises en Amérique
du Nord

10%

Etats-Unis

Canada

Etats-Unis et Canada Autres destinations

5%

53%

32%

Source: Source: China council for the promotion of international trade.

Cependant, même si la majorité des entreprises chinoises qui investissent en Amérique du Nord choisit une autre destination que celle des Etats-Unis et du Canada (53%), ces deux derniers pays regroupent 47% des autres investissements. Plus clairement, sur douze pays qui composent l'Amérique du Nord, dix d'entre eux se partagent 53% des investissements chinois, tandis que les deux autres s'en partagent 47%. Ainsi les Etats-Unis et le Canada reçoivent de plus gros montants, et les autres pays doivent se partager à plusieurs, une somme qui est pourtant plus importante. Dans ces autres pays, les Bahamas, les Îles Caïmans, et le Mexique occupent une place importante. Les Bahamas et les Îles Cayman ont une place particulière en tant que paradis fiscaux59 et attirent de nombreux flux d'IDE au détriment de l'Asie (cf. pages.54/55). Le Mexique, quand à lui, est classé quatorzième puissance mondiale, et la Chine depuis la visite de son ministre des affaires étrangères Yang Jiechi en 2010, a décidé d'accélérer l'établissement de relations économiques avec cette puissance montante qui pour avantage, de disposer d'une main d'oeuvre qualifiée et de bon marché, et d'une frontière commune avec les Etats-Unis.

D'après une étude sur les entreprises ayant investis en Amérique du Nord durant l'année 2009/2010, la grande majorité d'entre elles sont satisfaites de leurs investissements (voir graphique II.B.6, voir page suivante).

59 Les paradis fiscaux sont des territoires qui disposent d'une fiscalité très basse en comparaison des pays développés. Christian CHAVAGNEUX et Ronen PALAN, Les paradis fiscaux, Paris, 2007, Collection REPERES, Editions La Découverte.

Graphique II.B.6: Degré de satisfaction des investissements en Amérique du Nord

12%

3%

17%

8%

60%

Très satisfaits Assez satisfaits Plutôt déçus Très déçus Sans avis

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, 68% d'entre elles estiment être satisfaites de leurs investissements, contre 15% qui sont déçues. Cette majorité écrasante de satisfaction montre l'intérêt que le marché nord américain peut avoir pour les firmes chinoises, qui estiment avoir reçues un bon retour sur investissement. Il est aussi intéressant de noter que 17% des firmes multinationales chinoises sont sans avis, pour la simple raison qu'elles jugent que leurs investissements sont encore trop récents pour pouvoir se prononcer sur un quelconque degré de satisfaction. Ceci prouve que le marché nord américain a bel et bien attiré de nombreux investissements récemment (2003/2006), et peut faire preuve du dynamisme de ce dernier.

Les raisons de satisfaction sont nombreuses, même si elles n'empêchent pas l'existence de problèmes pouvant décourager de nombreuses firmes chinoises à venir investir sur ce marché. Du point de vue des aspects positifs, les entreprises chinoises définissent trois grands critères positifs au marché nord américain : la facilité d'entrer sur ce marché (83% des entreprises sont d'accord sur ce point), la facilité pour s'agrandir et prospérer (75%), et la présence de services recherchés par les entreprises (69%). Il en existe bien d'autres, mais ces trois derniers sont les seuls à recevoir un tel consensus des firmes chinoises. Le marché nord américain semble donc facile d'accès et prospère pour les entreprises qui souhaitent s'y installer, et sont des qualités primordiales pouvant expliquer le haut degré de satisfaction que rencontre ce marché pourtant très hétérogène. Cependant d'autres critères, qui auraient pu expliquer aussi cette satisfaction, ne sont pas relevés par les firmes chinoises comme des critères principaux de satisfaction, tel que :

l'accès à des technologies, l'accès aux énergies et ressources naturelles, les efforts des gouvernements locaux pour attirer des entreprises chinoises... (Voir tableau II.B.1).

Graphique II.B.1 : Tableau d'évaluation du marché nord américain

Evaluation du marché nord
américain

Pourcentage d'approbation

Présence de services recherchés par les
entreprises

69%

Coûts d'exercice de l'activité sur le
marché nord américain sont plus bas
que dans les autres pays développés

51%

Facilité pour s'agrandir et prospérer

75%

Accès aux énergies et ressources
naturelles

51%

L'accès à des technologies nécessaires
pour l'activité de l'entreprise

60%

Facilité d'entrer sur le marché

83%

Efforts des gouvernements locaux pour
attirer les entreprises chinoises

52%

L'Amérique Nord est l'une des régions
qui possède globalement un meilleur
niveau de vie

66%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, les politiques mises en place afin d'attirer spécifiquement les entreprises chinoises ne rencontrent pas d'échos particuliers (pour seulement 52% d'entre elles), et l'accès aux énergies et ressources naturelles n'ont un intérêt que pour 51% d'entre elles. A contrario, le meilleur niveau de vie global du marché nord américain trouve un intérêt pour 66% des entreprises chinoises présentes sur ce marché. Niveau de vie d'ailleurs en pleine expansion pour des pays comme le Mexique, qui a vu son Indice de Développement Humain (IDH) progresser de 23% entre 1975 et 2007.

Cependant, malgré les qualités présentées ci-dessus, le marché nord américain possède aussi des défauts qui peuvent alors décourager certaines entreprises à venir investir (voir graphique II.B.7).

Graphique II.B.7 : Raisons décourageant les IDE chinois pour l'Amérique du Nord

Manque de compréhension des lois et des risques liés
à l'Amérique du Nord

Difficulté de trouver des partenaires commerciaux

Clients locaux non familiers avec les marques
chinoises

Clients potentiels et les institutions émettent des
doutes sur les produits chinois (qualité et sureté)

Travailleurs peu familiers avec l'entreprise Importations plus interessantes que les IDE Difficulté d'obtention du visa

 

40%

 
 
 
 

29%

 
 
 
 
 
 
 
 

21%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Source: China council for the promotion of international trade.

Ainsi, la raison principale qui décourage les firmes chinoises à venir s'implanter sur le marché nord américain est le manque de compréhension des lois et des risques liés à ce marché avec 40%. Ceci confirme l'idée de la jeunesse des firmes chinoises avec un manque d'expériences caractéristique, qui peut limiter leurs intentions de s'implanter à l'extérieur. L'action du gouvernement chinois serait alors de jouer un rôle d'informateur pour ces entreprises à travers ses ambassades. La deuxième raison majeure qui pousse les entreprises chinoises à ne pas investir sur le marché nord-américain sont que les importations demeurent plus intéressantes (32%), phénomène lié au manque de confiance des clients potentiels (21%) et à la difficulté de trouver des partenaires commerciaux (29%).

Ainsi, après avoir compris l'actualité du marché nord américain avec ses caractéristiques, ses forces et ses faiblesses, il est désormais nécessaire de s'intéresser aux perspectives d'évolutions de ce marché (voir graphique II.B.8, voir page suivante).

Graphique II.B.8 : Intentions d'investissement en Amérique du Nord

29%

52%

6%

13%

Etats-Unis

Canada

Etats-Unis et Canada

En-dehors de l'Amerique du Nord

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut ainsi s'apercevoir qu'encore 52% des firmes chinoises qui investiront à l'étranger ne le feront pas en Amérique du Nord. Cela peut alors s'expliquer par les difficultés rencontrées par les entreprises chinoises citées précédemment (voir page précédente). Le problème d'un manque d'informations des entreprises chinoises est caractéristique de la grande majorité de ces dernières qui se retrouvent avec des difficultés pour investir, où n'atteignent pas les objectifs visés : comme le cas de l'entreprise Sichuan Tengzhong qui tenta le rachat de la marque Hummer à General Motors, mais qui se heurta aux réticences des employés de la marque et qui au final ne reçu pas l'accord du ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Sinon, 29% des entreprises préfèreront les Etats-Unis, tandis que le Canada n'attirera que 6% d'entre elles. 13% d'entre elles, choisiront d'investir dans les deux pays. Les Etats-Unis occupent une place prédominante dans ces investissements à venir, beaucoup plus que le Canada. Le pays profite d'avantages certains, comme le fait d'être la première puissance mondiale, pour attirer les investissements, mais aussi de ses faiblesses. En effet, le fait que la Chine est accumulée des réserves gigantesques de change en dollars, aide les entreprises chinoises à s'installer dans ce pays60.

Ainsi, le marché nord américain attire de nombreuses entreprises chinoises, et les Etats-Unis occupent une place prédominante au sein de ce dernier. Le pays joue de ses avantages et de ses faiblesses pour attirer les firmes avec un succès certain. Cependant de

60 Elles étaient estimées, en décembre 2006, à 2,400 milliards de dollars. ( http://www.lexpansion.com/economie/lesreserves-de-change-de-la-chine-frolent-les-2-400-milliards-de-dollars 224742.html), le 1 mars 2011.

nombreux défauts caractéristiques du marché limitent encore son attrait, comme la difficulté pour obtenir un visa.

L'Europe, de son côté, attire depuis bien plus récemment les firmes chinoises et en nombre limité. Actuellement l'Europe de l'Ouest domine en attirant la majorité des firmes chinoises, mais l'Europe de l'Est progresse de plus en plus depuis 2003 en particulier la Russie. Il faut alors diviser l'Europe en deux pour pouvoir analyser les investissements, mais au lieu de la diviser entre « Ouest » et « Est », il serait plus intéressant pour l'analyse de la diviser entre : l'Union Européenne (UE27), et l'Europe toute entière (en y introduisant la Turquie et la Russie).

En fait, sur la totalité des firmes chinoises qui s'implantent à l'étranger, à peine 11% d'entre elles choisissent l'Union Européenne comme destination (voir graphique II.B.9).

Graphique II.B.9 : Firmes chinoises qui investissent actuellement dans l'UE27

10,82%

,44

88,74%

Oui

Non

Sans réponses

Source: China council for the promotion of international trade.

Les entreprises chinoises investissent ainsi donc peu dans l'Union Européenne. Les pays qui attirent alors la majorité des investissements sont : l'Allemagne, la France, l'Italie, et le Royaume-Uni. Les entreprises chinoises préfèrent donc les pays de l'Europe de l'Ouest au sein de l'UE27 comme destination d'implantation. Différentes raisons peuvent expliquer cette implantation comme : le poids de l'industrie allemande sur la scène mondiale, la diaspora chinoise en France qui est la plus grande d'Europe avec

200 000 à 300 000 personnes61 ... Si l'on regarde l'Europe dans son ensemble, le continent attira 3.6% des flux d'IDE entre 2003 et 2006. Cependant c'est l'Europe de l'Est et Centrale qui profita le plus de ces investissements, en effet alors que les flux stagnent à 120 millions de dollars pour l'Europe de l'Ouest, le reste de l'Europe attira en 2003, 38 millions de dollars et 500 millions en 2006 (voir graphique II.B.10).

Graphique II.B.10 : Evolution des flux d'IDE chinois de 2003 à 2006 pour l'Europe
(En millions de dollars)

700

600

400

300

200

500

100

0

2003 2004 2005 2006

Europe

Europe de l'Ouest

Europe de l'Est et centrale

Source : Ministère du commerce de la République Populaire de Chine.

Au sein de l'Europe, la Russie occupe une place centrale en attirant 58,9% des flux, l'Allemagne ne vient qu'en seconde place avec 19,9%, et le Royaume-Uni troisième avec 7,1%. La France, elle, occupe une place plus modeste. En terme de stocks d'IDE (2003/2006), ces derniers sont en progression, mais avec toujours un avantage pour l'Europe central et de l'Est qui en accumulent 53,7%, l'Europe de l'Ouest en accumule 46,3%. Cependant cet avantage de l'Est et du centre n'est que récent face à l'Ouest, et l'analyse des stocks permet de mieux sans rendre compte. En effet, jusqu'en 2003, ces derniers étaient majoritairement concentrés en Europe occidentale, le renversement ne s'est fait que lentement, pour finalement arriver à un basculement à l'avantage de l'Europe centrale et orientale à parti de 2006. Certes l'Europe orientale connue un brusque accroissement d'installations de firmes chinoises, mais l'Ouest n'est pas en reste, même si le rythme c'est ralenti, il continu à progresser de façon positive (voir graphique II.B.11, page suivante).

61 http://www.chine-informations.com/guide/diaspora-chinoise-en-france 2485.html, le 1 mars 2011.

Graphique II.B.11 : Evolution des stocks d'IDE de 2003 à 2006 en Europe
(En millions de dollars)

2500

2000

1500

1000

500

0

2003 2004 2005 2006

Europe

Europe de l'Ouest

Europe de l'Est et centrale

Source : Ministère du commerce de la République Populaire de Chine.

L'Europe possède, en effet, des points forts qui permettent d'attirer les firmes chinoises. L'Union Européenne, bénéficie de son marché intégré et de sa monnaie unique qui permet de faciliter les transactions entre les pays membres, ainsi que d'une bonne régulation de ses marchés, ceci est alors cité par les entreprises chinoises comme étant les plus grands avantages que peut offrir l'Union. La qualité des infrastructures, l'excellent niveau de la Recherche et du Développement (R&D), et les politiques incitatives à l'égard des firmes chinoises sont alors aussi décris par les intéressés comme d'autres points forts que l'UE27 offre. C'est pour cela qu'en 2009, l'entreprise chinoise de télécommunication HUAWEI décida d'implanter un centre de R&D à Paris en partenariat avec ParisTech (entreprise qui y trouve son intérêt vu qu'elle consacre 10% de son chiffre d'affaire en R&D)62. Le haut niveau des salaires et des taxes, quand à lui, ne semble pas autant désavantager le marché commun, même si les entreprises chinoises restent assez divisées sur la question. L'Europe centrale et orientale quand à elle bénéficie d'autres avantages comme un marché en expansion et une main d'oeuvre bon marché comparée à l'UE27. La Russie, elle, jouit d'un avantage énorme qui est de posséder deux frontières communes : une avec la Chine et une avec l'Union Européenne. Elle joue le rôle de relais entre les deux pays et le transsibérien permet le transport des marchandises par train en plus ou moins quinze jours. La Russie bénéficie aussi d'autres avantages comme le fait d'être membre de l'organisation de coopération de Shanghai (cf. page.51) et de posséder de grandes réserves de gaz et d'hydrocarbures.

62 http://www.huawei.com/fr/catalog.do?id=1021 (le 11 mars 2011).

Cependant, malgré ces avantages l'Europe n'attirait encore que 3% des stocks d'IDE en 2006. Le manque de connaissance du marché, et de sa réglementation de la part des entreprises chinoises demeure la cause principale de désaffection comme pour l'Amérique du Nord. En effet, sur les entreprises chinoises qui pensaient investir dans l'Union Européenne, 18% d'entre elles ont finalement renoncé. Ce manque de connaissance des habitudes des entreprises européennes et des lois amena à des échecs d'implantation célèbres qui ont pu pousser certaines firmes à reconsidérer leurs projets d'investissement. En France, la reprise de Thomson TV par l'entreprise chinoise TCL est sans doute le cas le plus célèbre (voir encadré sur l'échec de TCL en Europe), or cette reprise fut plus coûteuse que prévue et amena à une obligation de rationaliser l'ensemble de ses activités. Sur un autre plan, le rachat de l'activité tuyaux de Euro-Auto Hose par GreenCool en 2004 amena au final à la fermeture du site et au renvoi des 178 employés. Ensemble d'échecs qui peuvent expliquer la baisse des investissements chinois entre 2006 et 200763.

Echec de TCL en Europe

L'échec de l'implantation de TCL en Europe est symptomatique des difficultés que connaissent les entreprises chinoises de façon majoritaire, et des conséquences néfastes qu'elles peuvent avoir sur les marchés locaux. En 2002, TCL s'implante en Europe après le rachat de Schneider Electronics qui était en dépôt de bilan, cependant les difficultés financières trop lourdes à supporter pour TCL, l'oblige à abandonner en 2005. En 2004, TCL rachète alors Thomson TV qui connaissait des difficultés financières, et devient, début 2006, le premier producteur mondial de TV. Or, à la fin de cette même année 2006, TCL renoue avec des difficultés financières, l'entreprise décide alors de restructurer ses activités, ce qui amena à la fin de la production de téléviseurs en Europe. Ceci est la preuve du manque de connaissances, et de réalisme de la part des firmes multinationales chinoises. Conséquences néfastes pour tous les partis, et qui s'expliquent par la non connaissance totale du marché européen, de ses lois, de ses coutumes, ainsi que par la

 

63 Françoise HAY, Christian MILELLI, et Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris, janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, 135 pages, p.93.

volonté des dirigeants de vouloir racheter des entreprises européennes en difficulté afin de limiter les coûts d'entrés sur le marché.

Source : Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, janvier 2008.

 

En ce qui concerne l'avenir pour 2011 et 2012, les entreprises chinoises se révèlent assez optimistes, et annoncent pour 14,45% d'entre elles, qu'elles considèrent investir dans l'Union Européenne. Les destinations en têtes sont toujours les pays de l'Europe occidentale, avec l'Allemagne à la première place, cependant la deuxième ne revient pas au Royaume-Uni (voir graphique II.B.12).

Graphique II.B.12 : Perspectives d'investissements par Etats membres

120

100

40

20

80

60

0

Autriche

Belgique
Bulgarie
Chypre
Republique Tcheque
Allemagne
Danemark

Estonie

Espagne
Finlande

France

Royaume-Uni

Grace

Hongrie Irlande

Italie

Lituanie

Luxembourg Lettonie

Make

Hollande

Pologne Portugal Roumanie

Suede Slovenie Slovaquie

Nombre des futurs investissements

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, il semblerait pour l'avenir que la France prenne la deuxième place au Royaume-Uni qui finirait au final que quatrième, derrière l'Italie. Il est important quand même de noter la montée de l'Espagne, qui prend la cinquième place juste derrière le Royaume-Uni à quelques investissements près. Or, il est important de se rappeler que par le passé, près de 18% des firmes qui avaient des projets d'investissement dans l'Union Européenne ne les ont, au final, pas menés jusqu'au bout.

Ainsi, l'Europe est un marché très récent qui évolue de façon hétérogène entre sa partie occidentale, centrale et orientale. L'Union Européenne jouit d'un grand pouvoir d'attraction grâce à son marché et sa monnaie commune.

C) Structure sectorielle :

L'étude de la structure sectorielle permet de compléter les observations et les constatations précédentes qu'on a pu établir sur les investissements chinois. Après avoir appris le « Qui », et le « Où », on peut désormais se pencher sur le « Quel ». Etudier les secteurs d'activité, c'est regarder ceux qui attirent les entreprises chinoises. On peut grâce à cela compléter notre regard et confirmer ou infirmer nos opinions sur leurs forces et leurs faiblesses. Ceci peut aussi nous aider à comprendre l'influence du gouvernement sur certains choix, même si cette influence doit faire l'objet plus tard d'une parti bien distincte de ce mémoire. On doit pour permettre une analyse plus stricte de la structure des secteurs se pencher tout d'abord sur une analyse globale de ces derniers, avant de se pencher sur le cas des pays en voie de développement, et des pays développés. Finalement l'analyse des perspectives d'évolution permet d'envisager un changement au sein des firmes multinationales chinoises. L'ensemble des chiffres de cette partie viennent majoritairement d'une étude faite par le China council for the promotion of international trade, cependant, d'autres sources occasionnelles ont été incorporées et apparaissent en note de bas de page.

a) Analyse globale des secteurs d'activité :

L'analyse globale des secteurs d'activité où les entreprises chinoises investissent, permet de compléter l'analyse précédente portant sur les marchés. Elle permet de mieux comprendre certaines destinations selon les secteurs habituellement visés, comme l'Europe pour les technologies, l'Afrique pour les matières premières et l'agriculture. Cependant, avant de porter notre regard sur certains marchés spécifiques, il est intéressant de regarder de façon globale les secteurs d'activité visés, pour se faire une « idée générale » de ces derniers.

Les secteurs visés par les entreprises chinoises sont nombreux et variés allant de l'exploitation des matières, à la manufacture, en passant par le commerce, et les services. Au sein de ces derniers, la manufacture occupe une place prédominante. D'autres

secteurs attirent aussi de nombreux IDE chinois comme : celui de l'exploitation des ressources naturelles, du commerce, et plus étonnant des services (voir graphique II.C.1).

Graphique II.C.1 : Distribution des IDE chinois par secteurs d'activité

4% 6% 2% 5%

75%

8%

Les services

L'exploitation des ressources naturelles

L'agriculture et les produits agricoles

Le commerce La manufacture Autres

Source: China council for the promotion of international trade.

De façon globale (moyenne des investissements menés dans des pays développées ou en voie de développement), la manufacture occupe la première place avec 75% des IDE, vient en deuxième l'exploitation des matières premières (6%), et en troisième, le commerce (5%). Ces chiffres restent largement compréhensible, en effet, la Chine en attirant de nombreuses entreprises de manufactures étrangères sur son territoire a gagné une large expérience dans ce secteur d'activité (surtout pour les produits à faible valeur ajoutée), et il est logique que bon nombre des ces entreprises qui travaillent dans ce même secteur reproduisent à l'étranger leur spécialisation. De plus, l'augmentation régulière des coûts du travail en Chine, pousse certaines entreprises à investir dans des pays proches comme : le Vietnam ou l'Indonésie. Elles préparent l'avenir et l'arrivée de tous nouveaux concurrents en s'implantant sur ces marchés afin de jouir d'une main d'oeuvre bien moins chère qu'en Chine. L'exploitation des ressources naturelles vient en deuxième position et peut être expliquée par les besoins croissants de la Chine en la matière afin de soutenir son niveau de croissance élevé. Au-delà de ces trois secteurs clés, il est intéressant de voir se développer le secteur des services qui occupe la quatrième place avec 4%. Or, il est nécessaire de se rappeler que les entreprises chinoises se plaignent d'être mal informées, et que ceci est la première cause du refus d'investir à l'étranger de ces dernières. Le secteur du service aux entreprises et du « consluting » est en train depuis quelques années de fortement progresser et certaines entreprises chinoises ont acquis dans ce secteur une taille gigantesque comme l'entreprise Neusoft spécialisée

dans la fourniture aux entreprises de logiciels adaptés64. Progression, de plus, sous la coupe du PCC, qui depuis 2006 soutient le secteur de « l'outsourcing »65 via sa politique du « 1000-100-10 » (c'est-à-dire, 10 villes sélectionnées pour attirer 100 entreprises spécialisées dans « l'outsourcing », et soutenus par 1000 fournisseurs chinois). Selon Ning Wright : « la Chine risque de s'imposer à l'horizon 2015 comme une plate-forme incontournable dans le marché des services externalisés »66, le secteur du service est donc en plein expansion dans ce pays, qui aujourd'hui, en demande de plus en plus.

Cependant, selon l'origine de l'entreprise qui émet des investissements, le secteur visé peut être totalement différent. En effet, les entreprises originaires du delta de la rivière des Perles, du delta du fleuve Yangtze, de Dalian du centre ou de l'Ouest de la Chine n'investissent pas dans les mêmes secteurs d'activité (voir graphique II.C.2).

Graphique II.C.2 : comparaisons des secteurs valorisés selon l'origine des
entreprises

Agriculture Manufacture Service

Delta du fleuve Yangtze

Delta de la rivière des perles

Dalian

Chine centrale

Chine de l'Ouest

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut ainsi s'apercevoir, que quelque soit la région d'origine de l'entreprise, le secteur de la manufacture reste le premier avec plus de 40%. Les deux régions qui favorisent le plus ce secteur sont les deux les plus développés du pays : les deltas de la rivière des perles (87%), et du fleuve Yangzte (75%). Le secteur de la manufacture est le plus en vogue parmi les entreprises chinoises, loin devant le secteur des services et de

64 Source : UBIFRANCE et les missions économiques.

65 L'outsourcing, qui peut être traduit en français par : sous-traitance, désigne tout ce qu'une entreprise ne veut ou ne peut faire pour des raisons pratiques ou économiques.

66 Ning WRIGHT est la conseillère responsable de « Information, Technology & Sourcing » au sein de KPMG Shanghai. Propos recueillis par Pierre TIESSEN. Magazine CHINEPLUS, juin/septembre 2010, page.51.

l'agriculture. Cependant, ces derniers occupent une place encore relativement importante. Le secteur de l'agriculture de son côté est surtout favorisé par les entreprises venant des régions de l'Ouest (20%), du centre (5%) et de Dalian (10%). Ces dernières régions, plus en retrait du développement des côtes, sont encore largement agricoles et peuvent expliquer cette préférence pour ce secteur à la différence des deux deltas très urbanisés. Or, le cas du secteur des services est sans doute le plus intéressant à analyser. Ce dernier est très favorisé par les entreprises venant de l'Ouest (plus de 30%) et du delta du fleuve Yangtze. Ce secteur occupe par contre, une place encore minime pour le delta de la rivière des perles. L'Ouest de la Chine qui reste pourtant une zone reculée investit donc dans les secteurs, mais en Asie. En effet, les entreprises de l'Ouest sont celles qui investissent le plus sur ce marché, et peut expliquer que malgré le fait que leur région d'origine est peu développée, elle puisse quand même investir dans ce secteur.

Il est alors intéressant maintenant, de se pencher sur les secteurs d'activité de base des entreprises chinoises qui investissent à l'étranger. En effet, quels sont les secteurs d'activité en Chine qui favorisent le plus les investissements à l'extérieur (voir graphique II.C.3) ?

Graphique II.C.3 : Proportion des entreprises émettant des IDE par secteurs

Vente en gros et au détail
Construction
Equipement électrique
Machinerie et equipement
Chimie
Textile
Agriculture et alimentaire

 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Source: China council for the promotion of international trade.

Ainsi, les secteurs qui favorisent le plus les investissement à l'étranger restent: la construction, le manufacture (équipement électrique et machinerie&équipement), et l'Agriculture/Alimentaire. Le textile reste en retrait, en effet, ce secteur ne s'est pas encore mis à délocaliser vers des pays à plus bas coûts en Asie du Sud-Est comme : l'Indonésie ou le Vietnam. La construction se développe particulièrement en Afrique,

tandis que la manufacture concerne tous les continents à plus ou moins grande échelle. Il est vrai que selon les secteurs d'origine, les investissements visent des pays différents (voir graphique II.C.4).

Graphique II.C.4 : Destination des IDE par secteurs

Machinerie et équipements

Ventes en gros et au détail

Agriculture et alimentaire

Equipements électriques

Construction

Asie Europe Amérique du Nord Amérique Latine Australie Afrique

Chimie

Textile

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut ainsi bien voir que chaque secteur d'activité privilégie plus ou moins un quelconque marché. Le secteur de l'agriculture et de l'alimentaire investit surtout en Asie, tandis que les équipements électriques s'implantent principalement en Europe et aux Etats-Unis, l'Afrique quand à elle accueille beaucoup les investissements des secteurs de la construction et des machineries&équipements. Ceci renvoie à ce qu'on avait vu précédemment avec une Europe et un marché nord américain qui attiraient des entreprises intéressées par la R&D et l'écoulement de produits manufacturés, tandis que l'Afrique attirait beaucoup les entreprises de construction, en particulier au Maghreb. Il faut dès lors, pour obtenir une vision plus précise de ces situations, regarder les marchés développés et en voie de développement avant finalement de s'intéresser aux perspectives.

b) Les secteurs clés au sein des pays en voie de développement :

Au sein des pays en voie de développement, la secteur de la manufacture occupe une place prédominante face aux autres comme : l'agriculture, la construction,... (Voir graphique II.C.5, page suivante).

Graphique II.C.5 : Distribution des IDE par secteurs dans les pays en voie de
développement

7%

7% 3%1% 5%

6%

71%

Agriculture

Manufacture

Construction

Vente en gros et au détail Transport et entreposage Finance

Energie et autres

Source: China council for the promotion of international trade.

La manufacture occupe ainsi la première place en mobilisant 71% des IDE chinois, la deuxième place à égalité est occupée par la construction et la vente en gros et au détail (7%), l'agriculture n'arrive que troisième avec 6%. Ici, le secteur de l'énergie monopolise moins de 5% des investissements en occupant la quatrième position. Or, il peut s'avérer étrange que le secteur de l'énergie n'arrive que quatrième et se retrouve derrière l'agriculture, alors que le PCC affirme depuis 2003 vouloir augmenter ses réserves de pétrole et de matières premières. En effet, aujourd'hui la Chine produit 90% des « terres rares » et détient 50% des réserves mondiales. Elle avait annoncé la réduction de ses quotas d'exportation de 10% pour 2011, alors qu'elle avait durant l'été 2010 déjà diminué ses derniers de 40% afin de satisfaire ses besoins nationaux. Le gouvernement chinois cherche actuellement à acquérir les autres 50% des réserves, en sachant que l'Europe actuellement manque de 14 des minéraux composants ces « terres rares »67. Or, ces chiffres restent généraux et englobent tous les pays en voie de développement où les entreprises chinoises investissent. Ceci peut alors amener à établir certaines fausses conclusions. Il est vrai que par exemple, l'Amérique Latine n'attire que peu d'investissements liés aux matières premières, tandis que l'Afrique en attire énormément. La finance joue aussi un rôle différent si l'on regarde les Bahamas, ou l'Asie centrale. Il faut donc se garder d'établir des hypothèses définitives, en ne regardant que les chiffres

67 Les « terres rares » sont des minéraux aux propriétés électromagnétiques particulières, servant dans des technologies de pointe comme : la télécommunication, l'armement...

Source : Christine KERDELLANT, L'Express, N°3106, semaine du 12 au 18 janvier 2011, page.78.

généraux des pays en voie de développement. Il faut plutôt regarder le détail du secteur de la manufacture qui est important dans pratiquement tous les pays recevant des IDE chinois.

Le secteur de la manufacture regroupe différents sous-secteurs très divers à analyser comme : la production de papier, de plastiques, d'équipements électriques... (Voir tableau II.C.1).

Tableau II.C.1 : Détail du secteur de la manufacture dans les PED

Sous secteurs de la manufacture

Pourcentage (%)

Manufacture générale

18.03%

Manufacture spécialisée

81.97%

Manufacture des produits alimentaires, des boissons et du tabac

4.10%

Manufacture du textile

13.93%

Manufacture du cuir

1.64%

Manufacture du bois

1.64%

Manufacture du papier (pâte et produits)

0.82%

Manufacture du pétrole et des combustibles nucléaires

0.82%

Manufacture de la chimie

7.38%

Manufacture du caoutchouc et des

plastiques

2.46%

Manufacture des produits non métalliques

5.74%

Manufacture des métaux

9.02%

Manufacture machinerie&équipement

21.31%

Manufacture des équipements électriques et optiques

5.74%

Manufacture des équipements de transport

4.92%

Manufacture n.e.c.

2.46%

Total

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

Ainsi, la machinerie&équipement occupe la première place avec 21,31%, suivi de la manufacture générale avec 18,03%. Le textile arrive, quand à lui, en troisième position avec 13,93%. La manufacture des équipements de transport n'occupe qu'une place minimale avec seulement 4,92% et la chimie avec 7,38%. Ainsi, les investissements dans les pays en voie de développement se font dans des secteurs qu'on pourrait qualifier de traditionnels, et qui nécessitent de faibles connaissances techniques comme d'autres secteurs : les combustibles nucléaires...

Les secteurs privilégiés pour les pays en voie de développement sont donc pour la majorité des activités de manufacture très diverses, allant de la manufacture de machinerie&équipement, à la production de produits plastiques.

c) Les secteurs clés au sein des pays développés :

Les différences des secteurs privilégiés par les investissements au sein des pays en voie de développement et des pays développés sont extrêmement faibles. Le secteur de la manufacture occupe toujours une place prédominante en monopolisant cette fois-ci plus des trois quarts des IDE chinois (voir graphique II.C.6).

Graphique II.C.6 : Distribution des IDE par secteurs dans les pays développés

Agriculture

Manufacture

Construction

Vente en gros et au détail Transport et entreposage Finance

Energie et autres

78%

4%

6% 2%2% 5%

3%

Source: China council for the promotion of international trade.

Par rapport aux pays en voie de développement, les secteurs de l'agriculture, de la construction, de la vente (en gros et au détail), du transport et entreposage attirent moins les investissements. Au profit de la manufacture, et de la finance. Ceci s'explique très simplement par le statut des pays développés, qui regroupent les plus grandes places

financières mondiales, et qui sont les marchés les plus riches. De plus, les pays développés (Etats-Unis, pays de l'Europe de l'Ouest, Japon,...) attirent de nombreux investissements liés à des produits manufacturés plus complexes comme les équipements électriques et de machinerie. Ici, l'Allemagne pèse de tout son poids en Europe en étant le plus gros exportateur de biens mondial et qui possède l'industrie la plus puissante d'Europe. Il faut pour cela diviser l'analyse des pays développés, or pour rester dans la continuité des analyses précédentes, nous nous concentrons sur le marché européen et le marché nord américain.

Pour l'Europe, les secteurs visés sont nombreux et assez disparates, même si l'on retrouve toujours le poids énorme de la manufacture (voir tableau II.C.2).

Tableau II.C.2 : Secteurs favorisés en Europe

Les secteurs

Pourcentage (%)

Agriculture, chasse et sylviculture

2.61%

Pêche

0.36%

Manufacture

21.79%

Electricité, eau, et gaz

1.60%

Construction

1.96%

Vente en gros et au détail

7.92%

Hôtellerie et restauration

2.40%

Transport, stockage, et communication

2.69%

Intermédiation financière

1.67%

Immobilier, location, et activités

commerciales

2.11%

Non identifiés

54.90%

Total

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

Même si la manufacture occupe la première place des investissements, la seconde l'est par la vente en gros et au détail (7,92%). Alors que, de façon générale la part de la vente en gros et au détail diminue face aux pays en voie de développement. L'Europe

possède donc bien ses propres spécificités face au reste des pays développés. Les activités de pêche restent très limitées de part une politique très sévère des quotas de prélèvement mis en place par l'Union Européenne. Le secteur du gaz et de l'électricité reste aussi très limité de part l'existence de grands groupes européens de l'énergie (Areva, GDF-Suez, British Petroleum...), ce qui empêche l'arrivée d'entrants potentiels.

Le marché nord américain possède aussi un fort poids du secteur de la manufacture, même s'il ne possède plus la première place de façon exclusive, mais aussi de l'exploitation minière (voir graphique II.C.7).

Graphique II.C.7 : Secteurs favorisés sur le marché nord américain

7%

7%

10% 4%

Agriculture

Exploitation minière Manufacture

Electricité, eau, et gaz Construction

Vente en gros et au détail Hôtellerie et restauration Intermédiation financière Immobiliers

8%

26%

26%

6%

6%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

Sur le marché nord américain, les secteurs visés sont bien plus divisés qu'en Europe. La première place est occupée, ex aequo, par le secteur de la manufacture et de la vente en gros et au détail (26%). Plus surprenant le secteur de l'exploitation minière occupe une place non négligeable (même s'il demeure à la dernière position) en attirant 4% des IDE chinois. Ceci rappelle la longue histoire qui lie les investissements chinois et le marché nord américain, et qui fut le premier visé par les entreprises chinoises dès l'ouverture du pays en 1979. Le reste des secteurs attire de façon plus au moins uniforme (entre 6% et 8%) les autres investissements. Le marché nord américain, de part sa composition actuelle, montre la relative longue relation entre les entreprises des deux pays. En effet, alors que l'Europe est un marché récent qui attire peu les activités traditionnelles (agriculture...). Le marché nord américain, lui, attire tous les investissements dans divers secteurs. Cette longue histoire pouvant expliquer pourquoi

les entreprises chinoises possèdent actuellement un poids non négligeable dans les secteurs de l'extraction minière et de l'agriculture du pays.

Ainsi, les pays développés attirent des investissements qui visent les mêmes secteurs que ceux des pays en voie de développement. Or, en regardant de plus près, on peut s'apercevoir de différences distinctes entre l'Europe et l'Amérique du Nord qui peuvent s'expliquer par l'histoire plus ou moins longues des relations commerciales avec la Chine.

d) Perspective d'évolution des investissements par secteurs :

Après s'être intéressé aux secteurs, qui actuellement attirent le plus les IDE chinois, il est désormais nécessaire de tenter d'évaluer les possibles évolutions de ces derniers. Ceci peut alors permettre de constater une évolution au sein des entreprises chinoises qui s'intéressent à de nouveaux secteurs d'activité plus porteurs, ou plus complexes.

Avant de regarder les perspectives d'évolution par secteurs, il faut tout d'abord regarder les évolutions attendues en termes d'investissement par région d'origine. En effet, même si cela ne concerne pas directement la question des secteurs, savoir si le delta du fleuve Yangtze et les autres régions principales de Chine vont augmenter ou décroître leurs investissements permet de se faire une idée sur les dynamismes respectifs de ces régions (voir graphique II.C.8).

Graphique II.C.8 : Intentions d'investissement par régions sources d'IDE

60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 

Forte augmentation Augmentation Niveau d'origine Diminution Désinvestissement Absence de données

Delta du fleuve Yangtze Delta de la rivière des perles Dalian Chine centrale Chine occidentale

Source: China council for the promotion of international trade.

L'observation de ce schéma permet de constater que de façon globale, les régions sources d'IDE pensent toutes augmenter leurs investissements, même si cette augmentation prend des proportions différentes par régions. Parmi toutes ces régions, le delta du fleuve Yangtze est de loin la plus dynamique, en effet, c'est elle qui dans un avenir proche pense le plus accroître ses investissements et qui pense le moins désinvestir. Or, le delta du fleuve Yangzte est de loin l'une des régions les plus modernes de la Chine qui investit énormément dans le secteur de la manufacture et des services (cf. page.73). L'Ouest de la Chine, de son côté, est plus mitigée et semble vouloir augmenter de façon plus modérée ses investissements, voir même désinvestir. Le point le plus important se situe au sein de la catégorie « Absences de données », en effet alors que le reste des régions semblent claires sur leurs intentions, la Chine occidentale est moins apte à avoir une vision claire de ses objectifs futurs. Cette région est celle qui investit le plus dans l'agriculture, et les services, deux secteurs sans aucuns liens entre eux et qui peut expliquer cette difficulté à choisir entre le secteur primaire traditionnel, ou le tertiaire moderne et plus complexe.

Les perspectives d'évolutions par secteurs permettent aussi de se faire une idée sur les activités en perte ou en gain de vitesse, et donc quels sont les secteurs qui risquent d'être en vogues dans l'avenir proche (voir graphique II.C.9).

Graphique II.C.9 : Intentions par secteurs des futurs investissements

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Construction

Textile

Chimie

Mach ineriatequipement

Agriculture et
alimentaire

Vente en gros et au
detail

Equipement electrique

Forte augmentation Augmentation Niveau d'origine Diminution Désinvestissement

Source: China council for the promotion of international trade.

Ainsi, les secteurs sont globalement en progression à part pour les secteurs du textile et de la chimie qui se préparent à désinvestir. A l'opposé, le secteur de la construction semble connaître une forte progression et est extrêmement dynamique, avec des intentions d'accroissement des investissements presque au niveau des 70%. L'agriculture et l'alimentaire restent aussi très dynamiques avec, les secteurs de la machinerie&équipement et des équipements électriques (au-delà des 60%). Ceci s'explique par la progression de marchés comme celui de l'Afrique pour l'Agriculture et de la manufacture pour l'Europe. Les entreprises présentes sur ces deux marchés restent très optimistes sur les perspectives d'évolution de ces derniers.

Cependant, malgré une progression de certains secteurs, il n'est pas démontré les intentions des futurs montants d'IDE. En effet, même si un secteur peut être en progression, le montant des IDE peut permettre de supposer la solidité de cette progression (voir graphique II.C.10).

Graphique II.C.10 : Echelle des investissements par secteurs

Vente en gros et au détail

Moins de 1 million de dollars Entre 1 million et 5 millions de dollars Entre 5 et 10 millions de dollars

Entre 10 et 100 millions de dollars Au-delà de 100 millions de dollars

Machinerie&équipement

Equipement électrique

Niveau d'origine

Construction

Chimie

Textile

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut grâce à ce graphique voir que la très grande majorité des investissements ne dépassent pas les cinq millions de dollars, et à peine trois secteurs reçoivent des investissements supérieurs à cent millions de dollars (les équipements électriques, la construction, et la vente en gros et au détail). Le secteur de la construction qu'on savait le plus dynamique est aussi le plus solide. Ce secteur est le seul à n'enregistrer aucune intention d'investissements inférieurs à un million de dollars, et qui enregistre le plus

d'intentions d'investissements supérieurs à cent millions de dollars (au-delà des 20%). A l'opposé, la chimie et la machinerie&équipement n'enregistrent aucun investissement supérieur à dix millions de dollars. Certes, cela s'explique facilement pour la chimie qui est un secteur en perte de vitesse, par contre le secteur de la machinerie&équipement qui est pourtant actif n'enregistre pas de forts montants. On peut alors supposer que ce secteur est en progression dans des marchés facilement accessibles et relativement pauvres comme l'Asie ou l'Afrique. Les entreprises chinoises de ce secteur peuvent alors facilement s'implanter en utilisant de faibles moyens financiers. Le secteur du textile de son côté qui pourtant n'est pas dynamique, attire des investissements allant jusqu'à cent millions de dollars. Ce secteur, sans doute, en phase de maturité connaît quelques sorties d'entreprises, qui bénéficient aux restantes et qui se permettent d'investir pour récupérer les parts de marchés restantes.

Au sein des pays en voie de développement, les évolutions sont notables en particulier pour le secteur de la manufacture qui baisse face à d'autres secteurs plus dynamiques comme : l'agriculture ou la construction (voir graphique II.C.11).

Graphique II.C.11 : Futurs investissements par secteurs dans les PED

10%

1%

0%

3% 4% 1%2%

10%

59%

Agriculture

Manufacture

Electricité, eau, et gaz Construction

Vente en gros et au détail Hotellerie et restauration Transport et entreposage Intermédiation financière Immobilier

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, même si le secteur de la manufacture reste le premier en attirant 59% des IDE chinois, celui de la construction, de l'agriculture, de la vente en gros sont en forte progression. Parmi ces derniers, et grâce aux graphiques précédents, on peut affirmer que le secteur de la construction est de loin celui qui devrait le plus progresser d'ici les prochaines années, car, plus dynamique, et plus solide. Il est intéressant de noter qu'en parallèle de la construction, l'immobilier progresse lentement. Il ne serait pas étonnant

que ce secteur tisse des liens avec celui de la construction dans les années avenirs et se fasse porter par la croissance très forte du premier.

Les pays développés connaissent aussi des évolutions similaires, tout du moins pour le secteur de la manufacture (voir graphique II.C.12).

Graphique II.C.12 : Futurs investissements pas secteurs dans les pays développés

6%

1%

12%

2% 3% 1% 4%

6%

65%

Agriculture

Manufacture

Electricité, eau, et gaz Construction

Vente en gros et au détail Hotellerie et restauration Transport et entreposage Intermédiation financière Immobilier

Source: China council for the promotion of international trade.

Le secteur de la manufacture garde toujours la première place, mais en passant de 78% à 65% (cf. page.78). Cependant, ce sont les secteurs de la vente en gros et au détail, et de la construction qui connaissent les plus fortes progressions. L'immobilier de son côté apparaît dans les intentions d'investissement pour la première fois en monopolisant 4% des IDE chinois. Ici, la manufacture reste bien plus puissant que dans les pays en voie de développement de part la structure des marchés développés, qui demandent de nombreux produits manufacturés de moyenne et forte valeur ajoutée.

Ainsi, nous avons pus voir au sein de cette première partie les facteurs empiriques des firmes multinationales chinoises. Ces dernières encore peu expérimentées émettent des IDE de faibles montants, et privilégient les marchés des pays en voie de développement. Cependant, malgré une fragilité relative, certaines d'entres elles n'hésitent pas à investir sur les marchés européens et nord américain afin d'acquérir de nouvelles technologies et des parts de marchés stratégiques dans des secteurs comme celui des technologies vertes. L'avenir permettra de confirmer ou d'infirmer les évolutions prévues pour ces entreprises qui normalement devraient évoluer de façon très dynamiques, en étant des concurrents sérieux, pour celles déjà en place.

Deuxième partie :

Les formes et les facteurs d'expansion des firmes

multinationales chinoises

Même si l'étude de l'expansion des firmes multinationales chinoises est intéressante d'un point de vue historique ou d'analyse des IDE, elle n'en demeure pas moins insuffisante, ou tout du moins, peu précise. En effet, savoir la quantité d'IDE que les entreprises chinoises ont émis durant telle année, en visant tel ou tel secteur et marché permet de dresser une partie de l'analyse, mais pas l'analyse toute entière. Il faut pour cela tout d'abord se concentrer sur les formes, voir les types, d'expansion des firmes chinoises. Les IDE de ces dernières prennent-elles la forme de fusions&acquisitions ? D'établissements de ventes ? D'une création d'infrastructures ? De joint ventures68 ? Connaître la forme d'une expansion permet d'obtenir des renseignements précieux pour compléter les hypothèses émises sur une firme. Il est vrai qu'un faible montant d'investissements peut supposer une firme ayant peur de prendre un risque ou qui se trouve dans un état l'empêchant de dégager un montant plus élevé (jeune entreprise, entreprise soumise à des difficultés financières, réglementation de l'Etat...), regarder la forme de l'expansion permet alors d'infirmer ou de confirmer l'hypothèse (les joint-ventures étant souvent privilégiées par les entreprises ayant peu d'expériences et qui pensent être incapables par elles-mêmes de s'implanter sur un marché). Cependant, l'étude des formes d'expansion ne nous dit rien sur les facteurs poussant à ces dernières, c'est-à-dire les raisons de vouloir investir.

On ne peut ainsi se permettre de faire l'économie, de s'intéresser à la base de toute stratégie, qui est : les facteurs de motivation. S'intéresser à l'expansion des firmes multinationales chinoises, c'est s'intéresser aux facteurs poussant à l'expansion sur les marchés étrangers. Ces facteurs sont de deux natures pour les chinoises : des facteurs économiques et des facteurs politiques. Même si l'on a pu voir précédemment l'augmentation de firmes chinoises privées, celles-ci restent largement moins nombreuses

68 Les joint ventures (en français les coentreprises ou entreprises communes) sont des entreprises détenues à part plus ou moins égales, par deux entités. Weitz.L, Retailing Management, 2004, p.166.

que les entreprises d'Etat. De plus, la procédure d'évaluation des IDE est aujourd'hui encore largement soumise au regard du PCC qui peut invalider tout projet qui ne rentre pas de manière plus ou moins directe dans ses objectifs. Les facteurs politiques jouissent d'un poids fort sur les facteurs de l'expansion des entreprises chinoises, cependant il ne faut pas sous-estimer l'influence des facteurs économiques. Ces derniers sont pris en compte par toutes les entreprises chinoises autant privées que publiques. Même si, l'Etat peut parfois pousser à certaines prises de décisions qui vont à l'encontre des objectifs économiques (qu'on peut simplifier par la production de bénéfices), les règles de l'économie libérale mondiale s'appliquent, et tout projet non rentable amène tôt ou tard à la faillite de l'entreprise qui le soutient. Pékin prend donc forcement en compte les facteurs économiques si ce dernier désire influencer la prise de décision des dirigeants d'entreprises. Une stratégie d'expansion internationale, d'un point de vue chinois, se situe donc là : entres les intérêts politiques et économiques. La création d'entreprises semi-privées (cf. page.20) en est le parfait syncrétisme, c'est-à-dire, des entreprises d'Etat répondant à des intérêts purement économiques, et dont le seul but final n'est pas de remplir une mission d'intérêt public, mais de faire des profits comme n'importe qu'elle entreprise privée.

Ainsi, pour compléter et finaliser cette analyse des stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, il faut se pencher sur les formes et les facteurs de ces expansions. Comprendre ces deux aspects permet alors de confirmer ou d'infirmer les hypothèses qui ont pu être établies précédemment. L'analyse sera alors complète, et pourra permettre au lecteur de pouvoir se faire une meilleure opinion de cette expansion récente des firmes multinationales chinoises.

Chapitre I : Les formes d'expansion :

L'étude des formes d'expansion des firmes multinationales chinoises permet de compléter les analyses faites précédemment. En effet, quand une entreprise décide de s'agrandir (autant sur son marché domestique qu'à une échelle régionale ou internationale), celle-ci bénéficie de différents outils pour lui permettre de réaliser son projet selon ses demandes et ses capacités. Celle-ci peut choisir de « partir de zéro » (greenfield investment) et de construire une infrastructure (usine, centre de vente...) à partir de rien, de faire une fusion&acquisition (c'est-à-dire, d'acheter la majorité des parts d'une autre entreprise afin de la contrôler), d'opter pour une coentreprise/entreprise commune (joint ventures), de réutiliser un investissement fait par une autre entreprise précédente (brownfield investment)...

L'étude de ces différentes formes, et surtout le choix stratégique fait par les entreprises en optant pour telle ou telle forme, permet de mieux cerner la stratégie de cette dernière et de comprendre au final les facteurs motivant à la base son investissement.

A) Un regard global sur les formes d'expansion :

Avant d'analyser de façon très précise, les formes choisies par les firmes multinationales chinoises pour s'implanter à l'étranger selon les secteurs et les marchés visés, il faut regarder le phénomène de façon globale. Regarder de façon globale, c'est se baser sur des moyennes et des phénomènes communs au choix de ces formes, quelque soit le secteur ou le marché visé. Il permet de définir les grandes tendances que l'on rencontre partout, et qui sont liées directement aux firmes chinoises. On peut du même coup, trouver les difficultés majeures auxquelles elles doivent faire face partout dans le monde. Un regard global permet de savoir si un phénomène ou une difficulté est endémique aux entreprises chinoises, aux marchés, et/ou aux secteurs. On peut dès lors, mieux évaluer la source de ces derniers et éviter de l'imputer au mauvais facteur. Après cela, l'étude des perspectives d'évolution permet d'apporter une image positive ou négative, sur le phénomène à observer quand à son avenir.

a) Les différents types d'activités à l'étranger :

Les types d'activité à l'étranger, même si elles se distinguent des formes d'expansion, sont à étudier (au moins de façon très brève) afin de mieux comprendre, de façon globale, l'expansion des firmes chinoises. Ces dernières regroupent : les bureaux de représentation, les agences, des bureaux de vente, des usines de fabrication, des centres de sous-traitance, des centres de distribution... (Voir tableau I.A.1).

Tableau I.A.1 : Types d'activités à l'étranger

Catégories
d'activités à
l'étranger

Première
activité

Deuxième
activité

Troisième
activité

Total
(nombre
d'entreprises)

Total
(en %)

Bureaux de
représentation

134

3

2

139

20,12%

Agences

56

33

0

89

12,88%

Bureaux de
vente

133

30

30

193

27,93%

Usines de
fabrication

37

8

8

53

7,67%

Centres de
sous-traitance

17

22

5

44

6,37%

Centres de
distribution

21

12

20

53

7,67%

Inconnu

38

41

41

120

17,37%

Total

436

149

106

691

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce tableau permet, tout d'abord, de montrer que les entreprises chinoises qui s'installent à l'étranger exercent plus d'une activité (trois en moyenne). Tous les types d'activité sont concernés à part les agences, cependant l'échantillon sélectionné par le conseil chinois pour la promotion du commerce international (China Council for the Promotion of International Trade) reste limité avec seulement 691

entreprises chinoises implantées à l'étranger qui ont répondus à l'enquête. Cependant, malgré un échantillon faible, on peut s'apercevoir que les entreprises installées à l'étranger sont multifonctionnelles. Certaines activités sont d'ailleurs facilement connectées comme : les bureaux de représentation et les bureaux de vente qui sont, de plus, les deux activités privilégiées par les entreprises chinoises avec respectivement 20,12% et 27,93%. Ces deux types d'activités ont comme avantage commun, de donner à l'entreprise une implantation directe, tout en gardant une forme de souplesse. En effet de cette manière, l'entreprise peut mieux observer les marchés visés et donc adapter ses exportations à ces derniers, sans engager des montants d'IDE gigantesques et difficiles à assumer pour elle-même. L'entreprise se limite ainsi donc, à une R&D adaptative au marché local, et à une prospective de nouveaux clients afin de pouvoir mieux écouler ses produits. Cela permet donc de mieux comprendre les faibles montants caractéristiques des investissements chinois qu'on a pu observer précédemment (cf. page.28). Le choix de cette activité peut aussi s'expliquer par le désir de ne pas trop s'engager de la part des firmes chinoises, surtout s'il est difficile d'intégrer le marché, et donc, un manque d'expérience de la part des entreprises correspondantes. Cependant, pour pouvoir véritablement confirmer cette hypothèse, il faut regarder s'il existe des différences sur ce point précis, entre les marchés développés et en développement.

Une autre notion intéressante à extraire de ce tableau est celle des centres de soustraitance. Cette activité ne se base pas sur la production d'un bien ou d'un service propre à l'entreprise (comme pour l'usine de fabrication, en ce qui concerne la production de biens), mais sur la signature de contrat de sous-traitance avec d'autres entreprises. L'entreprise ne fournit ici aucun réel effort de R&D afin de créer un produit spécifique, elle s'engage juste à produire un bien ou un service qu'une autre entreprise ne peut ou ne veut pas réaliser. Or dans ce tableau, on s'aperçoit que les centres de sous-traitance sont plus choisis comme deuxième que première activité par les entreprises chinoises, cette activité est la seule dans ce cas de figure précis. Même si aucun chiffre ne l'atteste, il semble logique d'avancer que l'activité de centre de sous-traitance (qui est d'ailleurs la moins favorisée avec à peine 6,37%) est sans doute liée à celle des usines de fabrication. Ces dernières (7,67%) choisissent en effet, l'activité de sous-traitance comme apport de revenu complémentaire, si la production n'est pas à sa cadence maximale. L'usine de

fabrication peut alors compléter une chute des ventes directes par un contrat de soustraitance pour une autre entreprise, qui elle, connaît un excès de demande. Cependant, les usines de fabrication, en tant que première activité, remplissent d'autres rôles. Les usines de fabrication peuvent remplir différents objectifs selon si elles sont rachetées ou si elles sont construites à partir de rien (greenfield investment). Si elles sont le fruit d'une acquisition, le but peut être double : acquisition d'une technologie et entrée sur un marché. Si elles sont le fruit d'une création, elles ont surtout pour but l'inondation d'un marché par un produit spécifique maîtrisé par l'entreprise créatrice. Or, pour donner une réponse définitive et claire, il faudrait mettre ces données en relation avec les formes d'expansion privilégiées par ces mêmes entreprises.

La dernière notion intéressante soulevée par ce tableau est : les inconnus. Il semblerait en effet, que près de 120 entreprises chinoises sur 691, soit 17,37% soient incapable de définir quel type d'activités elles mènent à l'étranger. Cette réponse peut sembler étonnante de la part de firmes menant des activités à l'étranger. Ceci peut montrer un autre aspect des firmes multinationales chinoises : une difficulté à définir une stratégie claire et se lancer sur des phénomènes d'opportunité. Certes, ceci ne concerne pas de grands groupes chinois somme Haier ou Lenovo, mais peut faire écho à certaines entreprises d'Etat mal préparées à une expansion internationale et qui connaissent par le suite des difficultés. Il semblerait logique pour les grands groupes de posséder plus de trois activités, mais quatre, cinq, six voir beaucoup plus. Activités toutes complémentaires afin de mener des projets clairs et précis de grandes envergures.

Ainsi, les firmes chinoises possèdent un large panel d'activités, qui peut autant laisser supposer des points forts que des faiblesses profondes. Cependant, pour pouvoir mieux se faire une idée sur cette situation, il faut mieux laisser de côté pour l'instant les types d'activités afin de se concentrer sur les formes d'expansion. Ces dernières permettent de se faire une meilleure idée des entreprises chinoises, et de leurs aptitudes à s'étendre sur les marchés mondiaux. En effet, certaines formes d'expansion laissant, plus ou moins, apercevoir un certain niveau d'expérience.

b) Les différentes formes d'expansion :

Les formes d'expansion sont nombreuses mais peuvent se résumer sous quatre grandes formes : les entreprises communes, les fusions et acquisitions, les créations, et les réutilisations d'investissements précédents (voir graphique I.A.1).

Graphique I.A.1 : Les formes des investissements des firmes chinoises à l'étranger

Réutilisations (brownfield investment)
Créations (greenfield investment)
Fusions et Acquisitions
Joint ventures

 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce graphique permet de voir que la forme d'expansion favorisée par les entreprises chinoises, est la création d'établissements (greenfield investment), avec 40%. Ceci peut aller à l'encontre de certaines hypothèses qui veut que les entreprises chinoises soient inexpérimentées. En effet, il semblerait au contraire que ces dernières aient accumulé une expérience suffisante afin de mener des projets par elles-mêmes à l'international, même si ce graphique ne permet pas de montrer le taux de réussite et d'échec de ces derniers. Or, il est intéressant de regarder le deuxième choix des firmes chinoises qui est : les joint ventures.

Les entreprises communes (joint ventures) sont des formes d'expansion caractéristiques d'entreprises qui connaissent des difficultés pour pénétrer un marché et qui nécessitent l'aide d'une entreprise présente sur place afin d'y arriver. En effet, les coentreprises sont caractéristiques des entreprises qui nécessitent de l'aide de façon très diverse. Les entreprises communes permettent, en effet, de partager les coûts liés à la création de l'entreprise et donc de limiter le montant global de l'IDE. Cela permet alors de rentrer dans les critères définis par le ministère du commerce de la République Populaire de Chine, et aussi d'utiliser l'argent économisé d'en d'autres projets

d'investissements à l'étranger. De plus, les coentreprises ont comme autres avantages, de permettre de contourner les chocs culturels qui peuvent apparaître lors de l'entrée sur un nouveau marché. Il est vrai que s'associer avec un partenaire local peut permettre de mieux s'adapter aux attentes des consommateurs, ainsi qu'aux lois et règlements du pays. Enfin, l'entreprise commune peut être aussi un moyen d'acquérir de nouvelles technologies présentes sur un marché local. Ainsi, cette autre forme d'expansion semble aller à l'opposé de notre première constatation qui voulait que les entreprises chinoises soient autonomes. Cette forme d'expansion appréciée par une grande partie des entreprises chinoises peut montrer au contraire, une forme de faiblesse de la part des firmes chinoises qui nécessitent de l'aide afin d'accéder aux marchés visés. On se retrouve donc face à un paradoxe : une partie des firmes chinoises semble suffisamment autonome pour mener des projets à partir de zéro, et de s'installer par elles-mêmes sur ces marchés visés, l'autre partie des firmes, quand à elle semble à l'opposé, incapable de mener des projets toutes seules et utilisent la forme des entreprises communes afin de pouvoir mener leurs politiques d'expansion. Cependant même si les projets d'investissement « greenfield » marquent une maturité certaine de la part d'une partie des firmes chinoises, ces dernières sont encore peu nombreuses à choisir l'option des fusions&acquisitions.

Les fusions&acquisitions sont, en effet, encore peu nombreuses parmi les firmes chinoises (19%). Cette forme d'expansion est sans doute la plus difficile que peut choisir une entreprise, chose qui peut s'expliquer par diverses raisons. Tout d'abord, les fusions&acquisitions nécessitent des moyens financiers bien supérieurs que pour les entreprises communes. Ce fort montant peut rentrer en conflit avec les plafonds d'IDE définis par le ministère du commerce de la République Populaire de Chine (cf. page.37), et toutes les firmes chinoises ne sont, de plus, pas capables de fournir de tels montants. Aussi, les fusions&acquisitions obligent à d'autres obligations comme une parfaite connaissance des lois et règlements du pays hôte, ainsi qu'une capacité pour l'entreprise acheteuse à absorber des employés, une culture d'entreprise différente... Il est vrai qu'audelà des simples aspects matériels, les aspects immatériels sont à prendre en compte. Or, les entreprises chinoises peuvent accumuler certaines difficultés comme : une mauvaise image liée à la qualité des produits chinois, à l'organisation du travail... On peut pour

illustrer cette affirmation prendre l'exemple du rachat du journal américain The Onion par l'entreprise sichuanaise Yu Wan Mei Corporation en juillet 2009. Cette acquisition fut un échec total pour l'entreprise chinoise qui voulut utiliser le journal à des fins de propagande prochinoise, alors qu'à la base, ce journal était d'obédience satyrique69. Ce simple exemple permet de montrer deux erreurs que l'entreprise a commises en rachetant ce journal : une mauvaise connaissance des lecteurs américains, et une mauvaise connaissance de l'esprit d'entreprise du journal acheté.

Cependant, il est intéressant de noter que même si les fusions acquisitions restent limitées à l'heure actuelle, ces dernières connaissent une progression lente mais ininterrompue depuis 2008, en particulier au sein des pays en voie de développement. La proportion des fusions&acquisitions par rapport aux autres formes d'expansion (au sein des pays en voie de développement) est passée de 8% en 2008, pour atteindre 15% en 2009, et finalement 22% en 2010. Selon un rapport de l'OCDE de 200870, les flux d'IDE concernant des fusions&acquisitions sont passés de 60 millions de dollars en 1990 pour atteindre 5,3 milliards de dollars en 2005. Ces dernières sont utilisées par les entreprises chinoises comme des moyens d'accéder rapidement et relativement facilement à des hautes technologies (en particulier dans le secteur des télécommunications), d'acquérir des parts de marchés, de posséder une nouvelle marque (pouvant contrebalancer la mauvaise image des marques chinoises)... Mais le rapport permet aussi de démontrer que même si cette forme d'expansion commence petit à petit à s'imposer parmi les firmes chinoises, elle reste encore le panache des grandes firmes multinationales, les plus petites se contentant encore des entreprises communes pour la grande majorité d'entres elles.

Malgré une progression du nombre de fusions&acquisitions, les échecs restent encore nombreux à cause d'une mauvaise préparation et d'un manque flagrant de conseil. Le conseil aux entreprises (consulting) reste encore peu populaire en Chine et amène régulièrement à des échecs cuisants lors de fusions&acquisitions comme avec le groupe TCL (cf. page.69). En fait, les entreprises chinoises sont plus habituées au phénomène de la guanxi (?\u31995OEn : guânxi), qu'on pourrait traduire en français par : « les relations ».

69 EuroBiz, juin 2010, p.37.

70 OECD Investment Policy Reviews : China 2008, OECD 2008, page.74.

Cependant, ces relations vont au-delà d'un simple contact, mais de véritables liens plus ou moins directs avec les clients, les fournisseurs, le PCC... Sans guanxi, il est totalement impossible de mener à bien une activité commerciale en Chine, ou, depuis la Chine71. Or, le problème est, que les entreprises chinoises sont habituées aux guanxi, et les confondent avec le conseil aux entreprises, ce dernier est alors sous-estimé et est pris comme une sorte d'intermédiaire à la réalisation d'un projet. Néanmoins, malgré ce manque de compréhension de l'intérêt du conseil aux entreprises par la majorité des firmes chinoises, certains groupes, parmi les plus puissants, ont commencé à s'y référer pour n'importe quel projet appelant à une fusion&acquisition. Ils ont alors traité avec des groupes comme : JP Morgan, Lehman Brothers, Merril Lynch... (Voir tableau I.A.2).

Tableau I.A.2 : Les 5 meilleurs contrats de fusions&acquisitions conseillés
(2008-2010)

Dates

Nom de
la cible

Nationalité
de la cible

Nom de
l'acquéreur

Montant
(en
milliards
de
dollars)

Conseiller(s)
de
l'acquéreur

Industrie

Avril
2010

Syncrude
Canada

Canada

Sinopec
Int'l

4,639

Deutsche
Bank AG

Energy
and
Power

Mars
2010

Bridas

Argentine

CNOOC

3,100

JP Morgan

Energy
and
Power

Juin
2009

Addax
Petroleum

Suisse

Mirror Lake
Oil & Gas

9,025

Credit Suisse
Group

Energy
and
Power

 

71 http://www.marketing-chine.com/conseils-business-en-chine/les-guanxis-%E5%85%B3%E7%B3%BB, par Olivier VEROT, le 1 mars 2011.

 
 
 
 
 

Lehman
Brothers

 
 

Awilco

 

COSL

 
 
 

Juillet

 
 
 
 

Asia

Energy

2008

Offshore

Norvège

Norwegian

3,887

JP Morgan

and Power

 

ASA

 

AS

 
 
 
 
 
 
 
 

China Int'l

 
 
 
 
 
 

Capital

 
 
 
 
 
 

China Int'l

 
 

China

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Capital

 
 

Netcom

 
 
 
 
 

Juin

 
 

China

 

JP Morgan

 
 

Group

Hong Kong

 

32,012

 

Telecom

2008

 
 

Unicom

 

Merril Lynch

 
 

(Hong

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

CITIC

 
 

Kong)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Securities

 
 

Source: Thomson Reuters

On peut ainsi s'apercevoir que ceci concerne surtout des groupes qui travaillent dans le secteur de l'Energie, voir de la télécommunication, en effet, même si pour la télécommunication (période 2008/2010), ceci ne concerne qu'une seule acquisition (mais pour un montant de plus de 32 milliards de dollars). Le conseil, bien qu'encore marginalement compris par les firmes chinoises, s'avère nécessaire et profitable surtout lors de fusions&acquisitions très lourdes.

c) Les difficultés caractéristiques rencontrées par les firmes chinoises :

Lors de leurs expansions, les firmes multinationales chinoises rencontrent des difficultés, qui ont des conséquences plus ou moins importantes sur leurs investissements à l'étranger. Ces derniers peuvent être perturbés, et favoriser certaines formes d'expansion plutôt que d'autres, afin de s'adapter aux problèmes rencontrés (voir tableau I.A.3, page suivante).

Tableau I.A.3 : Difficultés majeurs que rencontrent les IDE chinois

Difficultés

Score

Difficultés de financement

2,89

Inexpérience à l'international

3,23

Marque chinoise inconnue par les
consommateurs locaux

2,91

Craintes des consommateurs liées à la
qualité et aux dangers potentiels des
produits chinois

2,98

Manque d'innovation au niveau des
produits ou des processus de fabrication

3,27

Incompréhension des nouvelles
régulations internationales et des risques

3,32

Problèmes culturels

3,60

Réponse négative du pays hôte pour
recevoir un investissement

3,75

Réponses négatives des institutions
chinoises pour émettre l'IDE

3,83

Note : Un petit score indique une grande influence de la difficulté sur l'investissement.

 

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut ainsi s'apercevoir que les trois difficultés les plus importantes rencontrées par les firmes multinationales chinoises sont : les problèmes de financement (2,89), des marques chinoises inconnues (2,91), et des craintes liées à la qualité des produits chinois et aux dangers potentiels liés à leur consommation (2,98). Le problème de financement est logiquement le plus grave pour les firmes chinoises, et peut s'expliquer par différents facteurs. Tout d'abord, la procédure chinoise d'évaluation des IDE à trois échelles (cf. page.37) ralentit l'émission des IDE, et cette attente prolongée peut mener à un accroissement des coûts, surtout si cela concerne une fusion&acquisition ou une joint-venture. De plus, il ne faut pas oublier que le ministère du commerce de la République Populaire de Chine a crée des plafonds annuels d'IDE, ainsi pour rester en deçà de ces

derniers, certaines firmes chinoises s'autolimitent et se résignent à mener des projets de plus faible envergure. Cette ingérence du PCC dans les décisions des firmes nationales (autant privées que publiques) ne permet pas aux firmes chinoises d'utiliser tout leur potentiel, au contraire, cela les limitent et les empêchent de débloquer facilement des fonds importants pour mener des projets de très grande envergure sur les marchés internationaux. Cette ingérence qui, au lieu de favoriser, gène les entreprises chinoises qui se retrouvent à devoir proposer généralement des IDE de faible montant pour bénéficier de procédures plus légères et donc plus rapides. Il est vrai que les procédures mises en place par le PCC sont plus favorables pour les faibles montants d'IDE qui bénéficient de procédures d'évaluation plus légères, les firmes se retrouvent donc à devoir réviser leurs intentions à la baisse afin de gagner en réactivité. Ensuite, en plus de limiter les fonds dédiés aux IDE, le PCC limite aussi l'apport en capital étranger. Cette limitation empêche les entreprises chinoises de faire des alliances et de pouvoir donc diminuer les coûts de rachat d'un groupe, ou d'implantation de manière générale. Cette limitation est valable, même si cet apport est minoritaire et non majoritaire, le simple fait d'exister alourdi énormément la procédure d'évaluation. Ceci ne pousse donc pas les entreprises chinoises à trouver des partenaires intéressés par le rachat en parti d'un groupe, elles doivent se débrouiller seules dans la mesure du possible. Enfin, la jeunesse relative de certaines firmes chinoises et leurs inexpériences à l'international peut pousser certaines banques (mêmes chinoises) à vouloir se protéger de tout risque, et donc à augmenter les taux proposés pour les emprunts. Cette augmentation des coûts de l'emprunt, ajouté aux autres difficultés expliquées précédemment, permet d'expliquer les graves difficultés auxquelles les entreprises chinoises doivent faire face sur le plan du financement des projets. Seulement des réformes lancées par le gouvernement pourraient améliorer la situation des firmes, cependant il faudra pour cela atteindre le prochain congrès du PCC en 2012 pour voir s'esquisser les premières évolutions possibles. Il faut quand même rajouter, que si les difficultés financières jouent un rôle important sur les IDE chinois, il n'en est pas de même pour les réponses négatives des administrations chinoises (3,83). En effet, même si les procédures d'évaluation lourdes amènent à une diminution du montant global des IDE, la peur de voir son projet rejeté par le PCC ne l'est pas, au contraire, cette crainte se situe à la dernière place.

Les deux autres grandes difficultés auxquelles les entreprises chinoises doivent faire face sont : le fait que leurs marques soient inconnues par les consommateurs locaux et les craintes liées à la qualité et la dangerosité des produits chinois. En effet, ces deux notions sont, en partie, liées. Les produits chinois ont comme réputation générale d'être de mauvaises qualités, voir dangereux pour la santé, comme le rappel l'affaire des fauteuils de Conforama qui avaient fais plus de 38 000 victimes en France72. Cette mauvaise image de marque accentue les défiances envers les produits chinois surtout que la majorité des clients hors de Chine ne connaissent pas les marques chinoises et se retrouvent donc incapables de faire la différence entre les produits de telle ou telle marque. Le fait que les marques chinoises ne soient pas connues vient en partie du fait, que pour la majorité des consommateurs, la Chine est encore un pays de délocalisation qui produit pour des firmes étrangères, mais qui n'exporte pas les produits de ses propres marques. Cette façon de voir, bien que fausse, est encore largement répandue parmi les consommateurs qui ne croient pas voir des marques chinoises dans les grands centres de distribution. De plus, les consommateurs peuvent connaître des phénomènes d'habitudes et se concentrer sur une marque, ainsi l'arrivée d'un nouvel arrivant peut passer inaperçue si aucune campagne publicitaire de grande envergure n'est engagée afin de soutenir l'entrée du produit sur un nouveau marché. L'autre fait pouvant expliquer ce phénomène est la barrière de la langue. Ainsi, des noms comme Haier et Lenovo peuvent passer inaperçu auprès des consommateurs, vu que ces derniers sont traduits phonétiquement. Il est vrai que les entreprises chinoises adoptent une attitude assez passive sur leur image de marque. Ces dernières ne cherchent pas se faire connaître comme des entreprises chinoises, mais au contraire, le cachent aux consommateurs de différentes manières comme : enlever les caractères chinois au profit d'une traduction phonétique (exemple de Lenovo), prendre un nom d'origine anglo-saxonne (exemples de Suntech Power, et Neusoft)... Les entreprises chinoises connaissant la mauvaise réputation de leurs produits cherchent, pour une frange d'entre elles, à cacher leur origine, ou tout du moins, à ne pas mettre en avant la nationalité de leur entreprise pour éviter toute mauvaise publicité. Néanmoins, toutes les firmes chinoises n'appliquent pas ces pratiques et certaines d'entres elles ont, au contraire, mis en place une réelle politique

72 Des sachets antifongiques (pour éviter l'apparition de moisissures) laissés dans des fauteuils produits en Chine, et distribués en France par l'entreprise Castorama, avaient provoqué des réactions allergiques chez certains acheteurs en 2008.

d'image afin de démontrer le sérieux et la qualité de leurs produits. L'entreprise chinoise HAIER est l'une des plus actives sur ce point et son président-directeur général (PDG) Zhang Ruimin (?\u29790êêïq : Zhâng Ruìmin) mène cette politique depuis son accession au pouvoir en 1985. Plus qu'une politique visant à améliorer l'image de ses produits, ce dernier a décidé d'engager la création d'une réelle culture d'entreprise visant à montrer le sérieux de son groupe. En effet ce dernier à, après son accession au poste de PDG, ordonné la destruction de 76 réfrigérateurs défectueux par les ouvriers de l'entreprise sur la place publique. Le but de cet acte était de remodeler l'entreprise, et sa politique de qualité, afin de l'adapter à la concurrence mondiale et de pouvoir lancer par la suite, une stratégie d'expansion vers les marchés étrangers. Cette destruction des réfrigérateurs sur la place publique est interprétée comme l'acte fondateur qui lança la culture de l'entreprise, et est présentée comme tel par le service de communication de Haier. D'autres phénomènes ont été, par la suite, présentés comme des actes rentrant dans cet engagement pour la qualité : en 1988 l'entreprise gagna la médaille d'or nationale de la qualité pour les réfrigérateurs, en 1990 la firme gagna le prix national de la gestion de la qualité, et la certification UL73... Cependant, même si le groupe Haier a mis en place une politique efficace afin d'améliorer l'image de ses produits et faire connaître sa marque, la grande majorité des entreprises chinoises sont encore loin de mettre en place de tels efforts (qui sont très coûteux) pour améliorer leurs images de marque. Ces dernières restent globalement passives et essayent de répondre aux critiques de manières individuelles, plus que de refondre leur image de marque.

Un point intéressant soulevé par le tableau est que, les entreprises chinoises n'estiment pas que le manque de connaissances des lois et des risques liés aux activités internationales (3,27), ainsi que les barrières culturelles (3,32) affectent réellement leurs investissements. Or, nous avons pus observer précédemment que tel n'est pas l'avis des cabinets spécialisés dans le conseil aux entreprises comme : JP Morgan, KPMG... De plus des exemples fameux, comme l'échec de TCL en Europe, peut montrer que sur ce point là, les firmes chinoises sous-estiment un peu leurs capacités. Il est vrai que le problème d'intégration des cultures d'entreprises lors des fusions&acquisitions est élevé,

73 http://www.haiereurope.com/fr/contents/les-etapes-importantes-dans-la-vie-de-haier, le 1 mars 2011.

ainsi que lors de l'établissement de certaines joint-ventures en vu de coordonner des efforts de personnels qui possèdent des méthodes de travail différentes.

Ainsi, les entreprises chinoises doivent faire face à de nombreux défis pour pouvoir améliorer leurs positions à l'international. Cependant, ces dernières connaissent un succès indéniable malgré les difficultés auxquelles elles doivent faire face.

d) Les perspectives liées à ces formes d'expansion :

Les prospectives tentent à montrer une évolution des types, ainsi que des formes d'expansion des firmes multinationales chinoises (voir graphique I.A.2).

Graphique I.A.2 : Perspectives d'évolutions des types d'activité

Bureaux de représentation

Production d'équipements

Centres de distribution

Bureaux de vente

Centres d'achat

Agence

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Source: China council for the promotion of international trade.

On peut grâce à l'étude de ce tableau, voir que les bureaux de vente, ainsi que les bureaux de représentation seront dans le futur les types d'investissement favorisés. Ces deux modes sont très flexibles et nécessitent peu d'investissements, ils sont largement employés par des entreprises qui effectuent leurs premiers investissements à l'étranger. Ceci peut montrer que de nouvelles entreprises chinoises vont se lancer, dans le futur, dans des activités internationales pour la première fois. On peut alors supposer une vigueur de la part des entreprises chinoises qui pensent trouver sur les marchés internationaux de nouvelles opportunités, qu'elles ne trouvent pas sur leur marché local.

Ce changement dans les types d'activité induit un autre dans les formes futures des investissements chinois à l'étranger. Ces dernières sont en pleine mutations pour le futur (voir tableau I.A.4).

Tableau I.A.4 : Perspectives d'évolution des formes des IDE chinois

Formes

Nombre

Pourcentage (%)

Créations (greenfield
investment)

123

8,93%

Fusions&acquisitions

251

18,23%

Réutilisations
(brownfield
investment)

269

19,53%

Coentreprises

4

0,29%

Inconnu

579

42,05%

Pas de réponses

151

10,97%

Total

1377

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

On s'aperçoit, tout d'abord, que pratiquement la moitié des entreprises chinoises ne savent pas qu'elles forment elles prendront dans l'avenir (42,05%). Ces dernières hésitent sans doute, soit à reproduire les formes d'investissements qu'elles ont déjà fait par le passé, soit à passer à une nouvelle étape comme : des créations (greenfield investment), ou des fusions&acquisitions. Cependant on peut noter que pour les entreprises qui savent déjà qu'elle forme elles utiliseront, les réutilisations (brownfield investment) sont en première position, alors qu'elles n'enregistrent à l'heure actuelle que de 6% des formes d'IDE employées. La deuxième position est, quand à elle, occupée par les fusions&acquisitions avec 18,23%. Ce pourcentage montre qu'il n'y a pas de réelles évolutions avec le rapport d'aujourd'hui. Tout se jouera avec les décisions que prendront les entreprises plus tard, or il peut sembler étonnant que les firmes chinoises n'aient pas encore pris de décision, cela peut laisser penser que ces dernières ne prévoient pas à long terme leurs projets d'investissements et qu'elles restent assez opportunistes.

Ainsi, nous avons pus nous faire une première idée, de façon générale, des formes qu'emploient les firmes multinationales chinoises dans leurs stratégies d'expansion. Cependant, ces chiffres globaux peuvent varier selon les marchés visés, ainsi que selon les secteurs où les investissements sont réalisés. Il faut alors pour nuancer ces premiers chiffres regarder de façon plus précise les investissements pas marchés et secteurs.

B) Les marchés et les secteurs, facteurs influençant les formes d'expansion :

L'analyse des formes d'expansion par marchés et secteurs permet de se faire une idée plus précise des efforts d'adaptation que doivent fournir les firmes multinationales chinoises pour réussir. En effet, même si les chiffres généraux permettent de se faire une idée globale de la situation actuelle, et donc de pouvoir ériger des hypothèses sur les raisons des choix des firmes chinoises sur la question des formes d'expansion. Ces derniers ne permettent pas de rendre compte de la réalité, en supprimant les écarts types. En effet, existe-il des différences entre les marchés des pays développés et des pays en voie de développement ? Les secteurs d'activité influencent-ils réellement les formes d'expansion et de quelle manière si cela est vrai ? Ces questions sont nécessaires, et on ne peut faire l'économie de les traiter pour rester avec des moyennes générales simplifiant la réalité.

a) Le cas des pays en voie de développement :

Analyser les formes d'expansion au sein des pays en voie de développement c'est devoir se pencher, tout d'abord, à nouveau sur les types d'activité des firmes chinoises qu'elles favorisent à l'étranger (voir tableau I.B.1).

Tableau I.B.1 : Types d'activités à l'étranger pour les pays en voie de
développement

Catégories

 
 
 

Total

 

d'activités à

Première

Deuxième

Troisième

(nombre

Total

l'étranger

activité

activité

activité

d'entreprises)

(en %)

Bureaux de

 
 
 
 
 

représentation

46

2

1

49

17,31%

Agences

26

5

0

31

10,95%

Bureaux de

 
 
 
 
 

vente

55

9

5

69

24,38%

 

Usines de
fabrication

27

5

4

36

12,72%

Centres de
sous-traitance

6

13

2

21

7,42%

Centres de
distribution

5

4

4

13

4,59%

Inconnu

22

21

21

64

22,61%

Total

187

59

37

283

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce tableau permet de constater que les deux premières activités cautionnées par les firmes chinoises restent toujours les mêmes : les bureaux de vente (24,38%), et les bureaux de représentation (17,31%). De plus, les entreprises exercent toujours trois activités pour la très grande majorité d'entres elles, seul les agences de sont pas concernées. Néanmoins on s'aperçoit que les chiffres sont globalement en dessous des moyennes observées précédemment, en effet, les bureaux de représentation chutent de 2,81%, tandis que les bureaux de vente, eux, chutent de 3,55%. Seul une activité se situe au-dessus de la moyenne : les usines de fabrication (12,72%). Ces dernières gagnent 5,05%. Les pays en voie de développement semblent être une terre propice à l'implantation d'usines de fabrication, comme nous avons pu l'affirmer, afin de pouvoir jouer d'une main d'oeuvre meilleur marchée qu'en Chine. On peut supposer aussi, qu'il est plus facile pour les firmes chinoises d'exercer ce genre d'activités dans les pays en voie de développement, dont les réglementations en terme du droit du travail sont souvent moins strictes, que celles qu'on peut trouver dans les pays développés et particulièrement en Europe. La dernière constatation qu'on peut ici faire, c'est que le nombre total d'entreprises interrogées qui investissent dans les pays en voie de développement est de 283. Or, nous avons pus voir que cette étude portait à la base sur 691 entreprises au total. Ainsi, sur cette dernière, plus de la moitié des entreprises interrogées exercent une activité dans les pays développés et non en voie de développement, ceci pouvant nous amener à relativiser en partie ces résultats, même si cela ne devrait pas véritablement changer les grandes tendances décrites ci-dessus.

Après ce regard sur les types d'activité des firmes chinoise dans les pays en voie de développement, il est désormais nécessaire de se pencher sur les formes d'expansions que ces dernières privilégient à l'heure actuelle sur ces mêmes marchés (voir graphique I.B.1).

Graphique I.B.1 : les formes des IDE chinois dans les pays en voie de
développement

Réutilisations (brownfield investment)
Créations (greenfield investment)
Fusions et Acquisitions
Joint ventures

 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45%

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce graphique nous permet de constater que les marchés n'ont pas de réel impact sur le choix des formes d'expansion, hormis pour les fusions&acquisitions. Il est vrai que les chiffres restent très proches des moyennes exposées auparavant, ces dernières ne sont en fait que légèrement supérieures. Seul l'étude du nombre de fusions&acquisitions se révèle intéressant, ces dernières sont légèrement moins nombreuses (15% au lieu de 19%). Il semblerait donc que les fusions&acquisitions ne se révèlent pas comme une nécessité stratégique dans les pays en voie de développement. Ces dernières sont moins nombreuses au profit des autres formes d'expansion, moins coûteuses et plus faciles à réaliser. D'un autre côté, les créations (greenfield investment) sont aussi légèrement supérieures à la moyenne (42% au lieu de 40%), ceci peut sans doute s'expliquer par des coûts moyens plus faibles et des réglementations moins strictes favorisant ce choix stratégique.

Ainsi, nous avons pus voir que pour les pays en voie de développement, plus que les formes d'expansion, ce sont les types d'activité qui évoluent par rapport aux moyennes. Il serait donc plus intéressant, pour cette étude, de se consacrer sur les

perspectives d'évolutions des types d'activité que des formes d'expansion pour compléter notre regard sur l'impact des pays en voie de développement sur les choix stratégiques des firmes chinoises (voir graphique I.B.2).

Graphique I.B.2 : Perspectives d'évolution des types d'activité des firmes chinoises
dans les pays en voie de développement

Bureaux de représentation

Production d'équipements

Centres de distribution

Bureaux de vente

Centres d'achat

Agence

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

Source: China council for the promotion of international trade.

Nous pouvons donc constater certaines évolutions significatives par rapport aux moyennes préétablies, en effet, trois types d'activité évoluent fortement par rapport à ces dernières: La production d'équipements (14% au lieu de 10%), les bureaux de vente (29% au lieu de 31%), et les bureaux de représentation (25% au lieu de 29%). Il vrai que la production d'équipements peut s'expliquer facilement en jouant sur les coûts relatifs plus bas que dans les pays développés et par les réglementations souvent moins sévères (surtout avec l'établissement de réglementations dans les pays développés afin de gérer les externalités ayant des conséquences sur l'environnement). Les bureaux de vente et de représentation sont, quand à eux, moins présents dans les pays en voie de développement. Ces deux types d'activité, plus souples à mettre en place et peu coûteux, sont plus adaptés pour les pays développés où des firmes chinoises hésitent encore à s'installer, ils permettent à ces dernières de bénéficier d'une « tête de pont » sur ces marchés sans engager des coûts élevés. De plus, les firmes, en cas de retournement de la conjoncture, peuvent facilement sortir du marché avec ce type d'activités qu'avec d'autres comme : une usine de fabrication...

Ainsi, nous avons pu constater l'influence que pouvait avoir les pays en voie de développement sur les formes d'expansion. Il faut désormais s'intéresser au cas des pays développés.

b) Le cas des pays développés :

Nous avons pu voir que les types d'activité variaient fortement avec les moyennes pour les pays en voie de développement, il faut dès lors s'intéresser aux variations du côté des pays développés (voir tableau I.B.2).

Tableau I.B.2 : Types d'activité à l'étranger pour les pays développés

Catégories
d'activités à
l'étranger

Première
activité

Deuxième
activité

Troisième
activité

Total
(nombre
d'entreprises)

Total
(en %)

Bureaux de
représentation

88

1

1

90

22,06%

Agences

30

28

0

58

14,22%

Bureaux de
vente

78

21

25

124

30,39%

Usines de
fabrication

10

3

4

17

4,17%

Centres de
sous-traitance

11

9

3

23

5,64%

Centres de
distribution

16

8

16

40

9,80%

Inconnu

16

20

20

56

13,73%

Total

249

90

69

408

100%

 

Source: China council for the promotion of international trade.

Nous pouvons constater depuis ce tableau, que les bureaux de représentation et de vente sont largement plus nombreux que dans les pays en voie de développement. Comme nous avons pus déjà l'expliquer, cela peut venir des firmes chinoises hésitant

encore à s'implanter dans les pays développés à cause de coûts plus élevés et d'une plus grande difficulté d'accès à ces marchés. En Europe, c'est la Suisse qui attire le plus de bureaux de représentation, cela permet aux entreprises qui ne désirent investir encore fortement sur le continent, de bénéficier d'un avant-poste les informant sur les évolutions possibles du marcher et de mieux préparer pour l'avenir, si elles le désirent, leur implantation74. D'un autre côté, les usines de fabrication et les centres de sous-traitance sont bien moins nombreux que dans les pays en voie de développement. En effet, les pays développés attirent plus les firmes chinoises pour écouler leurs produits, ou acquérir des technologies. L'autre point intéressant que nous donne ce tableau est que, les firmes présentes dans les pays développés, sont moins nombreuses à hésiter sur leurs types d'activité (à peine 13,73% d'inconnus, pour 22,61% pour les pays en voie de développement). Ceci nous laisse supposer que les firmes présentes sur les marchés des pays développés possèdent des stratégies plus claires sur leurs types d'activité, que les firmes présentes dans les pays en voie de développement.

Même si nous avons pu voir que les marchés semblaient influencer peu les formes d'expansion, on ne peut se permettre de faire l'économie de cette analyse et nous devons regarder les variations possibles avec les pays en voie de développement (voir graphique I.B.3).

Graphique I.B.3 : Les formes des IDE chinois dans les pays développés

Réutilisations (brownfield investment)
Créations (greenfield investment)
Fusions et Acquisitions
Joint ventures

 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

Source: China council for the promotion of international trade.

74 CHINEPLUS, N°17, décembre2010/février 2011, page.51.

La différence majeure que nous pouvons observer se situe toujours au niveau des fusions&acquisitions, ces dernières étant en effet, bien plus présentes dans les pays développés (22%), que dans les pays en voie de développement (15%). Ces fusions&acquisitions même si elles sont plus chères, et donc doivent être le panache de grands groupes, peuvent apporter, il est vrai, de nombreux avantages aux acquéreurs. Ces dernières sont difficiles à réaliser du fait de coûts élevés, mais aussi de problèmes de culture d'entreprise. Cependant, elles peuvent être un moyen efficace pour les firmes qui l'acquièrent d'intégrer plus facilement un marché à travers une marque déjà présente et donc connue du public. Ceci permet donc de contourner l'image négative qu'on les entreprises chinoises, en agissant à travers une marque déjà connue du grand public, et qui peut jouir d'une bonne réputation. De plus, les fusions&acquisitions sont un moyen très efficace en vue d'acquérir des technologies et des savoir-faire, en effet acquérir une entreprise revient à mettre la main sur l'ensemble des ses brevets et de ses secrets, ainsi que son expérience, ses procédures de fabrication... Plus qu'un moyen de progresser sur un plan technique, la fusion&acquisition peut permettre d'engranger de l'expérience et d'étudier de nouvelles procédures pouvant permettre une augmentation généralisée de la productivité au sein du groupe tout entier. Cependant, au sein des pays développés, les fusions&acquisitions ne sont pas réparties équitablement, ces dernières sont, en effet, plus développées en Europe qu'aux Etats-Unis, ces dernières préférant cette technique pour le premier continent pour des raisons d'acquisitions de technologies.

Néanmoins, malgré un nombre relativement élevé des fusions&acquisitions dans les pays développés, ceci ne montre pas si ces dernières représentent un réel succès. En effet des échecs, plus ou moins graves, se produisent parfois et peuvent mener à des faillites comme avec le groupe TCL en Europe avec le rachat de Thomson TV. Globalement, un rapport du ministère de l'économie, des finances et de l'emploi de 2008 met en avant une mauvaise préparation générale des firmes chinoises qui rachètent des groupes européens. Ces dernières n'ayant que des connaissances limitées des réglementations en vigueur, ainsi que des habitudes salariales, syndicales et autres. Cette

mauvaise préparation amenant parfois à des échecs majeurs comme nous avons pu le citer précédemment75.

L'analyse des futures évolutions possibles des types d'activité des firmes multinationales chinoises permet d'apporter un dernier éclairage sur le cas des pays développés. Cette analyse des perspectives d'évolutions devient surtout intéressante si on la compare avec celle des pays en voie de développement (voir graphique I.B.4).

Graphique I.B.4 : Perspectives d'évolution des types d'activité des firmes chinoises
dans les pays développés

Bureaux de représentation

Production d'équipements

Centres de distribution

Bureaux de vente

Centres d'achat

Agence

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Source: China council for the promotion of international trade.

Nous pouvons tout d'abord constater que les productions d'équipements sont bien en dessous des pays en voie de développement (6% au lieu de 14%). Ainsi, les entreprises qui désirent investir dans l'avenir, choisiront beaucoup moins ce type d'activité dans les pays développés, pour des raisons diverses comme : un coût du travail plus élevé. Ces dernières préfèreront des bureaux de représentation (32%) ou de vente (34%), bien plus faciles à mettre en place, et bien moins chers. Ces types d'activité peuvent laisser penser que sont surtout des firmes qui vont réaliser leurs premiers investissements dans les pays développés. Il serait intéressant pour la suite, de regarder les évolutions sur les cinq prochaines années, afin de voir si la proportion des bureaux de représentation et de vente tendaient à diminuer au profit d'autres types d'activité comme : des centres de distribution... Si tel est le cas, on pourrait penser que certaines firmes

75 Françoise HAY, Christian MILELLI, et Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris, janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, 135 pages, p.93.

chinoises ont décidé de sauter le pas de la simple observation, à une intégration plus profonde des marchés respectifs des pays développés.

Ainsi nous avons pu voir que, comme dans les pays en voie de développement, ce sont plus les types d'activité que les formes d'expansion qui sont affectés par le facteur de développement des marchés. Nous devons donc aller observer sous l'angle des secteurs, pour voir si ces derniers influencent les formes d'expansion, plus que les marchés en eux-mêmes.

c) Le cas des secteurs :

L'analyse des secteurs peut permettre de voir si ces derniers, plus que les marchés, peuvent influencer les formes d'expansion des firmes multinationales chinoises (voir graphique I.B.5).

Graphique I.B.5 : Formes d'expansion par secteurs

Réutilisations (brownfield
investment)

Fusions&acquisitions

Créations (greenfield
investment)

Agriculture et agroalimentaire Textile

Chimie Machinerie et fabrication de matériels

Fabrication d'équipements électriques Construction

Vente en gros et au détail

Coentreprises

0% 20% 40% 60% 80%

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce graphique permet de constater, qu'à la différence des marchés, les secteurs ont un réel impact sur le choix des entreprises, en tout cas, sur le choix de la forme des IDE. Tout d'abord, ce graphique nous montre que la forme la plus favorisée parmi tous les secteurs est : l'entreprise commune.

En effet, tous les secteurs choisissent, au-delà des 20%, cette forme d'expansion qui semble suffisamment efficace pour attirer tous ces derniers malgré de nombreuses différences structurelles. Les coentreprises ont comme avantage de remplir les principaux critères de la majorité des firmes chinoises, c'est-à-dire : une ouverture sur l'international aidée, et à faible coût. Trois secteurs en particulier privilégient cette forme d'entreprise qui sont : le secteur de la machinerie et de la fabrication de matériels (62%), le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire (55%), et le secteur du textile (50%). Ces trois secteurs (en tout cas, pour la plus grande partie des entreprises qui les composent) doivent être plus fragiles que les autres, et c'est pourquoi ces derniers choisissent cette forme d'expansion, qui parmi toutes, est la plus facile. Comme nous avons pu le constater auparavant, les entreprises chinoises subissent de nombreuses critiques en particulier sur la qualité et la dangerosité de leurs produits. Les trois secteurs précédemment cités produisent tous des produits à faible valeur ajoutée (même si le secteur de la machinerie et de la fabrication de matériels peut créer des produits de moyenne et de haute valeur ajoutée, la grande majorité des firmes chinoises ne produisent encore que des produits à faible valeur ajoutée), et cette spécialisation peut pousser à favoriser cet forme s'expansion à l'étranger. En effet, les produits à faible valeur ajoutée sont très sensibles à la variation des coûts de production (coût de la matière première, de la main d'oeuvre...), et une expansion mal maîtrisée peut faire augmenter le prix de ces derniers et donc amener une diminution sensible des bénéfices de l'entreprise. Pour éviter les risques majeurs liés à l'expansion sur des marchés étrangers, il est toujours plus intéressant pour une firme de trouver un partenaire local afin de partager les coûts d'installation, éviter des erreurs de compréhension du marché local (fournisseurs, clients...), et afin de bénéficier d'une possible image positive du partenaire auprès du marché. Cependant, on peut aussi constater qu'un secteur investit à peine au-dessus des 20% sous la forme d'entreprises communes : le secteur de la fabrication d'équipements électriques (24%). Ce secteur, sans doute plus solide que les autres, ne trouve pas de réel intérêt à investir

sous forme de coentreprises et privilégie d'autres formes d'expansion comme les créations.

En effet, l'autre grande forme d'expansion favorisée par les secteurs est : les créations (greenfield investment). Les secteurs de la vente en gros et au détail (59%), de la fabrication d'équipements électriques (51%), de l'agriculture et de l'agroalimentaire (45%), et de la chimie (36%) sont les quatre plus importants à choisir cette forme d'expansion. Cette forme d'expansion est de loin souvent plus coûteuse que celle de l'entreprise commune et aussi plus risquée. Elle exige afin de réussir une bonne connaissance de la destination, afin de remplir les critères spécifiques du marché et de respecter les lois locales, or il ne semble exister aucun lien entre ces secteurs pour expliquer la raison de choix. Il faut pour comprendre le choix de cette forme d'expansion, se rappeler de la préférence des marchés pour chaque secteur (cf. page.75). On s'aperçoit par cette comparaison, que les deux plus gros secteurs à choisir la forme de la création sont des secteurs qui investissent le plus sur le marché européen et nord américain. Ceci permet de confirmer l'hypothèse que les entreprises, composant ces deux secteurs, sont les plus puissantes parmi les firmes multinationales chinoises, et sont capables de mener par elles-mêmes, des projets d'implantation sur des marchés étrangers, qui de plus sont développés. Cependant, pour les secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire, ainsi que de la chimie, le choix semble plus se porter sur le marché asiatique. Ces derniers, même s'ils sont relativement puissants, choisissent des cibles « plus faciles » où les difficultés d'implantation sont moins grandes, chose pouvant expliquer le choix du « greenfield investment ». Nous pouvons constater, quand même, qu'un secteur en particulier ne privilégie pas cette forme d'expansion, celui de la machinerie et de la fabrication de matériels (8%).

L'autre forme d'expansion à analyser est : les fusions&acquisitions. Cette dernière n'est pas choisie par de nombreux secteurs et se trouve loin derrière les créations (greenfield investment) et les entreprises communes. Deux secteurs se trouvent en tête de cette forme d'expansion, même si la quasi-totalité ne dépasse pas les 20%, le secteur de la chimie (22%) et de la fabrication d'équipements électriques (20%). Ceci continue de prouver la maturité des firmes chinoises du secteur de la fabrication d'équipements

électriques, qui en plus de favoriser les créations et d'investir sur les marchés développés, supporte en plus des fusions&acquisitions. Son positionnement, sur les marchés européen et nord américain, laisse supposer que les entreprises de ce secteur rachètent des entreprises occidentales. Ces opérations coûteuses et difficiles à mener permettent de nous laisser croire que les firmes multinationales chinoises les plus matures (à l'heure actuelle) travaillent dans le secteur de la fabrication d'équipements électriques comme l'entreprise Haier ou Lenovo. Pour le secteur de la chimie ceci est un peu différent, ce dernier étant principalement tourné vers le marché asiatique. Ce dernier est réalité est composé par des entreprises plutôt hétérogènes si l'on regarde le graphique, en effet parmi tous les secteurs, il est avec celui de la construction à choisir de façon plus ou moins équitable toutes les formes d'expansion. On peut donc émettre l'hypothèse que dans le secteur de la chimie, certaines entreprises ont accumulé suffisamment d'expériences pour supporter des fusions&acquisitions, ainsi que dans celui de la construction. Néanmoins, on peut noter deux secteurs n'investissent pas à travers les fusions&acquisitions : la vente en gros et au détail, et l'agriculture et agroalimentaire.

Les réutilisations restent, quand à elle, une forme d'expansion marginale pour les firmes chinoises avec aucun secteur au-delà des 20%. On peut juste noter que le secteur de la construction arrive en tête avec 16%, suivi par la machinerie et fabrication de matériels avec 13%. Les entreprises de ces deux secteurs sont les seules à choisir cette forme d'expansion au-delà des 10%. Les réutilisations se basent sur un investissement antérieur qui est d'une autre entreprise, mais cela peut amener à des problèmes d'adaptation, même si les coûts semblent moins élevés à première vue. En effet, la réutilisation d'investissements antérieurs faits par des industries peut amener à devoir supporter des frais de décontamination du sol, afin de respecter des lois locales sur la protection de la santé du public (personnel, clients...)76. Ce problème peut aussi se poser à d'autres niveaux, il est vrai q'une réutilisation peut amener à d'autres coûts comme : une transformation pour s'adapter à l'activité de l'entreprise, une restauration de locaux, une adaptation de l'activité du à l'usure... Le secteur de la machinerie et de la fabrication de matériels peut avoir intérêt d'investir sous cette forme via l'achat de machines d'occasions et de stocks (plus souvent de matières premières), la construction de son côté

76 Cela est vrai dans de nombreux pays, comme par exemple, au Québec avec la loi 72 (2002, c. 11).

en continuant des travaux et chantiers qui ont été abandonnés. Or, ces difficultés peuvent expliquer pourquoi des secteurs comme la vente en gros et au détail, le textile, et l'agriculture et l'agroalimentaire n'investissent pas sous cette forme. Il est vrai que le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire est particulièrement sensible à ces problèmes, surtout celui de la pollution, car il doit obéir à de nombreuses contraintes sanitaires. Il faut de plus rajouter les inquiétudes liées à la dangerosité des produits alimentaires chinois qui sévissent dans de nombreux marchés (européens, nord américain,... et même chinois)77.

En conclusion, l'analyse des formes d'expansions a permis de confirmer les hypothèses préétablies. Les firmes multinationales chinoises sont en pleine expansion, et malgré des difficultés qui les limitent dans leur développement, ces dernières maintiennent une vitesse élevée de croissance depuis les années 2000. On a pu quand même noter, que plus que les formes d'expansion, ce sont les types d'activité qui sont véritablement influencés par les marchés visés (développés ou en voie de développement). Les formes, quand à elles, sont plus sensibles aux secteurs d'activité des entreprises, et nous avons pu nous apercevoir que même si les « joint ventures » restent la norme, les fusions&acquisitions sont en plein progression en particulier dans le secteur de la fabrication d'équipements électriques. Cette progression significative des fusions&acquisitions peut laisser entrevoir que les firmes chinoises commencent à rentrer dans une phase de maturité suffisante pour pouvoir égaler véritablement les firmes multinationales étrangères, en particulier occidentales, coréennes, et japonaises. De plus, cette dernière forme d'expansion permet aux entreprises chinoises de mettre la main sur de nouvelles technologies, des procédures de travail différentes adaptées à la concurrence internationale, et de nouvelles marques. Néanmoins, avoir pu établir un lien entres secteurs et forme d'expansion, ainsi qu'entres types d'activité et marchés visés n'est pas suffisant pour déterminer les raisons diverses qui poussent les firmes chinoises à l'expansion internationale. Connaître ces raisons et les évaluer doit faire l'étude d'une partie entière, ici, la dernière de ce mémoire.

77 L'affaire du lait contaminé à la mélamine par le groupe Sanlu en 2008 amena ce dernier à la cessation de paiements le 24 décembre 2008 par décision de la court de justice du Shijiazhuang.

Chapitre II : Les raisons de l'expansion :

La compréhension des raisons de l'expansion des firmes multinationales chinoises permet de compléter cette étude sur les stratégies d'expansion de ces dernières. Or comme le titre du sujet l'affirme, il faut savoir faire la différence entre l'influence des facteurs économiques et politiques. Comme nous avons pu le voir au tout début, le pouvoir politique chinois s'est toujours insinué dans l'économie du pays au cours de son histoire, et exerce encore aujourd'hui une très grande influence. Il est vrai que la raison de l'expansion des firmes chinoises se situe toujours entre politique et économie, avec une influence mutuelle de ces facteurs. Le politique ne peut, en effet, faire l'économie des facteurs économiques pour permettre aux entreprises d'Etat et semi-privées de réussir leurs expansions, et l'économie de son côté, ne peut se permettre d'ignorer le facteur politique dans un pays communiste où l'influence du PCC reste encore énorme.

A) Facteurs économiques de l'expansion :

Avec le temps, le poids du gouvernement et des intérêts politiques ont diminué face aux économiques, et l'invention de l'entreprise semi-privée en est le parfait exemple. Le gouvernement chinois a, en effet, petit à petit laissé de côté des intérêts politiques, dans l'intérêt des grandes firmes chinoises afin de permettre à ces dernières de pouvoir accumuler des bénéfices et de vivre une vie économique normale. Ces intérêts économiques sont très divers et peuvent représenter pour les entreprises concernées des objectifs plus ou moins primordiaux selon leur orientation stratégique. Ici, nous nous basons sur un rapport de l'OCDE pour établir notre étude liée aux facteurs économiques de l'expansion78. Néanmoins, pour plus de clarté, nous devons diviser ces facteurs économiques en groupes afin permettre une analyse plus claire. Cinq facteurs économiques majeurs peuvent ainsi être dégagés, et qui sont : l'acquisition de ressources naturelles, l'acquisition de parts de marchés, l'acquisition d'atouts stratégiques, des stratégies de diversification, et enfin une augmentation de l'efficacité.

78 Chiffres officiels de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China 2008.

a) Acquisition de ressources naturelles :

L'acquisition de ressources naturelles a été dès le début (1979), la principale raison des investissements chinois à l'étranger. En effet, le pays doit pour pouvoir maintenir un taux élevé de croissance économique, s'assurer d'un approvisionnement régulier en ressources naturelles de toutes sortes, allant du pétrole aux alliages en passant par les matières radioactives. En effet, depuis l'ouverture du pays en 1979 et sa modernisation rapide, la demande en ressources naturelles, et particulièrement en pétrole, explosa et obligea le pays et les entreprises à s'assurer des approvisionnements stables pour maintenir la croissance. Cette brutale augmentation de la demande fit passer la Chine de la place de plus gros exportateur de pétrole de toute l'Asie de l'Est dans les années 80, à celle de second plus gros consommateur mondial vingt ans plus tard. En effet en 2006, la Chine importait déjà 43% de sa consommation de pétrole, ratio qui atteignit 60% en 2010 et qui devrait atteindre 76% en 2020.

Les entreprises d'Etat comme : China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), et China National Petroleum Corporation (CNPC) sont à l'origine, et demeurent encore aujourd'hui, les plus grandes entreprises travaillant dans le secteur de l'extraction et de l'exploitation des ressources pétrolières. Sur le plan de l'extraction et de l'exploitation minière, Baosteel, China Minmetals, et Capital Iron And Steel Corporation sont les firmes les plus puissantes et actives. En effet, le principal élément unifiant ce secteur de l'économie chinoise est l'implication très active de l'Etat chinois depuis les débuts de l'ouverture en 1979, qui est le seul à pouvoir accorder des financements suffisamment larges pour pouvoir mener de tels projets économiques à travers les banques nationales. Sur un autre point, les procédures d'évaluation des IDE chinois sont assouplies pour ce genre de projets et les entreprises sont sures de ne subir aucun refus, ce qui pousse ces dernières à vouloir mener de tels projets en sachant que « le risque administratif » est désormais nul. De plus, l'Etat chinois joue de ses relations diplomatiques afin de favoriser ses entreprises dans de nombreux pays, en particulier ceux d'Afrique et d'Asie centrale depuis les années 2000. En effet, la Chine joue la politique de l'aide au développement contre des signatures d'exploitation de ressources naturelles par des firmes chinoises, comme celles précitées. Pékin met aussi en avant, le

fait qu'elle n'est pas une démocratie et qu'elle s'engage à aider des pays non démocratiques eux aussi, comme le Soudan. Il est vrai que certaines entreprises étrangères (souvent occidentales, coréennes, ou japonaises) se voient contraintes par leurs gouvernements de ne pas investir dans certains pays pour des raisons politiques liées aux questions démocratiques et de respect des droits de l'Homme, ce qui n'est pas le cas des firmes multinationales chinoises, qui au contraire, sont aidées par leur gouvernement. C'est ainsi, que des entreprises chinoises ont pu investir entre 2003 et 2006 en Algérie (2006), au Kazakhstan (2005), au Soudan (2004), au Niger (2004), et en Zambie (2006). Ces investissements se font sous différentes formes, par exemple au Kazakhstan, cela est passé par l'acquisition de la compagnie PetroKazakhstan à 67% le 26 octobre 2005. En réalité, le but de l'Etat est ici de maintenir la sécurité énergétique du pays, comme d'autres pays le font eux aussi.

Néanmoins, au-delà de l'action de l'Etat chinois qui cherche à assurer la sécurité énergétique du pays, le privé en Chine voit aussi d'un bon oeil ces acquisitions de ressources naturelles. Face à la volatilité du prix du baril de pétrole, l'intégration verticale peut se révéler un moyen efficace pour en limiter les conséquences. Cette intégration verticale des firmes chinoises permet un approvisionnement en matières premières dont l'ensemble de l'économie a besoin. De plus, cette intégration ne se limite pas au secteur de l'extraction et de l'exploitation pétrolière, mais aussi aux métaux et alliages comme : l'aluminium, le zinc, le nickel, le minerai de fer, l'étain... En effet, ces métaux voient leurs prix monter en flèche avec la consommation croissante de nouvelles technologies comme : les ordinateurs portables, les téléphones mobiles de troisième génération (l'étain étant un élément essentiel des circuits imprimés qui permet les soudures), et même les technologies vertes liées au développement durable. En effet, le secteur des technologies vertes est devenu un objectif prioritaire pour de nombreuses firmes chinoises, ce qui fit du pays le plus gros investisseur privé dans ces technologies avec un total de 34,6 milliards de dollars (sur une période s'étendant de 2005 à 2010) selon l'association américaine PEW79. La Chine, qui prépare la reconversion de son économie, maîtrise d'ores et déjà la moitié des « nouvelles ressources naturelles » nécessaires à l'ensemble des technologies vertes qui sont : les « terres rares ». Ces « terres rares » que nous avons

79 http://www.eenews.net/public/25/14924/features/documents/2010/03/25/document cw 03.pdf (le 1 mars 2011).

déjà citées (cf. page.76) sont produites à 90% par la Chine qui possède aussi 50% des réserves. L'acquisition des ressources naturelles vise aussi ces minéraux rares (rubidium, germanium, indium, scandium, yttrium...), dont la Chine en a produit 130 000 tonnes en 2010 (en comparaison, l'Inde qui est le deuxième producteur mondial de ces métaux, en a produit la même année 2 700 tonnes)80.

Ainsi, bien que l'acquisition de ressources naturelles soit l'une des grands facteurs économiques de l'expansion des firmes chinoises, le but de l'acquisition ne se limite pas aux ressources pétrolières comme des média pourraient le laisser entendre. D'autres matières, qui dans l'avenir se révèleront de plus en plus vitales pour les économies, sont déjà recherchées par ces mêmes firmes chinoises, même si elles se font beaucoup plus discrètes.

b) Acquisition de parts de marchés :

L'acquisition de nouvelles parts de marchés est pour 85% des firmes multinationales chinoises un objectif prioritaire affiché et vise autant les pays développés que les pays en voie de développement. Ces dernières affirment vouloir utiliser l'expérience acquise sur le marché domestique et les exportations vers les pays étrangers afin de se lancer directement dans l'implantation à l'étranger81. A la base, les premières expansions ont pris la forme de bureaux de vente et de représentation qui avaient pour mission de faciliter les ventes en gros et au détail et de faciliter les importations depuis l'étranger des produits fabriqués par les usines en Chine. Ces bureaux permettaient un lien plus direct avec les consommateurs pour mener des études de marché, évaluer la demande, signer des contrats d'approvisionnement... Mais avec le temps les formes d'expansion ont évolué pour mieux s'adapter aux marchés étrangers avec la mise en place : d'unités de production à l'étranger, et des parties de la chaîne de production globale, qui amena à une diminution (assez limitée) des importations des pays étrangers.

De plus, l'acquisition de nouvelles parts de marchés à l'étranger s'avère vital pour certaines industries chinoises qui ont déjà atteint un certain stade de maturité comme : le

80 Christine KERDELLANT, L'Express, N°3106, semaine du 12 au 18 janvier 2011, page.78.

81 D'après l'International Finance Corporation (IFC) et le Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA).

textile, les chaussures, les bicyclettes, les appareils électriques... Ces dernières, qui connaissaient une pression concurrentielle forte sur le marché domestique, ont vu accroître cette pression avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001. Cette arrivée massive d'entreprises étrangères (parfois des délocalisations) et la fin de barrières protectionnistes a poussé certaines entreprises à trouver des débouchées sur les marchés étrangers comme pour la société Haier. Il faut aussi comprendre que les usines chinoises produisent déjà bien plus que le marché domestique ne peut absorber, et cette surproduction concerne de nombreux biens : 30% de surproduction pour les machines à laver, 40% pour les réfrigérateurs, 45% pour les fours micro-ondes, et 87% pour les télévisions. Le secteur de l'automobile atteignit, quand à lui, une surproduction de véhicules de l'ordre de 3 millions d'unités en 2004.

Un point important à souligner est que, pour accéder à certains marchés afin découler leurs produits, quelques firmes chinoises s'installent d'abord sur d'autres marchés limitrophes moins développés. Ces marchés limitrophes sont en lien avec le marché final visé, et les entreprises chinoises mélangent leurs produits avec les produits locaux afin de les faire rentrer sur ce marché. Les entreprises chinoises acquièrent pour cela des entreprises locales où elles font fabriquer leurs produits, ce qui permet de les estampiller « Made in Turkey », ou « Made in Jamaica ». Cette méthode permet de contourner les quotas ciblant les produits chinois, même si ces produits sont au final réalisés par une entreprise chinoise installée, sur un autre marché. Cela est particulièrement vrai pour le secteur du textile, qui s'installe en Jamaïque et sur l'Ile Maurice afin de pouvoir, par la suite, exporter vers le marché américain, en Turquie avec l'exploitation et le traitement du coton pour le marché européen, et les Îles Fidji pour le marché australien. En effet, depuis l'augmentation massive des produits chinois exportés dans les années 1990, les pays étrangers pour protéger leurs industries locales ont mis en place diverses barrières protectionnistes et quotas pour empêcher que leurs marchés respectifs soient inondés par l'arrivée massive de produits chinois. Les entreprises chinoises pour pouvoir contourner ces mesures, ont commencé à investir à l'étranger et à délocaliser une partie de la chaîne de production. Ainsi donc, l'expansion à l'international de certaines firmes chinoises n'est qu'une réponse adaptée à la mise en

place de barrières protectionnistes par les Etats, afin de pouvoir continuer leur activité économique.

Sur ce plan là, le gouvernement chinois n'aida de façon que relative ses entreprises, même si ce dernier affirme que l'acquisition de parts de marché est un objectif crucial pour l'économie du pays. En réalité, sa politique d'aide fut un échec relatif, car même si grâce à son action le nombre d'investissements augmenta, le montant de ces derniers resta très bas. Néanmoins, plus que l'aide du gouvernement, c'est la menace de la cession d'activité qui poussa les firmes chinoises à se lancer sur les marchés étrangers. On peut s'apercevoir que sur ce facteur bien précis d'expansion, les intérêts économiques en sont à l'origine, et non les intérêts politiques qui restent largement mis de côté.

c) Acquisition d'atouts stratégiques :

Ce terme d'atouts stratégiques est en fait, une dénomination large englobant différents objectifs allant de l'acquisition de nouvelles technologies, à l'acquisition de marques, en passant par l'acquisition de réseaux de distribution. Depuis les années 1990, les entreprises ont commencé à s'intéresser à ces atouts stratégiques, en effet, ces dernières (pour certaines d'entres elles en tout cas) ont commencé à envisager un changement de stratégie. Les firmes chinoises ont compris que la stratégie de prix bas très agressifs n'étaient pas envisageable pour le long terme, contracter au maximum les prix pour permettre une consommation de masse ne permettait pas d'engranger suffisamment de bénéfices pour permettre de réaliser des projets innovants. Il fallait au contraire permettre l'innovation des produits chinois, et cela passait par une augmentation des prix. Or, pour augmenter ces prix, les entreprises chinoises doivent se construire une image de marque, ou en acquérir une. C'est dans cet objectif très précis de mettre la main sur de nouvelles technologies et une marque célèbre, que la firme Lenovo a acheté en 2005 la branche PC du groupe IBM, et que le groupe China Mobile mit en place une politique de RSE équivalent à celle des grands groupes mondiaux.

Ce facteur économique privilégia certaines formes d'expansion, dont les fusions&acquisitions et les entreprises communes en particulier. Il est vrai que pour

acquérir une marque ou des technologies (brevets et secrets), les fusions&acquisitions sont la meilleure solution. Néanmoins, cette forme d'expansion comporte de nombreux risques comme : assumer le passif de l'entreprise qu'on rachète, intégrer les nouveaux employés... Les coentreprises, elles, permettent d'apprendre à travers un partenaire local qui peut être disposé à partager certains de ses brevets pour permettre une gestion efficace. Mais au-delà des formes d'expansions, les types d'activité sont elles aussi influencées par ce facteur économique précis. Des groupes chinois comme ZTE, et Huawei ont développé de nombreux centre de R&D à travers le monde dont en France. Ces centres de R&D implantés à l'extérieur cherchent à bénéficier de l'expérience de nombreux pays développés avec des partenariats locaux (autres entreprises, gouvernement local, universités...).

Il faut aussi noter, que ce facteur économique vise surtout les pays développés (Etats-Unis d'Amérique, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon, Corée, Canada...). Les entreprises chinoises cherchent à bénéficier des avantages comparatifs de certains pays comme de l'industrie pour l'Allemagne, de la recherche fondamentale pour la France... Ceci permet de constater que les entreprises qui exercent ce genre d'activités sont des entreprises puissantes et matures, capables d'assumer de tels coûts et une stratégie équivalente à celle des grands groupes mondiaux comme Hewlett-Packard, Vodafone...

d) Stratégie de diversification :

Les stratégies de diversification sont limitées à un type d'entreprises, les entreprises d'Etat. Ces dernières avant l'ouverture du pays en 1979 jouissaient d'un monopole, ce qui leurs permettaient de s'ultra-spécialiser. Or l'ouverture du pays, et la concurrence avec le secteur privé, obligèrent ces dernières à se diversifier afin de résister à la concurrence grimpante sur le marché domestique. Le PCC donna son accord pour permettre à ces entreprises d'Etat de se diversifier autant sur le marché domestique qu'à l'international. C'est ainsi qu'en 1987 après l'accord du gouvernement, la China National Chemicals Import & Export Corporation (SINOCHEM) pu abandonner sa spécialisation dans le commerce du pétrole, des engrais chimiques, et des matières premières pour le

production d'objets plastiques, pour se diversifier dans d'autres secteurs comme : l'agriculture, l'énergie, la finance... Le but du gouvernement était de permettre la création de grands groupes fortement compétitifs à la concurrence internationale, et ceci fut un succès, en effet, le groupe SINOCHEM est depuis classé dans Fortune Global 500.

e) Augmentation de l'efficacité :

Bien que la Chine soit un pays qui possède une main d'oeuvre bon marché, cette dernière est quand même plus élevée que celle qu'on peut trouver dans d'autres pays en voie de développement, comme en Indonésie. En effet, les grandes grèves du printemps 2010 ont amené à une réévaluation de 20% du salaire minimum dans chaque région de Chine, faisant passer ce dernier à 960 RMB à Pékin et 1030 RMB dans la province du Guangdong82. Face à cette augmentée des coûts salariaux en Chine continentale, des entreprises chinoises se mettent à délocaliser afin de bénéficier de coûts plus bas dans d'autres pays. Cette expansion des firmes chinoises commença dans les années 1990 vers les pays membres de l'ASEAN, pour des entreprises travaillant dans le secteur, de la fabrication d'appareils électroménagers, de l'automobile, du textile et de l'industrie agroalimentaire.

De plus, on peut s'apercevoir que les entreprises qui sont délocalisées réalisent des objets de faible valeur ajoutée et d'un faible niveau de technicité. Ces derniers produits qui sont sensibles aux variations des coûts de production font la place en Chine continentale à d'autres industries, fabriquant des objets plus contextes et de plus haute valeur ajoutée. Cette méthode qui consiste à délocaliser des produits à faible valeur ajoutée pour en accueillir d'autres de meilleure qualité est celle du modèle du vol d'oies sauvages du professeur en économie Kaname Akamatsu (cf. page.53). Après le Japon et les Dragons d'Asie (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, et Taiwan), c'est autour de la chine d'user de ce modèle de développement économique.

82 Le Renminbin ou RMB (\u20154êl-? : rénmínbì) est la monnaie officielle de la République Populaire de Chine. Le taux était de 1€=9,0513, le 28/02/2011.

Ce phénomène devrait continuer dans le temps à se renforcer avec l'appréciation du RMB et l'augmentation inévitable des coûts salariaux. Face à ces phénomènes, les entreprises chinoises préparent leur reconversion.

Ainsi, nous avons pu apprécier les facteurs économiques majeurs à l'origine des stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises. Ces derniers sont plus ou moins prioritaires pour les entreprises et les attentes du gouvernement chinois. Bien sur, il est possible de trouver d'autres facteurs pouvant avoir une importance cruciale ou de réorganiser ces derniers (diviser par exemple, les acquisition de technologies et de marques), mais le but de cette étude est de permettre une compréhension globale de ces facteurs et non d'établir une liste quantifiant tous ces derniers. Néanmoins, même si les facteurs économiques peuvent répondre à la majorité des questionnements sur les sources d'influence des stratégies d'expansion des firmes chinoises, il faut s'intéresser désormais au point de vue politique.

B) Facteurs politiques de l'expansion :

Malgré un recul des intérêts politiques face aux intérêts économiques, ces derniers n'ont pas encore disparu au sein de « l'empire du milieu ». En effet, la Chine invente son soft power, une alternative à l'occident pour les pays en voie de développement mis en avant par ses succès économiques et son régime autoritaire. Ainsi, dans l'établissement de ce soft power83, les firmes multinationales chinoises ont un rôle stratégique pour Pékin en tant qu'avant poste du succès chinois dans les pays à « séduire » (ASEAN, Afrique et pays en voie de développement) et à « rassurer » (Etats-Unis, Union Européenne, Japon, et Taiwan). Il est de plus facile pour la Chine d'utiliser le levier économique pour promouvoir son succès grâce aux outils dont elle dispose encore en tant que pays communiste. S'intéresser aux facteurs politiques de l'expansion, c'est regarder les moyens dont dispose le pouvoir politique pour agir sur les entreprises chinoises et les objectifs de ce dernier qu'on peut diviser en deux sortes : Une politiques régionale défendant les intérêts de la Chine, et la mise en avant d'une alternative à l'occident parmi le reste des pays en voie de développement. L'analyse de ces facteurs politiques se basera surtout sur les théories de Jean-Pierre Cabestan84, d'autres sources feront l'usage d'une note de bas de page.

a) L'implication directe du gouvernement dans l'économie du pays :

Le PCC possède encore aujourd'hui de nombreux outils qui lui permettent d'influencer les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, et c'est grâce à ces dernières que celui-ci peut imposer des facteurs politiques aux entreprises chinoises. Ce dernier peut agir à différents stades de l'élaboration de la stratégie des firmes en favorisant les investissements dans des marchés ou secteurs spécifiques à travers des aides financières et sa politique du « Going Global », en interdisant certains investissements via les procédures d'évaluation des IDE, ou encore grâce à une absence de financements des banques publiques. Or malgré ces outils, l'impact direct de ce

83 Le soft power est une notion développée par le spécialiste des relations internationales Joseph Nye dans son libre intitulé Bound to Lead : The changing Nature of American Power (1990). Ce concept est présenté comme le moyen pour un acteur d'influencer le comportement d'un tiers sans moyens coercitifs.

84 Jean-Pierre CABESTAN, La politique internationale de la Chine, Paris, avril 2010, Collection Références, Presses de Sciences Po, 460 pages.

dernier tend à disparaître au profit de formes plus indirectes et incitatives que réellement coercitives pour ces firmes, et ce à cause, de méfiances de la part de firmes étrangères, chose qui pénalise dès lors les firmes chinoises.

Tout d'abord, c'est à travers les entreprises d'Etat que les facteurs politiques chinois ont de l'influence surtout que ces dernières sont les plus puissantes du pays sur la scène internationale en contrôlant en 2005, 84% du stock d'IDE. Comme elles sont les premières à avoir investies à l'étranger et à s'être implantées, elles jouissent d'une grande influence. Cette influence rebondit quasi directement sur le gouvernement chinois qui fait de ces entreprises son image de marque principale. De plus ces entreprises, même si elles basent leurs stratégies sur des intérêts économiques, doivent voir leurs dirigeants être validés par les autorités chinoises. Elles ne craignent en plus, ni la cessation de paiement, ni la prise de contrôle, car elles sont sous la coupe directe de l'Etat qui est actionnaire majoritaire, et le plus souvent au-delà des 60%. Cela est particulièrement vrai pour les 200 entreprises directement sous le contrôle de la Commission de Surveillance et

d'Administration des Actifs de l'Etat (\u22269ç?\u-27038%o@çL???\u30563«ÂÇùàÏ?\u20250%oï : Guówùyuàn

guóyöuzichdn jiãndü gudnll wëiyuánhuì), cette administration sous les ordres du conseil d'Etat chinois prend des décisions pour ces firmes dans le domaine des ressources humaines, du budget, et des stratégies d'investissement. Ceci permet à l'Etat de bénéficier d'un moyen direct pour défendre ses intérêts sur la scène économique mondiale. Ceci permet de montrer, que même si les effets des intérêts politiques chinois dans les stratégies des entreprises se font moins sentir qu'avant, ils n'ont pas totalement disparu et les outils sont toujours en place afin de permettre au gouvernement de reprendre le contrôle total de ces quelques firmes.

L'autre point principal est celui de la procédure d'évaluation des IDE et de financement des entreprises. Ces outils permettent à la Chine de contrôler indirectement le choix des firmes qu'elle ne peut influencer directement, en particulier les entreprises privées. A travers ces procédures, le PCC peut limiter ou augmenter la quantité de flux d'IDE par années et donc la quantité de capital quittant le territoire. Il peut aussi s'accorder un droit de regard sur les investissements faits en coopération avec des entreprises étrangères, de cette manière, le gouvernement peut éviter de perdre une fois

de plus le contrôle des investissements au profit d'entreprises étrangères. L'obtention de financements est aussi un moyen de contrôler les firmes privées chinoises. Comme ces dernières ne peuvent faire appel à des capitaux étrangers, elles doivent, dès lors, obtenir des financements domestiques, le plus souvent à travers les banques nationales. Or, tout investissement qui ne va pas dans l'intérêt du PCC peut être bloqué, avant même que le crédit ne soit accordé. Ceci oblige alors des firmes privées à s'enregistrer en tant que firmes publiques : se sont les « chapeaux rouges » que nous avons pu décrire précédemment (cf. page.24).

Cependant, à cause de ces influences directes, les pays (surtout les pays développés) ont érigé des barrières protectionnistes contre l'implantation des firmes chinoises. Ces derniers ont peur que ces investissements soient plus dans l'intérêt de Pékin, que de l'économie locale visée. En effet, l'Europe craint de voir des secteurs clés de son économie (industrie de haute technologie...) quitter son territoire pour s'installer sur le sol chinois après une acquisition. Les firmes étrangères craignent aussi que s'associer avec une entreprise chinoise dans un projet quelconque, à cause d'une hypothétique influence de l'Etat chinois. Face à cet ensemble de critiques et de vagues de protectionnisme, Pékin cherche la parade sans lâcher ses leviers, et commence à agir de façon plus subtile comme avec sa politique du « Going global ».

La politique du « Going global » mise en place en 2004 visait à accorder des aides financières aux entreprises chinoises sous différentes formes : crédit d'impôt, prêts à taux préférentiels..., si ces dernières investissaient dans des secteurs ou des marchés que le régime estimait stratégique comme : le marché africain et des membres de l'ASEAN. Ces aides financières sont couplées, de plus, avec les aides au développement du gouvernement chinois qui prépare ainsi la signature de futurs contrats. Cette politique marche particulièrement bien en Afrique, où le gouvernement échange des aides au développement (création d'écoles, d'hôpitaux...) contre des signatures de contrat pour l'établissement d'entreprises spécialisées dans l'extraction et l'exploitation de ressources naturelles85.

85 Chiffres officiels de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China 2008.

Ainsi, l'ensemble de ces outils montre bien que le gouvernement chinois peut influer largement le choix stratégiques des firmes chinoises. Or, il faut désormais s'attacher à étudier les facteurs politiques en eux-mêmes, du gouvernement de la République Populaire de Chine.

b) Le régionalisme chinois :

Dans son histoire, la Chine a toujours considéré l'Asie du Sud-Est comme son « pré carré », en preuve les expéditions maritimes de l'amiral Zheng He (\u25972ê®ç‡ : Zhèng Hé) de 1405 à 1433 sous la dynastie Ming. Ce dernier dans ses premiers voyages explora toute l'Asie du Sud-Est, et fit reconnaître la Chine comme la puissance hégémonique de la région. Il n'hésita pas pour cela à mener une expédition militaire sur l'actuel Sri Lanka, afin d'imposer l'hégémonie de la dynastie impériale. Chaque dignitaire des royaumes vassaux devait alors venir à Pékin offrir des offrandes à l'empereur en signe de soumission, en échange la Chine assurait la paix dans la région. Aujourd'hui, la Chine essaie de remettre la main sur cette zone géographique majeure et même plus loin encore, jusque dans l'Asie centrale.

En Asie centrale, c'est à travers ses liens avec la Russie que le Chine essaie de s'implanter. En effet, Pékin et Moscou estiment tous les deux que chacun est un partenaire efficace pour limiter l'avancée des Etats-Unis dans la région, surtout depuis le déclenchement de la guerre contre le terrorisme et l'invasion de l'Afghanistan. Ces deux pays, à travers l'Organisation de coopération de Shanghai (cf. page.51) renforcent leurs liens stratégiques. Ici, la Chine rajoute ses intérêts énergétiques avec les réserves pétrolières et gazières du Kazakhstan qui se révèlent un atout vital pour Pékin. En effet, la Chine essaie d'augmenter son approvisionnement en pétrole tout en le sécurisant, ceux de l'Afrique passant par voie maritime où stationne la 7e flotte américaine ne sont pas considérés par Pékin comme étant totalement surs.

Pour L'ASEAN, les choses sont différentes depuis la mise en place en 2009 de la zone de libre échange. La Chine agit de façon plus active (n'oublions pas que la première zone d'investissement des firmes chinoises est l'Asie) dans cette région spécifique pour

elle. Celle-ci essaie déjà d'internationaliser sa monnaie, même si elle reste prudente pour éviter toute chauffe du RMB, Hong Kong a déjà commencé à émettre des crédits en RMB, tandis que des accords avec les banques centrales de Corée, d'Indonésie, de Malaisie, d'Argentine, et de Biélorussie ont été signés pour leur fournir du RMB. La Chine utilise aussi ses énormes réserves de change afin de mettre sous tutelle des pays dont les réserves sont faibles, et en leur accordant des aides au développement ou des crédits à taux zéro. Face à ces « aides » l'ASEAN s'inquiète, car même si la Chine demeure un partenaire local incontournable, ces derniers essaient de faire revenir à la table des négociations les Etats-Unis absent sous la présidence Bush. Néanmoins, au-delà de stratégies économiques visant les pays membres de l'ASEAN, le développement militaire du pays inquiète. D'après le livre blanc de janvier 2009, le marine chinoise dispose depuis 2010 d'une force de projection englobant Taiwan et le sud du Japon (green line), et devrait d'ici 2020 augmenter ses forces pour atteindre toute l'Indonésie (blue line), enfin pour le moitié du 21e siècle, le Chine pourrait dépasser cette « blue line » et agir directement dans l'Océan Pacifique. Cette montée en force de la marine chinoise inquiète les membres de l'ASEAN ainsi que les Etats-Unis, et qui leurs rappellent la montée en puissance identique du Japon au cours du 20e siècle.

Ainsi, la Chine essaie d'établir une politique régionale auto-centrée sur elle-même. Cette politique s'appuie sur des moyens économiques (firmes chinoises, aides au développement...), ainsi que militaires. Face à cela, les Etats de la région hésitent entre résistance et soumission à la montée de la Chine.

c) Une alternative à l'occident ?

La Chine s'est toujours présentée comme un pays en développement (?\u23637«Wrt:tI1\u23478%oÆ : fazhdnzhong guojia) face aux autres pays développés. Ceci est une image de marque que le pays essaie d'entretenir depuis ses débuts, malgré un relâchement durant les années 1990. En effet, l'arrivée au pouvoir du président chinois Jiang Zemin (E?\u27665- : Jiang Zémín) marqua un tournant dans la politique chinoise. Le pays se détourna durant un cours moment des pays en développement pour se tourner vers les grandes puissances (Etats-Unis, Europe, Russie,...). Néanmoins, cette politique ne dura pas, et un retour de

la Chine se manifesta après le rétablissement d'accords diplomatiques entre le Sénégal et Taiwan.

Ce retour se caractérisa aussi par le besoin pour le pays de commencer à s'assurer des approvisionnements extérieurs en ressources naturelles (pétrole, minerais...), mais aussi sur le plan agricole avec des produits alimentaires de base comme le maïs ou le blé. Pékin joua à nouveau la carte de l'entraide entre les pays du sud contre ceux du nord, relations qui devaient être plus gagnantes pour les pays africains, latino-américains... De plus le PCC ne s'embarrasse pas des problèmes de démocratie, vu que le régime ne l'est pas, au contraire il tend à promouvoir une alternative à l'occident à travers un régime autoritaire qui accumule des succès indiscutables. La Chine connaît depuis 1949 une croissance forte de son IDH qui atteint en 2007 le score de 0,772 (soit 0,009 points de plus qu'en 2006), et qui fait de l'IDH du pays l'un des plus forts parmi les IDH considérés comme moyen. Ces succès se veulent comme preuve de l'efficacité du modèle chinois et que Pékin essaie de diffuser via ses firmes et ses échanges avec les pays en voie de développement. C'est pourquoi la Chine n'hésita pas à encourager ses entreprises à investir dans des pays qui connaissent des problèmes politiques graves, et que la communauté internationale accuse de violer les droits de l'Homme comme : le Soudan, la Zambie, le Bangladesh, et même l'Iran (qui possède le statut d'observateur au sein de l'organisation de coopération de Shanghai).

Ainsi, la Chine essaie, à travers certains investissements, de promouvoir son modèle et de trouver des alliés prêts à la soutenir diplomatiquement sur la scène internationale. Elle tente aussi de devenir le porte-parole, plus ou moins officiel, que d'autres pays essaient d'isoler comme l'Iran, et de s'imposer comme une puissance nouvelle, capable d'assumer des responsabilités sur la scène internationale, ou en tous cas, d'être un acteur incontournable du jeu diplomatique international. Elle utilise pour ça différents moyens dont celui de l'économie à travers ses firmes multinationales d'Etat qui peuvent se retrouver à devoir assumer des objectifs politiques allant dans les intérêts de Pékin. Cependant, les facteurs politiques dans les stratégies d'expansion des firmes chinoises tendent à s'estomper au profit d'objectifs strictement économiques. Ceci peut être expliqué par différents facteurs comme : l'assouplissement du contrôle par le régime,

la critique internationale, le renforcement du secteur privé en Chine... le fait est que le PCC contrôle de moins en moins ses firmes de façon aussi directe que par le passé. Le privé commence petit à petit à s'affranchir du dirigisme économique des institutions, pour mener des stratégies indépendantes de tout facteur politique. Seuls certains secteurs comme l'extraction et l'exploitation des ressources naturelles reste encore véritablement sous le contrôle total de Pékin, tant la sécurité énergétique du pays est primordial. Cependant ceci est vrai pour de nombreux autres pays qui cherchent, eux aussi, à assurer leur sécurité énergétique.

Les stratégies d'expansion des firmes chinoises sont ainsi donc faites, avec un mélange de facteurs économiques et politiques, et où ce dernier tend à laisser plus de place au premier. Il est donc difficile de faire la part des choses, mais il ne faut surtout pas diviser ces facteurs, au contraire, il faut tous les prendre en compte pour mieux comprendre la mise en place des stratégies d'expansion par les firmes multinationales chinoises. Ce qui est sur, c'est que le pays est loin d'avoir fini ses réformes, bien au contraire, il en est qu'au commencement. Ces firmes chinoises cherchent encore leurs places entre économie et politique, dans ce pays à « l'économie socialiste de marché ».

CONCLUSION

L'arrivée en force des firmes multinationales chinoises au début des années 1990 qui était présentée comme l'équivalent de l'arrivée des firmes nippones durant les années 1960, c'est-à-dire, un raz-de-marée sur les marchés internationaux qui devaient faire grimper la pression concurrentielle, n'eut pas lieu. Au contraire, en 2011 le bilan est très éloigné des suppositions des années 1990, avec des IDE qui n'égalent pas encore ceux des autres grandes firmes multinationales. Cependant, on ne peut nier une avancée, certes lente, mais continue des firmes chinoises en particulier dans les pays en voie de développement.

Il est vrai que certains noms de firmes chinoises deviennent petit à petit célèbres, tel que, Lenovo, Huawei, Suntech Power... Ces dernières sont l'avant-garde des évolutions possibles que les autres firmes chinoises vont subir. D'autres, quand à elles sont plus discrètes, mais non moins puissantes, comme le groupe ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) qui détient le record du monde d'introduction en bourse avec 21,9 milliards de dollars en 2006. Ces firmes commencent à peine à se faire connaître, ce qui ne les empêche pas d'être très solides et d'égaler les plus puissantes firmes mondiales. La Chine qui est devenu en 2010 la deuxième puissance économique mondiale, possède bel et bien des firmes à sa hauteur qui sont capables de résister à la concurrence mondiale.

Ainsi, même si cette montée en force des firmes chinoises, fut plus lente et discrète que prévue, elle existe pourtant bel et bien. Ceci caractérise bien l'état actuel de cette expansion : limitée et récente, mais en rapide progression depuis les années 2000 avec les réformes profondes que le gouvernement chinois a entrepris et devrait continuer à faire dans les années suivantes pour accompagner la maturation de l'expansion de ses firmes. Cette montée en puissance des firmes chinoises s'inscrit dans la montée en puissance de la République Populaire de Chine, qui cherche de plus en plus à jouer un rôle majeur sur la scène économique et politique mondiale.

Or, il faut quand même relativiser ce point de vue, en effet, même si la Chine semble à l'heure actuelle une puissance montante qui devrait dépasser les Etats-Unis, on disait la même chose pour le Japon dans les années 1990 et ceci ne s'est au final pas produit. Le grand test pour les firmes chinoises serait de continuer à accumuler des profits, malgré une crise économique grave du pays d'origine, en d'autres mots, de la Chine. En effet, il est possible qu'actuellement se développe en Chine une bulle spéculative qui pourrait d'ici cinq ans éclater et amener donc à une crise globale de l'économie, même si certains facteurs jouent en la faveur de « l'empire du milieu »86.

Néanmoins, ce qui est intéressant d'observer au-delà de la montée en force des firmes multinationales chinoises, c'est la montée en force des firmes venant des pays émergents et en voie de développement (firmes indiennes, mexicaines, brésiliennes, russes...). Les années 2000 voient cette montée en puissance des pays émergents et en particulier des BRIC (Brésil, Russie, Inde, et Chine), qui ensemble remettent en cause le partage de la puissance économique des Etats. Les innovations ne sont plus le fruit des firmes occidentales, coréennes, et japonaises, mais aussi indiennes, chinoises et autres. Même si la Chine ne comporte encore aucun Prix Nobel d'économie et de physique, il n'empêche qu'elle est la première à investir dans les technologies vertes et à innover dans ce secteur bien précis loin devant les Etats d'Europe ou les Etats-Unis d'Amérique. Ce n'est pas seulement à l'arrivée des firmes chinoises auxquelles les autres firmes doivent faire face, mais bien à l'arrivée de nombreux autres concurrents venant des nouvelles puissances émergentes, qui ensemble accentuent réellement la pression concurrentielle sur les marchés mondiaux. Cette arrivée massive de nouveaux concurrents qui commence à prendre forme actuellement, risque de bouleverser profondément l'économie mondiale. La globalisation ne sera plus celle de l'occident, ou du Japon, ni même celle de la Chine, elle sera celle des pays émergents dans leur ensemble qui vont bouleverser les rapports de force actuels.

86 http://www.iris-france.org/Tribunes-2010-04-02.php3 (le 1 mars 2011).

BIBLIOGRAPHIE

1' Bibliographie des Ouvrages 1' Presses et magazines

1' Webographie

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· Robert TEMPLE, Le génie de la Chine, 3000 ans de découvertes et d'inventions, Arles, 2007, Editions Philippe Picquier, 288 pages

· Françoise LEMOINE, L'économie de la Chine, Paris, 2006, Collection REPERES, quatrième édition, Editions La Découverte, 125 pages

· Survey on Current Conditions and Intention of Outbound Investment by Chinese Enterprises, April 2010, by the China Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).

· China's Outward Direct Investment: chapter 3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD 2008

· Etudes économiques de l'OCDE : Portugal, Juin 2008, OCDE 2008, volume 2008/2009

· Pierre Batellier et Emmanuel Raufflet, Responsabilité sociale de l'entreprise, Paris, 2008, Presses internationales Polytechniques

· Circular on the Revision of Certain Foreign Control Policies Relating to Overseas Investment, rapport de 2006

· The Reform of the Investment System Decision, juillet 2004, Conseil d'Etat Chinois

· Ming K. CHAN et Shiu-hing LO, Historical Dictionary of the Hong Kong SAR and the Macao SAR, 2006, Scarecrow Press, Lanham Md

· Boris Eisenbaum, Guerres en Asie centrale, Paris, 2005, Edition Grasset

· Evelyne DOURILLE-FEER, L'économie du Japon, Paris, 2005, Collection REPERES, Editions La Découverte


· Pan WEI, Le modèle chinois : une lecture de soixante ans de République populaire, Pékin, 2009, Editions Zhongyang Bianyi Chubanshe

· Christian CHAVAGNEUX et Ronen PALAN, Les paradis fiscaux, Paris, 2007, Collection REPERES, Editions La Découverte

· Françoise HAY, Christian MILELLI, et Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris, janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, 135 pages

· Weitz.L, Retailing Management, 2004

· Jean-Pierre CABESTAN, La politique internationale de la Chine, Paris, avril 2010, Collection Références, Presses de Sciences Po, 460 pages

· . Presses et magazines

· Chine nouvelle, le 20.07.2010

· Magazine CHINEPLUS, juin/septembre 2010

· Christine KERDELLANT, L'Express, N°3106, semaine du 12 au 18 janvier 2011

· EuroBiz, juin 2010

· CHINEPLUS, N°17, décembre2010/février 2011

· . Webographie

· Site sur les agrocarburants : http://www.amisdelaterre.org/geopolitique-des-agrocarburants.html

· Site de la coopération sino-africaine : http://french.focacsummit.org/focacsummit/

· Site du journal PressEurop : http://www.presseurop.eu/fr/content/article/354501-faut-il-avoir-peur-dela-chine


· Site des jeunes africains : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20090812175902/petrol e-chine-commerce-cooperationrien-ne-va-plus-pour-les-chinois-dalgerie.html

· Site du journal l'expansion : http://www.lexpansion.com/economie/les-reserves-de-change-de-la-chinefrolent-les-2-400-milliards-de-dollars 224742.html

· Site officiel du journal Chine informations : http://www.chine-informations.com/guide/diaspora-chinoise-enfrance 2485.html

· Site de l'entreprise Huawei :

http://www.huawei.com/fr/catalog.do?id=1021

· Site sur le marketing chinois : http://www.marketing-chine.com/conseils-business-en-chine/les-guanxis- %E5%85%B3%E7%B3%BB

· Site du groupe Haier : http://www.haiereurope.com/fr/contents/les-etapes-importantes-dans-lavie-de-haier

· Site officiel du rapport de PEW sur les technologies vertes : http://www.eenews.net/public/25/14924/features/documents/2010/03/25/do cument cw 03.pdf

· Site de l'IRIS :

http://www.iris-france.org/Tribunes-2010-04-02.php3

· Site officiel de la Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de l'Etat :

http://www.sasac.gov.cn/n2963340/2964236.html

· Site officiel de l'entreprise Lenovo : http://shop.lenovo.com/SEUILibrary/controller/e/frind/LenovoPortal/fr FR /special-

offers.workflow:ShowPromo?LandingPage=/All/EMEA/Landing pages/Pr omotions/Indirect/Thinkpad-laptops-for-small-

business&cid=fr|semd|ggl|fr IBM general fr|m1FA24|s&epi=google fr I BM general fr m1FA24&ci tag=cov fr


· Site du bureau national des statistiques :

http://www.stats.gov.cn/english/

INDEX DES NOTIONS

A L

Administration d'Etat des Devises Etrangères 7, 16, 38

Afrique 8, 22, 57, 58, 59, 60, 75, 127, 129

Asie 49, 51, 55, 75, 76, 130, 136

C

Coentreprises 103

Commission de Développement National et des Reformes7, 38, 39, 40, 41, 42

Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de l'Etat 7, 20, 128, 138

D

Deng Xiaoping 3, 12, 15, 17, 50

E

Etats-Unis 17, 20, 53, 57, 61, 62, 66, 67, 76, 80, 111, 124, 127, 130, 131, 132, 135

Europe 24, 68, 69, 70, 76, 80, 81, 101, 106, 110, 111, 112, 132, 137

F

Forum sur la coopération sino-africaine 56

H

Hong Kong 17, 48, 49, 50, 97, 125, 131, 136

l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est 7, 51, 127 l'Organisation de coopération et de développement économique 7, 3, 28, 29, 30, 49, 55, 118, 129, 136

M

Macao 49, 50, 136

Mao Zedong 5, 10, 15

Ministère du commerce de la République Populaire de Chine 59, 68, 69

O

Organisation Mondiale du Commerce 7, 5, 19, 122

P

Parti Communiste Chinois 7, 1, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15, 17, 18, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 30, 34, 38, 39, 40, 42, 46, 47, 50, 51, 59, 60, 74, 77, 88, 96, 99, 118, 124, 127, 128, 132, 133

Pays en voie de développement 7, 48, 78, 85

R

République Populaire de Chine 5, 3, 10, 16, 25, 38, 39, 40,

41, 46, 50, 57, 59, 66, 68, 69, 93, 94, 98, 125, 130, 134 Responsabilité Sociale des Entreprises 7, 22, 23, 123

S

J Secteurs 80, 81

Joint ventures 103

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS

MOTS CLES

RESUME

SOMMAIRE

TABLES DES ACRONYMES

AVANT-PROPOS 1

INTRODUCTION 3

PREMIERE PARTIE :

LES CARACTERISTIQUES EMPIRIQUES DES FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES

10

CHAPITRE I : LES FMN CHINOISES ET L'INFLUENCE DU GOUVERNEMENT : 11

A) HISTORICITE : 11

a) La période impériale (avant 1912) : 12

b) La période communiste « pur » (1949-1979) : 14

c) L'ouverture de la chine et le concept d'économie socialiste de marché (après 1979) : 15

B) LES FORMES D'ENTREPRISES : 19

a) Les entreprises d'Etat : 19

b) Les entreprises semi-privées ou semi-publiques : 21

c) Les entreprises privées : 23

CHAPITRE II : LES FMN CHINOISES CARACTERISEES PAR : UN FAIBLE TAUX D'IDE ET LOCALISEES (GEOGRAPHIQUEMENT ET SECTORIELLEMENT) : 27

A) UN FAIBLE TAUX D'IDE : 27

a) Un faible montant d'IDE : 28

b) L'impact limité, mais réel de la crise économique de 2008 sur les IDE chinois : 32

c) Les difficultés caractéristiques aux IDE chinois : 38

d) Vers une augmentation des investissements ? 43

B) STRUCTURE GEOGRAPHIQUE : 48

a) L'Asie et les pays limitrophes à la Chine : un marché prépondérant : 48

b) L'Afrique, un marché original et en expansion : 56

c) L'Amérique du Nord et l'Europe, un marché plus tardif ? 60

C) STRUCTURE SECTORIELLE : 72

a) Analyse globale des secteurs d'activité : 72

b) Les secteurs clés au sein des pays en voie de développement : 76

c) Les secteurs clés au sein des pays développés : 79

d) Perspective d'évolution des investissements par secteurs : 82

DEUXIEME PARTIE :

LES FORMES ET LES FACTEURS D'EXPANSION DES FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES 87

CHAPITRE I : LES FORMES D'EXPANSION : 89

A) UN REGARD GLOBAL SUR LES FORMES D'EXPANSION : 89

a) Les différents types d'activités à l'étranger : 90

b) Les différentes formes d'expansion : 93

c) Les difficultés caractéristiques rencontrées par les firmes chinoises : 97

d) Les perspectives liées à ces formes d'expansion : 102

B) LES MARCHES ET LES SECTEURS, FACTEURS INFLUENÇANT LES FORMES D'EXPANSION : 105

a) Le cas des pays en voie de développement : 105

b) Le cas des pays développés : 109

c) Le cas des secteurs : 113

CHAPITRE II : LES RAISONS DE L'EXPANSION : 118

A) FACTEURS ECONOMIQUES DE L'EXPANSION : 118

a) Acquisition de ressources naturelles : 119

b) Acquisition de parts de marchés : 121

c) Acquisition d'atouts stratégiques : 123

d) Stratégie de diversification : 124

e) Augmentation de l'efficacité : 125

B) FACTEURS POLITIQUES DE L'EXPANSION : 127

a) L'implication directe du gouvernement dans l'économie du pays : 127

b) Le régionalisme chinois : 130

c) Une alternative à l'occident ? 131

CONCLUSION 134

BIBLIOGRAPHIE 136

INDEX DES NOTIONS 140






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld