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La consultation des réseaux culturels au sein de l'Agenda culturel européen

( Télécharger le fichier original )
par Marie-Véronique Lecomte
Institut d'études européennes Paris 8 - Master professionnel politiques et gestion de la culture en Europe 2010
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ PARIS 8
Institut d'études européennes
Master 2 professionnel, spécialité : Politiques et gestion de la culture en Europe

LA CONSULTATION DES RÉSEAUX CULTURELS
AU SEIN DE L'AGENDA CULTUREL EUROPÉEN.

Soutenu par :
Marie-Véronique LECOMTE
Sous la direction de:
M. Renaud ZUPPINGER et Mme Anne-Marie AUTISSIER
Stage pratique : à la Fondation Interarts
Année 2009-2010

Table des matières

INTRODUCTION 4

I. LA MISE EN PLACE D'UN AGENDA EUROPEEN POUR LA CULTURE OUVERT AUX PROPOSITIONS DE LA SOCIETE CIVILE 6

1- LA CREATION DE L'AGENDA ET DU DIALOGUE STRUCTURE 6

2- DES TERMES A DEFINIR 9

A) LA SOCIETE CIVILE 9

B) LES RESEAUX CULTURELS 11

II. LES ENGAGEMENTS DES RESEAUX 15

1- UN FORT INVESTISSEMENT EN TEMPS ET EN ARGENT 15

2- L'ACCES A LA CULTURE : LES RECOMMANDATIONS DE LA PLATEFORME 18

III. PERSPECTIVES ET EVOLUTION DE L'INVESTISSEMENT DES RESEAUX AU SEIN DES PLATEFORMES. 23

1-UN ROLE STRATEGIQUE DIFFICILE QUI DEMA NDE UNE CERTAINE ADAPTATION

DE LA PART DES RESEAUX 23

2- UNE STRATEGIE QUI DOIT PRENDRE EN COMPTE LES REALITES LOCALES 28

CONCLUSION 32

BIBLIOGRAPHIE 34

ANNEXE 1 37

INTRODUCTION

L'intérêt que porte l'Union européenne pour la culture est récent. La première évocation de la culture date de 1992 avec un article qui appara»t dans le traité de Maastricht1, mais il n'a pas démontré une réelle prise en compte de la culture au sein de ses politiques. C'est seulement en mai 2007, qu'elle manifeste son intérêt avec une Communication relative à un Agenda culturel européen à l'ère de la mondialisation (l'Agenda2). Elle a suscité de vifs espoirs auprès du secteur culturel qui souhaite que les arts et la culture soient pleinement intégrés au projet européen. Pour mettre en Ïuvre cet Agenda, deux procédures ont été invoquées par la Direction générale de l'éducation et de la culture de la Commission européenne: la méthode ouverte coordination (MOC) qui regroupe les Etats membres et le dialogue structuré qui réunit la société civile autour de plateformes. Ces acteurs, nommés par la Commission européenne pour prendre part au dialogue structuré, sont en majorité des réseaux culturels qui s'intéressent aux questions européennes. Mais, la consultation des réseaux culturels au sein des plateformes de l'Agenda culturel européen est-elle une stratégie appropriée pour prendre en compte les besoins de la société civile? Ces réseaux sont interrogés au nom de tout le secteur culturel, nous

1 D'après le Traité instituant la Communauté européenne TITRE XII (ex-titre IX) CULTURE Article 151 (ex article 128)

2 Notons que le terme «Agenda culturel européen» est la traduction en français de «European Agenda for culture». Or, le mot «Agenda» en anglais n'a pas la même signification qu'en français. La réelle traduction d'Agenda est «l'ordre du jour», ou «programme». Car il s'agit bien là d'un programme établi au niveau européen pour travailler sur la question des politiques culturelles.

sommes donc en droit de nous questionner sur ce qui s'établit au niveau des plateformes, leur organisation, si ces choix sont judicieux.

Nous étudierons cette question en trois temps: tout d'abord nous allons expliquer ce qu'est l'Agenda et comment fonctionne le dialogue structuré tout en définissant les termes tres vastes que sont la société civile et les réseaux culturels; ensuite nous verrons quel est l'investissement des réseaux culturels au sein de l'Agenda, et enfin, nous apprécierons la stratégie développée à travers ces plateformes de la société civile.

I. LA MISE EN PLACE D'UN AGENDA EUROPEEN POUR LA CULTURE OUVERT AUX PROPOSITIONS DE LA SOCIETE CIVILE

1- LA CREATION DE L'AGENDA ET DU DIALOGUE STRUCTURE

La volonté de créer un cadre pour la culture en Europe provient de plusieurs phases de réflexion au sein de lÕUnion européenne.

DÕaprés la reunion extraordinaire du Conseil européen qui sÕest tenue à Lisbonne en mars 2000, les objectifs stratégiques de Lisbonne pour lÕEurope de 2010 sont de devenir : « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative d'emploi ; et d'une plus grande cohésion économique et sociale, dans le respect de l'environnement »3. En nous reportant à lÕétude de la commission européenne lÕéconomie de la culture de 2006 4

sur , nous

constatons que le secteur culturel et créatif est un secteur économique notable. Il représentait un chiffre dÕaffaires de 654 milliards dÕeuros en 2003, ce qui équivaut à 2,6% du PIB communautaire, avec un taux de croissance supérieur de 12,3% entre 1999 et 2003 à la croissance générale de lÕéconomie. En 2004, il représente 3,1% de la population active en termes dÕemploi en Europe. CÕest egalement un secteur florissant pour la connaissance et lÕinnovation, car il favorise lÕévolution des TIC (Technologies de lÕInformation et de la Communication), en permettant une

3

Relever le defi- La strategie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi, dit Rapport Kok, novembre 2004, page 6.

4 D'apres la Note de synthese, L'economie de la culture en Europe, 2006 realise par KEA European Affairs

accessibilité aux savoirs auprès de la société, comme par exemple les connaissances multiculturelles. Il permet également un développement des territoires tant au niveau des connaissances que de lÕéconomie. Le secteur culturel a donc un rTMle important à affirmer dans le cadre de la stratégie de Lisbonne. CÕest dÕailleurs dans la même année que la publication de ce rapport sur lÕéconomie de la culture, en 2006, que la commission européenne émet lÕenvie de créer un Agenda culturel européen à lÕheure de la mondialisation : « Les trois objectifs identifies par la Commission ne sont pas particuliérement surprenants et ont déjà ete cites dans d'autres documents strategiques de l'Union. Ils reflètent la tendance croissante de l'Union à justifier ses politiques culturelles par leur capacite à promouvoir l'integration et les valeurs civiques dans des societes de plus en plus multiculturelles, ainsi que leur capacite à favoriser la croissance economique et l'innovation. »5

CÕest en mai 2007 que lÕon publie officiellement la communication relative à cet Agenda. Une fois que la Communication a été adoptée par toute la délégation,

c'est devenu 'l'ordre du jour' ou Ôla politique de culture' de la Commission européenne.

LÕAgenda fonctionne par le biais de la méthode ouverte de coordination, et dÕun dialogue structure avec la société civile.

La MOC est une méthode déjà utilisée dans dÕautres domaines politiques, comme lÕéducation ou la jeunesse, qui est apparue dans les années 90. Ç CÕest un systéme qui favorise la cooperation entre les Etats membres dans le domaine des initiatives qui ne ménent pas à une Ç harmonisation legislative È européenne, mais

5 Un nouvel agenda européen de la culture ? Rachael Craufurd Smith, Institut Europa, Université d'Edimbourg, Mai 2007 article écrit a la demande de Culture Action Europe suite à une réunion d'experts qui s'est tenue dans les locaux de Culture Action Europe, quelques jours apres la publication de la Ç Communication relative à un agenda européen de la culture à lÕére de la mondialisation ».

qui bénéficient d'une coopération intergouvernementale' 6.

Par exemple dans le groupe MOC `synergies with education, specially arts education', Ç des groupes d'experts thématiques et intergouvernementaux sont composés et quatre groupes de travail ont été créés sur les themes suivants : les conditions favorables à la mobilité des artistes et des professionnels de la culture; le potentiel des secteurs de la création et de la culture; la mobilité des collections et activités des musées; et les synergies entre la culture et l'éducation. È7 et tout ceci Ç s'inscrit dans la mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne: la promotion de la société de la connaissance, la reconnaissance du capital humain comme principal facteur de richesse dont il convient de développer les potentialités È8.

Le dialogue structuré, quant à lui, est un processus inédit pour l'Union européenne, qui consiste à créer un dialogue entre la société civile et la Commission européenne, à travers des interlocuteurs représentatifs des secteurs impliqués. Il comporte trois plateformes consultatives dans lesquelles les organisations culturelles se rassemblent. Culture Action Europe et la Fondation Européenne de la Culture ont initié la création de la première plateforme, celle de la Société Civile pour le Dialogue Interculturel. Ensuite, deux autres plateformes ont été créées: celle de l'accès à la culture et celle des industries culturelles. Ce dialogue structuré est une opportunité majeure pour améliorer les relations entre l'Union européenne et le secteur culturel.

6 Relais Culture Europe : http://www.relaiscultureeurope.org/fileadmin/fichiers/1_Europe_Culture/institutions/RCE_MOC__09-2008_.pdf.

7 Selon les sources de http://ec.europa.eu/culture/our-policy-development/doc1565_fr.htm

8 Jean Marc Lauret, président du groupe MOC Ç synergies with education, specially arts education', Bruxelles, 22 septembre 2008.

Les structures culturelles participantes ont été choisies sur un appel à participation et la commission a dl choisir parmi plus de 200 réponses. Au final, les participants sélectionnés sont de nombreux réseaux culturels qui travaillent sur les questions européennes9. Le but de leur participation est de définir des objectifs culturels d'intérêt commun au niveau européen au nom de la société civile.

2- DES TERMES A DEFINIR

A) LA SOCIETE CIVILE

Les institutions européennes emploient amplement le terme de `société civile', il est donc intéressant de le définir.

Pour L'UNESCO, la société

civile c'est l'auto organisation de la société en dehors du cadre étatique ou du cadre commercial, c'est-à-dire un ensemble d'organisations ou de groupes constitués de façon plus ou moins formelle et qui n'appartiennent ni à la sphere gouvernementale, ni à la sphere commerciale. D'apres le projet du Traité constitutionnel de l'UE, article I-47 « Les institutions de l'Union entretiennent un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile », la société civile étant définie comme la totalité des citoyens européens représentant le corps social. Elle n'est donc pas à entendre comme l'ensemble des citoyens qui agiraient individuellement, mais comme un groupe de citoyens qui représentent leurs volontés par le biais du cadre associatif.

9 Cf. annexe 1: Liste des réseaux culturels de la plateforme «Accès à la culture»

Ç L'importance plus particulière de la société civile et de son implication dans la prise de décision communautaire a été formalisée dans le Livre blanc sur la gouvernance de 2001. Dans un contexte de crise de légitimité des institutions européennes, et plus particulièrement de la Commission, la société civile organisée apparaissait comme une source de légitimation et jouait un rTMle essentiel en facilitant un dialogue politique. Elle permettait de faire participer les citoyens à la réalisation des objectifs de l'Union et de leur offrir un canal structuré pour des réactions et des critiques. »10 Avec la réalisation des plateformes, ouvertes à la société civile, l'Union européenne répond donc aux souhaits du philosophe et sociologue allemand J·rgen Habermas, qui souhaite une participation de tous les individus à la décision publique. Selon lui, l'Union européenne ne doit pas simplement s'appuyer sur des traités, mais doit fonder sa politique à travers un référendum sur la Constitution européenne adressée aux citoyens.

Néanmoins, la commission a largement sélectionné ses participants et de ce fait elle a exclu des organisations de la société civile qui souhaitent également porter des recommandations au niveau européen. Alors, dans ce cadre, on peut se demander si la commission n'essaierait pas de se constituer une société civile sur mesure, en s'adressant uniquement aux structures qu'elle désigne. La Commission a certainement peur de ne pas pouvoir assumer les demandes d'un nombre trop important de citoyens au débat sur les politiques culturelles. Elle peut avoir peur d'un Çprocessus au cours duquel le public constitué d'individus faisant usage de leur raison s'approprie la sphere publique contrTMlée par l'autorité et la transforme en

10Note du Relais Culture Europe, Un Agenda européen pour la culture : nouveaux objectifs, nouveaux modes de travail.

une sphere oft la critique s'exerce contre le pouvoir de l'Etat È11. En effet, La commission cherche à créer un débat sur les politiques culturelles, mais un débat qui soit nuance et rédigé dans des documents politiques clairs et soignés. Or, le débat et les critiques pourraient etre bien plus profonds, vigoureux et proche des réalités confrontées sur le terrain si davantage dÕacteurs de la société civile y parti cipaient. La commission européenne emploie donc, à son gré, le terme de société civile, sous ses diverses definitions. TantTMt elle lÕutilise sous la definition de lÕensemble des citoyens, tantTMt comme un groupe dÕindividu rassemblé en associations et organisations. Cette utilisation de ce terme déjà trés vague peut donc tromper le citoyen sur les réelles intentions de la commission.

B) LES RESEAUX CULTURELS

Les réseaux culturels sont consultés au nom de la société civile, il semble donc important de savoir qui ils sont.

Les réseaux culturels naissent en Europe vers 1980 avec lÕespoir dÕune prise en compte de la société civile dans lÕintégration de lÕUnion européenne. Ils peuvent donc atteindre pleinement leur objectif premier à travers la plateforme de lÕAg enda de la culture. Mais qui sont-ils réellement ? Ce terme de ÔréseauÕ est ambigu et complexe car il englobe une trés large definition. Les réseaux varient de quinze membres pour certains à quatre cents pour dÕautres. Certains font un travail de terrain, dÕautres travaillent au niveau national, ou encore pour le développement de la culture européenne. Il y a ceux qui théorisent, ceux qui sont actifs auprés des gens.

11 Jurgen Habermas, L'espace public: archeoloie de la publicite comme dimension constitutive de la societe bourgeoise, Payot, Paris, 1997.

Certains sont spécialisés dans une discipline, dÕautres sont transversaux ou thématiques.

La plupart des réseaux choisis par la Commission sont des réseaux qui réfléchissent aux questions européennes, qui pensent au-delà de leur nation et qui sollicitent les relations avec dÕautres organisations. Ils se positionnent en tant que médiateurs entre les associations sur le terrain et les institutions européennes pour influencer ces derniéres et leur faire prendre conscience des besoins reels du secteur culturel. Ils sont là pour « faire avancer par le bas et de l'intérieur des conceptions nouvelles de l'ordre social È12. Ils permettent egalement à des projets culturels dÕatteindre dÕavantage de visibilité aux yeux des institutions en se faisant conna»tre sur le plan national, européen ou encore international. Et cÕest pour toutes ces raisons quÕils interpellent les politiques , Culture Action Europe 13

culturelles. Par exemple ,

est un réseau qui defend le rTMle des arts et de la culture dans le développement du projet européen. Son objectif est dÕinfluencer les politiques européennes dans le but dÕaméliorer lÕacces à la culture. Ils informent les acteurs culturels sur les evolutions des problématiques culturelles européennes et leur offrent un espace pour echanger. LÕexistence des réseaux culturels se manifeste à un moment ou les financements nationaux ne suffisent plus pour soutenir la creation et le dynamisme culturel. Ces réseaux sont pour la plupart finances par lÕUnion européenne qui reconna»t le rTMle majeur quÕils ont dans leur relation avec la société civile : « Pour le conseil des

12

Anne-Marie Autissier, L'Europe de la culture: histoire(s) et enjeux, ed. Maison des cultures du monde, Acte Sud, 2005

13

Culture Action Europe, ex-EFAH, représente les intérêts d'artistes et d'organisations culturelles. Culture Action Europe, gr%oce à des campagnes d'information, de sensibilisation, d'engagement politique, est reconnu comme le réseau de référence en matière de lobbyisme pour la culture. Il regroupe des organisations culturelles de différents champs artistiques : thé%otre, danse, musique, arts visuels etc., et même d'autres réseaux culturels européens.

ministres de la culture: les réseaux culturels sont importants car `'ils contribuent à la cohésion européenne'', ils facilitent `'la mobilité des travailleurs culturels ainsi que la production culturelle tout autant que ``la communication interculturelle'', ils `renforcent les conditions de développement culturel qui ne sont pas le résultat de facteurs purement économiques'' et ils ``favorisent la mise au point de partenariats avec les pays tiers'' È14. Les réseaux culturels sont donc des structures qui développent des liens étroits avec l'ensemble des acteurs culturels. Ces liens se tissent comme une toile et c'est d'ailleurs sur Internet, par le biais de leur site que ces réseaux se font conna»tre et rendent compte de leur travail aux autres, échangent et mutualisent leurs connaissances. Les réseaux sont des structures de différentes tailles et exercent des fonctions plus ou moins importantes, mais les relations sont égales entre ces différents membres. Or, pour la Commission européenne, le réseau permet de faire passer des idées de manière `horizontale'. En effet, la Commission européenne a tendance à trop structurer les genres avec d'un côté le groupe de la MOC, de l'autre les trois plateformes bien distinctes. L'Union européenne fait du multilatéralisme avec une gouvernance multi-niveaux qui a donné des aspects positifs, néanmoins elle sépare trop l'organisation entre les Etats, les collectivités et les réseaux. C'est une stratégie ambiguë car elle crée de la concurrence, alors qu'elle cherche dans le méme temps à aménager des espaces de dialogue pour la culture en Europe. De cette manière, elle crée du clientélisme comme on le voit avec certains réseaux qui participent à l'Agenda à partir du moment oü ils recoivent des subventions de sa part. Il y a trop de parti pris de la part de la Commission. Certains réseaux ont été refusés sans aucune justification de choix. Il n'y a aucune transparence, ce qui pose des problèmes de démocratie. Les arts de la scène sont

14 Anne-Marie Autissier, L'Europe de la culture: histoire(s) et enjeux, ed. Maison des cultures du monde, Acte Sud, 2005 p. 297 p.304.

surreprésentés au sein de l'Agenda, tandis qu'il y a peu de réseaux d'arts visuels par exemple. Mais ceci est dü également au fait que les réseaux culturels se sont constitués inégalement selon les disciplines. L'idéal serait d'avoir des réseaux bien ciblés et un équilibre entre les pratiques artistiques.

II. LES ENGAGEMENTS DES RESEAUX

Il y a différents niveaux d'implication selon les réseaux. Mais tous les réseaux sélectionnés sont présents lors des réunions et participent à une discussion. De cette discussion, des gens font un rapport général remis à la Commission, c'est une synthèse des idées émises. Ce sont de grands principes politiques, parfois difficiles à cerner pour des acteurs sur le terrain.

1- UN FORT INVESTISSEMENT EN TEMPS ET EN ARGENT

Le délégué du réseau culturel chargé de participer aux plateformes passe beaucoup de temps à travailler sur les questions d'une politique européenne de la culture et ii a des obligations régulières de rencontres qu'il prend sur son temps de travail. Par exemple pour Yohann Floch, responsable des relations internationales de Hors Les Murs15, le travail sur ces questions lui prend un jour par semaine sur son temps de travail ce qu'il trouve Çconséquent È16. A cela s'ajoutent des réunions ponctuelles et fréquentes. Une réunion de groupe de travail a lieu tous les deux mois, puis un conseil administratif une fois par trimestre et une réunion plénière avec l'ensemble de la plateforme au mois de juin. Pour cette réunion plénière, le premier jour est dédié à la plateforme pour une Europe interculturelle, le deuxième jour à

15 HorsLesMurs est le centre national de ressources des arts de la rue et des arts de la piste. Créé en 1993 par le ministère de la Culture, il développe des missions d'observation et d'accompagnement des pratiques artistiques hors les murs à travers des activités d'information, de documentation, de formation, d'expertise, d'étude et d'édition.

16 D'après les propos de Yohann Floch, responsable des relations internationales de Hors Les Murs

l'accès à la culture, le troisième jour aux industries culturelles et créatives. Enfin, le
dernier jour, une session conjointe des trois plateformes organisée à l'initiative de

17

Culture Action Europeest prévue. Les membres des trois plateformes se réunissent pour mutualiser leurs comptes-rendus, envisager des outils, ne pas se répéter dans les recommandations, être au clair dans les enjeux des Agendas politiques et donner des recommandations qui s'insèrent dans l'Agenda.

Toutes les réunions se passent à Bruxelles. Au départ les acteurs culturels n'étaient pas défrayés. Outre la contribution en temps, ils devaient aussi investir en argent. Depuis un an, la Commission a mis en place le remboursement des frais de transport pour une personne par institution.

Certains réseaux sont dans plusieurs plateformes, c'est le cas de Culture Action Europe18 qui participe aux trois plateformes du dialogue structuré entre la société civile et les institutions européennes. D'autres ont décidé de ne participer qu'à une plateforme car cela demande déjà beaucoup de travail, c'est le cas de l'IETM (réseau international des arts du spectacle)19 qui est dans celle de l'accès à la culture. Néanmoins, les réseaux culturels prennent de nombreuses initiatives personnelles au sein des plateformes pour le bon développement du dialogue structuré. L'IETM s'est, par exemple, impliqué dans la période préparatoire de l'Ordre du jour. Il a aussi vivement encouragé ses membres à s'intéresser à la communication relative à

19 IETM est une organisation qui réunit des membres afin de stimuler la qualité, l'échange et le développement des arts du spectacle contemporains dans un environnement global favorable. L'IETM concrétise cet objectif en initiant et facilitant le travail en réseau professionnel, ainsi que la communication, l'échange dynamique d'information, la transmission de savoir-faire et la présentation de pratiques exemplaires.

l'Agenda, à le soutenir et à faire pression sur leur propre ministére de la Culture : Ç Nous l'avons fait en envoyant des lettres à nos membres expliquant ce que la Communication était, pourquoi c'était important et en les sollicitant de demander à leur ministére de le prendre au sérieux. Nous avons eu un peu de succés, beaucoup de nos membres nous ont relayés pour convaincre leur ministére de tenir des consultations publiques. È 20

Il y a également un temps d'adaptation nécessaire dans les relations entre les réseaux car un grand champ des disciplines artistiques est représenté dans ces plateformes : arts plastiques, musique, architecture, théâtre, etc. Ces représentations sont nécessaires mais cela demande un grand travail de mise à niveau

des connaissances des disciplines car elles n'ont pas toutes les mêmes problématiques pour arriver à faire des recommandations communes en identifiant les points communs.

Mais le temps que passent les réseaux culturels à travailler sur ces plateformes est également un investissement qui leur apporte une maniere de se faire conna»tre auprés de la Direction Générale et l'agence exécutive. En effet, ces réseaux sont largement financés par l'Union européenne et leur participation est une maniere de faire du lobbyisme pour leur structure. Le réseau Art Nouveau Network21 s'est, par exemple, impliqué dans les plateformes de l'Agenda au début de son lancement, à un moment oil il recevait des financements européens et ils s'est retirés en 2009 de l'Agenda, année durant laquelle l'Europe ne leur a pas accordé de subvention. Pour

20 Mary Ann DeVlieg, secrétaire générale de l'IETM

21

Le Reseau Art Nouveau Network est un reseau de cooperation entre de grandes villes europeennes destine à sauvegarder et mettre en valeur leur patrimoine de style Art nouveau. Créé en 1999 par le Service des monuments et des sites de la region de Bruxelles-Capitale, il regroupe à l'heure actuelle pres d'une vingtaine de villes d'Europe.

cette structure, l'adhésion à l'Agenda était aussi une manière de rencontrer de manière privilégiée les financeurs des projets culturels.

Au sein de la plateforme sur l'accès à la culture, les structures se sont organisées en trois groupes de travail, le premier sur l'apprentissage et l'éducation, un deuxième sur la création et la production et un troisième sur la participation du public. Par la suite ils élaborent des documents qu'ils publient, ce sont des documents-clefs22 qui émettent des recommandations politiques à l'Europe.

2- L'ACCES A LA CULTURE : LES RECOMMANDATIONS DE LA PLATEFORME

Ë travers cet Agenda, ils essaient de faire passer des recommandations qu'ils jugent utiles pour le développement de la culture, avec l'envie de créer une politique culturelle plus adaptée aux réalités des acteurs dans le domaine artistique et culturel en Europe. Le but de cette plateforme consiste en ce que les conditions de production, de diffusion et de participation aux arts, comme l'accès à la culture pour tous les citoyens soient formellement intégrées dans les objectifs des futures politiques culturelles européennes.

D'après le document politique rédigé par la plateforme23, les réseaux ont de nombreuses recommandations qui sont les suivant es :

22 Tel que: Civil society platform on access to culture, Policy guidelines,juillet 2009 telechargeables sur le site http://ec.europa.eu/culture/our-policy-development/doc1581_fr.htm

23Civil society platform on access to culture, Policy guidelines, juillet 2009

Ils souhaitent recenser les besoins de tous les publics, mais les études sur les pratiques et les attentes du public dans le domaine culturel font cruellement défaut. C'est pourquoi les réseaux recommandent d'établir des études à partir de consultations auprès des acteurs culturels, basées sur des critères autres que quantitatifs. Ils veulent développer des outils pour faciliter l'accès aux informations pour les professionnels de la culture et aussi mieux prendre en compte les études des organisations non gouvernementales sur les publics vulnérables afin d'effectuer un travail davantage ciblé.

Ils voudraient pouvoir surmonter les barrières linguistiques en améliorant l'enseignement des langues et l'aide pour la traduction des Ïuvres et des conférences dans le secteur culturel. Les réseaux souhaitent aussi promouvoir les langues les moins usitées, notamment les langues régionales afin d'assurer un accès pour tous à la culture.

Ils recommandent de soutenir les professionnels hautement qualifiés notamment dans l'éducati on et dans les programmes de formation avec des aides financières et une meilleure protection sociale. Ceci afin d'assurer le développement professionnel et la croissance qui permettront d'élargir la diversité de l'offre culturelle. Étant donné que l'Europe comprend de nombreux pays pour lesquels le statut d'artiste n'a pas la même reconnaissance, les réseaux souhaitent arriver à une coordination des lois concernant le statut des artistes. Ceci pour permettre une meilleure reconnaissance de l'artiste, lui assurer de meilleures prestations sociales, et des indemnités, avec un ensemble clair de réglementation, d'incitations financières, de politiques novatrices et ce dans tous les pays de l'Union européenne.

Ils voudraient que les procedures de financements soient améliorées. Ils proposent pour cela dÕalléger les Ç lourdeurs administratives È. En effet les demandes de financements sont de mieux en mieux traitées mais elles sont encore parfois irréalisables pour de nombreuses structures . Il faudrait des opportunités de financements plus souples, plus faciles dÕutilisation, plus transparents. Le probleme est que, aujourdÕhui, ce sont toujours les mêmes qui concourent à ces financements et qui sont aides. LÕabsence de formation à la gestion des financements européens fait réellement défaut au niveau des structures. Les appels à projets sont souvent peu clairs quant au theme du projet quÕils cherchent vraiment à financer. Il faudrait donc des appels à projets plus ouverts, basés sur les compétences des participants et la pertinence européenne du projet. Ils recommandent une meilleure evaluation des projets realises qui ne soit pas basée uniquement sur une verification comptable détaillée qui coate cher aux institutions européennes.

Ils recommandent de promouvoir la mobilité et lÕéchange en consolidant les financements prévus à cet effet. Ceci afin dÕencourager les echanges interculturels et permettre de favoriser des espaces de débats citoyens autour des questions culturelles, de développer une conscience plus approfondie et de donner un sens de lÕengagement civique des publics. Favoriser egalement la mobilité des artistes en Europe, ainsi que la presence dÕartistes européens sur dÕautres continents car lÕEurope permet de fédérer des energies, de passer outre des préjugés sur Ç lÕAutre È. Ceci dit, les questions des relations extérieures à lÕUnion européenne mériteraient une plateforme de réflexion à elles seule étant donné son importance dans les objectifs stratégiques de Lisbonne. Cela pourrait etre le theme dÕune quatrieme

24

plateforme à laquelle des réseaux comme le Fonds Roberto Cimettapourraient adhérer.

Les réseaux indiquent l'importance de promouvoir l'utilisation culturelle des nouvelles technologies. En effet, Internet et les nouvelles te chnologies sont aujourd'hui un facteur de participation à la vie culturelle. Il est donc nécessaire de développer un meilleur accès pour tous les publics aux TIC en assurant la protection des droits d'auteurs. Ils recommandent aussi d'effectuer des études approfondies sur l'utilisation des TIC afin de conna»tre les besoins réels dans ce domaine. Ceci permettrait de profiter pleinement du potentiel des nouvelles technologies dans le secteur culturel.

Ils voudraient que l'enseignement soit stimulé à travers la culture gr%oce à une reconnaissance des synergies entre l'enseignement et la culture. Faire en sorte que les financements incluent en priorité les dimensions d'accès à la culture par l'éducation et l'accès à l'éducation par la culture. Multiplier les échanges culturels éducatifs de jeunes.

Il leur semble important de situer l'accès à la culture en amont et de manière transversale dans les politiques culturelles car la culture est un facteur fondamental du bien-être des gens. Le but est de construire des synergies plus fortes entre des secteurs différents et de trouver des facons de favoriser le rTMle de la culture au-delà d'une simple action structurée et opérationnelle. Pour ceci, ils recommandent

24 Le Fonds Roberto Cimetta est une association internationale pour les échanges artistiques et la mobiité des professionnels au sein de l'espace méditerranéen dans le domaine des arts vivants.

dÕinclure les professionnels de secteur culturel en particulier dans le contexte des politiques éducatives et sociales. Ils veulent mettre en place la participation de groupes de travail interdisciplinaires pour une planification des politiques et un contrTMle de celles-ci avec une consultation publique. Ceci permettrait dÕobtenir une politique plus cohérente et spécifique qui prendrait en compte les besoins reels émergeant dans le secteur culturel.

Et enfin, ils voudraient pouvoir traduire des engagements internationaux sur lÕacces à la culture dans de véritables politiques en ratifiant les conventions regionales et internationales sur les droits de lÕhomme, la diversité culturelle et lÕhéritage culturel et par une mise en Ïuvre de ces traités. Il sÕagirait dÕappliquer la convention de lÕUNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles au niveau local, de traduire les instruments légaux appropriés, de mettre en place des ateliers dÕinformation sur la structure légale de la culture et sur les questions juridiques dÕintégration. Tout cela permettrait dÕaccro»tre la connaissance des possibilités quÕoffrent les politiques culturelles.

Ë travers toutes ces recommandations et ces réflexions, les réseaux culturels européens cherchent à prouver que la culture est lÕespace privilégié de la construction de valeurs communes. Ils souhaitent etre entendu pour leurs propositions au nom de la société civile, dÕétablir le dialogue avec la Commission européenne et enfin, que certaines de leurs propositions soient mises en place.

III. PERSPECTIVES ET EVOLUTION DE L'INVESTISSEMENT DES RESEAUX AU SEIN DES PLATEFORMES.

1-UN ROLE STRATEGIQUE DIFFICILE QUI DEMANDE UNE CERTAINE ADAPTATION DE LA PART DES RESEAUX

Les recommandations des réseaux culturels au sein de l'Agenda se font par le biais d'une stratégie délicate pour renforcer les initiatives culturelles de l'Union européenne en les insérant minutieusement dans les politiques européennes. Le vocabulaire que les réseaux doivent utiliser dans les recommandations n'est pas pleinement celui des acteurs culturels sur le terrain s'ils veulent qu'elles soient acceptées par les politiques de l'UE. L'idée de faire appel aux réseaux culturels est donc une bonne initiative et ce système de plateforme a certes un grand potentiel et mérite d'exister. Mais, en réalité, il n'est pas évident pour tous les réseaux culturels de s'engager dans l'Agenda. En définissant les réseaux culturels, il y a toutes sortes de réseaux à différentes échelles. Certains réseaux qui travaillent sur le terrain ont été consultés, c'est le cas du réseau `In Situ'25 par exemple. Les réseaux participent à des réunions, sans être des chercheurs, alors qu'ils seraient intéressés pour entrer dans ces réflexions à temps complet. La plateforme serait une bonne initiative, mais elle n'est pas a daptée aux réalités du terrain. Ils n'ont pas le temps de s'occuper de ces questions car ils travaillent beaucoup dans l'urgence sur des contenus opérationnels.

25 Lieux publics, Centre National de création des arts et de la rue a pour mission l'accompagnement des artistes de toutes disciplines qui font de la Ville, le lieu, l'objet et le sujet de leurs créations. Lieux publics pilote IN SITU, plate-forme de soutien à la création d'Ïuvres à l'échelle européenne, avec Valladolid (Espagne), Graz (Autriche), Anvers (Belgique), Glasgow (Ecosse) et Sotteville-lès-Rouen (France). Chaque année, trois projets singuliers sont créés autour d'une spécificité européenne.

Ils sont compétents sur des questions de dispositifs de soutien à la création, mais ne se sentent pas assez expérimentés pour parler de sujets concernant l'influence de la culture sur la société européenne. Ce n'est pas un niveau de réflexion auquel tous les réseaux sont habitués. Or, pour la plateforme, il s'agit de réaliser une feuille de route contenant de grands principes comme le `Dialogue Interculturel', `l'accès à la culture', `les industries créatives'. Il faut une capacité à les traduire dans un Agenda politique, à les intégrer aux textes de lois qui existent, à adresser tel ou tel sujet, telle ou telle demande aux institutions. Ce travail nécessite d'être réalisé par des personnes compétentes qui ont une certaine expertise pour faire la médiation entre l'artiste et l'Europe. Ce sont souvent des coordinateurs, délégués ou des secrétaires généraux de réseaux culturels qui participent à l'Agenda. De plus, 90% de la plateforme de la société civile est constituée lobbyists basés à Bruxelles 26

de qui sont

comme des fonctionnaires de la commission, spécialisés dans ces questions de politique culturelle et donc loin des réalités du terrain. Certains réseaux culturels peuvent se sentir perdus face à des spécialistes performants au niveau des institutions européennes. En 2009, ÇIn Situ È étaient les seuls opérateurs de terrain. Or, ils ne se sentent pas en capacité de contribuer à l'agenda et sont loin des réalités économiques de l'Europe.

D'autres réseaux, comme Culture Action Europe, IETM,É sont eux, davantage spécialisés dans les politiques culturelles et arrivent à contribuer pleinement à ces plateformes. Néanmoins, certains doutes persistent sur les stratégies de l'Union européenne: ÇJ'ai publiquement exprimé mon hésitation car, je n'étais pas sure que les trois domaines politiques choisis (dialogue interculturel, accés à la culture et

26 D'après une interview de Jean-Sebastien Steil du 12 mars 2010, coordonateur In situ, et participant aux reunions de l'Agenda européen pour la culture.

industries culturelles et créatives) étaient les plus appropriés pour l'Art. Cependant, j'ai cru et crois toujours que c'était une stratégie politique extremement intelligente de Quintin 27

part

la dÕOdile . (Parce que la culture sera toujours un secteur trés

faible da ns la politique de l'Union européenne et des programmes, comme il a une base légale trés limitée dans le Traité et certainement pas un budget important et il y a toujours le risque que si des compressions budgétaires sévères doivent etre faites, la culture serait parmi les premiers secteurs à dispara»tre ...) de toute façon, la vue officielle de l'IETM devait le soutenir et encourager les autres à le soutenir également. »28

C'est dans ce sens que les réseaux culturels sont forts, ils ont cerné les enjeux et sont prêts à s'investir dans des questions très larges qui englobent d'avantage de questions que celles de leurs propres activités, des centres d'intérêt de leur nation. Ils font l'effort de s'adapter aux règles européennes pour espérer un réel investissement de la part de l'Union européenne qui perdurerait à long terme malgré les crises que les sociétés traversent.

Mais pour avoir une stratégie mieux définie, on pourrait imaginer discerner les différents niveaux de réseaux. Créer un nouveau mot dans le vocabulaire des réseaux pour mieux déterminer leur champ d'activité réel car comme on le disait dans la définition des réseaux, il y a toutes sortes de réseaux culturels. C'est

27 Odile QUINTIN a rejoint en 1971 la Commission européenne, of elle occupe depuis des fonctions à haute responsabilité. Depuis le 1er janvier 2006 elle est Directeur Général de la DG Education et Culture à la Commission européenne. Elle est à ce titre particulièrement investie dans la promotion à la fois de la diversité culturelle et linguistique, et de la mobilité et la participation active des citoyens européens.

28 Mary Ann DeVlieg, secrétaire générale de l'IETM

pourquoi Jean-Sebastien Steil pense que « Face à l'émergence de « professionnels » des dossiers européens qui ont parfois un manque de connaissance des besoins réels sur le terrain, on pourrait imaginer transformer certains réseaux en polycentres européens composés de plusieurs structures européennes qui travailleraient à long terme sur les contenus européens, les projets de coopérations culturelles. Ils auraient une mission claire et un poids important dans la réalisation de projets transnationaux à fort impact sur le territoire local. »29. Et pour remédier au probléme des acteurs culturels qui ne se sentent pas assez compétents pour émettre des recommandations directes à la Commission, « La commission pourrait envisager de faire travailler des sociologues des politiques culturelles qui iraient au contact des acteurs culturels avec un questionnaire et celui-ci remonterait aux institutions ».30

Un questionnaire a déjà été réalisé par ADCEI31 en 2009 en vue dÕengager un débat public sur la portée de lÕAgenda. CÕest un projet qui a reçu le soutien de la Commission européenne et qui a réuni neuf forum régionaux qui ont rassemblé des citoyens, des professionnels de la Culture et des décideurs de différents pays. Un

29 D'apres l'interview de Jean-Sebastien Steil, coordonateur In situ, Lieux public, et participant aux reunions de l'Agenda européen pour la culture.

30 D'apres l'interview de Jean-Sebastien Steil, coordonateur In situ, Lieux public, et participant aux reunions de l'Agenda européen pour la culture.

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Association pour le Développement Culturel Européen et International. Cette association a pour but de promouvoir et de développer tout projet ou toute activité culturels soutenant ou participant à la construction européenne, d'une part, et les échanges et activités culturels entre l'Europe et le reste du monde, d'autre part. Elle a également comme fonction de permettre la mise en place de relations privilégiées entre les milieux de la Culture et d'autres domaines tels celui de l'Education populaire, de la JeunesseÉ Pour ce faire, elle mene toute étude, organise toute manifestation, informe, forme et assiste tout opérateur, et ce tant au niveau local, territorial, national, européen qu'extra- communautaire .

grand forum s'est tenu à Montpellier en Juin 2009 afin de discuter sur les conclusions des débats ayant émergés de ces rencontres. Les conclusions ont été rédigées dans un document de synthèse qui a été transmis à la Commission européenne32. ADCEI a pris une très bonne initiative qui a permis de donner la parole a de nombreux acteurs culturels. Néanmoins ce questionnaire n'a pas été connu de tous et sur 23 975 questionnaires diffusés, seuls 742 ont répondu entièrement au questionnaire et 972 de manière incomplète. De méme sur 12 880

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invitations envoyées pour les forums, 1554 citoyens se sont réellement impliqués . Nous pouvons alors nous demander si les acteurs culturels se sentent vraiment impliqués dans ces questions? Néanmoins cette structure n'a pas les outils des sciences sociales. Et puis elle est subventionnée par l'Union européenne et cette étude n'a pas été réalisée directement par la Commission européenne. Le laboratoire de Grenoble, par exemple, mène de nombreuses études sociologiques sur les politiques culturelles européennes. Ce sont des professionnels comme ceux qui travaillent dans cette structure qui pourraient impulser un nouveau mode d'étude auprès du secteur culturel. On pourrait aussi penser à une commission d'expert ou à une commission d'universitaires, ou d'acteurs sociaux qui élaboreraient un rapport sur la question pour faire émerger les propositions des acteurs du terrain.

32 La place de la culture dans l'Europe de Demain, Document de synthèse, Euromedinculture citoyenneté 2009.

33 D'après les chiffres issuant de la place de la culture dans l'europe de demain, document de synthèse, euromedinculture citoyenneté 2009

2- UNE STRATEGIE QUI DOIT PRENDRE EN COMPTE LES REALITES LOCALES

La Commission européenne a fait preuve d'une nette évolution dans son rapport à la société civile avec sa démarche auprès des réseaux culturels. Il y a maintenant un modérateur entre les réseaux et les institutions européennes. La plateforme montre peu à peu son efficacité. Son utilité majeure n'est pas de transmettre des informations aux institutions européennes, car les réseaux le faisaient déjà avant, mais ici il y a une volonté que la parole soit transversale pour une politique culturelle européenne avec un intérét général et non plus sectoriel. De plus la compétence des plateformes au sein de l'Agenda a un certain impact car elle est partagée avec les Etats. Mais la commu nication entre la MOC et les plateformes est limitée. Ç La relation que nous avons entretenue avec la plateforme de l'accès à la culture s'est limitée à l'inviter systématiquement à nos réunions. Deux réunions rassemblant les présidents des groupes MOC et des plateformes ont été organisées par la Commission européenne È34. Ë ce sujet, il a été dit lors de la dernière réunion plénière de 2009, que les relations entre les plateformes et la commission mais aussi avec le conseil étaient une priorité. En outre, Xavier Troussard, chef de l'unité Politique culturelle et Dialogue interculturel de la Délégation Générale pour l'Education et la Culture, a aussi conseillé aux plateformes, de concentrer leurs efforts sur l'approche directe des gouvernements nationaux, car les Etats membres sont les principaux décideurs pour un grand nombre de recommandations soulevées dans les plateformes.

34 D'après Jean-Marc Lauret, qui a présidé le groupe MOC `synergies with education' jusqu'au 31 décembre 2010.

En effet, on ne peut pas rester dans le transnational, car les échanges culturels se vivent sur le terrain. Et chaque territoire a des besoins précis concernant le développement culturel. On peut avoir un besoin de développer des projets culturels d'aspect artistique, ou anthropologique, mais qui ne répondent pas qu'à un aspect économique de la culture.Ç De plus la culture ne devrait pas être percu comme un processus essentiellement motivé par la recherche du profit- l'impulsion créatrice doit rester son moteur »35 Les collectivités territoriales, dans ce domaine, Ç jouent un double rTMle culturel d'une importance majeure. Ce sont elles qui sont le mieux à même de transmettre les valeurs portées par la culture. »36 On peut également se demander si cette réflexion sur la culture artistique intéresse tous les pays membres de l'Union européenne. En effet, le programme Culture 2000 a été créé durant l'Europe à quinze mais cet aspect culturel n'est certainement pas la priorité de la Grèce aujourd'hui, par exemple. Au vu de cet état des lieux, on peut se demander si des financements européens directs, par exemple, ne seraient pas plus adaptés aux réalités du secteur culturel. Pour établir une adéquation entre les territoires et leurs besoins, on peut imaginer que les financements culturels deviennent des financements européens indirects. Ils seraient déconcentrés et gérés par les régions, comme c'est le cas pour le Fonds Feder (Fonds européen de développement régional), par exemple, qui a une réactivité très efficace auprès des structures qui font appel à des financements.

En effet, pour que le développement de l'accès à la culture soit réussi, il faudrait que
chaque compétence soit mise en place à son niveau: des compétences exclusives

35 La place de la culture dans l'Europe de Demain, Document de synthèse, Euromedinculture citoyenneté 2009.

36 Livre vert des politiques culturelles des collectivités territoriales en Europe, les Rencontres association des villes et régions de la Grande Europe pour la Culture, 2004, p.10.

pour l'Union européenne avec une base juridique commune, des obligations nationales et une mise en valeur des politiques locales en partant de la culture des territoires. Chaque Etat doit prendre part au processus en incluant les régions et les autorités locales, les agences nationales, le Parlement européen et la société civile: Ç Nous attendons de l'Agenda qu'il rende plus cohérente et ambitieuse l'action communautaire dans le domaine culturel et qu'il pousse les Etats membres à développer la dimension européenne de leurs politiques culturelles nationales et

37

qu'ils coopèrent plus étroitement sur ces questions.È . Ceci afin de stimuler la compréhension mutuelle et la cohésion sociale dans nos sociétés de plus en plus multiculturelles. Il faut que les collectivités locales qui se sont déjà engagées auprès de leurs citoyens pour les sensibiliser aux propositions européennes, renforcent encore leur investissement notamment en ce qui concerne la diversité culturelle et l'intégration européenne. Il faut également que les régions analysent mieux les besoins sur leur territoire et qu'ils proposent de vraies aides pour une coopération culturelle européenne. Il ne faut pas oublier que la culture se vit avant tout sur le terrain, et qu'à trop penser de manière transnationale, on risque de `dématérialiser' la culture.

Ç Depuis l'émergence de l'idée européenne, la culture tient une place qui, bien que réduite, est historiquement exceptionnelle dans un projet de société. On a néanmoins l'impression qu'elle a, jusqu'ici, plutTMt été vue comme un moyen d'atteindre des buts qui la dépassent Ð politiques ou économiques. Aujourd'hui que ces buts sont partiellement atteints, il est indispensable de ne pas laisser de cTMté cet aspect puissamment original du projet européen, faute de quoi celui-ci se réduira à une

37 Daphné Tepper, analyste politique à Culture Action Europe

éniéme version du tout-économique qui a tendance à devenir la norme mondiale. Il importe de penser comment l'on développe cette idée de culture européenne. Si les opérations transcendant les frontières ont eu et ont encore une fonction intéressante de mise en relation des différentes cultures qui constituent la mosa
·que européenne, elles peuvent aussi mener, à la longue, à une standardisation et à un nivellement délétéres. Les «capitales européennes de la culture« et certaines opérations à caractére régional ont montré - et à bien des égards aidé à renforcer - l'intérêt et le désir de l'affirmation culturelle locale, mais leur caractére ponctuel laisse trop souvent les collectivités territoriales désemparées, une fois les opérations achevées. Une prise en compte du rTMle permanent de ces collectivités devrait maintenant avoir lieu, tant du point de vue financier qu'organisationnel.»38

38 Livre vert des politiques culturelles des collectivités territoriales en Europe, les Rencontres association des villes et regions de la Grande Europe pour la Culture, 2004, p.10.

CONCLUSION

Il est difficile à ce jour de citer des résultats concrets de la participation des réseaux culturels au sein de l'Agenda car le processus de consultation est long. Principalement dans le secteur culturel oü le dialogue est ralenti car les sujets, comme l'accès à la culture ou le dialogue interculturel, ne sont pas aussi objectifs que pour le secteur industriel. Il n'est pas évident de mettre en accord les personnes de différents pays sur ces termes très larges qui englobent des notions vagues et qui véhiculent beaucoup de subjectivité. Les résultats actuels que nous constatons sont les recommandations rédigées dans le document politique, qui fixera, nous l'espèrons, une ligne directrice des politiques culturelles de l'Union européenne. Les prochaines étapes de la plateforme seront d'inclure l'ensemble du secteur dans le processus de consultation et d'approbation du document, d'identifier les actions prioritaires et de positionner ces objectifs dans la politique globale européenne.

Ceci dit, pour les réseaux culturels, les objectifs de l'Agenda sont loin d'être le reflet des réalités des arts et de la culture. Ils devraient fournir les besoins nécessaires dans le droit pour tous les Européens à l'accès à la culture. De plus, l'absence de représentation de toutes les disciplines artistiques dans les plateformes et le problème de transparence dans le choix des réseaux nous interroge sur la volonté des politiques des institutions européennes. La Commission européenne a pourtant nommé sa stratégie Çdialogue structuré avec les acteurs de la société civile È. Or, ici seule une minime partie est concernée. Le système de consultation des réseaux n'est-il pas une manière de se donner bonne conscience alors que dans les faits elle est très restreinte? Dans tous les cas, une évolution du système de consultation incluant d'avantage d'acteurs sur le terrain est à envisager et d'autres stratégies telles que

celles qui sont évoquées dans ce mémoire doivent être développées. Sans perdre de vue que pour s'engager pleinement dans la réalisation de l'Agenda et éviter de rester dans une théorie qui serait inapplicable, les responsabilités sont à prendre à tous les niveaux. Il est essentiel de s'investir sur le plan local, national et européen; de sensibiliser également les décideurs sur le territoire afin d'établir une communication réellement structurée entre tous les acteurs au service de la culture. Un rTMle spécifique doit être déterminé au Parlement européen. C'est par la prise en compte de ces différents niveaux que nous pourrons réellement faire intervenir la société civile.

BIBLIOGRAPHIE

Livres

- Anne-Marie Autissier, L'Europe de la culture: histoire(s) et enjeux, . Maison des cultures du monde et Acte Sud, 2005

- Jean-Pierre Saez, Identités, cultures et territoires, Observatoire des politiques culturelles, Desclée de Brouwer, 1995

- Jurgen Habermas, L'espace public: archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Payot, Paris, 1997.

- Les réseaux raisonnés, (édition en anglais) Étude IETM des effets du travail en réseaux, IETM/ Fondazione Fitzcarraldo/Conseil des Arts de Finlande, Bruxelles, 2001.

Interviews

- Elisabeth HORTH- Coordinatrice de Art nouveau network

- Yohann Floch- Responsable des relations internationales de Hors Les Murs - Daphne Tepper- Analyste politique à Culture Action Europe

- Jean-Sebastien Steil- coordonateur de In situ, Lieux public

- Mary Ann Devlieg- Secrétaire générale du Réseau international des arts du spectacle (IETM)

- Jean-Marc Lauret - Ancien président du groupe MOC `synergies with education'

- Angie Cotte- Coordinatrice du Fonds Roberto Cimetta

- Ioana Crugel- Coordinatrice et chargée de mission au réseau européen des centres culturels de rencontres

- Jordi Baltà Portolés- Coordinateur de projets, Interarts

Documents de sites Internet

http://www.relais-culture-europe.org/

- Quel rTMle pour la culture dans une Europe politique ?, Chemin de réflexion n°1, Relais Cul ture Europe.

- Culture, Europe et innovation Un cadre à investir, des pratiques à développer, Relais Culture Europe.

- Un Agenda européen pour la culture : nouveaux objectifs, nouveaux modes de travail , Relais Culture Europe.

http://citoyennete.euromedinculture.eu/

- La place de la culture dans l'Europe de demain, document de synthèse, Euromedinculure.

http://ec.europa.eu/culture/our-policy-development/doc399fr.htm

- Rapport intermédiaire Groupe de travail «développer les synergies avec l'éducation et en particulier l'éducation artistique» Méthode Ouverte de Coordination- Version française, Aoüt 2009

- Civil society platform on access to culture, Policy guidelines, juillet 2009

- RÉSOLUTION DU CONSEIL du 16 novembre 2007 relative à un agenda européen de la culture , Journal officiel de l'Union européenne

- Draft Resolution of the Councilon a European Agenda for Culture COUNCIL OF THE EUROPEAN UNION Brussels, 31 October 2007

- Conclusions du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres, réunis au sein du Conseil, sur le plan de travail 2008-2010 en faveur de la culture, Journal officiel de l'Union européenne

http://www.cultureactioneurope.org/

- Communication on a European agenda for culture in a globalizing world Published by the European Commission, 10 May 2007

- Un nouvel agenda européen de la culture ? R. Craufurd Smith, Institut Europa, Université d'Edimbourg, Mai 2007

http://www.lesrencontres.eu/

- Livre vert des politiques culturelles des collectivités territoriales en Europe, les Rencontres association des villes et régions de la Grande Europe pour la Culture, 2004

ANNEXE 1

Membres de l'organisation de la plateforme pour l'accès à la Culture
Présidée par Mercedes Giovinazzo, directrice de la fondation Interarts

Groupe de travail Çeducation et cultureÈ :

Musée Jamtli (Président)

ACCR - Associations des Centres Culturels de Rencontre

AEC - Association européenne des Conservatoires

AEC - Association européenne des Conservatoires / Royal Flemish Conservatoire AEOM - Association des musées de plein air européens

DIK

EAEA - Association européenne pour l'éducation des adultes

EBLIDA - Bureau européen des Bibliothèques, de l'Information et des Associations de Documentation

EMIRA - Euro-Mediterranean and International Research Association

ENCATC - Réseau Européen des Centres de Formation d'Administrateurs Culturels EUROPA NOSTRA

FIM - Fédération Internationale des Musiciens

HorsLesMurs

IDEA Europe - Réseau européen du théâtre international et des associations d'éducation

NEMO - Le Réseau d'organisation des Musées européens

Pearle* - Ligue des Associations d'Employeurs d'Art du spectacle en Europe Réseau Art Nouveau Network

RESEO Ð Réseau européen pour la sensibilisation à l'opéra et à la danse

Groupe de travail Çcréativité et innovation È :

IETM Ð Réseau international des arts du spectacle (Président)

HorsLesMurs (Vice-président)

Banlieues d'Europe

CEATL Ð Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires

Culture Action Europe - EFAH

ECA Ð Conseil Européen des Artistes

AEF Ð Association européenne des festivals

EFAP Ð Forum Européen des Politiques Architecturales

EMIRA - Association de la recherche internationale et de l'Euro Méditerranée ENCC Ð Réseau européen des centres culturels

ETC - Convention de Théâtre européen

EUNIC Bruxelles - Union Européenne des Instituts culturels nationaux

Ligue européenne des Instituts des Arts Congrès des Auteurs européens

FEP Ð Fédération des Editeurs Européens

FERA - Fédération Européenne des Réalisateurs de l'Audiovisuel

Festival d'Avignon

FIA Ð Fédération Internationale des Acteurs FIM Ð Fédération internationale des Musiciens Goethe-Institut Bruxelles

Fondation Interarts

Pearle* - Ligue des Associations d'Employeurs d'Art du spectacle en Europe

Relais Culture Europe

RESEO - Réseau Européen pour l'Enseignement de l'Opéra et de la Danse UTE - Union des Théâtres de l'Europe

Groupe de travail Çparticipation et publics È:

AEF - Association européenne des festivals (Président)

ACCR - Associations des Centres Culturels de Rencontre

Culture Action Europe - EFAH

EBLUL - Bureau européen des langues les moins répandues

EMIRA - Association de la recherche internationale et de l'Euro Méditerranée Académie européenne de la Fondation Yuste

Conseil Européen de la Musique Congrès des Auteurs européens Fondation Felix Meritis

FERA - Fédération Européenne des Réalisateurs de l'Audiovisuel






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