WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'identité: élément fondamental dans la littérature contemporaine, à  travers "l'enfant multiple" d'Andrée Chedid

( Télécharger le fichier original )
par Clément BIIRIMANA
Université Kasdi Merbah - Ouargla Algérie - Licence d'enseignement en langues étrangères  2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION

Depuis la nuit des temps, la question de l'identité a toujours été présente. Cependant, elle semble trouver son comble depuis la célèbre phrase de Socrate, « Homme, connais-toi toimême ». Ainsi a-t-elle saisi l'attention de nombreux penseurs issus des divers champs de recherche scientifique.

« D'abord, l'identité n'a émergé qu'assez récemment comme thème crucial dans les sciences sociales et la littérature. Le concept d'identité explicite une problématique certainement diffuse qui apparaît avec force dans le romantisme et qui se trouve encouragée par les conditions de vie dans la société industrielle : c'est l'époque à laquelle l'individu perd petit à petit l'identité immédiate que lui conféraient les groupes sociaux stables et homogènes auxquels il appartenait ».1

En effet, l'homme s'est toujours posé tant de questions sur sa propre identité, sur sa propre

nature, sur son origine et sur sa destinée en vue de savoir réellement qui il est. Dès lors, la

question de l'identité s'est répandue dans plusieurs champs de la recherche scientifique dont

celui de la littérature. D'ailleurs, « la littérature romanesque, comme peut-être la création
poétique moderne et la peinture contemporaine, sont des formes authentiques de création
culturelle sans qu'on puisse les rattacher à la conscience -- même possible -- d'un groupe so-

cial particulier.. »2 Ceci étant, il nous a semblé important de vouloir cerner la résonnance de

ladite question dans la littérature, en nous appuyant sur le roman L'Enfant multiple d'Andrée

Chedid, dont le titre lui-même nous semble révélateur d'une certaine complexité sur la question de l'identité. Par ailleurs,

« L'identité est un ensemble de critères, de définitions d'un sujet et un sentiment interne. Ce sentiment d'identité est composé de différents sentiments : sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur, d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté d'existence. Les dimensions de l'identité sont intimement mêlées : individuelle (sentiment d'être unique), groupale (sentiment d'appartenir à un groupe) et culturelle (sentiment d'avoir une culture d'appartenance) »3.

1 Pierre-Luigi, Dubied, Apprendre Dieu , Labor et Fides, Genève, 1992, p. 123.

D

2 Lucien, Goldmann, Pour une sociologie du roman, Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 44.

D

3 Alex, Mucchielli, L'identité, PUF, coll. Que sais-je, Paris, 1986.

5

L'écriture n'est pas à la portée de tout le monde. Pour ce, Andrée Chedid, conçoit l'écriture comme ce qui permet la sortie vers l'Autre, comme un hors de soi qui ouvre vers l'ailleurs. D'autres, comme Paul Dirkx, diront que l'écriture

« est ce qui fait que le signifiant fasse davantage que dénoter son signifié et dépasse donc la transparence de la langue quotidienne (..). L'écriture est ce jeu de connotations qui réfère à un au-delà du langage `normal'. L'histoire sociale de la littérature est par conséquent, selon Barthes, l'histoire de cette résistance aux effets sclérosants des codes de la langue et du style »4.

Quant à Jean-Paul Sartre, il donne plus de précisions sur l'écriture, celle-ci prise dans sa rela- tion avec le monde ; ce qui laisse constater le plus important rôle de l'écrivain. L'écriture est inséparable du monde et de la société. Ainsi donc, pour lui

« Ecrire, c'est donc à la fois dévoiler le monde et de le proposer comme une tâche à la générosité du lecteur. C'est recourir à la conscience d'autrui pour se faire reconnaître comme `essentiel' à la totalité de l' tre ; c'est vouloir vivre cette essentialité par personnes interposées ; mais comme d'autre part le monde réel ne se révèle qu'à l'action, comme on ne peut s'y sentir qu'en le dépassant pour le changer, l'univers du romancier manquerait d'épaisseur si on ne le découvrait dans un mouvement pour le transcender. »5

Ceci étant, en faisant recours aux différentes formes et méthodes d'écriture, l'écrivain nous fait ressortir ses sentiments tout en transmettant un message. Ce dernier est destiné au lecteur (public) qui, selon les modalités d'accueil, c'est-à-dire sa culture, son niveau de vie, son niveau intellectuel, son comportement, ses humeurs, son expérience, etc., essaie de le décortiquer afin d'en dégager et/ou d'y puiser le sens qu'il véhicule. C'est-à-dire, en cohérence avec son identité et ses attentes. Chedid a alors toujours rêvé d'écrire et ce qui lui fait écrire

« C'est toujours cette chose indéfinissable, indicible qui projette en-dehors de soi `l'impression perpétuelle que ce qu'on porte en soi est plus grand, est plus exigeant, est plus assoiffé que ce que la vie peut vous donner'. Impression qui, selon Chedid, répond à ce pourquoi élémentaire qu'a toujours posé l'existence de l'Art. `L'Art, c'est tout ce qui est en dehors de notre étroite peau'. L'homme a toujours

4 Paul, Dirkx, Sociologie de la littérature, Armand Colin, Coll. Lettres Cursus, Paris, 2000, p

D

5 Jean-Paul, Sartre, Qu'est-ce que la littérature ? , Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 67.

6

besoin d'échapper à son étroite peau. L'étroite peau, c'est l'autobiographie. Nous

sommes plus que ça. »6

De ce qui précéde, nous nous rendons compte à quel point l'identité humaine nécessite d'être appréhendée de façon plus ou moins approfondie. Les répercussions de la question d'identité dans la vie sociale, ont stimulé la réflexion des penseurs. Plus spécialement des écrivains ; au point de contraindre ceux ci à mettre en place des moyens susceptibles de remédier aux conséquences désastreuses auxquelles débouche la question d'identité aussi dans la société traditionnelle que contemporaine. Voilà ce qui a soulevé de vives polémiques autour de l'acception et du déploiement du mot « identité ». Ce qui a plongé nombre de pays dans des situations calamiteuses relevant d'une certaine crise d'ordre identitaire qui peuvent parfois régénérer des conflits fatals entre des personnes opposées par les problémes identitaires. C'est ce qui fera dire à Amin Maalouf : « Une vie d'écriture m'a appris à me méfier des mots. Ceux qui paraissent les plus limpides sont souvent les plus traitres. L'un de ces faux amis est justement `identité' »7

L'écrivain doit alors faire attention lors de son écriture pour ne pas choquer son lecteur. Et

cela montre la relation étroite qui existe entre ces deux acteurs liés par la lecture. Celle-ci est

vue par Jean-Paul Sartre comme « un pacte de générosité entre l'auteur et le lecteur où chacun fait confiance à l'autre, chacun compte sur l'autre ». Il éclaire en précisant que « L'écrivain a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l'homme aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet ainsi mis à nu, leur entière responsabilité. Pareillement, la fonction de l'écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent »8. La lecture lui paraît donc comme un lien entre l'auteur et son lecteur. Car une oeuvre sans lecteur n'en est pas une. Qui écrirait pour soimême ? et pour quelle raison ? Le public garde toujours sa place primordiale, étant donné que c'est à lui qu'il revient de déchiffrer le texte. D'où le public a une importance déterminante ; il « intervient, avec ses moeurs, sa vision du monde, sa conception de la société et de la littérature au sein de la société ; il cerne l'écrivain, il l'investit de ses exigences impérieuses ou

6 http://www.evene.fr/celebre/biographie/andree chedid; Article de Francine Bordeleau, « Nuit Blanche », [en

D

7 Amin, Maalouf, Les Identités meurtrières, Grasset, Paris, 1998, p.15.

D

8Jean-Paul, Sartre, Op.cit., p.31.

7

sournoises, ses refus, ses fuites sont des données de fait à partir de quoi l'on peut construire une oeuvre »9 . Ainsi donc Jean Paul Sartre pense que

« La lecture est un exercice de générosité ; et ce que l'écrivain réclame du lecteur ce n'est pas l'application d'une liberté abstraite, mais le don de toute sa personne,

avec ses passions, ses préventions, ses sympathies, son tempérament sexuel, son
échelle de valeurs. Seulement, cette personne se donnera avec générosité, la liberté
la traverse de part en part et vient transformer les masses les plus obscures de sa

sensibilité»10.

Enfin, il convient de nous entendre sur cette relation indispensable qui existe entre l'écriture

dans le sens où chacun des acteurs, c'est-à-dire l'écrivain et le lecteur, puise dans sa société les forces nécessaires à l'accomplissement de son acte. Cela implique qu'il y a un point commun entre eux. Et comme le précise bien Michel Zéraffa, « L'écriture du roman, puis sa lecture, sont des actes fondamentalement et complémentairement sociaux, puisqu'ils mettent à la fois en oeuvre, en ordre et en évidence notre activité sociale primordiale (...) : le discours parlé »11.

C'est ainsi que l'identité et la culture, comme reflets de la société, jouent un rôle primordial dans le processus de production d'une oeuvre littéraire. C eci dit, certains auteurs feront ressor tir leur vie à travers des écrits autobiographiques. D'autres par contre, parcourent l'histoire, en produisant des récits historiques et fictionnels. Et bien d'autres encore, partant des expériences et des réalités de la vie, donnent lieu à des romans réalistes et d'aventure. Ainsi, au fil du temps, l'on est amené à changer ses habitudes. En effet,

« Tandis que certains créateurs perpétuent les traditions ancestrales, en les vivi-

fiant de leur génie personnel, d'autres entraînés par l'accélération de l'histoire,

tendent à opérer dans la littérature et dans les arts une révolution perpétuelle. Ain-
si s'établit une coexistence, instable peut-être mais féconde, entre tradition et révo-

9 Idem, p. 99.

D

10 Idem, pp.64-65.

D

11 Michel, Zéraffa, Roman et Société , PUF, coll. Sup, Paris, 1971, p. 92.

lution ou encore entre individualisme parfois exacerbé et `la recherche d'une Eglise', l'engagement dans telle ou telle idéologie »12.

Ecrire devient comme un combat qu'il convient de m ener sans ignorer le risque potentiel

qu'il comporte de perdre et/ou de gagner quelque aspect de son identité. Dans ce cas, lors-

qu'on cede une partie de son identité, cette derniere se trouve soit menacée soit meurtrie voire amputée. Ceci est dû aux causes externes telles que l'injustice, l'insécurité, la formation, la pauvreté, la violence, etc. ; qui peuvent aller jusqu'à altérer la réflexion humaine. Ainsi la personne se trouve contrainte soit à l'exil, soit au silence, soit à la séquestration, et à tant d'autres situations qui lui font subir les coups fatals de la vie.

Des conflits d'ordre culturel et identitaire sont toujours présents au sein de la société hu maine. C'est un risque permanent auquel est exposée une société multiculturelle. L'on assiste aussi à des scènes macabres dans des sociétés déchirées par des conflits interculturelsrien ne reste plus à désirer. Toutefois, loin de sombrer dans le pessimisme, l'on trouve parfois que des sociétés interculturelles qui ont su profiter de la richesse de l'inter-culturalité se sont re- trouvées en pleine lancée vers un développement idéal.

Enfin, notons que l'identité n'est pas acquise une fois pour toute. Elle est soumise à de nombreux changements qui surviennent tout au long de l'existence humaine. C'est ainsi que personne ne se dirait avoir atteint le sommet de son identité, aussi longtemps qu'elle est soumise à la dimension du temps et celle de l'espace. L'on a toujours à apprendre dans la vie. Omar-

« avait acquis, malgré son jeune âge, une exacte perception des humains ; un jugement sur l'existence et sa précarité qui le rendait à la fois lucide et patient. »13

Dans notre étude sociocritique, cela nous amène à souligner l'importance de la dimension

identitaire et la multiplicité des cultures. Ces dernières se rencontrent en chaque homme et

peuvent être opposées ou pathétiques. Il est donc nécessaire de comprendre cette dimension

identitaire en `terme' de réciprocité et de complémentarité. L'écrivain, lui aussi, met en lu-
mière et en relation les divers éléments constitutifs de son identité. Ainsi donc, la littérature
doit être considérée dans sa relation profonde avec le vécu social de l'époque de l'écrivain car

12 André, Lagarde, Laurent, Michard, XXème siècle, Les grands auteurs français, Bordas, Coll. Lagarde et Michard, Paris, 1962 ; 1973, p.7.

0

13 Andrée, Chedid, L'Enfant multiple, Flammarion, Paris, 1989, p.30.

« (.), dès lors qu'on conçoit son identité comme étant faite d'appartenances multiples, certaines liées à une histoire ethnique et d'autres pas, dès lors qu'on voit en soi-même, en ses propres origines, en sa trajectoire, divers confluents, diverses contributions, divers métissages, diverses influences subtiles et contradictoires, un rapport différent se crée avec les autres comme avec sa propre ` tribu'. Il n'y a plus simplement `nous' et ` eux' ; deux armées en ordre de batailles qui se préparent au prochain affrontement, à la prochaine revanche. Il y a désormais de ` notre' côté des personnes avec lesquelles je n'ai finalement que très peu de choses en commun, et il ya, de ` leur' côté, des personnes dont je peux me sentir extrêmement proche »14.

Tout bien considéré vouloir cerner les rapports qui existent entre identité personnalité culture et littérature, semble d'une importance capitale dans l'appréhension du phénomene identitaire dans la littéraire contemporaine.

9

14Amin, Maalouf, Op.cit., p. 40.

10

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery