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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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3.2 Les compétences locales, facteur déterminant de la participation des communautés

Le concept d'écotourisme fait de l'appropriation locale des enjeux un des ces principes fondamentales. Il s'agit de placer les populations locales au coeur-même de la filière, afin qu'elles deviennent les principales bénéficiaires de l'activité, aussi bien d'un point de vue économique que social, comportemental ou institutionnel. Or, la question de la participation ne peut s'envisager sans s'interroger sur l'employabilité des ressources humaines locales. Avant de pouvoir jouir des fruits de cette nouvelle activité, il faut avant tout que les communautés puissent y prendre part. Si ce raisonnement peut paraitre trivial, son application est certainement plus complexe.

Bien que peu organisé et structuré, le tourisme reste un des plus gros employeurs pour Madagascar. Les estimations du TSA26(*) font état que la filière globale du tourisme, c'est-à-dire l'industrie en soi et les autres secteurs liés à elle, devrait employer 10,1% de la population active du pays. Parmi ces 454 800 emplois, 135 300 dépendent directement de l'industrie touristique (hôtellerie, restauration, EVPT27(*), maisons d'hôtes, etc.) - ici, 3,0% de la population active. Et, outre une légère inflexion en 2009 et 2010, la tendance est à la hausse. Entre 2005 et 2020 (prévisions), le secteur global devrait avoir accru le volume d'emplois de 94,7% [WTTC, 2009].

Toutefois, rappelons que cette activité n'est un moyen de lutter contre la pauvreté qu'à la condition d'intégrer les populations à son développement, par l'adhésion des populations aux enjeux soulevés par l'écotourisme, ici. Or, cette appropriation des concepts défendus par ce mode touristique va largement dépendre du degré d'implication des employés dans ce secteur. L'action éducatrice et vectrice de changements de comportements et d'attitudes est à relativiser sur ce point. En effet, en matière touristique, et qui plus est écotouristique, deux problèmes peuvent compromettre l'ambition malgache à faire de cette activité un secteur porteur pour l'avenir : un défaut de qualification et un manque de structure et d'organisation.

3.2.1 Une employabilité forte dans les métiers les moins qualifiés

Tout d'abord, la question de l'employabilité est directement reliée au niveau de qualification des ressources humaines disponibles. Impliquer les populations locales dans une meilleure gouvernance des ressources est une chose, encore faut-il savoir s'il ne s'agit que d'une simple modalité de redistribution ou d'un moyen incitatif au changement, dans le cadre du modèle écotouristique de Wunder. L'employabilité ne s'envisage plus alors uniquement en termes de quantité, mais aussi responsabilités et types de travail. En effet, une enquête menée en 2004 dans le Sud-ouest de l'Île Rouge décrit l'impact sur l'emploi de plusieurs initiatives écotouristiques (voir Annexe 5). Sur les seules trois localités d'Anakao Nosy-Ve, d'Ifaty Rangily et du parc national de Ranomafana, plus de 250 emplois ont été créés, dont près de 90% sont occupés par des habitants de ces villages. Ce constat, certes encourageant, doit être précisé par le fait que la majorité des emplois détenus par les locaux sont des postes à faible niveau de qualification (entretien, guide, piroguier, etc.) [Lapeyre R., Andrianambinina D., Requier-Desjardins D. et Méral P., 2007]. L'empowerment prôné par l'écotourisme échappe donc partiellement aux populations locales, lesquelles sont plus reléguées au rôle de salariés d'un secteur contrôlé par des agents extérieurs. Cette situation est une conséquence directe du faible niveau de qualification des ressources humaines disponibles dans le secteur touristiques. Ce manque de connaissances et d'expertise laissent donc, de facto, aux acteurs privés, souvent étrangers, la responsabilité de valorisation des ressources et le pouvoir de dynamiser une région. Malgré le processus de décentralisation favorable aux communautés, celles-ci ne jouissent parfois que d'une dévolution fictive. Elles détiennent les ressources naturelles, mais leur valorisation économique leur échappe.

Le tourisme paternaliste est un mode répandu dans ce contexte, intégrant les populations locales par les biais d'emplois salariés. Cette caractéristique fait d'ailleurs que le type paternaliste est plus créateur d'emplois qu'un tourisme géré par les communautés par exemple. En effet, les établissements hôteliers « traditionnels » de gamme supérieure (3 étoiles et plus) ont un rapport personnel/chambre avoisinant les 1,7, contre 1,1 dans les plus petits hôtels et près de 1 dans les établissements écotouristiques. Ajoutons aussi que ces deux derniers types d'hébergements ont souvent des capacités d'accueil bien plus faible que les hôtels « traditionnels », dépassant rarement les 15 chambres [Banque Mondiale, 2003]. Le tourisme paternaliste représente donc une opportunité de travail bien plus abordable et répandue que les autres formes, proposant des emplois adaptés à une main d'oeuvre locale peu qualifiée. L'éventail de prestations annexes que requiert un établissement de plus haut gamme, ou tout au moins s'approchant des critères de qualité internationale, facilite la création d'emplois salariés accessible à tous et en moyenne mieux rémunérés que dans les autres établissements.

* 26 Tourism Satellite Accounting, outil d'études statistiques du World Travel & Tourism Council (WTTC)

* 27 Entreprise de Voyages et de Prestations Touristiques

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand