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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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c) Les entreprises privées :

Les entreprises privées représentent une partie encore infime des firmes multinationales chinoises le plus souvent pour des raisons politiques et de discriminations (plus ou moins officielles), cependant ces dernières augmentent par le nombre et risquent de devenir dans un avenir proche de sérieux concurrents pour les entreprises d'Etat. C'est à partir de 2004 avec la révision constitutionnelle que la propriété privée est finalement reconnue comme inviolable à condition que cette dernière ait été acquise légalement, ce qui a permis l'accélération du développement de ces dîtes entreprises privées chinoises. Ces dernières occupent aujourd'hui un rôle dominant dans l'économie chinoise (2/3 du

23 La mine de Chambishi jouie d'une mauvaise réputation. Les travailleurs y ont les salaires les moins élevés et des conditions de travail plus dangereuses qu'ailleurs. En 2005, une usine d'explosifs appartenant à la NFCA explose et en 2006, cinq employés meurent après de violentes protestations. Phillipa Jones, 2009, Research China Network.

24 Cet indice lancé en 1999 est le fruit d'une coopération étroite entre l'indice du Dow Jones et le SAM (Sustainability Asset Management) qui évalue les entreprises les plus performantes en terme de RSE.

Produit Intérieur Brut de la Chine en 2003-2004), mais ces dernières sont encore très rares à avoir atteint un stade de développement suffisant pour se lancer dans des stratégies d'expansion. Cependant certaines firmes multinationales chinoises commencent à devenir de grands groupes reconnus comme : Lenovo (?\u24819zèW?\u26377LOEÀOEö

\u21496éi : Liánxidng jítuán yöuxiàngongsi) après le rachat de la branche PC d'IBM en 2005,

Suntech Power (\u23578è®ú° : Shàngdé) qui est le plus gros producteur mondial de modules solaires en silicium et qui depuis 2005 est cotée au New York Stock Exchange25, et ZTE (\u20013'†? \u-28646'ÊêMOEÒ?\u26377LOEÀOEöéi : Zhongxing Tongxìn Güfèn Yöuxiàn Gongsi) entreprise spécialisée dans les réseaux de télécommunication et leader dans ce secteur, elle est présente en France depuis 2006 avec l'installation d'un centre technique à Poitiers et elle installe en 2009 à Boulogne-Billancourt le siège de sa division Europe et Amérique du Nord. Ces rares entreprises encore à l'heure actuelle connaissent un véritable succès et sont désormais de sérieux concurrents pour les autres firmes multinationales. Ce succès peut s'expliquer par différents facteurs autant économiques que politiques, sociologiques...

Ces entreprises chinoises privées ont bénéficié tout d'abord de l'ouverture des frontières par l'arrivée d'une expertise étrangère (des entreprises étrangères ainsi que des cadres, des ingénieurs) et en même temps de l'envoi d'étudiants des les universités étrangères, comme l'actuel PDG et fondateur de Suntech Power le docteur Zhengrong Shi (\u26045é{ê? : Shi Zhèngróng) qui obtint en 1992 son doctorat en génie électrique à l'université de Nouvelle-Galles du Sud d'Australie, avant de fonder sa société en 2001. Cette ouverture permit une acquisition d'un « savoir-faire » qui manquait alors aux entreprises d'Etat chinoises et qui a permis aux entreprises privées (plus souples et non sensibles à l'expérience dirigiste) de se réformer afin de lutter face à la concurrence mondiale. Ensuite l'absence d'aide politique et d'un réel lien avec le PCC permit à ces entreprises de jouir d'une meilleure réputation que les entreprises d'Etat chinoises au moment de leur implantation dans des pays étrangers, cette absence d'inquiétude permet à ces dernières d'éviter de nombreuses barrières lors de leur expansion, comme c'est le cas pour la société ZTE qui signa des contrats avec Vodafone, Telus, et France telecom et

25 Le New York Stock Exchange (la bourse de New York en français) date de 1792 après la signature de « l'accord de Buttonwood », elle est la plus grande place boursière du monde.

put, par la suite, s'implanter sur les marchés britanniques, canadiens et français. Cette accumulation de points positifs permet alors de comprendre le succès fulgurant de ces entreprises qui apparaissent vers le début des années 1990 voir 2000 pour certaines, cependant ces dernières sont encore peu nombreuses du au fait d'une discrimination encore présente en Chine du secteur privé.

Ces entreprises privées qui se veulent indépendantes du pouvoir central ne font pas les affaires du PCC qui désire conserver la main sur l'économie du pays le plus longtemps possible, et ce malgré des ouvertures incontestables du régime. Les entreprises privées même si elles sont indépendantes du pouvoir, doivent obéir aux lois chinoises et donc passer par les commissions d'évaluation des projets d'IDE (l'AEDE et le ministère du commerce de la république populaire de Chine), elles voient ainsi leurs projets ralentis, voir refusés. Ainsi malgré une indépendance vis-à-vis du régime en place, leurs projets d'IDE passent forcement par un filtre politique, le PCC utilise alors ce filtre pour pénaliser ces entreprises privées lorsqu'elles sont en concurrence avec une entreprise d'Etat sur un même marché ou un même contrat d'exploitation... Face à cette concurrence déloyale et pour éviter les discriminations, certaines entreprises privées s'enregistrent aux chambres du commerce de la République Populaire de Chine en tant qu'entreprises « collectives » : se sont les « chapeaux rouges »26. Elles attendent alors la disparition des discriminations pour pouvoir retourner vers le secteur privé, mais ces inégalités existent malgré l'entrée de la Chine à l'OMC. Ces inégalités empêchent le secteur privé non de devenir la norme en Chine (60% de la production industrielle) mais de pouvoir grossir et se développer, aujourd'hui encore la Chine fait la différence au sein des entreprises privées entre les entreprises individuelles (moins de huit employés) et les entreprises privées (plus de huit employés). Ce sont ces entreprises de plus de huit employés que Pékin surveille et cherche à contrôler la croissance pour éviter qu'elles ne « fassent trop vite de l'ombre » aux entreprises d'Etat.

Ainsi, au travers de l'histoire et de l'actualité nous pouvons comprendre le lien étroit qui unit le politique à l'économie en Chine. Ce lien doit être pris en compte pour pouvoir mieux analyser par la suite les stratégies d'expansion des firmes multinationales

26 Françoise LEMOINE, Op cit., p.27.

chinoises. Ces entreprises qu'elles soient d'Etat, semi-privées ou privées doivent toutes passer d'une manière ou d'une autre par le PCC pour pouvoir s'implanter à l'étranger. L'influence du gouvernement même si elle peut être plus ou moins forte selon la forme de l'entreprise n'est jamais totalement nulle et influence les choix stratégiques des dirigeants de ces dernières. A l'avenir, on pourrait s'attendre à une libéralisation de plus en plus grande des autorités chinoises, et donc en corrélation une augmentation du poids des firmes multinationales chinoises privées. Cependant cette libéralisation si elle a lieu se fera lentement et au rythme décidé par le PCC. Sinon, un retournement très violent de la conjoncture en Chine pourrait au contraire pousser le gouvernement à faire machine arrière, afin de pouvoir mieux protéger ses propres intérêts, et donc à augmenter les pressions qu'il exerce déjà sur le secteur privé en jouant la carte du nationalisme.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery