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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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Chapitre II : Les raisons de l'expansion :

La compréhension des raisons de l'expansion des firmes multinationales chinoises permet de compléter cette étude sur les stratégies d'expansion de ces dernières. Or comme le titre du sujet l'affirme, il faut savoir faire la différence entre l'influence des facteurs économiques et politiques. Comme nous avons pu le voir au tout début, le pouvoir politique chinois s'est toujours insinué dans l'économie du pays au cours de son histoire, et exerce encore aujourd'hui une très grande influence. Il est vrai que la raison de l'expansion des firmes chinoises se situe toujours entre politique et économie, avec une influence mutuelle de ces facteurs. Le politique ne peut, en effet, faire l'économie des facteurs économiques pour permettre aux entreprises d'Etat et semi-privées de réussir leurs expansions, et l'économie de son côté, ne peut se permettre d'ignorer le facteur politique dans un pays communiste où l'influence du PCC reste encore énorme.

A) Facteurs économiques de l'expansion :

Avec le temps, le poids du gouvernement et des intérêts politiques ont diminué face aux économiques, et l'invention de l'entreprise semi-privée en est le parfait exemple. Le gouvernement chinois a, en effet, petit à petit laissé de côté des intérêts politiques, dans l'intérêt des grandes firmes chinoises afin de permettre à ces dernières de pouvoir accumuler des bénéfices et de vivre une vie économique normale. Ces intérêts économiques sont très divers et peuvent représenter pour les entreprises concernées des objectifs plus ou moins primordiaux selon leur orientation stratégique. Ici, nous nous basons sur un rapport de l'OCDE pour établir notre étude liée aux facteurs économiques de l'expansion78. Néanmoins, pour plus de clarté, nous devons diviser ces facteurs économiques en groupes afin permettre une analyse plus claire. Cinq facteurs économiques majeurs peuvent ainsi être dégagés, et qui sont : l'acquisition de ressources naturelles, l'acquisition de parts de marchés, l'acquisition d'atouts stratégiques, des stratégies de diversification, et enfin une augmentation de l'efficacité.

78 Chiffres officiels de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China 2008.

a) Acquisition de ressources naturelles :

L'acquisition de ressources naturelles a été dès le début (1979), la principale raison des investissements chinois à l'étranger. En effet, le pays doit pour pouvoir maintenir un taux élevé de croissance économique, s'assurer d'un approvisionnement régulier en ressources naturelles de toutes sortes, allant du pétrole aux alliages en passant par les matières radioactives. En effet, depuis l'ouverture du pays en 1979 et sa modernisation rapide, la demande en ressources naturelles, et particulièrement en pétrole, explosa et obligea le pays et les entreprises à s'assurer des approvisionnements stables pour maintenir la croissance. Cette brutale augmentation de la demande fit passer la Chine de la place de plus gros exportateur de pétrole de toute l'Asie de l'Est dans les années 80, à celle de second plus gros consommateur mondial vingt ans plus tard. En effet en 2006, la Chine importait déjà 43% de sa consommation de pétrole, ratio qui atteignit 60% en 2010 et qui devrait atteindre 76% en 2020.

Les entreprises d'Etat comme : China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), et China National Petroleum Corporation (CNPC) sont à l'origine, et demeurent encore aujourd'hui, les plus grandes entreprises travaillant dans le secteur de l'extraction et de l'exploitation des ressources pétrolières. Sur le plan de l'extraction et de l'exploitation minière, Baosteel, China Minmetals, et Capital Iron And Steel Corporation sont les firmes les plus puissantes et actives. En effet, le principal élément unifiant ce secteur de l'économie chinoise est l'implication très active de l'Etat chinois depuis les débuts de l'ouverture en 1979, qui est le seul à pouvoir accorder des financements suffisamment larges pour pouvoir mener de tels projets économiques à travers les banques nationales. Sur un autre point, les procédures d'évaluation des IDE chinois sont assouplies pour ce genre de projets et les entreprises sont sures de ne subir aucun refus, ce qui pousse ces dernières à vouloir mener de tels projets en sachant que « le risque administratif » est désormais nul. De plus, l'Etat chinois joue de ses relations diplomatiques afin de favoriser ses entreprises dans de nombreux pays, en particulier ceux d'Afrique et d'Asie centrale depuis les années 2000. En effet, la Chine joue la politique de l'aide au développement contre des signatures d'exploitation de ressources naturelles par des firmes chinoises, comme celles précitées. Pékin met aussi en avant, le

fait qu'elle n'est pas une démocratie et qu'elle s'engage à aider des pays non démocratiques eux aussi, comme le Soudan. Il est vrai que certaines entreprises étrangères (souvent occidentales, coréennes, ou japonaises) se voient contraintes par leurs gouvernements de ne pas investir dans certains pays pour des raisons politiques liées aux questions démocratiques et de respect des droits de l'Homme, ce qui n'est pas le cas des firmes multinationales chinoises, qui au contraire, sont aidées par leur gouvernement. C'est ainsi, que des entreprises chinoises ont pu investir entre 2003 et 2006 en Algérie (2006), au Kazakhstan (2005), au Soudan (2004), au Niger (2004), et en Zambie (2006). Ces investissements se font sous différentes formes, par exemple au Kazakhstan, cela est passé par l'acquisition de la compagnie PetroKazakhstan à 67% le 26 octobre 2005. En réalité, le but de l'Etat est ici de maintenir la sécurité énergétique du pays, comme d'autres pays le font eux aussi.

Néanmoins, au-delà de l'action de l'Etat chinois qui cherche à assurer la sécurité énergétique du pays, le privé en Chine voit aussi d'un bon oeil ces acquisitions de ressources naturelles. Face à la volatilité du prix du baril de pétrole, l'intégration verticale peut se révéler un moyen efficace pour en limiter les conséquences. Cette intégration verticale des firmes chinoises permet un approvisionnement en matières premières dont l'ensemble de l'économie a besoin. De plus, cette intégration ne se limite pas au secteur de l'extraction et de l'exploitation pétrolière, mais aussi aux métaux et alliages comme : l'aluminium, le zinc, le nickel, le minerai de fer, l'étain... En effet, ces métaux voient leurs prix monter en flèche avec la consommation croissante de nouvelles technologies comme : les ordinateurs portables, les téléphones mobiles de troisième génération (l'étain étant un élément essentiel des circuits imprimés qui permet les soudures), et même les technologies vertes liées au développement durable. En effet, le secteur des technologies vertes est devenu un objectif prioritaire pour de nombreuses firmes chinoises, ce qui fit du pays le plus gros investisseur privé dans ces technologies avec un total de 34,6 milliards de dollars (sur une période s'étendant de 2005 à 2010) selon l'association américaine PEW79. La Chine, qui prépare la reconversion de son économie, maîtrise d'ores et déjà la moitié des « nouvelles ressources naturelles » nécessaires à l'ensemble des technologies vertes qui sont : les « terres rares ». Ces « terres rares » que nous avons

79 http://www.eenews.net/public/25/14924/features/documents/2010/03/25/document cw 03.pdf (le 1 mars 2011).

déjà citées (cf. page.76) sont produites à 90% par la Chine qui possède aussi 50% des réserves. L'acquisition des ressources naturelles vise aussi ces minéraux rares (rubidium, germanium, indium, scandium, yttrium...), dont la Chine en a produit 130 000 tonnes en 2010 (en comparaison, l'Inde qui est le deuxième producteur mondial de ces métaux, en a produit la même année 2 700 tonnes)80.

Ainsi, bien que l'acquisition de ressources naturelles soit l'une des grands facteurs économiques de l'expansion des firmes chinoises, le but de l'acquisition ne se limite pas aux ressources pétrolières comme des média pourraient le laisser entendre. D'autres matières, qui dans l'avenir se révèleront de plus en plus vitales pour les économies, sont déjà recherchées par ces mêmes firmes chinoises, même si elles se font beaucoup plus discrètes.

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