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Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto- Novo

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par Sebastian Peà±a Marin
Université de Poitiers - Master II migrations internationales: conception de projets en coopération pour le développement 2011
  

Disponible en mode multipage

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Sebastian Peña Marin

RAPPORT DE STAGE

ETUDE COMPARATIVE SUR LES

PRATIQUES DE COOPERATION

DECENTRALISEE DE LA VILLE DE

PORTO-NOVO

Master 2 : Migrations internationales : conception de projets en
coopération pour le développement

Juillet - octobre 2011

Dédicace

A mon père, Pablo Omar Peña Peres

Je dédie ce travail,

S.P

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Remerciements

Mes plus profonds remerciements à Mademoiselle Gwenaëlle GARNIER pour son soutien et son éternelle patience, pour les heures de corrections qu'elle a consacrées à mes écrits et surtout, pour ses milliers de petites attentions qui ont rendu ce travail plus plaisant et m'ont permis de m'y investir pleinement.

Des remerciements spéciaux à Monsieur Marius DJOSSOU, mon tuteur technique et ami, qui a rendu ce stage possible et qui m'a offert ses conseils, sa sollicitude, sa compréhension, son professionnalisme et surtout, qui m'a soutenu dans les moments difficiles.

Mes sincères remerciements à Monsieur Serge AHOUANVOEDO, Directeur de la Prospective, du développement et de la coopération de la Mairie de PORTO-NOVO pour m'avoir accueilli au sein de sa direction, pour son estime et sa confiance à mon égard.

Mes plus grands remerciements, bien sûr, à mon Professeur tuteur Monsieur Patrick GONIN ainsi qu'à Madame Nathalie KOTLOK pour leur grand sens de la pédagogie, leur compréhension et leur précieux soutien.

Des remerciements également à Monsieur Kamal TIDJANI ainsi qu'à toute l'équipe de la DPDC, en particulier Nadia, pour leur sympathie et pour leur cordialité.

Une pensée spéciale pour tous ces béninois qui ont toujours été extrêmement cordiaux et qui m'ont fait aimer ce pays.

Sebastián Peña Marín

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Description de la mission du stage

CADRAGE DU STAGE :

La ville de Porto-Novo entretient des partenariats avec le Grand Lyon (Lyon), la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise (Cergy-Pontoise) et la ville de Buchelay.

A travers ces coopérations, plusieurs actions sont menées par le biais de projets ici et là-bas. Les démarches de mise en oeuvre des partenariats sont-ils uniformes avec les 3 partenaires ? Les axes d'intervention sont-ils les mêmes et interpellent-ils les mêmes dispositifs avec les 3 partenaires ? Les conditions de mise en oeuvre des projets sont-ils uniformes avec les 3 partenaires ? Quelles sont les réalisations à Porto-Novo par ces partenaires ?

OBJECTIF DU STAGE :

Il s'agira pour le stagiaire de réaliser une étude comparative des pratiques et des réalisations en coopération décentralisée entre Porto-Novo, Cergy-pontoise, Lyon et Buchelay dans la mise en oeuvre de ces partenariats.

LIEU :

Ce stage aura lieu à la Direction de la Prospective, du Développement et de la Coopération (DPDC) de la Mairie de Porto-Novo qui comprend quatre services : Le Service de la coopération décentralisée, le Service d'appui aux initiatives communautaires et au développement local, le Service de la prospective, de la planification et du suivi évaluation et le Service de l'informatique et des techniques de l'information et de la communication.

Son bureau sera logé au Service de la Coopération décentralisée et le Service de la Prospective, de la Planification et du Suivi évaluation.

DUREE :

La durée de la mission couvrira les mois de Juillet à Septembre 2011, soit 3 mois.

MISSIONS :

Au cours de son stage, il s'agira pour le stagiaire d'effectuer certaines activités qui se déclinent comme il suit :

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- Réalisation du diagnostic des pratiques de mise en oeuvre des partenariats de Porto-Novo respectivement avec Cergy-pontoise, Lyon et Buchelay

- Réaliser une étude comparative des pratiques liées aux activités en amont des signatures d'actes de coopération

- Réaliser une étude comparative des pratiques liées aux activités de mise en oeuvre (phase pratique) des projets de coopération

- Réaliser une étude comparative des pratiques liées aux activités d'évaluation des projets mises en oeuvre dans le cadre des projets en coopération entre Porto-Novo et ses partenaires respectifs

- Réaliser une étude comparative sur les axes stratégiques de mise en oeuvre des partenariats entre Porto-Novo et ses partenaires respectifs

- Réaliser une étude comparative sur le niveau de participation financière de Porto-Novo envers chacun de ses partenaires respectifs et celle de leurs participations

- Réaliser une étude comparative des rapports « temps-résultats » avec les 3 partenaires - Faire un diagnostic comparatif sur les résultats des évaluations réalisées

- Faire des suggestions sur les bonnes pratiques à adopter pour améliorer les prestations du service de la coopération décentralisée

- Préparer la première rencontre des villes partenaires et amies de Porto-Novo en Novembre 2011

- Identifier des thèmes à aborder par les participants à cette rencontre dans les domaines suivants : Propreté Urbaine, Développement Urbain et Patrimoine, Développement Economique.

A son arrivée et de concert avec les acteurs de la coopération décentralisée et de prospective de la ville, il élaborera un chronogramme d'activités qu'il soumettra à son directeur de stage.

METHODOLOGIE DE DEROULEMENT :

Ce stage se déroulera au bureau, dans les centres de documentation et d'archivage et par des
rencontres. Au bureau, il s'agira de lire les documents existants sur la culture et sur Porto-
Novo. Dans les centres de documentation, le stagiaire pourrait élargir son champ de recherche

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sur les thématiques qui lui semblent indispensables au bon déroulement de sa mission. Nous disposons d'une documentation susceptible de fournir au stagiaire les premiers éléments de réponse. Les rencontres basées sur des entretiens qu'il aura avec des acteurs qu'il identifiera lui permettront de se fixer sur les hypothèses techniques qu'il se serait fait.

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Sommaire

Dédicace 2

Remerciements 3

Description de la mission du stage 4

Sommaire 7

Introduction 9

Chapitre I : Présentation du lieu de stage 15

1. Présentation de la commune de Porto-Novo 15

2. Groupes ethniques et religions 16

3. La Mairie de Porto-Novo 16

3.1. La Mairie de Porto-Novo dans le processus de décentralisation 16

3.2. Organisation administrative de la Mairie de Porto-Novo 17

3.3. La Direction de la Prospective, du Développement et de la Coopération 18

Chapitre II : Le cadre formel de la coopération décentralisée 21

1. L'encadrement institutionnel et le cadre juridique 21

2. Les acteurs 23

3. Cofinancement et bailleurs de fonds 24

4. Formes de partenariats 25

4.1. Les jumelages 25

4.2. Les échanges d'expériences de savoir faire 26

4.3. L'expertise, l'appui technique, l'assistance à maîtrise d'ouvrage 26

4.4. Les formations 26

4.5. La fourniture de matériels ou d'ouvrages 27

4.6. Les subventions 28

5. Les domaines d'intervention 28

5.1. L'appui institutionnel et l'appui à la décentralisation 28

5.2. Le développement urbain 28

5.3. Le développement rural 29

5.4. L'action sanitaire et sociale 29

5.5. L'éducation, la culture et la recherche 29

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Chapitre III : La coopération décentralisée à Porto-Novo 31

1. Le contexte de coopération avec la France : du colonialisme à la coopération décentralisée franco-béninoise 31

1.1. Rappel historique et évolution des relations franco-béninoises 31

2. Introduction historique, conventions et objectifs des partenariats de la ville de Porto-Novo 33

2.1. La Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise. 33

2.2. Le Grand Lyon 35

2.3. La ville de Buchelay 37

3. Cadre de synthèse des projets par secteur de coopération : objectifs, parties prenantes et actions menées 39

Chapitre IV. Analyse transversale des accords de coopération de la ville de Porto-Novo _48

1. Évaluation générale des projets 48

1.1. Approche globale sur les orientations des partenariats 48

1.2. Résultats des projets et bilan global de la coopération 51

1.3. La stratégie de la coopération décentralisée et le Plan de Développement Municipal de la ville de

Porto-Novo 54

2. Analyse des problèmes 56

2.1. Le processus de pilotage et les dispositifs opérationnels de la Mairie de Porto-Novo 56

Chapitre V : Enjeux et approche critique de la coopération décentralisée Nord-Sud : Le cas
de la ville de Porto-Novo 61

1. La coopération décentralisée et la solidarité internationale 61

1.1. Les ambivalences de la coopération décentralisée 61

1.1.1. Le marché de l'aide au développement 61

1.1.2. Aide au développement ou enjeux électoral ? 68

2. La Coopération décentralisée : rencontre de deux territoires et de deux visions 70

2.1. La dimension « interculturelle » de la coopération décentralisée 70

2.2. La réciprocité 73

2.3. Des méthodologies de travail divergentes 75

2.4. Les rapports d'évaluation : un reflet de l'ethnocentrisme français 77

3. Suggestions 82

Problèmes rencontrés 84

Conclusion 85

Bibliographie 88

Annexes 91

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Introduction

Le domaine de la coopération internationale a connu des évolutions et des changements importants ces 20 dernières années. Les défis auxquels fait face le développement socioéconomique à l'échelle mondiale combinés à l'accroissement constant des liens d'interdépendance entre les états ont sensiblement modifié le concept de coopération internationale en lui-même. Les objectifs et la forme des échanges, les logiques de collaboration et les façons de procéder se sont considérablement diversifiés, de même que les acteurs institutionnels, les acteurs privés et les formes d'implication de la société civile.

La coopération internationale sous la forme de coopération décentralisée s'inscrit pleinement dans ce contexte de complexification des échanges mondiaux, elle a su progressivement s'ouvrir une place importante sur la scène internationale. En effet, la grande quantité d'accords et leur développement extraordinaire ces 20 dernières années illustre bien la volonté des acteurs locaux d'échanger leurs expériences et d'approfondir des relations tout en oeuvrant ensemble pour l'amélioration des conditions de vie des populations.

La mise en partenariat de collectivités permet de travailler autour d'objectifs communs à l'échelle locale avec une forte valorisation de la notion de proximité et de la dimension humaine de la collaboration. Des échanges de savoir-faire dans les domaines de l'économie, de l'industrie ou de l'aménagement du territoire, aux échanges éducatifs, en passant par l'aide humanitaire, l'hétérogénéité des actions menées dans le cadre de la coopération décentralisée peut être très vaste.

En donnant aux collectivités territoriales la faculté d'établir des accords de coopération avec des collectivités étrangères, le domaine de la solidarité internationale a trouvé un nouveau socle d'épanouissement et une véritable plate-forme pour canaliser et renforcer les initiatives locales de solidarité. Le secteur de l'aide au développement apparaît comme le secteur privilégié dans les stratégies et dans les politiques de coopération mises en place par les collectivités territoriales qui souhaitent partager leur expérience en termes de gestion, d'aménagement, de développement local ou d'animation culturelle et sociale.

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Grâce aux enseignements tirés des expériences du passé, nous savons pertinemment aujourd'hui que la réussite des projets de coopération dans le secteur de la solidarité internationale, et plus précisément dans l'appui au développement local, dépend fortement du degré d'appropriation et d'implication des populations bénéficiaires ainsi que du niveau de concertation des acteurs dans le portage des projets. La coopération décentralisée s'oriente ainsi vers une aide au développement concertée et définie par l'ensemble des acteurs impliqués. Elle représente d'ailleurs une véritable alternative au système de coopération bilatéral ou multilatéral d'aide au développement et à son instrumentalisation croissante de la part des acteurs étatiques et des bailleurs de fonds internationaux, ces derniers étant trop souvent au service d'intérêts sensiblement éloignés de la notion de solidarité.

Les circonscriptions administratives béninoises, entités qui précèdent la création des collectivités, entretiennent depuis le milieu des années 1990 des relations de coopération décentralisée privilégiées avec différentes collectivités françaises. En 2002, le gouvernement béninois entreprend un vaste projet de décentralisation des pouvoirs de l'Etat qui aura des répercussions importantes dans l'organisation économique, sociale et politique du pays. Cette même année, les premières élections municipales ont lieu à Porto-Novo, générant un cadre institutionnel complètement nouveau, plus propice au développement et à la consolidation des rapports de coopération sous forme décentralisée. C'est le début de ce processus de décentralisation qui a donné à la coopération décentralisée franco-béninoise les caractéristiques que l'on connaît aujourd'hui. Ainsi, la logique de l'envoi ponctuel de matériel a laissé la place à une diversification des secteurs de la coopération et a donné lieu également à un changement profond des objectifs, des orientations, des axes de travail et des logiques d'intervention.

Les accords de coopération décentralisée s'inscrivent donc dans un contexte institutionnel béninois en constante évolution. De ce fait, la nouvelle administration n'a pas échappé aux complications et aux difficultés qu'entraîne un tel degré de restructuration étatique. La jeunesse de l'expérience démocratique du Bénin combinée à la faible expérience des autorités publiques dans la mise en place de structures administratives de ce type ont des conséquences sur l'efficacité de la gestion municipale et notamment sur la gestion de projets de coopération décentralisée.

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Or, il s'agit d'une réalité sensiblement différente de celle des collectivités françaises qui possèdent des dispositifs opérationnels de coopération décentralisée largement plus consolidés avec une gouvernance territoriale plus cimentée, des capacités techniques et d'expertise plus performantes ainsi qu'une gestion administrative plus adaptée et des moyens de financement plus importants. De même pour le cadre juridique, notamment la loi dite « ATR » et la loi Oudin, qui déterminent très clairement les compétences et les prérogatives dont disposent les collectivités françaises pour développer des accords de coopération avec des collectivités étrangères.

De ce fait, la coopération décentralisée Nord-Sud se présente avant tout comme une rencontre de territoires avec des réalités et des problématiques extrêmement différentes, comme c'est le cas entre la ville de Porto-Novo et les collectivités françaises. Cela soulève d'autres importantes interrogations notamment au niveau de l'application du principe de réciprocité et du respect des spécificités locales. La forte volonté de rapprochement et de collaboration entre les partenaires de la coopération Nord-Sud se voit confrontée à des capacités de gestion inégales ainsi qu'à des méthodologies de travail dissymétriques et souvent divergentes ce qui provoque des dysfonctionnements à toutes les étapes de la gestion des projets. L'ensemble de ces dysfonctionnements peuvent mettre en péril la crédibilité et la pérennité des partenariats.

Sans oublier les effets positifs des actions menées et la réussite incontestable de beaucoup de projets issus de la coopération entre la collectivité de Porto-Novo et ses homologues françaises, la démarche solidaire se mêle aisément à des intérêts politiques et géostratégiques qui mettent en question les objectifs et les principes propres de la coopération décentralisée. Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que la coopération décentralisée franco-béninoise s'inscrit dans un contexte socioéconomique, sociopolitique et socioculturel issu de l'histoire coloniale, cela pose des questions non seulement sur les véritables finalités de certains partenariats et de certains projets mais également sur la continuité des rapports de domination Nord-Sud, sur la liberté de choix et sur l'imposition des modèles préfabriqués.

La coopération décentralisée peut ainsi fonctionner comme un véritable Cheval de Troie au service d'intérêts unilatéraux de la France ou des grands bailleurs de fonds internationaux qui l'accompagnent tels que la Banque mondiale ou le Fond monétaire international, cela jette des soupçons légitimes sur le véritable esprit de la coopération engagée.

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Par le biais d'une étude comparative des pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo, nous allons développer une approche critique sur les enjeux de la coopération décentralisée Nord-Sud en nous appuyant sur le cas spécifique de la capitale du Bénin et les accords de coopération qu'elle entretient avec ses 3 partenaires français : la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, Le Grand Lyon et la ville de Buchelay.

Bien que certains partenariats datent de 1995, notre étude va se centrer sur les projets et les accords de coopération signés entre 2003 et 2010. En effet, c'est à partir de 2003 que la ville de Porto-Novo est dotée d'une structure municipale et d'un statut qui lui permettent d'entretenir des relations de coopération décentralisée, et c'est également à partir de cette date que les accords de coopération s'inscrivent dans un cadre institutionnel stable.

En premier lieu, et après avoir présenté la ville de Porto-Novo et le contexte dans lequel s'inscrit la coopération décentralisée franco-béninoise, nous allons aborder le cadre formel de la coopération décentralisée afin de dégager les éléments structurants et institutionnels les plus importants de ce modèle de coopération.

En deuxième lieu, par une approche transversale nous allons examiner les partenariats en vigueur, leur dynamique ainsi que l'ensemble des problèmes et dysfonctionnements qui surgissent dans le cadre de cette coopération. Pour cela, nous allons faire d'abord un état des lieux de ces partenariats (objectifs, orientations, conventions de coopération, etc.) suivi d'un diagnostic de la capacité de gestion de la Mairie de Porto-Novo, de ses dispositifs de pilotage, du processus de mise en oeuvre des projets ainsi qu'une évaluation globale des résultats des différents projets engagés.

Par le biais de ce diagnostic nous allons interroger également la cohérence de la stratégie de développement par rapport aux objectifs fixés dans Plan de Développement Municipal de la ville de Porto-Novo et aux objectifs fixés dans les conventions de coopération décentralisée. Il s'agira d'analyser et de comparer la politique de développement local et la stratégie de coopération décentralisée que les autorités publiques ont décidé de mettre en place.

Dans la dernière partie de ce travail, nous allons développer une approche critique de la
coopération décentralisée Nord-Sud pour examiner les enjeux qui surgissent de l'interaction et

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de la rencontre de territoires distincts. En effet, la confrontation de visions, de méthodologies de travail et de systèmes de pensée engendre des malentendus et des conflits qui nuisent aux rapports d'altérité et au devoir de reconnaissance mutuelle. Ceux-ci sont pourtant incontournables dans le cadre d'un partenariat de coopération décentralisée. Cette situation a des répercussions dans la gestion de projets et dans la dynamique des partenariats.

Enfin, la dernière phase consistera à avancer des propositions pour apporter des nouvelles pistes de réflexions. Ces conclusions se feront dans l'objectif de collaborer à l'amélioration des dispositifs opérationnels de la Mairie de Porto-Novo et de participer au débat sur les problématiques de la coopération Nord-Sud

Nous allons donc centrer nos problématiques autour de 3 thématiques transversales : Interroger la capacité de gestion du Service de Coopération décentralisé de la Mairie de Porto-Novo, Questionner la stratégie de la coopération décentralisée selon les impératifs fixés dans le Plan de Développement Municipal de la Mairie de Porto-Novo et enfin Etablir une approche critique sur les enjeux de la coopération décentralisée Nord-Sud. Les pratiques de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont-elles en accord avec une gestion durable de ces partenariats ? La multiplication des partenariats, et en conséquence du nombre de projets à gérer, s'accompagne-t-elle d'un accroissement cohérent de la capacité de gestion administrative et technique des services de la Marie de Porto-Novo ? Quel est le rôle du PDM dans la fixation de la stratégie et de l'orientation de la politique de développement local de la Mairie de Porto-Novo ?

Cela nous amène au questionnement principal sur lequel je vais avancer des hypothèses : En s'appuyant sur la notion de rencontre de territoires comme angle d'approche, le Service de Coopération Décentralisée de la Mairie de Porto-Novo est-il doté des dispositifs opérationnels appropriés pour la gestion des projets de coopération décentralisée ? Quels sont les enjeux en termes d'altérité qui se posent dans le cadre de la coopération décentralisée Nord-Sud ?

Hypothèse :

- La Mairie de Porto-Novo a une capacité de gestion en constante évolution par rapport aux nécessités de la gestion locale. Toutefois, les dispositifs opérationnels destinés à la

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gestion de projets de coopération décentralisée sont insuffisants car ils manquent des moyens humains, techniques et financiers.

Sous hypothèse :

- Les dispositifs opérationnels destinés à la gestion de projets de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont insuffisants à l'égard des standards de gestion et de méthodologie de travail établi par les partenaires du Nord.

En termes de méthodologie, pour développer notre étude nous allons nous servir de la notion de « rencontre de territoires » comme grille d'analyse. Il nous semble que cette notion nous permettra de mieux articuler nos réflexions et illustre bien ce que nous considérons comme l'enjeu principal : la confrontation culturelle, le véritable Talon d'Achille de la coopération décentralisée.

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Chapitre I : Présentation du lieu de stage

1. Présentation de la commune de Porto-Novo

Porto-Novo est la deuxième ville et la capitale administrative du Benin. La Commune de Porto-Novo est située au sud du Benin, à 6°30 de latitude nord et 3°30 de longitude. La superficie de la municipalité est de 110km2 et sa population est d'environ 210.000 habitants1.

La Ville de Porto-Novo couvre une superficie de 52km2 soit 0.05%du territoire national. Le climat est typique d'un climat humide subéquatorial.

La Ville se trouve à 32km à l'est de Cotonou, capitale économique du Bénin, et à 650km au nord de l'équateur. Elle se présente sous la forme d'un demi-cercle partiellement entouré par une lagune qui rejoint l'océan Atlantique de l'autre coté de la frontière avec le Nigeria. Elle est construite à cheval sur la bordure extrême sud du plateau du Sakété-Pobè légèrement incliné vers le sud.

Administrativement, la municipalité de Porto-Novo appartient au Département d'Ouémé. Elle regroupe cinq (5) arrondissements et quatre vingt six (86) quartiers. Ces arrondissements sont des subdivisions du territoire de Porto-Novo mais n'ont pas de personnalité juridique ni d'autonomie financière.

1 Site officiel de la ville de Porto-Novo www.villedeportonovo.com

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2. Groupes ethniques et religions

Des enquêtes socio-urbaines révèlent que les Fon représentent 67,8% de la population et les Yoruba représentent 24,4%. Les Adja représentent 4,4% de la population. Les populations d'ethnie Dendi (0,5%), Bariba (0,4%), Yom Lokpa (0,2%), Otamari (0,2%), sont minoritaires2.

Au niveau des pratiques religieuses, on y trouve les Catholiques (47,3%), les musulmans (24,4%), les religions traditionnelles (9,4%), les protestants (5,6%), et les autres (13,4%).

3. La Mairie de Porto-Novo

3.1. La Mairie de Porto-Novo dans le processus de décentralisation

Le processus de renforcement des institutions démocratiques au Bénin, engagé depuis une dizaine d'années, s'est accompagné d'une réforme d'organisation de l'Etat très ambitieuse. Cette réforme a entrainé un important projet de décentralisation, ce qui a permis, à partir de 2003, l'organisation d'élections municipales et la création de conseils communaux dirigés par des Maires élus. Il s'agit d'une expérience démocratique inédite avec tous les défis que cela représente autant pour les pouvoirs publics et les acteurs municipaux que pour la société civile en général.

Les communes, les seules collectivités locales décentralisées, ont connu aussitôt un important accroissement de leur responsabilités. Ce transfert de compétences locales n'a pas été accompagné d'un transfert conséquent des moyens financiers, en raison de l'emprise des pouvoirs centraux sur les finances et la fiscalité locale et sur les aides et financements étrangers. Pourtant, il revient aux élus locaux d'assurer le développement local qui doit

2 DJOSSOU Mahouton Marius Elvis, 2009, « Evaluation des projets de coopération d'eau, d'hygiène et d'assainissement par l'intermédiation des O.N.G depuis l'avènement de la décentralisation : cas des PADEAR GTZ dans la Commune de Sème-Podji », MICP, sous la Direction de Kotlok Nathalie. Laboratoire Migrinter. Université de Poitiers, p.16.

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forcément passer par la mobilisation des ressources locales, la formation des acteurs locaux et la mise en place d'infrastructures sociales de base.

C'est pour cette raison que les circonscriptions administratives précédant l'avènement des communes ont fait appel à la solidarité des collectivités étrangères, plus expérimentées en matière de gestion des affaires publiques locales. Les autorités locales d'alors n'ont donc pas hésité à engager leur circonscription administrative dans des relations de coopération décentralisée, sans avoir un réel cadre juridique, législatif ou réglementaire.

Aujourd'hui, les communes, cette nouvelle figure de l'autorité publique locale, sont dotées d'un statut juridique propre et représentent le seul niveau de décentralisation de la République du Bénin. Les communautés de communes, les arrondissements ou autre instance décisionnelle publique telle que les collectivités territoriales, ne disposent d'aucun statut juridique propre.

3.2. Organisation administrative de la Mairie de Porto-Novo

Le pouvoir exécutif de la Mairie se structure autour de cinq directions principales : la Direction des Affaires Financières, la Direction de la Prospective, du Développement et de la Coopération, la Direction de services Techniques, la Direction de Communication et des TIC et, enfin, la Direction d'Affaires Générales.

Cette organisation doit permettre de répondre aux exigences de l'arreté municipal à deux niveaux : les services municipaux et les services infra municipaux3.

Les services municipaux se composent comme suit :

· Le Maire de la ville de Porto-Novo

· Les adjoints au Maire

· Le Cabinet du Maire comprenant :

- Le Secrétariat Particulier (S.P.)

3 Arrêté municipal portant organisation, attributions et fonctionnement des services de la Mairie de Porto-Novo, N° 010/SG-SRH, République du Bénin, Département de l'Ouémé, ville de Porto-Novo, 2009.

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- Le Secrétariat des Adjoints du Maire (S.A.M.)

- Le poste d'Inspecteur Général (I.G.)

- Le poste de Directeur de Cabinet (D.C.)

- Le poste de Cellule de Communication

- Le poste de Secrétariat de la Cellule de Passation des Marchés Publics - Les postes de Coordination des Projets

- Le poste de Chef de Protocole (C.P.)

- Les postes de Conseillers Techniques (C.T.)

- Les postes de Chargés de missions (C.D.M.)

· Le Secrétariat Général comprenant :

- Le poste de Secrétaire général (SG)

- Le poste de Secrétaire Général Adjoint (SGA) - Le Secrétariat Administratif Central (SAC)

- Le Service des Ressources Humain (SRH)

- Le Service des Affaires Juridiques et des Contentieux (SAJC)

- Le Service des Transmissions de Radio (STR)

- Le Service de la Documentation et des Archives (SDA)

· Les Directions Techniques comprenant :

- La Direction des Affaires Financières et Economiques (DAFE)

- La Direction de la Prospective, du Développement et de la Coopération (DPDC)

- La Direction des Services Techniques (DST)

- La Direction des Services à la Population (DSP)

Les services infra municipaux se composent comme suit :

- Le poste de Secrétaire Administratif (SA)

- Le Bureau de l'Etat

- Le Bureau des Affaires Sociales, Culturelles et Sportives (BASCS) - Le Bureau de la Voirie et de l'Assainissement

3.3. La Direction de la Prospective, du Développement et de la Coopération

La DPDC est l'animateur de projet de la stratégie de la ville dans sa conception, sa mise à jour, son évolution et sa promotion. Elle a essentiellement pour attributions :

· L'animation et la coordination des activités prospectives d'analyse de l'évolution

sociale, économique et spéciale du territoire et d'évaluation des enjeux à moyens et long terme

· L'organisation de la mise en cohérence des projets et interventions

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· L'élaboration des stratégies et propositions des politiques sectorielles et outils de développement dans leurs dimensions spatiales et économiques (plans de développement, plan d'aménagement urbain, schémas directeur, chartes diverses) et veille à la mise en oeuvre par le biais des tableaux de bord

· La programmation pluriannuelle des investissements

· L'animation, la coordination et le suivi des actions de coopération intercommunale et internationale, bilatérale et multilatérale.

· L'animation des relations avec la société civile et l'émergence des attentes des populations

· La promotion de la citoyenneté

· L'accompagnement des communautés dans les quartiers

· La coordination des initiatives communautaires

La DPDC comprend un secrétariat et quatre services :

· Le Service de la Prospective, de la Planification et du Suivi-évaluation

· Le Service la Coopération Décentralisée

· Le Service d'appui aux initiatives communautaires et du développement local

· Le Service de l'informatique et des Technologies de l'information et de la Communication

Le Service de la Prospective, de la Planification et du suivi-évaluation s'occupe de :

· L'animation, la coordination des activités de prospective, de planification et de programmation

· L'animation et la coordination des activités d'élaboration des politiques et stratégies sectorielles

· La coordination des activités d'élaboration des plans d'aménagement de territoire et veille à leur mise en oeuvre

· La coordination des activités d'élaboration d'outils de planification urbaine

· Suivi-évaluation du plan de Développement Communal et du Plan Annuel d'Investissement.

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Le Service de Coopération Décentralisée est chargé :

· De mettre en oeuvre et d'assurer le suivi des projets de coopération décentralisée

· D'établir et de suivre les relations avec les réseaux internationaux existants

· D'assurer les relations avec les villes partenaires et la maitrise d'ouvrage des projets définis dans le cadre des relations avec ces villes

· D'assurer la veille informative dans le domaine de la coopération décentralisée

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Chapitre II : Le cadre formel de la coopération décentralisée

1. L'encadrement institutionnel et le cadre juridique

La mise en place d'une politique de coopération décentralisée nécessite un encadrement étatique ainsi qu'un cadre juridique adapté. La création d'institutions et d'organismes parallèles font partie également du dispositif opérationnel de coopération dont dispose une collectivité territoriale, ils sont destinés à renforcer et à appuyer leurs actions décentralisées.

Dans le cas de la France et du Bénin, leurs lois respectives offrent l'opportunité aux collectivités décentralisées de mener des actions et de signer des accords avec d`autres collectivités ou autorités locales étrangères afin de poursuivre leur développement local et de répondre à des besoins précis dans différents domaines.

En France, le cadre juridique repose essentiellement sur la loi du 6 février 1992 et ses différentes modifications apportées au fil des années par des circulaires ministérielles et par des lois complémentaires. Il s'agit d'un cadre juridique souple pour que les collectivités territoriales puissent établir des accords de coopération décentralisée de façon autonome avec des homologues étrangers. Néanmoins la loi pose certaines limites, c'est le cas par exemple de la loi Oudin de 2006 relative aux interventions dans le domaine de l'assainissement d'eau.

La loi française autorise « les collectivités territoriales et leurs groupement », c'est-à-dire les communes, les départements, les régions, les collectivités territoriales des départements d'outre-mer, les établissements publics de coopération intercommunale (communautés urbaines, syndicats de communes, communautés de communes, syndicats mixtes, communautés d'agglomération ainsi que les ententes départementales ou régionales dotées de personnalité juridique) à conclure des conventions de coopération décentralisée. La loi prévoit ainsi la « capacité de contracter » une convention avec des « collectivités étrangères et leur groupement » en ajoutant que « la loi ne crée pas d'obligation pour que la collectivité étrangère soit du même niveau (administratif) que la collectivité française ». En effet, considérant la grande variété de formes d'organisation administrative dans le monde avec

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leurs spécificités respectives, les collectivités sont amenées à entrer en relation avec des entités dont le statut et le degré d'autonomie sont très variés. Dans une coopération entre collectivités étrangères le partenaire peut être une structure fédérale, une circonscription administrative dérivée d'un pouvoir centralisé, ou encore une autorité publique dépourvue de personnalité morale. Leur degré d'autonomie financière et exécutive peut s'avérer très variable, cela va conditionner sensiblement le niveau de coordination et la dynamique générale du partenariat.

La pratique impose également une différentiation juridique selon le niveau et le type de coopération : coopérations pour le développement Nord-Sud, jumelages, coopérations transfrontalières (dans le cas de l'Europe), échanges Nord-Nord ou actions humanitaires d'urgence.

En ce qui concerne les compétences des collectivités territoriales françaises en coopération décentralisée, l'article L.1115-I précise que les collectivités ne peuvent agir que « dans les limites de leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la France ». En effet, les collectivités territoriales ne sont pas sujettes au droit international public qui concerne uniquement les Etats et les organisations internationales. Les collectivités et leurs groupements n'ont pas d'attribution pour intervenir dans les domaines relevant de la compétence de l'Etat (diplomatie, défense nationale, justice, etc.) et ne sont pas autorisées non plus à conclure un accord avec un autre Etat ou à faire partie d'un accord international. En revanche, il est possible pour une collectivité de signer une convention en tant qu'operateur ou maitre d'oeuvre avec une organisation communautaire (commission européenne) ou internationale (Banque mondiale) pour l'exécution de projets précis.

La loi au Bénin date de 2003, suite au début du processus de décentralisation et aux premières élections municipales. Il s'agit d'une adaptation et d'une simplification du modèle de la loi française. Par le biais de cette loi, les autorités béninoises ont avant tout cherché à répondre aux impératifs d'harmonisation institutionnelle et juridique réclamée par les partenaires du Nord afin de pouvoir élargir les secteurs concernés par la coopération, les termes de cette dernière et fluidifier ainsi la mise en oeuvre des projets.

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Le contexte juridique et institutionnel est donc un des aspects centraux de tout partenariat de coopération décentralisée, il détermine la compatibilité et articule l'organisation de la gestion d'un coté et de l'autre coté du partenariat. Le manque d'harmonisation entre les cadres juridiques et institutionnels respectifs peut signifier un véritable frein à la volonté et à la possibilité d'agir sur un domaine déterminé.

2. Les acteurs

« La coopération décentralisée a pour objet non seulement de répondre à des besoins matériels, mais en même temps de renforcer le potentiel d'action et la maîtrise d'initiatives locales. Appuyer les acteurs, c'est aider à les faire naitre, à s'organiser, à se former, à se constituer en réseau et à construire des partenariats entre eux et avec les acteurs public »4.

Les organismes et institutions liés à la coopération décentralisée sont extrêmement nombreux, variés, et leurs imbrications sont complexes. L'objectif de ce chapitre n'est pas d'en faire une liste exhaustive, mais de dresser un tableau schématique des principales organisations impliquées, et des relations qui les lient, en se centrant sur les principaux acteurs institutionnels de la coopération décentralisée que sont les collectivités territoriales.

Pour remplir au mieux leur mission, ces collectivités territoriales ont constitué de nombreux regroupements, fédérations ou réseaux nationaux, qui permettent :

- d'échanger entre collectivités locales, de mutualiser les expériences et les compétences, de fournir des services d'appui technique (conseil, formation,...) : c'est le cas par exemple de Cité Unies de France (CUF), qui rassemble les villes jumelées.

- d'organiser une représentation commune de ces collectivités dans les instances nationales de concertation et de coordination comme le Haut Conseil de la coopération internationale, ou la Commission Nationale de coopération

4 Note d'orientation sur la coopération décentralisée de la Commission européenne du 23 décembre 2007

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décentralisée : on peut citer entre autres l'Association des Maires de France (AMF) ou l'Association des Régions de France (ARF).

Ces instances nationales peuvent elles-mêmes se regrouper en associations internationales ayant pour but :

- d'harmoniser les actions des acteurs locaux comme la Fédération Mondiale des Cités Unies (FMCU) dont CUF constitue la section française,

- ou de développer des réseaux plus ciblés sur une thématique commune, comme l'Association Internationale des Maires Francophones (AIMF).

Au-delà de ces instances qui rassemblent les collectivités locales entre elles, des organisations comme l'Union nationale des acteurs et des structures de développement (UNADEL) fédèrent en un réseau d'expertise des structures et des personnes qui travaillent sur cette thématique : des collectivités territoriales bien sûr, mais aussi des ONG, qui jouent un rôle majeur dans la coopération décentralisée, et également des bureaux d'études, des associations de quartier, des techniciens des administrations,...

Enfin, il existe également des réseaux régionaux, qui permettent de créer des liens entre ces collectivités et les autres acteurs de la coopération internationale que sont les universités, les ONG, les associations locales ou les associations caritatives, les organismes consulaires, les associations religieuses, etc...

3. Cofinancement et baileurs de fonds

Pour mener leurs actions, les collectivités territoriales peuvent bénéficier du soutien financier de co-financeurs et de bailleurs de fonds à des échelles variées. Sous réserve d'être en cohérence avec les axes prioritaires définis par chacun des bailleurs, et de respecter les modalités techniques et administratives définies pour leur attribution, ces financements peuvent être attribués soit directement à la collectivité territoriale française, soit à la collectivité partenaire, permettant ainsi un effet de levier.

Parmi les principaux bailleurs, on peut citer :

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- au niveau international : l'ONU et ses organismes « satellites » : UNESCO, PNUD, UNICEF..., la Banque Mondiale, l'Union Européenne, les ONG, les fondations privées.

- au niveau français : l'état et le Ministère des Affaires Etrangères, via des mécanismes comme les contrats de plan état-région ou des crédits déconcentrés au niveau des ambassades, par exemple, l'Agence Française de Développement, les autres Ministères.

4. Formes de partenariats

Les formes d'intervention des collectivités territoriales en matière de coopération décentralisée sont multiples et touchent des domaines très variés.

4.1. Les jumelages

Il s'agit de la forme la plus ancienne de coopération entre villes fondée sur des valeurs de paix et d'amitié. Les expériences recueillies, les apprentissages et les résultats obtenus ont servi pour modeler le concept de coopération décentralisée d'aujourd'hui. Ils se sont développés à la fin de la deuxième guerre mondiale, et ont forgé des relations durables et fécondes entre villes du monde entier.

Les domaines de coopération dans le cadre de jumelages sont le plus souvent des échanges éducatifs dans le cadre scolaire. Ils comportent presque systématiquement un volet culturel ou artistique, et en fonction des régions du monde, un volet linguistique.

Le principe de réciprocité est pratiqué sur des champs analogues. Cette forme de coopération est également plus centrée sur la notion de fraternité, le rôle des acteurs qui participent aux projets est moins « technique » par rapport à d'autres types de partenariat, comme c'est le cas de la coopération décentralisée pour le développement, ce qui facilite une participation plus active de la société civile.

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4.2. Les échanges d'expériences de savoir faire

L'échange est le principe de base de la coopération décentralisée. Le type d'échange dépendra de « ce qu'on a à échanger », les contenus varient donc en fonction de la réalité de chaque territoire et du standard de développement. Les échanges Nord-Nord ou transfrontaliers se font plus sur un pied d'égalité en comparaison avec la coopération Nord-Sud.

La mise en place de services publics locaux est un secteur dans lequel les collectivités territoriales françaises ont un vrai savoir-faire. Les services d'eau, l'assainissement, de gestion, des déchets, mais également des équipements scolaires, sanitaires et sociaux, des installations sportives et culturelle, sont très présents dans la coopération pour le développement.

4.3. L'expertise, l'appui technique, l'assistance à maîtrise d'ouvrage

Cette forme de coopération consiste à apporter ou à échanger des savoir-faire dans le domaine de l'action locale entre collectivités. Le type d'échange va dépendre principalement du niveau de spécialisation technique développé par une ville dans un secteur en particulier (ou plusieurs secteurs) comme par exemple les énergies renouvelables. Les collectivités peuvent ainsi engager des processus de transfert de technologie et de savoir-faire avec une autre collectivité. Cela peut se faire de façon spontanée ou sur demande, comme c'est le cas des villes chinoises.

Dans le cadre d'une coopération Nord-Sud, les collectivités du Nord ont des niveaux de technicité plus accrus sur la mise en place de structures et des dispositifs d'action locale, il s'agit d'un atout qui peut être mis à disposition d'une autre collectivité dans le cadre d'une convention de coopération décentralisée.

4.4. Les formations

La formation apparait comme l'un des facteurs déterminants pour la réussite de la coopération
pour le développement. Ainsi, des programmes de formation pour cadres administratifs,
techniques ou pour des élus figurent de plus en plus souvent comme des volets

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incontournables des partenariats, spécialement quand il s'agit d'une coopération Nord-Sud. Dans le cas de la France et en fonction du caractère des formations, ces programmes peuvent être menés en France par l'accueil de stagiaires ou même à l'étranger dans le cadre d'une mission d'expertise. Des formations spécifiques destinées aux autorités locales comprennent le plus souvent la formation d'un formateur sur place pour qu'il perpétue la dynamique de formation.

Les cas de transfert de technologies ou de matériaux techniques ou d'équipements de haute technologie, nécessitent également d'être accompagnés d'un programme de formation conséquent.

4.5. La fourniture de matériels ou d'ouvrages

La fourniture d'équipement matériel est une pratique très répondue dans la solidarité internationale, spécialement dans les relations Nord-Sud. Toutefois, cette pratique pose énormément de problèmes. Les matériels acheminés vers le Sud sont, le plus souvent, en très bon état de marche et ils trouvent un rallongement de leur durée de vie dans un contexte de nécessité, comme par exemple, les véhicules destinées aux services médicaux, les ordinateurs ou les matériels agricoles. Cependant, des éléments très importants sont à prendre en considération dans ce type de coopération. Dans le cas de l'appui matériel, les coûts de l'entretien ou le niveau de technologie des équipements fournis peuvent s'avérer tellement élevés que la démarche devient stérile, contre-productive voire même fortement nuisible pour les équilibres et les réalités locales. De même pour l'envoi d'ouvrages, une pratique largement répandue. La concurrence avec les équipements fabriqués sur place peut anéantir des filières de production locales qui sont parfois déjà trop faibles pour supporter une telle concurrence ou qui viennent tout juste de se mettre en place. Étant donné que ce type de coopération se limite le plus souvent à des envois ponctuels, elle produit des situations de dépendance à l'aide externe, une aide qui n'est pas reconduite ou conçue pour le long terme et pour une même zone géographique.

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Il est pertinent de vérifier qu'il existe une bonne articulation entre les filières de production locales et les matériels à envoyer pour éviter de reproduire ces effets tellement néfastes et indésirables.

4.6. Les subventions

Cette forme de partenariat consiste à verser des subventions à des collectivités étrangères, aux associations, aux ONG et autres intervenants. Dans le cas de la France, les entités bénéficiaires ne peuvent recevoir des subventions que si elles oeuvrent en qualité d'opérateur et que la convention et le programme de coopération remplissent les conditions légales car, en général, une collectivité n'a pas la faculté de verser des subventions pour des actions situées en dehors de son territoire.

Cette situation juridique pose des problèmes pour les collectivités notamment en matière d'aide humanitaire et d'urgence. Des modifications dans la loi sont prévues afin d'élargir le champ d'action international des collectivités dans ce domaine.

5. Les domaines d'intervention

5.1. L'appui institutionnel et l'appui à la décentralisation

Il s'agit, pour les collectivités locales françaises, de partager leur expérience en matière d'organisation et de décentralisation avec des institutions plus « jeunes », dans des pays qui se tournent vers la décentralisation afin d'améliorer les services aux populations, ou de soutenir le développement local. Cet appui, qui fait partie des thématiques fortement soutenues par l'ONU et le PNUD, est d'autant plus efficace dans des pays où l'organisation institutionnelle est inspirée de l'organisation française, comme les pays d'Afrique francophone.

5.2. Le développement urbain

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Les enjeux du développement urbain sont multiples, puisqu'ils intègrent aussi bien des questions d'ordre logistique, comme la gestion de la voirie, de l'assainissement d'eau, ou des déchets, que des thématiques plus politiques et organisationnelles comme le dialogue entre les autorités de la ville et la société civile (citoyens, associations...), ou encore des notions culturelles, telles que la préservation du patrimoine architectural. Pour concilier ces différents enjeux, des outils complexes doivent être utilisés : schéma de cohérence territorial, procédures de consultation publiques, etc... Les collectivités locales françaises, à qui la gestion de ces outils a été confiée depuis des années, peuvent faire bénéficier les mairies partenaires de leur expérience.

5.3. Le développement rural

La coopération en matière de développement rural est avant tout basée sur l'appui au développement agricole. Les actions dans ce domaine, souvent conduites en partenariat avec des ONGs, ont pour objectif de favoriser la mise en place de filières agricoles efficaces, bien valorisées, et gérées de façon durable (en limitant la consommation de ressources non renouvelables, et en privilégiant les modes de production dont l'impact sur l'environnement est le plus faible). Au-delà de l'agriculture, le développement rural peut permettre de protéger et de valoriser des ressources naturelles, notamment grâce au tourisme et la création de parcs.

5.4. L'action sanitaire et sociale

Il s'agit d'accompagner les états dans la gestion des populations les plus fragiles : personnes malades, âgées, handicapées, etc., grâce à la construction de centres de soin, à la formation de personnel soignant, ou à la fourniture de matériel médical.

5.5. L'éducation, la culture et la recherche

Ces thématiques sont très souvent intégrées dans les accords de partenariats, et permettent,
grâce à des échanges directs entre les populations, de renforcer la connaissance réciproque, et
les liens d'amitié qui sont indispensables pour des partenariats de longue durée. Les

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populations jeunes sont particulièrement concernées, à travers des actions d'échanges linguistiques ou scolaires de durée variable. L'implication des universités et des entreprises présentes sur les territoires des collectivités engagées dans le partenariat peut permettre d'élargir le champ des actions possibles.

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Chapitre III : La coopération décentralisée à Porto-Novo

1. Le contexte de coopération avec la France : du colonialisme à la coopération décentralisée franco-béninoise

1.1. Rappel historique et évolution des relations franco-béninoises

Au XVIIème siècle, les populations du sud du Bénin sont organisées en plusieurs royaumes centrés autour des cités les plus importantes : Allada, Oiudah, Adjatché (qui sera rebaptisée Porto-Novo par les Portugais) et Abomey. C'est le royaume du Dahomey, dont la capitale est Abomey, qui connait l'essor le plus important, en partie grâce au commerce des esclaves, alimenté notamment par les guerres avec le royaume Yoruba d'Oyo voisin (situé au niveau de l'actuel Nigeria).

En 1851, le roi Ghezo d'Abomey signe un traité de commerce et d'amitié avec la France. Progressivement, la France renforce son influence dans la zone sous le règne du roi Glélé, en installant des garnisons militaires et des droits de douane. Les frontières du royaume sont fixées entre 1885 et 1898 par des accords avec l'Allemagne (pour la frontière avec le Togo) et l'Angleterre (pour le Nigeria). Malgré la résistance de Béhanzin, fils de Glélé, vaincu en 1892, le royaume du Dahomey, auquel on adjoint les protectorats de Porto-Novo et d'Allada, devient un protectorat français, puis une colonie intégrée en 1904 à l'Afrique Equatoriale Française (AOF).

Durant la période coloniale, l'important taux de scolarisation permet au Dahomey de former des élites politiques africaines, qui participent à l'administration de l'AOF, mais qui créent également des partis politiques et des médias d'opposition. Les abus et les erreurs de l'administration coloniale y sont contestés et pas moins de 26 gouverneurs se succèdent entre le début du siècle et la seconde guerre mondiale, durant laquelle le Dahomey se rallie à la France Libre.

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L'indépendance du Dahomey est proclamée en 1960, et le premier président est Hubert Maga. Commence alors une période perturbée, au cours de laquelle les coups d'états se succèdent, jusqu'à la prise de pouvoir en 1972 du commandant Mathieu Kérékou. Celui-ci abandonne le nom de Dahomey, qui rappelle trop le passé colonial, et le pays est rebaptisé Bénin. Il instaure un régime marxiste-léniniste, dirigé par un parti unique : le Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), qui s'inspire de la voie Chinoise. Le nouveau régime est bien accueilli par la population, mais la situation économique et financière du pays se dégrade dans les années 1980, et la contestation grandit.

Un processus de transition démocratique pacifique est instauré en 1990 lors de la "conférence nationale des forces vives de la nation" (CNFVN), qui organise de nouvelles institutions, et la tenue d'élections présidentielles en 1991 qui portent au pouvoir Nicéphore Soglo, notamment grâce aux voies des électeurs du sud du Pays. Après un mandat, il est battu aux élections présidentielles de 1996 par Mathieu Kérékou qui revient au pouvoir, et sera réélu à nouveau en 2001. Il poursuivra le travail de réforme des institutions béninoises, et de décentralisation, instauré par son prédécesseur, et qui est toujours en cours aujourd'hui.

Depuis 2006, c'est Boni Yayi, ancien président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), qui préside le Bénin.

Le nouveau processus démocratique de la République du Bénin a donc une histoire relativement récente. En 1990, les processus politiques et sociaux du Benin combinés à un changement de situation géopolitique mondial, notamment l'effondrement du bloc soviétique, ont débouché sur une transformation profonde du système d'organisation sociopolitique du pays.

Le cadre juridique qui permet en France aux collectivités d'entretenir des liens de coopération décentralisée, notamment la loi Oudin qui élargit les prérogatives fixées dans la loi « ATR » de 1992 en autorisant les collectivités territoriales françaises à conclure librement des conventions de coopération décentralisée avec des collectivités étrangères, a été mis en place justement dans cette période de transition des institutions béninoises.

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Les premières formes de coopération décentralisée, qui concernaient des actions simples comme des dons de matériels ou la formation du personnel, par exemple, se sont donc nouées avant même que les instances municipales béninoises ne soient complètement opérationnelles, et donc dans un cadre juridique relativement flou. C'est le cas des premiers accords avec la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, mis en place dès 1995 ou avec le Grand Lyon dès 1999.

Aujourd'hui, la constitution réelle des communes, mais aussi d'instances nationales de concertation de ces communes comme la commission nationale de la coopération décentralisée, le réseau de collectivités locales, ou les associations nationales de collectivités locales, a permis de donner un cadre juridique et opérationnel plus clair aux actions de coopération décentralisée, de renforcer ainsi leur efficacité et leur crédibilité, et d'élargir les domaines d'action.

La longue histoire commune de la France et du Bénin, ainsi que le fait que des partenariats aient été mis en place avec des communes françaises alors même que les instances municipales béninoises étaient en cours de constitution expliquent sans doute en partie le fait que l'emprise de la France est aujourd'hui perceptible sur presque tous les domaines de la vie en société : modèle d'organisation de la fonction publique, aspirations à une forme de modernité incarnée par le modèle français, projets d'urbanisation.

2. Introduction historique, conventions et objectifs des partenariats de la vile de Porto-Novo

2.1. La Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise.

La coopération entre la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Porto-Novo remonte à 1995. Suite aux changements institutionnels au Bénin, les deux partenaires de cette coopération ont décidé de la reconduire et de la revaloriser avec une nouvelle convention générale signée en 2004 qui définit les objectifs du programme, la méthodologie d'intervention ainsi que les grandes orientations.

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Au départ, la nouvelle convention cadre était prévue pour une durée de 3 ans, c'est-à-dire jusqu'à 2007, mais elle a été prolongée à trois reprises afin de pouvoir continuer sur des projets déjà initiés. La coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo entre 2004 et 2010 s'est construite autour des objectifs généraux suivants, poursuivis par chacun des deux territoires :

- « Renforcer les dynamiques locales par la mobilisation des acteurs dans la mise en oeuvre des projets de coopération et par la mise en place d'une instance de concertation permettant une meilleure articulation entre les initiatives locales »

- « Ouvrir les acteurs sur le monde par le développement d'échanges d'expériences, de connaissances et de savoir-faire et la confrontation de pratiques »

- « Contribuer au rayonnement international des territoires par la valorisation de leurs compétences et de leurs spécificités 5».

Les projets doivent s'inscrire dans trois axes structurants :

- « l'accompagnement de la ville de Porto Novo dans l'élaboration et la mise en oeuvre de son projet urbain et de ses stratégies de développement et de promotion du territoire »

- « le renforcement des capacités de gestion et de mise en oeuvre des politiques publiques »

- « l'amélioration du cadre et des conditions de vie en recherchant prioritairement la mobilisation des populations et acteurs locaux :

o par la mise en place de dispositifs d'insertion sociale et professionnelle,

d'accompagnement à la création d'activités génératrices de revenus

o en favorisant les échanges afin de permettre un meilleur accès des populations

aux soins, aux activités socio-éducatives et à la culture ».

La convention générale a été déclinée en 12 conventions spécifiques qui ont été constituées au
fur et à mesure que les projets se définissaient. La signature de ces 12 conventions spécifiques

5 Rapport provisoire du CIEDEL Centre international d'études pour le développement local « Evaluation de la coopération décentralisée entre la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Porto-Novo », Janvier 2011.

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s'est déroulée entre 2005 et 2009 concernant plusieurs projets dans des domaines très variés allant de l'organisation des Ateliers internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine à la création d'un chantier école dans le secteur de la menuiserie, en passant par un programme sur le renforcement des capacités de gestion de la Mairie en matière de développement urbain, de développement agricole, d'adduction d'eau potable, de santé et de développement numérique.

La dernière convention générale a introduit une amélioration par rapport à la convention précédente en laissant une place plus importante à la coopération entre les acteurs non institutionnels des deux territoires de façon parallèle à la coopération entre collectivités proprement dites.

Une autre convention parallèle, en dehors de la convention générale et des conventions spécifiques, a été signée en 2007 par les deux collectivités avec d'autres collectivités territoriales françaises et béninoises pour créer un nouveau partenariat avec Cité Unies France (CUF) et l'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB) pour développer un programme de renforcement institutionnel.

Cergy-Pontoise figure donc comme le partenaire le plus ancien de Porto-Novo, très apprécié par les cadres de la Mairie de Porto-Novo ainsi que par l'ensemble des acteurs locaux, les retombées positives de ce partenariat sur les bénéficiaires et sur les conditions de vie en général de la population sont très encourageants.

2.2. Le Grand Lyon

La coopération sous forme décentralisée entre la Communauté de communes du Grand Lyon et la ville de Porto-Novo commence en 1997. C'est à cette date qu'a eu lieu la signature d'une déclaration d'intention de coopération lors de la visite d'un Vice Président du Grand Lyon à Porto Novo. Cette rencontre a été un véritable coup d'envoi pour une coopération fructueuse entre ces deux territoires qui va s'étendre pendant plus de 15 ans.

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Cette coopération a été engagée suite à une demande de la ville de Porto-Novo pour un appui technique dans la mise en oeuvre de son Programme de développement urbain. Au début, les échanges entre le Grand Lyon et Porto-Novo étaient limités à l'appui technique dans certains domaines précis. Les orientations majeures de la coopération à cette période consistaient à « favoriser les échanges en coopération autour de la thématique des services urbains, via des appuis techniques et l'aide à l'équipement » et à « renforcer la notoriété du Grand Lyon et de la ville de Lyon, en développant des liens avec des capitales francophones ouest-africaines6 ». C'est pour cette raison d'ailleurs que la coopération avec la Grand Lyon suit la même logique d'intervention déjà déployée dans d'autres capitales de l'Afrique de l'Ouest (Ouagadougou, Bamako, Lomé).

Ce partenariat prendra une autre dimension fin 1999 lors de la signature de la 1ère convention de coopération pour la période 2000 - 2002 qui sera suivie d'une seconde convention signée en 2004 pour la période 2005-2007 en plus d'une convention spécifique. La coopération entre le Grand Lyon et Porto-Novo a donc fait l'objet de trois conventions triennales au total.

Parmi les objectifs généraux nous avons :

- favoriser des échanges en coopération autour de la thématique des services urbains, via des appuis techniques et l'aide à l'équipement,

- un accent mis sur la thématique des services urbains, en particulier la propreté et la voirie,

- un mode opératoire privilégiant les échanges et le croisement d'expertise en services techniques du Nord et du Sud et la mise à disposition d'équipements sous forme de dons.

Les activités démarrent en 2001 avec la réalisation d'une étude sur la réhabilitation du patrimoine historique de Porto-Novo par l'EPA (Ecole du patrimoine africain) et l'EAMAU (Ecole africaine des métiers de l'architecture et de l'urbanisme) cela a servi de base pour lancer la coopération dans le domaine du patrimoine.

6 « Etude d'évaluation portant sur le partenariat de coopération Porto-Novo/Grand Lyon ». Rapport général du f3e. Novembre 2009

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La première convention a été signée par le Grand Lyon avec les autorités de la circonscription administrative de Porto-Novo, entité qui précède la commune décentralisée. La deuxième convention sera signée avec la première équipe municipale élue suite aux changements institutionnels survenus au Bénin en 2003 (décentralisation). Depuis, des véritables programmes de coopération ont alors pu être mis en oeuvre. La coopération entre ces deux partenaires s'est élargie à la thématique du patrimoine en plus de celles des enjeux de la planification urbaine, de l'intercommunalité, du développement économique local et du tourisme, de la gestion des ordures ménagères et de la mise à disposition d'équipements sous forme de dons.

La troisième convention est une convention spécifique tripartite signée en Juin 2007 avec l'association Villes unies contre la pauvreté (VUCP), le Grand Lyon et la communauté de communes de l'Ouémé, elle met l'accent sur le patrimoine et le tourisme.

La coopération entre Porto-Novo et le Grand Lyon a déjà fait ses preuves et le bilan reste très positif. Depuis 2007 la coopération se poursuit mais elle n'a pas été formalisée par la signature d'une nouvelle convention.

2.3. La ville de Buchelay

La coopération décentralisée avec la ville de Buchelay est très récente, elle date seulement de 2009. Une première convention générale tripartie a été signée entre la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines (CAMY), la ville de Buchelay et la ville de Porto-Novo. Toutefois, le Conseil de la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines du 29 Mars 2011 spécifie que « La CAMY participe si le projet paraît intéressant, mais elle ne s'implique pas dans l'animation et le suivi des projets qui demeurent à la charge des communes, tout comme leur montage. La CAMY est alors financeur ou prestataire 7». Nous pouvons donc dire que le véritable interlocuteur et partenaire direct de la ville de Porto-Novo dans le cadre de cet accord est principalement la ville de Buchelay.

7 Compte rendu du 29 Mars 2011du Conseil de la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines

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Les activités sont établies dans un programme pluriannuel 2011-2013 qui définit la méthode d'intervention, les modalités de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation du partenariat ainsi que ses modalités de financement. Ce programme cadre a déjà été signé et ratifié par les trois parties concernées.

Le partenariat doit permettre de répondre aux objectifs suivants :

- « contribuer au renforcement des dynamiques locales, de part et d'autre, par la mobilisation des acteurs locaux » ;

- « ouvrir, de part et d'autre, les acteurs sur le monde par le développement des échanges d'expériences, de connaissances et de savoir-faire et la confrontation de leurs pratiques » ;

- « contribuer au rayonnement international des deux territoires par la valorisation de leurs compétences et de leurs spécificités 8».

En ce qui concerne les grandes orientations de ce partenariat, la coopération entre ces territoires doit mettre l'accent sur l'accompagnement de la Ville de Porto Novo dans l'élaboration et la mise en oeuvre de ses stratégies de développement et de promotion de son territoire et le renforcement des capacités de gestion et de mise en oeuvre des politiques publiques.

Au niveau des domaines concernés, la priorité des actions se centrera sur la propreté, la collecte et le traitement des déchets, le développement culturel, l'enseignement supérieur, les espaces verts ainsi que la francophonie, la jeunesse et les sports. Il est important de remarquer que l'initiative d'intégrer clairement le volet culture comme domaine d'intervention est une nouveauté et un complément important dans les pratiques de coopération décentralisée que la Mairie de Porto-Novo entretient ces dernières années avec l'ensemble de ses homologues étrangers.

8 Document de Convention Générale de coopération Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de Buchelay

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3. Cadre de synthèse des projets par secteur de coopération : objectifs, parties prenantes et actions menées

Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise

SECTEUR

OBJECTIFS

PARTIES PRENANTES EN FRANCE

PARTIES PRENANTES AU BENIN

ACTIONS ET PROJET

Développement urbain

- Renforcer les services de la ville sur les questions du développement urbain, accompagner PN pour définition et mise en oeuvre de son projet urbain et de son projet de conservation du patrimoine architectural et naturel.

- Contribuer à l'amélioration des

pratiques professionnelles.

- Les Ateliers Internationaux de Maîtrise d'oeuvre Urbaine

- La faculté de Géographie et l'Ecole du patrimoine Africain

- 2005 Organisation de la 1ère session africaine des Ateliers de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo.

- 2007-2009 Mise en place d'une équipe constituée d'un urbaniste béninois et d'une volontaire française chargée de créer un Service « développement urbain » à la mairie de Porto-Novo. Définition d'une nouvelle démarche d'instruction du permis de construire, référencement et signalement les réserves foncières municipales, diagnostic concernant les espaces verts, identification des zones inondables, plan de sauvetage du patrimoine bâti le plus menacé.

- 2009 Accueil à Cergy-Pontoise de l'urbaniste béninois.

- 2009 Organisation d'une 2ème session des Ateliers Internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo sur l'aménagement des Berges de la lagune de Porto-Novo.

- 2010 Organisation d'une 3ème session des Ateliers Internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo sur l'aménagement du quartier de Lokpodji en bordure de lagune.

Développement agricole

- Doter la Ville de Porto-Novo d'un programme intégré de développement de l'agriculture urbaine

- Mobiliser des jeunes professionnels de Cergy-Pontoise et de Porto-Novo autour d'un projet qui leur permettra de partager des compétences techniques et un savoir- faire en vue de leur future insertion

-ISTOM (Ecole d'ingénieurs

agro- développement international)

- Département de géographie et d'agronomie de l'Université d'Abomey-Calavi

-Centre Songhaï

- 2007 Réalisation de deux études par deux binômes d'étudiants provenant de l'ISTOM et de la faculté de géographie et d'agronomie de l'Université d'Abomey-Calavi : la première sur la valorisation des bas-fonds de PortoNovo et la deuxième sur la filière tomate

- 2008-2009 Définition d'un programme de développement agricole intégré ; travail confié à une jeune diplômée de l'ISTOM qui avait fait partie des binômes de stagiaires en 2007.

- 2010 Création par la mairie de PN d'une cellule agricole et recrutement

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professionnelle,

- Permettre à l'ISTOM de s'inscrire dans un projet de territoire de l'agglomération de Cergy-Pontoise.

 
 

de deux cadres béninois qui animeront une plate-forme multi-acteurs composée des acteurs étatiques (services déconcentrés de l'Etat), institutionnels et associatifs - chargée d'opérationnaliser le projet agricole.

Appui

institutionnel et

des politiques

publiques

- Renforcement de capacité technique et humaine des collectivités béninoises en contribuant à la formation des élus et agents sous forme d'échanges.

- CACP

- Cité Unies France

- 4 villes françaises

- Mairie de Porto- Novo

- L'ANCB

-2007 Voyage d'étude à CP d'élus et cadres administratifs de PN sur les thèmes de l'intercommunalité, des finances locales et de la planification urbaine.

-2007 « Programme concerté d'appui à la décentralisation »

avec Cité Unies France et l'ANCB, quatre villes françaises et leur collectivité partenaire au Bénin.

-2008 Voyage d'échanges entre cadres et élus

-2010 Organisation d'Assises franco béninoises à Cotonou

Amélioration de conditions de vie à Porto-Novo

- Projet d'assainissement d'eau :

- Renforcer la capacité d'implication de la ville de Porto-Novo dans le domaine de l'eau et de l'assainissement,

- Favoriser la mise en place d'une

dynamique de concertation entre les

différents acteurs impliqués dans la gestion de l'eau et de l'assainissement à Porto-Novo.

- Contribuer à l'amélioration de la

desserte en eau potable et de l'assainissement de la ville de Porto- Novo.

- Favoriser une meilleure compréhension des enjeux mondiaux de l'eau à Cergy- Pontoise.

- CACP
- AIMF

- Mairie de PN - SONEB

- 2006 Première mission exploratoire des services de la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise afin de comprendre le contexte de l'eau à Porto-Novo.

- 2006 2ème mission des services de la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise, nombreux RDV conjoints pour analyse des composantes à prendre en compte : juridique, technique, politique, socio économique. Choix du quartier de Dowa.

- 2007 Discussions élargies sur le montage financier possible, hypothèses avec l'AIMF, Lyon/Grand Lyon et l'Agence de l'Eau Seine-Normandie. Juillet : signature convention CACP - VPN - AIMF

- 2008 Novembre : convention ville de PN - SONEB

- 2009 Réalisation de l'étude socio économique ; réceptionnée en sept 2009, elle ne répond pas à toutes les questions des termes de références. Réalisation de l'étude technique par la SONEB, remise à la mairie de VPN en nov. 2009 avec le dossier d'appel d'offres, l'étude confidentielle et la liste des maitres d'oeuvre habilités.

- 2010 Mai : introduction par la VPN d'un pré-dossier à l'AIMF, pour avis. L'AIMF demande des compléments technico économiques et des précisions sur le volet assainissement

Insertion

- Mobiliser des jeunes de Cergy-Pontoise et de Porto-Novo autour d'un projet de solidarité qui leur permettra de dépasser les représentations qu'ils ont les uns des autres, de gagner de l'assurance et d'acquérir des compétences techniques

-Le Plan Local pour l'insertion et l'Emploi (PLIE).

- La mission locale.

-Conseil des Activités

Educatives du

Bénin (CAEB), le
centre Songhai, le
Jardin des Plantes

- 2006 Organisation d'un chantier d'insertion en menuiserie à Porto-Novo dans le cadre d'un partenariat entre le CAEB, le lycée technique de PortoNovo, le PLIE, le GRETA et l'association Crysalis de Cergy Pontoise.

10 bénéficiaires du PLIE ont été formés par le Greta aux techniques de menuiserie pendant deux mois puis sont partis à Porto-Novo afin réaliser du mobilier scolaire pour une classe de Porto-Novo. Le projet a également

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en vue de leur future insertion

professionnelle.

- Améliorer les conditions de vie des populations de Porto-Novo par la création et l'aménagement d'un espace public

- 3 organismes de formation,

Crysalys Formation, le GRETA 95 Ouest et INCITE

et de la Nature de PN, un Lycée technique.

obtenu le soutien de la Région Ile-de-France et de la ville de Cergy. - 2007-2009 Organisation d'un chantier espace vert.

Sept bénéficiaires du PLIE ont été formés par l'association Crysalis aux techniques d'entretien d'espaces verts pendant 2 mois puis sont partis à Porto-Novo pour aménager, avec 7 jeunes portonoviens, un espace vert au sein du CEMAAC, centre de formation artistique (sur des groupes initialement prévus de 12 et 20 apprenants).

Développement numérique

- Mobiliser des étudiants de Cergy-

Pontoise et de Porto-Novo pour la mise en place d'applications informatiques au profit de la Ville de Porto-Novo afin de leur permettre d'acquérir des compétences techniques et un savoir- faire.

- Développer l'esprit d'entreprise chez les étudiants cergypontains et portonoviens.

- Initier un partenariat entre la ville de Porto-Novo, l'USAM, le Centre Songhaï et le ONG 2i autour des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

- Mobiliser des jeunes de Cergy-Pontoise et de Porto-Novo autour d'un projet de solidarité qui leur permettra de dépasser les représentations qu'ils ont les uns des autres, de gagner de l'assurance et d'acquérir des compétences techniques en vue de leur future insertion professionnelle,

- Initier un partenariat entre la Ville de Porto-Novo, l'ONG 2i, la Société
Equipement et Maintenance, le CAEB

autour des nouvelles technologies de
l'information et de la communication,

- Contribuer à la mise en place d'un partenariat entre Incite-formation et

-l'INTIN

- l'USAM
- l'UATM

- l'ONG Initiatives informatiques,

- La Société d'Équipement et Maintenance

- Songhai - CAEB.

- 2007 Février : travail conjoint de 2 semaines à Porto-Novo entre 3 étudiants et 1 enseignant ITIN et 3 informaticiens et 1 statisticien de PN. Recueil d'informations et diagnostic sur les besoins pour la création de logiciels dans 3 domaines :

Interconnexion entre les centres de santé et l'hôpital pour améliorer le

suivi des patients/patientes

Système d'information urbain de proximité

Formation continue et diffusion de l'information scientifique, technique et culturelle

Mars à juin : travail à distance associant 21 étudiants de l'ITIN et 4

étudiants de l'USAM sur le développement des applications

Echec du partenariat ITIN - USAM.

- 2009 Juin : voyage de l'ITIN à PN (décalé d'un an) associant 19

étudiants et 2 encadrants

livraison des produits (1) et (2) : non fonctionnels

proposition de schéma directeur informatique pour la mairie

identification d'une nouvelle école partenaire, l'UATM

Juillet - août : participation de 2 informaticiens de PN au séminaire d'été de l'entrepreneuriat à l'ITIN ; les deux informaticiens élaborent une plan d'affaires qu'ils déposent au Fond National pour l'Emploi des Jeunes qui restera sans suite.

Novembre à juin 2009 : suite du travail sur le Schéma directeur

informatique de la ville dans le cadre du partenariat ITIN - UATM avec une implication du Directeur du Pôle Systèmes d'informations de la CACP. - 2008 Mission exploratoire d'INCITE Formation (directeur et responsable du multimédia)

- 2009 Séjour du directeur de la société Equipement et Maintenance à Cergy Pontoise : calage technique et mise au point d'un prototype d'ordinateur avec INCITE Formation

Lancement de la formation des jeunes portonoviens au CAEB avec des

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l'ONG 2i qui pourrait se concrétiser par la mutualisation de cours et des échanges de formateurs,

- Améliorer la qualité des soins à Porto- Novo par l'équipement des centres de santé de la ville de Porto-Novo en matériel informatique.

 
 

formateurs des trois structures CAEB, EM et ONG 2i

Chantier pratique associant les 12 jeunes portonoviens et 6 jeunes de Cergy Pontoise en contrat d'insertion chez INCITE Formation (3 semaines) : montage de 15 ordinateurs

- 2010 Remise des ordinateurs aux centres de santé de PN et initiation à l'informatique pour les utilisateurs par les jeunes portonoviens et leur formateur principal (EM)

Santé

- Améliorer le fonctionnement des

structures sanitaires de la ville de Porto- Novo et articulation entre elles

- Favoriser l'amélioration des pratiques professionnelles de part et d'autre

- Développer la connaissance mutuelle des réalités socio sanitaires de chacun des pays

-Centre

Hospitalier René Dubos de

Pontoise

-Fondation René Dubos

-l'IFSI Pontoise.

-Centre Hospitalier de l'Ouémé et du Plateau

-15 centres de santé

-La Direction Départementale de la Santé.

- 2004 Février : mission exploratoire d'un représentant du Centre

Hospitalier René Dubos de Pontoise à Porto-Novo : prise de connaissance du système de santé et des acteurs et identification d'actions possibles Octobre : séjour de 2 représentants du Centre Hospitalier René Dubos de Pontoise à Porto-Novo : échanges entre professionnels sur leurs systèmes de santé respectifs, les modalités de prises en charge des patients, leurs responsabilités, l'organisation de l'accueil.

- 2005 Janvier : Mise en place d'un programme pluriannuel de coopération sanitaire, en 2004, entre le Centre Hospitalier René Dubos de Pontoise et le centre hospitalier départemental de l'Ouémé et les centres de santé de la ville de Porto-Novo

Décembre : signature de la convention multi acteurs de coopération sanitaire, avec 8 volets.

- 2006 Mai : 1er séjour d'acteurs de la santé de Porto-Novo à Cergy Pontoise pour : étudier l'organisation de l'hôpital et de son service gynécologie - obstétrique : échanges professionnels, visite exhaustive des services de l'hôpital de Pontoise, pratique en commun, préparation de la session de formation pour les sages femmes et les aides soignantes programmée à PN.

Août : 3ème mission du CHRDP à PN pour la formation des sages-femmes et aides soignantes par le responsable de la maternité et une sage-femme du CHRD et leurs homologues de Porto-Novo.

- 2007 Février : 4ème séjour CHRDP à PN : état des lieux des centres de santé et recensement des besoins liés aux soins de gynécologie - obstétrique. Recadrage du programme

Décembre : 5ème séjour CHRDP à PN pour le suivi des actions et de la mise en oeuvre des protocoles.

- 2008 Mai : 2ème séjour CHD-OP à CP = échanges professionnels, décisions / organisation accueil et mise en place d'un comité de suivi

Juin : 3ème séjour CHD-OP à CP = échanges prof ; décisions sur prise en

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charge des patientes, passation équipes, hygiène

Le directeur de l'hôpital réalise des investissements pour l'amélioration des conditions d'accouchement dans les salles de travail.

Stage de 2 élèves infirmiers à l'hôpital de Porto-Novo

- 2010 Stage de 3 élèves infirmiers au sein du Réseau Santé Familles Communautés de la ville de Porto-Novo sur la problématique de l'automédication.

Socio-éducatif

- Educatif : faire s'exprimer des enfants sur des problématiques liées à leur environnement, leur quartier, leur vie quotidienne à travers différents supports tels que la photographie, la vidéo, le théâtre, le jeu

- Culturel : créer des passerelles entre des enfants de la ville de Porto-Novo et de l'agglomération de Cergy-Pontoise pour les ouvrir à d'autres réalités culturelles.

- Collège des Toupets à Vauréal

- Association Enjoy

- Ecole des Bourseaux

-

- Association étudiante FOTONOVO

- Association béninoise

« Femmes action développement » de Porto-Novo

- Ecole Takpota

- Collèges Nicolas
Flamel et GBokou

- CEG Agbokou

- 2004-2006 Echange entre le collège des Toupets à Vauréal et le complexe scolaire de la Rosette à Porto-Novo via l'association étudiante FOTONOVO : réalisation d'une exposition de photos sur le patrimoine du Vieux Porto-Novo, un film qui croise les regards de collégiens cergypontains et portonoviens sur le thème de l'eau, l'utilisation du théâtreforum pour travailler sur des thèmes comme l'environnement, l'eau, les discriminations.... L'échange s'est arrêté en raison d'intérêts divergents. - 2007 L'association étudiante initie un projet entre deux associations d'éducation populaire : Enjoy de Cergy et l'association béninoise « Femmes action développement » de Porto-Novo. La fabrication de jeux sur leur deux pays a amené les enfants à se questionner sur leur environnement, leur mode de vie...

- 2008 FOTONOVO développe des échanges autour du thème de l'alimentation entre l'école des Bourseaux de Cergy et l'école Takpota et travaille avec les collèges Nicolas Flamel et GBokou qui souhaitent développer un projet en commun.

- 2009 Appui de l'association dans le développement des échanges entre le CEG Agbokou et le collège Nicolas Flamel

Patrimoine, Culture et Tourisme

- Doter la Ville de Porto-Novo d'outils lui permettant de mettre en place un dispositif de collecte, de conservation et de promotion de son patrimoine immatériel ;

- Mobiliser des étudiants de l'Université de Cergy-Pontoise et de l'injeps autour d'un projet de coopération décentralisée qui lui permettra d'acquérir des compétences techniques et un savoir- faire en vue de leur insertion professionnelle ;

-L'Université de Cergy-Pontoise

-L'Institut National de la Jeunesse, de l'Education

Physique et du

Sport (INJEPS)

-CEMAAC (Centre d'études musicales, artisanales et d'animation

culturel)

- 2007 Voyage d'étude à Cergy-Pontoise du directeur du Centre d'Etudes Musicales Artisanales et d'Animation Culturelle

Réalisation d'un travail de collecte de données des éléments culturels et cultuels de la région de Porto-Novo (répertoire musicale, contes, légendes, danses...) par un binôme constitué d'un étudiant de l'Université de CergyPontoise et d'un étudiant de l'INJEPS (Porto-Novo) afin de créer une banque d'images et une audiothèque au sein de la médiathèque du CEMAAC.

Accueil d'un musicien Béninois pour travailler avec des jeunes

cergypontains qui participent à un atelier théâtre organisé par le conservatoire et qui débouche sur la réalisation d'un spectacle pour le lancement de la semaine de la solidarité internationale

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- Permettre à l'Université de Cergy-

 
 

- Depuis 2008 Echanges, accueil d'artistes et lancement d'une réflexion

 

Pontoise de s'inscrire dans un projet de

 
 

pour construire un projet culturel avec le Théâtre 95, le Conservatoire et

 

territoire de l'agglomération de Cergy-

 
 

l'Espace Césame, le CEMAAC et d'autres partenaires portonoviens à

 

Pontoise.

 
 

identifier.

La ville de Buchelay (Cadre de projets destinés à être mis en place)

SECTEUR

OBJECTIFS

PARTIES PRENANTES EN FRANCE

PARTIES PRENANTES AU BENIN

ACTIONS ET PROJET

Développement urbain

(Volet espaces verts)

(A déterminer)

(A déterminer)

- Mission d'experts de la Ville de Buchelay à Porto-Novo

- Réalisation du projet : la Place de Buchelay,

- Création d'une pépinière,

- Séjour en immersion d'agents municipaux de Porto-Novo à Buchelay - Mise en place d'outils et de protocoles de gestion

- Création et développement de deux à trois massifs à Porto-Novo, - Diagnostic paysager de la commune de Porto-Novo,

- Création d'une Cellule des espaces verts à Porto-Novo,

Développement agricole

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Appui institutionnel et des politiques publiques

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Amélioration de conditions de vie à Porto-Novo

- Renforcement des capacités de la Cellule des déchets de Porto-Novo

- Définition d'un projet pilote de gestion des déchets

(A déterminer)

(A déterminer)

- Mis en oeuvre du projet pilote,

- Sensibilisation des populations à la question du traitement des déchets à partir des solutions trouvées par le projet pilote.

- Séjour en immersion d'agents municipaux de Porto-Novo à Buchelay

- Mission d'experts de la Ville de Buchelay et de la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines

- Création de nouveaux postes et recrutement de personnel,

formation du personnel,

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- Equipement de la Cellule

- Choix d'un quartier pilote

- Etudes monographiques du quartier - Elaboration d'un dossier de projet.

Insertion

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Développement numérique

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Santé

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Socio éducatif

(Volet enseignement supérieur)

 
 

- Accueil de deux étudiants boursiers à Buchelay

- Accueil d'étudiant de l'IUT de Mantes à Porto-Novo pour des stages intégrés à leur projet de formation

- Création de bourses d'excellence pour deux à trois bacheliers les plus méritants de Porto-Novo

- Rapprochement entre un établissement d'enseignement supérieur de Porto-Novo et l'IUT de Mantes à travers des projets partagés

Patrimoine, Culture et Tourisme

- Renforcement de capacité du Service culturel de Porto-Novo.

- Définition d'une politique municipale pour la culture.

- Participation aux évènements artistiques et culturels sur les différents territoires

- Renforcement de capacités du service jeunesse et sports de Porto-Novo,

- Définition d'une politique municipale pour la jeunesse et les sports.

(A déterminer)

(A déterminer)

- Rapprochement entre le Centre d'Etudes Musicales, Artisanales et

d'Animation Culturelles (CEMAAC), le Centre des Arts et des Loisirs de Buchelay

création d'une bibliothèque au Cemaac

- Création et développement d'une résidence d'artiste sur les deux territoires. - Création d'une année du Bénin à Buchelay

- Mission d'experts de la Ville de Buchelay.

- Organisation de chantier de solidarité avec les jeunes des deux territoires. - Création d'une base de loisirs nautique à Porto-Novo,

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Communauté d'Agglomération du Grand Lyon et la ville de Lyon

SECTEUR

OBJECTIFS

PARTIES PRENANTES EN FRANCE

PARTIES PRENANTES AU BENIN

ACTIONS ET PROJETS

Développement urbain

- Amélioration des services urbains de la Mairie de Porto-Novo

- Direction de relations internationales.

- Agence d'urbanisme du Grand Lyon.

- Direction de la Voirie

-Mairie de Porto- Novo (DST)

-Missions de techniciens pour réalisation d'expertises en

urbanisme (2 par an sur 3 ans)

-Envoi du matériel : 5 feux tricolores.

Développement agricole

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Appui institutionnel et des politiques publiques

-Prioriser les échanges de compétences
entre techniciens afin d'assurer le suivi et
l'évaluation des différents volets de la

coopération sur le terrain et d'accompagner la mise en oeuvre des différents projets.

 
 

- L'appui à la mise en place d'une structure intercommunale à l'échelle du Département de l'Ouémé (création de la

Communauté de communes de l'Ouémé (CCO), regroupe 9 communes du Département.

- 4 stages de formation d'une durée de 15 jours de techniciens de la ville de Porto-Novo à Lyon, ce qui fait un total de 12 stages sur la durée de la convention, soit sur 3 années.

Amélioration de conditions de vie à Porto-Novo

- Obtenir une gestion des déchets (collecte- traitement), compatible avec les finances communales de Porto Novo tout en respectant l'environnement

- Direction de la propreté de Lyon

- PGUD2 (Projet de Gestion Urbaine Décentralisée) de la Banque mondiale,

- Mairie de Porto- Novo

- Appui technique pour l'amélioration de la gestion de déchets - Envoi de matériel, camions BOM pour ramassage d'ordures ménagères

Insertion

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Développement numérique

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Santé

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Socio éducatif

(Pas de projets dans ce secteur)

 
 

(Pas de projets dans ce secteur)

Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo
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Patrimoine, Culture et Tourisme

- Amélioration de l'offre touristique de la ville de Porto-Novo.

- Participer à la sauvegarde du patrimoine culturel et architectural de la ville de Porto-Novo.

- Mission patrimoine de la ville de Lyon.

- Agence d'urbanisme du Grand Lyon.

- Partenariat pour le Développement Municipal (PDM).

- ONG VUCP (Villes Unies Contre la Pauvreté) - CCO (Communauté de communes de l'Ouemé).

- l'Ecole du

- L'appui à la réalisation d'un diagnostic touristique du département de l'Ouémé.

- L'organisation d'un atelier sur les réalités touristiques de la région en novembre 2005.

- L'appui à l'installation officielle de la mission développement touristique.

- Organisation de rencontres internationales sur ce sujet.

- Mission de techniciens pour réalisation d'expertises (2 missions

 
 
 

Patrimoine Africain

par année) : le dossier de candidature Unesco, réhabilitation du

 
 

- Culture 2000 (programme d'UE).

(EPA),

patrimoine des sites historiques de Porto Novo.

- 2007 création de la « Maison du patrimoine et du tourisme » de la ville.

 
 
 
 

- 2005 appui à la réalisation d'un diagnostic touristique du département de l'Ouémé.

 
 
 
 

- 2005 organisation d'un atelier de réflexion sur les réalités touristiques de la région.

 
 
 
 

- L'appui à l'installation officielle de la mission développement touristique.

 
 
 
 

- 2007 organisation d'un nouveau temps de rencontre « rendezvous partenarial du tourisme ».

Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo
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Chapitre IV. Analyse transversale des accords de coopération de la ville de Porto-Novo

1. Évaluation générale des projets

1.1. Approche globale sur les orientations des partenariats

Nous allons maintenant examiner globalement les orientations des partenariats qu'entretient la ville de Porto-Novo avec ses homologues, la Communauté d'Agglomération de CergyPontoise, le Grand Lyon et la ville de Buchelay.

Les orientations d'une convention de coopération s'établissent lors de discussions conjointes entre les éventuels partenaires. Ces réunions préliminaires permettent d'évaluer les attentes de chacun d'eux, les spécificités de chaque territoire et de déterminer ainsi la logique d'intervention.

L'ensemble des partenariats de coopération décentralisée s'inscrivent dans le domaine de la solidarité internationale et de l'aide au développement, l'objectif de quasiment tous les projets est d'apporter des solutions aux enjeux de développement que connaît la capitale du Bénin. Il n'est donc pas étonnant de constater que la coopération s'articule à sens unique, c'est-à-dire, une aide apportée du Nord vers le Sud : le bénéficiaire principal des actions est systématiquement la ville de Porto-Novo.

La dynamique de la coopération avec la ville de Buchelay est encore trop récente pour pouvoir effectuer une approche évaluative, dans le cadre de notre séjour au Bénin, nous n'avons pas eu accès à suffisamment de documents pour effectuer un tel travail. Néanmoins, nous avons pu nous procurer la convention générale ainsi que le programme pluriannuel 2011-2013. Cela nous a permis d'intégrer tout de même ce partenariat à notre analyse générale.

En ce qui concerne les conventions contractualisées, chaque partenaire du Nord en
concertation avec Porto-Novo et sa politique de développement, a prévu de déployer une aide
en fonction du secteur où il pourrait le mieux faire valoir son niveau d'expertise. Ainsi, par

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exemple la ville de Lyon a décidé de soutenir techniquement le dossier de candidature de la ville de Porto-Novo au Patrimoine mondial de l'Unesco, car elle a elle-même plusieurs sites inscrits dans ce programme de l'Unesco.

Cependant, il arrive que plusieurs conventions et les actions qui en découlent convergent dans un même domaine, c'est le cas de la gestion des déchets. En effet, une convention spécifique très récente vient d'être signée entre Porto-Novo et la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise concernant la gestion des déchets, alors que le Grand Lyon travaille déjà dans ce secteur. Nous avons donc, avec la ville de Buchelay, trois partenaires oeuvrant dans le même domaine, ce qui pose des questions sur le niveau de coordination entre les acteurs. Toutefois, les besoins sont grands et il peut être nécessaire de faire converger plusieurs acteurs sur un domaine qui pour l'instant dépasse largement la capacité exécutive, technique et financière de Porto-Novo.

Cette situation se répète dans d'autres secteurs comme le développement urbain, mais avec une approche différente, car même s'il s'agit du même secteur, les possibilités d'intervention sont très diverses. Ainsi, les trois conventions générales, c'est-à-dire, la convention générale de la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, celle du Grand Lyon et celle de la ville de Buchelay, comprennent un volet « gestion des déchets ». Toutefois, le Grand Lyon possède une grande longueur d'avance par rapport à ses homologues car il a orienté sa politique de coopération vers ce secteur depuis la première convention contractualisée avec Porto-Novo. Le Grand Lyon dispose d'une bonne capacité d'expertise sur les services urbains ainsi que d'une longue expérience de coopération décentralisée dans ce domaine. La coopération entre le Grand Lyon et Porto-Novo suit la même logique d'intervention déjà déployée dans d'autres capitales de l'Afrique de l'Ouest (Ouagadougou, Bamako, Lomé), elle est centrée sur les enjeux du développement urbain, des services de la ville, en particulier celui de la propreté et de la voirie, de la gestion des ordures ménagères et de la mise à disposition des équipements sous forme de dons. Le Grand Lyon a fait de la coopération technique en urbanisme, en service de la ville et en politique patrimoniale et touristique sa marque de fabrique en termes de politique de coopération.

Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo
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En ce qui concerne le développement urbain, le Grand Lyon et la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, se côtoient. Cependant, Cergy-Pontoise a choisi de développer plutôt les Ateliers internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine.

Dans le domaine de l'appui institutionnel Cergy-Pontoise et le Grand Lyon se côtoient à nouveau. En revanche, dans ce secteur les deux collectivités ont décidé de se coordonner sur certains domaines. Le Grand Lyon ainsi que la Communauté d'Agglomération de CergyPontoise, ont accordé leur stratégie sur la formation de techniciens et d'élus sous forme d'échanges. Il s'agit d'améliorer les capacités techniques et humaines de la capitale en se centrant sur l'intercommunalité, l'appui à la décentralisation et sur la gestion des finances locales.

Au niveau du secteur socio-éducatif, la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Buchelay partagent également ce même domaine mais les actions engagées sont sensiblement différentes et une recherche de mutualisation des efforts ne se justifierait pas.

Pour la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, nous pouvons rassembler ses différentes conventions spécifiques (12 au total) en deux catégories selon les parties prenantes et les actions engagées. D'un coté nous avons celles qui concernent exclusivement les deux collectivités avec des projets de renforcement institutionnel (voyages d'étude d'élus), le développement urbain et le projet d'assainissement d'eau. Et de l'autre coté, celles qui associent les acteurs des deux territoires de façon parallèle aux conventions signées par les deux collectivités avec des projets concernant l'agriculture, la santé, l'insertion, le numérique et la culture.

Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo
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1.2. Résultats des projets et bilan global de la coopération

Dans cette partie, nous allons tenter de répondre à la question suivante : Les accords de coopération décentralisée qu'entretient la ville de Porto-Novo avec ses partenaires les collectivités françaises, répondent-ils vraiment aux besoins de développement de cette capitale ?

De façon générale, les conventions de coopération couvrent une gamme très large de domaines d'intervention pour le développement dont Porto-Novo a incontestablement besoin, surtout au niveau de services basiques. Cependant, l'écart existant entre les expectatives créées, les intentions affichées, les objectifs fixés et les résultats obtenus reste très vaste. Mais cela ne veux pas forcement dire que le bilan global est négatif, bien au contraire, tout dépend de quelle partie du verre nous voulons considérer comme la plus importante : la moitié pleine ou la moitié vide. Selon les perceptions recueillies, les acteurs de la coopération française ont une tendance a considérer plutôt la moitié vide du verre, leurs homologues béninois la moitié pleine. La question reste de savoir sur quels critères nous allons nous appuyer pour établir ce bilan : Sur le niveau d'atteinte des objectifs ? Sur la perception des bénéficiaires ? Sur les axes structurants ? Sur les dépenses réalisées ? Ou sur la pérennité des projets ? Un peu de tout cela.

Si l'on s'appuie sur l'atteinte des objectifs, les résultats des projets sont très inégaux et cela dépend moins des partenariats (Cergy-Pontoise et Porto-Novo par exemple) que des projets et des acteurs impliqués (gestion des déchets par exemple). Dans certains domaines les résultats sont très satisfaisants, comme c'est le cas dans de l'insertion numérique pour Cergy-Pontoise, ou dans l'intercommunalité pour le Grand Lyon. Dans d'autres domaines les résultats sont moins prometteurs comme par exemple l'assainissement d'eau.

Par ailleurs, les objectifs s'avèrent, assez souvent, trop ambitieux à l'égard des efforts
financiers et des capacités de gestion de la Mairie de Porto-Novo. Regardons le cas de la
convention pluriannuelle de la ville de Buchelay. L'article N°6 de la convention, relative aux

engagements de l'une et l'autre des parties du partenariat, dit que « La Communautéd'Agglomération de Mantes-en-Yvelines [communauté d'agglomération à laquelle la ville de Buchelay est rattachée], sous réserve de l'approbation de son assemblée délibérante,

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s'engage à verser sur trois (03) ans, sous forme de contrepartie, une subvention équivalente à celle versée par la Ville de Buchelay au profit des projets retenus par les trois parties », « La Ville de Porto-Novo, sous réserve de l'approbation de son Conseil municipal, [... ] s'engage à verser sur trois (03) ans, une contrepartie équivalente à deux (02) fois les subventions versées par la Ville de Buchelay et la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines au profit des projets retenus par les trois parties ».

L'assemblée délibérante de la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines a voté dans le Conseil du 23 Mars 2011 un budget de 7500€ pour le financement des projets figurant dans la convention. A cela il faut rajouter les apports de la ville de Buchelay et de Porto-Novo, ce qui fait au total, selon les modalités de calcul citées ci-dessus, un budget alloué par les trois partenaires de 30.000€. Trente mille euros pour financer : le renforcement des capacités de gestion des déchets, la création d'une base de loisir nautique à Porto-Novo, le recrutement de personnel, une bibliothèque, une résidence d'artistes, une mission d'experts, les études et les expertises, un travail de communication, deux bourses d'excellence, la création d'espace verts, la création d'une pépinière, et ainsi de suite... Il est vrai que le coût de la vie au Bénin est très bas mais pas à ce point tout de même. Nous ignorons si d'autres bailleurs de fonds sont prévus mais il parait assez évident, toutefois, que cela signifierait une démultiplication d'acteurs et, en conséquence, une augmentation directe des facteurs qui échappent à la maîtrise du projet, et cela sans prendre en considération la complexification de la gestion. Il n'est donc pas étonnant de constater des écarts entre les objectifs et les résultats.

Cependant, certains des objectifs qui pouvaient paraitre ambitieux ont été finalement atteints. La politique d'accompagnement du Grand Lyon en termes de tourisme et de patrimoine a donné des résultats remarquables malgré les énormes difficultés rencontrées et exprimés par tous les partenaires, c'est le cas de la Maison du Patrimoine et du Tourisme. Porto-Novo ne disposait d'aucune structure destinée à la valorisation du patrimoine, pourtant très riche et très menacé. Ce projet a signifié également un pas en avant au niveau de la prise de conscience sur l'importance du patrimoine culturel et architectural au sein des institutions politiques. Ce projet est devenu un véritable symbole du partenariat.

Dans le domaine du tourisme les résultats sont plus mitigés mais des progrès importants ont été accomplis.

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Nous pouvons également observer les résultats en fonction des axes structurants. A quelques mots près, les axes structurants de tous les partenariats sont plus au moins les mêmes. Il s'agit d' « accompagner la ville de Porto-Novo dans l'élaboration et la mise en oeuvre de son projet urbain et de ses stratégies de développement et d'amélioration des conditions de vie de la population ». Nous avons pu constater des résultats remarquables notamment dans le domaine du développement urbain, cela est certainement dû au fait que l'ensemble des partenariats ont mis l'accent sur l'appui technique et institutionnel. En effet, tous les accords prévoient un appui technique ce qui permet à la Mairie de professionnaliser son personnel, de développer ses capacités techniques, de renforcer son fonctionnement et de gagner en autonomie et en efficacité.

Un autre aspect important à souligner sur cette politique d'appui technique est le fait que le personnel bénéficiaire des formations est issu du Sud. Leur condition de béninois leur permet de mieux adapter ces apprentissages à la réalité et aux contraintes locales.

Enfin, un paradoxe demeure. Les partenaires du Sud expriment les mêmes inquiétudes que leur homologues du Nord concernant : le manque de concertation sur les dispositifs de pilotage, les retards dans l'application des calendriers, le manque d'information, la frustration pour les projets non aboutis. Toutefois, ils manifestent une satisfaction unanime au moment d'évaluer le résultat global des projets. Les partenaires du Nord, quand à eux, manifestent des signes de désenchantement et de scepticisme à l'égard du partenariat à force de cumuler les dysfonctionnements, surtout au niveau du suivi et de l'évaluation des projets. Au Bénin, les autorités peuvent vérifier sur place l'état d'avancement ou les résultats d'un projet mais ce n'est pas le cas pour les partenaires du Nord, cela entraîne des gènes graves dans le fonctionnement administratif interne des collectivités françaises (justification des dépenses et des démarches). Les services de la Mairie de Porto-Novo devraient être plus attentifs aux besoins des collectivités du Nord car après tout, sans le soutien de ces collectivités, beaucoup de projets ne verraient jamais le jour.

Or, divers aspects de la coopération sont très valorisés et appréciés par tous les partenaires : la
dimension humaine de la coopération, l'enrichissement mutuel, la satisfaction pour les projets
accomplis, l'apprentissage professionnel, l'ouverture d'esprit, etc. Car malgré tout, la

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coopération décentralisée rend possible de mener des projets en commun, de partager un but, de relier des forces, de s'investir pour une cause commune, de mettre en pratique des savoir-faire, de partager une expérience, en plus de l'envie de chacun de voir des résultats de la concertation des efforts, c'est là qui réside la véritable force de la coopération décentralisée.

1.3. La stratégie de la coopération décentralisée et le Plan de
Développement Municipal de la ville de Porto-Novo

En 2005 la Mairie de Porto-Novo, en présence de conseillers, de personnes ressources, de représentants de diverses classes sociales, de responsables à divers niveaux des services déconcentrés de l'Etat et d'autres acteurs du développement du territoire de l'Ouémé, a élaboré un document stratégique de développement local extrêmement complet et précis : le Plan de Développement Municipal (PDM). Ce document aborde toutes les filières de production du département de l'Ouémé ainsi que quasiment tous les domaines d'intervention du secteur public. Quoique légèrement ambitieux et parfois irréaliste, il a au moins la vertu de servir de véritable cahier des charges pour les actions du conseil municipal et des autorités publiques en place.

Ce plan comporte au total 14 programmes et 51 projets pour un budget de 26,6 milliards dont 7,6 de fonds propres. Le PDM constitue un outil de gestion et de négociation et aussi une référence pour l'évaluation des actions. Il définit les méthodologies de travail, les axes et les objectifs, la programmation et le schéma de financement par secteur d'activité, le plan d'investissement, les infrastructures nécessaires, les priorités de projet par secteur, etc. pour un horizon temporel de 20 ans.

Pour ce faire, « la Municipalité de Porto-Novo s'est appuyée sur les éléments des orientations
globales de développement définies au niveau national et au niveau départemental, les
instruments juridiques (loi cadre sur l'environnement, conventions internationales, schéma

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directeur d'aménagement du territoire, le document stratégique de réduction de la pauvreté, etc.), les aspirations des populations, les potentialités et les contraintes de la municipalité »9.

Vu de l'extérieur nous pourrions nous attendre à ce que ce très bon document de travail serve de référence à toutes les initiatives qui visent le développement local, en particulier à la coopération décentralisée. Cependant, il est ignoré pour presque tous les cadres de la Mairie de Porto-Novo. Certes, le document est arrivé à échéance en 2009, mais il est toujours d'actualité, d'autant plus que la plupart des activités fixées n'ont pas été réalisées.

Il est fort surprenant de constater que lorsque l'on pose la question du rôle du Plan de Développement Municipal dans la l'élaboration des stratégies aux différents services de la Mairie, personne ne le prend vraiment en compte dans le cadre de l'exercice de ses fonctions. Il est même très difficile de se procurer un seul exemplaire au sein des administrations ou des directions municipales, où il n'y en a pas ni en format papier ni en format numérique.

Nous avons donc conclu que le PDM n'est pas un document de référence pour le développement local, et qu'il n'existe aucun lien entre la stratégie de coopération décentralisée et le PDM. Alors, si le PDM ne sert pas à établir la stratégie de coopération, avec quel document et de quelle façon la stratégie de coopération décentralisée est-elle fixée par les autorités portonoviennes ? En fait, il n'y a pas de stratégie formelle, et comme nous l'a dit le Directeur de la Direction de la Prospective, du développement et de la coopération de la Mairie de Porto-Novo avec un pragmatisme accablant « ici on n'a pas de stratégie, on fait les choses en fonction de comment elles se présentent, on improvise ». Les fréquents retournements de situation dans les champs de la politique et de l'économie, la fragilité des systèmes mis en place ainsi que la pertinence discutable de la planification à long terme dans un tel contexte sont des facteurs explicatifs de cette approche relativiste de la notion de stratégie.

Le processus de prise de décision sur la direction à suivre en termes de coopération
décentralisée se fait dans les instances de concertation directement avec les partenaires
signataires de la convention. Dans la phase de préparation chaque partenaire exprime ses

9 Le Plan de Développement Municipale de la ville de Porto-Novo 2005-2009. République du Bénin.

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besoins et ses attentes et en fonction de cela le Service de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo prend ses décisions et ses dispositions.

Nous pouvons donc parler d'une « stratégie de l'absence de stratégie », cette méthodologie de travail présente ses avantages et ses inconvénients. En effet, d'un côté, le système est moins rigide et il peut s'adapter plus facilement aux changements de situation, de l'autre côté, il y a un manque de vision intégrée ce qui provoque un entrecroisement de projets sur les mêmes domaines entraînant un manque de convergence et des pertes de moyens.

2. Analyse des problèmes

2.1. Le processus de pilotage et les dispositifs opérationnels de la Mairie de Porto-Novo

Au Bénin, nous l'avons vu dans le chapitre III, les véritables accords de coopération décentralisée ont pu être concrétisés à partir de 2003, date à laquelle la décentralisation prend place créant ainsi un environnement politique, institutionnel et juridique plus propice au développement de la coopération sous forme décentralisée.

Les dispositifs opérationnels ou de pilotage sont des mécanismes qui permettent de gérer un projet dans toutes ses étapes du début à la fin. Pour ce faire, la coopération décentralisée nécessite certains dispositifs précis non seulement pour gérer ces projets mais aussi pour coordonner l'action collective et faciliter la compatibilité entre les méthodologies de gestion d'un côté comme de l'autre du partenariat. Ils doivent servir à assurer l'application des engagements figurants dans les convention, la mobilisation des moyens humains et matériels, le suivi et la coordination des actions menées et le maintien des liens entre les services et les partenaires concernés. A propos de la notion de gestion, Jacques GIRIN nous dit que « des situations de gestion existent dès lors que des participants sont réunis et doivent accomplir, dans un temps déterminé, une action collective conduisant à un résultat soumis à un jugement externe ».

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Cependant, la jeunesse de l'expérience de la gestion municipale à Porto-Novo a fait que les dispositifs opérationnels se mettent en place progressivement et au fur et à mesure que les besoins de gestion le requièrent et que l'accroissement des capacités d'investissement de la Mairie le permet. Par ailleurs, la coopération décentralisée a eu un rôle fondamental dans le renforcement des capacités de gestion de la Mairie grâce à l'appui institutionnel, volet pratiquement omniprésent dans les projets de coopération.

Ainsi, un Service de coopération décentralisée avec un chef de service placé sous l'autorité de la Direction de la Prospectives, du Développement et de la Coopération a été créé. Ce service à pour mission :

- de mettre en oeuvre et d'assurer le suivi des projets de coopération décentralisée, - d'établir et de suivre les relations avec les réseaux internationaux existants,

- d'assurer les relations avec les villes partenaires et la maitrise d'ouvrage des projets définis dans le cadre des relations avec ces villes,

- d'assurer la veille informative dans le domaine de la coopération décentralisée.

Malgré les améliorations constantes qu'a connu la gestion municipale à Porto-Novo, des dysfonctionnements persistent, ayant de répercutions non seulement au niveau de la gestion de projets mais également au niveau de la dynamique de la coopération, nuisant parfois aux rapports de confiance entre les acteurs du partenariat.

Cela s'explique en partie par le fait que les cadres de la Mairie doivent faire face constamment à de contraintes techniques et financières considérables qui limitent les capacités de gestion des services de la Mairie. En effet, les locaux de la Mairie de Porto-Novo où se trouve la Direction de la prospective, du développement et de la coopération et le Service de coopération décentralisée, ne disposent pas de lignes téléphoniques ni d'une connexion Internet suffisamment stable pour être un réel outil de travail. De plus, des coupures d'électricité régulières portent atteinte également au rythme de travail des organismes de la Mairie.

L'absence de téléphone fixe oblige les fonctionnaires de la Mairie à assumer les frais de communication liés à leur travail avec leurs propres téléphones portables, sans disposer d'aucun dispositif de remboursement.

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Les réticences à utiliser le téléphone comme moyen de communication ainsi que le caractère aléatoire des pannes électriques et de l'accès à une connexion Internet ralentissent énormément les démarches et les processus de gestion des projets. En raison de ces inconvénients techniques il paraît d'autant plus important qu'au Bénin la mécanique de la gestion repose d'avantage sur le facteur humain, d'où l'importance de multiplier les instances de concertation des acteurs.

Les accords de coopération de Porto-Novo en partenariat avec la France qui concentrent la plus grande quantité de projets sont ceux de la Communauté d'Agglomération de CergyPontoise et du Grand Lyon. Les deux partenariats connaissent les mêmes difficultés. En effet, l'un de problèmes les plus persistants dans l'accompagnement des projets est l'absence de cadre formel de pilotage pour renforcer la participation et la concertation des acteurs et favoriser ainsi les échanges, les réflexions, l'intermédiation, la régulation et le suivi. Egalement, le manque de dispositifs de diffusion pour faire circuler et mettre au courant tous les acteurs et parties prenante sur l'état d'avancement des dossiers est un autre handicap important pour le bon fonctionnement des projets.

Cela a pour conséquence un défaut d'appropriation des acteurs concernés, notamment des équipes techniques de la Mairie. Il faudrait donc redéfinir leur implication dans l'élaboration et le montage des programmes afin de mieux converger sur une idée de démarche commune. Dans le cadre de ces partenariats il y a des précédents très édifiants qui montrent que les projets fonctionnent mieux quand il y a eu plus de temps de concertation pour laisser surgir la complicité personnelle et la convergence professionnelle. Cela montre que le rapport humain est quasiment plus important que l'approche technocratique dans cette partie de l'Afrique.

La Mairie de Porto-Novo a mis en place un dispositif parallèle d'accompagnement et d'appui à la coopération décentralisée. L'organisme s'appelle Commission pour le développement et la coopération. Sa présidente est une élue municipale. Il est composé de 6 personnes et dispose d'un budget propre. Son rôle est de conseiller Monsieur le Maire de Porto-Novo sur des questions liées à la stratégie de développement local et à la stratégie de coopération décentralisée. Toutefois, ses membres ne connaissent ni les orientations, ni les axes de travail, ni les acteurs, ni les problèmes qui rencontre la coopération décentralisée à Porto-Novo. La

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commission n'intervient ni dans la conception ni dans le pilotage politique des projets de coopération. Il s'agit, malheureusement, d'un organisme complètement inopérationnel mais qui pourtant pourrait jouer un rôle substantiel dans la création d'instances de concertation des acteurs du développement et de la coopération.

En ce qui concerne l'utilisation de méthode de travail, aucun modèle de gestion de projet n'est appliqué, comme par exemple la GCP (gestion de cycle de projet) ce qui paraît déranger plus les partenaires du Nord que ceux du Sud.

Enfin, nous avons pu constater un volume important de projets en cours de réalisation, une situation qui pose des questions sur la capacité du Service de coopération décentralisée à les gérer. En effet, au premier abord il paraît assez flagrant que la quantité de personnel assignée à la gestion de ces projets ainsi que les moyens techniques et financiers ne sont pas proportionnels au nombre de projets. D'autant plus que Porto-Novo n'entretient pas uniquement des accords avec des collectivités françaises mais aussi avec d'autres villes d'Afrique, d'Europe et des Etats-Unis.

Au niveau de la dernière convention générale signée avec la ville de Buchelay par exemple, le contenu général du programme porte sur la gestion de déchets, l'enseignement supérieur, les espaces verts, la promotion de la jeunesse et du sport. Cette nouvelle convention rajoute une couche supplémentaire aux difficultés de gestion et aux flux d'activités que ce service peut gérer. De plus, la Mairie de Porto-Novo compte signer bientôt un nouvel accord de coopération décentralisée avec la ville de Lisse.

Toutefois, il est moins simple qu'on pourrait le croire d'évaluer ou de se prononcer sur la capacité de gestion de la Mairie de Porto-Novo. L'approche technocratique ou comparative comme grille d'analyse ne suffit pas et la réflexion nous invite à la prudence et à la relativisation des certitudes. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un territoire où les besoins urgents sont très présents et que les défis concernant l'amélioration des conditions de vie des populations locales sont également très importants. Pour cette raison, les autorités de Porto-Novo ne refuseront probablement jamais une proposition de partenariat avec une collectivité du Nord même si la performance de leur gestion ne suit pas les standards internationaux. L'autorité municipale ne gaspillera probablement jamais l'opportunité d'établir un nouveau

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contrat de coopération afin de l'intégrer, bien ou mal, aux importants efforts conjoints de la communauté portonovienne pour résoudre et améliorer la situation de la ville. Et si un projet n'aboutit pas convenablement ou si ses objectifs ne sont pas accomplis pleinement, les effets positifs se laissent toujours sentir directement ou indirectement. Ainsi, ce sera toujours mieux que de ne pas tenter de le mener à bien.

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Chapitre V : Enjeux et approche critique de la coopération décentralisée Nord-Sud : Le cas de la ville de Porto-Novo

1. La coopération décentralisée et la solidarité internationale

1.1. Les ambivalences de la coopération décentralisée

1.1.1. Le marché de l'aide au développement

Au premier abord et de façon générale, il parait toujours inapproprié de parler d'« intérêts économiques » dans la sphère publique, et d'autant plus quand il s'agit du domaine de la solidarité, car l'intérêt économique et l'action solidaire ne sont pas censés cohabiter dans ce cadre de travail. De plus, dans la culture ou plutôt dans la tradition intellectuelle francophone, l'intérêt économique relève d'avantage du tabou ou du « non dit », la notion d'intérêt économique est associée au « politiquement incorrect ». La situation est sensiblement différente dans la culture anglo-saxonne qui utilise l'approche entrepreneuriale avec moins de réserve. Quoi qu'il en soit, l'idée de « profit » mêlée à la solidarité projette des légitimes suspicions sur l'éthique des stratégies engagées.

Dans le domaine de la solidarité internationale, la notion d'intérêt économique n'est pas uniquement réelle et très présente mais elle s'associe également aux intérêts politiques et géostratégiques formant un trio qui suscite la controverse et qui a d'ailleurs déjà fait couler beaucoup d'encre dans la réflexion sur l'aide au développement. Cette réalité mérite ainsi d'être interrogée dans le cadre de ce travail afin de dégager les enjeux qui interagissent dans ce volet « moins noble » de l'aide au développement et de la solidarité internationale.

Dans cette partie, nous verrons que « coopération décentralisée » ne rime pas forcement avec « coopération désintéressée ». Toutefois, il ne s'agit nullement de faire ici un procès d'intention ou de développer une approche moraliste pour pointer du doigt les acteurs mobilisés par cette notion. Nous partons de la prémisse que la coopération décentralisée pour le développement est bien une action à vocation solidaire. Nous pensons que la motivation

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principale pour engager des accords de coopération décentralisée entre collectivités territoriales d'un bout à l'autre du monde est avant tout le rapprochement entre territoires, le besoin de créer de liens d'amitié et d'intérêt réciproque, la mise en partage de savoir-faire et la recherche de solutions à des problématiques propres de chaque territoire. Cependant, l'implication des différents facteurs tout au long du processus de mise en oeuvre des projets se traduit par l'inclusion d'une logique économique portée par des acteurs qui gravitent autour des fonds considérables alloués chaque année aux projets de coopération décentralisée.

Pour débuter notre analyse, il est important de comprendre le contexte et les modes de fonctionnement de l'Aide publique au développement.

Le Bénin est classé parmi les « pays pauvres très endettés10 », ce classement est lié à un programme international de réduction de la pauvreté impulsé par le Fond monétaire international et par la Banque mondiale en 1996.

Suite aux résultats désastreux de la politique de réajustement structurel préconisée par ces deux organismes dans les années 1980, l'Organisation de Nations Unies décide en 2000 de changer de stratégie et de créer les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) qui se traduisent par huit objectifs adoptés par 193 États et 23 organismes et qui devraient être atteints en 2015. Ces objectifs sont : réduire l'extrême pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité de sexes et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH, le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Pour l'application de ces objectifs, le Fond monétaire international et la Banque mondiale ont mis en place le DSRP (Document stratégique de réduction de la pauvreté) qui est une sorte de feuille de route ou de cahier des charges qui définit les réformes que doit entreprendre un État s'il veut gagner la bienveillance des grandes puissances économiques. Ainsi, tous les pays qui souhaitent bénéficier d'un allègement de leurs dettes extérieures sont appelés à élaborer et à mettre en oeuvre la stratégie globale de réduction de la pauvreté fixée par le DSRP. Le DSPR

10 Classement international PPTE (Pays pauvre très endetté).

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est donc un document unique de politique économique et macroéconomique, un instrument qui sert de référence pour l'attribution d'une grande part de l'aide internationale au développement.

Dans le DSRP, la décentralisation figure comme une reforme incontournable dans la stratégie de lutte contre la pauvreté afin de favoriser la concertation des acteurs locaux. En adoptant le DSPR, le Bénin s'est donc engagé à entamer un processus de décentralisation, processus qui a été bien évidement fortement déterminé par la perspective de voir un allègement important de la dette extérieure qui pesait lourdement sur les finances internes.

Dans le cadre de ce même dispositif d'aide au développement, les pays industrialisés membres du CAD (Comité d'aide au développement) de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) sont contraints, dans le cadre de leurs engagements internationaux, à débourser 0,7% de leur Revenu national brut (RNB) sous forme d'Aide publique au développement. Depuis, tous les fonds ou financements de projets qui relèvent de l'aide au développement et qui sont destinés aux pays ayant adopté le DSPR peuvent être déduits de ce 0,7% du RNB que les pays les plus riches doivent mettre à contribution. Les subventions allouées à la coopération décentralisée rentrent également dans ce calcul.

Dans la pratique les choses sont un peu différentes car très peu des pays riches ont véritablement honoré ces engagements. Dans le cas de la France, son Aide publique au développement de 2009 représente 0,46% de son RNB11.

Depuis leur mise en place dans les années 1950 les différentes politiques d'Aide publique au développement (APD) ont été la cible de fortes critiques et ont suscité de vifs débats. La mise en place des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) n'a pas apaisé les esprits. Mais qu'est-ce qu'on reproche exactement au système d'Aide publique au développement ? On lui reproche de servir avant tout comme un instrument de domination des pays industrialisés, de fonctionner comme une véritable plate-forme d'investissement pour les operateurs économiques et les entreprises transnationales des pays donateurs ainsi que de servir comme un outil de chantage pour influencer ou contraindre certains états à effectuer des

11 www.insee.fr

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modifications économiques et politiques. Ce mécanisme contribue également à maintenir les pays pauvres dans une relation de dépendance.

Les enjeux économiques de l'Aide publique au développement se reflètent par ailleurs dans un paradoxe assez révélateur : le financement des structures et des dispositifs d'aide sociale destinés aux populations défavorisées en France est à la baisse alors qu'en même temps le financement de l'Aide publique au développement de ce pays est une constante hausse depuis 4 ans12. S'agit-il d'un acte d'altruisme cosmopolitique du gouvernement français ? Certainement pas.

En conséquence, la supposée vocation solidaire de l'Aide publique au développement est remplacée par une logique mercantile pour promouvoir les intérêts économiques et politiques des pays donateurs. « L'aide s'inscrit alors dans une relation intéressée par laquelle les donateurs consentent un effort financier pour conquérir des marchés, maintenir et accroître leurs aires d'influence et promouvoir les intérêts de leur classe dirigeante 13».

Il y a également un autre problème qui se pose. En effet, les pays membres du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE incluent dans le calcul du budget de l'Aide publique au développement des dépenses qui ne contribuent en rien à la lutte contre la pauvreté. « Pour ActionAid International (2005), deux tiers des flux d'APD fournis en 2003 représentent une « aide fantôme » : 20 % de l'aide sont investis dans des projets de coopération technique inefficaces dont les prix surfaits profitent essentiellement aux consultants des pays donateurs ; 14 % de l'APD sont enregistrés au titre de mesures de désendettement qui ne correspondent qu'à des jeux d'écriture comptable ; de plus, l'APD se trouve gonflée par des coûts de transaction excessifs liés aux frais administratifs et de coordination de l'aide ; et pour finir, une part croissante de l'APD enregistre les frais d'accueil des requérants d'asile dans les pays industrialisés durant les douze premiers mois de leur séjour 14», mais dans le cas de la France la situation est encore pire car par exemple les frais d'éducation des étudiants

12 http://stats.oecd.org

13 Gilles Carbonnier, « L'aide au développement une fois de plus sous le feu de la critique », Revue internationale de politique de développement [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2010. URL : http://poldev.revues.org/122 ; DOI : 10.4000/poldev.122

14 Gilles Carbonnier, « L'aide au développement une fois de plus sous le feu de la critique », Revue internationale de politique de développement [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2010. URL : http://poldev.revues.org/122 ; DOI : 10.4000/poldev.122

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étrangers inscrits dans les universités publiques françaises ainsi que les frais de reconduite aux pays des immigrants irréguliers servent aussi à gonfler les chiffres de l'Aide publique au développement.

Les controverses que suscite la politique mondiale d'Aide publique au développement mériteraient certainement un examen plus approfondi et quelque centaines de milliers de pages de plus, toutefois, cela risquerait de nous éloigner de notre objet principal qui est la coopération décentralisée.

Comment la coopération décentralisée s'inscrit-elle dans les enjeux de ce contexte international ?

Tout d'abord, il faut bien garder à l'esprit que la coopération décentralisée et l'Aide publique au développement sont deux niveaux d'intervention avec des modes de fonctionnement complètement différents l'un de l'autre, cependant, et en fonction de l'échelle des projets, les deux systèmes s'entrecroisent. C'est le cas notamment pour les projets qui nécessitent des moyens importants : des agences étatiques peuvent figurer comme bailleurs de fond (Agence française de développement par exemple), tout comme d'autre organismes internationaux (Banque mondial, FMI) ainsi que des operateurs économique tels que des entreprises soustraitantes dans l'exécution de projets (transport, développement urbain, énergies, etc.). Le rôle des grands bailleurs de fonds ne se résume pas au déboursement d'argent, leur aide financière est souvent conditionnée à des « adaptations » du projet en question.

Ensuite, le budget que les collectivités territoriales françaises consacrent à leurs dispositifs de coopération décentralisée ainsi qu'à la mise en oeuvre des projets sont déductibles de l'Aide publique au développement. En effet, chaque collectivité territoriale doit déclarer ses dépenses et les résultats sont pris en compte par le ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi et par l'OCDE. Pour faciliter cette tache, le Ministère a mis en place un système de télédéclaration, « La télédéclaration concerne d'une part les montants que les collectivités territoriales ont alloués dans le cadre de projets menés dans des pays en développement ou versés à des associations locales ou des ONG en France ou dans le pays partenaire afin

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qu'elles gèrent pour leur compte des projets de développement. Elle concerne, d'autre part, les dépenses de service [et] charges de suivi des actions...15»

Le fait que le budget consacré par une collectivité territoriale à la coopération décentralisée pour le développement soit considéré comme composante du budget total de l'Etat en termes d'Aide publique au développement n'a, au premier abord, rien d'étonnant. Toutefois, l'implication de l'Etat dans la coopération décentralisée ne se limite pas à des enjeux comptables ou budgétaires. En effet, les organismes d'Etat susceptibles d'accompagner, techniquement ou financièrement, les collectivités territoriales dans la mise en oeuvre de leur programme de coopération, vont prioriser d'avantage les projets qui s'inscrivent dans la politique étatique, soit au niveau du secteur de coopération, soit au niveau de la zone géographique. L'Etat va donc « jouer », au sens stratégique, avec l'assignation de subventions. Par exemple, la nouvelle politique de coopération pour le développement instaurée par la France consiste, entre autre, à établir des zones géographiques prioritaires, notamment, des zones d'où proviennent certains flux migratoires.

Aussi ignoble et stupide que soit cette politique d'aide au développement (les études en la matière ont déjà prouvé le caractère contre-productif de ces mesures), si les objectifs d'un projet ne s'accordent pas à ceux de l'état et des organismes publics de cofinancement en matière de politique extérieure, la collectivité territoriale devra compter sur ses propres moyens.

Or, les collectivités restent libres de choisir, dans le respect de la loi, les orientations de leur coopération en fonction des spécificités de leurs territoires et de leurs priorités. Cependant, dans la course aux subventions pratiquée par la presque totalité des organismes susceptibles de recevoir des subventions, il est difficile d'établir quelle est la part de la stratégie de coopération d'une collectivité qui se trouve conditionnée ou influencée par cette politique gouvernementale.

Pour revenir à l'idée principale qui nous occupe, nous devons concevoir la coopération
décentralisée comme une grande machine qui met en relation les acteurs les plus divers pour

15 http://cncd.diplomatie.gouv.fr

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accomplir les tâches les plus diverses. Nous avons vu dans le deuxième et troisième chapitre de ce travail la quantité de secteurs et d'activités qui pouvaient être concernés par un projet de coopération décentralisée : chantiers écoles, santé, culture, appui institutionnel, patrimoine, développement numérique, transport public, développement durable, urbain, territorial, économique, etc.... Or, les collectivités territoriales ne disposent pas obligatoirement des capacités techniques, logistiques ou de gestion pour gérer à 100% leurs projets de coopération, ce n'est d'ailleurs pas le but. Le rôle d'une collectivité est de faire, entre autre, un travail de fédérateur, de coordination, de contrôle, d'intermédiaire, de gestionnaire des projets, de socle institutionnel, de bailleur de fonds, de créateur de liens, de dynamisation, etc..., en fonction du domaine la collectivité devra faire appel à d'autres acteurs pour déléguer des taches spécifiques et c'est par ce biais-là que la coopération décentralisée offre des débouchés importants pour un nombre croissant d'operateurs. « Si leur engagement en coopération décentralisée n'est pas exempt d'une certaine solidarité avec les pays en développement notamment dans le cadre de jumelages franco-africains, c'est beaucoup moins simple pour la coopération urbaine et économique. Si les villes françaises se lancent dans la coopération avec les métropoles du tiers monde c'est parce qu'il s'est constitué un véritable marché international de l'expertise en ingénierie urbaine »... « la chose est apparue encore plus évidente dans le champ de la coopération économique et financière »16.

Ainsi, les offices de consultants, les bureaux d'étude, les maitres d'ouvrage externes, les operateurs économiques, les ONG, etc... sont tous des acteurs, en majorité privés, qui se trouvent au sein de ce qu'on peut appeler « le marché de la solidarité internationale ». De plus, dans la plupart de cas, les conclusions des expertises et des études restent sans suite et ne sont exploitées par personne.

Dans le cadre de la coopération avec Porto-Novo, les collectivités françaises pratiquent une sorte d'« économie circulaire ». Pour imprimer l'idée dans une figure imagée ou sous forme d'analogie plus éclairante cela équivaut à « sortir de l'argent d'une poche, pour le mettre dans l'autre ». En effet, la plupart des budgets et des subventions alloués aux collectivités françaises servent à payer les activités d'operateurs locaux ainsi qu'à alimenter et à stimuler

16 Franck Petiteville, « La coopération décentralisée. Les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud ». Collection Logiques politiques. Ed L'Harmattan, 1995.

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les compétences des sphères professionnelles locales. Elles servent donc à dynamiser d'avantage leur propre territoire car, par ailleurs, le choix des prestataires et des fournisseurs de services se fait rarement par un système ouvert d'appel d'offre.

Pour les idéalistes, l'aide au développement est un système à vocation solidaire stimulé par des préoccupations d'ordre humanitaire et démocratique, une espèce d'altruisme au service de la paix et de la justice sociale mondiale. Pour d'autres, elle répond à une culpabilité et participe à la réparation historique des pays riches. Quoi qu'il en soit, une reformulation du système d'Aide publique au développement s'impose, l'enjeu est urgent et le mécanisme actuel a déjà montré des résultats mitigés dans la réduction de la pauvreté. Mais sans une implication et une pression plus importante de la société civile et de l'opinion publique mondiale la logique du système continuera certainement dans la même direction.

1.1.2. Aide au développement ou enjeux électoral ?

L'enjeu électoral est quasiment indissociable de toute démarche provenant des autorités publiques ou locales, la coopération décentralisée n'est pas l'exception.

Au Nord, les actions de solidarité internationale ont plutôt un bon accueil au sein de l'opinion publique. Par le biais des médias, une certaine empathie et une réelle préoccupation envers les conditions de vie à l`échelle de la planète sont présentes au sein de la société civile. De plus en plus d'étudiants et de professionnels désirent acquérir une expérience à l'étranger. Les élus locaux également qui souhaitent faire rayonner leur territoire au-delà des frontières en favorisant le déploiement international des équipes techniques municipales ou des acteurs privés sont autant de facteurs qui incitent les autorités à développer des partenariats. Cela leur permet d'afficher auprès de leur électorat une certaine performance administrative et logistique, d'affirmer un engagement de la commune envers les enjeux mondiaux et de proposer un volet international dans leur programme.

Pour les autorités de la Mairie de Porto-Novo, la coopération décentralisée donne accès
principalement à des financements externes. Les montants alloués destinés au financement
des projets leur permettent d'accroitre leur capacité exécutive et d'investissement dans des

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secteurs clefs pour l'électorat comme les équipements publics, l'aménagement du territoire ou l'assainissement d'eau. Cela leur permet aussi d'afficher une certaine performance administrative et logistique auprès de leur électorat.

De façon générale, cette instrumentalisation de la coopération décentralisée a des conséquences directes sur trois niveaux :

- La composante électorale peut altérer ou modifier les priorités, pourtant déjà fixée, au niveau de la stratégie de développement local, laissant la place à des projets avec une « visibilité » plus importante mais moins pertinente à l'égard d'un développement local équilibré. De façon générale, les autorités portonoviennes ne vont probablement jamais refuser une proposition de convention avec une collectivité du Nord, peu importe si leurs capacités de gestion leur permettront de gérer les projets convenablement ou si les domaines d'intervention proposés par les collectivités françaises sont plus ou moins en accord avec les axes ou les orientations de la politique de développement.

- Le calendrier d'activités des projets doit s'articuler selon les impératifs du cycle électoral. Cela peut entrainer des précipitations aveugles afin d'exécuter les projets pour les exploiter politiquement et les faire apparaître dans le bilan général des mandats.

- Dans les cas plus graves, l'enjeu électoral peut entraîner un clientélisme politique dangereux ou donner lieu à des détournements de fonds qui finissent par nuire gravement au fonctionnement et à la crédibilité des institutions, sans compter la perte de moyens qui auraient pu être utilisés dans des contextes de véritable besoin.

Les considérations électoralistes sont donc des aspects inhérents à la coopération décentralisée. Par ailleurs, les objectifs et les orientations fixés dans les conventions sont ainsi souvent tributaires des considérations et des convenances politiques.

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2. La Coopération décentralisée : rencontre de deux territoires et de deux visions

2.1. La dimension « interculturelle » de la coopération décentralisée

Il est étonnant de constater que les ouvrages et les « guides » publiés par des organismes publics et destinés à l'usage des élus, des collectivités territoriales, des partenaires ainsi qu'à l'ensemble des intervenants de la coopération décentralisée ne font nullement référence à sa dimension interculturelle. Le « guide de la coopération décentralisée : échanges, partenariats internationaux des collectivités territoriales » publié sous commande du Ministère des affaires étrangères avec la participation de la Commission nationale de la coopération décentralisée et de la Direction générale de la coopération internationale et du développement, dit en 4ème de couverture de l'ouvrage : « Ce guide pratique à l'usage des collectivités territoriales et de leurs partenaires, des préfectures et des postes diplomatiques, contient une description de l'environnement institutionnel, juridique, technique et financier s'appliquant à la coopération décentralisée selon la conception française 17». Dans le traitement de la question de la coopération à l'international, il ne fait aucune allusion aux enjeux relatifs à la rencontre de deux territoires en termes de relations interculturelles. Il est certain que nous ne sommes plus à l'époque de Christophe Colomb mais tout se fait comme si confronter les clivages culturels relevait du sens commun et de la capacité de « débrouille » de chacun, et que la dimension interculturelle ne jouait aucun rôle dans le succès, l'échec ou le bon déroulement d'un partenariat. Il en va de même pour tous les autres ouvrages de ce type que nous avons pu consulter dans le cadre de cette étude.

Ces ouvrages se veulent « techniques », « pratiques » et sont des « outils » pour développer des partenariats en coopération décentralisée. Il s'agit d'un véritable fondamentalisme de l'approche technocratique avec la bonne maîtrise des outils de pilotage, la bonne planification, les bons objectifs, le bon cadrage, les bonnes méthodes, la bonne logique d'intervention, les bons partenaires, etc.... comme si tout cela était suffisant pour garantir la

17 « Guide de la coopération décentralisée, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales », La documentation Française, 2ème édition, 2006.

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réussite d'un projet à portée internationale. Ces « guides » oublient presque le fait que la coopération décentralisée met en relation des territoires d'un bout à l'autre du monde et que la différence culturelle ne se résume pas à une façon de s'habiller plus ou moins colorée.

Il s'agit probablement d'une sorte de peur plutôt, peur d'aborder le sujet de la différence culturelle, peur de s'inscrire dans un discours idéologique mal placé sans le vouloir, peur de dire « ce qu'il ne fallait pas », peur de rentrer dans ce terrain glissant, on préfère donc éviter la question.

Chercher à comprendre le mode de fonctionnement de l'Autre en termes culturels ne relève pas non plus d'un « guide », il n'y a pas de modèle préfabriqué que l'on croit applicable à n'importe quel contexte, comme c'est le cas des modèles de gestion et d'organisation utilisés dans la gestion de projets. Mais ces ouvrages pourraient au moins avertir sur la complexité du questionnement, donner les grandes lignes de réflexion ou donner quelques éléments d'interprétation pour préparer ce terrain. On se réfugie systématiquement dans un discours technocratique pour expliquer les dysfonctionnements d'un partenariat, on préfère parler de « problème d'harmonisation des cadres juridiques » plutôt que de « problème d'harmonisation des ethnocentrismes ».

Des instances de rencontres comme les voyages des délégations sont toujours prévus dans le cadre d'une coopération. Toutefois, ils sont en général très brefs et se font dans un contexte protocolaire. Ces déplacements s'inscrivent toujours dans un « objectif » précis et considérant que l'interculturalité n'est pas « quantifiable », qu'elle ne peut pas être « accomplie » ou « objectivement vérifiable » dans le programme d'activités. Le résultat est qu'on ne parle pas de interculturalité, on parle de « séances de cadrage » et ce n'est pas même chose.

Pourtant, ce sont ces échanges, ces visites officielles des délégations d'élus et de fonctionnaires locaux, dans un sens ou dans l'autre du partenariat, qui déterminent sensiblement le bon fonctionnement d'un partenariat. C'est dans les moments de rencontre et de partage que les rapports de confiance et de complicité se tissent entre les acteurs de la coopération. La mise en oeuvre de projets élaborés de façon conjointe produit une complicité et une sensibilisation affective et culturelle aux enjeux de développement de la commune en question. Les stages de formation professionnelle, les échanges éducatifs, les « chantiers

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populations », les instances de concertation, etc., sont des facteurs de communication interculturelle dans le cadre de la coopération décentralisée. C'est dans ces moments privilégiés que la volonté et la disposition à apprendre et à appréhender la réalité de l'Autre sont plus présentes. Pourquoi donc ne pas donner une place plus conséquente à ces instances ?

Par ailleurs, nous pensons que pour mieux garantir le succès d'un projet dans le cadre de la coopération décentralisée le niveau d'altérité du porteur du projet est quasiment plus important que son degré de qualification technique.

De façon générale, le discours humaniste sur la rencontre culturelle est fortement rattaché à une conception du politiquement correct et fait l'objet d'une approche humaniste-idéaliste, parfois naïve. Les conflits qui sont survenus lors de la rencontre entre sociétés de cultures différentes, les rapports de domination issus de l'histoire coloniale et des guerres, la persévérance des ethnocentrismes et de la xénophobie, le caractère extrêmement controversé des mouvements migratoires Sud-Nord, le mépris ainsi que la violence symbolique, économique et politique exercés par le Nord, font partie de la toile de fond de la coopération décentralisée Nord-Sud.

La persistance des représentations sociales et historiques est réciproque et cela se manifeste dans les contextes de confrontation culturelle dû à l'ignorance mutuelle. En effet, dans le cadre de la coopération franco-africaine notamment les représentations léguées par la colonisation et celles construites par les médias sont très présentes d'un côté comme de l'autre: modernité, facilité financière, abondance de ressources pour les français; de la chaleur humaine, le bonheur de la simplicité pour les africains.

Dans le cas du Bénin et de la France, les béninois se montrent en général assez enthousiastes face à l'intérêt que portent les français aux problématiques locales. Ils voient une démarche altruiste et des signes d'amitié dans la volonté française d'aider et de participer à améliorer les conditions de vie sur place. L'ouverture et l'intérêt sincère que manifestent les français pour la culture et le mode de vie des béninois sont également très bien perçus spécialement chez les populations qui se sentent délaissées et ignorées par les pouvoir publics centraux ou locaux.

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Ils attendent également des flux financiers conséquents, l'envoi de matériel et éventuellement la possibilité, même lointaine, de quitter le Bénin pour la France.

De leur côté, les français attendent de voir chez les africains le bonheur de la simplicité d'une société dépourvue des ennuis des sociétés industrialisées, la générosité et l'hospitalité spontanée propres aux pauvres qui n'ont rien, de retrouver les valeurs disparues en France comme l'engagement citoyen dans la lutte pour la justice sociale, l'auto-organisation, le respect des anciens, la joie de vivre, etc.

Suite à la confrontation culturelle, ces premières images idéalisées laissent rapidement la place à la déception et au désenchantement. En effet, pour les français les africains deviennent soudainement des gens qui manquent de rigueur dans la gestion des projets, insouciants, qui n'ont aucun sens de la ponctualité et qu'il faut « booster » en permanence. A leur tour, les africains trouverons que finalement les partenaires du Nord ne déboursent pas autant d'argent que l'on s'y attendait, qu'ils sont moins attentifs à leurs besoins et qu'ils sont plus soucieux des papiers que des aspects pratiques.

Cette dynamique des représentations collectives sur l'Autre opère fortement dans les rapports sociaux. Les stéréotypes positifs et négatifs fonctionnent comme grille d'interprétation dans les rencontres interculturelles, en particulier dans le cas Nord-Sud. C'est à ces instants-là que se révèle la complexité des décalages culturels et de la rencontre interculturelle. Les acteurs de la coopération décentralisée qui deviennent de véritables « ponts » culturels sont censés appréhender ces enjeux et les considérer dans toutes les étapes de la mise en oeuvre des projets.

2.2. La réciprocité

Selon le dictionnaire « réciproque » est ce « qui implique entre deux personnes, deux groupes,
deux choses, un échange de même nature
18». Or, dans les accords de coopération

18 Le Robert, « Dictionnaire de la langue française », Ed Club France loisirs, 1994.

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décentralisée entre la ville de Porto-Novo et ses homologues les collectivités françaises, il est surprenant de constater qu'aucune des actions prévues dans les conventions n'est destinée à s'inscrire dans une logique de réciprocité. Dans le chapitre II de ce travail, au niveau de la citation des objectifs et des orientations des partenariats, nous pouvons constater que les objectifs sont formulés dans une logique de réciprocité mais, par la suite, absolument aucune des actions programmées ne constitue un agissement susceptible d'apporter une quelconque réciprocité. Dans les actions engagées ne figure nullement des activités dont le bénéficiaire direct serait l'une des collectivités du Nord.

Une forte dissociation apparaît dans les objectifs fixés et structurés autour du principe de réciprocité et le contenu des projets à mettre en oeuvre. Le principe de réciprocité se traduit dans les documents par des phrases du type « enrichissement mutuel », « comparaison des pratiques professionnelles », « connaître une autre réalité », etc.

Nous pouvons également soulever un autre paradoxe assez étonnant. La méthodologie de travail des partenaires du Nord se caractérise par une omniprésence de l'approche technocratique : toutes les étapes, tous les objectifs doivent pouvoir, au moins, être vérifiés, suivis ou évalués. Pourquoi ce défaut soudain de rationalisation des procédés et de technocratisation du principe de réciprocité ? Les collectivités du Nord trouvent-elles leur compte juste dans la mise en oeuvre des projets ?

Dans le tableau de la partie trois du chapitre III concernant la synthèse de projets engagés par Cergy-Pontoise, le Grand Lyon et la ville de Buchelay, nous pouvons voir que la totalité des activités ont pour seul bénéficiaire direct la ville de Porto-Novo. Où les partenaires du Nord trouvent-ils alors leur compte ? Une fois que tous les projets sont menés à bien, quel a été le bénéfice par exemple pour la communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise?

Résoudre le mystère parait moins pertinent qu'analyser les conséquences que cela entraine dans la dynamique du partenariat. En effet, l'une des premières conséquences est le fait que les rapports se trouvent déséquilibrés. Dans un contexte d'aide humanitaire par exemple, le principe de réciprocité s'articule différemment, mais dans le cas de la coopération décentralisée la balance est censée être plus équilibrée.

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Les partenaires de Porto-Novo s'octroient une réciprocité dans le processus global de mise en oeuvre des projets, les bénéfices de la coopération ne découlent pas d'un projet ou d'un autre. En conséquence, cela donne l'impression à Porto-Novo que la coopération est menée par les partenaires du Nord, et que ce serait donc à eux de la porter. De plus, ce partenaire dispose d'un appareillage impressionnant de dispositifs de coopération décentralisée et d'une équipe technique mieux payée et plus performante.

2.3. Des méthodologies de travail divergentes

La rencontre de deux territoires dans le cadre d'une coopération décentralisée Nord-Sud implique une confrontation entre deux systèmes de pensée et en conséquence de deux façons différentes de concevoir l'exercice de la gestion. Chaque territoire a développé des pratiques gestionnaires propres aux exigences et aux particularités de chaque réalité locale avec plus au moins d'efficacité.

Le cas de Porto-Novo avec les collectivités de Cergy-Pontoise, du Grand Lyon et de Buchelay ne fait pas exception. En effet, les nombreuses différences dans la gestion de projets communs ne se résument pas aux clivages économiques ou institutionnels. Les équipes municipales des collectivités françaises ont des dispositifs de gestion plus techniques que leurs homologues béninois mais également plus rigides et plus procéduriers. Cela entraîne des dysfonctionnements dans la gestion de projets ainsi qu'au niveau de l'harmonisation des façons de travailler.

L'omniprésence de l'approche technocratique et rationnalisante, centrée sur la planification par objectifs et par résultats, qui s'opère à travers les outils de gestion de cycle de projet est une logique empruntée au monde des entreprises et des investissements, reconvertie depuis les années 1970 en outil de gestion publique pour le développement. De Sardan remarque que « tout instrument d'action publique est porteur de significations plus au moins explicites ou latentes, en termes de vision politique, d'une part, et de modèles cognitifs, d'autre part. Autrement dit, il incorpore, au-delà de sa structure technique, une certaine configuration

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idéologique et une certaine configuration épistémologique ». Et il continue, « c'est une technique de rationalisation [...] Elle privilégie une perspective purement gestionnaire centrée sur les facteurs quantifiables, la légitimation de l'intervention et une vision linéaire et mécanique de la causalité...19 »

Cette sorte de fondamentalisme de la vision technocratique envahit toutes les instances et les dispositifs de la coopération et s'avère relativement inadaptée à être intégrée par les homologues béninois car les méthodologies de gestion sont un reflet d'un système de pensée. En effet, les facteurs humains par exemple sont largement ignorés dans cette méthodologie de travail alors que la culture béninoise laisse une place beaucoup plus importante à la qualité des rapports sociaux. Pour les béninois, les rapports et le contact humain sont aussi importants que les compétences techniques en elles-mêmes. L'extrême sociabilité du caractère béninois doit trouver sa place dans les logiques de pilotage. De même pour la notion de long ou de court terme : ces notions ne sont pas figées, elles varient et sont conditionnées par l'environnement social ainsi que par les mécanismes et les logiques internes d'une société. La pertinence d'une démarche à long ou court terme doit être examinée en accord avec le contexte culturel.

Toutefois, les facteurs explicatifs des dysfonctionnements que connaît la gestion de projets entre Porto-Novo et ses partenaires français sont autant liés aux méthodologies de travail divergentes qu'à la prétention de croire, de la part du Nord, que ces méthodes ont une validité universelle et que la technique est capable de dépasser les clivages culturels.

Nous avons pu constater que les délégations françaises, au moment de se rendre à Porto-Novo amènent avec elles une idée déjà fixe de « ce qu'il faut faire et comment il faut le faire » car elles ont la conviction qu'elles savent le faire mieux que le béninois. Cette attitude n'est pas uniquement fâcheuse mais en plus fausse, ou en tous les cas relative. Fweley Diangitukwa remarque dans son ouvrage que pour que les actions de la coopération décentralisée aboutissent sans trop de difficultés « les collectivité territoriales du Nord ne

19 Giovalucchi Français et Olivier de Sardan Jean-Pierre, « Planification, gestion et politique dans l'aide au développement : Le cadre logique, outil et miroir des développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI : 10.3917/rtm.198.0383

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doivent pas imposer leur méthodes de travail en prétextant qu'elles ont une longue expérience en matière de coopération décentralisée20 »

Ensuite, un autre clivage mérite d'être soulevé concernant les expertises. En effet, du côté béninois, les acteurs du développement ont le sentiment que les partenaires français « aiment bien » cumuler les études retardant le passage à l'exécution des actions. Egalement, il y a le sentiment que les moyens destinés à ces expertises, qui ne sont pas négligeables, pourraient être destinés à des besoins plus urgents.

Pendant la réalisation de ce travail au Bénin, nous avons eu non seulement la chance mais aussi le plaisir d'accompagner l'arrivée d'une délégation brésilienne dans le but de concrétiser un projet dans le secteur du patrimoine en partenariat avec le Grand Lyon. Les différents cadres administratifs de Porto-Novo ainsi que d'autres acteurs du développement local ont exprimé leur quasi-fascination pour la méthodologie de travail brésilienne jugée peu bureaucratique et plus dynamique, avec une notion plus pratique que technique de la gestion ainsi que plus ouverte et disposée à intégrer au projet la vision béninoise.

Nous venons donc d'aborder quelques éléments qui interagissent dans l'exercice de la gestion de projet entre les deux territoires. L'extrême rationalisation des procédés et l'approche technocratique ainsi que la transposition de modèles préfabriqués d'organisation et de gestion est à prendre avec précaution.

2.4. Les rapports d'évaluation : un reflet de l'ethnocentrisme français

Des trois partenariats qu'entretient la ville de Porto-Novo, deux, celui de la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et celui du Grand Lyon ont déjà fait l'objet de rapports d'évaluation. L'accord signé entre Porto-Novo et la ville de Buchelay est trop récent pour justifier un rapport.

20 Fweley Diangitukwa « Migration internationales, codéveloppement et coopération décentralisée », Ed L'Harmattan, 2008, pag. 105-106

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Sur les deux rapports d'évaluation qui font l'objet de notre examen, le premier a été réalisé par le CIEDEL de Lyon (Centre international d'étude pour le développement local), il s'agit d'une évaluation provisoire sur la dynamique de la coopération décentralisée entre Porto-Novo et la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise. Le deuxième rapport concerne la coopération entre Porto-Novo et le Grand Lyon et a été fait par l'ONG consultant en développement F3E (Fonds pour la promotion des Etudes préalables, des Etudes transversales et des Evaluations) basé à Paris.

Tout d'abord, ces deux rapports sont très complets au niveau de la qualité et de la quantité d'information collectée. En effet, ils représentent une source d'information très riche et dressent un portrait général de la coopération en abordant son contexte historique et institutionnel, ses orientations, ses facteurs explicatifs, ses acteurs, etc.

En revanche, nous avons pu constater des erreurs épistémologiques graves avec une démarche ethnocentrique omniprésente. En effet, des formulations figurant dans ce rapport se veulent factuelles avec un ton politiquement correct qui n'arrive pas à cacher son contenu eurocentré voire méprisant à l'égard de la réalité béninoise. C'est d'autant plus étonnant sachant qu'il s'agit de deux rapports d'évaluation produits par des organismes qui oeuvrent dans le secteur du développement, et qui sont censés maîtriser les principes de base de l'approche interculturelle, mais apparemment ils n'ont pas su faire preuve d'altérité.

Or, selon Gervais, l'ethnocentrisme est « la tendance à juger les autre en fonction de [sa culture] érigée en modèle de référence 21». Ces rapports sont un véritable défilé de propos ethnocentriques et qui finissent par démontrer à quel point les autorités et les cadres de la Mairie de Porto-Novo ne savent pas faire les choses aussi bien que leurs chers homologues français.

21 Gervais dans Auraux 1990, citation extraite de : Françoise Dufour, "Des rhétoriques coloniales à celles du développement : archéologie discursive d'une dominance", Recueil Alexandries, Collections Etudes, avril 2007, Thèse de Doctorat, Université Paul Valéry - Montpellier III, Paul Siblot (Dir.) url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article728.html.

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Au niveau des facteurs explicatifs et des raisons des dysfonctionnements des dispositifs de gestion des projets, sur les deux rapports qui font en tout plus de cent pages, toutes les raisons de ces dysfonctionnements sont imputés systématiquement à la gestion béninoise : il n'y a absolument aucun facteur explicatif qui relève de la responsabilité des partenaires du Nord. En effet, nous avons pu recenser dix huit facteurs explicatifs des dysfonctionnements figurant dans le rapport dont dix huit sont imputés à la gestion de la Mairie de Porto-Novo, c'est-à-dire la totalité. Les rapports d'évaluation sur la gestion de projets de coopération décentralisée soulèvent des problèmes de gestion, de qualification du personnel, de réponse aux engagements financiers, de délais excessifs dans la mise en place des activités, etc... ces rapports parlent de « maux », de « problèmes », d'« anomalies » liés au fait qu'« il n'y a pas assez de réunions organisées », « absence de mobilisation et suivi des processus », « information sur les projets non diffusée », « lenteur dans le traitement de dossier », « faible appropriation des acteurs », « excès de centralisation dans la prise de décision », « léthargie dans l'exécution du programme », « position hégémonique de la Direction de coopération signifie un frein à la coopération », « mauvaise circulation de l'information », « mauvais fonctionnement de l'intercommunalité », « blocages politiques », « faiblesse de moyens d'intervention », « faiblesse de moyens humains, techniques et financiers », « dimension opérationnelle chaotique », « circuits financiers confus », « peu d'instance de concertation entre les deux partenaire », etc.

Nous avons choisi un extrait assez représentatif afin de mieux illustrer nos propos et appuyer notre réflexion. « La coopération décentralisée a souffert au Bénin de plusieurs maux qui ont empêché son épanouissement. L'absence d'un cadre institutionnel qui fédère les acteurs de la coopération décentralisée autour d'une politique nationale en la matière, le manque de personnel qualifié pour gérer le partenariat au niveau des circonscriptions administratives et surtout la très forte mobilité des acteurs ont longtemps constitué un frein à ce type de partenariat 22».

22 « Etude d'évaluation portant sur le partenariat de coopération Porto-Novo/Grand Lyon ». Rapport général du f3e. Novembre 2009. Pag. N° 8.

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Il est flagrant de constater que dans ces rapports il y a une absence totale d'autocritique ou de clarté d'esprit pour établir une approche critique sur les facteurs qui affectent le bon déroulement de la gestion de projets et qui sont liés aux méthodologies de travail du Nord.

Cette situation frôle véritablement la dérision quand il s'agit de citer les dysfonctionnements susceptibles d'être imputés à la gestion du Nord, systématiquement les erreurs commises au Nord sont nécessairement forcées ou induites par une action du Sud. Voici un extrait qui illustre bien ce cheminement dialectique : « Au Nord, si les acteurs mobilisés sont globalement au courant de la dynamique de coopération (information par la DRI), ils sont très souvent handicapés par l'absence de feed-back sur ce qui se passe sur le terrain et ont donc parfois du mal à suivre l'évolution des actions engagées ». Nous avons trouvé quatre argumentations de ce type et avec la même logique.

En dehors de ces deux rapports, nous avons pu constater que cette démarche n'est pas une exclusivité de ces deux évaluations. Nous avons trouvé la même rhétorique ethnocentrique dans d'autres documents relatifs à l'aide au développement, des documents destinés à servir d'appui pour contribuer à la réflexion sur l'aide au développement dans les zones rurales en Afrique notamment. L'extrait suivant est assez édifiant et reflète bien cette problématique « Les villes africaines ont des capacités réduites pour assurer les nouvelles compétences liées à la décentralisation. Elles manquent de moyens humains (personnel compétent), matériels et financiers (capacité d'investissement et de fonctionnement). Les structures municipales manquent de personnel (cadre technique) et d'élus suffisamment formés et expérimentés pour mettre en oeuvre de véritables politiques de la ville » 23

Ce texte aurait pu être écrit au milieu du XIX siècle, il est imprégné d'une prétention de vérité sur le développement et se place dans la déplaisante position de « donneur de leçons ». Ce discours méprisant dont les auteurs ne sauraient peut-être même pas dire en quoi il est méprisant, alors qu'il s'agit des acteurs de la coopération pour le développement, a été extrait d'une publication dont le coordinateur d'ouvrage est chef du Service de la coopération décentralisée du Grand Lyon, partenaire privilégié de Porto-Novo.

23 Serge Allou, Philipe Di Loreto (coordinateurs) « Coopération décentralisée au développement local urbain en Afrique. Pratique en débat », Volume 1. Ed Gret

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En marge de toutes ces affirmations débordantes de complexe ethnocentrique, nous voudrions soulever une autre incohérence. Les conclusions des évaluations sur les causes des dysfonctionnements et des problèmes que rencontre la coopération décentralisée à Porto-Novo reflètent le paradigme peut-être le plus extraordinaire de la coopération francobéninoise. Car si la ville de Porto-Novo disposait des dispositifs opérationnels à la hauteur des besoins, de personnel qualifié, d'un équipe municipale suffisamment nombreuse, d'un respect infaillible des délais, des moyens économiques, techniques et logistiques conséquents, alors Porto-Novo n'aurait pas besoin d'aide au développement, ni d'appui institutionnel et nous ne serions pas en train de parler de formation pour les élus ni d'assainissement d'eau, nous serions probablement en train de parler de coopération dans le domaine du nucléaire, et en ce cas, le partenaire ne serait pas l'AFD mais AREVA. A titre d'analogie, les conclusions de ces rapports équivalent à dire que le problème de l'aide au développement c'est que les pays ne sont pas développés, ou que le problème de la lutte contre la pauvreté c'est que le gens pauvres n'ont pas d'argent.

Par ailleurs, le rapport d'évaluation de la coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo a été réalisé de la façon suivante : une première phase de cadrage en Octobre, une phase d'entretiens en France du 8 au 24 novembre (soit 16 jours) et une phase d'entretiens au Bénin du 29 au 11 décembre (soit 11jours). Autrement-dit, les évaluateurs en 11 jours ont réussi à appréhender suffisamment bien tous les enjeux et la réalité du terrain pour parler avec autant de certitude sur « ce qui ne va pas à Porto-Novo ».

Nous avons pu soulever un autre élément qui jette un voile de soupçons sur l'honnêteté intellectuelle des ces rapport. Ils entretiennent une relation bilatérale avec ses commanditaires : les collectivités françaises. En effet, le choix de ces deux évaluateurs a été fait au Nord, par le Nord et apparemment pour le Nord aussi.

L'un des objectifs ultime de tout rapport d'évaluation est d'éclaircir les sources et les raisons des problèmes au niveau systémique, mais si un rapport travestit l'origine d'un problème alors le rapport en question ne devient pas uniquement stérile mais en plus contreproductif. Le discours contenu dans les rapports d'évaluation et que nous avons dégagé ne fait que contribuer à la persistance de stéréotypes sur le peuple africain et à l'idée que le Nord est

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bienveillant et sans faille, que les sommes allouées sont bien investies et que s'il y a des problèmes c'est à cause des béninois. Ils s'inscrivent dans un discours dépassé, odieux et même dangereux, ils pérennisent l'idée d'une sorte d'inefficacité inhérente aux africains. De plus, cela participe, entre autre, à renforcer le sentiment chez les africains qu'« ils ne savent pas faire bien les choses ».

Nous sommes conscients que les rédacteurs de ces rapports n'ont eu nullement l'intention d'afficher une démarche ethnocentrique, ni de s'inscrire dans un discours dégradant, cependant, venant de la part de professionnels du développement cela paraît, pour le moins, inadmissible.

3. Suggestions

Nous allons maintenant exposer quelques suggestions dans la perspective d'avancer des possibles solutions ou d'apporter des pistes de réflexion sur des dispositifs qui pourraient être mis en place afin d'améliorer la complémentarité des méthodologies de travail de deux territoires et d'harmoniser les visions sur les attentes de la gestion d'un côté comme de l'autre du partenariat.

Nous avons vu dans les chapitres IV et V le contexte, les défis et les difficultés que rencontre la coopération décentralisée à Porto-Novo. En s'appuyant sur ces constats nous allons avancer des suggestions principalement sur l'organisation de la gestion.

- Structurer l'organisation de la gestion à Porto-Novo en fonction du domaine ou de groupes de domaines d'intervention (eau, développement urbain, gestion déchets, etc.). En effet, il s'agirait de regrouper les projets sous la responsabilité de chefs/coordinateurs selon les secteurs quel que soit le partenariat à l'origine de ces projets. Ils seraient sous tutelle du Service de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo. Afin de limiter la charge salariale de la Mairie et de rester réaliste sur sa capacité d'investissement, le financement de ces postes pourrait être tiré du budget global des programmes de coopération.

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- Ces chefs/coordinateurs doivent maîtriser non uniquement les systèmes de gestion de projet mais ils doivent disposer d'éléments et des clefs d'interprétation afin de mieux appréhender les enjeux de la coopération décentralisée en termes d'altérité et de multiculturalité. Il paraît important également que les chefs/coordinateurs de projets soient capables de comprendre les enjeux d'un territoire comme de l'autre afin d'éviter les incohérences liées aux problèmes d'ethnocentrisme et d'approche interculturelle.

Ce dispositif comporte plusieurs avantages. D'abord, il permettrait une professionnalisation des gestionnaires avec une meilleure connaissance des enjeux locaux liés à leurs secteurs de développement. Egalement, ils développeraient une connaissance plus accrue des acteurs institutionnels, privés ou de la société civile liés aux domaines de coopération dont ils ont la charge, ce qui entraînerait une concertation plus importante entre les acteurs et une amélioration de la transversalité des dossiers. Le contrôle, le suivi et l'évaluation des projets dans un domaine précis reposerait sur la même personne donnant une meilleure performance à cette démarche.

En conclusion, nous pensons que ce dispositif permettrait d'accroître la capacité de gestion de la Mairie ce qui permettrait également de démultiplier les partenariats pour que Porto-Novo puisse mieux canaliser en sa faveur les flux importants d'initiatives de solidarité internationale, d'aide au développement et de coopération internationale dont la population de Porto-Novo a tant besoin.

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Problèmes rencontrés

Les problèmes que nous avons pu rencontrer tout au long de la réalisation de ce travail ne sont pas nombreux.

Au niveau personnel :

- l'interruption de mon séjour au Bénin pour des raisons de force majeure,

- les difficultés propres du processus d'accoutumance à un environnement nouveau tels que l'adaptation aux habitudes alimentaires,

- Des aspects liés à l'organisation quotidienne dans un contexte dépaysant.

Au niveau professionnel :

- la perte accidentelle de données informatiques,

- le manque d'ouvrages et de ressources académique au Bénin pour construire ce mémoire,

- le manque de disponibilité des documents relatifs à la coopération décentralisée - le manque de connexion internet.

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Conclusion

Au début de ce travail, nous avons parlé de la notion de « rencontre de territoires » comme grille d'analyse qui nous permettrait de mieux illustrer l'idée de confrontation culturelle qui s'articule dans le cadre de tout accord de coopération décentralisée. Nous avons articulé nos réflexions sur ce que nous paraît être le Talon d'Achille de la coopération décentralisée. Nous l'avons gardé comme angle d'approche pour aborder les éléments essentiels et pour traiter les pratiques et les difficultés que rencontre la coopération décentralisée à Porto-Novo.

Notre questionnement principal, sur lequel nous avons développé ce travail, était le suivant : En s'appuyant sur la notion de rencontre de territoires comme angle d'approche, le Service de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo est-il doté des dispositifs opérationnels appropriés pour la gestion des projets de coopération décentralisée ? Quels sont les enjeux en termes d'altérité qui se posent dans le cadre de la coopération décentralisée Nord-Sud ?

Notre hypothèse était la suivante : La Mairie de Porto-Novo a une capacité de gestion en constante évolution par rapport aux nécessités de la gestion locale. Toutefois, les dispositifs opérationnels destinés à la gestion de projets de coopération décentralisée sont insuffisants car ils manquent des moyens humains, techniques et financiers. Cette première hypothèse comporte une sous hypothèse : les dispositifs opérationnels destinés à la gestion de projets de coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont insuffisants à l'égard des standards de gestion et des méthodologies de travail établis par les partenaires du Nord.

Cette hypothèse et cette sous-hypothèse ont pu être confirmées, cependant nos conclusions ne sont pas catégoriques, elles sont au contraire très nuancées.

En commerçant par la sous-hypothèse, la question est de savoir selon quel critère et sur quelle référence nous basons-nous pour estimer la capacité de gestion de la Mairie de Porto-Novo ? D'un côté, selon les standards et les méthodologies de travail du Nord, et en se servant de ces critères, la conclusion serait qu'en effet les dispositifs de gestion de la Mairie de Porto-Novo se trouvent en-dessous de leurs besoins de gestion pour gérer simultanément l'ensemble de projets dans le cadre de ces partenariats.

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Au niveau des moyens humains, il nous apparaît que la capacité de travail du Service de coopération décentralisée n'est pas suffisante pour gérer le volume de projets, d'autant plus que ses cadres ne disposent pas de ligne téléphonique ou d'Internet dans leur lieu de travail.

Au niveau technique, nous avons vu que les outils de gestion, tel que la GCP, ne sont pas employés. La ville de Porto-Novo n'a pas aménagé de stratégie de coopération décentralisée et ne dispose pas de techniciens pour déployer une capacité d'expertise sur des domaines tels que la santé, l'aménagement du territoire, l'environnement, etc. La Mairie ne dispose pas non plus d'un système d'accompagnement des collectivités aussi complet que celui de la France.

Nous avons vu dans la partie 2 du chapitre V que les dispositifs d'évaluation répondent à un système d'organisation basé sur la rationalisation des procédés, sur l'approche technocratique et sur la planification par objectifs, en privilégiant une approche gestionnaire ajustée à des facteurs quantifiables. Il s'agit d'une projection d'un système de pensée et d'une certaine configuration idéologique dont la pertinence n'est pas universelle.

Enfin, les enjeux en termes d'altérité qui se posent dans le cadre de la coopération décentralisée Nord-Sud ne sont pas dissociables des éléments que nous venons de citer. Ils sont liés à la prédominance de l'ethnocentrisme qui se situe quasiment sur tous les aspects d'un partenariat Nord-Sud. Toutefois, tous ces éléments que nous venons de voir obéissent à un constat et s'inscrivent dans la tendance idéologique civilisationnelle qui a marqué l'époque contemporaine et qui veut que le développement socio-économique des sociétés humaines obéit à une logique de chemin d'évolution unilinéaire qui positionne le partenaire du Sud dans une étape en dessous de celle du Nord et qu'en conséquence celui-ci possède la clef et la recette à portée universelle du développement économique ; il ne resterait plus qu'à appliquer cette recette avec une approche et une démarche technocratique. Cette idéologie est prédominante tant dans le Sud que dans le Nord.

Nous sommes profondément convaincus que le défi ultime de la coopération décentralisée est de s'affranchir de ce modèle. L'hégémonie de ce système de pensée est devenue un véritable filtre cognitif conditionnant notre rapport au monde ainsi que nos relations interculturelles.

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« La coopération décentralisée ne doit pas être un nouvel outil d'affaiblissement de pays du Sud, ils ne doivent pas devenir des écoutant dociles de la politique des collectivités territoriales du Nord, car il existe un risque de neo-colonislisme, elle doit être à l' origine de l'émergence d'un projet global de société internationale qui privilégiera les identités et les cultures des peuples en construisant des solidarités nationales transversales »24... « ...et nouvelles », rajouterions-nous.

24 Fweley Diangitukwa « Migration internationales, codéveloppement et coopération décentralisée », Ed L'Harmattan, 2008, Pag. 114

Bibliographie

La bibliographie suivante a été organisée en fonction des thématiques abordées.

Sur Porto -Novo :

- Rapport provisoire du CIEDEL Centre international d'études pour le développement local « Evaluation de la coopération décentralisée entre la Communauté

d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Porto-Novo », Janvier 2011.

- Mamadou Sembene et Ousmane Orou-Toko, « Etude d'évaluation portant sur le partenariat de coopération Porto-Novo/Grand Lyon et Lyon », F3E, Novembre 2009.

- DJOSSOU Mahouton Marius Elvis, 2009, « Evaluation des projets de coopération d'eau, d'hygiène et d'assainissement par l'intermédiation des O.N.G depuis

l'avènement de la décentralisation : cas des PADEAR GTZ dans la Commune de Sème-Podji », MICP, sous la Direction de Kotlok Nathalie. Laboratoire Migrinter. Université de Poitiers, p.16.

- Document de Convention Générale de coopération Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de Buchelay. Programme-cadre pluriannuel 2011-2013. [document incomplet non daté]

- Document de Convention Générale de coopération Communauté d'Agglomération de

Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de Buchelay. [document incomplet non daté]

- Document de convention spécifique : renforcement des capacités de gestion de la ville de Porto Novo en matière de développement urbain, signée entre la Ville de Porto-Novo, l'Association Française des Volontaires du Progrès et la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise. [document incomplet non daté]

- Alpha et Oméga environnement, « Résumé - Plan de Développement Municipal 2005- 2009 de la ville de Porto-Novo, République du Bénin », mars 2005.

- Arrête municipal portant organisation, attributions et fonctionnement des services de la Mairie de Porto-Novo, N° 010/SG-SRH, République du Bénin, Département de l'Ouémé, ville de Porto-Novo, 2009.

- Ambassade de France au Bénin : http://www.ambafrance-bj.org/spip.php?article276 - Association des Béninois de Québec : http://www.abq-qc.com/benin/histoire.php

- Site officiel de la ville de Porto-Novo www.villedeportonovo.com - Site www.ocde.org

- Site www.imf.org

- Site de Nations Unies www.un.org

- Site du Ministère des affaires étrangères www.diplomatie.gouv.fr et http://cncd.diplomatie.gouv.fr

- Site de l'Institut national de la statistique et des études économiques www.insee.fr

Sur la coopération décentralisée et l'aide au développement:

- Marie-José Tulard « La coopération décentralisée »

- Franck Petiteville, « La coopération décentralisée. Les collectivités locales dans la

coopération Nord-Sud ». Collection Logiques politiques. Ed L'Harmattan, 1995.

- « Coopération décentralisée : acteurs, pratiques, procédures. Guide d'information d'appui aux initiatives des collectivités territoriales », Ministère des affaires étrangères, édition du Gret.

- « Guide de la coopération décentralisée, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales », La documentation Française, 2ème édition, 2006.

- César Noizet ; sous la dir. de Jean-Claude Némery « Coopération décentralisée et développement local [Texte imprimé] : les institutions et les structures juridiques au service des politiques de développement local ». / [S.l.] : [s.n.] 2002.

- Giovalucchi Français et Olivier de Sardan Jean-Pierre, « Planification, gestion et

politique dans l'aide au développement : Le cadre logique, outil et miroir des

développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI :

10.3917/rtm.198.0383

- Alain Marie, « La coopération décentralisée et ses paradoxes », Ed Karthalia, 2009.

- Gilles Carbonnier, « L'aide au développement une fois de plus sous le feu de la critique », Revue internationale de politique de développement [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2010. URL : http://poldev.revues.org/122 ; DOI : 10.4000/poldev.122

- Françoise Dufour, "Des rhétoriques coloniales à celles du développement : archéologie discursive d'une dominance", Recueil Alexandries, Collections Etudes,

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avril 2007, Thèse de Doctorat, Université Paul Valéry - Montpellier III, Paul Siblot (Dir.) url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article728.html.

- « Premières Assises de la Coopération Décentralisée entre l France et le Bénin », Cotonou Octobre 2010. Publié par le Ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du Territoire.

- Fweley Diangitukwa « Migration internationales, codéveloppement et coopération décentralisée », Ed L'Harmattan, 2008.

- Giovalucchi Français et Olivier de Sardan Jean-Pierre, « Planification, gestion et politique dans l'aide au développement : Le cadre logique, outil et miroir des développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI : 10.3917/rtm.198.0383

Autres :

- Sebastian Peña Marin, « L'identité cosmopolitique », MICP, sous la Direction de Mme Marie-Antoinette Hily et M. Yann Scioldo-Zürcher Laboratoire Migrinter. Université de Poitiers.

- Compte rendu du 29 Mars 2011 du Conseil de la Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines.

- Le Robert, « Dictionnaire de la langue française », Ed Club France loisirs, 1994.

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Annexes

Grille d'entretien étude

I. Destinées aux représentants de la Mairie de PN

Identification

Nom : Prénom :

1- Quel est votre poste au sein de la Mairie ?

2- Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie ?

a) Entre 1 et 3 ans

b) Entre 3 et 6 ans

c) Entre 6 et 10 ans

d) Plus de 10 ans

3- Quel poste ou niveau de responsabilité qu'occupez-vous dans le cadre de la coopération décentralisée entre la Mairie de Porto-Novo et nos quatre partenaires du Nord (CACP, GL, CAMY et Buchelais) ?

4- Depuis combien de temps qu'occupez-vous ce poste ?

a) Entre 1 et 3 ans

b) Entre 3 et 6 ans

c) Entre 6 et 10 ans

d) Plus de 10 ans

5- Ce poste que vous occupez existe-il depuis combien de temps ?

a) Entre 1 et 3 ans

b) Entre 3 et 6 ans

c) Entre 6 et 10 ans

d) Plus de 10 ans

6- Quel est votre niveau d'étude ?

a) Niveau Bac

b) Bac+2

c) Bac+3

d) Bac+5

e) Autre :

7- Qu'est-ce que vous faisiez avant ? Au sein de quel organisme ou entreprise travailliez-vous avant d'intégrer la Mairie de PN ?

8- Votre niveau de connaissance de la France de façon générale est dû à : votre cadre professionnel, possession d'une double nationalité, long séjours en tant qu'étudiant ou travailleur, participation à des programme d'échanges, visite touristique, etc ?

9- Comment avez-vous acquis votre niveau de connaissance de l'organisation administrative française ? (par les rapports historiques, par expérience personnels, par expérience professionnelles, par connaissance académiques, grâce aux échanges, etc)

10- Quel est le moyen de communication le plus utilisé pour maintenir le contact avec les partenaires du nord? (internet, emails, appels téléphoniques, etc)

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11- Avec quelle fréquence ou régularité communiquez-vous avec vos partenaires ou les responsables municipaux du Nord ?

12- Les problèmes techniques qui persistent dans les locaux de la Mairie tels que le manque de téléphone, les coupures d'électricité fréquentes et les problèmes connexion internet, ralentissent-ils votre travail ?

13- Les rapports d'évaluation soulèvent plusieurs anomalies dans la gestion de projets (par exemple, dans mise en place de la mission de tourisme, coopdec GL). Dans quelle mesure la politique de votre service cherche à résoudre ces disfonctionnements ?

14- Quels sont pour vous les risques que comporte la persistance de ces disfonctionnements ? Pensez-vous que la persistance de ces disfonctionnements pourrait à long terme mettre en péril la pérennité de ces partenariats ou l'incorporation des nouveau bailleurs? (exemple de bailleur AFD pour développement touristique pas mis en place car bcp de défaillances avec la Mission tourisme, la VUCP a du payé/ non participation au salon du tourisme de Lyon / difficulté à attirer des operateurs de tourisme)

15- Quel est le modèle de gestion de cycle de projets que vous avez mis en place ? (modèle selon la norme par exemple ? Programmation, Identification, Instruction, Financement, Mise en oeuvre, Evaluation)

16- Quel est le choix stratégique en termes de coopdec pour la ville de PN?

17- En regardant les différents documents et rapport d'évaluation des accords de coopération j'ai pu constater que la plupart des projets mis en oeuvre se centrent sur le développement urbain. Pour quoi ce choix ? Pour quelle raison pensez-vous que les projets de coopération priorisent certains domaines plus que d'autres ? (Par exemple prioriser le développement urbain sur l'appui institutionnel)

18- En quelle mesure cette stratégie répond-elle aux impératifs fixés par le Plan de développement municipal de la ville de Porto-Novo ? (au niveau de la phase de programmation de projets par exemple)

19- Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans les différentes étapes de la gestion des projets ?

20- Les projets issus des accords de coopération sont très nombreux. Pensez-vous que le nombre de salariés et de personnel désigné pour la Mairie est suffisant pour gérer l'ensemble de projets de coopération ?

21- On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait signer des nouveaux accords de coopdec avec la ville de Lise. Dans quelle mesure la multiplication des accords de coopération décentralisée est-elle suivie d'un accroissement du nombre de salariés affectés à leur gestion ?

22- Pensez-vous que les projets issus des accords de coopération décentralisée sont bénéfiques pour la communauté portonovienne ?

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Questionnaire

Note : plusieurs réponses par question sont possibles.

1. Quel est votre poste au sein de votre Mairie ou CA ?

a) Directeur de service

b) Responsable/chef de service

c) Assistant

d) Autre :

2. Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie ?

a) Entre 1 et 3 ans

b) Entre 4 et 6 ans

c) Entre 7 et 10 ans

d) Plus de 10 ans

3. Quel poste ou niveau de responsabilité qu'occupez-vous dans le cadre de la coopération décentralisée entre votre CA et la Mairie de Porto-Novo ?

R :

4. Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?

a) Entre 1 et 3 ans

b) Entre 4 et 6 ans

c) Entre 7 et 10 ans

d) Plus de 10 ans

5. Qu'est-ce que vous faisiez avant de travailler pour la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise ? Au sein de quel organisme ou entreprise travailliez-vous ?

R:

6. Quel est votre niveau d'étude ?

a) Bac

b) Bac +2

c) Bac +3

d) Bac+5

e) Autre :

7. Quel est l'intitulé de votre diplôme ? R :

8. Votre rapport avec le Bénin est-il issu de l'une des situations suivantes?

a) Vous êtes franco-béninois

b) Vous avez effectué un ou plusieurs longs séjours au Bénin

c) Vous avez effectué un ou plusieurs courts séjours au Bénin

d) Vous n'avez jamais été au Bénin

8b. Dans quel contexte s'inscrit votre lien avec le Bénin? (répondre uniquement si vous êtes dans le cas « b » ou « c » de la question N°8)

a) En tant qu'étudiant

b) Dans le cadre d'un stage

c) Cadre professionnel

d) Participation à des programmes d'échange

e) Autre :

9. Quel est votre niveau général de connaissance du Bénin ?

a) Une connaissance large et approfondie sur la réalité socioéconomique, socioculturelle et sociopolitique du Bénin.

b) Une connaissance qui relève plutôt de la culture générale mais qui s'approfondit avec les années grâce aux liens crées par la coopération décentralisée.

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c)

Une connaissance issue de votre expérience professionnelle et qui s'approfondit avec les années grâce aux liens crées par la coopération décentralisée.

d) Une connaissance plutôt superficielle

e) Autre :

10. Combien de personnes au sein de votre Mairie ou de la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise sont affectées directement ou indirectement à la gestion des projets de coopération décentralisée avec la ville de Porto-Novo?

a) Entre 1 et 2

b) Entre 3 et 5

c) Plus de 6

d) Autre :

11. Pour quelle raison la CACP a-elle choisi Porto-Novo comme partenaire pour la coopération décentralisée ?

a) Par une ordonnance venant d'une instance institutionnelle supérieure (ministère, ordonnance préfectorale, gouvernement, etc)

b) Pour répondre à une volonté ou nécessité exprimée par la société civile de votre circonscription (une association 1901, la diaspora béninoise, ONG, etc)

c) Suite à une expérience professionnelle ou personnelle au Bénin d'un fonctionnaire de votre institution

d) En réponse à une demande venant directement des autorités de la ville de PN

e) Autre :

12. Dans le cadre des accords de coopération décentralisée entre la CACP et la Mairie de Porto-Novo il existe plusieurs projets qui agissent sur des domaines très différents (assainissement d'eaux, aménagement urbain, formation, etc). Comment avezvous établi ces orientations et ces priorités pour les projets de coopération décentralisée avec la ville de Porto-Novo ?

a) Selon le document stratégique de la CACP

b) Selon des impératifs fixés par la Mairie de PN (Ex. Plan de Développement Municipal)

c) Suite à des discutions menées en commun avec des représentants de la Mairie de PN

d) Selon les objectifs de développement et de lutte contre la pauvreté fixés par un organisme international

e) Autre :

13. Dans ce partenariat, parvenez-vous à atteindre les objectifs fixés dans le cahier des charges de la coopération décentralisée de votre Mairie ou de la CACP?

a) Oui, pleinement

b) Oui, mais avec beaucoup de difficultés

c) Non, ce partenariat est devenu gênant pour votre gestion

d) Pas pour l'instant mais vous restez confiant pour l'avenir

e) Autre :

14. La Mairie de PN connait parfois des retards dans l'application des calendriers des projets et dans l'exécution des engagements financiers, ces retards entrainent-ils des complications vis-à-vis de votre propre calendrier ?

a) Non ou rarement

b) Oui, ca arrive

c) Oui, très fréquemment

d) Non car chaque partenaire gère son propre calendrier

e) Oui, mais ces retards concernent les deux parties du partenariat et ils s'inscrivent dans la dynamique propre de ce type de coopération.

15. Les rapports d'évaluation soulèvent plusieurs anomalies dans la gestion de projets tels que les problèmes de suivi-évaluation et de coordination. Dans quelle mesure la politique de votre institution ou organisme cherche-t-elle à résoudre ces disfonctionnements ?

R :

16. Pensez-vous que la persistance de ces disfonctionnement pourrait à long terme mettre en péril la pérennité de ce partenariat ?

a) Oui

b) Non

c) C'est une possibilité assez probable et dépendra de l'évolution du partenariat

d) C'est une possibilité peu probable mais dépendra de l'évolution du partenariat

17. Quelle est la principale difficulté que vous rencontrez dans les la gestion des projets de coopération ? R :

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Entretien étude comparatif coopération décentralisée à PN

II. Destinées aux représentants institutionnels de la Mairie de PN :

Identification

Nom : Houenoude

Prénom : Didier

Organisme/établissement : Maison du patrimoine et du territoire

Destinées aux parties prenantes de la société civile à PN :

Quel est votre poste au sein de la Maison du patrimoine ? Coordinateur

Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ? Depuis la création de la maison du patrimoine, en 2009. a)Entre 1 et 3 ans

Qu'est-ce c'est la mission de la Maison du patrimoine ?

C'est un outil qui a été mis en place à la Mairie de Porto Novo, en partenariat avec le Grand Lyon « Villes unies contre la pauvreté » : le bâtiment a été restauré avec leur soutien, et avec le soutien de l'école du Patrimoine. Ses trois missions sont : la sauvegarde et la protection du patrimoine, la gestion du patrimoine, et la mise en valeur de ce patrimoine.

Il y a également un pôle tourisme, dont la mission est de concevoir des produits touristiques à la destination des personnes qui viennent à Porto-Novo, et de définir des stratégies pour dynamiser le tourisme de Porto-Novo. Une salle au 1er étage du bâtiment a été mise en concession : c'est un privé, mais elle peut être libérée pour des expositions temporaires, avec des artistes de Porto-Novo ou avec d'autres partenaires : peinture, art contemporain, photographie, etc... Par exemple on a organisé au mois de février une exposition photographique en partenariat avec l'ambassade du Brésil, sur les échanges épistolaires des familles afro-brésiliennes ici au Bénin, au Nigeria, Ghana et au Brésil. L'office du tourisme doit permettre de pouvoir mieux connaître et de mieux « vendre » la destination. On s'aperçoit par exemple que les Nigérians, qui sont juste à côté, ne connaissent pas Porto-Novo : ils traversent seulement la ville pour aller à Cotonou ou à Grapopo. On voudrait pouvoir au moins capter ce flux, attirer la clientèle Nigériane qui est juste à côté. On voudrait également capter la clientèle Béninoise : les gens de Cotonou ne connaissent pas Porto-Novo, qui est pourtant la capitale du Bénin. Il faut donc développer le tourisme des béninois, puis le tourisme international.

Ca fonctionne donc comme une sorte de centre culturel ?

Oui, parce qu'on s'est dit que les gens souvent le patrimoine. Nous on ne voulait pas de ça. On voulait que le centre vive. C'est pour ça qu'on associe des plasticiens contemporains, avec qui on travaille beaucoup. On a également organisé avec l'ambassade du Brésil des cours de Portugais, qui sont donnés tous les mercredis à partir de 17h. Il sont ouverts à tout le monde. Tous les 1ers mercredi du mois il y a également des projections de films brésiliens, suivis par des débats.

Et tout ça fonctionne en coopération avec une mairie brésilienne ou le ministère de la culture brésilienne? Non, c'est né d'une discussion avec le chargé de la culture à l'ambassade brésilienne. Il en a manifesté le désir, d'abord pour les familles afro-brésiliennes qui voulaient apprendre la langue portugaise. On a donc initié cette redécouverte de la culture brésilienne, avec le professeur qui nous avait été envoyé. C'est destiné aux PortoNoviens, mais également à tous ceux qui vivent à Porto-Novo. Mais on agit dans une optique de développement avec une autre ville brésilienne. Présentement, on est en train de nouer des contacts avec la ville de Fortalesa, dont une délégation arrive lundi prochain à Porto-Novo. Au départ, c'est une démarche de la Maison du Patrimoine, mais la Mairie s'est impliquée, parce que la ville de Fortalesa est en coopération avec le Grand Lyon, et il se trouve que Porto-Novo est en coopération avec le Grand Lyon également. Donc on a décidé de monter une coopération tri-partite. C'était l'objet de ma mission et de mon voyage dernièrement avec le Maire et le DPDC à Lyon. On a rencontré un émissaire de Fortalesa là-bas, pour essayer d'asseoir un peu plus la coopération. Et c'est en retour qu'une délégation de Fortalesa va venir à Porto Novo pour qu'on puisse mieux définir le partenariat. Mais également surtout parce qu'on est en train de travailler sur un projet tripartite Porto-Novo-Fortalesa-Lyon.

Combien de personnes travaillent actuellement à la Maison du Patrimoine ?

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Il y a 5 agents, mais on reçoit également régulièrement des stagiaires : présentement on en a 3 qui nous sont envoyés par les écoles, les universités de la place. On reçoit également des stagiaires qui viennent d'europe. En début d'année on eu pendant un mois un étudiant qui venait de Lyon, et l'année dernière on a reçu pendant 2 mois une étudiante de l'école du Louvres à Paris. Avec les écoles d'ici ce sont des stages qui durent parfois 2 à 3 mois.

Quel est votre lien avec la Mairie de Porto-Novo ou dans quel cadre travaillez-vous avec la Maire ?

On dépend de la mairie de Porto-Novo : toute la gestion passe par la Mairie. On dépend directement du Cabinet du Maire, car la Maison du Patrimoine était un projet de la Mairie. Et très bientôt, avant le début de l'année prochaine, la Maison du Patrimoine va se retrouver dans l'organigramme de la Mairie : elle va devenir la Direction de la Culture, du Patrimoine et du Toursime.

Qu'est-ce qui a déclenché cette évolution du statut de la Maison du Patrimoine ?

C'est dû à l'état des lieux de la Culture à Porto-Novo. Parce qu'au départ la Maison du Patrimoine devait se consacrer exclusivement au Patrimoine et au Tourisme, et on s'est rendu compte que ce n'était pas suffisant. Les partenaires avec qui on travaille se sont mis à nous proposer des projets culturels. La Maison du Patrimoine s'est peu à peu ouverte à ces questions, et c'est devenu pratiquement un organisme qui travaille plus sur la Culture. Bien sûr il existe un département Culture (... ) des services de la population. Mais on s'est rendu compte que c'est la Maison du Patrimoine, en partenariat avec le CEMAC, qui s'occupait le plus de la Culture dans la ville de Porto-Novo. Donc il y a eu des discussions avec des partenaires qui ont trouvé qu'il fallait absolument que la question de la culture soit traitée. Donc au cours d'une discussion avec les différents directeurs de la Mairie, il a été décidé que le « bâton »(... ) de la culture allait revenir à la Maison du Patrimoine.

Et cette évolution se fait-elle aussi dans le cadre de la coopération avec d'autres villes? Bucheley ? Cergy Pontoise ?

Cergy Pontoise surtout : un nouvel axe de coopération a été défini avec Cergy Pointoise : la culture, le patrimoine et le tourisme. Ils souhaitaient donc que la Maison du Patrimoine soit confortée dans ce rôle.

Quel a été votre rôle dans la mise en fonctionnement de la Maison du patrimoine et du tourisme ?

J'avais travaillé depuis 2001-2002 avec l'école du Patrimoine sur un projet de réhabilitation de la ville de Porto-Novo. Dans ce projet, on avait suggéré la création d'une Maison du Patrimoine. Ensuite, je suis parti quelques années, et à mon retour la Maison avait été restaurée. Elle n'était pas encore fonctionnelle, et on m'a proposé de la diriger.

La Maison appartient à une famille, qui a donné un bail à la Mairie, je pense sur 15 ans. Au terme de ces 15 années, la famille pourra récupérer la Maison.

Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement au niveau de la gestion de la Maison du patrimoine ?

Les difficultés majeures qu'on rencontre sont liées aux subventions : la Mairie devrait subventionner la Maison du Patrimoine, mais c'est difficile de les obtenir. On n'est pas assez présents dans le budget, parce que les gens ne comprennent pas vraiment les enjeux culturels et patrimoniaux de la ville de Porto-Novo. Pour eux, même quand on envoie un budget, les personnes qui devraient l'inscrire ne le font pas, on donne juste quelques miettes, car ils considèrent que la culture, ce n'est pas important. Ce qui est dommage. Les priorités c'est surtout les constructions de bois... C'est le plus gros problème qu'on a. Même l'année passée, lorsqu'il s'est agi de fêter le cinquantenaire de la création du Bénin, on a axé plus les travaux sur des aménagements de voie et tout ça. On s'est rendu compte après qu'il n'y avait pas de manifestations culturelles. Ca c'est le problème majeure : beaucoup de gens, surtout au niveau des finances, ne comprennent pas les enjeux culturels de la ville, pensent que la Maison du Patrimoine n'a pas besoin d'être financée.

Vous rencontrez ces problèmes même si vous êtes directement rattaché au Cabinet du Maire ? Oui, obtenir des financements c'est très difficile. C'est un parcours du combattant.

Le budget de la Maison du Patrimoine est-il stable ou est-ce qu'il varie ?

Il y a une ligne budgétaire fixe qui avait été votée, et qui devait permettre de faire des mesures de sauvegarde pour certaines maisons. Mais il y a aussi des lignes qui ne sont pas du tout stables. Il existe des lignes sur lesquelles on peut essayer de piocher.

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Avez-vous un contact régulier avec les autorités municipales ? Si tel est le cas, avec quelle direction ou service de la Mairie ? Comment qualifierez-vous la participation de la Mairie dans le processus de mise en oeuvre ou gestion du projet ? (satisfaisante, à améliorer, ...)

Avec l'AIMF, il y a un contact qu'on est en train d'essayer de développer. Ils sont très intéressés par le travail que la Maison du Patrimoine peut faire. Ils ont lancé un projet qui s'appelle « Patrimoine culturel et développement local », et plusieurs fois ils ont invité le maire à venir les rencontrer, les rencontres ce situaient dans différents pays, et le Maire ne s'est jamais présenté.

Ca signifie qu'il y a un problème de défaillance d'implication de la Mairie en général ?

Oui, on ne sent pas une implication forte de la Mairie. Les autorités municipales disent qu'elles s'occupent du patrimoine, mais on ne les voit pas là où il faut. Par exemple dans le cadre l'AIMF, une formation devait être organisée au Bénin, et au départ à Porto-Novo. Il se trouve qu'avant cela il y avait une rencontre à Prai... au Cap Vert, et le Maire de Porto-Novo n'y est pas allé. C'est le Maire de Aboméy qui y est allé. Et la formation s'est finalement organisée en retour à Abomey. Il y a une autre formation qui doit maintenant se dérouler à Grabasam en Côté d'Ivoire, et le Maire de Porto-Novo a été invité personnellement par le Maire de Grabasam, mais il n'a toujours pas envoyé de dossier de candidature. Moi j'en ai envoyé un, mais pas lui. Il n'a pas répondu au mail, et le dossier de Porto-Novo n'a pas été accepté. Donc les gens de l'AIMF sont un peu déçus de ne pas sentir vraiment un appui au niveau de la Mairie.

Est-ce que vous dépendez d'une direction de la Mairie en particulier ?

Non, on dépend directement du Maire, puisque la Maison du Patrimoine est considérée comme une Direction.

Le changement de statut annoncé va-t-il vous permettre d'être plus indépendants dans la gestion ?

Ca ne changera pas grand chose sur l'implication, mais peut-être que ça nous permettra d'avoir un budget un peu plus consistant, d'avoir plus facilement du matériel de travail, du matériel de bureautique, car on sera réellement une direction.

On a aussi un problème de ressources humaines compétentes. On a besoin de plus de personnes. Parmi les 5 personnes qui sont là à la Maison du Patrimoine, il y a un agent d'entretien, et un agent de liaison. Les 3 autres, dont je fais partie : un assistant pour le patrimoine et un assistant pour le tourisme. C'est largement insuffisant, parce qu'il faut être à la fois sur le terrain pour voir les maisons, voir dans quel état elles sont, et travailler sur le plan technique à la Maison du Patrimoine, gérer les rendez-vous. On manque de techniciens, et d'une secrétaire pour gérer tout le travail administratif : c'est nous qui le faisons, et c'est épuisant, et le rendement baisse.

Quand la Maison du Patrimoine a été mise en place en 2009, l'organisme a été placé sous l'autorité de la Mairie et de la communauté d'agglomération de l'Ouémé. L'un était chargé du financement et l'autre de l'embauche. Quand il y a eu des problèmes politiques entre ces deux institutions, cela a entraîné des problèmes de financement de la Maison du Patrimoine ?

Oui, ce qui s'est passé exactement, c'est que l'argent qui avait servi à restaurer la Maison du Patrimoine n'a pas été entièrement, et ce qui restait devait être versé sur le compte de la Maison du Patrimoine et du Tourisme. Mais à l'époque la présidence de la communauté de communes de l'Ouémé était assurée par la ville d'Adjara, on était allés la voir plusieurs fois pour lui dire de reverser sur le compte l'argent restant. Mais il s'est avéré qu'il y avait des problèmes de justifications de certaines dépenses. Donc ça avait été difficile. Il est vrai qu'après, on a pu avoir par 2 fois des versements sur notre compte, mais il reste des sommes qui n'ont pas été versées. On attend toujours. Ce n'est pas encore complètement résolu.

Est-ce que ça entraîne des retards au niveau du paiement du salaire, ou des frais de structure de la Maison du Patrimoine ?

Le paiement des salaires se faisait en effet sur ce compte-là. Mais comme pendant 7 mois les agents de la Maison du Patrimoine avaient travaillé sans être payés, un nouvel accord a été trouvé avec la Mairie : elle a repris tous les agents de la Maison du Patrimoine sur son budget. Les salaires sont maintenant payés par la Mairie de Porto-Novo. Et certains des matériels qui ont été acquis depuis par la Maison du Patrimoine ont été payés sur le budget de la Mairie de Porto-Novo, et cela doit être remboursé. L'argent qu'on a reçu ensuite a donc permis de payer certains prestataires qui étaient en instance de paiement depuis fort longtemps. Certains doivent encore être payés avec ce qui reste encore à verser.

Avez-vous un rôle à jouer, en tant que Maison du Patrimoine, dans la fixation des objectifs dans le cadre des convention de coopération décentralisée ?

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Pas vraiment, mais il faut dire que l'année dernière, lorsque le Grand Lyon a fait le bilan de la coopération avec Porto-Novo, on avait envoyé ce qu'on prévoyait, ...quelques idées qu'on souhaitait développer. Et l'année dernière j'ai été à Cergy Pointoise, pour faire une conférence à l'université, pour montrer un peu le travail qui est fait à la Maison du Patrimoine. Je pense qu'ils en ont tenu compte pour élaborer la nouvelle convention de coopération. J'étais même présent également lorsqu'ils ont fait le bilan de la coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo. Donc il semble que la Maison du Patrimoine est en train de prendre de plus en plus un rôle important dans la coopération avec le Grand Lyon et avec Cergy Pontoise.

Il se trouve que Cergy-Pontoise a décidé par exemple d'avoir une expertise qui vient aussi du Sud, et pas seulement une expertise qui vient uniquement du Nord. Parce qu'ils viennent de construire un office du tourisme à Cergy-Pontoise, et ils voudraient utiliser par exemple l'expertise de ce qui se fait déjà à Porto-Novo. Je pense que ça pourrait être intéressant.

Quel est le rôle du plan de développement municipal ? Devez-vous suivre certains objectifs qui sont fixés dans ce plan de développement ?

Dans le plan de développement municipal, il n'y a rien qui est accordé à la culture. Dans le plan qui est en train de finir, il n'y avait rien. Dans le nouveau plan ils sont en train de penser à intégrer vraiment la culture. Mais je dois dire que pour l'élaboration du nouveau plan, je n'ai pas été vraiment associé. Ce qui est quand même bizarre. Ca montre à quel point les gens ne pensent pas vraiment que la culture peut être un moteur du développement.

Pensez-vous qu'en développant les formations du personnel de la Mairie, peut-être dans d'autres pays, ça leur permettrait une meilleure prise de conscience sur ce sujet ?

Oui, c'est possible. Oui, je pense que c'est surtout ça : une sensibilisation aux enjeux de la culture.

Est-ce que les gens qui travaillent dans le cadre de la coopération décentralisée à la Mairie sont plus disposés à écouter les besoins de la Maison du Patrimoine ?

Quelques uns de la coopération sont assez ouverts par rapport à ça, aux enjeux de la culture. A la DST il y a peut-être aussi une ou deux personnes qui comprennent vraiment ce que c'est que la culture dans le développement. Mais je dirais qu'en général, les autres, non. Ils ne comprennent pas. Surtout par exemple... je ne veux pas jeter la pierre, mais je dirais que la DST, par exemple, ne comprend pas grand chose de la culture. Ils ne comprennent absolument rien de la culture. Et pourtant c'est un service avec lequel nous on doit travailler. Et on est chaque fois obligés de leur courir après pour leur faire comprendre ce qu'on est en train de faire comme travaux, ... et apparemment ils comprennent toujours pas.

Et je dirais aussi que les financiers également c'est la même chose : les services financiers de la Mairie, ils ne comprennent pas du tout. Donc je dirais que en général, à la Mairie, les gens ne comprennent pas.

Donc ce qui changerait principalement vos rapports avec la Mairie, au niveau de la gestion, c'est de régler ce problème de prise de conscience des acteurs impliqués ?

C'est exactement ça. On avait fait cette année, en mai, une retraite à Ouida et j'avais expliqué devant ceux qui étaient présents : tous les conseillers communaux, les directeurs de service, ce que faisait la Maison du Patrimoine. Et il semble que, à ce moment-là certains avaient commencé à comprendre l'importance de la Maison du Patrimoine. Il est vrai que parmi les conseillers, il y une adjointe au Maire par exemple qui est très cultivée, et elle sait exactement ce dont la ville a besoin. C'est Mme Colette Wuoto, qui nous rend très souvent visite, et qui s'inquiète du fonctionnement de la Maison. Il y a également un autre conseiller : le docteur Wonsu qui est très au parfum de la culture, et qui s'intéresse à ce qu'on fait. Mais en dehors de ça il n'y a pas grand monde qui s'y intéresse.

Je pense que peut-être, au niveau des directions financières, c'est parce qu'on n'engrange pas encore assez d'argent. Pour eux, une direction « qui marche », c'est une direction qui gagne beaucoup d'argent. Alors qu'ils ne se rendent pas compte que la Maison du Patrimoine pourrait faire rentrer de l'argent mais d'une autre façon : à travers le tourisme. Ce n'est pas la Maison qui va gagner de l'argent, mais c'est la ville.

Mais c'est un investissement à long terme, difficilement quantifiable ? Oui, et ils n'arrivent pas à comprendre cela.

Comment qualifierez-vous votre relation professionnelle avec les différents interlocuteurs de la Marie ? (fluide, organisée, difficile, bureaucratique)

Je dirais bureaucratique. C'est vrai qu'avec les autres directeurs on a une bonne entente. On s'entend bien, mais quand il faut faire des choses, que c'est officiel, c'est extrêmement...

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Par exemple ici à la Maison du Patrimoine, quand il pleut, on a des fuites d'eau. Ca fait déjà plus de 6 mois que j'en ai parlé au DST. Je lui ai envoyé un courrier ça fait plus de 3 mois. Il a promis d'envoyer quelqu'un voir... mais rien n'est encore fait.

C'est très, très, très bureaucratique. La lourdeur bureaucratique ça nous empêche de faire des choses.

En ce qui concerne les outils de travail, avez-vous le nécessaire ? Une connexion internet, un téléphone payé par la Mairie ?

Oui, on a un téléphone fixe, avec 2 lignes fixes, et une connexion qui sont en principe payées par la Mairie de Porto-Novo. Mais il se trouve que l'une des lignes fixes que nous avions ici a été résiliée, parce que la Mairie de Porto-Novo n' a pas réglé la facture. La connexion internet a également été résiliée parce que la Mairie de Porto-Novo n'a pas réglé la facture. Ca fait déjà depuis juin que nous n'avons plus de connexion internet. Nous sommes restés comme ça plus d'un mois et demi. J'étais obligé de me déplacer moi : d'aller à l'Ecole du Patrimoine, ou à la Mairie, jusqu'à ce qu'on nous donne enfin une clé USB pour pouvoir travailler. Mais sans connexion internet on ne peut pas travailler, avec les collaborateurs. Tous ces problèmes bureaucratiques ça nous empêche vraiment d'être efficaces, d'être efficients.

Et souvent on a des coupures d'électricité, la Mairie ne réagit pas. A un moment on avait les lampes éteintes. On a fait appel à la DST mais ils ne sont jamais venus. On a dû faire appel à un électricien et le payer de notre propre poche. Souvent on doit faire ça pour que ça marche. C'est dommage !

Malgré tous les problèmes que vous rencontrez dans la gestion de la maison, peut-on dire que les choses s'améliorent au fur et à mesure ?

Oui, on peut dire que les choses s'améliorent. Parce que la Maison du Patrimoine continue à travailler. Elle travaille, et donc les gens en entendent parler de plus en plus , à l'extérieur. Chaque fois, lorsque le Maire est en voyage, même à l'étranger, on lui dit « tiens, j'ai entendu parler de certaines actions de la Maison du Patrimoine ». Et ça, ça oblige les gens de la Mairie commencer à prendre un peu plus au sérieux la Maison du Patrimoine. Parce que les gens qui viennent ici veulent la visiter, parce qu'ils ont entendu parler de ce qu'elle fait. Donc ils commencent à s'intéresser à nous. On commence à avoir un peu plus de matériel. C'est vrai que ce n'est pas encore ce qu'on espère, mais le fait que la Maison du Patrimoine commence à avoir une audience internationale, c'est déjà bien.

On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait signer des nouveaux accords de coopération décentralisée avec la ville de Lisse. Dans quelle mesure ces nouveaux accords de coopération décentralisée vont bénéficier votre gestion ?

Dans la convention, je ne sais pas, mais quand la délégation de Lise était venue ici on avait discuté, parce qu'on avait un projet. Un projet de la « Maison des Seniors », comme ils l'avaient fait à Lise. L'idée qu'on avait ici à la Maison du Patrimoine, c'est que cette maison soit abritée dans une maison ancienne, qu'on allait restaurée. On a même identifiée une maison avec laquelle on a commencé à travailler. On a dit que si l'expérience était concluante, on allait organiser des Maisons des seniors dans différents arrondissements de la ville de Porto Novo. Je me dis que ça peut être intéressant. On pourrait éventuellement travailler ensemble sur le plan culturel.

Quels sont les grands projets de la Maison du Patrimoine aujourd'hui ?

On a un grand projet, c'est pour ça qu'on reçoit une délégation de brésiliens lundi, parce qu'on a un grand projet de création d'un centre de formation aux métiers du Patrimoine. On s'est rendu compte que les maisons tombaient vite : on voulait sauver les décors, les chapiteaux, les corniches. On a commencé à les prendre en photo, à les dessiner. L'idée c'est qu'on veut donc former des menuisiers et des artisans pour refaire ces décorslà parce que le savoir-faire a disparu. Quand j'étais à Lyon récemment, l'idée c'est élargie, par arriver à créer un centre de formation aux métiers du patrimoine : restauration de maisons, décors, menuiserie, etc...C'est un grand projet qu'on compte mener avec Lyon et avec Fortalesa aussi.

Un autre grand projet, de la Maison du Patrimoine, c'est de sauver les fonds photographiques de Porto-Novo, jusqu'à 1980. On a déjà commencé à toucher certains photographes, et certains de leurs enfants car certains sont décédés. Ils nous ont dit qu'ils ont des fonds : des négatifs et des positifs, ils ne savent pas comment les conserver. Certains sont en train de se dégrader. Donc l'idée c'est de pouvoir récupérer tout ça, de les scanner, de les avoir en bases de données, et de créer un espace de conservation pour pouvoir conserver ces photographies. On pourra également faire des expositions pour que les gens viennent voir ces photographies en noir et blanc : depuis même avant la colonisation jusqu'aux années 1980.

Merci. Nous sommes arrivés à la fin de cet entretien. Je vais intégrer ces informations dans mon rapport. J'espère que cela pourra avoir des répercussions bénéfiques.

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Entretien Coopération décentralisée PN

Destinées aux représentants institutionnels de la Mairie de PN :

Identification

Nom : Zinsou Prénom : Jocelyne

Quel est votre poste au sein de la Mairie ?

Je suis élue municipale, et je préside la commission en charge du développement et de la coopération.

Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie ? => Entre 3 et 6 ans.

Depuis que je suis élue : en mars 2008, donc il y a environ 3 ans.

Quel poste ou niveau de responsabilité occupez-vous dans le cadre de la coopération décentralisée entre la Mairie de Porto-Novo et nos quatre partenaires du Nord (CACP, GL, CAMY et Buchelais) ?

C'est uniquement dans le cadre de la commission en charge du développement et de la coopération.

Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ? => Entre 3 et 6 ans

Depuis que je suis élue : en même temps, en mars 2008.

Depuis combien de temps ce poste que vous occupez existe-il ?

=>Entre 6 et 10 ans

Depuis que la décentralisation a été mise en place, ça va faire... je ne sais plus. 2003, je crois, quelque chose comme ça.

Qu'est-ce que vous faisiez avant ? Au sein de quel organisme ou entreprise travailliez avant d'intégrer la Mairie de PN ?

Avant de travailler à la Mairie, j'étais Directrice de Cabinet au Ministère de l'Agriculture. J'ai une formation de juriste, conseil aux entreprises.

Votre niveau de connaissance de la France de façon générale est dû à : votre cadre professionnel, possession d'une double nationalité, long séjours en tant qu'étudiant ou travailleur, participation à des programme d'échanges, visite touristique, etc ?

C'est dû au fait que j'ai vécu là-bas : j'y ai fait mes études, j'y ai travaillé.

Etes-vous franco-béninoise ? Oui.

Les rapports d'évaluation soulèvent plusieurs anomalies dans la gestion de projets (par exemple, dans mise en place de la mission de tourisme, coopdec GL). Dans quelle mesure la politique de votre service cherche à résoudre ces disfonctionnements ?

La commission n'intervient pas directement dans la gestion des projets. Nous n'avons pas de prise. C'est plutôt le rôle du service de la coopération décentralisée et du service technique.

Quels sont pour vous les risques que comporte la persistance de ces disfonctionnements ? Pensez-vous que la persistance de ces disfonctionnements pourrait à long terme mettre en péril la pérennité de ces partenariats ou l'incorporation des nouveau bailleurs?

De quelles anomalies parlez-vous ?

Par exemple, au niveau de la gestion de la mission tourisme : il y a eu un problème car le personnel était embauché par la communauté de commune, et les salaires étaient pays par la Mairie. Suite à des mésententes politiques entre les organismes, les salaires n'ont pas été versés, les engagements financiers n'ont pas pu être tenus.

Ce n'est déjà pas normal qu'une même personne soit gérée par 2 organismes différents, à moins que les accords ne soient vraiment très solide. L'idée la plus simple c'est de clarifier le statut des personnes, de définir de façon claire l'organisme qui a la charge. C'est dommage.

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Quel est le choix stratégique en termes de coopdec pour la ville de PN?

La commission n'intervient vraiment pas ni dans la conception ni dans la gestion politique des projets. Nous avons l'occasion d'intervenir lorsque notre avis est sollicité sur un sujet donné, soit à l'intérieur de la gestion d'un projet, soit autour de l' évaluation. Nous n'intervenons que lorsque nous sommes sollicités, et seulement sur les points sur lesquels nous sommes sollicités.

Pensez-vous que le nombre de salariés de la Mairie est suffisant pour gérer l'ensemble des projets de coopération ?

Je que les capacités de la Mairie sont limitées en matière de masse salariale. Mais nous avons personnellement noté des lenteurs dans la gestion de certaines relations de coopération, et qui de notre point de vue sont dues soit au manque de personnel, soit à l'insuffisance de personnel qualifié. Nous avons le sentiment qu'il y a certaines coopérations qui traînent un peu à démarrer.

On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait signer des nouveaux accords de coopdec avec la ville de Lisse. Que pouvez-vous m'en dire ?

Je sais que le Maire de Lise est venu le mois dernier, lors de la réunion de bilan avec Cergy Poitoise. J'étais là.

Ca s'est bien passé ?

Oui, plus ou moins. On a été conviés comme tous les élus pour assister à la restitution de l'évaluation. Enfin, ça s'est bien passé.

En regardant les différents documents et rapport d'évaluation des accords de coopération j'ai pu constater que la plupart des projets mis en oeuvre se centrent sur le développement urbain, et l'aménagement du territoire, plus que sur l'appui institutionnel, par exemple. Pour quoi ce choix ?

La commission ne participe pas au choix. Je n'ai pas de souvenir d'avoir été associée à la réflexion de ce choix. La direction technique en charge de la coopération connaît les besoins et les priorités primaires. C'est eux qui préparent les documents et qui choisissent les domaines d'intervention pour chaque coopération.

Quel est le rôle exact de la commission de coopération ?

C'est d'être consultée par le Maire sur les sujets sur lesquels il a besoin de l'avis de la commission.

Elle est composée de combien de personnes ?

Nous sommes 5 ou 6... Nous sommes 6. Mais les textes sur la décentralisation ne sont suffisamment élaborés en ce qui concerne le rôle des commissions, justement d'une commission comme la nôtre. Il est simplement dit que le Maire consulte, demande l'avis aux commissions avant un conseil.

Et les autres membres de la commission, ils sont aussi issus du conseil ?

Oui, il n'y a que des élus dans les commissions. Ils sont répartis dans les commissions de leur choix.

Dans quelle mesure la politique de développement répond-elle aux impératifs fixés par le Plan de développement Municipal de la ville de Porto-Novo ?

Je crois qu'il n'y a aucun lien pour le moment. Nous avons trouvé qu'il y a un plan de développement de la ville en fin de vie. Il est question de travailler sur le nouveau plan, pour les 5 ans à venir au moins. Nous attendons. C'est en principe la boussole de notre ville, pour mener les actions de développement. En principe on doit trouver la-dedans suffisamment de matière pour monter notre budget annuel. Mais pour le moment, il faut un nouveau.

Est-ce que vous entretenez des liens avec des autorités françaises ? Non.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon