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Les enjeux de l'établissement de la zone tampon du Parc national des Virunga à  Kahunga face à  l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. Le cas spécifique du 7ème objectif

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par Patient POLEPOLE
Institut supérieur de développement rural / ISDR Bukavu - Licence 2011
  

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D. Les antagonismes autour de la gestion du PNVi

La multiplication des conflits ruraux, avec leur corollaire de violences ouvertes est un thème d'une brûlante actualité en Afrique sub-saharienne. Les médias et les analystes qui se sont intéressés à la question n'ont pour la plupart du temps retenu que les aspects politiques au ethniques comme causes de ces conflits. Or les causes profondes de ces conflits sont inhérentes aux modes d'accès ou d'utilisation des ressources naturelles comme la terre, l'eau, les pâturages, les forêts, les mines, les sources énergétiques (Harouna G., 2003).

Des conflits sont vifs autour de la gestion du PNVi et du DCR, quelques illustrations sont ci après illustrés.

Radio Okapi dans son article « Rutshuru : les riverains privés de droits de terre dans le parc » du 11 juillet 2007 fait montre du conflit existant depuis des décennies entre riverains du Domaine de Chasse de Rutshuru, plus précisément ceux du groupement de Bukoma et les gestionnaires de cette partie du Parc National des Virunga. Selon la population riveraine, l'ICCN continuait à les priver de leurs droits de terre alors que la nouvelle saison culturale approchait. Pour les responsables du SAP (Syndicat d'Alliance Paysanne) de Rutshuru, cette situation persiste depuis la création de ce domaine de chasse en 1974. La population du groupement de Bukoma est condamnée à une vie de mendicité et de famine. Elle est privée des terres de leurs ancêtres incorporées dans le domaine de chasse. Il continue en affirmant que les promesses de la direction provinciale de l'ICCN/Nord-Kivu de 1994, n'ont jamais été concrétisées par les gestionnaires du parc. Ces promesses visaient la création d'une zone tampon. Les paysans pourraient, dans le cadre de la conservation communautaire, y implanter leurs champs de cultures et calmer ainsi le conflit en satisfaisant les différentes parties dont les membres du SAP. Cette mesure n'a cependant pas directement abouti, car juste après la plantation des arbres, des inconnus les ont détruits, créant ainsi de nouvelles tensions entre les deux parties. Pourtant, à Rumangabo, à 30 km au Sud de Rutshuru, la même chefferie de Bwisha et l'ICCN ont trouvé un terrain d'entente, sous la forme d'un comité de dialogue entre l'Institut et les populations riveraines. Ce comité gère les différends, notamment lorsque des animaux s'échappent du parc et ravagent les cultures de paysans (Syfia Grand Lacs, 2009).

En début de la saison culturale 2007, les habitants de Bukoma menacèrent de retourner de force sur « leurs terres » dans le parc. Le porte-parole du SAP, Mr Paluku Muvuya Arnold se plaint en ce terme : « Depuis 1974 nous avons été chassés de nos terres et nous sommes contraints de travailler dans les champs d'autrui pendant que nous avons nos terres à nous. Maintenant nous devons retourner de force dans nos champs car nous ne devons pas continuer à vivre comme des esclaves. Il y avait une convention de créer une zone tampon pour séparer les champs de paysans et les zones protégées, ce qui n'a jamais était fait. Et c'est là la source de conflit » (Radio Okapi, 2007).

Le conservateur en chef du DCR Mr BAGURUGUMWE NDERA Nestor, rétorqua, le SAP ne veut pas s'associer aux autres associations locales qui ont eu la charge de délimiter la zone tampon et d'attribuer des portions de terre à leurs membres pour y implanter leurs champs, il insista en ce terme « le domaine de chasse est régi par une loi qu'on ne peut pas violer n'importe comment. La zone tampon a été créée pour les associations qui vivent aux alentours du parc. Mais on ne peut pas accorder aux particuliers, c'est impossible, vu toute la population de Rutshuru. C'est pour cela que nous avons demandé aux gens de se regrouper en association, maintenant le SAP, s'est retiré de cette communauté pour continuer à se plaindre » (Radio Okapi.net, 2007).

La fixation des limites du Parc National des Virunga, provoque depuis des années des tensions entre l'Institut congolais de conservation de la nature et le Syndicat d'alliance paysanne. Les deux parties se disputent le contrôle de cette zone. Résultat : des familles entières sont contraintes d'abandonner leurs champs. L'origine du conflit se trouve dans une ordonnance-loi de 1974 qui crée le domaine de chasse de Rutshuru, sur une partie du Parc des Virunga, en y interdisant la culture. Cette loi avait pour but non seulement de protéger les animaux du parc mais aussi de faciliter le tourisme cynégétique, qui rapportait gros au pays (Syfia Grands Lacs, 2009). Certains gardes du parc reconnaissent que, dans leur jeunesse, les terres étaient cultivées, avant d'être déclarées domaine de chasse. C'est le cas de K. M. : Ces champs faisaient partie de la chefferie de Bwisha. Moi-même, j'ai grandi et vécu là-bas. Nous y habitions et cultivions nos terres. Mais depuis la loi de 1974, celles-ci doivent être abandonnées, et nous sommes là pour la faire exécuter. L'actuel régisseur du domaine de chasse précise que les terres domaniales situées dans les réserves intégrales ne peuvent être cédées ni concédées. C'est parce que la population venait d'envahir le parc que nous avons été obligés d'appliquer la rigueur de la loi pour refouler les gens, confirme-t-il, à propos des arrestations. (Syfia Grands Lacs, 2009).

Le SAP dit admettre la loi, mais regrette une gestion unilatérale des limites du parc sans y associer la communauté riveraine ainsi que l'absence d'un système d'information ou de dialogue. Ces paysans ne critiquent pas l'existence du domaine foncier du parc, mais le sort réservé aux victimes de cette mesure. Depuis une quinzaine d'années, progressivement, des familles entières ont dû abandonner les champs qui étaient leur seul moyen de subsistance, sans qu'aucun mécanisme de dédommagement n'ait été mis en place. Depuis lors, la fixation des limites exactes séparant le parc de la zone d'exploitation agricole représente une pierre d'achoppement dans les relations entre l'ICCN et la population riveraine (Syfia Grands Lacs, 2009).

Ailleurs, on dialogue, plusieurs tentatives de résolution de ce conflit ont été entreprises, mais sans succès. Dès 1996, l'ICCN a créé une zone de reboisement appelée "ceinture verte", dans le but de ?permettre aux paysans de visualiser les limites du parc. Cette ceinture va de la localité d'Ishasha, vers Nord-Est du territoire, jusqu'à la partie Sud du PNVi ? confie le conservateur du DCR, Nestor BAGURUGUMWE NDERA (Syfia Grands Lacs, 2009).

Réfléchissant sur les approches théoriques et pratiques à même de faire comprendre, analyser et gérer les conflits avant, pendant et après leur apparition, une cinquantaine de chercheurs, enseignants, producteurs, communautés rurales, décideurs politiques d'Afrique de l'Ouest et du centre, d'experts internationaux d'Europe et d'Amérique réunis à Niamey du 24 au 26 mars 2003, ont proposé quelques pistes en guise de réponse. Il s'agit essentiellement de: l'utilisation des approches participatives et consensuelles basées sur les mécanismes formels ou informels ; la mise en place ou le renforcement des cadres de concertation, de médiation, de négociation, d'arbitrages ; l'amélioration de la communication et la diffusion de l'information correcte aux différents groupes d'intérêts et l'amélioration de la gouvernance locale (CRDI, 2003).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo