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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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2 La sensibilisation et la protection du patrimoine au service d'une gouvernance durable des ressources

En arrivant sur l'île de Madagascar en 1771, Philibert Commerson avait déjà décrit ce lieu comme un endroit où « la nature semble s'être retirée dans un sanctuaire privé, où elle peut travailler à des modèles différents de tout ce qui est utilisé ailleurs. On trouve là, à chaque pas, des formes étranges et merveilleuses » [Sarrasin, 2007]. S'il est vrai que Madagascar est connue pour son incroyable biodiversité, les propos tenus par ce botaniste voyageur en dévoile toute sa richesse. Le capital écologique de l'île étonne aussi bien par la diversité de la faune et la flore dont recèlent les écosystèmes, mais aussi par cet extraordinaire taux d'endémie des espèces. Près de 80% des animaux présents sur le territoire son endémique à cette région. Le lémurien est certainement le symbole de ce fantastique sanctuaire biologique et écologique. Madagascar est un morceau d'Afrique parti à la dérive il y a 65 millions, emportant avec elle un écosystème qui, par le climat et le relief de l'île, a connu une évolution des plus singulière et des plus extraordinaires. La taille du territoire malagasy lui permet de présenter une diversité des paysages, proposant des îles aux aspects paradisiaques au Nord, un massif montagneux plus au centre, ou des plateaux et plaines arides de savanes au Sud. Ce trésor écologique malgache se retrouve est d'ailleurs terrestre et maritime. Les lagons, récifs et autres barrières de corail de la côte Ouest est assez représentative de la beauté des écosystèmes marins. Il devient aisé de comprendre pourquoi Madagascar est une destination privilégiée pour tout amoureux de la Nature, cherchant spots d'observation ou expériences uniques au sein de ce « paradis perdu », et pourquoi l'écotourisme est une activité en pleine croissance dans le pays.

L'abondance de ressources qu'offre la Nature sur la Grande Île sert évidemment avant tout les populations locales. S'il est vrai qu'on ne peut clairement établir un lien entre pauvreté et dégradation des ressources naturelles, les populations rurales des pays pauvres restent cependant souvent dépendantes de leur écosystème. Mais plus que l'exploitation des ressources naturelles, c'est le système agraire malgache qui est remis en cause. La déforestation et les tavy18(*) sont au coeur de ce mode de production. Ces tavy sont décrits comme du catastrophique écologique, par leur impact sur l'environnement. Cependant, cette perception n'est par vraiment partagée par les populations locales, qui des tavy une étape essentielle à la culture du riz. Cette pression sur les ressources naturelles, notamment forestières, est très forte, voire alarmante. Entre 1990 et 2005, la couverture forestière de Madagascar a diminué de 14%, soit 0,9% par an, une surface presque équivalente à la Martinique. La mise en place du Plan d'Action Environnemental (1993-2008) s'est plutôt révéler inefficace, malgré le soutien des IFI par exemple. Conscient du trésor que représente sa mégabiodiversité, le gouvernement malgache a choisi le développer les aires protégées. En 20 ans (1989-2008), la surface de ces zones protégées a été multipliée par 7,5, passant de 560 346 hectares à 4 748 442 hectares [MEF, 2005] (voir Annexe 1).

Mais l'idée de conservation pose un autre problème. L'exploitation des ressources naturelles par les populations rurales se fait déjà dans un contexte de survie. Or, si la conservation, par la création d'aires protégées, signifie privation des ressources et sanctuarisation, les conditions de vie des populations en dépendant risquent fortement de se dégrader encore davantage. La question de la protection devient même paradoxale : qui sauver ? Les populations locales ou l'environnement ? Le fait que les populations rurales se situent au coeur du problème environnemental pourrait peut-être en constituer une solution.

2.1 Aller au-delà de la conservation en valorisant la biodiversité

Au-delà de la richesse de sa biodiversité, la « question environnementale » malgache a souvent tourné autour de sa dégradation plus que de sa mise en valeur. Les pratiques agricoles dévastatrices pour l'environnement font l'objet de vives critiques. Pourtant, ces modes de culture des terres font partie de stratégies agricoles proprement dites. C'est le cas de la culture itinérante sur brûlis. Qu'elle s'appelle tavy pour les cultures de riz à l'Est ou hatsake pour les cultures de maïs du Sud-ouest, le principe reste le même : défricher la forêt pour gagner des surfaces agricoles et fertiliser la terre avec des cendres. La radicalité de la méthode pousse à l'itinérance des cultures, et à la reproduction du schéma. Les résultats d'une étude menée dans la province de Toliara (Sud) ont montré qu'une culture sédentaire était loin de constituer une alternative à la déforestation [Casse, Nielsen, Ravaivoson et Randrianamarivo, 2005]. Cette stratégie de culture extensive peut trouver des explications de divers ordres. La propriété foncière étant assez mal définie, les agriculteurs considèrent plus l'avenir par l'expansion de leurs terres qu'une exploitation forestière peu sécurisée en termes de propriété, donc de revenus. Face à cette insécurité, la GELOSE est inefficace : les « permis » d'exploitation forestière attribués par les autorités locales aux agriculteurs sont souvent obtenus par pots-de-vin, et les terres deviennent des nouvelles terres agricoles. Ensuite, les revenus potentiels de l'exploitation forestière sont très loin d'être considérés, parce qu'ils relèvent du long terme. Or, dans un contexte d'instabilité et de fluctuations rapides des revenus, les populations locales préfèrent aujourd'hui une vision à court terme, où l'agriculture, bien que dévastatrice, soit considérer comme une des uniques sources de revenus envisageables.

2.1.1 La conservation, réaction stricte à l'activité prédatrice de l'homme

L'établissement de nouvelles aires protégées a été une des premières réactions du gouvernement pour préserver son avantage comparatif. Madagascar est certainement l'un des premiers pays, tout au moins en Afrique, a proposé la mise en place de ce genre d'aires, car les premières mesures remontent à 1927. Ces réserves naturelles (RN) sanctuarisent le lieu, en excluant toute activité humaine, seul moyen considéré pour assurer la conservation de la biodiversité. Cette politique, renforcée par le décret forestier de 1930, fait clairement du « paysan-prédateur » sa cible, l'objectif étant de l'éloigner et de l'empêcher de nuire à cet environnement. Il s'agit de priver et d'interdire l'accès aux ressources pour les sauver. D'autres aires protégées continuent à voir le jour jusqu'au début des années 1970, où l'arrivée de la crise détourne l'attention du gouvernement. A partir des années 1980, le rapport entre aires protégées et populations locales commence à changer. Les nouvelles aires créées s'établissent désormais sur le modèle du Projet de Conservation et de Développement Intégré (PCDI). Comme son nom l'indique, cette stratégie comprend une dimension d'intégration des besoins des communautés locales, en différenciant une zone centrale de protection intégrale et une zone périphérique à accessibilité graduelle. La notion de développement intégré renvoie à la volonté certes de maintenir les populations rurales à distances des réserves, mais surtout de proposer des mesures favorables au développement de ces communautés. Des ONG sont souvent en charge de cette mission de soutien, par l'exécution de programmes de conservation, d'éducation, de santé et de développement communautaire [Blanc-Pamard, Rakoto Ramiarantsoa, 2003].

* 18 Mode de culture traditionnel du riz, par défrichage et brûlis, dans les zones forestières humides

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard