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Contribution du secteur industriel dans la production nationale au Mali

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par Oumar Fakaba Sissoko
Université de Paris X Nanterre - Master I politique économique 2010
  

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DEUXIEME PARTIE :

LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE L'INDUSTRIE AU MALI

La deuxième partie analysera la politique industrielle et les perspectives du développement industriel au Mali.

Chapitre I : La politique industrielle et les retombées économiques.

Les approches d'industrialisation utilisées jusqu'à ce jour par notre pays n'ont pas permis d'assurer un essor industriel durable. A titre de rappel, on retiendra que pendant les premières années de l'indépendance, l'industrialisation du pays a été fortement marquée par la création des Sociétés et Entreprises d'Etat pour les secteurs vitaux de notre économie (ciment, huile, tabac, sucre, peaux et cuirs, textiles, fruits et légumes, ...etc.). L'activité industrielle qui se définit par l'ensemble des activités économiques qui produisent des biens matériels par la transformation et la mise en oeuvre des matières premières était à cette époque, tournée vers la satisfaction des besoins de nos populations et décentralisée dans les régions économiques du pays (Kayes, Bamako, Sikasso, Ségou). Pendant leur démarrage, ces unités industrielles, propriété exclusive de l'Etat, ont contribué à la création d'un tissu industriel pourvoyeur d'emplois et de richesse nationale. Il est utile de noter qu'à coté de ces entreprises d'Etat et à la faveur du libéralisme économique prôné au début des années 1970, quelques rares opérateurs privés dont la figure emblématique a été feu Mamadou Sada DIALLO se sont lancés, mais timidement dans la création d'unités industrielles.

Au milieu des années 1970, les Sociétés et Entreprises d'Etat ont rencontré des difficultés au plan technique, financier et de gestion des ressources humaines, hypothéquant leur survie. Cette situation a amené l'Etat au début des années 80 à établir le diagnostic de ces unités et à conclure en 1987 avec les institutions de Bretton Woods un programme d'ajustement du secteur des entreprises publiques. En substance, le programme d'ajustement susvisé s'inscrivait dans le cadre du désengagement progressif de l'Etat du secteur productif au profit des privés (nationaux ou étrangers). Au début des années 90, l'Etat a résolument opté  pour un développement industriel basé sur l'initiative privée en limitant son rôle à la réglementation et à la création d'un cadre propice aux affaires.

Actuellement, la contribution du secteur industriel, malgré les atouts et les potentialités du pays dans le domaine agro-industriel, demeure encore faible dans la création de la richesse nationale. En effet, d'après les résultats du recensement industriel de 2003, ce secteur représentait 11% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2002 et seulement 6% ont été réalisés par les entreprises manufacturières. Cette situation dénote la fragilité de notre économie, car fortement tributaire des perturbations économiques internes et externes.

De ce recensement, on retiendra également que le parc industriel compte 243 entreprises industrielles en activité dont 79% sont détenues par les nationaux, 9% par les étrangers et 12% par les nationaux associés aux étrangers. Ceci dénote la faiblesse des investissements directs étrangers.

Le secteur industriel y compris la CMDT et les sociétés d'exploitation minières, dominé à 48% par les industries alimentaires, a réalisé en 2002 un chiffre d'affaires d'environ 616 milliards de F CFA et une valeur ajoutée de 241 milliards de F CFA. Le secteur emploie 13.127 personnes pour une masse salariale de l'ordre de 51 milliards de F CFA.

Par ailleurs, sur 653 projets agréés au Code des Investissements pendant la période (1998-2003), 338 relèvent du secteur industriel. Sur ces 338 projets d'investissement industriel, seulement 78 ont été réalisés.

La faiblesse des investissements industriels privés, notamment étrangers dans notre pays, est fortement liée au cadre des affaires peu attractif. Ce cadre se caractérise entre autres par :

- l'absence de zones industrielles viabilisées ;

- le manque d'infrastructures routières nécessaires à la distribution de la production ;

- l'état encore précaire du réseau ferroviaire indispensable à l'acheminement de certaines matières premières jusqu'à l'usine, et à l'évacuation de la production vers les grands centres de consommation ;

- une alimentation électrique insuffisante, notamment en terme de puissance et de disponibilité ;

- l'étroitesse et les difficultés d'accès au marché.

On notera également que les investissements industriels n'ont pas accru à cause notamment des coûts élevés des facteurs de production, de l'absence au niveau de l'administration publique d'une véritable culture de développement du secteur industriel et enfin de l'état ou de l'absence d'infrastructures de base.

Ces résultats à ce jour ont certainement peu varié au regard de la persistance des difficultés structurelles qui empêchent la relance de ce secteur et cela, malgré certains avantages accordés par le Code des Investissements, les efforts entamés dans la simplification des procédures administratives et un climat politique apaisé...etc.

Pour changer qualitativement cette situation et inverser la structure de notre économie au profit d'un secteur industriel fort, le Président de la République a instruit, entre autres au Gouvernement, à travers la lettre de cadrage du 23 octobre réactualisée et complétée par la feuille de route du 5 mai 2004, la mise en oeuvre d'une industrialisation rapide et soutenue sur la base de productions agro-sylvo-pastorales et cela pendant les quatre années à venir. La Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre du 10 juin 2004 devant les élus de la nation a précisé les objectifs opérationnels à atteindre pour la réalisation de cette directive présidentielle pendant la période susvisée.

Le présent document de politique d'industrialisation s'inscrit dans le cadre de ces différentes orientations et propose au Gouvernement les stratégies appropriées et les mesures à prendre pour atteindre efficacement les objectifs visés.

I- Objectifs et Stratégies :

Pour atteindre l'objectif global fixé, à savoir un développement industriel ordonné, rapide et durable permettant de créer 6.000 emplois industriels et faire passer la part du secteur manufacturier de 6% à 10% du PIB de 2004 à 2007, il est retenu les objectifs spécifiques suivants :

- la réalisation d'unités industrielles privées compétitives et porteuses de croissance rapide et d'emplois durables. Ceci se traduira par la création de trois (03) unités textiles, d'une sucrerie de 165.000 tonnes et d'autres entreprises pour 5.000 emplois permanents pendant la période susvisée ;

- la mise à niveau des entreprises industrielles existantes et la réhabilitation de celles en difficulté, entraînant la création de 1.000 nouveaux emplois industriels.

Dans le contexte actuel de la mondialisation, l'approche d'industrialisation la plus appropriée demeure sans doute celle qui permet la pénétration des marchés extérieurs et cela pour renforcer la compétitivité de notre économie.

Au regard des objectifs à atteindre, l'industrialisation rapide du pays reste possible en se référant à la stratégie de décollage industriel développée par certains pays, dont les conditions économiques étaient similaires aux nôtres. Certains de ces pays non producteurs de coton et souvent sans tradition culturelle dans le domaine du tissage, ont amorcé leur industrialisation sur les exportations des textiles.

A ce jour, le plan d'action sur les filières prioritaires (fruits et légumes, céréales, oléagineux, bétail et viande, cuirs et peaux, lait, coton, poisson, avicole), adopté en juillet 2001, rencontre des problèmes de mise en oeuvre en raison de la faiblesse des moyens financiers et surtout de l'immensité des actions à mener au regard du nombre élevé des produits à développer dans le temps imparti. C'est pourquoi, notre pays doit se consacrer au développement de quelques produits de ces filières notamment, ceux pouvant rapidement disposer d'un avantage réel de compétitivité. Cette discrimination positive est nécessaire, d'une part, en raison des exigences liées à l'ouverture actuelle des marchés et d'autre part, pour tirer un meilleur avantage des facilités d'accès aux marchés des pays développés. Ces facilités sont par ailleurs limitées dans le temps.

Compte tenu de l'étroitesse du marché local et des facilités d'accès actuelles, notre pays dans sa stratégie d'industrialisation doit axer ses efforts sur le développement des filières agro-industrielles qui assurent des revenus d'exportations significatifs. Autrement dit, il s'agit de pouvoir écouler sur les marchés extérieurs des produits manufacturés compétitifs. La réalisation de cet objectif de compétitivité se traduira également par la reconquête du marché national.

Pour ce faire, la stratégie à adopter pour une industrialisation rapide et soutenue, basée essentiellement sur la réalisation d'investissements productifs privés (nationaux et/ou étrangers) et un meilleur accompagnement de l'Etat, se résume comme suit :

A court et moyen termes, il s'agira de :

- développer les filières riz, sucre, viande, mangues, pour l'exportation vers les marchés des pays voisins et ceux de la Méditerranée ;

- susciter l'émergence d'entreprises industrielles d'exportation réalisées à partir d'investissements étrangers directs en vue de mieux tirer profit des avantages des facilités actuelles d'accès aux marchés de l'Union Européenne, des Etats-Unis d'Amérique, du Canada ...etc. A cet effet, les filières à développer demeurent les textiles, les fruits et légumes et le karité ;

- promouvoir la création d'unités de valorisation des ressources du sous-sol comme la cimenterie, l'usine d'engrais, en vue de leur substitution aux importations;

- poursuivre avec efficacité les programmes et reformes en cours (justice, éducation, transports, énergie, zones industrielles, financement,...etc.). Il conviendrait également de veiller à l'élaboration et à la mise en oeuvre des mesures sectorielles de l'UEMOA prévues en accompagnement de l'application du Tarif Extérieur Commun (TEC). Les initiatives doivent porter aussi sur le NEPAD pour l'amélioration des infrastructures ;

- garantir un approvisionnement régulier des industries en matières premières locales ( en quantité et en qualité ) et assurer une relative stabilité de leur prix ;

- mettre un accent particulier sur les programmes de mise à niveau des entreprises industrielles et de certification de conformité des produits aux normes. Egalement, il conviendrait de renforcer la formation professionnelle et de promouvoir les technologies appropriées auprès des industriels ;

- l'industrialisation doit s'accompagner de la lutte efficace contre la fraude, la contrefaçon et la concurrence déloyale.

De façon spécifique, pendant cette période, le portefeuille des projets retenus pour être réalisés est le suivant :

- un complexe sucrier à Markala

- une fabrique d'engrais phosphatés

- une fabrique de fertilisants bactériens (engrais organique)

- une cimenterie

- deux filatures

- une unité de confection de vêtements

- cinq unités de production de concentré de tomates et jus de fruits

- deux rizeries modernes

- trois unités de transformation d'amandes de cajou et de sésame

- trois unités de transformation de la viande rouge

- deux unités de production d'aliment bétail

- une fabrique d'articles en cuir.

Les réflexions en cours au niveau du Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille permettront de déterminer les unités de transformation du karité à créer.

A long terme, il s'agit après les quatre ans de renforcer la base industrielle à travers les stratégies retenues dans le cadre du projet « Sources de Croissance » en cours d'élaboration.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille