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Prévision prospective du taux de change IATA (Association Internationale du Transport Aérien)

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par El Mehdi JEDDOU
Université Cadi Ayyad Maroc - Master spécialisé en management financier de l' entreprise 2010
  

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2.1.3. Les enjeux commerciaux:

Les enjeux commerciaux découlent d'une part de la transition du secteur vers une phase de maturité, d'autre part, de l'arsenal des pratiques commerciales qui permettent aux plus grands transporteurs aériens de renforcer la position commerciale dominante que leur confère déjà leurs réseaux bien organisés, assurant directement ou par des accords ad hoc une couverture nationale, régionale et mondiale exhaustive. De ce fait, il pourrait résulter une concurrence entre des groupes de compagnies mois nombreux, mais plus importants, sur des marchés internationaux matures Ou en phases différentes de croissance grâce à leurs réseaux de plus en plus vastes.

Dans ce contexte comment les compagnies aériennes (grandes, petites et moyennes) arriventelles à concilier les luttes concurrentielles en se différenciant à tout prix, par des politiques d'alliance et de coopération, sachant que les unes et les autres prennent des formes nouvelles avec des enjeux différents ? C'est ce qui sera analysé dans cette section, en examinant les enjeux de la forme nouvelle de la concurrence et ceux des politiques d'alliance et de

72 D'après Jacques Friedman, article « La privatisation est un moyen d'assurer la croissance et d'accroitre l'emploi», in Journal « Le Monde » du 18 février 1994, p. 15.

coopération.

2.1.3.1. Les enjeux d'une nouvelle forme de concurrence :

La lutte concurrentielle qui découle de l'évolution technologique et réglementaire du transport aérien se caractérise par son champ d'application et sa nature.

2.1.3.1.1. Le champ d'appellation de la concurrence :

Si le transport aérien connait actuellement deux vitesses, celle des compagnies aériennes nationales protégées par des accords bilatéraux traditionnels, et celle des compagnies aériennes des pays libéraux, ceci n'a pas empêché une lutte concurrentielle globale ; touche à la fois les services réguliers et non réguliers sur les parcours internationaux en général et sur les trois principaux pôles de demande (Amérique du Nord, Europe et Asie) en particulier.

Aussi, la montée des compagnies aériennes asiatiques et la croissance du trafic aérien touristique vers l'Asie de l'Est et le Pacifique d'une part et, la saturation de marchés intérieurs américains et européens d'autre part font que les liaisons aériennes du Transpacifique Nord et Centre et de l'Atlantique Nord ainsi que celles entre l'Europe et l'Asie, constituent l'enjeu fondamental des marchés de transport aérien international.

En effet, on sait que les liaisons régulières entre l'Amérique du Nord et l'Asie représenteront 21,6 % du trafic régulier international à la fin du siècle alors que l'Atlantique Nord ne représentera que 16,8 %.

En général, la lutte concurrentielle amènera une concentration des services aériens sur toutes les lignes à fort trafic au détriment de la desserte des petites localités. Cette concentration sera l'uvre de « mégacompagnies» aériennes dont chacune disposera d'un vaste réseau de lignes internationales qui, après un processus d'intégration et donc une compression des coûts, sera d'après Richard de Neufville73, à la fois efficace et maître dans l'art d'occuper tous les créneaux commerciaux, cette évolution va présenter un risque réel pour les compagnies aériennes des pays en voie de développement. Jamais auparavant elles n'auront eu à affronter des adversaires aussi puissants dont la concurrence change de nature.

2.1.3.1.2. La nature de la concurrence :

Il s'agit, rappelons-le, d'un nouvel oligopole plus efficace que l'ancien où les blocs opèrent

73 Article : les leçons de l'expérience américaine. In Revue ITA Magazine, n°44, janvier 1987, p. 7.

face à face et où la loi du plus fort l'emporte. La concurrence y est rendue presque impraticable tant par ses conditions que par les moyens mis en place.

2.1.3.1.2.1. Les conditions de la concurrence : Les conditions ne sont ni équilibrées ni loyales.

- Elles ne sont pas équilibrées parce que les compagnies aériennes opèrent avec des forces et dans des conditions de droit de trafic inégales.

* Pour les forces, on sait que le mouvement de privatisation et de participations étrangères renforce cette situation de concurrence entre les compagnies aériennes constituées de plus en plus de groupes forts.

* En ce qui concerne l'exploitation des droits de cabotage et de 5ème liberté on peut citer les relations entre les USA et l'Europe74.

En matière de droits nus (c'est-à-dire les droits.de desservir par un même vol plusieurs points de différents territoires, sans droits commerciaux entre eux), les Etats-Unis disposent pratiquement partout de toutes les possibilités, auxquelles s'ajoutent les flexibilités d'itinéraire (inversion des points sur les routes agréées, omission de points, etc.).

Ce type d'avantages assure le remplissage maximum des avions ; les droits nus sont souvent supérieurs aux 5èmes libertés puisqu'ils permettent d'exploiter plusieurs marchés sur un même vol. Cette facilité ajoutée aux droits de trafic intra-européen, constitue un remarquable avantage donné aux compagnies américaines sur le marché européen et leur permet la création de << hubs>> (sauf si des restrictions sont décidées, à titre de réciprocité une fois la libéralisation du transport aérien devenue totale en Europe dès 1997).

- D'autre part, les conditions ne sont pas loyales à cause de certaines pratiques commerciales des compagnies aériennes les plus fortes. Parmi ces pratiques, on peut citer à titre d'exemples :

74 En effet, les compagnies américaines ont pratiquement tous les droits de 500 liberté à l'intérieur de l'Europe les opportunités comparables pour les Européens soit n'existent pas (droits de cabotage refusés par les Etats-Unis), soit apparaissent très !imités. A titre d'exemple, la totalité des 5ème libertés intra-européennes ont été accordées par la Belgique, la Finlande, l'Allemagne, l'Islande, les Pays-Bas, les pays Scandinaves, la Turquie, la Suisse, la Yougoslavie sur leurs principaux << gateways >> (c-à-d aéroports d'entrées pour les autres pays d'Europe), ce sont les 5èmes libertés intra-européennes les plus importantes pour les compagnies américaines.

* Les conditions de concurrence sur l'Atlantique Nord où 70 %75 du trafic en passagers est à l'avantage des compagnies aériennes américaines (cas des lignes desservant la France et l'Allemagne). <<Pour les compagnies européennes, elles réalisent 30 % de leur activité sur leurs lignes transatlantiques contre à peine 11 %76 pour les compagnies américaines >>77.

* Un autre exemple de cette concurrence non loyale est donné par les contraintes d'octroi de slots (horaires) pour le << handling>> des vols des compagnies concurrentes tel que demandé par ces dernières ; et ce dans le but de faire perdre les correspondances à leurs clients.

* Il en est de même pour le refus des droits de desservir un aéroport au lieu d'un autre dans une même ville. Cette discrimination est souvent en rapport avec l'accès au marché78.

Cette nouvelle forme de concurrence essentiellement par les tarifs ou par les <<slots>> n'est pas juste ; elle se généralise d'ailleurs dans les autres régions du monde, accompagnée d'autres moyens concurrentiels mis en place par les grands ensembles de compagnies aériennes.

2.1.3.1.2.2. Les moyens concurrentiels mis en place :

Outre la gamme des tarifs réduits, gérée par des systèmes informatiques dans un souci d'optimisation des revenus (Yield management), la dynamisation de réseaux principaux et régionaux (de lignes) en étoiles (hubs and spokes), ainsi que la création de systèmes informatisés de réservation et des programmes promotionnels de fidélisation des passagers (FFP) constituent des armes concurrentielles que les grandes compagnies aériennes internationales du Nord utilisent à leur avantage. Dans cette utilisation les grandes compagnies arrivent à fausser le jeu de la concurrence dans une perspective beaucoup plus globale, et ce en manipulant, tant que possible les moyens précités.

2.1.3.1.2.2.1. La gestion des revenus (le yield management) :

Un bonne gestion des revenus découle d'une bonne manipulation des tarifs de haute

75Bernard Attali, ex-PDG d'Air France, in <<Vers des ciels ouverts>>, communication faite lors du 7ème symposium IATA au Caire, 1993, sur le Thème : A New World Order for Aviation-Breaking New Frontiers.

76 Le Figaro du 05 octobre 1992, p.12 : La bataille de l'Atlantique Nord. c'est-à-dire que les 70 % du trafic réalisé sur l'Atlantique Nord par les Américains ne représentent que 11 % de leur activité.

77 Le prix du billet étant l'arme essentielle de la concurrence, les compagnies américaines ont été les premières à casser les prix lorsque American Airlines a réduit ses tarifs de près de 40 %, suivie par deux autres compagnies aériennes américaines ; leurs concurrents européens contraints et forcés, ont dû agir de même, mais l'enjeu est considérable pour ces derniers étant donné le poids du trafic réalise par chaque bloc des deux côtés de l'Atlantique sur cette liaison.

78 Exemple : Paris-Orly demeure une grande plaque tournante du trafic intérieur français contre Paris-Charles de Gaulle qui relie généralement les liaisons internationales et exceptionnellement celles-ci avec les liaisons domestiques, pour quelques compagnies aériennes françaises.

contribution (HC) et de basse contribution (BC) en fonction de leur demande sur chaque classe par ligne, par saison et par jour et heure d'opération ; cette gestion quotidienne est l'uvre des salles de marché créées généralement par les grandes compagnies aériennes elle permet par expérience de contrôler à la vente les derniers sièges disponibles dans chaque classe sur une ligne jusqu'à un certain délai avant le départ du vol.


· La manipulation tarifaire :

La nouvelle forme de concurrence, par les tarifs bas, trouve son explication dans l'évolution même du secteur de transport aérien en phase de transition. Dans cette phase, d'après Michael E. Porter79, le ralentissement de la croissance signifie que la lutte pour une part de marché s'intensifie ; les transporteurs aériens vendent de plus en plus à des clients qui renouvellent leurs achats et sont expérimentés ; la lutte tend souvent à mettre plus l'accent sur les coûts, donc sur les tarifs et les services ; les méthodes de production, de distribution et de vente subissent souvent des transformations ; le pouvoir de négociation des clients augmente et les profits pendant cette phase de transition diminuent, parfois de façon temporaire, parfois de façon permanente.

En effet, les compagnies aériennes se focalisent actuellement davantages sur le trafic pour améliorer les parts de marchés et le coefficient de remplissage.

Cette focalisation sur le trafic est liée aux perspectives quantitatives de développement du transport aérien qui sont actuellement beaucoup plus prudentes que ce qu'elles étaient jusqu'aux années 1980 ; elle est liée également au problème des surcapacités offertes ; ces surcapacités n'étant pas d'ailleurs stockables, incitent à la tarification marginale qui habitue les clients à plus négocier avec les compagnies aériennes80, cette tarification (marginale) nuit cependant aux autres compagnies aériennes dont les coûts sont moins avantageux et dont le gestion des revenus n'est pas assurée par ligne.

Aussi, étant donné que les coûts marginaux sont très bas dans le transport aérien, et la recette marginale presque identique81 au profit marginal, des guerres tarifaires ruineuses en résultent ; dans ce cas seules les compagnies aériennes les plus résistantes financièrement et sachant manipuler les tarifs, peuvent gagner à la longue.

79 T. Loilier et A. Tellier (eds.), « Les grands auteurs en stratégie », EMS, 2007.

80 Le pouvoir d'achat est ainsi transféré aux consommateurs.

81 René Lapaurre ex : PDG d'UTA, Article : « les limites de l'économie concurrentielle dans les transports. In Revue ITA magazine n° 46, novembre 1987, p. 6.

En général, la manipulation tarifaire est à l'avantage des grandes compagnies aériennes, notamment sur les lignes aériennes entre pays riches où les coûts et les tarifs sont les plus bas à l'inverse des relations entre pays pauvres où les tarifs sont plus élevés (à cause des faibles coefficients de remplissage).


· La création des salles de marchés :

Les salles de marchés, écrit F. Vellas82 sont devenues à partir de l'expérience des grandes compagnies américaines, une des bases essentielles du fonctionnement actuel du marché du transport aérien. En apparence, les salles de marchés peuvent être semblables à un service de réservation ; mais en réalité leur but est différent ; elles sont chargées de définir et de contrôler leur «Yield», c'est-à-dire, rappelons-le, d'optimiser leurs recettes par vol tout en surveillant leurs grands courants de trafic.

La progression des taux de remplissage effectifs des vols devient cependant: le but principal tout en optimisant les recettes. Cette optimisation se fait par l'orientation de chaque client vers les tarifs les plus élevés possibles en fonction de ses contraintes. Les grandes compagnies aériennes ont ainsi réussi à reconstituer après plusieurs années un système de ségrégation tarifaire « en temps réels » relativement impénétrable par les concurrents.

Par ailleurs, les compagnies aériennes se heurtent au problème des réservations multiples (sur plusieurs vols pour un même passager) et des réservations annulées par les agences de voyages après défection du passager. Ceci a des répercussions sur la gestion des lignes.

Les salles de marchés limitent cependant les réservations inutiles en rendant le marché plus transparent pour améliorer la commercialisation réelle des vols. A ce titre, un vol doit se vendre à la réservation plus d'une fois pour obtenir un coefficient de remplissage satisfaisant. Il s'agit alors de faire régulièrement avant la date du vol des points rigoureux des réservations passées, pour les clients individuels aussi bien que pour les allotements83.

Ce nouvel outil de contrôle du marché doit permettre de renforcer le fonctionnement de ce dernier par une meilleure information des compagnies aériennes. Il conduit cependant à renforcer également les inégalités entre les grandes compagnies aériennes (qui peuvent créer des salles des marchés) et les petites et moyennes compagnies qui n'y ont pas accès faute de

82 « Le Transport Aérien », p.86, ibid.

83 Il s'agit d'un ensemble de places attribuées à l'avance à une agence de voyage ou à un Tour Opérateur (T .0) sur un vol déterminé pour développer sa clientèle.

moyens ; ce qui pourrait être le cas aussi avec les systèmes informatisés de réservation (SIR).

2.1.3.1.2.2.2. La place des systèmes informatisés de réservation (SIR) dans le marketing :

On sait que les SIR et particulièrement les GDS (Global distribution System) permettent, à un agent de voyage ou un bureau de vente directe de la compagnie aérienne, de disposer, à partir d'un seul terminal de l'accès en temps réel à toutes les compagnies aériennes et à toutes les sociétés de services qui ont choisi de vendre leurs services par l'intermédiaire de ces réseaux. Faisant appel aux systèmes propres à chaque compagnie aérienne, ces réseaux sont devenus des outils de distribution essentiels pour le marché du transport aérien dans lequel les modifications d'horaires et de tarifs sont fréquentes.

On sait également que les compagnies aériennes, notamment nord-américaines et européennes qui contrôlent les grands systèmes, peuvent être tentées de présenter en priorité les informations qui avantagent leurs propres réseaux84. Il en résulte une concurrence très vive à ce niveau et des coûts exorbitants d'exploitation85.

Au-delà des problèmes de coûts d'exploitation et de biaisage des affichages, l'accès à des éléments détaillés de réservation, associé à l'utilisation de techniques modernes de gestion de la recette unitaire, a joué un rôle important sinon essentiel dans la résistance des grandes compagnies aériennes notamment américaines, à la concurrence de nouvelles compagnies aux prix de revient inférieurs.

- La dynamisation des « hubs » :

L'enjeu de la dynamisation des hubs est évident. En s'assurant le contrôle plus ou moins absolu de certains « hubs », grâce à une part prédominante de trafic et notamment par la disposition de créneaux d'atterrissage (slots) aux heures de pointe les plus convoitées, d'aérogares privatives, de hangars, de banques d'enregistrement et de services divers, les

84 C'est à ce titre que le transporteur propriétaire du GDS peut tirer avantage en favorisant ses ventes en jouant notamment sur l'ordre d'apparition de ses vols à l'écran. On estime a 90 % des ventes, celles des agences de voyage sur vols affichés tes premiers sur les écrans.

85 Compte tenu des coûts d'exploitation extrêmement chers, seules les compagnies les plus importantes peuvent faire face au montant de l'investissement nécessaire qui se chiffre à des centaines de millions de dollars. En fait, les mégas transporteurs eux-mêmes trouvent trop élevées les sommes impliquées et sous amenés à former des groupements non concurrents de compagnies aériennes (ayant les mêmes problèmes) pour lancer de nouveaux systèmes. Il semble qu'il n'y ait que peu de place pour les petits transporteurs à l'intérieur de ces groupements. Ainsi Amadéus, Worldspan et Abacus par exemple sont convenus de s'interconnecter en 1993 pour développer une position de force sur le marché mondial de distribution et y commander l'accès direct au maximum de clientèle. (Cf. étude 1ATA, volume 17 novembre / 2005, p. 1501.

grandes compagnies aériennes poursuivent l'objectif de conforter leur autoprotection86.

Bien entendu, ces compagnies ne peuvent s'en réjouir qu'en possédant un puissant marché national ; c'est le cas aux Etats-Unis par exemple. Les compagnies aériennes autres que les américaines et celles de l'Union Européenne doivent souffrir de la faiblesse de leur marché domestique ; par contre, le marché domestique américain de transport aérien permet désormais aux méga-transporteurs des Etats Unis de se lancer à l'assaut du marché international ; ce dernier, qui était de l'ordre de 20 %87 du marché total des compagnies américaines en 1987 constitue un trafic d'apport particulièrement convoité. C'est à ce titre que le phénomène du «hubbing» modifie fondamentalement l'avenir des aéroports régionaux choisis pour devenir de nouvelles plaques tournantes dont l'essor extraordinaire s'est produit aux dépens de certaines plates-formes traditionnelles. La raison en est que les hubs (potentiels) sont au centre de leur marché, et peuvent faire face à une expansion considérable pour que les correspondances soient assurées avec efficacité en synchronisant les arrivées et les départs des vols ; comme le «hubbing» augmente considérablement le trafic, en drainant des courants (de trafic) non naturels, il s'en suit que le «hub» potentiel doit être sous-utilisé par rapport à sa capacité, Dans l'ensemble, les compagnies aériennes utilisent les «hubs» comme points de correspondance plutôt que comme points de destination. A ce titre, plus de 50 % du trafic enregistré sur les plaques tournantes des Etats-Unis est un trafic de transit ; ce taux approche 75 % pour certains aéroports américains.

Etant donné que le marché américain approche le stade de maturité88, il est vital pour les mégacompagnies constituées aux Etats-Unis de se tourner vers les grands marchés internationaux et en particulier vers l'Europe et l'Asie ; leurs énormes ressources financières, leurs réseaux continentaux de lignes d'apport et leurs coûts réduits leur assurent des avantages décisifs par rapport à leurs concurrents. Aussi, pendant que les Etats-Unis demandèrent l'ouverture des marchés internationaux, leur politique n'inclue pas le marché domestique américain (comptant pour 40 % de la demande mondiale) ; et de ce fait les compagnies aériennes étrangères n'accèdent qu'a une vingtaine de « gateways» américains pendant que les compagnies aériennes américaines dominent par leur système de «hub and spoke»; ce dernier

86 On sait qu'en tentant de se bâtir ainsi les niches écolo-économiques ces compagnies substituent à l'« interlining» traditionnel (coordonné par l'IATA), un vaste réseau avec correspondances sans que le passager ait à changer de compagnie ni à s'occuper de ses bagages.

87 J. Villiers, p. 26, ibid

88 En principe, un marché atteint le stade re la-maturité dès lors qu'il progresse au même rythme une le Pin .selon les prévisions aux USA, le trafic intérieur devrait augmenter de 4,1 à 4,4 % par an d'ici la fin du du siècle alors que le PIB devrait augmenter de 2,5% (OCDE, « le transport aérien international, les enjeux de demain », p. 32, op. cit.

relie leurs réseaux internationaux avec leurs réseaux domestiques et permet d'accéder tous les principaux gateways (une cinquantaine en Europe par exemple). Pour les contrer, plusieurs alliances transnationales de compagnies aériennes européennes ont vu le jour avec des partenaires américains domestiques89.

Aussi, certaines grandes compagnies aériennes d'Europe et d'Asie, sensibilisées à la concurrence, acceptent les avantages du «hubbing>>. Celles qui sont parvenues à se mettre d'accord sur une politique de collaboration et de rationalisation des coûts et qui ont des tendances libérales et des capacités aéroportuaires disponibles (cas de KLM à Amsterdam et British Airways à Londres) sont les candidats les mieux placés pour faire face au défi américain. Ce dernier devient cependant le catalyseur d'une évolution similaire dont les enjeux restent considérables, notamment pour les compagnies aériennes des pays du tiers-monde. Celles-ci perdraient des parts de marché au fur et à mesure que la libéralisation du transport aérien est exportée de fait par les compagnies aériennes du Nord à tendance libérale.

On pourrait citer à titre d'exemple les compagnies aériennes Latino-américaines qui ont subi les pertes sur l'Atlantique Nord. De 1989 à 1991, leur part de marché est passée de 52 % à 45 %90 ; les raisons se trouvent en partie dans leur fragmentation et dans la concurrence livrée par des compagnies aériennes européennes (cas d'Ibéria) et par des compagnies américaine91.

C'est ainsi, qu'en dehors de toute logique économique parfois, les compagnies aériennes du Nord transposeront dans les pays voisins les concepts appliqués chez eux, c'est-à-dire la recherche d'objectifs de parts de marché pour alimenter92 leur réseau propre à partir d'un ou plusieurs «hubs>>. Les mérites relatifs à ces «hubs>> sont à ajouter à ceux des programmes de fidélisation décidés selon la taille du réseau dans cette nouvelle dynamique concurrentielle.

- L'évolution des programmes de fidélisation des passagers :

Depuis la mise en place d'un outil informatique puissant facilitant à American Airlines le lancement, la première, d'un «fréquent flyer system>> (F.F.P) permettant à ses passagers fidèles de bénéficier d'avantages et de réductions sur ses propres lignes, les grandes compagnies aériennes se sont mises à proposer des services analogues. En se généralisant ainsi, notamment sur les réseaux des grands transporteurs aériens nord-américains, européens

89 Quelque exemple sur tableau 12 ci-après.

90 Mead Jenning : Winning their Share Back. Revue Airline Business, p. 29, mars 1993.

91 Ces dernières profitent du trafic de 5ème liberté en opérant dans ce cas sur le «hub>> de Miami.

92 Dans ce cas le coût de l'acheminement du passager est plus élevé que la quote-part tarifaire qui en résulte.

et asiatiques, le «F. F.P» revient à proposer des réductions systématiques et donc à faire baisser la recette unitaire. Dans ce domaine, seuls les novateurs, les premiers, ont bénéficié de l'attrait du système93.

D'une manière générale, l'adaptation aux besoins de la clientèle se fait actuellement plus par les prix et les avantages annexes que par les produits. Les avantages du FFP, réservés d'abord aux passagers payant le plein tarif, donc de haute contribution (HC), ont été ensuite offerts aux voyageurs achetant des billets à tarifs réduits. On peut citer à titre d'exemple, des clients des Tours Opérateurs français, achetant un billet Paris-Los Angeles ou San Francisco à moins de 3.000 francs français aller-retour (600 USD) à qui on aurait offert en plus d'autres avantages.

Pour fidéliser davantage les clients, certaines grandes compagnies aériennes à réseau complémentaire offrent conjointement un FFP commun94.

Cette nouvelle arme concurrentielle, ajoutée aux autres, ainsi que les innovations sur les produits et les moyens promotionnels à la portée des seules grandes compagnies aériennes en général, font qu'une grande part des marchés est captivée sur les vols de ces dernières au détriment des compagnies aériennes moins novatrices et moins coopérative.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote