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Etude comparative sur les pratiques de coopération décentralisée de la ville de Porto- Novo

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par Sebastian Peà±a Marin
Université de Poitiers - Master II migrations internationales: conception de projets en coopération pour le développement 2011
  

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2.3. Des méthodologies de travail divergentes

La rencontre de deux territoires dans le cadre d'une coopération décentralisée Nord-Sud implique une confrontation entre deux systèmes de pensée et en conséquence de deux façons différentes de concevoir l'exercice de la gestion. Chaque territoire a développé des pratiques gestionnaires propres aux exigences et aux particularités de chaque réalité locale avec plus au moins d'efficacité.

Le cas de Porto-Novo avec les collectivités de Cergy-Pontoise, du Grand Lyon et de Buchelay ne fait pas exception. En effet, les nombreuses différences dans la gestion de projets communs ne se résument pas aux clivages économiques ou institutionnels. Les équipes municipales des collectivités françaises ont des dispositifs de gestion plus techniques que leurs homologues béninois mais également plus rigides et plus procéduriers. Cela entraîne des dysfonctionnements dans la gestion de projets ainsi qu'au niveau de l'harmonisation des façons de travailler.

L'omniprésence de l'approche technocratique et rationnalisante, centrée sur la planification par objectifs et par résultats, qui s'opère à travers les outils de gestion de cycle de projet est une logique empruntée au monde des entreprises et des investissements, reconvertie depuis les années 1970 en outil de gestion publique pour le développement. De Sardan remarque que « tout instrument d'action publique est porteur de significations plus au moins explicites ou latentes, en termes de vision politique, d'une part, et de modèles cognitifs, d'autre part. Autrement dit, il incorpore, au-delà de sa structure technique, une certaine configuration

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idéologique et une certaine configuration épistémologique ». Et il continue, « c'est une technique de rationalisation [...] Elle privilégie une perspective purement gestionnaire centrée sur les facteurs quantifiables, la légitimation de l'intervention et une vision linéaire et mécanique de la causalité...19 »

Cette sorte de fondamentalisme de la vision technocratique envahit toutes les instances et les dispositifs de la coopération et s'avère relativement inadaptée à être intégrée par les homologues béninois car les méthodologies de gestion sont un reflet d'un système de pensée. En effet, les facteurs humains par exemple sont largement ignorés dans cette méthodologie de travail alors que la culture béninoise laisse une place beaucoup plus importante à la qualité des rapports sociaux. Pour les béninois, les rapports et le contact humain sont aussi importants que les compétences techniques en elles-mêmes. L'extrême sociabilité du caractère béninois doit trouver sa place dans les logiques de pilotage. De même pour la notion de long ou de court terme : ces notions ne sont pas figées, elles varient et sont conditionnées par l'environnement social ainsi que par les mécanismes et les logiques internes d'une société. La pertinence d'une démarche à long ou court terme doit être examinée en accord avec le contexte culturel.

Toutefois, les facteurs explicatifs des dysfonctionnements que connaît la gestion de projets entre Porto-Novo et ses partenaires français sont autant liés aux méthodologies de travail divergentes qu'à la prétention de croire, de la part du Nord, que ces méthodes ont une validité universelle et que la technique est capable de dépasser les clivages culturels.

Nous avons pu constater que les délégations françaises, au moment de se rendre à Porto-Novo amènent avec elles une idée déjà fixe de « ce qu'il faut faire et comment il faut le faire » car elles ont la conviction qu'elles savent le faire mieux que le béninois. Cette attitude n'est pas uniquement fâcheuse mais en plus fausse, ou en tous les cas relative. Fweley Diangitukwa remarque dans son ouvrage que pour que les actions de la coopération décentralisée aboutissent sans trop de difficultés « les collectivité territoriales du Nord ne

19 Giovalucchi Français et Olivier de Sardan Jean-Pierre, « Planification, gestion et politique dans l'aide au développement : Le cadre logique, outil et miroir des développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI : 10.3917/rtm.198.0383

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doivent pas imposer leur méthodes de travail en prétextant qu'elles ont une longue expérience en matière de coopération décentralisée20 »

Ensuite, un autre clivage mérite d'être soulevé concernant les expertises. En effet, du côté béninois, les acteurs du développement ont le sentiment que les partenaires français « aiment bien » cumuler les études retardant le passage à l'exécution des actions. Egalement, il y a le sentiment que les moyens destinés à ces expertises, qui ne sont pas négligeables, pourraient être destinés à des besoins plus urgents.

Pendant la réalisation de ce travail au Bénin, nous avons eu non seulement la chance mais aussi le plaisir d'accompagner l'arrivée d'une délégation brésilienne dans le but de concrétiser un projet dans le secteur du patrimoine en partenariat avec le Grand Lyon. Les différents cadres administratifs de Porto-Novo ainsi que d'autres acteurs du développement local ont exprimé leur quasi-fascination pour la méthodologie de travail brésilienne jugée peu bureaucratique et plus dynamique, avec une notion plus pratique que technique de la gestion ainsi que plus ouverte et disposée à intégrer au projet la vision béninoise.

Nous venons donc d'aborder quelques éléments qui interagissent dans l'exercice de la gestion de projet entre les deux territoires. L'extrême rationalisation des procédés et l'approche technocratique ainsi que la transposition de modèles préfabriqués d'organisation et de gestion est à prendre avec précaution.

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