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La quête de l'identité culturelle dans les associations religieuses d'origine congolaise: cas de Bundu Dia Kongo (B. D. K)

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par Thomas Serge KIVOUELE
Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Maitrise de sociologie 2007
  

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Université Marien NGOUABI (Brazzaville - Congo)

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES

Département de Sociologie

LA QUETE DE L'IDENTITE CULTURELLE DANS LES ASSOCIATIONS RELIGIEUSES D'ORIGINE CONGOLAISE :

CAS DE BUNDU DIA KONGO (B.D.K)

Mémoire de Maîtrise

Option : Sociologie de la Santé et des Représentations

Présenté et soutenu publiquement

Par

KIVOUELE Thomas Serge

Directeur de recherche,

M. BATANTOU MATOKO Casimir, Maître Assistant

Brazzaville, 2007

INTRODUCTION

Depuis une dizaine d'années on assiste à une prolifération des associations religieuses au Congo. Elles sont soit d'origine étrangère soit d'origine congolaise. Elles se créent, se développent ou s'étiolent et disparaissent, tentent de conquérir leur reconnaissance sociale et institutionnelle. Elles mettent en place des mécanismes de recevabilité qui suscitent les adhésions des fidèles.

A la différence des associations religieuses d'origine étrangère, la compréhension du mouvement religieux au Congo est liée aux innovations religieuses tant politiques que sociales qu'a connu le Royaume Kongo. Etendu sur une partie de l'Angola, du Congo Brazzaville et de la République Démocratique du Congo, le royaume subit une pénétration coloniale avec l'explorateur portugais Diego CAO en 1482. De cette pénétration Côme MANCKASA écrit « au XVième siècle, (...) la mémoire orale rapportait que les Kongolais voyant un jour sortir des brumes de la mer une maison qui flottait d'où descendirent des hommes blancs, se mirent à crier "mindélé, mindélé" (les hommes blancs comme la baleine), d'autres prétendirent que c'étaient les ancêtres qui étaient ressuscités »1(*). Ce contact mis l'homme noir dans un conflit de culture avec l'occident qui fît subir une acculturation à l'homme noir, le considérant comme un "barbare", un être "non civilisé". Cette acculturation commença sur le plan religieux, l'homme blanc voulut montrer et faire croire aux « sauvages » que la vraie religion est le christianisme qui enseigne la doctrine de Jésus Christ "Fils unique de Dieu". En retour, ceux-ci devraient abandonner et renier toute croyance autochtone. Devenus déculturés, quelques noirs voulurent remettre en cause cette religion en menant quelques résistances tendant à repousser cette nouvelle religion pour revaloriser les pratiques cultuelles autochtones.

Ces contestations commencèrent au début de l'année 1632 ; à cette période, l'ancien chrétien Bakongo KASSOLA Francisco qui fut converti et baptisé dans l'église catholique décida de rompre définitivement avec cette dernière. Son objectif fut celui de créer une église noire indépendante des blancs où on pourrait retrouver les bribes cultuelles du royaume Kongo. Devenu prophète, il circula de village en village, diffusant sa nouvelle religion, imposant les mains sur les malades tout en leur montrant la place de choix qu'occupaient les ancêtres dans leur culte. Surpris par la riposte du colon portugais, KASSOLA échappa à l'arrestation et ne se manifesta plus jamais. En 1704, une paysanne du nom de MAFUTA fait la déclaration d'avoir parlé avec la vierge MARIE. Devenue prophétesse, elle profite de son image pour détruire les fétiches et exalte la libération du pays sous le joug étranger ainsi que la réunification du royaume Kongo. Quelques mois plus tard, MAFUTA sera supplantée par une jeune aristocrate "KIMPA-VITA" qui se dit avoir reçu la mission divine de restaurer le royaume et de mettre fin aux luttes compétitives des différents souverains de même famille pour l'accession à la tête de ce qui restait du royaume. Baptisée au nom de "Dona Béatrice", KIMPA-VITA réussira à convaincre les habitants du royaume de sa mission divine. Prêchant un nationalisme violent, elle condamnait le christianisme européen en l'assimilant à une d'escroquerie historique. Elle devient très vite le symbole de la résistance et de la lutte émancipatrice au sein du royaume en ruine.2(*)

Plusieurs siècles plus tard, à l'époque de la conquête coloniale sur la répartition territoriale de l'Afrique, le royaume KONGO fut fractionné en trois portions : le nord-ouest de l'Angola, le sud du Congo - Brazzaville et le sud-ouest de la république démocratique du Congo. Ce culte va se perpétuer dans les territoires, ayant pour objectif central la remise en cause de l'idéologie chrétienne à la manière des occidentaux. De toutes ces contestations, les plus marquées furent celles de KIMBANGU et de MATSUA.

KIMBANGU fit une déclaration d'avoir reçu une révélation de la part de Christ qui lui donna la recommandation d'accomplir sa mission en aidant les Noirs à trouver le chemin paradisiaque en ces mots : « Paît mes brebis ». L'ancien catéchiste baptiste commença son mouvement le 6 avril 1921 dans son village natal à Nkamba qui connut un grand succès en prêchant le nationalisme comme nous le constatons dans les quelques vers de leur premier chant : A MAKESA "Makesa ma nungunu luvuateno nuanunu"(les combattants victorieux portez les armes de combat).3(*) Après son arrestation le 30 octobre 1921, son mouvement se rangea dans la clandestinité jusqu'à sa légitimation après la décolonisation administrative et donna naissance à plusieurs mouvements qualifiés de Ngunzisme avec toutes les tendances qu'énumère Abel KOUVOUAMA à savoir l'Eglise du saint Esprit en Afrique tirée des enseignements des prophètes MBUMBA Philippe, MASSAMBA Esaïe et MANGITUKWA LUKOMBO, qui combat le fétichisme, la magie, la sorcellerie et la superstition, l'Eglise Noire Universelle de la Voix Ngunza (E.N.U.V.N.) du prophète Auguste TSULA qui cherche à moderniser la religion Ngunza et, les Bula-mananga qui se proclament des "vrais Ngunza" et revendiquent fortement la "tradition des ancêtres"4(*).

Dans cette perspective, le mouvement politique nommé l'amical des originaires de l'Afrique équatoriale Française (A.E.F.) fondé en 1926 par André Grénard MATSUA pour s'opposer au colonialisme, se "métamorphosa" en mouvement religieux à la suite de la disparition de ce dernier à Mayama que ses militants déifia c'est-à-dire faisant de lui un être surnaturel5(*). Ce mouvement s'identifia aux associations religieuses néo - traditionnelles. Ces associations vont exploser après la décolonisation et surtout après le phénomène des mouvements pentecôtistes ou Eglises dites de réveil. Signalons que le terme "réveil" est récurrent dans l'histoire du Congo. Si bien que l'Armée du Salut, à ses débuts, à cause de ses pratiques exorcistes et anti-fétichistes, étaient considérée comme une "église de réveil". Les Bula-Mananga, les Ngunza aussi. L'Eglise protestante quand elle africanise ses hymnologies, et crée les Kilombo, ces nouveaux chants étaient appelés "chants de réveil", "Nkunga mia nsikumusu".

Toutes ces associations quelles qu'elles soient, sont soit "partisanes du christianisme authentique" c'est-à-dire essaient de se conformer à la culture judéo-chrétienne, soit "partisanes des Eglises néo traditionnelles" celles qui apparaissent comme la continuité de ce que nous venons d'énumérer ci-dessus, celles qui utilisent quelques moeurs du christianisme tout en réservant une place de choix au culte traditionnel (croyance des ancêtres, des forces telluriques et surnaturelles).

Au-delà de toutes ces associations, notons l'existence de Bundu Dia Kongo (Mabundu ma Kongo au pluriel) mouvement qui nous paraît particulier dans la mesure où les textes dits, chantés, récités et toute la liturgie se réfèrent au culte des ancêtres, rejettent en totalité les croyances étrangères en général et occidentales en particulier en cherchant l'identité culturelle originaire des Kongo c'est-à-dire ce dans quoi la culture kongo se distingue des autres cultures et ce dans quoi elle s'identifie à elle-même et se reconnaît en tant que réalité du milieu kongo (voire identité au glossaire ). Ce Bundu Dia Kongo compte actuellement au Congo - Brazzaville vingt cinq (25) sections dont sept (7) sont à Brazzaville et le reste dans la partie sud du pays. Ce constat nous a amené à choisir le Bundu Dia Kongo comme objet de notre étude. A cet effet, ce qui précède nous amène à nous poser la question suivante : Pourquoi le Bundu Dia Kongo recherche t-il l'identité culturelle Kongo ? Autrement dit la recherche de l'identité culturelle par le Bundu Dia Kongo n'envisage t-elle pas d'autres ambitions ?

Le Bundu Dia Kongo à partir de son message, voudrait exercer une influence politico-religieuse dans la société en voulant réunir les Kongo autour d'une même religion pour susciter la soif de retrouver les normes et valeurs culturelles autochtones perdues lors de l'intrusion coloniale, redynamiser les rites et l'unité linguistique des Kongo. Son discours incarne le mythe messianique.

Problématique

Cadre théorique

Nous avons choisi comme cadre théorique les théories de l'imaginaire. Selon le Robert, l'imaginaire social est défini comme « Ensemble des formes et des contenus imagés s'inscrivant dans des expressions et des pratiques sociales ».6(*) Selon Gilbert DURAND « l'imaginaire- c'est-à-dire l'ensemble des images et des relations d'images qui constitue le capital pensé de l'homo sapiens- nous apparaît comme le grand dénominateur fondamental où viennent se ranger toutes les procédures de la pensée humaine »7(*). Ces théories focalisent l'intention sur les rapports entre le trajet anthropologique, c'est-à-dire l'incessant échange qui existe au niveau de l'imaginaire entre les pulsions subjectives et assimilatrices et les intimations objectives qui émanent du milieu cosmique et social. Elles postulent une fois pour toutes qu'il y a genèse réciproque qui oscille du geste pulsionnel à l'environnement matériel et social et vice versa. Dans ces théories, l'image aussi dégradée qu'on puisse la concevoir est en elle-même porteuse d'un sens qui n'a pas à être recherché en dehors de la signification imaginaire. Ici la problématique se pose sur le postulat que toute pensée repose sur des images générales, les archétypes, "schémas ou potentialités fonctionnelles" qui "façonnent inconsciemment la pensée" et que l'imagination est dynamisme organisateur, et ce dynamisme organisateur est facteur d'homogénéité dans la représentation.

L'échantillonnage

Cette étude porte sur les adeptes de Bundu Dia Kongo, nous avons centré notre étude sur une seule section en nous référant à Marcel MAUSS dans sa thèse sur le fait social total qui pense qu'un grain de sable représente bien une plage. La population de cette section retenue dans notre échantillon varie entre vingt sept (27) et quarante cinq (45) adeptes par dimanche, excepté ceux qui regroupent toutes les sections de la zone ou du département. De cette variation, nous avons retenu la moyenne, soit 36 adeptes qui constituent notre échantillon.

Technique d'enquête

Cette étude est entreprise sur la base :

- d'une observation participante ; concrètement nous avons

participé régulièrement aux cultes dominicaux du Bundu Dia Kongo afin de saisir son discours et déceler certains rites qui constituent son socle cultuel ;

- cette observation nous a facilité la tâche dans la confection

d'un guide d'entretien qui nous a aidé dans nos entretiens avec les adeptes de cette association. Ces deux techniques ont été renforcées par la mythocritique et par la mythanalyse sociologique.

La mythocritique, une méthode de critique qui soit synthèse constructive entre les diverses critiques littéraires et artistiques, centre le processus compréhensif sur le récit mythique inhérent à la signification de tout récit. Structures, histoire ou milieu socio-historique, tout comme appareil psychique, sont indissociables et fondent l'ensemble compréhensif ou significatif de l'oeuvre d'art et spécialement du "récit" littéraire. Chaque séquence lue constitue un "mythème" - et son "décor mythique" - et les "mythèmes" en nombre très limité s'articulent selon certains grands mythes qui présentent une certaine constance à une époque et en une culture déterminée, ou tout au moins au cours d'une génération culturelle. La "mythocritique" va donc d'emblée chercher l'être même de l'oeuvre dans la confrontation de l'univers mythique qui forme le "goût" ou la compréhension du lecteur avec l'univers mythique qui émerge de la lecture de telle oeuvre déterminée ». Cette technique consiste :

§ En un relevé des "thèmes", voire des motifs redondants, sinon "obsédants"

§ En un examen des situations et des combinatoires de situation des personnages et des décors.

§ En un repérage des leçons du mythe et les corrélations de telle leçon d'un mythe avec tels autres mythes d'une époque ou d'un espace culturel bien déterminés.

C'est dans ce sens qu'elle met en évidence, chez un auteur, dans l'oeuvre d'une époque et d'un milieu donnés, les mythes directeurs et leurs transformations significatives. Elle permet de montrer comment tel trait de caractère personnel de l'auteur contribue à la transformation de la mythologie en place, ou au contraire accentue tel ou tel mythe directeur en place. Elle tend à extrapoler le texte ou le document étudié, à émarger par-delà l'oeuvre à la situation biographique de l'auteur, mais aussi à rejoindre les préoccupations socio ou historico-culturelles. La mythocritique appelle donc une « mythanalyse », qui définit une méthode d'analyse scientifique des mythes afin d'en tirer non seulement le sens psychologique, mais aussi le sens sociologique.8(*)

Difficultés rencontrées

Au cours de notre investigation, nous avons été confrontés à plusieurs difficultés qui ont failli compromettre la poursuite de cette étude.

- nous avons été perçus par certains responsables comme des

agents envoyés par le ministère de l'intérieur après avoir eu quelques entretiens avec ces derniers. Eu égard à cela, il nous a paru nécessaire de mettre en place une stratégie pour contourner cette difficulté : nous avions intégré le cercle de réflexion des originaires kongo pour masquer cette image et à partir de ce cercle nous avions eu la possibilité de poursuivre notre enquête ;

- la lecture du "livre sacré" du Bundu Dia Kongo n'étant pas

permise à tout le monde sinon qu'aux initiés, nous nous étions contentés de quelques brochures écrites par le chef spirituel du Bundu Dia Kongo que nous avons pu trouver ;

- le culte du Bundu Dia Kongo ne se passant qu'en kikongo du

Bas-Kongo et les adeptes étant encouragés à ne s'exprimer qu'en cette langue, nous avions eu du mal à nous adapter au début de notre enquête ;

- voulant travailler sur la population moyenne de l'association

qui est de trente six (36) individus, nous avions pu entretenir que trente et une (31) personnes, ce qui a finalement constitué notre échantillon.

Première partie : Présentation générale du cadre

de l'étude : le Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo est une religion se disant propre aux Bakongo, une religion que "priaient leurs aïeux avant la venue du blanc sur les terres Kongo". Cette religion est encore appelée "l'union mystique Kongo" c'est-à-dire l'union entre l'âme humaine et la conscience de Dieu, a écrit Muanda - Nsemi (N'longi'a Kongo) en donnant au mystique l'explication suivante : synonyme de conscience, de sagesse, de spirituel, de l'âme9(*). Le Bundu Dia Kongo affirme qu'il est un mouvement de libération culturelle, spirituelle et matérielle de l'Afrique. Il est investit d'une mission divine de réformateur social au coeur de l'Afrique. Il a comme objectif : travailler pour réhabiliter la culture Kongo, son histoire, sa sagesse, donc sa tradition religieuse ancestrale10(*). Il prône la transformation de toute l'Afrique centrale en un seul pays de type confédéral.

1- Aperçu historique du Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo (B.D.K.) est né à la suite d'une crise culturelle dans les régions kongo. A cet effet, Muanda - Nsemi Ne MAKANDALA, chef fondamentaliste du Bundu Dia Kongo avait reçu une "révélation"le 03 juillet 1969, en présence de quatre (4) témoins à savoir : Ne Basilua - Balonde, Ne Nkazi - Bazola, Ne Malongi - Mampanzu et Ne Kitoko - Difukidi, qui lui demandait de ramener les bakongo sur leur propre culture sur tous les plans car  "l'Etre suprême" les a choisis afin de conduire le reste des noirs à la recherche de la pérennisation de leurs cultures. Après 1969, il a fallu attendre dix sept (17) ans pour que le Bundu Dia Kongo puisse connaître son éclosion. Entre temps, le chef fondamentaliste, Muanda - Nsemi avait écrit plusieurs articles qui traitent de la lutte qu'ils ont à mener. Il écrit entres autres le livre à caractère sacré du Bundu Dia Kongo intitulé "Makongo ou Makaba" où il a retracé l'histoire des Noirs de la création à nos jours, parlé de l'authenticité culturelle des Noirs notamment des Bakongo, ainsi que des promesses faites aux Noirs par l'Etre suprême. C'est donc le 04 janvier 1986 que le Bundu Dia Kongo fit sa sortie officielle à Kinshasa et commença à partir de cette date la déculturation des bakongo. A la suite de cet événement, le Bundu Dia Kongo a orienté son action dans la province du Kongo central (Bas - Kongo) où il est arrivé à des milliers de personnes qui ont adhéré et qui se regroupent dans les sections appelées (Mazikua), zikua au singulier, avec environ cinq cent (500) sections. L'association ayant pris de l'ampleur, elle va donc chercher à couvrir tout ce qui constituait le Royaume Kongo ; d'où son implantation en Angola et au Congo - Brazzaville. Elle commença ses activités en République du Congo le 15 novembre 1994 à Moungali qui est le siège de l'association où la première section (zikua dia ntete) a été implantée et où nous avons mené notre étude.

2- Organisation du Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo est une association religieuse gérée par son chef fondamentaliste Ne Muanda - Nsemi (Nlongi'a Kongo) qui coordonne toutes les actions de l'association dans les milieux où elle est implantée. C'est lui qui dicte les valeurs pour le bon fonctionnement de la structure et pour la non-profanation de la culture. Il est considéré comme la tête des Bakongo. Il travaille avec quelques personnes représentant les trois pays au titre de conseillers. Après les conseillers viennent les chefs des différents centres du Kongo (Angola, République Démocratique du Congo, République du Congo), soit un seul chef pour chaque centre. Ces chefs ont la charge d'organiser l'association dans chacun de ces pays. Ils ont le devoir de nommer dans chaque section qu'ils coordonnent un chef de section (mfumu zikua), le nombre de sections étant proportionnel à celui des chefs nommés.

Chaque section comporte en son sein un corps sacerdotal, formé de quatre (4) personnes, appelé directoire (Kilongo kia zikua) composé :

-Du directeur de section et de son adjoint (Mayala ma zikua) ;

-De deux prêtres(Nganga kia zikua) chargés de prononcer à l'Etre suprême des requêtes (litanies) en faveur du chef fondamentaliste, des ancêtres, des adeptes de l'association, de tout le territoire Kongo, et de tous les Bakongo ;

Le reste des fidèles s'organise pour faire face aux différents cas sociaux qui se présentent. Nous avons aussi remarqué l'existence d'un groupe chargé des chants.

3- Le culte Bundu Dia Kongo

Le Bundu Dia Kongo fonctionne sur la base de la sacralisation de tous les objets naturels. Il reconnaît l'existence d'un seul Dieu créateur de toute chose (Nzambi'a Mpungu) qui s'est incarné aux hommes à travers les cinq (5) archanges qui sont représentatifs des races humaines : la race noire, la race blanche, la race jaune, la race rouge et la race "hybride" c'est-à-dire les Arabes. Le tableau ci-dessous présente la représentation que se fait cette association des races humaines et de leurs religions.

B.D.K. Les races humaines et leurs religions

Bundu Dia Kongo "Makanda ma bantu ye kinzambi kiawu"

Race

Peau Rouge

Peau Jaune

Peau Blanche

Hybridation

Peau Noire

Continent

Amérique-Inde

Asie

Europe

Euro-Africa

Afrique

Archange

Grand Manitu

(VISHNU)

Shu

Hyavé-Israël

Allah

Muanda-kongo

Peuple élu

Incas

Japonais

Israëliens

Arabes

Bakongo

Terre promise

 

Japon

Israël

Arabie saoudite

Kongo

Sauveur

Krishna

Boudha

Emmanuel

Mahomed

Kimbangu

Livre sacré

Bagavad-gita

Niyongui

Torah-Talmud

Coran

Makongo

Pour le Bundu Dia Kongo ce sont ces génies superviseurs encore appelés archanges qui ont la charge pour chaque peuple d'agir sur les domaines vitaux.

Etant omniprésent "Ne Kongo Kalunga wa lungila mu babo e biabio", le génie superviseur Kongo "Muanda Kongo" dicte les manières d'être de ce peuple, ce qui constitue la culture. Etant omniscient "Ne Mbumba", il communique à son peuple le savoir et le faire, ce qui conduit aux inventions mécaniques, médicinales, artistiques, bref aux inventions scientifiques. Enfin omnipotent "Ne Mpungu Tulendo", il communique l'autorité, le pouvoir. C'est donc la connexion d'un peuple, d'une race à son génie superviseur qui peut susciter un développement de ce dernier ; c'est pourquoi Muanda - Nsemi écrit : « tout peuple coupé de sa langue, de sa tradition, de son passé, de son génie, de ses ancêtres est semblable à un arbre déraciné. Tôt ou tard, ce peuple fanera et sombrera dans le vide qui facilite toutes les dominations »11(*).

Ainsi, le Bundu Dia Kongo dans son message se considère comme cette structure capable d'amener l'Afrique noire en général et le peuple du Kongo en particulier à la quête de leur propre culture pour que celui-ci cesse de s'appuyer sur d'autres bases. Le Bundu Dia Kongo a la mission d'éclairer les Noirs parce que les "Bakongo sont le peuple élu de la race noire choisi par Muanda - Kongo l'archange des noirs, leur territoire est la terre promise et leur livre sacré contient la sagesse, le savoir dans toutes ces différentes formes de toute la race"12(*). Ce livre à caractère sacré montre la primauté du spirituel sur le non spirituel et enseigne que dans toutes les sociétés, le sacré prime sur le profane.

a- Le mythe Bundu Dia Kongo

Le mythe (du grec muthos : ce qui est raconté), "longtemps minimisé comme un récit fabuleux", est définit selon Gilbert DURAND comme un récit (discours mythique) mettant en scène des personnages, des situations, des décors généralement non naturels, (divins, utopiques surréels, etc.), segmentables en séquences ou plus petites unités sémantiques (mythèmes) dans lesquels s'investit obligatoirement une croyance - contrairement à la fable ou au conte - (dite "prégnante symbolique").13(*) Il constitue l'histoire des Etres surnaturels, celle-ci considérée absolument vraie (parce qu'elle se rapporte à des réalités) et sacrée (parce qu'elle est l'oeuvre des Etres surnaturels) ; se rapportant toujours à une « création », il raconte comment quelque chose est venu à l'existence ou comment un comportement, une institution, une manière de travailler ont été fondés. Il constitue le paradigme de tout acte significatif humain.14(*)

A cet effet, le Bundu Dia Kongo pour expliquer l'origine des choses, Muanda-Nsemi (Nlongi'a Kongo) écrit et les adeptes croient que l'origine de l'homme noir part de l'Ethiopie. Ce premier noir nommé "Ne Nzala Mpandu" et sa femme "yaya Nkenge-Lufuma" ont engendré douze enfants dont l'aîné s'appelait "Na lukengo" et c'est en lui que naquit "Ne Nimi" qui fut le père des trois ancêtres mythiques de base de tous les bakongo : Nsaku, Mpanzu, Nzinga. Toute la culture kongo peut se comprendre à partir de ces trois êtres. L'ancêtre Nsaku étant prophète, grand prêtre, il gérait, ordonnait et consacrait les objets et les hommes ; il est le "Kilongo kia kongo", c'est-à-dire il incarne la religion. L'ancêtre Mpanzu était forgeron, artisan, il est le "Kinkimba kia mazayu". Il incarne la science, l'art et l'intelligence. Enfin l'ancêtre Nzinga avait le pouvoir divin, il est le "kabu dia mayala" ; D'où les trois clans de base kongo : le clan Nsaku, le clan Mpanzu et le clan Nzinga.15(*)

Dans le Bundu Dia Kongo, le rapport existant entre l'Etre suprême à travers son archange "Muanda-kongo" pour les Noirs et la nature avec tout ce qu'elle renferme s'explique à partir d'une représentation très fréquente dans beaucoup des religions : La tri - partialité de l'Etre suprême. Ce dieu se manifeste en dieu amour, omniprésent "Ne Kongo kalunga wa lungila mu babo e biabo", en dieu omniscient "Ne Mbumba" et en dieu omnipotent "Ne Mpungu tulendo". Pour le Bundu Dia Kongo, l'univers créé par la force suprême (tout en s'incarnant à travers les cinq génies supérieurs ou archanges pour chaque race) se meut dans une ambiance sacrée. Le devoir et le souci révérencieux enseignés par les initiés (les officiants) à tous les adeptes (makesa) consistent à maintenir cette sacralité en accomplissant les devoirs rituels prescrits dans le "livre sacré". En deçà de cette ambiance, le Bundu Dia Kongo a le profond sentiment de l'unité de toute chose. Pour lui, chaque partie se trouve dans le tout, étant en lui comme le tout se trouve en chaque partie ; ce qui s'attache à la fonction d'amour, d'omniprésence précitée qu'il attribue à dieu. Tout est lié, tout est vivant, tout est interdépendant ; c'est pourquoi chaque action a une répercussion qui lui est propre dans l'ordre universel ; d'où la responsabilité de tous les adeptes de Bundu Dia Kongo ("makesa ma Bundu Dia Kongo") de contrôler les actions menées pour le maintien de cet équilibre universel. C'est d'ailleurs l'homme que Muanda - Kongo désignera dans toutes les circonstances pour être son interlocuteur comme le cas de Muanda-Nsemi (N'longi'a Kongo)16(*). Le Bundu Dia Kongo est assis dans la croyance en l'action des ancêtres, de ce fait il enseigne la croyance et la nécessité de maintenir intact et permanent des liens entre les vivants et les morts (surtout les ancêtres) car il croit et enseigne l'immortalité de l'âme comme nous pouvons le constater chez les Bambaras qui eux aussi ont la même croyance car disent-ils : « La mort n'épuise pas l'âme »17(*). Dans ce même élan le proverbe éloquent des Bakongo pour exprimer cette croyance dit : « muntu kawu fua kako » (l'homme ne meurt pas). Les morts traversent seulement l'autre rive du Kongo "shimu kongo" (le Kongo spirituel) où ils subissent un jugement en fonction des actes qu'ils avaient posé pendant leurs vivants qui ensuite détermine le sort du défunt pour se ranger soit du côté des "Bakulu", ceux qui ont la charge de veiller sur le reste des vivants soit du côté des "Bakuyu" qui sont souvent invoqués par les malfaiteurs pour jeter les mauvais sorts ou pour nuire. Au-delà de tous ces ancêtres, il y a d'autres qui ont lutté pour des peuples entiers, pour réclamer, revendiquer la libération du Royaume jusqu'à se donner la mort pour la cause des autres. Ceux-ci sont divinisés et doivent être invoqués par tout le peuple tout en tenant compte du combat, de la lutte qu'ils ont menée dans leurs vivants : c'est le cas de KIMPA-VITA, MATSUA, KIMBANGU, etc. Les ancêtres sont indispensables dans toutes les actions des vivants car ils sont des intermédiaires entre dieu et les hommes. Tout objet étant sacré, les lieux déterminés (montagnes, collines, forêts, sources de rivières, lacs), les phénomènes cosmiques (pluies, tonnerres, etc.) sont souvent des lieux des résidences de ce que Louis Vincent THOMAS appelle les forces telluriques ou telluriennes18(*). Ces lieux sont donc des centres de communication, des centres vitaux comme réalité vivante qu'il faut concilier. Ce mythe permet aux adeptes de connaître l'« origine » des choses et par suite révèle les modèles exemplaires de tous les rites et de toutes les activités humaines significatives. Pour rentrer en contact avec le monde spirituel, invisible, le Bundu Dia Kongo utilise certains objets symboliques comme la noix de kola et pratique certains rites (qui forcent l'homme de transcender ses limites, l'obligent à se situer auprès des dieux et des héros mythiques, afin de pouvoir accomplir leurs actes, revivre l'état « paradisiaque » initial représentant l'image idéalisée de la situation culturelle et économique d'avant l'arrivée des blancs)19(*) pour vivifier cette collaboration, cette communion.

b- Les rites Bundu Dia Kongo

Le rite, emprunté du latin ritus « rite, cérémonie religieuse », se définit comme un ensemble de conduites, d'actes répétitifs et codifiés, souvent solennels, d'ordre verbal, gestuel et postural, à forte charge symbolique, fondés sur la croyance en la force agissante d'êtres et de puissances sacrées avec lesquels l'homme tente de communiquer en vue d'obtenir un effet espéré. Certaines pratiques mystiques donnent l'impression de l'immédiateté d'un rapport entre les forces surnaturelles et les hommes, par exemple les miracles, les oracles, les possessions.20(*)Tous les rites font revivre le temps sacré de la genèse, correspondent à un mythe et visent à maîtriser les aléas du temps destructeur.

Avant de s'attarder sur les rites, parlons d'abord de ce qui les accompagne : le verbe ou la parole. Il a une place de choix dans le Bundu Dia Kongo dans la mesure où il peut envoûter (rendre malade) et désenvoûter (guérir, désorceler), il est créateur et constitue dans le langage l'élément de communication pour toute l'association. Pour le Bundu Dia Kongo, la parole unifie et permet d'entrer en contact avec le monde non visible. C'est elle qui accompagne les rites, ces derniers s'inscrivent dans la vie sociale par le retour des circonstances appelant la répétition ; ils se caractérisent par des procédures dont ils impliquent la mise en oeuvre afin d'imposer leur marque au contexte que leur intervention même contribue à définir. Ces rites diffèrent par rapport aux moments en obéissant aux différentes modalités de la prière. Ils sont soit de passage, soit initiatiques.

· Les rites de passage

Nous appelons rites de passage, les différents rites observés pendant les moments des cultes individuels, de causeries entre les adeptes et des cultes collectifs. Ils diffèrent aussi d'un moment à un autre, d'une requête à une autre (s'agissant des litanies), etc. Le premier rite observé est le déchaussement et le débarrassement de tout objet métallique. Ce rite trouve son sens pendant les cultes en commun ou individuels parce qu'il fait éviter toute vibration pendant les temps susmentionnés et aide les adeptes à garder le contact avec le sol qui renferme les ancêtres, les eaux, les génies, etc. Ce premier rite est suivi d'un second : les trois acclamations représentant les trois (3) fonctions principales de dieu. Elles sont un signe primordial parce qu'elles constituent le moyen le plus efficace pour ne pas parler du seul moyen d'accéder au monde spirituel. Elles sont une demande de la voie, un début et une fin d'une litanie et de tous les moments de prière. Elles sont aussi conçues comme une phase intermédiaire entre deux (2) rites et accompagnent les rites litaniques parmi lesquels : "Mpedoso" qui consiste à confesser les fautes commises par les adeptes, par tous les Bakongo ; il est le rite le plus durable pendant les tenues des cultes et se fait en trois (3) phases : l'action de grâce, confession et remerciement. En dehors du "Mpedoso", nous avons d'autres litanies : "Buku kia nguria mbila, mbila velela, mbila simbi bia mvita, mbila mfumu'a ndungunu" dont cette dernière est la prière de base de l'association.

· Les rites initiatiques

Nous appelons rite initiatique les différents gestes, discours qui sont spécifiques au moment d'initiation. Signalons que la catégorisation des tâches que peuvent accomplir les adeptes tient compte du niveau d'engagement au sein de l'association. Chaque degré d'engagement au sein de cette association correspond à un rite. Parmi ces rites nous pouvons citer le "Lukongolo" qui est la première étape du parcours des adeptes. Il est conçu comme la consécration de ceux-ci dans l'association. Ce rite est un serment que doit faire le prosélyte pour officialiser son adhésion et pour manifester publiquement sa joie de retrouver son identité culturelle perdue autrefois par l'effet de l'acculturation. Il consiste à se présenter en temps que ressortissant du royaume Kongo, c'est-à-dire présenter les lignages (m'vila) dont on est issu ainsi que son nom. Ce rituel est conditionné par une formation sur la culture kongo et sur le Bundu Dia Kongo. Au-delà de ce rituel nous avons d'autres rites initiatiques que nous n'avons pas pu citer parce qu'ils relèvent de la hiérarchisation des autres degrés.

Hormis tous ces rites, il y'en a d'autres qui consistent soit à présenter les malades à dieu (mbila nsongolo'a bimbevo), soit pendant la lunaison (mbila mbikulu'a ngonda), etc.

4 - Le Bundu Dia Kongo et le milieu Kongo

Le Bundu Dia Kongo qui a le désir de restaurer la conscience des Bakongo en particulier et des Noirs en général, pour le rejet de toute culture étrangère jugée "néfaste", pour un retour aux sources culturelles autochtones, cherche à s'identifier dans une certaine mesure à la "supériorité" de la culture et du milieu Kongo. En effet, l'élément qui régule cette organisation est le "luvila", le lignage. Le "luvila" (m'vila au pluriel) qui veut dire unir, est un lien entre les descendants et les morts d'un aïeul commun ; ce qui se reflète dans le Bundu Dia Kongo par le rite de présentation et d'identification avant toute conversation ou toute prise de parole pendant les réunions. En effet, le lignage dans la culture Kongo non seulement unit les personnes, mais aussi leurs biens, leurs bonheurs tout comme leurs misères21(*). Les personnes qui ont le même "luvila" cultivent l'intimité dans leurs rapports mutuels. Le "luvila" est aussi une citoyenneté ; le manque de "m'vila" conduit à la qualification d'esclave (muntu nsumba). Le "luvila" constitue le lien indissoluble le plus étroit entre les vivants et les morts et fonde la société. Les morts ayant fondé le Royaume, ont un pouvoir régénérateur sur celui-ci, lequel ne peut d'ailleurs subsister sans leur vigilance. Le "luvila" est au centre du dynamisme du Bundu Dia Kongo ; il est à la fois réaction globale à une situation, celle de l'homme en contact étroit avec la nature et avec les ancêtres, il est le moyen de l'action rituel avec répétition codifiée.

Le lignage, le "luvila", veillera à ce que ses membres se maintiennent dans la ligne de conduite tracée par les aïeux. Etant donné que cette ligne a été obscurcie par l'acculturation et la division anarchique, le Bundu Dia Kongo bien que renfermant plusieurs lignages en son sein, paraît comme le grand lignage ou le lignage de base qui veille sur ce maintien parce qu'il rappelle et fait connaître les "m'vila" à tous ses adeptes. Il exhorte et encourage ses adeptes à tisser des relations profondes entre eux et, à préserver la cohésion, l'amour et l'unité. Il organise saisonnièrement les repas pour consolider cette unité au sein de la structure. Cette pratique fait renaître l'image du mbongui ou le vin de palme versé par terre et bu vient pour mobiliser les ancêtres sur une situation qui peut conduire à un dysfonctionnement de la structure, à une séparation de deux (2) individus à travers eux, deux (2) familles. Cette unité est aussi linguistique, tous les Bakongo du Royaume Kongo parlait la même langue le "Kikongo" et le Bundu Dia Kongo à son niveau fait toutes ses manifestations en cette langue et oblige tous ses adeptes à utiliser cet idiome car il est la langue de leurs ancêtres.

Deuxième partie : Présentation des résultats de

l'enquête - analyse et interprétation des données

A/ Présentation des résultats de l'enquête

Enquête, (du latin inquisitum, participe passé de inquirere « s'enquérir, chercher à découvrir »), est une démarche de production de données ou d'informations en vue de répondre à un questionnement. Cette démarche renvoie à la question de l'objet, de l'objectivation, aux problèmes de validation d'hypothèses, de légitimité, de pertinence, de signification, d'interprétation des résultats.22(*)

1- Population d'étude

Tableau n°1 : Sexe des enquêtés

Sexe

Nombre

Pourcentage

Féminin

6

19,35

Masculin

25

80,65

Total

31

100

Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes entretenu avec trente et une (31) personnes dont six (6) individus de sexe féminin soit 19,35% contre vingt cinq (25) individus de sexe masculin soit 80,65%. Cette enquête a été assise sur l'effectif moyen de la population de la section retenue avec un déficit de cinq (5) individus.

Tableau n°2 : Age des enquêtés

Age

Nombre

Pourcentage

25-29

3

9,68

30-34

4

12,90

35-39

8

25,81

40-44

8

25,81

45-49

2

6,45

50ans et +

6

19,35

Total

31

100

Ce tableau montre que cette association est plus fréquentée par les individus dont l'âge varie entre 35 et 44 ans, l'effectif des individus de moins de trente ans montre le désintéressement d'adhésion des jeunes dans l'association. Cela prouve que le Bundu Dia Kongo est plus fréquenté par les jeunes adultes.

Tableau n°3 : Niveau d'instructions des enquêtés

Niveau d'instruction

Nombre

Pourcentage

Primaire

5

16,13

Secondaire 1er degrés

10

32,26

Secondaire 2ème degrés

8

25,81

Supérieur

8

25,81

Total

31

100

Ce tableau nous montre que notre population étudiée est plus constituée par les individus qui se sont arrêtés au collège, soit 32,26% de la population mère, suivis de ceux du lycée et de l'université, les deux ayant la même valeur huit (8) enquêtés, soit 25,81%. Ceux qui ont le niveau primaire constituent 16,13%, plus faible que les autres.

Tableau n°4 : Situation socioprofessionnelle des enquêtés.

Statut socioprofessionnel

Nombre

Pourcentage

Chômeur

5

16,13

Vendeur

8

25,81

Ouvrier

7

22,58

Etudiant

2

6,45

Cadre moyen

7

22,58

Cadre supérieur

2

6,45

Total

31

100

Dans ce tableau relatif à la catégorie socioprofessionnelle des enquêtés, quand nous parlons des chômeurs qui constituent 16,13%, nous ne voulons pas parler des désoeuvrés, mais de ceux qui exercent une activité non rémunératrice notamment les femmes ménagères dans leurs foyers et les hommes qui n'ont aucune qualification d'un métier quelconque mais qui quelque part, peuvent être embauchés pour exercer comme manoeuvre. Par ouvrier, nous faisons allusion à tous ceux qui exercent un métier quelconque associés aux femmes cultivatrices. Ce tableau nous montre qu'il y a plus de vendeur soit 25,81% suivis des ouvriers et fonctionnaires (cadre moyen) ayant chacun un taux de 22,58%. Le milieu n'est quasiment pas fréquenté par les étudiants soit 6,45%.

Tableau n°5 : Répartition des enquêtés selon le niveau

d'instruction - Statut socioprofessionnel

Statut socio-professionnel

Niveau d'instruction

Primaire

Collège

Lycée

Supérieur

Total

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Chômeur

0

0

4

12,90

1

3,23

0

0

5

16,13

Vendeur

3

9,68

3

9,68

2

6,45

0

0

8

25,81

Ouvrier

2

6,45

2

6,45

2

6,45

1

3,23

7

22,58

Etudiant

0

0

0

0

0

0

2

6,45

2

6,45

Cadre moyen

0

0

1

3,23

3

9,68

3

9,68

7

22,58

Cadre supérieur

0

0

0

0

0

0

2

6,45

2

6,45

Total

5

16,13

10

32,26

8

25,81

8

25,81

31

100

Ce tableau synthèse entre niveau d'instruction et statut socioprofessionnel des enquêtés montre que des 16,13% qui constituent les chômeurs, 12,90% ont abandonné les études au collège et 3,23% au lycée. Les vendeurs quant à eux ont une valeur constante entre le primaire et le collège soit 9,68% qui décroît au lycée à 6,45%. Les ouvriers à leur tour ont un pourcentage de 6,45% à tous les niveaux sauf le supérieur qui représente 3,23%. Les fonctionnaires (cadre moyen) constituent 9,68% au supérieur et au lycée, puis 3,23% au collège.

2- Données quantitatives relatives aux raisons d'adhésions et l'apport du Bundu Dia Kongo (B.D.K.) aux adeptes.

Tableau n°6 : Répartition des enquêtés selon le statut

socioprofessionnel -Raison d'adhésion.

Statut socio- professionnel

Raison d'adhésion

Culture

Prospérité

Total

N

%

N

%

N

%

Chômeur

4

12,90

1

3,23

5

16,13

Vendeur

6

19,35

2

6,45

8

25,81

Ouvrier

7

22,58

0

0

7

22,58

Etudiant

1

3,23

1

3,23

2

6,45

Cadre moyen

7

22,58

0

0

7

22,58

Cadre supérieur

2

6,45

0

0

2

6,45

Total

27

87,09

4

12,91

31

100

Ce tableau synthèse entre le statut socioprofessionnel des enquêtés et les raisons qui les ont poussés à adhérer à cette association présente des résultats suivants : Des 16,13% qui constituent les chômeurs dans notre population d'étude, 12,90% ont adhéré pour des raisons liées à la culture et 3,23% pour des raisons liées à la prospérité ; des 25,81% constituant les vendeurs, 19,35% ont adhéré pour la culture et 6,45% pour la recherche de la prospérité ; pour les étudiants, des 6,45% qu'ils constituent, 3,23% ont adhéré pour la recherche de la culture comme pour celle de la prospérité ; quant à tous les ouvriers (22,58%), les cadres moyens(22,58%) et les cadres supérieurs (6,45%), le motif principal de leurs adhésions n'est autre que celui de rechercher leur culture. Ce qui fait que 87,09% de la population mère ont adhéré pour des raisons liées à la culture c'est-à-dire à l'insatisfaction culturelle étrangère pour rechercher sa propre culture contre 12,91% de ceux qui ont adhéré pour des raisons de prospérité (ceux qui ont adhéré pour la recherche du bonheur économique).

Tableau n°7 : Répartition des enquêtés selon le niveau

d'instruction - raison d'adhésion.

Niveau d'instruction

Raison d'adhésion

Culture

Prospérité

Total

N

%

N

%

N

%

Primaire

4

12,90

1

3,23

5

16,13

Secondaire I

8

25,81

2

6,45

10

32,26

Secondaire II

8

25,81

0

0

8

25,81

Supérieur

7

22,58

1

3,23

8

25,81

Total

27

87,09

4

12,91

31

100

Ce tableau relatif aux raisons qui ont poussé les adeptes à adhérer à cette association croisées avec leurs niveaux d'instructions montre la prédominance du taux lié à la soif de retrouver leur trace culturelle comme motif ou raison d'adhésion et non la recherche d'une prospérité à partir de l'association. Ce qui fait que l'enquête nous présente les résultats ci-après : 12,90% contre 3,23% au primaire, 25,81% contre 6,25% au collège, 25,81% contre 0% au lycée et enfin 22,58% contre 3,23% au supérieur ; soit un total de 87,09% contre 12,91%.

Tableau n°8 : Répartition des enquêtés selon le sexe - apport

du Bundu Dia Kongo (B.D.K.) aux adeptes.

Apport du

B.D.K aux adeptes

Sexe

Féminin

Masculin

Total

N

%

N

%

N

%

Connaissance de la culture Kongo

4

12,90

10

32,26

14

45,16

Rétablissement des liens avec les ancêtres

2

6,45

9

29,03

11

35,48

Liberté spirituelle

0

0

6

19,35

6

19,35

Total

6

19,35

25

80,65

31

100

A la question « Qu'est-ce que le Bundu Dia Kongo vous a apporté de spécial » ? 45,16% des enquêtés dont 12,90% de sexe féminin et 32,26% de sexe masculin ont répondu que le Bundu Dia Kongo leur a permis d'avoir la connaissance sur leur culture (la culture Kongo) ; 35,48% des enquêtés dont 6,45% de sexe féminin et 29,03% de sexe masculin ont répondu qu'il leur a permis de rétablir les liens avec leurs ancêtres ; enfin 19,35% tous de sexe masculin ont répondu que cette association leur a apporté la liberté spirituelle.

3. Données quantitatives relatives à l'importance du Bundu Dia Kongo

(B.D.K.) dans la société congolaise et aux conséquences qu'il peut engendrer

dans la société si la majorité des Kongo devient membres.

Tableau n°9 : Importance du Bundu Dia Kondo (B.D.K.) dans la société

congolaise.

Importance

Nombre

Pourcentage

Conscientiser et éclairer la société pour le retard du développement

11

35,48

Réhabiliter et revaloriser la culture

15

48,39

Apporter un équilibre social

5

16,13

Total

31

100

La lecture des données recueillies sur le terrain et contenues dans ce tableau relatif à la question portant sur l'importance de Bundu Dia Kongo dans la société congolaise révèle qu'il y a une prédominance de ceux qui pensent que cette association réhabilite et revalorise non seulement la culture Kongo, mais aussi les cultures congolaises, soit 48,39% suivis de ceux qui pensent que son importance est de conscientiser et d'éclairer la société pour le retard du développement, soit 35,48% et enfin de ceux qui pensent qu'elle est en train d'apporter un équilibre social 16,13%.

Tableau n°10 : Répartition des enquêtés selon l'importance du B.D.K.

dans la société congolaise - statut socioprofessionnel

Statut socioprofessionnel

Importance du Bundu Dia Kongo

Conscientiser et éclairer la société pour le retard du développement

Réhabiliter et revaloriser la culture

Apporter un équilibre social

Total

N

%

N

%

N

%

N

%

Chômeur

3

9,68

2

6,45

0

0

5

16,13

Vendeur

1

3,23

5

16,13

2

6,45

8

25,81

Ouvrier

5

16,13

1

3,23

1

3,23

7

22,58

Etudiant

1

3,23

1

3,23

0

0

2

6,45

Cadre moyen

1

3,23

4

12,90

2

6,45

7

22,58

Cadre supérieur

0

0

2

6,45

0

0

2

6,45

Total

11

35,48

15

48,39

5

16,13

31

100

Ce tableau révèle que pour les chômeurs, il y a prédominance de conscientiser et d'éclairer la société pour le retard du développement contre la réhabilitation et la revalorisation de la culture, soit respectivement 9,68% contre 6,45%. Nous avons aussi les ouvriers pris dans ce même ordre qui présentent les résultats suivants : 16,13% contre 3,23% et enfin contre 3,23% pour l'apport d'un équilibre social. Pour les vendeurs et les cadres moyens, leurs courbes présentent la même allure. Ces résultats sont respectivement les suivants : 16,13% et 12,90% de réhabilitation et revalorisation de la culture, 6,45% pour les deux concernant l'apport de l'équilibre social contre 3,23% de conscientisation et d'éclairage de la société pour le retard du développement pour les deux. Les cadres supérieurs universitaires quant à eux ne parlent que de la réhabilitation et revalorisation de la culture, soit 6,45%. Les étudiants parlent de la conscientisation et de l'éclairage de la société pour le retard du développement, de la réhabilitation et de la valorisation de la culture, soit un taux de 3,23% pour les deux.

Tableau n °11 : Conséquence que peut engendrer le Bundu Dia Kongo

dans la société si la majorité des kongo devient membre.

Conséquence

Nombre

Pourcentage

Le pays va vite se développer

19

61,29

Ils vont mieux orienter la société

5

16,13

La société aura son indépendance sincère sur tous les plans

7

22,58

Total

31

100

Ce tableau relatif aux conséquences majeures que peut engendrer le Bundu Dia Kongo dans la société si la majorité des Kongo devenait membre nous révèle que 61,29% affirment que grâce à eux le pays va se développer, 16,13% pensent qu'ils vont mieux orienter la société et 22,58% parlent d'une indépendance sincère qu'obtiendra la société c'est-à-dire une indépendance spirituelle, sociale, culturelle, économique et politique.

Tableau n°12 : Tableau synthèse conséquence si la majorité des kongo

devient membre - statut socioprofessionnel

Statut socio professionnel

Conséquences

Le pays va vite se développer

Ils vont mieux orienter la société

La société aura son indépendance sincère

Total

N

%

N

%

N

%

N

%

Chômeur

4

12,90

1

3,23

0

0

5

16,13

Vendeur

5

16,13

2

6,45

1

3,23

8

25,81

Ouvrier

5

16,13

1

3,23

1

3,23

7

22,58

Etudiant

0

0

1

3,23

1

3,23

2

6,45

Cadre moyen

5

16,13

0

0

2

6,45

7

22,58

Cadre supérieur

0

0

0

0

2

6,45

2

6,45

Total

19

61,29

5

16,13

7

22,58

31

100

Ce tableau synthèse relatif aux conséquences que peut engendrer le Bundu Dia Kongo si la majorité des Kongo devient membre et le statut socioprofessionnel des enquêtés, nous révèle que les 12,90% des chômeurs pensent que le pays va vite se développer contre 3,23% de ceux qui pensent que les Kongo vont mieux orienter la société parce qu'ils auront à suivre les normes dictées dans l'association. Pour les vendeurs 16,13% pensent que le pays va vite se développer contre 6,45% de ceux qui parlent d'une bonne orientation de la société de leur part et 3,23% de ceux qui pensent qu'il y aura l'indépendance sincère. Les ouvriers présentent les mêmes résultats que les vendeurs sauf le taux de ceux qui pensent qu'ils vont mieux orienter le pays où nous avons 3,23% au lieu de 6,45%. Les cadres moyens à leur tour, pour le développement rapide du pays et l'indépendance de la société présentent respectivement les résultats suivants : 16,13% contre 6,45%. Les cadres supérieurs quant à eux, sont focalisés sur l'indépendance de la société soit un taux de 6,45%.

Tableau n°13 : Conséquences si la majorité des Kongo

devient membre- Niveau d'instruction.

Niveau d'instruction

Conséquences

Le pays va vite se développer

Ils vont mieux orienter la société

L'indépendance

sincère

Total

N

%

N

%

N

%

N

%

Primaire

3

9,68

2

6,45

0

0

5

16,13

Secondaire I

9

29,03

1

3,23

0

0

10

32,26

Secondaire II

4

12,90

1

3,23

3

9,68

8

25,81

Supérieur

3

9,68

1

3,23

4

12,90

8

25,81

Total

19

61,29

5

16,13

7

22,58

31

100

Ce tableau révèle que pour le primaire et le secondaire premier degré, nous avons la prédominance du développement rapide du pays respectivement 9,68% et 29,03% contre la meilleure orientation de la société ; 6,45% et 3,23%. Pour le secondaire deuxième degré, il y a toujours cette prédominance du développement rapide du pays soit 12,90% contre 3,23%, sauf que pour ce cas -ci s'ajoute 9,68% qui pensent qu'il y aura l'indépendance sincère de la société. Cependant ceux du supérieur voient en premier lieu l'indépendance de la société 12,90% contre le développement rapide du pays 9,68% suivi de la meilleure orientation de la société 3,23%.

B/ Analyse et interprétation des données

1. Données qualitatives relatives à la population d'étude.

Nous avons recueilli les avis de trente une (31) personnes dont 80,65% de sexe masculin et 19,35% de sexe féminin. Les entretiens avec les deux sexes ont été motivés par le fait que ces derniers sont tous adeptes du Bundu Dia Kongo L'effectif de sexe féminin (19,35%) est très faible par rapport à celui des personnes de sexe masculin (80,65%), ceci peut s'expliquer par le fait que les femmes congolaises encrées dans le christianisme, ne trouvent pas leur compte dans le message du Bundu Dia Kongo dans la mesure où ce message non seulement est centré sur la culture, mais aussi réclame le territoire Kongo.

L'âge de nos enquêtés varie de moins de 30 ans à plus de 50 ans, soit 9,68% de ceux dont l'âge varie entre 25 et 29 ans, cela montre le désintéressement des jeunes dans le Bundu Dia Kongo. Ce désintéressement peut s'expliquer par le faible intéressement des jeunes à la tradition dû à la rencontre de plusieurs cultures, c'est-à-dire, dû à l'influence d'autres cultures jugées supérieures par rapport à la culture autochtone comme la culture médiatique, la culture occidentale qui de nos jours est devenue la culture de référence, surtout pour les jeunes.

S'agissant du niveau d'instruction, nous avons constaté que tous ses enquêtés sont des lettrés et ceux qui ont un niveau très bas, qui se sont arrêtés à l'école primaire constituent 16,13% de la population d'étude. Ces résultats ne nous étonnent pas car la population congolaise est à dominante scolaire, le taux de scolarisation était de 95% en 199523(*).

Concernant la situation socioprofessionnelle des enquêtés, les données recueillies montrent qu'il y a plus des gens qui exercent une activité informelle que ceux qui travaillent dans les structures étatiques ou privées.

2. Raisons d'adhésion et l'apport du Bundu Dia Kongo aux adeptes.

a. Raisons d'adhésion.

Sur 100% des enquêtés, 12,91% seulement ont adhéré pour des raisons liées à la prospérité. Il apparaît clairement que la majorité de nos enquêtés c'est-à-dire 87,09% ont adhéré pour des raisons liées à la culture. Ceci montre que le Bundu Dia Kongo semble être, aux yeux de nos enquêtés qui ont adhéré pour la recherche de la prospérité, du bien-être social, comme une personne morale capable de trouver une solution pour les personnes qui ont une instabilité financière, en créant dans le secteur informel des activités productives notamment agricoles comme il l'a déjà fait au Bas - congo. Pour cette majorité qui a adhéré pour la soif de retrouver leur propre culture, nous pouvons dire qu'ils ont avant tout été soumis à l'idéologie du Bundu Dia Kongo, à savoir que la plupart du temps, l'adhésion dans le Bundu Dia Kongo est précédée par une inculcation de son idéologie pour susciter la soif d'y adhérer et, cette inculcation se focalise sur la culture comme nous l'avions mentionné dans les pages précédentes que « tout peuple coupé de son passé, de sa langue, de son génie, de ses ancêtres de sa sagesse traditionnelle, est comme un arbre déraciné. Tôt ou tard, ce peuple fanera et sombrera dans le vide qui facilite toutes les dominations »24(*). En examinant ces deux raisons avancées par les enquêtés, nous pouvons dire que dans cette socialisation, les adeptes mettent en relief la culture et le développement, ce qui a donné les quelques raisons liées à la prospérité.

b. L'apport du Bundu Dia Kongo aux adeptes.

S'agissant de l'apport du Bundu Dia Kongo aux adeptes, tous nos enquêtés ont eu à bénéficier quelque chose dans ce milieu. Ceci étant, nous comprenons par - là que l'action du Bundu Dia Kongo répond en grande partie aux attentes des fidèles, ceci veut dire que le Bundu Dia Kongo est pour ces adeptes une structure susceptible de répondre efficacement à leurs multiples attentes notamment la recherche de la connaissance de leur propre culture, le rétablissement des liens avec les ancêtres et la liberté spirituelle. Les deux premiers aspects évoqués nous amène à la culture tout simplement et paraissent comme la réponse ou le résultat de tout ce que les adeptes disent à ceux qu'ils veulent socialiser. Nous pouvons dire par-là que l'identité culturelle Kongo recherchée par le Bundu Dia Kongo est l'élément moteur qui pousse les Bakongo à y adhérer. Pour ces individus socialisés par le Bundu Dia Kongo par le biais de son idéologie, le Bundu Dia Kongo représente le cadre idéal, la seule religion au monde qui prône l'épanouissement de l'homme noir.

3. L'importance du Bundu Dia Kongo dans la société congolaise et les conséquences qu'il peut engendrer si la majorité des Kongo devenait membre.

a. L'importance du Bundu Dia Kongo dans la société

congolaise.

S'agissant de l'importance du Bundu Dia Kongo dans la société congolaise, il apparaît clairement que nos enquêtés accordent une grande importance à cette structure dans la société congolaise parce qu'elle apparaît aux yeux de nos enquêtés comme l'unique structure qui peut changer les réalités actuelles.

Par les 48,39% qui pensent que cette association est en train de réhabiliter et revaloriser leur culture, nous comprenons que les adeptes de cette association se font certaines représentations de la société. Pour eux nous semble t-il l'emprunt de certains éléments culturels étrangers constitue un danger dans la mesure où la culture est l'un des grands traits d'identification d'un peuple, elle est l'archétype, c'est-à-dire "ce donateur de forme, mais avant tout créateur concret en nous" d'après Gilbert Durand25(*). La science faisant partie de la culture, nos enquêtés expliquent le sous développement de l'Afrique par la non-croyance à une religion propre aux noirs qui pourrait leur enseigner non seulement les vertus divines, mais aussi les valeurs culturelles pour expliquer la loi divine. Ceci c'est pour dire que, ce n'est pas le christianisme, ni l'islam, ni tout autre mouvement religieux des Blancs qui peuvent aider nos sociétés noires à se développer, mais plutôt une religion des Noirs (le Bundu Dia Kongo) qui enseigne "la culture des Noirs" ; C'est ce qui pousse nos enquêtés à penser ou à affirmer que le Bundu Dia Kongo est en train de conscientiser et d'éclairer la société sur son état actuel de sous-développement. Par cette réaction des enquêtés sur l'importance du Bundu Dia Kongo dans la société, il nous semble que cette association a les capacités, les moyens de redresser la société et l'aider à se développer bien que ses membres ignorent que la société congolaise n'est pas homogène concernant la culture, elle n'est pas seulement constituée des Bakongo, mais bien d'autres ethnies, par conséquent d'autres cultures. La considération d'une association telle qu'elle soit d'une seule ethnie comme le paradigme de toute la société fait naître au milieu de ces adhérents un complexe de supériorité face aux autres groupes ethniques. Ce complexe crée en eux une forte représentation de puissance, de force, d'intelligence ou de sagesse, même de leur position vis à vis de Dieu en comparaison avec les autres groupes. Ce qui finalement relève d'une conception ethnocentriste, c'est-à-dire une manière de se considérer au-dessus des autres et que ceux-ci doivent se relier à ce model originel (doivent modifier leurs cultures et chercher à se conformer à ce model).

Cet apport dans la société congolaise nous paraît utopique dans la mesure où cette association n'a pour champ d'action en république du Congo que le milieu Kongo, ne s'est implantée géographiquement qu'au sud du pays et non sur tout le territoire de la république. Le chef fondamentaliste n'étant pas Bakongo de Brazzaville et ne connaissant pas la réalité spécifique de l'environnement kongo de Brazzaville, son idéologie a du mal à s'intégrer rien que dans le milieu kongo.

b. Les conséquences que peut engendrer le Bundu Dia Kongo si la majorité des Kongo devenait membre.

Sur 100% que représente notre population, 61,29% pensent que si la majorité des Kongo devient membre de cette association, avec une prédominance de ceux du primaire et du secondaire, le pays va vite se développer, 16,13% pensent que les Kongo vont mieux orienter le pays et 22,58% pensent qu'ils vont amener la société à une indépendance sincère. Nous pouvons comprendre la première réaction sur la représentation comparative que se font ces derniers. En prenant pour modèle le continent asiatique qui, d'après eux, s'est épanoui grâce à la reconnaissance et à la pratique de leur propre culture à travers une religion qui lui est propre: le bouddhisme, cette représentation qui projette le développement d'une société à partir d'une seule ethnie révèle aussi une forme de sectarisme parce que ce milieu considère le peuple Kongo comme le peuple élu des Noirs, ce sont eux qui ont le monopole de diriger les autres qui doivent être aux commandements, qui ont le sens de la bonne gouvernance et de la gérance parce qu'ils sont connectés directement à celui qui donne le savoir. La bonne orientation et le développement du pays dont ils parlent, montrent que cette association a pour champ d'action le politique et non le religieux. Nous pouvons dire par-là que la religion en tant que telle ne constitue qu'un "iceberg", un moyen de sortie et aussi un des éléments qui peut les aider à rassembler le maximum des Bakongo autour de cette idéologie pour qu'ensemble, ils luttent pour la fédéralisation de ses trois états constituant l'ex-royaume Kongo, pour qu'à partir de ces trois Etats qu'ils intéressent d'autres Etats de l'Afrique centrale, pour aboutir à un Etat confédéral, comme le réclame Nlongi'a Kongo dans son article Le combat de Bundu Dia Kongo que : « ...Bundu Dia Kongo prône la transformation de toute l'Afrique centrale en un seul pays de type CONFEDERAL. Ce pays s'appelle LA CONFEDERATION DE L'AFRIQUE CENTRALE, la C.A.C, fonctionnant comme la confédération Helvétique (= la Suisse) »26(*). Le projet social qui consiste à travailler pour provoquer l'émergence, en Afrique centrale, d'une civilisation moderne particulièrement adaptée à la mentalité négro-africaine, à chercher le développement du continent par la religion à travers elle la culture, constitue son idéologie réformiste ou révolutionnaire d'après Louis ALTHUSSER parce qu'elle vise à inculquer d'autres valeurs à un peuple qui masquent un intérêt visé par le noyau dirigeant, cette même idéologie peut être qualifiée d'utopie selon Karl MANNHIEM dans la mesure où elle est en quelque sorte comme un rêve qui cherche à se réaliser et renverser les idéologies en place. Ce projet social montrant aux descendants du peuple de l'ancien royaume Kongo la crise culturelle que traverse la société et qui est le socle de toutes les difficultés que connaît l'Afrique noire à travers elle, recherche une vie meilleure par un "retour aux sources" en éliminant d'abord de leur culture les personnages, les décors et les coutumes étrangères, le Bundu Dia Kongo peut être qualifié d'association de "nativiste" selon M. Panoff et M. Perrin27(*). Ce mouvement que nous qualifions d'ethnocentrisme et de nativisme n'est pas un parti politique, mais un mouvement socioreligieux qui a des visées politiques. A la différence du mouvement Ngunziste nommé la Pentecôte apostolique de Ntumi (prophète de guerre) qui est d'ailleurs un mouvement syncrétique et qui dans un contexte de la violence politique et de la disette a regroupé des gens ordinaires placés entre la passivité et la violence, et recouru à la religion pour investir et inventer la politique en utilisant les mêmes armes que les acteurs politiques28(*), le Bundu Dia Kongo est un mouvement pacifique et idéologique visant à regrouper les Bakongo pour constituer une force dans leur lutte de fédéralisation. Par le pouvoir ou la meilleure gérance du pays évoqué par nos enquêtés, si la majorité des Bakongo devenait membre, nous comprenons que le Bundu Dia Kongo se veut être un espace religieux, culturel faisant les campagnes politiques électorales pour faciliter l'accessibilité de certains candidats au poste de responsabilité politique dans ces trois Etats. A cet effet, il nous paraît aussi comme un espace visant la création d'une classe politique qui pourra agir et mener une révolution en vue de recréer l'ancien royaume Kongo parce qu'ils auront à intérioriser les valeurs du Bundu Dia Kongo et suivi les instructions de Nlongi'a kongo.

4-Les accents messianiques dans les textes dits, récités et

chantés - analyse par la mythocritique.

Le messianisme : Du point de vue historique est apparu comme une doctrine religieuse du salut qui prédisait l'avènement sur la terre d'une ère de bonheur et de perfection. Il s'agissait pour les opprimés de sortir de leurs conditions de vie misérables que leurs imposait l'oppresseur en fondant leur espoir sur la venue d'un "fils de Dieu", d'un héros mythique national ou tribal. Dans la compréhension de ce phénomène, Pereira de QUEIROZ écrit : « Les doctrines religieuses qui prédisaient l'avènement sur terre d'une ère de bonheur et de perfection sont dites messianiques, chaque fois que l'installation de ce monde parfait dépendra de l'arrivée d'un fils de Dieu, d'un messager divin, d'un héros mythique, d'un messie en fin...les mouvements ne sont messianiques que s'ils sont dirigés par un chef sacré, un envoyé de l'au-delà »29(*)

Dans le Bundu Dia Kongo la société Kongo est représentée par l'image de l'être humain dont la tête représente Nlongi'a kongo, le thorax représente le Bundu dia kongo, les membres gauches l'aspect spirituel du Kongo et les membres droits la politique Kongo. L'examen de cette image nous permet de dire que la personne de Nlongi'a Kongo est le grand instructeur de tout Kongo, son influence doit s'étendre sur toute la société kongo, c'est à lui que les dirigeants politiques et spirituels doivent attendre des instructions et des directives pour mieux orienter et gérer la société. Cette représentation est renforcée par les différents titres qu'il porte au sein de cette association :

- Chef fondamentaliste kongo

- Chef de Bundu Dia kongo

- Chef spirituel de Bundu Dia kongo

- Gardien de la tradition Kongo.

Cette position qu'il occupe ainsi que ces titres qu'il porte peuvent renvoyer à la mythologie de la tradition kongo. Par ces titres, Muanda-Nsemi est l'image du chef dignitaire couronné dans la tradition kongo encore appelé "mfumu mpu" ce que Balandier appelle "l'élément central de l'ancienne organisation Bakongo". Il est une grande figure de la chefferie traditionnelle kongo. Il est aussi l'image du mainteneur de la tradition, sa mission lui vient droit d'en haut, il est une incarnation d'un des ancêtres que Dieu a envoyé pour sortir son peuple de l'esclavage. Cela peut encore se vérifier dans certains vers qui prônent l'exaltation de sa personne, tirés d'un chant qui lui est consacré.

Nge Muanda-Nsemi nlongi'eto

Nlongi'eto telama na kekete ye ndungunu

Salu kia ku vana se

Mu sikimisa kanda dieto

Ye vutula dio mu ndila lusansu lua kinzambi kia bakulu beto

Nlongi'a Kongo futumuneti

Nlongi'eto, futumuneti lusansu lueto lua vila mu nza...

Toi Muanda-Nsemi notre éducateur ;

Notre éducateur affermis-toi jusqu'à notre victoire ;

La mission que t'a donnée le ciel

D'affermir notre peuple

Et le faire revenir sur la voie de la culture, la religion de nos ancêtres

L'éducateur du Kongo ressuscite

Notre éducateur ressuscite notre culture disparue dans ce monde.

Ces vers montrent que Nlongi'a kongo reçoit tout d'en haut, et oriente son association selon la direction que dieu et les ancêtres lui montrent ; il paraît donc infaillible dans toutes ses directives concernant l'association comme nous pouvons le constater dans la plupart des mouvements et groupements religieux notamment dans les églises dites de réveil où les gourous comme les prophètes ne "décident rien d'eux mêmes et agissent toujours selon la volonté de dieu". Pour renforcer cette image du sacré de sa personne, quelques responsables de cette association nous ont dits lors de nos enquêtes qu'il est venu pour accomplir la mission de ramener les peuples noirs en général et kongo en particulier sur les traces qu'avait montré dieu à leurs ancêtres. Ils ont ajouté que Simon KIMBANGU même avait prophétisé sur lui concernant cette mission qu'il avait reçue de dieu. Le thorax qui représente le Bundu Dia Kongo est la partie centrale du Kongo, il est le coeur du Kongo, tout doit passer par lui, c'est à partir de lui que le peuple kongo pourra arriver à gérer et à accéder à des postes de responsabilité, il représente le moteur non seulement des Kongo, mais des Noirs de l'Afrique. Les membres inférieurs comme supérieurs étant collés au thorax, nous enseigne que le "salut" du Kongo ne dépend que de Bundu Dia Kongo, ceci veut dire que même si les kongo accédaient à des postes de responsabilité, s'ils ne reconnaissent pas la volonté de leur génie superviseur qui veut qu'ils adhèrent en premier lieu au Bundu dia kongo, ils ne pourront qu'accomplir la volonté des "étrangers" et maintenir les Noirs dans l'esclavage culturel qui est la source de tous leurs malheurs. Ce sont donc les adeptes du Bundu Dia Kongo qui doivent gérer la société sur tous les plans parce que seule leur structure est capable d'amener la société à un développement. A ce sujet il n'est pas rare de les entendre dire : "Bundu dia Kongo i ntu a nioka ku kongo, i mfumu ntoto ku kongo" (le Bundu dia Kongo c'est la tête du serpent au Kongo, c'est le propriétaire du territoire kongo). Par ceci, nous comprenons que le Bundu Dia Kongo vise une politique théocratique à l'image des sociétés occidentales à l'époque du cléricalisme.

A côté de cette image de l'être humain, nous allons encore examiner son discours à partir des textes dits, chantés et récités. D'une manière générale, les textes dits de Bundu Dia Kongo peuvent être repartis en trois catégories : Les textes à caractère cosmogonique, à partir desquels nous comprenons la représentation que se fait cette association de l'Etre suprême et du monde, ce que nous avons appelé dans le chapitre précédent le mythe Bundu Dia Kongo. Nous avons aussi les textes à caractère historique qui essaient de tracer l'histoire du peuple Kongo avec tous les événements qu'il a connus, (qui ont trait au mécontentement) tout en leur donnant un aspect purement spirituel. Ces textes à caractère historique montrent comment les Blancs opprimaient les Noirs (propriétaires du territoire), et comment Dieu suscitait au milieu du peuple marginalisé "ses envoyés" qui pouvaient s'opposer à l'action de ces ennemis et les arrêter, et les autres à caractère révolutionnaire sur lesquels est fondé l'espoir, l'espérance des adeptes tout en considérant tous les personnages qui ont lutté contre le blanc comme modèle des actions qu'ils doivent accomplir pour être à la hauteur de la tâche que dieu a confiée à cette génération, (cette génération bénie qui doit vivre l'accomplissement des promesses). D'une manière résumée, ces textes dits présentent la mission de l'association et comment les modèles révélateurs ont lutté pour libérer le peuple Kongo sous la domination étrangère, notamment portugaise. Dans son article le Combat de Bundu Dia Kongo, Muanda-Nsemi (N'longi'a Kongo) écrit : « L'Afrique est paralysée actuellement par une foule d'idées fausses, savamment entretenues par les forces du mal ».30(*) Cette paralysie se manifeste non seulement par la pluralité des religions, mais surtout par l'influence de l'homme blanc sur le Noir qui l'amène et l'oriente dans ses voies pour le maintien de sa domination et de son intérêt chez l'Africain.

Dans le livre de Maniema (un extrait du livre "sacré" Makongo ou Makaba), la particularité que ce message présente est la manière dont les Bakongo se réunissaient pendant les périodes de crises, comment une personne (un envoyé de dieu) se chargeait, quel que soit son statut social, pour réunir les autres et agir pour s'opposer à des actions menées par les étrangers. L'examen de ce message montre que tous ces envoyés ont surgi que pendant les périodes où le peuple se sentait en crise et se trouvait dans une situation d'oppression et surtout de subordination. Pour illustrer cela, citons un exemple révélateur écouté pendant notre investigation dans Maniema 43 : 16-69 :

...Mindele mia lukezo mia luaka ku Kongo, ...mia tomba zimbisa kinkulu ye kinzambi kieto mu tula ba ndombe mu kinkole...Ba ndombe buba kala sadila ye sambila kinzambi kia ba mindele ye sambila ba kulu bawu, ba mindele babadika kuba vonda ye yoka mavata mawu. Mbanza Kongo ya mwangana ye yokua kwa mindele mia mputu lukezo.

Nkangua Kongo wa zeza

Kansi tata Nzambi'a mpungu wa fulusa ndumba nkento mosi ya beri bokela nga VITA-KIMPA ya fua tuka bilumbu biya ye wa vana soko wa vutu yandika ba ndombe ku nsi'a nsindusulu za mintantu mio miayiza mu nsi'eto ye tuzimbisa.

...Ndumba yo wa yandika ndombe zazo ye sikimisa zo

...Bakongo ba sikama ye ba vutu tunga mbanza Kongo ku nsi'a lulendo lua yaya VITA-KIMPA.

Babakulu ba ndinga Kongo dia kala ku nsia luyalu lua bau bene.31(*)

...Les Portugais arrivèrent au Kongo,...ils cherchèrent à effacer la culture et la religion des noirs pour qu'ils devinrent leurs esclaves...les Noirs ayant refusé de servir et prier le dieu des Blancs ainsi que leurs ancêtres, les Blancs commencèrent à les massacrer et brûler leurs villages. Mbanza Kongo la capitale fut en ruine et brûlé par les portugais.

Le peuple Kongo fut affaibli

Mais le dieu tout puissant ressuscita une jeune fille nommée VITA-KIMPA qui fut décédée depuis quatre jours, il lui donna la mission de rassembler les Noirs sous l'oppression de leurs ennemis qui étaient venus sur notre terre pour nous faire disparaître.

...Cette jeune fille rassembla et affermit tous les Noirs

...Les Bakongo s'affermirent et s'arrangèrent pour reconstruire Mbanza Kongo sous la direction de VITA-KIMPA.

Tous dans l'unanimité voulurent que la gérance des restes du royaume Kongo puisse leur revenir.

A côté de ces textes dits, nous avons les textes récités qui sont des litanies à cause de leur répétitivité et leur forte charge symbolique. De ces textes, le plus marquant et significatif qui se répète plus de cinq fois pendant les cultes Bundu Dia Kongo est celui-ci nommé : MBILA MFUMU'A NDUNGUNU :

Tueti nuana muna nvita yiwasila

Nvita mpulusu muna Kongo dia nvimba

Sikimisa mitima mia onsono ku Kongo

Wiza o mfumu'a ndungunu

Nge mfumu ndungunu wa atumuka mu nvita

Do wiza wasalasana ye makesa maku

Mungizaku nata ntikumusu ku Kongo

Wiza o mfumu'a ndungunu

Kinkole kia kotosua Kongo wiza mani

Nkaku za kuna ntantu wisa katula

Tala mbuetete yeti seloka ku Kongo

Wiza o mfumu'a ndungunu.

Ingeta.

Nous combattons pour la bataille que tu as ordonnée

Bataille du salut dans tout le territoire du Kongo

Affermis toutes les âmes dans Kongo

Viens seigneur de victoire

Toi seigneur de victoire tu es sorti de la bataille

Dieu vient aider tes combattants

Dans ta venue amène le réveil au Kongo

Viens seigneur de victoire

Détruis l'esclavage dans lequel est Kongo

Bannis les limites qu'avait imposées l'ennemi

L'étoile est en train de briller au Kongo

Viens seigneur de victoire

C'est comme ça.

Ce texte récité présente un état de crise, l'oppression du peuple Kongo par l'ennemi, il inscrit ce peuple à une préparation pour la "bataille" qui les maintient dans une position d'une attente, d'une perfection, d'un âge d'or.

Avant d'aborder ces textes qui présentent les thèmes suivants (lutte et attente), arrêtons-nous d'abord à cette présence litanique structurée dans une association religieuse se voulant purement traditionnelle. Le Kongo n'étant pas un milieu à religion structurée, nous pensons que Muanda-Nsemi (Nlongi'a kongo) en instituant ce type de prières litaniques au sein de l'association, doit subir l'influence du catholicisme romain qui est la première religion étrangère qui s'était installée dans les terres Kongo et la plus répandue dans ces trois Etats constituant l'ancien royaume, instaure un vécu de lutte contre ce dernier qui est responsabilisé comme acteur principal de la déstabilisation de la culture kongo. Ce concept de lutte que Nlongi'a kongo inculque, dans son idéologie, à toute la masse qui est derrière lui est l'expression imaginaire de la lutte pour la libération du Kongo et joue le rôle de susciter chez les adeptes, la représentation d'un état d'infériorité, d'un peuple opprimé qui doit lutter pour la récupération de l'état "paradisiaque" initial du Kongo. Cette lutte est dirigée contre les ennemis de Kongo. Cette lutte est accompagnée par une attente "wiza o mfumu'a ndungunu" (vient le seigneur de victoire), une attente pour la réhabilitation de l'âge positif perdu.

Après ces textes récités, nous avons encore les textes chantés de Bundu Dia Kongo. Notons qu'à la différence des litanies qui toutes sont des prières adressées à l'Etre suprême, les chants présentent plusieurs traits caractéristiques : ils sont des prières adressées à Dieu et aux Ancêtres, des instructions données aux adeptes, ils révèlent l'état du Kongo avant et après la venue des Blancs, proclament l'imminent « retour aux origines », montrent la position des Bakongo par rapport aux autres Noirs, etc. Nous allons nous attarder sur les extraits de quelques chants que nous examinerons dans les lignes suivantes.

Dans le premier, les quelques vers retenus présentent le contenu suivant :

Tekela ngiza mindele mu nsi'eto,

Beto kibene tuatuadisa nsi;

Kanda dieto diakala mu ntemo,

Kadi tuavisa luzolo lua Se.

Nzenza wayiza ye nata kinkole

Bimpuanza bitatu tuavidisa bio;

Kanda dieto diakota mu tombe,

Tuavumvula kueto mu tombe kia nza.

Ntantu i nzenza wayiza mu nsi'eto,

Ye nata kinkole mu ntini za nsi ;

Wanata mabundu manzenza mu nsi'eto,

Nzambi zanzenza wanata zo mpe.

Avant la venue des blancs sur notre terre,

Nous dirigions notre pays nous - mêmes;

Notre peuple était dans la gloire (l'abondance),

Mais nous avions perdu l'amour du ciel.

L'étranger était venu et avait amené l'esclavage

Nous avions perdu les trois libertés (l'amour, la science et le pouvoir) ;

Notre peuple était plongé dans le noir,

Nous avions évolué avec ce noir qui avait déjà envahi le pays.

L'ennemi c'est l'étranger qui était venu sur notre terre,

Qui a amené l'esclavage sur les étendus des terres !

Qui a amené les religions étrangères sur notre terre,

Il amena aussi les dieux étrangers.

Ce texte chanté réactualise l'état de "perfection" qu'avait la société avant la venue des blancs et montre ce qui a causé la perte de cet état "paradisiaque" que l'association explique par l'effet de l'acculturation surtout dans le domaine religieux. Ce texte a pour objectif didactique d'inciter le dégoût des Bakongo de continuer à croire aux "Dieux étrangers" notamment des Blancs pour chercher leur "propre dieu" et adhérer à leur "propre religion" qui n'est autre que cette association où ils vont apprendre leur culture et être en contact avec leurs ancêtres, ce qui ramènera ce peuple à la régénération, à la re-création de leur société (de leur monde) d'antan. Ce texte en commençant par montrer que les Bakongo dirigeaient leur pays eux-mêmes avant la venue de l'étranger qui a tout détruit, crée une atmosphère déchue, ce que DURAND appelle le schème de descente, d'où l'image de la "nuit" pour montrer que rien ne marchait plus depuis cette période et que la société traverse une période de crise, ce qui les pousse à dire dans un autre texte :

Nkama tanu za mvu mu kinanga,

Bena Kongo tuavidisa kia,

Tatu kia S'eto kiazima mu beto,

Mu nkulu zanzenza batuzimina kio.

Cinq cent ans dans l'esclavage,

Nous enfants de Kongo avions perdu la lumière,

Les trois vertus du ciel s'étaient éteintes en nous,

C'est à cause des ancêtres étrangers qu'on nous les avait refusés.

La particularité que présente ce texte - ci est la précision de la durée de cette crise qui est de cinq cent ans c'est-à-dire qui va de la première pénétration européenne par Diego CAO en 1482 jusqu'aux années 80 du siècle qui vient de s'écouler, années où prit naissance cette association. Tous ces cinq siècles sont considérés comme la période de dépendance, surtout de subordination des Bakongo par les étrangers, une période où les autochtones ont souffert et continuent à souffrir sur leur propre territoire et où leurs richesses continuent à être dilapidées par ces étrangers comme nous le constatons dans le texte suivant :

-Kongo dieka zandu nade kua bangulu ye bambua

Beti samba kuau mu nsi ya nsilulu

Nkievo bau bavuidi nsi nkiongono vo i mingizila.

Nge Tata Nzambi'a Mpungu bue tele mu nsamu wau?

-Diangitukulu tumonanga mu Kongo nsi ya nsilulu.

Vo bo bavewa nsi bakuamusunuanga yo.

Bo balembua vewa yo i bau batominanga yo

Nge Tata Nzambi'a Mpungu bue tele mu nsamu wau?

-Nani wavambula makanda ye zindinga ye zi nsi

Keti ka I ngeye Tata Nzambi'a Mpungu ko'e?

Buabu tala luzolo luaku lueti vunzua muamu nza

Nge Tata Nzambi'a Mpungu bue tele mu nsamu wau?

-Kongo est devenu un marché des cochons et chiens

Qui continuent à camper sur la terre promise ! Croyant qu'ils sont les propriétaires, or les venants

Toi dieu tout puissant tu dis quoi à propos de cette affaire ?

-Nous nous étonnons de ce que nous voyons au Kongo la terre promise

Ses propriétaires souffrent constamment de lui

Ceux qui ne les sont pas tirent profit de ses biens

Toi dieu tout puissant tu dis quoi à propos de cette affaire ?

-Qui a partagé les peuples, les ethnies et les terres

Peut-être qu'un autre que toi Dieu tout puissant ?

Maintenant sur cette terre ta volonté est foulée au pied

Toi Dieu tout puissant tu dis quoi à propos de cette affaire ?

A partir de cette situation de crise présentée, une attente d'un nouveau monde paraît évidente où ce monde-ci sera renversé et revivra la réalité d'autrefois, période, où les Bakongo seront dans l'abondance. Cette attente devient en quelque sorte comme une rupture que ce mouvement prêche aux Bakongo en vue d'un "retour aux sources", qui commencera à chasser ces étrangers qualifiés des cochons et des chiens, appelé "sabala kia mfumu'a ndungunu" (le repos du seigneur de victoire).

Bika sabala kia mfumu'a ndungunu

Kia kulumuka buabu

Ye kulumuna ngitingila mu nsi i

Yina vaikisa bangulu ye bambua

Mu yinza dia Kongo

Kadi ntangu'a nsilulu yilungidi.

Que le repos du seigneur de victoire

Descende maintenant

Et amène le trouble sur cette terre

Qui fera fuir les cochons et les chiens

Sur la terre Kongo

Parce que le temps de la promesse est accompli.

L'examen de tous ces textes comme d'autres, montre qu'il ressort dans ce message le thème d'infériorité. Par ceci, nous pouvons dire que dans le Bundu Dia Kongo, les adeptes considèrent la société Kongo être sous l'influence, sous la domination étrangère et expriment leur sentiment de faiblesse devant une situation qui leur impose l'infériorité, c'est-à-dire la domination de la culture occidentale plus influente. Cette conscience de la faiblesse et d'un isolement sans espoir construit en eux l'angoisse et le complexe d'infériorité, crée en eux une revendication, une réclamation du Kongo auprès des "détenteurs", des ennemis qualifiés des cochons et des chiens.

Par contre, le fait de considérer leur terre comme étant terre promise et leur peuple comme élu, ce message stimule les Bakongo à une adhésion régénératrice et crée en eux cette fois-ci un complexe de supériorité face aux autres Noirs.

Ces textes chantés nous ont aussi présenté ce que nous avons appelé les trois vertus du ciel qui sont : "l'amour, la science et l'autorité". Ces mythèmes c'est-à-dire ces petites unités de discours mythiquement significatif présentent le message du Bundu Dia Kongo dans ces trois dimensions :

Le thème lié à l'amour est indiqué et mentionné pour "réparer" les pratiques de l'ennemi (rétablir l'unité au sein de tous les Bakongo que l'étranger avait séparé pour ses intérêts égoïstes), cette unité qui consiste à bannir les barrières ethniques au sein de tous les Bakongo ;

Le thème lié à la science fait mention de ce que le Dieu accordera à ses élus après s'être débarrassés des "autres dieux", après le rétablissement du règne de ce Dieu. Par cette science, le Bundu Dia Kongo attend de son Dieu la capacité aux Noirs à mieux tirer profit des ressources naturelles, à ériger des constructions industrielles permettant de fabriquer tous les objets fabriqués par les Blancs et occasionner le développement rapide de l'Afrique noire. Dans cette perspective, Muanda - Nsemi (N'longi'a Kongo) écrit que « Bundu Dia Kongo enseigne que l'Africain Nouveau du troisième millénaire doit se doter de la science moderne et de l'aspect positif de la sagesse traditionnelle Africaine ...sa mission est de former cet homme nouveau doté de cette science et la sagesse africaine »32(*)

Le thème lié à l'autorité montre qu'il y a un projet social dans le Bundu Dia Kongo. Ils veulent gérer non seulement leur structure, mais aussi leur société (Kongo). Ils attendent de Dieu la bonne gouvernance, celle de l'ancien royaume kongo. Par l'attente du salut, le Bundu Dia Kongo attend de Dieu le rétablissement de ces vertus que nous venons d'énumérer, cela montre qu'il aspire à un bien-être social à partir de la religion, un bien-être sur le plan économique, social et politique.

Ce mythe Bundu Dia Kongo créant un grand dynamisme au sein de cette association, peut se comprendre à partir d'une autre époque du même espace culturel, c'est-à-dire que ces aspirations sont avant tout observées à l'époque coloniale. L'arrestation de KIMBANGU et le procès de MATSUA avaient suscité une révolution au sein des Noirs notamment des Bakongo se sentant marginalisés et attendant de Dieu leur "salut", c'est ce qui pousse Georges BALANDIER, en faisant mention de cette révolution qui a abouti au messianisme, à écrire : « Il y'a non seulement aspiration à un mieux être, mais surtout reconnaissance du fait que l'accession à la puissance matérielle conditionne toute possibilité de progrès social et politique »33(*). Ceci veut dire que cette association met en exergue des aspirations liées à des fins sociales et politiques avec en tête deux variables : L'amour et le développement économique.

Par ses expressions qui présentent l'état du Kongo (Kongo est malade, Kongo est devenu un marché des cochons et des chiens), cette association considère le Kongo comme un malade qu'on doit traiter, c'est elle le médecin qui peut le guérir, le sortir de cette maladie dont les symptômes sont les conséquences de la domination étrangère. Il est malade parce que ses richesses sont dilapidées, ici les cochons et les chiens nous font penser à l'homme blanc (le colonisateur) qui exerce sa domination sur les colonisés. A ces deux expressions s'ajoute celle-ci : "Nous nous étonnons de ce que nous voyons au Kongo la terre promise, ceux qui sont propriétaires souffrent, mais ce sont ceux qui ne sont pas propriétaires qui en tirent profit et s'enrichit". Cette littérature, sur un substrat de résistance religieuse, vise non seulement les colons, mais aussi les autorités politiques en place. Bien que le Bundu Dia Kongo ne veut pas reconnaître l'indépendance de ces Etats, cette étiquette mise sur les colonisateurs colle bien aux autorités politiques de ces Etats. Cette attitude avait été observée par BALANDIER dans le ngunzisme en 1924, nous comprenons que le Bundu Dia Kongo a récupéré cette idéologie ngunziste et matsuanisme avec les mêmes objectifs (la libération du territoire par les étrangers).

A l'égard de ce qui précède, il convient de dire que le Bundu Dia Kongo en tant que religion apparaît comme un moyen d'expression des Bakongo se sentant dominés et vise à restructurer les valeurs et les traditions qui étaient celles d'avant la colonisation. En expliquant tout par la religion dont il est le garant, nous pouvons dire que le Bundu Dia Kongo se considère comme un lieu privilégié de discours contestataire afin de mobiliser les masses se sentant opprimées dans le domaine du sacré comme du profane. Son discours ayant expliqué la situation actuelle "d'oppression et de misère" (par comparaison à l'état antérieure où régnait la liberté et l'opulence), ayant justifié l'action de son chef spirituel (Muanda-Nsemi) en lui donnant une valeur sacrée34(*) et ayant prédit l'avènement d'une ère de bonheur et de perfection, c'est-à-dire étant apparu comme un mouvement de révolte à une situation d'oppression, il incarne le mythe messianique et, l'apparition du personnage de Muanda-Nsemi, identifié en héros culturel, équivaut à une re-création du royaume Kongo.35(*)

Conclusion

De cette étude portant sur la quête de l'identité culturelle Kongo par le Bundu Dia Kongo (B.D.K), nous nous sommes posé la question suivante : Pourquoi le Bundu Dia Kongo recherche t-il l'identité culturelle Kongo ? Autrement la quête de l'identité culturelle Kongo par le Bundu Dia Kongo n'envisage t-elle pas d'autres ambitions ?

Nous avons retenu comme hypothèse que le Bundu Dia Kongo (B.D.K) voudrait exercer une influence politico-religieuse dans la société en voulant, avant tout, réunir les Bakongo autour d'une même religion et en suscitant en eux la soif de retrouver les normes et les valeurs culturelles autochtones perdues lors de l'intrusion coloniale à partir de son message, ses rites et son unité linguistique. Son discours incarne le mythe messianique.

En tant qu'association à caractère religieux, le Bundu Dia Kongo s'est forgé une idéologie tout à fait particulière par rapport aux autres associations présentes dans le milieu "Kongo" qui pour la plupart sont syncrétiques, qui vise la recherche et la pérennisation de la culture ancestrale Kongo à travers elle les cultures noires africaines en s'appuyant sur le nationalisme et en mettant en exergue trois éléments de base : Les valeurs morales et spirituelles, la technologie moderne et la volonté politique.

De cette exploration sociologique, nous avons pu visualiser l'objectif de la quête de l'identité culturelle au sein du Bundu Dia Kongo qui se focalise essentiellement sur un discours (qui prône l'exaltation de la culture) d'espérance et de changement futur de l'état du peuple, tout en prônant l'exaltation de la culture qui suscite plus d'adhésion à cette association considérée comme la seule voie qui leur permet de retrouver les liens avec leurs ancêtres et le moyen par lequel le peuple noir en général et Kongo en particulier pourra se développer.

Ce discours d'espérance et d'attente de la libération du Kongo des mains des étrangers (les ennemis du Kongo) révèle la récupération du mythe messianique Kongo en particulier et congolaise en général pendant la période coloniale où ces révolutions menées étant pourtant politiques, s'appuyaient sur la religion. Le Bundu Dia Kongo qui est une association à caractère religieux a récupéré cette idéologie pour pouvoir agir dans la gérance de la cité.

Bibliographie

Ouvrages généraux :

- Georges BALANDIER : Sociologie actuelle de l'Afrique noire, Quadige/P.U.F 1982

- Jean François BAYARD : Religion et modernité politique en Afrique noire, Karthala 1993.

- Roger CAILLOIS : Le mythe et l'homme, Gallimard, 1972

- Hubert DESCHAMPS (Que sais-je ?) Les religions de l'Afrique noire, P.U.F 1970.

- Gilbert DURAND : Figures mythiques et visages de l'oeuvre, Berg international 1979.

- Gilbert DURAND : Les structures anthropologiques de l'imaginaire : introduction à l'archétypologie générale, Paris Bordas 1979.

- Mircea ELIADE : Aspects du mythe, Gallimard 1963.

- Madeleine GRAWITZ : Méthodes des sciences sociales, 9ème édition, Dalloz 1993

- JAFFRE (C) : L'Afrique aux africains : Le Nguzisme au Congo, Les Etudes, Paris 1934.

- KIMPIANGA MAHANIAH : La mort dans la pensée Kongo, Centre de vulgarisation agricole, Kinshasa, 1988.

- Abel KOUVOUAMA : MODERNITE AFRICAINE : Les figures du politique et du religieux, Paari 2001.

- Vittorio LANTERNARI : Les mouvements religieux des peuples opprimés, LA DECOUVERTE/MASPERO, Paris Ve 1983.

- Côme MANCKASA : Le chevalier de soyo (roman), Presse de la G.I.A, Dakar 1996.

- Willem MUHLMANN : Le messianisme révolutionnaire du tiers-monde, Paris Gallimard 1968.

- NGOMA-Ngambu : Initiation dans les sociétés traditionnelles africaines (le cas Kongo), P.U. Zaïre 1981.

- Martial SINDA : ANDRE MATSOUA : Fondateur du mouvement de libération du Congo, ABC 1977.

- Martial SINDA : Simon KIMBANGU : Prophète et martyr du Zaïre, ABC 1978.

- Louis Vincent THOMAS : Les religions d'Afrique noire, Stock, 1995.

- Source de mvila : Les enfants de Nzinga-kuwu.

- Paul POUPARD : Dictionnaire des religions L-Z, P.U.F, Paris 1993.

- QUEIROZ (Maria Isaura Pereira de) : Mythes et mouvements messianiques, Diogène, revue trimestrielle n°90, Gallimard Paris 1975.

Ouvrages collectifs :

- Abel KOUVOUAMA et Dominique COCHART-COST : "Modernités transversales" Citoyenneté, politique et religion, collection Germod, Paari 2003.

- P. Bonté, M. Izard : Dictionnaire de l'ethnologie et l'anthropologie, P.U.F, Paris 1991.

-Raymond QUIVY, Luc Van CAMPENHOUDT : Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod paris 1995.

- Robert. Dictionnaire de sociologie, Seuil 1999.

-L'Afrique et ses formes de vie spirituelle : Actes du deuxième colloque international Kinshasa 21-27 février 1983, Faculté de théologie catholique de Kinshasa.

- Cultures et Religion : Les religions africaines comme source des valeurs de civilisations. Colloque de Cotonou 16-22 août 1970, édition Présence africaine, Paris Ve 1972.

Articles, mémoires et thèses :

- Abel KOUVOUAMA : Messianisme et révolution au Congo, paris, Université Paris V 1978 (Thèse de 3ième cycle)

- BUAKASA Tulu Kia Mpansu : L'IMPENSE DU DISCOURS ?Kindoki? et ?Nkisi? en pays Kongo du Zaïre, Presses Universitaires du Zaïre, Kinshasa, 1980.

-TCHIGNANGA Dekossard-Pambou Félix : Les phénomènes des sectes religieux à Brazzaville, 1998, UMNG (mémoire)

- Casimir BATANTOU : L'imaginaire mythique de Jean Malonga d'après la légende  de M'PFOUMOU MA MAZONO in Jean MALONGA- Ecrivain congolais (1907-1985), l'harmattan, 1994.

- MULANGO Gwa : La religion traditionnelle des Bantou et leur vision du monde. Fac. Théo, Kinshasa 1980.

- Joseph TONDA : Pouvoir de guérison, guérison et pouvoir dans les églises "hors la loi" essai sur la production idéologique "du besoin de guérison" in le Congo aujourd'hui : figure le changement social Brazzaville F.L.S.H 1990 (article).

Articles de BUNDU DIA KONGO.

- MUANDA-NSEMI : La sagesse africaine éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1991.

- MUANDA-NSEMI : Le combat de Bundu Dia Kongo éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1998.

- MUANDA-NSEMI : Les ennemis de notre culture éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1993.

- MUANDA-NSEMI: Connaître Bundu Dia Kongo éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1998.

- MUANDA-NSEMI : L'authenticité et la religion éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1992.

- MUANDA-NSEMI : Le message de Bundu Dia Kongo éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1999.

- MUANDA-NSEMI : Réhabilité la culture africaine éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 1999.

- MUANDA-NSEMI : Kongo dieto, éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, 2002.

-NKUNGA MIA BUNDU DIA KONGO, éditions Mpolo Nguimbi, Kinshasa, Nguimbi.

Annexe

Glossaire

Eglise : (du latin populaire ecclesia emprunt au grec ekklesia), elle désigne l'assemblée des citoyens, dans le nouveau testament celle des fidèles36(*).

L'église est donc une société religieuse fondée par Jésus christ. Toute communauté chrétienne et tout temple chrétien s'appellent aussi église37(*).

Secte : (du latin sequi = suivre) selon l'étymologie erronée secare veut dire : Séparer, couper. La secte est le groupe minoritaire de la souche mère dont il s'est détaché. Toute secte au sens sociologique se veut église au sens théologique38(*).

L'église et la secte sont deux formes typiques de groupement religieux qui correspondent à deux visions opposées de la réalisation de l'idéal chrétien.

Etant donné que le Bundu Dia Kongo qui est le groupement religieux de notre étude repousse l'idéologie chrétienne, nous avons préféré parler des " Associations".

Religion : (du latin religio, dont l'étymologie est controversée depuis l'Afrique), est une forme d'organisation du croire qui se définit couramment soit à partir des contenus de croyances qu'elle véhicule, soit à partir des fonctions sociales qu'elle remplit, une autre approche met en avant le type particulier de légitimation que ce croire requiert.39(*)

Association : (du latin associare « joindre, unir » du radical latin socius « compagnon », ce terme, employé depuis le milieu du XVIIIème siècle, désigne l'action de se réunir durablement et par extension, tout groupement d'individus unis dans un but déterminé40(*).

Identité : (emprunt au bas latin identitas « qualité de ce qui est le même », ce terme, vient du latin Idem (le même), désigne ce dans quelqu'un se reconnaît et dans quoi les autres le reconnaissent. L'identité est toujours attachée à des signes par lesquels elle s'affiche de sorte qu'elle est à la fois affirmation d'une ressemblance entre les membres d'un groupe identitaire et d'une différence avec « les autres »41(*).

GUIDE D'ENTRETIEN

- Identification :

a- Sexe de l'enquêté :

-Féminin

- Masculin

b- Quel est votre niveau d'étude ?

c- quel est votre âge ?

d- Quelle est votre activité professionnelle ?

1- Quelle position occupez-vous dans le Bundu Dia Kongo ?

2- Pourquoi avez-vous adhéré au Bundu Dia Kongo ?

3- Qu'est ce que le Bundu Dia Kongo vous apporte de spécial ?

4- Quelle est son importance dans la société congolaise ?

5- Quel serait l'avantage si la majorité des kongo devenait membre ?

Table de matière

Page

Introduction 6

1ère partie : Présentation générale du cadre de l'étude 15

1. Aperçu historique du Bundu Dia Kongo 16

2. L'organisation du Bundu Dia Kongo 17

3. Le culte Bundu Dia Kongo 18

a. Le mythe Bundu Dia Kongo 21

b. Les rites Bundu Dia Kongo 24

Les rites de passage 25

Les rites initiatiques 26

4. Le Bundu Dia Kongo et le milieu Kongo 27

2ème partie : Présentation des résultats d'enquêtes et

Analyse et interprétation des données 30

A/ Présentation des résultats de l'enquête 31

1. Population d'étude 31

2. Données quantitatives relatives aux raisons d'adhésion et

l'apport du Bundu Dia Kongo aux adeptes 35

3. Données quantitatives relatives à l'importance du Bundu Dia

Kongo dans la société congolaise et les conséquences qu'il peut engendrer si la majorité des Kongo devient membre. 38

B/ Analyse et interprétation des données 43

1. Données qualitatives relatives à la population d'étude 43

2. Raisons d'adhésion et l'apport du Bundu Dia Kongo

aux adeptes 44

a. Raisons d'adhésion 44

b. L'apport du Bundu Dia Kongo aux adeptes 44

3. L'importance du Bundu Dia Kongo dans la société

congolaise et ses conséquences si la majorité des

Kongo devient membre. 45

a. L'importance du Bundu Dia Kongo dans la société

congolaise 45

b. Les conséquences qu'il peut engendrer si la majorité

des Kongo devenait membre 47

4. Les accents messianiques dans les textes dits, récités et

Chantés- analyse par la mythocritique 49

Conclusion 64

Bibliographie 66

Annexe 70

Glossaire 71

Guide d'entretien 73

Image de l'homme symbolisant la société Kongo 74

Image symbolisant les trois vertus de Dieu aux hommes 75

Table de matière 76

* 1 MANCKASA (c.) : Le chevalier de soyo, Presse de la G.I.A, Dakar 1996, P5.

* 2 Abel KOUVOUAMA : Messianisme et révolution au Congo, Paris, Université Paris V 1978, P.27.

* 3 Entretien avec les responsables de kimbanguisme

* 4 Abel KOUVOUAMA : Modernité africaine, les figures du politique et du religieux, Paari 2001 PP102-110.

* 5 Martial SINDA : ANDRE MATSOUA : Fondateur du mouvement de libération du Congo, ABC, 1977, P63.

* 6 Le Robert : Dictionnaire de sociologie, Seuil , Paris, 1999, P270.

* 7 DURAND (G) : Les structures anthropologiques de l'imaginaire: Introduction à l'archétypologie générale, Bordas, Paris 1979 P11.

* 8 Gilbert DURAND : Figures mythiques et visages de l'oeuvre, Berg international 1979, PP. 306-313.

* 9 MUANDA-Nsemi : La sagesse africaine, édition Mpolo Nguimbi, Kinshasa, P4.

* 10 op. cit. P6.

* 11 MUANDA-Nsemi op. cit. P6.

* 12 D'après le message de Bundu Dia Kongo.

* 13 DURAND (G) : A propos du vocabulaire de l'imaginaire...in Recherches et TRAVAUX, n°15, 1975.

* 14 Mircea ELIADE : Aspects du mythe, Gallimard 1963, P30.

* 15 Entretien avec les responsables du Bundu Dia Kongo.

* 16 Entretiens avec les adeptes de Bundu Dia Kongo.

* 17 THOMAS (L. V) : Les religions d'Afrique noire, stock, 1995, P 66.

* 18 Op. cit. P. 75.

* 19 ELIADE (M) : Op. cit. P91.

* 20 Le Robert, Dictionnaire de sociologie, Seuil 1999, P460

* 21 Source de mvila, les enfants de Nzinga- kuwu P180.

* 22 Le Robert, Dictionnaire de Sociologie, Seuil 1999, P. 184.

* 23 Encyclopedia universalis. France S.A 1996, P506

* 24 MUANDA-Nsemi : le combat de Bundu Dia Kongo, Mpolo ngimbi, Kishasa.

* 25 G. DURAND : Figures mythiques et visages de l'oeuvre, Berg International, 1979, P. 156.

* 26 op. cit. P. 2

* 27 M. Panoff, M. Perrin : Dictionnaire de l'ethnologie, Paris Payot P. 189.

W.E. Muhlmann : Messianismes révolutionnaires du tiers-monde, Paris guallimard, 1968, P.11.

* 28 KOUVOUAMA (A) : MODERNITE AFRICAINE les figures du politique et du_ religieux. Paari 2001, P110.

* 29 Maria Isaura Pereira de QUEIROZ : Mythes et mouvements messianiques, Diogène, revue trimestrielle n°90, Gallimard, Paris 1975. PP 90-91.

* 30 Le Combat de Bundu Dia Kongo, op. cit. P3.

* 31 Prédication suivie pendant les cultes Bundu Dia Kongo

* 32 Muanda - Nsemi : op. cit. P 4.

* 33 Georges BALANDIER : Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Quadrige/PUF 1982 P.441.

* 34 KOUVOUAMA (A) : Messianisme et révolution au Congo, Paris, Université Paris V, 1978, P 111.

* 35 ELIADE (M) : Aspects du mythe, Gallimard, 1963, P 92.

* 36 Robert, dictionnaire de sociologie, édition seuil 1999, P176

* 37 Dictionnaire Larousse 1 à 9, 1963

* 38 Paul POUPARD : Dictionnaire de religions L-Z édition PUF, Paris 1993 P1843.

* 39 Robert op. cit. P447.

* 40 Ibid. P40.

* 41 Ibid P264






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo