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Pauvreté et grossesse des adolescentes au Cameroun

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par Sandrine NANKIA DJOUMETIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée -ISSEA - Ingénieur d'Application de la Statistique 2010
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La grossesse des adolescentes est un phénomène qui porte atteinte tant à la santé de la mère que celui du futur bébé. La présente étude cherchait à établir et à mesurer le (s) lien (s) existant entre la pauvreté et la survenance d'une grossesse chez les adolescentes au Cameroun. De manière spécifique, il était question pour nous de répondre à ces deux questions : « quelles sont les facteurs qui déterminent la survenance d'une grossesse chez les adolescentes au Cameroun ? » et « ces facteurs différent-elles entre les ménages dits « pauvres » et les ménages dits « non pauvres » ? La base de données utilisée a été extraite du fichier des femmes de l'enquête EDS-III, 2004. Nous avons mis en oeuvre les méthodes d'analyse descriptive et de régression logistique pour exploiter Ces données. Au terme de l'analyse, nous avons obtenu les résultats qui suivent.

Des adolescentes enquêtées, 55,85 % ont déjà commencé leur vie sexuelle parmi lesquelles 22,37 % sont enceintes et 51,87 % ont déjà été enceinte. Le phénomène de grossesse des adolescentes est une réalité qui est rencontrée dans les ménages quelque soit leur niveau de vie. Les ménages « pauvres » et « moyens » sont ceux où il est le plus observé avec respectivement 17,50 % et 12,46 %. Par ailleurs, le niveau de vie influencerait la survenance d'une grossesse.

De façon générale, il existerait une dépendance entre la survenance d'une grossesse chez les adolescentes et les caractéristiques sociodémographiques de l'adolescente, les caractéristiques liées à sa vie sexuelle et celles liés au ménage auquel elle appartient. Des adolescentes enceintes, la majorité d'entre elles sont sans niveau d'instruction (21,22 %), proviennent du groupe Béti/Bassa/Mbam (13,32 %), pratiquent la religion musulmane (17,81 %), vivent en milieu rural (15,37 %) et ont vécu pendant l'enfance au village (15,54 %).

En ce qui concerne la vie sexuelle des adolescentes enceintes : 38,10 % ont conclu un mariage non précoce et 29,86 % un mariage précoce, 22,04 % ont connu de manière précoce leur premier rapport sexuel et la plupart ont connaissance des méthodes pour éviter la grossesse, mais ne le pratiquent pas (15,32 %).

L'Analyse des Correspondances Multiples nous a permis d'apprécier l'influence combinée des caractéristiques les adolescentes sur la survenance d'une grossesse. Cela nous a permis d'une part de ressortir le profil des filles enceintes au Cameroun d'une manière globale et d'autre part celui des adolescentes issues des ménages « pauvres » et « non pauvres ».

La première ACM nous a permis de mettre en exergue deux groupes distincts d'adolescentes : les adolescentes enceintes et les adolescentes pas enceintes. Delà il est ressorti le profil des adolescentes enceintes au Cameroun. D'une manière générale, toute les variables que nous avons sélectionnées définissent au mieux les profils des adolescentes enceintes.

La seconde ACM a été effectuée dans la population constituée uniquement des adolescentes « pauvres ». Il ressort également deux groupes distincts : les adolescentes enceintes ayant 18 ans et plus, épouses des chefs de ménage, sans niveau d'instruction, du groupe ethnique Adamaoua-Oubangui, ayant précocement conclu leur premier mariage et connu leur premier rapport sexuel, connaissant et pratiquant les méthodes contraceptives et dont le chef de ménage est de niveau secondaire. Le second groupe quant à lui est composé des filles non enceintes ayant 15 ans, filles des chefs de ménage, de niveau secondaire et plus, des groupes ethniques Bamiléké/Bamoun et Béti/Bassa/Mbam, ayant vécu leur enfance dans les capitales, n'ayant jamais conclu de mariage et connu de rapport sexuel, n'ayant aucune connaissance des méthodes contraceptives et dont le chef de ménage est de sexe féminin et sans niveau d'instruction.

Enfin la troisième ACM a été effectuée dans la population constituée des adolescentes issues des ménages « non pauvres ». Également deux groupes se distinguent : les adolescentes enceintes, ayant 19 ans, épouses des chefs de ménage, sans niveau d'instruction, du groupe ethnique Béti/Bassa/Mbam, sexuellement actives, ayant précocement conclu leur premier mariage, connaissant et pratiquant des méthodes de contraceptions et dont le chef de ménage est de niveau secondaire. En revanche, le second groupe est composé des filles non enceintes ayant 15 ans, filles des chefs de ménage, de religion musulmane, du groupe ethnique « Autres ethnies », ayant vécu leur enfance dans les capitales, n'ayant jamais conclu de mariage, et n'ayant jamais eu de rapport sexuel, n'ayant aucune connaissance des méthodes contraceptives, et dont le chef de ménage est sans niveau d'instruction.

Suite à ces trois ACM, l'approche économétrique nous à permis d'estimer trois modèles logistiques pour déterminer les facteurs influençant la survenance d'une grossesse. Ces modèles ont été estimés d'une part de manière globale et d'autre part en distinguant les adolescentes issues des ménages « pauvres » et des ménages « non pauvres ».

Il ressort du premier modèle que toute chose égale par ailleurs, celles des groupes ethniques « béti/Bassa/Mbam » et « Autres ethnies » ont environ 2 fois plus de chance de tomber enceinte que celles du groupe ethnique Adamaoua-Oubangui. S'agissant des méthodes contraceptives, celles n'ayant aucune connaissance ces méthodes ont 92,61 % de chance de tomber enceinte que celles qui non seulement en ont, mais en plus la pratiquent. En plus, la précocité du premier rapport sexuel et du premier mariage augmentent respectivement de 2 et 3 fois plus de chance la survenance d'une grossesse chez l'adolescente par rapport à celles qui l'ont connu ou conclu tardivement. Le deuxième modèle quant à lui révèle que, les mêmes conclusions que le modèle global en ce concerne le groupe ethnique. Les adolescentes pratiquant les « Autres religions » ont 2 fois plus de chance de tomber enceintes que celles qui pratiquent la religion catholique. S'agissant du milieu de résidence pendant l'enfance, les adolescentes qui ont vécu au village ou dans les petites villes pendant l'enfance ont 3 fois plus de chance de tomber enceintes que celles qui ont vécu leur enfance à Yaoundé ou à Douala. Pareil que le modèle, global les variables liées à la vie sexuelle jouent un rôle très significatif dans la survenance d'une grossesse chez les adolescentes issues des familles pauvres. Celles qui n'ont aucune connaissance des méthodes de contraception ont 89,54 % de chances d'avoir une grossesse que celles qui connaissent et pratiquent. Celles ayant connu leur premier rapport sexuel précocement ont 2 fois plus de chance d'être enceintes. Il en est de même de celles qui ont conclu précocement leur premier mariage. Enfin du troisième modèle il ressort que seule la précocité du mariage et la connaissance et pratique des méthodes contraceptives ont une influencent sur la survenance d'une grossesse chez les adolescentes issues des ménages « non pauvres ». En effet, celles n'ayant aucune connaissance des méthodes pour éviter une grossesse ont environ 77,1 % de chances que celles qui en ont une connaissance et ne pratiquent pas (au seuil de 10 %) et 98,9 % de chances que celles qui ont une connaissance et la mettent en pratique, d'avoir une grossesse. Celles ayant conclu leur premier mariage avant l'âge de 18 ans ont environ 4 fois plus de chance de tomber enceintes que leurs consoeurs ayant conclu tardivement leur premier mariage ou n'ayant jamais vécu en union avec un homme

À la lumière des résultats de nos analyses, nous formulons des suggestions aux pouvoirs publics, aux responsables de la santé et ainsi qu'aux ménages.

Recommandations

Il est important de mettre sur pied des politiques visant à réduire et/ou à prévenir la survenance des grossesses chez les adolescentes. Cela passe par la coopération de tous les membres de la communauté, depuis les ménages jusqu'aux décideurs gouvernementaux. Pour mener à bien cette lutte contre le phénomène de grossesse précoce, la stratégie adoptée visera deux axes : la prévention des nouveaux cas de grossesse chez les adolescentes, et la prise en charge des jeunes filles ayant déjà connues ce phénomène.

Concernant la prévention, les ménages, les responsables médicaux, le Gouvernement, certains ONG et organismes internationaux sont interpellés.

· Au Gouvernement, certains ONG et organismes internationaux (UNFPA, OMS,...)

Concernant la prévention, Ils pourraient :

ü intensifier les politiques visant à assurer la scolarisation des filles sur une longue période de leur vie, notamment durant toute leur adolescence ; cela pourrait aider à retarder l'âge d'entrée en vie conjugale qui est l'un des principaux facteurs déterminant la survenance d'une grossesse dans l'adolescence.

ü intensifier les campagnes de sensibilisation sur les méthodes contraceptives (à travers les financements).

ü sensibiliser les adolescentes sur les risques d'une grossesse pendant cette tranche de leur vie.

ü envisager des politiques différentes pour réduire la prévalence des grossesses selon le niveau de vie, car les facteurs les favorisants ne sont pas pareils.

ü combattre la pauvreté à tous les niveaux, car elle fait partie des causes des grossesses des adolescentes : ceci en améliorant les conditions de vie des populations.

Concernant la prise en charge, les mesures qui peuvent être prises vont à l'endroit du Gouvernement et sont les suivantes :

ü créer plusieurs structures de prise en charge des adolescentes enceintes, ceci dans le but d'apporter une aide sociale à celles-ci ;

ü améliorer l'accès des adolescentes enceintes aux soins prénataux, en facilitant leur entrée aux services de santé génésique ;

ü veiller à ce que l'adolescente enceinte ait un personnel qualifié présent à l'accouchement et fournir l'accès aux soins obstétriques d'urgence au bon moment si cela s'avère nécessaire.

· Aux responsables de la santé

Ils doivent s'impliquer fortement dans la sensibilisation les adolescentes sur les méthodes de contraceptions, car leurs importances ne passent pas seulement par l'utilisation, mais aussi par la bonne utilisation.

· Aux ménages

Il serait intéressant :

ü que les parents d'enfants ne fassent pas de la sexualité un sujet tabou. Qu'ils en discutent sans complexe avec eux, car ceci est un de leurs devoirs en tant que parent.

ü qu'ils recommandent l'usage des méthodes contraceptives à celles qui ont commencé leur vie sexuelle, et mieux encore l'usage des préservatifs car ceux-ci permettrons non seulement d'éviter les grossesses, mais aussi de se protéger contre les IST.

ü que pour celles qui n'ont pas encore eu leur premier rapport sexuel, des conseils doivent leur être prodigués dans le sens de le retarder le plus possible.

Limites de l'étude

Les grossesses des adolescentes sont une réalité complexe qui ne saurait être totalement appréhendée par une seule étude. De ce fait, cette étude comme on pourrait s'en douter comporte quelques limites.

Certains axes dans l'étude n'ont pas été analysés. En effet, nous n'avons pas examiné l'impact des grossesses des adolescentes sur la santé de la femme, notamment l'exposition au VIH/Sida et aux infections sexuellement transmissibles (IST) et a bien d'autres maladies. De plus nous n'avons pas essayé de capter le comportement des adolescentes enceintes face aux soins prénataux, en occurrence les consultations prénatales, la vaccination contre le tétanos, la prise des traitements préventifs intermittents (TPI) contre le paludisme.

L'étude a été faite à l'aide des données de l'Enquête Démographique et de Santé 2004 (EDSC-III, 2004) qui en réalité n'ont pas été collectées aux fins d'une pareille étude. En effet, elles ne permettent pas d'étudier les comportements sexuels aux âges inférieurs (au début de l'âge de la puberté). Certaines analyses ont été faites sous l'hypothèse que les filles enquêtées ont pratiquement toujours vécue dans le ménage où elles ont été interviewées. Il serait par conséquent intéressant qu'une enquête soit spécifiquement conçue et menée à bien une pareille étude. Toutefois, cette étude rentre en droite ligne des objectifs internationaux, qui visent à améliorer les conditions de vie de l'adolescente et le bien être social en général.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote