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Mouvements de résistance et culture politique au Sud-Kivu. Mise en évidence des fondements idéologiques et des actions revendicatrices.

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par Philippe KAGANDA MULUME-ODERHWA
Université officielle de Bukavu - Diplôme d'études supérieures en sociologie politique 2009
  

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2.2.1.2. Mouvements de résistance nés du contexte de guerre

- Mai-Mai de Bunyakiri

La bataille engagée entre les populations de Rutchuru et Masisi a eu entre autres comme effet, le déplacement des populations.

Pendant ce temps, le mouvement « Katuku » connaissait une expansion vers Nyamaboko ; ufandu (Masisi) et Walowa (Walikale) dans la lutte contre « l'occupation rwandaise » de leurs terres. Une tranche des populations en déplacement (exclusivement Hutu et Nyanga) s'étaient déplacées vers Bunyakiri en véhiculant l'idéologie de lutte contre l'occupation des espaces par les rwandais »49 en plein expansion. Ils ont ainsi convaincu les Batembo à s'organiser militairement pour faire face à l'ennemi commun. L'entreprise fut ainsi réalisée surtout que certains Batembo combattaient dans les rangs de Katuku. C'est le cas de Damiano,Mussambo, Mukoko, Padiri et les autres.

A partir de 1996, ce groupe a pris corps comme mouvement de résistance pour s'opposer à l'occupation rwandaise entretenue par l'AFDL.

49 Il s'agit ici des populations congolaises d'expression rwandaise qualifiées de rwandais par d'autres groupes ethniques

L'avènement de RCD va marquer un tournent décisif dans l'évolution de ce mouvement car il va devenir un véritable allié du Gouvernement de Kinshasa avant son intégration totale dans l'armée régulière à l'issue l'Accord global et inclusif de 2001.

Un ancien administrateur de Mai- Mai Bunyakiri déclare ce qui suit :

« Notre évolution a connu 3 étapes. Dans le 1er temps, il y avait des exactions des Hutu contre les autochtones.

Les jeunes s'étaient organisés par les contrer avec le mouvement Katuku venu du Nord- Kivu en guerre contre les Hutu et TUTSI (MAGRIVI) les premiers jeunes mobilisés prétendaient agir pour le compte du chef Moroba (on parlait de Katuku Ka Muroba). Dans le 2ère temps, les Hutu sont arrivés pourchassés par les Tutsi. Les jeunes ont solidarisé avec les nouveaux venus hutu en échange des fusils et munitions. L'attaque a été dirigée vers les tutsi devenus l'ennemi commun.

C'est ainsi qu'ils ont changé le nom : au lieu de Katuku on a parlée de combattants mai-mai. Le 3e temps c'est l'entrée de l'AFDL, le mouvement a pris l'appellation Forces Armées de Libération (FAL) puis Forces armées de Libération de Bantous ( FALBA). Après avoir été formé au mouvement Katuku et chez les mai-mai Kasidiens, Padiri Bulenda est venu formalisé les Mai-Mai de Bunyakiri devenus une force militaire contre l'AFDL, le RCD »50.

La genèse de ce mouvement est marquée par des influences, des contagions d'idéologie et de pratique, et surtout du contexte historique. La rencontre avec le mouvement Katuku et les guerres de l'AFDL et du RCD

50 Récit obtenu d'un administrateur au sein du Mouvement mai-mai de Bunyakiri en date du 15/04/2009 à Bukavu.

ont favorisé la création et l'émergence du mouvement de résistance Mai-Mai Bunyakiri.

Le Leadership du mai-mai Bunyakiri était, au début essentiellement militaire. Les activités liées aux combats étaient primordiales : entraînements, rituels mystiques, combats, etc. Plus tard, il a été mis sur pied une administration pour s'occuper des affaires politiques et judiciaires au sein du mouvement. Toutefois, le leadership dominant état militaire, et incarné par Padiri Bulenda.

- Simba Mai-Mai

Ce mouvement de résistance se réclame les mêmes origines que le Mai-Mai Bunyakiri. Il s'agit d'un cas type de dégénérescence recomposition après les tensions internes.

Il est important de souligner qu'après la réunification, le mouvement de résistance Mai- Mai Bunyakiri s'est inscrit dans le processus, et a opté pour la transformation politique. Nombreux leaders militaires ont obtenu des grades supérieurs dans l'armée après le brassage, et certains leaders civils ont accédé aux postes politiques. A titre illustratif, nous pouvons citer Mr. Padiri Bulenda devenu Général de brigade, Anselne Enerunga nommé Ministre de l'environnement.

Les insatisfactions et frustration issues de la récompense inégalement répartie et précédée par des divergences internes vont motiver quelques éléments de troupes et leaders politiques à retourner dans les zones de combat (maquis). A ce propos, nous pouvons retenir les déclarations de deux commandants rencontrés à Miti en Territoire de Kabare.

« Nous étions tous avec Padiri. Mais, il y avait déjà des
conflits entre les gens, notamment les Barongeronge
et les Batembo. Le Général Padiri n'a favorisé que ses

frères pour obtenir des grades supérieurs et des postes politiques. Malgré le sacrifice consenti, nous comme d'autres, véritables combattants, avons été lésés.

Nous sommes rentrées dans la forêt car il était caché beaucoup d'armes et de munitions »51

La mutinerie du colonel Mutebusi et sa dissidence avec le Général Laurent Nkunda va de nouveau alimenter le prétexte d'une réorganisation militaire avec pour but de chasser l'ennemie commun, le tutsi qui de reprendre les armes pour l'occupation du Congo.

Le chef militaire de ce mouvement précise ceci :

« Nous avons commencé longtemps avec le Général Padiri mais après la réunification, nos rivaux du RCD ont changé de vareuse dans le CNDP. En 2007, ils ont tenté de conquérir Goma. La même année nous avons décidé de créer simba Mai-Mai pour sauvegarder les intérêts du pays ».52

Le leadership de ce mouvement est caractérisé par une instabilité permanente mais aussi une juxtaposition de deux branches dirigeantes : une direction militaire et une direction civile. Ayant pris naissance à Bunyakiri, les originaires de cette contrée se réclament chef du mouvement pendant que, leurs voisin Bashi (chefferie de Ninja ; Groupement de Kalonge, Miti, etc.) ont pris le devant.

En plus, la direction civile, dont la plupart des cadres résident à Bukavu, ne jouit pas d'une influence notable sur la branche armée devenue bicéphale. Ces divergences ont conduit à l'indentification desdits leaders civils qui vivaient dans la clandestinité, et surtout leur arrestation : un prêtre de la Paroisse de Chimpunda du nom de Roger

51 Propos recuilli dans un entretien avec deux chefs des troupes de Simba Mai- mai à Bunyakiri (Territoire de Kalehe) le 06 février 2009.

52 Témoignage recueilli auprès du chef militaire de Simba Mai-Mai lors de son séjour à Bukavu en date du 8 mars 2009.

Masirika et l'ancien Bourgoumestre de la commune de Bagira, Mr Basirwa furent mis aux arrêts. Le leader militaire reconnu de ce mouvement se nomme Monsieur Bitu dit Général.

- Mai -Mai Kirikicho

La génère de ce mouvement se situe dans le même contexte que ceux de Bunyakiri et Simba Mai -Mai. Monsieur Kirikicho, le chef militaire de ce mouvement était commandant dans les rangs de Mai- Mai Bunyakiri. Après la réunification du pays, il a été intégré dans l'armée régulière, les F.A.R.D.C., et affecté au Nord- Kivu. Mécontent de son grade et surtout son lieu d'affectation car il avait souhaité rester au Sud -Kivu, il s'est décidé de regagner certaines éléments de ses troupes restées à Bunyakiri pour défendre les populations contre les exactions des FARDC. Il installe ainsi ses troupes à Ufamando, Ziralo et Bunyakiri. Son mouvement a eu une influence considérable au Nord- Kivu, précisément à Walowalwanda (walikale) et à Massisi (ufamando) où ses troupes ont fait faces aux FARDC et aux éléments du CNDP de Laurent Nkunda. Le mouvement se réclame une certaine vaillance à cause de son extension sur les Provinces du Nord et du Sud Kivu, d'une part, et de la paternité d'un mouvement réputé du Nord-Kivu, à savoir Mai -Mai Kifuafua. Ce dernier opérait au Sud-Kivu ( Kabare et Kalehe) jusqu'en 2009.

Ayant pour base Bunyakiri, ce mouvement Mai- Mai a connu un leadership stable à cause du charisme de son chef militaire, Mr Kirikicha. A l'instar d'autre, il n'avait pas une organisation politique avant la conférence de Goma.. La branche politique créée après la conférence de Goma n'a pas réussi jusqu'ici à intégrer la structure générale du mouvement ni à l'influencer.

- PARECO/SUD-KIVU ( Patriotes Résistants du Congo)

Ce mouvement est également une émanation des dissidences et mécontentements du sein du foyer Mai -Mai de Bunyakiri, et surtout du souci de créer un regroupement de tous les groupes mai-mai pour faire face au CNDP de Laurent Nkunda. Ses origines remontent vers les années 2007. Sa particularité est d'avoir crée un mouvement politico-militaire en s'inspirant des expériences de l'A.F.D.L.R. et du R.C.D. et dans le même contexte le CNDP. Ce mouvement de résistance a opéré au Sud-Kivu ( en Territoire de Kalehe surtout) et au Nord-Kivu. Il a bénéficié du soutient du Gouvernement de Kinshasa. L'objectif était de constituer un rapport de force vis-à-vis du CNDP mais aussi de créer un interlocuteur valable en cas de négociation qui associerait les mouvements politico-militaires. Cependant, l'activité politique a été quasiment absente, car, outre la défense des espaces occupés dans la chefferie de Kalehe, ce mouvement a été en guerre contre les F.D.L.R. et autres mai-mai qui avaient refusé d'entrer dans la coalition.

Le PARECO n'a pas connu la destabilisation de son leadership incarné par Mr Rutabura Sala piele. La branche politique a été effective à la Conférence de Goma.

- Mai -Mai Shikito(53)

Ce mouvement est né en 1998 après l'occupation politique du Sud-Kivu par les forces du R.C.D. Ses origines remonteraient à la fois du contagion à l'élan nationaliste contre « l'envahisseur tutsi » camouflé par le R.C.D. et la défense des populations contre les exactions menées sur elles par les autres mouvements de résistance (Mai-Mai) et les F.D.L.R. Nous retenons des propos du chef militaire de ce mouvement ce qui suit :

53 Shikito (mot lega) signifie en swahili « shina ya kitongo ». kitongo est une rivière qui prend sa source vers Kitumbo dans le Territoire de Mwenga. Shikito serait le lieu de provenance du chef militaire mais aussi le VyP EROKIEllaDEqDESIRtègI.

« Quand on a connu les agressions étrangères, on s'est retrouvé maltraité. Les « frères »54 des autres groupes armés et les Hutus des F.D.L.R. nous prenaient pour la cible. Les sages ont été fâchés par ces injustices, raison pour laquelle ils réunirent les jeunes pour créer une force locale. Les faits déplorés sont notamment les viols, les pillages des bétails, le déplacement des habitants, l'interdiction d'accès aux carrés miniers.

En 2003, on s'est rallié à d'autres mouvements pour le brassage. On été marginalisé dans l'octroi des grades et autres avantages. On s'était désolidarisé pour retourner dans la forêt et lutter aux côtés de nos populations »(55).

L'unicité de la direction a été un facteur favorable à la stabilité du leadership. Les aspects politiques n'ont pas été pris en compte jusque peu avant la conférence de Goma.

- Mai- Mai Kapopo

Ce mouvement de résistance déclare des origines proches dans la continuité des idéologies mulelistes à cause des accointances entre son chef militaire et le foyer de résistance de Fizi. En réalité, il est né du conte de guerre dans un processus ambivalent de contagion- dissidence - recomposition.

L'initiative de créer ce mouvement Mai-Mai commence pendant le règne politique du RCD à l'Est du territoire national. Elle résulte des frustrations et mésententes dans l'ancien mouvement Mai Mai de Fizi évoluant à Fizi et du prétexte de l'occupation étrangère des terres du Kivu par les forces étrangères.

54 Le mot « frère » exprime tout simplement les compatriotes engagés dans les autres mouvements mai-mai.

55 Entretien avec le chef militaire de Mai-Mai Shikito dit Général Richard MUKUMANYA en date du 7 avril 2009 à Bukavu.

Outre le fait que ce mouvement s'est occupé essentiellement de l'action militariste, il a traversé de moments de turbulences dans sa de direction. Des dissidences régulières auraient été enregistrées. La composante politique a vu le jour au lendemain de la conférence de Goma à l'Instar d'autres mouvements ci -haut décrits.

- Mai -Mai Ny'ikiriba

Né dans la plaine de la Ruzizi, spécialement sur les hauts et moyens plateaux d'Uvira, ce mouvement se situe dans le prolongement des anciens groupes armés. Il a une connotation tribalo- ethnique car le but principal était de protéger le terroir. Il s'agit ici de la continuité de l'idéologie de méfiance entre les Bafulero et les Banyamulenge. Ainsi, ce mouvement de résistance s'est créé à la suite d'une « menace » persistante entre ces deux peuples voisins ; les Banyamulenge étant accusés de tuer les populations Fuliro et Uvira à cause de leur positionnement favorable au sein du R.C.D.

Il sied de souligner que l'ancien chef militaire de cette contrée, Monsieur Nakabaka a été intégré dans l'armée régulière avec le grade de colonel. Il en est de même pour d'autres originaires du Territoire d'Uvira comme Monsieur Nakiriba. Bénéficiant du soutien communautaire, Monsieur Nakiriba chef militaire de ce mouvement va, au lendemain des l'Accord de Sun City et le processus de brassage, reprendre les armes au motif de protéger les siens contre les tutsi et bouter dehors les « envahisseurs rwandais ».

Le Mai- Mai ny'ikiriba a connu un leadership stable et efficace à la suite de son intégration dans les communautés villageoises qu'il prétendait défendre. Cependant, ses relations avec les F.N.L.56 a, par moment, effrité ses assises communautaires. Une branche politique sans

56 FNL ( Forces Nationales de Libération du Burundi) est un mouvement rebelle de la République voisine du Burundi qui a mené une lutte armée contre les institutions politiques au Burundi avant comme après les élections pluralistes. Elles ont longtemps commis des atrocités contre les populations civiles dans la pleine de la RUZIZI.

influence remarquable a été créée pour représenter le mouvement à la Conférence de Goma.

- Mudundo 40

C'est aussi l'un des mouvements qui est né pendant la rébellion du R.C.D. Son chef militaire, Monsieur Odilo Kurhengamuzimu a été influencé par les Mai- Mai Bunyakiri où il aurait servi comme militaire. La forme localiste ou ethno-tribale que prenaient les autres groupes Mai- Mai faussé à créer une résistance pour la tribu shi dont il est issu. Il aurait ainsi bénéficié du soutien total de sa communauté en hommes de troupes, munitions et armes et soutien logistique et financier. Un ancien Mai- Ma, actuellement Lieutenant colonel des FARDC a déclaré avoir été le 1er à créer une branche armée à walungu le 15/8/1998 après la prise de Bukavu par les forces du R.C.D. Il soutient aussi que c'est en 1999 que Monsieur Odilo a débuté son mouvement à walungu, bénéficiant du soutien de sa communauté.(57).

Le mouvement, Mudundu 40 a été soumis au processus de brassage en 2002. L'insatisfaction récoltée par son chef militaire l'a poussé à quitter l'armée régulière où il avait le grade de colonel. Il s'est ainsi résolu de retourner dans le maquis pour reprendre la résistance armée contre le Gouvernement.

Les conflits internes au sein de ce mouvement n'ont pas facilité l'efficacité du leadership. Le chef militaire a été accusé d'alliance avec le RCD, acte considéré abonnable dans un contexte de résistance populaire contre les forces étrangères. C'est ce qui a entraîné des dissensions voire le désengagement des combattants. La branche politique clandestinement opérante dans les milieux religieux, politiques et de la société civile s'est disloquée suite aux abus du chef militaire. La réorganisation proprement

57 Entretien avec un colonel de la 10e RM, ancien Mai-mai non originaire du Sud-Kivu et ex-rebelle contre le régime de Mobutu au Congo-Brazaville.

dite s'est faite à la veille de la conférence de Goma motivée par le souci de positionnement politique.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault