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Politique de l'enseignement universitaire en République Démocratique du Congo (1947-1993)

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par Aurélie Maketa
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

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D. Les causes de la baisse du niveau universitaire

Pour nous, trois causes principales peuvent être identifiées. Il s'agit d'abord des conditions déplorables auxquelles étaient soumis les enseignants. Ensuite vient la baisse de rigueur dans les critères de sélection des étudiants et enfin il y a le manque de moyens logistiques.

- La situation des professeurs est extrêmement difficile durant cette période, car leurs conditions de travail, au fil des ans, ne cesseront de se détériorer. Leur salaire devient de plus en plus dérisoire, parfois même, ils ne sont pas payés tous les mois155. L'Université s'est retrouvée dans des moments où c'est bénévolement que

153 GILLON, L. (Mgr), Servir en actes et en vérité, Kinshasa, C.R.P, 1995, p. 177 : La raison pour laquelle nous donnons cet exemple, est que même si nous ne sommes pas d'accord avec lui, force nous est de constater du moins que son argument est louable.

154 DIBWE, D. - NGANDU, M., « De l'Université Officielle du Congo-belge et du Ruanda-Urundi à l'Université de Lubumbashi : la mémoire d'un peuple » dans L'Université dans le devenir de l'Afrique. Un demi siècle de présence au Congo-Zaïre, Bruxelles-Paris, CUD - L'Harmattan, 2007, p. 149

155 TSHISHIMBI, E., « Politisation ethnicisation des libertés académiques sous la deuxième République au Congo-Kinshasa » dans Universités et libertés académiques en République Démocratique du Congo, Dakar, CODESRIA, 2005, p. 55 : « A partir de 1980, le professeur qui, touchait l'équivalent de plus ou moins 1000

les enseignants travaillent156. Cette situation aura des conséquences extrêmement fâcheuses sur la qualité de l'enseignement.

Tout d'abord, l'enseignant pour pouvoir vivre, devait trouver un emploi extrauniversitaire157. Cela implique donc une disponibilité moins grande pour le travail académique. Parfois lui-même n'avait pas le temps de venir travailler à l'université et abandonnait son cours à ses assistants, qui gère cela à leur entendement158.

Le professeur n'a plus le temps de se remettre à jour sur le plan scientifique car il a d'autres préoccupations que celle qui consiste à faire de la recherche. Cela implique, que l'on remarque que pour certains enseignants, malgré le progrès de la science, le contenu du cours ne change pas. A cette indisponibilité physique, s'ajoute une autre raison expliquant l'impossibilité d'assurer cette mise à jour, c'est le manque de supports scientifiques valables.

Le manque de rémunération des professeurs fait aussi que nombre d'entre eux se lancent dans une certaine forme de corruption, qui privilégie les étudiants fortunés au détriment des étudiants doués : la réussite aux examens étant assurée par l'achat d'un syllabus ou d'un TP et non par la compréhension de la matière enseignée et la réussite effective aux épreuves.

- Du coté des étudiants, le problème se pose tout d'abord au sujet des critères de sélection qui sont imposés par la réforme, désormais en lieu et place des examens d'entrée à l'université, les recrutements se feront en respectant un certain quota régional. Ce quota se définissait de la manière suivante « on attribuait à chaque province un quota d'admission à l'enseignement supérieur et universitaire proportionnel à son poids démographiques »159. Cela implique donc que si un

dollars, va toucher désormais moins de 100 dollars. Nombreux seront sans logement, sans transport. Ils devront faire face aux multiples aléas de la vie pour lesquels ils n'ont pas d'argent ».

156 NGUB'USIM, R., Op. Cit., p. 224 : Il s'agit de l'année académique 1992-1993 157TSHIBIMBI, E., Art. Cit., p. 56 : il parle d'« extra muros ».

158 MABIALA, P., « Les indicateurs de la permanence de la crise à l'Université » dans L'Université dans le devenir de l'Afrique. Un demi siècle de présence au Congo-Zaïre, Bruxelles-Paris, CUD - L'Harmattan, 2007, p.247 : l'absentéisme des professeurs entraine la négligence dans la transmission des connaissances. Des cours préparés sans concentration sont souvent transmis de façon décousue. Le professeur interrompt parfois brusquement son cours, se rappelant qu'il doit aller assister à une réunion de service en dehors de l'université. Les cours sont parfois confiés à des chefs de travaux ou à des assistants qui enseignent parfois des choses contradictoires.

159LUSAMBA, J., « La politisation de la gestion des ressources humaines dans l'enseignement supérieur et universitaire en République démocratique du Congo : cas du système de quota régional » dans Universités et libertés académiques en République Démocratique du Congo, Dakar, CODESRIA, 2005, p. 130

élément intéressant se trouve être l'un de ceux de trop d'une région dont le quota est atteint, on lui préfèrera l'incompétent de la région dont le quota n'est pas encore atteint ou plus simplement que certains élèves brillant venant de provinces dont le quota était atteint, se voyaient exclus au profit d'élèves médiocres venant des régions dont le quota n'était pas encore atteint.

La culture de l'excellence dans la sélection des étudiants n'est plus de mise, et à coté de cela, malgré la surpopulation des établissements, en 1982 l'arrêté ministériel du 5 juillet abrogea la condition d'avoir réussi aux examens de fin du secondaire avec au moins 60% pour pouvoir intégrer l'enseignement universitaire160. Cela baissa encore le niveau des universitaire d'un cran et entraina par la même occasion un gonflement de l'effectif des étudiants dans des universités qui, n'ayant ni amélioré ni agrandi leurs infrastructures n'avaient plus la capacité de les accueillir tous.

- Le manque d'infrastructures adaptées : en effet, on retrouva dans des auditoires prévus pour 100 places, parfois, jusqu'à 500 étudiants. Il en résulte des cours qui se donnent dans des conditions impossibles, avec des étudiants qui écrivent par terre et d'autres qui restent dehors. Cela ne favorise pas une compréhension réelle des matières enseignées. Beaucoup pour palier à cette carence de compréhension, on donc recourt soit à la corruption, facilité par les difficultés dans lesquelles se trouvent les professeurs, ou même à l'utilisation de mercenaires, pour faire les examens à leurs places.

A coté de cela, avec la suppression de certaines subsides, scientifiquement les universités ont du mal à se maintenir dans la course internationale à cause du manque d'infrastructures qui au fil du temps se sont de plus en plus détériorées, et ensuite à cause du manque de financement des bibliothèques universitaires, ou des laboratoires. L'un des reproches que Mgr Tshibangu fait à la réforme, est d'avoir emmené à l'insuffisance de l'infrastructure générale et des équipements scientifiques faute de budget. C'est grâce à des accords de coopération, que l'Université arrivait désormais difficilement à s'approvisionner en livres et à faire fonctionner ses bibliothèques. Cela emmène à une impossibilité pour les professeurs ou les étudiants d'avoir accès aux grands réseaux du savoir international161. L'incongruité du budget n'autorise plus à s'abonner à des revues

160 NGUBU'USIM, R., « Gestion et financement des universités congolaises: expérience de « sauvetage » et « partenariat » à l'Université de Kinshasa » dans Congo-Afrique, XXXXéme année-n°345, mai 2000, p.. 297

161 NDAYWEL, I., Op. Cit., p. 125 : Ces parole du recteur honoraire Musinde « L»Université de Lubumbashi, comme les autres universités congolaises, [...] s'est repliée sur elle même, faute de moyens financiers, elle ne peut plus rayonner ni entretenir une coopération interuniversitaire en partenaire responsable »

scientifiques ou à recevoir les derniers ouvrages. Les recherches en elles-mêmes deviennent impossibles, faute de documentation et cela se ressent dans les travaux scientifiques qui deviennent de plus en plus difficiles à réaliser162.

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