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Relations transfrontalières entre deux villes " jumelles " du fleuve Sénégal: Matam Sénégal et Matam Réo

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par Barka BA
Université Cheikh-Anta-Diop au Sénégal - Maitrise de géographie 2010
  

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UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 1

« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

Sommaire :

REMERCIEMENTS .3

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION 4

AVANT PROPOS 5

DEMARCHE METHODOLOGIQUE 7

DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS 9

PROBLEMATIQUE 13

INTRODUCTION GENERALE 16

PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE DEVENUES DES VILLES

FONTALIERES 19

CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE DIFFERENTES 20

I. A la genèse des « Matams » 20

II. Evolution des administrations locales déconcentrées 22

CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE SENEGAL 24

I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes de deux pays, un seul cadre géographique 24

II Infrastructures et services urbains de base 38

CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE 48

I. Les freins à l'intégration : 48

II. Les ressorts de l'intégration des deux pays 51

DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET TYPOLOGIE DES

RELATIONS 55

CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES POPULATIONS 56

I Les rapports des populations à la frontière 56

II Et les Etats dans tout cela ? 58

CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES DEUX VILLES 62

I. Des relations assises sur un socle historique fort et raffermies par la proximité géographique 62

II. Des relations entretenues et consolidées par les deux jeunes Etats 64

CHAPITRE III : TYPES ET NATURE DES RELATIONS ENTRE LES DEUX CITES

FRONTALIERES 66

I. Les relations de types administratifs 66

II. Les relations commerciales 73

III. les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et ludiques 81

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

IV. La cooperation un nouveau champ exploratoire pour les relations senegalo

mauritaniennes : 85

CONCLUSION GENERALE 92

BIBLIOGRAPHIE 94

GLOSSAIRE 99

ANNEXES 102

Listes des tableaux, graphiques, cartes et photographies 110

TABLE DES MATIERES 112

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

REMERCIEMENTS :

Je tiens à remercier vivement tous les professeurs et les personnes qui, par leur compétence, leur générosité ou leur amitié ont permis à ce travail de voir le jour.

Tout d'abord, mes parents pour la confiance et les moyens investis pour ma réussite dans les études;

Mon directeur de recherche en l'occurrence Monsieur Ahmadou Fadel KANE, qui a accepté de guider mes premiers pas dans la recherche. Sa disponibilité et ses conseils ont permis à ce travail de se dérouler dans les conditions les meilleures. Trouvez ici Professeur l'expression de mes sentiments reconnaissants.

La réalisation de ce modeste Travail d'étude et de recherche, n'a été possible qu'avec l'appui tant matériel, moral et scientifique de nombreuses personnes dont je ne saurais taire les noms.

> Mouhamadou Abdoul, Souleymane DIALLO, Abel NDONG, Boubacar KANTE et à tous les agents de Enda Prospectives Dialogues Politiques qui ont pris le temps de m'accueillir, de me guider, et de corriger mon travail, en reconnaissance de l'appui et de l'affection qu'ils m'ont entouré durant toute la période de mon stage.

> Monsieur ANAS, Premier secrétaire de l'ambassade de l'Etat de Palestine à Dakar qui a pris la peine de relire le document et d'en apporter des corrections.

> Monsieur Saidou Abdoul BA, pour son affection et son soutien

> Monsieur GUEYE, Adjoint au préfet de Matam pour sa collaboration et ses encouragements.

> Mes ami(e)s et frères: Méité, Barka CISSE, Sanoune KALOGA, Habib KA ; Souleymane TABARA ; Khassim DIAGNE, Moussa FALL, Cheikh Oumar SOW, Cheikh DJIMERA, Aliou SALL, Daouda DIA en reconnaissance de leur amitié, de leur soutien, de leur fidélité, et de leur franchise; à tous les étudiants du département de Géographie.

> A tous le corps professoral du département de Géographie de l'UCAD, sans lequel nous n'aurions pu amasser toutes les connaissances qui ont abouti à la rédaction de ce mémoire.

> A messieurs NGAIDE, THIAM, BA et tous les professeurs du département d'Histoire de l'UCAD.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ADM : Agence de Développement Municipale

AFD : Agence Française de Développement

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

AOF : Afrique Occidentale Française

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CILSS : Comité International de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

COCC : Code des Obligations Civiles et Commerciales

DIP : Droit International Privé

DPAF : Direction de la Police des Airs et des Frontières

ENEA : Ecole Nationale d'Economie Appliquée

FIT : Front Intertropical

IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal

PF : Programme Frontière

PRODAM : Projet de Développement Agricole de Matam

PTIL : Projet Transfrontalier d'Initiative Locale

RIM : République Islamique de la Mauritanie

SAED : Société Agricole d'Exploitation du Delta

SDE : Sénégalaise Des Eaux

SENELEC : Société Nationale d'électricité

SONATEL : Société Nationale de Télécommunication

UA : Union Africaine

UCAD : Université Cheikh Anta Diop De Dakar

UGB : Université Gaston Berger UMA : Union du Maghreb Arabe

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

AVANT PROPOS

L'étude des relations transfrontalières occupe une place fondamentale dans le processus de mondialisation et d'intégration régionale. Les frontières des Etats actuels constituent de véritables obstacles au développement social et économique du continent africain. En effet, elles peuvent restreindre les mouvements des hommes et des biens avec comme conséquence la réduction du marché des échanges.

En dépit de la volonté de certains Etats de marquer leurs territoires par un strict contrôle frontalier ; les flux des personnes et des biens augmentent entre les différents pays du monde. C'est ainsi que le fleuve Sénégal comme la plupart des limites administratives ne constituent pas une ligne de séparation pour la population. Il n'arrête pas souvent le déplacement. Les échanges entre régions ont favorisé le tissage d'intenses relations sociales surtout en zone frontalière et la constitution d'espaces économiques ou monétaires permettant d'une part de transcender les espaces politiques et d'autre part débaucher une intégration sous régionale.

C'est ainsi qu'il nous a paru important d'étudier les relations entre le Sénégal et la Mauritanie à travers les villes de Matam Réo et de Matam Sénégal. Le choix du sujet « les relations transfrontalières entre deux villes « jumelles 1» du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »s'explique par plusieurs raisons. Notre origine matamoise nous a donné l'opportunité d'aller plusieurs fois en territoire mauritanien en traversant la frontière et de nous rendre compte des relations qu'entretiennent les deux villes voisines. Elle nous a aussi permis d'observer les flux transfrontaliers qui se font à partir du fleuve. Le contact direct avec la population mauritanienne a permis de constater les divergences et les similitudes entre les deux nations. Le Sénégal et la Mauritanie, bien qu'étant des Etats souverains sont plus ou moins semblables à divers égards. En effet de part et d'autre nous retrouvons la même langue héritée de la puissance coloniale.

Un autre constat est qu'il y'a beaucoup plus de contrôle en territoire mauritanien qu'en territoire sénégalais comme si la Mauritanie tient plus à la frontière que le Sénégal. Le fait que deux villes soient « jumelles » ayant des monnaies différentes, une différente conception de

1« jumelles » n'ont pas parce qu'elles sont nées en mêmes temps mais par leur position géographiques. Les deux Matam sont juxtaposées et séparées par le fleuve Sénégal

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

l'aménagement du territoire et des systèmes d'administration différents rend pertinent l'étude des relations entre les villes.

Le désir d'apporter une modeste contribution dans l'édification de cet espace d'autant plus que certains facteurs très importants ont été souvent sous estimés dans le cadre de l'intégration a favorisé le choix du sujet. Il s'agit pour nous d'étudier les relations et la complémentarité des deux villes, d'une part et d'autre part, le rôle des villes dans le processus d'intégration car les espaces frontaliers constituent de véritables chainons d'intégration socio-économique. . En effet, le rapprochement des populations frontalières et la coopération dans certains domaines d'activités entre ces deux villes peuvent avoir une prise directe sur l'intégration des pays.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La méthodologie utilisée dans la réalisation de ce travail d'étude et de recherche est basée sur trois axes que sont : la recherche documentaire, les travaux de terrain, et le traitement des données. Au préalable, nous avons consulté deux ouvrages de méthodologie de recherches en sciences sociales dans le but d'adopter une démarche scientifique. Il s'agit de MACE G. « Guide d'élaboration d'un projet de recherche », De Boeck Université, 117 p. YAPI-D-A. (2003) : « la recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville. Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences humaines ». EDUCI, Collection

Recherche et Méthodologique, 123 p

La documentation a consisté à rassembler des informations écrites et non écrites sur les deux villes, voire les deux pays. Elle s'est déroulée tout au long de notre travail de recherche et de collecte des données bibliographiques d'une part et des données cartographiques et photographiques d'autre part. Ce qui nous a permis de visiter les salles de travail des Archives Nationales du Sénégal, de l'IFAN, de l'ENEA, de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD)... Nous avons aussi consulté des ouvrages de la bibliothèque centrale de l'université Cheikh Anta Diop, de l'Enda Diapol et de celle du département de Géographie. Il s'en est suivi des visites aux directions de l'Aménagement du territoire, de l'urbanisme et de l'architecture, des collectivités locales, de l'ADM à Dakar, et auprès des services de l'Etat présents dans la ville de Matam (Gouvernance, Impôts et Domaines, Cadastre, Division de l'urbanisme et de l'habitat, Mairie, SENELEC, SDE, SONATEL...) où des documents ont été mis à notre disposition.

Les travaux de terrain ont été réalisés en deux phases :

- La première phase est la reconnaissance de notre zone d'étude par cartographie du site à étudier suivie de l'observation des mouvements qui s'y effectuent.

- La deuxième phase a consisté à faire des entretiens et à établir des questionnaires.

La dernière phase de la démarche méthodologique a consisté à traiter toutes les données obtenues au cours de la recherche documentaire et lors des enquêtes.

Lors de nos études de terrains nous avons rencontré un certains nombres de problèmes :

? La réticence de la population locale aux enquêtes. Dans cette marge frontalière, l'enquêteur est souvent considéré comme un dénonciateur ;

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· Une méfiance des personnes enquêtées vis-à-vis des questionnaires.

· L'absence de réponse à certaines questions adressées aux agents de sécurité liée au droit de réserve des hommes de tenue ;

· La méfiance de la population mauritanienne aux questions liées à la frontière surtout quand l'interlocuteur est sénégalais.

· L'absence d'une documentation sur la ville de Matam Réo;

· L'absence de données cartographiques récentes concernant les deux rives du fleuve sénégal;

· L'éloignement du site d'étude par rapport à Dakar.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS

Dans ce mémoire, nous serons emmenés à faire recours à certains notions et concepts, qui constituent les mots clés du sujet que nous abordons. Ils méritent qu'on y apporte quelques éclaircissements qui nous permettront de nous familiariser avec eux car sans doute, reviendront-ils souvent tout au long de l'analyse.

1. La frontière: comment la définissons nous ?

La notion de frontière au sens actuel, qui succède à celle de confins, est associée au développement de l'État moderne, tel qu'il s'est développé en Europe à partir des XIIIe et XIVe siècles. Ainsi on distingue plusieurs types de frontière : frontière naturelle, artificielle...

La notion de frontière naturelle est établie au XVIIe siècle et s'appuie sur des barrières physiques constituées par des montagnes, crêtes, fleuves... Aujourd'hui, elle tend à perdre son sens dans les conditions actuelles de circulation et de franchissement, mais dans certains cas, elle garde une valeur de symbole2.

Sur le plan territorial, la frontière est aujourd'hui considérée comme une ligne définie, marquant la séparation entre deux territoires relevant de juridictions différentes. Toutefois, cette notion de frontière précise et intangible n'a pas toujours existé. Dans de nombreuses régions et à des époques diverses, les limites territoriales n'étaient pas définies avec précision. Si les frontières sont aujourd'hui garanties par le droit international, elles n'en sont pas moins dans leur genèse et à titres divers, le produit de rapports de force. Elles sont en grande partie le produit de l'avancée des armées et des calculs stratégiques de la part des puissances politiques. Dans son ouvrage Géographie des frontière (1938), le géographe Jacques Ancel définit la frontière « comme un `isobare politique' qui fixe, pour un temps, l'équilibre entre deux pressions ; équilibre de masses, équilibre de force ».

Les géographes Pierre George et Ferdinand Verger définissent la frontière comme « une limite d'un territoire d'un Etat, reconnue au titre d'accords internationaux traité entre voisins ou arbitrage d'une conférence ou d'une organisation internationale »3.

2 George(P) et Verger (F),2002: Dictionnaire de la géographie édition Sirey.

3 Ibidem

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

Dans ce mémoire nous définissons la frontière comme la limite de souveraineté territoriale

d'un Etat.

2. Le territoire : « support et propriété » :

La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en géographie humaine et politique, même si ce concept est utilisé par d'autres sciences humaines. Dans le dictionnaire de géographie de Pierre George et Fernand Verger, le territoire est défini comme un espace géographique qualifié par une appartenance juridique (on parle ainsi de « territoire national ») ; ou par une spécificité naturelle ou culturelle : territoire montagneux, territoire linguistique. Dans ce dernier cas, le terme d'aire (« aire linguistique ») pourrait lui être préféré. Quelle que soit sa nature, un territoire implique l'existence de frontière ou de limite. Ces deux derniers termes sont utilisés en fonction du type de territoire dont ils forment le périmètre. Un territoire politique ou une subdivision administrative est délimitée par une frontière ; un territoire naturel est circonscrit par une limite, terme moins juridique. Il désigne un « agencement des ressources matérielles et symboliques capable de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu et ce collectif sur sa propre identité »4.

Au plan économique le territoire relève de l'acquisition par la population d'une compétence économique spécifique à partir d'avantages naturels ou humains. Le territoire est une étendue qui dépend d'un Etat, d'une juridiction, qu'occupe un groupe humain5. Yves Lacoste quant à lui définit le territoire comme «... une étendue clairement délimitée sur laquelle s'exercent son autorité (pouvoir) et en principe sa souveraineté où il est normalement responsable de l'ordre public et dont il prétend assurer la défense... »6 Donc la notion de territoire est une appropriation à la fois politique, idéologique, sociale et économique de l'espace par un groupe.

3. Espace frontalier, espace transfrontalier :

L'espace frontalier (région, agglomération, zone) se trouve en situation de périphérie, de confins dans un contexte national et fait l'objet d'une gestion spécifique de la part des

4 Di Méo(G),1996 . Le territoire du quotidien, p.40

5 Dictionnaire Larousse 2005

6 Lacoste (Y), 2008. Géopolitique, la longue histoire d'aujourd'hui, Larousse 335p

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

États en raison de la présence de la frontière, de cette limite bornée de son territoire. Or cette situation diffère selon la taille des États, l'éloignement des lieux de pouvoirs (au sens propre et au sens figuré), l'intérêt stratégique de cet espace pour l'État, le degré d'ouverture des frontières.

L'adjectif transfrontalier, quand à lui traduit la traversée, le passage, la transgression : il s'applique à priori à tout mouvement, toute relation à travers une limite politique entre deux États. Cependant, la notion de transfrontalier est profondément liée à celle de proximité, les relations entre deux États relèvent en règle générale du transnational. Les relations transfrontalières s'établissent entre des unités spatiales appartenant à deux régions contiguës, séparées par une limite d'État. Dès lors se pose la question des distances (distance kilométrique, distance-temps, etc.) sur lesquelles les effets de proximité se font sentir. Or ces effets varient en fonction du degré d'inter-relations existant entre les espaces et les lieux en présence. Reconnaître un espace transfrontalier suppose qu'au préalable existent des espaces frontaliers que nous désignons comme une partie d'un territoire national bordée par une frontière d'État7.

Parler d'espace transfrontalier suppose que la frontière présente un certain degré de porosité (l'ouverture l'emporte sur la fermeture), qu'elle est reconnue par les États (ligne stable) et que les conflits y ont disparu (frontière apaisée). Le passage du frontalier au transfrontalier renvoie à l'idée que le lien l'emporte sur la séparation et que des échanges structurés, organisés et durables s'effectuent sur de courtes distances de part et d'autre de la frontière (distincts des échanges transnationaux). Certains échanges se développent en raison de l'existence de différentiels (de coûts, d'offre, de structure par âge, etc.). La porosité de la frontière permet également la diffusion de certains caractères d'un territoire à l'autre. Dans les deux cas, une certaine durée est nécessaire pour identifier de véritables échanges transfrontaliers8.

7 www.espaces-transfrontaliers.org

8 www.espaces-transfrontaliers.org

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4. Intégration régionale : « De la volonté exprimée à la prise en compte dans les agendas politiques en Afrique » :

Le mot intégration vient du latin « integrare » qui veut dire renouveler ou rendre entier. Ainsi elle désigne le fait d'entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays etc. En sociologie, l'intégration est définie comme le processus ethnologique qui permet à une personne ou à un groupe de personnes de se rapprocher et de devenir membres d'un groupe plus vaste par l'adoption de ses valeurs et des normes de son système social.

En science économique, elle désigne la stratégie de regroupement d'activités au sein d'une même entreprise.

On peut admettre dans ce travail la définition de l'intégration comme un processus résultant d'une démarche volontaire de deux ou plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à des Etats différents en vue d'une mise en commun d'une partie de leurs ressources. Aujourd'hui la notion d'intégration est de plus en plus couplée à celles de coopération et de construction communautaires. Ces termes constituent un complément à l'intégration.

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PROBLEMATIQUE

La plupart des frontières des Etats de l'Afrique ne résultent pas d'une longue histoire locale. Elles ont été tracées par les puissances impérialistes non soucieuses des réalités sociales, culturelles ni des rapports entre les peuples. Ces limites imposées ne sont ni culturellement ni économiquement logiques. Ces frontières tracées dans la majorité au siècle dernier par les européens, ont fini par acquérir une légitimité et une existence réelles. Ces limites étatiques ne constituent plus simplement des barrières artificielles issues de la colonisation. Aujourd'hui, elles séparent des univers politiques, économiques et culturels qui peuvent s'affronter. Cependant les délimitations frontalières furent fréquemment transgressées par les populations depuis la période coloniale. Pour ces populations, les limites entre les pays ne constituent pas des barrières infranchissables. Constamment franchies par les hommes et les marchandises et souvent clandestinement, elles ont été réappropriées par les africains pour devenir un des éléments de leur `'bagage» mental et identitaire. C'est ainsi que le fait frontalier est devenu un symbolisme des pays africains pouvant déterminer le rapport à l'autre9.

De nos jours, l'économie du monde semble entrain de naitre un espace global où les notions d'entreprise, d'emploi, de marché, d'investissement, strictement nationaux, perdent leur sens où la logique d'indépendance s'efface derrière celle d'interdépendance10. La mondialisation et l'intégration régionale ont eu comme effet la création de grands blocs et l'élargissement du marché des échanges. Dès lors, les distances sociales et même culturelles sont réduites, voire éliminées à l'échelle planétaire. Cependant, mêmes si les personnes traversent de plus en plus les frontières, les flux transrégionaux de marchandises et de capitaux sont plus importants.

Cette globalisation de l'économie a plus favorisé certains pays que d'autres. Les grandes puissances mondiales ayant fini de faire leurs promotions économiques et sociales se disputent les marchés des pays les moins avancés. Les Etats africains balkanisés et sous développés se retrouvent très impuissants devant cette réalité. Cette situation a poussé les gouvernements du continent à penser qu'isolément aucun pays ne peut faire face à cette

9 Dubois (C), Michel (M) et Soumille(P), 1998. Frontières plurielles frontières conflictuelles en Afrique subsaharienne édition Harmattan 460 pages

10 Brand(D) et Durosset(M) ,2002 : Dictionnaire thématique histoire géographie, édition Sirey, 559p.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

nouvelle donne. Donc la nécessité d'intégrer les espaces régionaux est devenue une priorité pour ces pays.

Le contexte d'ouverture aux modèles et produits du marché mondial, d'urbanisation, de croissance démographique et de mutations économiques a favorisé le redéploiement et la restructuration des relations entrainant une interconnexion des espaces complémentaires jusque là inédits. Le développement de petites et moyennes villes le long des frontières étatiques participe aussi aux échanges transnationaux qui profitent à certaines populations. L'accroissement des mouvements transfrontaliers entre le Sénégal et la Mauritanie devait inciter les deux Etats à refondre leur cadre institutionnel pour aboutir à une intégration.

Bien qu'ayant entretenu dans le passé des relations en dents de scie les deux pays affichent aujourd'hui une volonté de rapprochement. C'est ainsi que le fleuve Sénégal constitue une source d'union entre les populations riveraines des différents Etats qui le partagent comme en témoigne l'OMVS.

Les relations transfrontalières constituent un élément fondamental dans le processus d'intégration régionale. Pour en faciliter l'intégration, il est évident que les Etats jouent sur les zones frontalières. De ce fait, il est nécessaire d'aménager ces espaces pour accélérer les politiques afin de faire de ces zones des chainons d'intégration socio-économique. Les deux villes de Matam Réo et de Matam Sénégal constituent des `'couloir » qui se manifestent par leur dynamisme commercial. A cet effet, elles doivent être fournies en équipements de base dont le rayonnement dépasse chaque territoire national. C'est sous ce rapport que nous trouvons pertinent d'axer notre thème d'étude et de recherche sur les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal. Il s'agit pour nous de montrer l'intensité des relations transfrontalière entre les deux villes, d'étudier les fondements de ces relations et d'analyser les atouts et limites à l'intégration.

Ainsi après avoir fait une présentation des deux villes, nous essayerons de mettre en évidence le rôle du fleuve Sénégal dans la vie de la population pour aboutir à la typologie des relations transfrontalières. Ces deux villes de par leur position géographique, d'une part et à travers des différences au niveau des productions et de la monnaie d'autre part, ont mis en place un `marché commun' dynamique et prospère.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

Cependant les rapports entre l'Etat du Sénégal et la République Islamique de Mauritanie (RIM) sont freinés par plusieurs facteurs. En effet la fréquence des contrôles frontaliers surtout en territoire mauritanien, limite les mouvements des personnes. En outre la frontière sénégalo-mauritanienne n'a pas simplement une dimension politique et administrative. Elle sépare deux espaces monétaires et deux systèmes économiques différents. Le Sénégal appartient à l'UEMOA c'est-à-dire à la zone franc alors que la Mauritanie a sa propre monnaie et est membre de l'UMA (Union du Maghreb Arabe). Derrière le commerce institutionnel qu'entretiennent les deux villes, se cache un autre type d'échanges dit commerce illicite dont les contours restent difficiles à appréhender du fait de la multiplicité des points de passage. Ce réseau tissé entre commerçants sénégalais et mauritaniens ; engendre des enjeux financiers énormes et alimente une `'économie souterraine `' ou parallèle.

Ces flux transfrontaliers de marchandises bien que faisant la concurrence à certaines industries sénégalaises (CSS, SONACOS...) ; permettent à la population locale de se ravitailler en produits de denrées de première nécessité à des prix moins chers comparés à ceux des autres régions du Sénégal. Ces échanges commerciaux accompagnés de banques informelles sont devenus une activité importante dans cet espace frontalier. C'est ainsi que nous nous posons les questions suivantes : Faut-il limiter les échanges transfrontaliers pour marquer son territoire ? Faut-il dépérir la frontière afin de faire des deux localités un véritable espace d'échange et d'intégration de proximité ?

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INTRODUCTION GENERALE

Les mouvements des populations ont pendant longtemps animé le vécu des africains. Depuis le moyen âge, l'Afrique de l'Ouest est inscrite dans une dynamique de circulation des personnes et de commerce transsaharien entre le Maghreb et l'Afrique noire. La colonisation suivie de la naissance des Etats contemporains dont l'une des manifestations est l'apparition de barrières juridiques inscrit le commerce frontalier dans un autre contexte. La recomposition territoriale traduite par le développement de petites et moyennes villes a aussi entrainé l'émergence d'espaces frontaliers reconnus comme tels et animés par des flux commerciaux organisés autour des villages ou villes-marchés. Les populations ignorant ou tirant profit de la frontière ont continué à commercer entre elles11. C'est ainsi que les frontières nationales sont perçues comme des lignes séparant plutôt deux systèmes politiques et administratifs différents que des barrières limitant le déplacement des hommes et de leurs biens.

L'exploitation du différentiel crée par l'existence de la frontière est un facteur favorisant la naissance et le développement de nouveaux territoires aux périphéries des Etats. Ces échanges transfrontaliers fonctionnent autour de réseaux d'où l'installation d'acteurs intermédiaires constitués notamment par des transporteurs, des courtiers, des collecteurs, des acheteurs, des revendeurs, etc. A cet effet les villes frontalières bénéficient d'une rente due à leur position géographique et jouent un rôle important dans l'inscription spatiale des réseaux de marchands.

La frontière Sénégalo-mauritanienne comme la plupart des limites étatiques, est animé par d'intenses dynamiques socio-économiques. En effet, ces populations que le partage colonial a séparées ne sont pas restées inactives face à cette nouvelle partition renforcée par la volonté des Etats actuels à marquer leurs limites. Ainsi cette population autochtone continue de franchir la frontière qu'elle considère comme un élément étranger à la tradition locale. De ce fait, ce fleuve constitue un lieu d'échanges entre les populations riveraines. Ce réseau hydrographique bien qu'étant la limite naturelle, est une source d'union entre les peuples qui le partagent. Les commerçants continuent de circuler dans des limites dépassant les territoires nationaux. En outre sur la base d'appartenance religieuse, à une même communauté

11 Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de 3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

marchande et à un même peuple ; les acteurs sociaux et économiques ont mis en place d'importants réseaux.

Les échanges entre Matam Réo et Matam Sénégal sont organisés en couloirs permettant de faire débarquer et transiter les marchandises à l'intérieur des deux régions de Kaédi et de Matam. Pourtant ces relations si elles sont bien gérées par les autorités étatiques pouvaient transformer ces couloirs en de véritables axes de développement économique et d'intégration. Malgré les divergences politiques, administratives et économiques existant entre le Sénégal et la Mauritanie, la mobilité autour de la frontière a fini par créer un lien fort qui se traduit par des flux financiers très importants et par un brassage socio-culturel.

Articulé autour de deux parties dont chacune comprend trois chapitres, ce premier travail sera l'occasion de passer une revue littéraire sur ce thème d'étude et de recherche et d'expliciter les interrelations entre les villes de Matam Sénégal et de Matam Réo.

Il s'agira donc en premier temps de faire une présentation générale des deux villes et la question d'intégration. En second lieu nous aborderons les rapports de la population et l'Etat à la frontière et la typologie des relations transfrontalières entre Matam Sénégal et Matam Réo

Dans ce mémoire nous étudierons les relations transfrontalières entre les deux Matam sous plusieurs angles. En première partie nous étudierons les villes et la question d'intégration. Après avoir étudié l'aspect géographique des deux villes par une analyse des caractéristiques physiques et démographiques, des secteurs d'activités et des infrastructures et services urbains de bases ; nous aborderons l'historique des deux villes et les atouts et limites à l'intégration. Ces deux villes situées dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal (Matam Réo sur la rive droite et Matam Sénégal sur le coté gauche) sont caractérisées par un climat sahélien avec des précipitations faibles et par un relief plat. Sur le plan démographique, comme partout en Afrique ces deux villes se caractérisent par une forte proportion des jeunes. Dans la répartition spatiale Matam Sénégal semble avoir une population concentrée tandis que la ville mauritanienne constitue un vaste espace avec des densités très faibles. L'imbrication sociale dans cette zone fait que ses habitants affichent une volonté d'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

Dans la deuxième partie nous étudierons les mouvements sociaux, économiques et les formes de circulation qui s'effectuent au-delà de la frontière. Pour se faire nous commencerons par analyser d'abord les rapports entre la population locale et la frontière et les fondements des relations transfrontalières, la nature de ces échanges, ensuite et enfin nous aborderons la coopération transfrontalière. Les flux transfrontaliers sont fondés sur l'histoire commune de cette partie de la vallée du fleuve Sénégal, sur la géographique et sur les relations entretenues par les deux Etats. Les relations entre Matam Réo et Matam Sénégal sont de nature diverse et concernent aussi bien les représentants des gouvernements que les populations locales. Ainsi les populations locales et les autorités administratives frontalières de chaque coté de la ligne de démarcation utilisent diverses pratiques pour bien gérer les liens (parenté, communautaires, sociaux et politiques). Les rapports de bon voisinage entre les deux espaces administratifs frontaliers se manifestent par des visites et par la participation à la célébration locale des fêtes d'indépendance. Le commerce transfrontalier s'est surtout développé grâce aux liens sociaux entretenus par ces populations.

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PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE
DEVENUES DES VILLES FONTALIERES

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CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE

DIFFERENTES

Erigée en commune en 1952, Matam Sénégal fut fondée vers le XVIe siècle par un pêcheur originaire de l'actuel département de Bakel. Pendant la période coloniale, la ville fut une importante escale fluviale vers laquelle aboutissaient les routes commerciales de la région. C'est ainsi que la ville s'est étendue et ses quartiers sont rangés les uns après les autres parallèlement au fleuve. La création de la ville voisine est très récente par rapport à celle de Matam Sénégal. La ville mauritanienne était, jusqu'à une date récente une aire de jeux des ASC de Matam Sénégal.

I. A la genèse des « Matams » :

Selon la tradition orale la ville de Matam Sénégal aurait été fondée au XVIe siècle par un migrant venu de Koukani situé dans l'actuel département de Bakel. Ce pêcheur qui voyageait par le fleuve, portait le nom de Farba Boubou Gaye. Celui-ci serait installé dans l'actuel quartier de Soubalo. L'arrivée de nouvelles familles va par la suite donner naissance au village de Matam, appelé à l'origine Sinthiou Boubou. Au cours de son évolution la ville a connu une histoire très riche et mouvementée. Les événements qui ont le plus marqué l'histoire de la commune sont la conquête coloniale et la pénétration commerciale des français qui se sont traduites au XVIIe siècle par l'arrivée de la compagnie du Ngalam.

La construction du fort en 1857 a permis l'extension de la ville et le développement d'un commerce florissant. Ce commerce développé le long du fleuve surtout entre les chefs toucouleurs et maures, faisait de Matam un gros marché aux esclaves. Certaines traditions situent d'ailleurs l'origine du nom de la ville en rapport avec le marché des esclaves qui existait sur le lieu « matama » pour dire empoigner sans doute des esclaves en fuite12.

Par contre KANE (A.F) soutient dans sa thèse « c'est d'ailleurs de cette activité commerciale que la ville a tiré son nom. En effet il s'y vendait beaucoup de produits et selon la légende ceux-ci pouvaient s'obtenir à crédit. Toutefois ce dernier n'était pas toujours honoré. Les vendeurs exigèrent à la fin le paiement au comptant, en toucouleur « matama ».

12Profil environnemental de la ville de Matam, page11

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Il fallait avoir en main le prix de la marchandise pour pouvoir l'acquérir. Le « matama » qui désigne l'action de serrer quelque chose dans la main, donne à la ville son nom : Matam13

L'histoire de la ville est aussi marquée par la cohabitation entre maures, harratins et les beïdanes ; les nombreuses querelles pour la maitrise et le partage des terres du oualo ; la résistance anti coloniale dès le XIXe siècle marquée par la prise de la ville sous la direction du commandant Paul Holle et la construction d'un tour fortin en 185714 .

Ce fortin a permis d'établir dans le fleuve une sécurité totale pour le commerce en même temps de préparer l'ouverture du Soudan à la pénétration coloniale15. L'installation des français dans la ville sera suivie par la création des maisons de commerce européennes dont Devès Chaumet, V.Q Petersen etc.

Au XVIIIe siècle, l'islam est implanté dans tout le Fouta et au XIXe siècle, le djihad d'El hadji Oumar tentant de conquérir le Fouta se heurte aux troupes françaises de Faidherbe en 1857 à Médine. C'est ainsi qu'il reprend la route vers l'Est et emmenant avec lui des milliers de foutanké pour un exode définitif appelé « fergo oumarien » qui a créé une profonde saignée démographique16.

L'échec de la résistance face à la conquête entraine un profond bouleversement de la société toucouleur. Cette pénétration française a eu comme conséquence l'émancipation des captifs et l'implantation d'une administration coloniale. Ainsi les grandes familles qui traditionnellement assuraient l'exercice du pouvoir voient leur influence s'effriter face à l'implantation d'un nouveau système social basé sur une économie moderne et non plus sur la division traditionnelle de la société.

Quant à la ville mauritanienne, sa création est très récente par rapport à celle de Matam Sénégal. Durant la période coloniale, elle fut une petite située sur la route Kaédi Mbout. Matam Réo est une ville qui, il y'a trente ans n'existait sur aucune carte géographique. Sa création a commencé par l'implantation d'un poste de police. Matam Réo ou Matam Mauritanie est beaucoup plus un poste qu'un village fondé en 1969 à la suite du

13 Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région, thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar, 363pages.

14 Yves J.S cité par Tamboura, 2007

15 O MVS : étude socio-économique du fleuve Sénégal, le milieu urbain et les relations villes campagnes, page8

16 Profil environnemental de la ville de Matam, page11, Mars 2007

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désir de R.I.M d'affirmer sa présence dans ses limites territoriales en créant en face de chaque ville sénégalaise une ville mauritanienne17.

Avant 1977 la rive droite de Matam était occupée par les habitants de Matam Sénégal. En effet cette marge frontalière fut le terrain de football des associations sportives et culturelles de Matam Sénégal. Les trois ASC (Reveil, Inter-scolaire et Etoile d'or) disposaient chacune une aire de jeu à Matam Réo. A partir de 1977 et 1978 la Mauritanie a commencé à prendre possession de ces terrains et à limiter les déplacements des jeunes venant de l'autre rive du fleuve. En 1964 la RIM avait demandé à tous ceux qui avaient besoin de terres de cultures de rejoindre la rive droite du fleuve Sénégal. Ainsi les nouveaux venus se sont installés près du fleuve sur les terrains que les jeunes sénégalais occupaient en période hivernale. Matam Réo est créée par des sénégalais de Matam. C'est ainsi que cette ville formée à partir de la ville sénégalaise a gardé le nom de la ville mère.

Les premiers habitants de Matam Réo originaires du Sénégal ont été enrichis par les populations venus des autres régions de la Mauritanie. Cette population s'est reconvertie ensuite dans les activités du fleuve et de la fonction commerciale de la ville.

Après la construction des barrages de Diama et de Manantali ; des harratins sont venus s'installer dans cette marge Sud de la Mauritanie pour profiter du différentiel provoqué par la frontière. L'implantation des villes mauritaniennes sur le long du fleuve a souvent répondu à un souci d'adaptation au contexte géopolitique. En effet, pour la Mauritanie devenue indépendante, l'occupation des terrains situés sur la rive droite lui permettrait de marquer son territoire. Ainsi elle a commencé à interdire aux sénégalais de cultiver sur ses terres et à limiter le mouvement du bétail venant de l'autre rive. Malgré cette volonté de la RIM, ce voisinage a créé un fort lien entre les villes mauritaniennes et sénégalaises.

II. Evolution des administrations locales déconcentrées :

Matam, à l'instar des autres villes du Sénégal, a connu des modifications dans son découpage administratif. A l'époque coloniale, Matam faisait partie de l'ancienne province du Nguénar qui constituait avec le Dimar, le Tooro, le Lao, le Irlabé-Ebiabé, le Bosséa et le

17 Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région, thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar, 363pages.

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Damga les sept provinces de la confédération du Fouta Toro. Cette organisation était fondée sur des principautés à base ethnique (Tamboura, 2007).

Durant la période coloniale, Matam devient chef lieu de cercle puis érigé en commune en 1952. Le 8 novembre 1955, la ville prit le statut de commune en plein exercice. Après l'indépendance du Sénégal, les nouveaux découpages administratifs intègrent Matam dans la région du fleuve qui englobe les anciennes escales : Saint-Louis, Dagana, Podor et Matam mais aussi Louga. En 1964 suite à un autre découpage, l'Etat divise cette région en deux entités administratives : la région de Louga et celle de Saint-Louis. Ainsi le département de Matam est né et rattaché à la région de Saint-Louis (décret 64-282 du 03 avril 1964). Enfin la loi numéro 2002-02 du15 février 2002 érige Matam comme capitale de la onzième région du Sénégal.

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CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE

SENEGAL

I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes de deux pays, un seul cadre géographique :

Les villes de Matam Réo et Matam Sénégal, juchées sur le bord du fleuve se situent en zone sahélienne avec des précipitations dépassant rarement 500 mm. Les moyennes de températures dans cette région sont respectivement de 25° en saison froide et de 40 °en saison chaude. Cette région quasi plane est balayée par l'harmattan pendant une très grande partie de l'année. L'hydrographie est principalement composée des eaux de surface du fleuve Sénégal et de ses défluents. La nappe phréatique présente aussi une potentialité hydrique importante.

La population de cette marge frontalière est à dominante jeune. Elle est aussi caractérisée par une forte hiérarchisation sociale. Sur le plan économique, une des grandes particularités des deux villes reste l'importance du secteur primaire dans les activités de la population. En effet 80% de la population vivent principalement de l'agropastoralisme. Les villes de Matam Réo et de Matam Sénégal conservent un caractère rural qui se manifeste par une insuffisance notoire d'infrastructures, de services et de voiries urbaines.

Le fleuve Sénégal reste le principal facteur structurant le cadre territorial et juridique des Etats de la Mauritanie et du Sénégal. Sur chacune des rives un Etat est responsable de l'ordre public et prétend assurer la sécurité de ses citoyens.

1.1. Situation géographique et spécificité des sites :

1.1.1. Deux villes situées aux périphéries de leurs pays :

Les deux villes sont localisées dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal sur une haute levée dont l'altitude varie entre 13m au Nord et 16m au Sud. Elles sont situées par 15° 39 de latitude nord et 13°15 de longitude Ouest. La commune sénégalaise est distante de Dakar de

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700 km et de Saint-Louis de 422 km. Matam Sénégal est excentrée par rapport à la route nationale 2 qui traverse la région. Elle est raccordée à celle-ci par une digue de 7 km de long la reliant de la ville de Ourossogui. Cependant par l'axe Dakar-Linguère- Matam la distance se trouve réduite à 525km. Du Nord au Sud, la ville s'étire sur 2.5km de long sur 500m de large environ soit une superficie communale de 375 ha. La commune est constituée de cinq quartiers qui s'étendent du Nord au Sud parallèlement au fleuve. Il s'agit respectivement de Diamel, Soubalo, Tantadji, Gourel Serigne et Navel. Elle est limitée au Nord par la communauté rurale de Nabadji Civol, au Sud par la communauté rurale de Ogo, à l'Ouest par la commune de Ourossogui et à l'Est par le fleuve qui la sépare de la ville mauritanienne de Matam Réo.

La ville de Matam Réo, quant à elle, est localisée au Sud de la Mauritanie. Elle se trouve dans la Wilaya (région) de Gorgol et dans l'arrondissement de Toufndé Siwi. Cette région qui a pour capitale régionale Kaédi est limitée respectivement au Sud-Est, à l'Est et au Nord par les régions mauritaniennes du Guidimakha, de l'Assaba et du Brakna. La région de Matam constitue la frontière Sud de la wilaya. Matam Réo quant à elle est limitée au Nord par la commune de Siwi, au Sud par Maghama et à l'Ouest par la ville sénégalaise de Matam. Elle est constituée de deux quartiers que sont Lehmoune et le quartier Nord. C'est une zone très enclavée qui communique peu avec son arrière pays. La commune n'est accessible que par des pistes latéritiques.

La ville mauritanienne la plus proche d'elle est Maghama distante de 50 km. Ce trajet n'est praticable qu'en saison sèche car en période hivernale la ville est ceinturée par les eaux de pluies et du fleuve. Kaédi est la deuxième ville mauritanienne la plus proche et est séparée de Matam Réo de 80 km. Ce trajet dure deux à trois heures en raison de l'état délabré de la piste.

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

1.1.2. Une région frontalière marquée par la présence de l'eau :

Les deux villes de Matam occupent une haute levée dont l'altitude varie de 16 à 13m du Nord vers le Sud surplombant le lit mineur du fleuve Sénégal .Ainsi, vue de loin, Matam Sénégal semble être perchée. Les villes sont installées sur des sols hydro-morphes et des cuvettes creusées par les crues du fleuve et de ses défluents pendant l'hivernage. C'est ainsi que tous les terrains situés au Nord, à l'Ouest et au Sud de la ville sénégalaise sont inondables. Ils constituent le « kollengal » Matam-Ourosogui. Pendant la période des hautes eaux, cette vaste cuvette se transforme en zone d'épandage pour les eaux de crues déversées par les marigots de Diamel et de Navel transformant la ville en une véritable ile reliée au reste du pays par une route menant vers Ourossogui. La ville est entourée dans ses parties Nord, Sud et Ouest par une digue large de 2m et 4.2 km de long. Ce système de digue élevée à une cote de 2 m environ, inscrit la ville dans un vaste rectangle aux dimensions variables.

De l'autre coté du fleuve on constate la même chose pendant la même période. En effet, pendant l'hivernage toutes les terres situées à l'Est, au Nord et au Sud de la commune sont occupées par des eaux. La partie Nord de cette zone est bâtie sur des levées post nouakchottiennes composées de l'argile, de sable fin et de limon. Cette composition granulométrique explique surtout le caractère sensible des berges face aux sapements (Tamboura, 2007).

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Carte n°2 : Croquis géomorphologique du tissu urbain de Matam

Source Tamboura 2007

1.2. Caractéristiques climatiques :

La zone se caractérise par un climat de type sahélien, chaud et sec. L'ensoleillement est quasi annuel avec des températures élevées. Les moyennes enregistrées varient entre 16 à 30° en saison froide et 35 à 48° en saison chaude18. Les mois les plus chauds vont de février à juin et les températures les plus basses sont enregistrées entre juillet et janvier. Ce climat local subit l'influence du désert mauritanien qui étend ses vagues de chaleur sèche et de poussière sur toute la zone du « Dandé Mayo ».

18Nayorelle cité dans profil environnemental de la ville de Matam

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Figure n°1 : Températures moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2005

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2005

Source : Météo Matam 2007

32

31,5

31

30,5

30

29,5

29

28,5

28

27,5

27

26,5

1996

1997

1998

1999

2000 2001

années

2002

2003

2004

Cette partie de la moyenne vallée du fleuve enregistre une pluviométrie relativement faible et irrégulière. Les moyennes annuelles dépassent rarement 500 mm. La saison des pluies dure en moyenne entre trois et quatre mois, de juin à septembre et août reste le mois le plus pluvieux. Au cours de ces dix dernières années, la moyenne décennale enregistrée tourne autour de 398 mm. Ce déficit pluviométrique affectant toute la région s'explique par la migration des isohyètes vers le Sud. Cette partie de la vallée est dominée essentiellement par deux types de vent. Il s'agit de :

? l'alizé continental communément appelé harmattan qui est un vent chaud et sec soufflant du Nord-est. Ce vent chaud et particulièrement asséchant, charrie de la poussière et du sable et favorise l'aridité de la zone. Les vitesses enregistrées varient entre 1 et 8 m/s

? la mousson souffle du Sud-ouest entre juillet et septembre et se déplace avec le FIT (front intertropical). Ce vent est à l'origine de l'essentiel des précipitations enregistrées. Sa vitesse varie de 1 et 5 m/s.

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Figure n°2 : Précipitations moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2002

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2005

Source :Météo Matam 2007

Pmm800

700

600

500

400

300

200

100

0

1996

1997

1998

1999

2000 2001

Années

2002

2003

2004

Le relief est généralement plat avec une vaste plaine incisée de vallées. La zone est

constituée de hautes levées dont la hauteur diminue d'amont en aval et atteint 13m à Matam.

Ce système de hautes levées a favorisé la création de cuvettes de décantation multiformes et

multidimensionnelles. En outre on note l'existence de microfalaises ou escarpements de

plusieurs mètres de hauteur sur les berges du fleuve.

La pédologie est en rapport direct avec les différentes unités géomorphologiques.

Ainsi du fleuve vers le Diéri on distingue :

? les sols du falo : ils sont situés sur les pentes d'écoulement des berges du fleuve et

de ses défluents. Ils sont constitués principalement d'alluvion.

? les sols de fondé : ce sont les sols de hautes levées. il s'agit de bourrelets des

berges très rarement inondés.

? et les sols de hollaldé : ce sont les sols situées dans les cuvettes de décantation.

La végétation est caractérisée par une forte dominance d'espèces arborées et

arbustives constituées principalement par des épineux et des essences adaptés à la forte

chaleur. Le fleuve Sénégal constitue la principale ressource en eau de surface et traverse la

région sur 200 km. Il revêt une importance sociologique certaine qui structure globalement la

vie de la population. Ainsi la ville s'est développée autour de cette ressource. Deux

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

principales sources d'eau souterraine sont recensées pour la ville : la nappe phréatique et nappe du maestrichtien. La nappe phréatique est peu profonde et captée par puits. La nappe du maestrichtien est située à moins de 90m dans la zone et assure la satisfaction des besoins en eau de la population. Cette nappe n'est accessible que par forage. Ces ressources en eau sont renouvelables et disponibles en quantité.

1.3. Population et peuplement :

1. 3.1. L'évolution de la population depuis les années 1970 :

La ville de Matam Sénégal se caractérise par une évolution assez lente de la population avec des rythmes de croissances irréguliers. Durant ces dernières années, le taux d'accroissement naturel est marqué par une oscillation. De 1,8 entre 1976 et 1979, le taux d'accroissement est passé à 4 pour la période 1979-1982 et à 1,99 en 2002.

.

Tableau n°1 : Evolution de la population de la commune entre 1976 et 2002

Années

Population

Années

Population

1976

9849

1985

12862

1979

10400

1988

10732

1981

11467

1999

11655

1982

11734

2000

11671

1983

12004

2001

11676

1984

12427

2002

14620

Sources : PDU (1982), RGPH (2002) et Monographie régionale (2004)

Lors de nos recherches nous n'avons pas pu avoir des données sur l'évolution de la population de Matam Réo. Cette partie de la Mauritanie est dépourvue de service pouvant fournir des statistiques sur la population. Cependant l'accroissement de cette population urbaine est dû en grande partie à des flux migratoires venant de l'intérieur du pays

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Graphique 1 : Histogramme de l'évolution de la population de Matam Sénégal

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1976-1979 1979-1982 2002

Sources : Données de l'enquête de terrain 2010 (B.BA)

Pourcentage

4

3,5

3

2,5

2

1,5

1

0,5

0

Années

Avec une population estimée à prés de 14620 habitants, la ville sénégalaise semble

avoir une population concentrée dans la répartition spatiale. En effet les densités dans la

commune sont de 39hbts à l'hectare contre 36hbts au km2 pour le département et 15hbts au

km2 au niveau régional. Au sein de la commune, on dénombre 1,38 ménage par concession,

14,8 personnes par concession et 10,7 personnes par ménage.19 Dans la commune, la

répartition de la population montre une forte inégalité de peuplement. Soubalo, l'ancien

quartier est le plus peuplé avec une densité de 212hbts/ha et 38% de la population. Gourel

Serigne, le quartier administratif, concentre 18% des habitants. Les quartiers de Tantadji,

Diamel et Navel concentrent respectivement 17 ; 15,8 et 11% de la population communale.

19 Direction de la population et de la statistique(DPS) Matam 2005

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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »

Tableau n° 2 : Répartition de la population par quartier.

QUARTIERS

Nombre de

concessions

Nombre de

ménages

POPULATION

 

Masculi n

Féminin

Total

 

Soubalo

300

458

2843

2684

5 527

Gourel Serigne

234

180

1340

1321

2 661

Tantadji

204

284

1269

1237

2 506

Diamel

180

213

1055

1226

2 281

Navel

68

126

793

852

1 645

TOTAL

986

1261

7 300

7 320

14 620

Source : DPS Matam 2002

L'inexistence de statistiques sur la structure par âge de la commune nous fait recourir aux statistiques du département. Comme toutes les villes du Sénégal, Matam concentre une une forte proportion des jeunes. En effet 60% de la population ont moins de 20ans, ce qui augmente le problème d'accès à l'emploi et à l'éducation. La population active (20-59) représente quant à elle 33,5% dont la majorité est constituée de femmes.

Enfin les plus de 60ans représentent 6,5% de la population.

1.3.2. La composition ethnique de la population :

Quant à la répartition ethnique elle montre une certaine diversité malgré la forte dominance des « halpulaar » qui constituent 88% de la population. Viennent ensuite les soninké 6,7% ; les wolof avec 3,9% ; et moins de 1% pour de nombreuses autres minorités ethniques.20 La population est à 99% musulmane et les quelques catholiques de la ville de Matam Sénégal sont des fonctionnaires ou des migrants.

20 DPS Matam 2005

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Graphique2 : Répartition de la population de Matam Sénégal selon les groupes ethniques :

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7% 4% 1%

Haal Puulaar

Soninké

Wolofs

Autres ethnies

88%

Source : Enquêtes de terrain 2010 (B. BA)

L'absence de données sur la ville de Matam Réo nous pousse à recourir aux statistiques de la region. La Wilaya de Gorgol couvre une superficie 13 820 km2 sur les 1 030 700 km2 qui composent le pays, soit 1,34 % du pays. Elle compte environ 238.252 habitants sur 3 075 000 soit 7,74 % de la population de la Mauritanie repartis dans 4 départements (les moughataas de Kaédi, Maghama, M'bout et Monguel). La région est la seconde du pays en terme de densité démographique (18 hbts au km2) après la région de Nouakchott21. Issue du brassage de peuples de différentes origines, le Gorgol rassemble divers groupes ethniques : les arabe-berbères (maures) et les negro-mauritaniens (soninkés, peuls...). Il faut relever que cette région a fait l'objet de multiples brassages de populations et les communautés négro-africaines des royaumes riverains (Fuuta Tooro haalpulaar, wallo wolof et Gajaaga soninké) qui s'étaient installés sur la rive droite du fleuve Sénégal au Xème siècle se sont repliées sur la rive gauche à la fin du XVIIIème siècle lors de la constitution d'émirats maures pour ensuite revenir sur ce territoire sous la colonisation22.

Seuls les peuls étaient traditionnellement nomades, effectuant des migrations saisonnières avec leurs troupeaux. Ils sont désormais astreints à migrer dans les limites des territoires et se sédentarisent de plus en plus. La population de Matam Réo est estimée à prés

21 Atlas de Mauritanie. Ledra Rouen, Lerg Nouakchott, JC Arnaud.1989. Planches 4.

22 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport d'enquête migration et développement état des lieux de l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le développement.

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de 4000 habitants répartis dans ses deux quartiers. Cette population est à dominante jeune. Les principales ethnies qui composent la population communale sont les Beïdane, Harratin et les Halpular.

1.4. Les activités économiques :

La structure économique et de l'emploi de la région laisse apparaitre un taux d'évolution très lent du marché de l'emploi. Cet espace frontalier se particularise par l'importance du secteur primaire dans les activités de la population. Plus de 80% des habitants da cette partie de la vallée vivent principalement du secteur primaire. L'industrie est quasi inexistante mais toutefois le secteur connait aujourd'hui un début dû à la régionalisation de Matam Sénégal. Sur la rive gauche les principales activités économiques sont :

? L'Agriculture : Elle mobilise près de 70% de la population active. On dénombre dans la ville du Sénégal14 périmètres irrigués, soit 195,8 ha répartis entre 612 producteurs, soit une moyenne 0,31 ha par exploitant (SAED Matam 2007). Cependant cette activité souffre d'un certain nombre de problèmes dont le cout élevé des aménagements hydro-agricoles (eau, intrants...), le déficit pluviométrique et l'irrégularité des crues. A cela s'ajoute l'occupation des terres de culture de « Diéri » en période hivernale par les eaux de marigots de Diamel et de Navel. Les spéculations sont composées du mil, du riz, de la patate douce, de la pastèque, de l'oignon etc. La culture maraichère se développe de plus en plus dans la ville et elle est pratiquée sur les berges du fleuve.

? L'élevage : Le cheptel qui est constitué principalement de bovins, d'ovins (3000 têtes dénombrées dans la commune), de volaille (12000 têtes)23. Les asins et les équins sont surtout utilisés pour les travaux champêtres mais aussi pour le transport intra-urbain. Le développement de l'élevage dans la ville souffre d'un manque d'espace et des problèmes sanitaires comme la fièvre du rift valley, les maladies parasitaires. Le taux d'accroissement annuel du cheptel est de 3% dans la commune.

? La pêche : Cette activité occupe une place importante dans la ville et est pratiquée par le groupe socio-professionnel dit « soubalbé » vivants dans les quartiers de Diamel, Navel et Soubalo. Elle est faite de façon artisanale par près de 287 personnes. Les espèces capturées sont composées de tilapia, lattis niloticus, l'etropus, etc.

23 Source Inspection Générale des Services Vétérinaires de Matam, 2004

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Tableau n°3 : Répartition des pêcheurs et des pirogues de pêche

Secteurs

Nombre de

pêcheurs

Pirogues

Soubalo

63

34

Navel

84

35

Diamel

140

52

Total

287

121

Source : direction de pêche de Matam 2009

Il faut signaler que la pêche est en pleine régression dans la ville. Ceci est dû à la non régénération des ressources halieutiques, aux difficultés d'accès au crédit et à la vétusté du matériel. Ainsi, on assiste à la migration des pêcheurs vers les régions de Saint-Louis et de la Casamance ou même vers la Gambie.

Les activités du tertiaire sont constituées principalement par le commerce et l'artisanat : ? Le commerce : il occupe 2% de la population active. Les commerçants sont répartis dans les deux marchés de la ville (marché central de Tantadji situé sur le quai et celui de Diamel) et dans les quartiers. Selon leur implantation (voire graphique), le marché central regroupe le plus grand nombre de commerçants, suivis des quartiers de Soubalo, de Tantadji et de Gourel Serigne. Ce secteur est handicapé par la fraude du fait de la proximité de la République Islamique de la Mauritanie d'où viennent des produits de première nécessité et des appareils électroniques. Le commerce est confronté à d'autres problèmes dont l'exigüité du marché central, le délabrement des ponts rendant difficile l'approvisionnement de la ville. Cette situation a rendu peu dynamique le commerce local.

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Graphique 3 : répartition des commerçants de Matam Sénégal :

 
 
 
 
 
 
 
 

5% 5%

Marché central

Soubalo

Tantadji

Gourel Serigne

Navel

Diamel

24%

Source : service régional du commerce 2007

10%

12%

44%

? L'artisanat : Il constitue la deuxième activité du secteur tertiaire dans la commune. Les activités artisanales sont composées, de la teinture, de la bijouterie, de la cordonnerie et de la poterie etc. Selon le recensement de la chambre de métier, la ville comptait en 2005 près de 231 artisans dont 21% de femmes regroupées en GIE et GPF s'activant autour de la teinture, de la filature, du tissage, du tricotage, de la broderie, de la coupe, de la couture et de la transformation des produits agricoles

Tableau4 : Répartition des actifs du secteur artisanal

Grades

Artisanat de

Production

Artisanat d'Art

Artisanat de Service

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

Maîtres artisans

55

00

25

35

26

00

Artisans

35

00

00

15

10

00

Compagnons

25

00

00

00

02

00

Chefs

d'entreprises

03

00

00

00

00

00

TOTAL

118

00

25

50

38

00

Source : Chambre des métiers de Matam (données de 2005)

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La population de la wilaya de Gorgol est en majorité rurale (80 % des ménages sont agriculteurs). 13 % sont comptabilises au chômage (Mauritanie : 29 %) et 36 % serait analphabètes (Mauritanie : 57 %)24. La région est la deuxième du pays en surfaces cultivées. Ses activités sont essentiellement composées de :

? L'agriculture qui est donc la première activité vivrière de la région, occupe700 ha de culture dieri et 2000 ha de culture oualo ainsi que 2000 ha de périmètres irrigués font vivre la région. 40 % des familles vivent principalement de cette activité et 26 % des familles l'utilisent en activité secondaire25.

? L'élevage, seconde activité économique de la région est de type extensif et les troupeaux effectuent des migrations saisonnières à la recherche de points d'eau et de pâturages. Aucune industrie agroalimentaire ne s'y est pourtant installée26.

? Le commerce est la troisième activité économique de la région. Organisées en coopératives ou en associations, les femmes réalisent et vendent des melhafas (voiles) et des pièces de coton colorées réputées dans toutes les régions avoisinantes. Comme toutes les villes de la région, Matam Réo reste aussi dominée sur le plan économique par le secteur primaire. Plus de 80% de sa population s'activent dans l'agropastoralisme et l'industrie est quasi inexistante dans toute la région. Le commerce constitue aujourd'hui, le moteur de développement de la ville. C'est aussi une activité transfrontalière.

II. Infrastructures et services urbains de base :

2.1. Etat des infrastructures dans les deux localités :

La commune sénégalaise se particularise des autres chefs lieux de région du pays par un manque notoire d'infrastructures. Et la répartition de ces dernières dans la commune montre un très grand déséquilibre entre les quartiers. Le quartier de Gourel Serigne polarise l'essentiel des infrastructures et services urbains alors que celui de Diamel n'en dispose pas. Matam Mauritanie est quasi dépourvue d'infrastructures et services urbains de base.

24Yves, 2008 Idem 25Yves, 2008 Idem 26 Yves, 2008 Idem

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Tableau5 : Occupation du sol par les infrastructures

Superficies Grands

équipements

m2

m2

Total

80 450

Diamel

Soubalo

8 750

Tantadji

25 750

Gourel Serigne

45 950

Navel

Activités

m2

30 950

 

23 750

 

7 200

 

Espaces verts

m2

 
 
 
 
 
 

Voirie,

espaces libres

m2

140 400

 

33 240

43 080

55 680

8 400

Total

occupation

m2

251 800

 

65 740

68 830

108 830

8 400

Source : Audit urbain de la ville de Matam (2005).

2.1.1. Les infrastructures scolaires et socioculturelles :

Dans la ville on dénombre trois écoles préscolaires avec deux écoles maternelles et une case des tout petits. En 2007, le préscolaire enregistrait près de 940 élèves répartis dans les petites, moyennes et grandes sections. Cependant seulement trois quartiers (Gourel Serigne, Tantadji et Soubalo) sur les cinq disposent de ces écoles. En revanche les écoles élémentaires semblent être mieux distribuées dans la commune avec six établissements. Chaque quartier dispose d'une école à l'exception de Soubalo qui en compte deux. Durant l'année scolaire 2006-2007, le nombre total d'inscrits était de 258827. On compte dans la ville un Collège d'Enseignement Moyen (CEM) crée en 1966, un lycée, un centre de formation professionnelle et d'une école de formation des instituteurs (EFI). L'alphabétisation est présente dans la ville et intéresse surtout les femmes. Elle est généralement réalisée par les ONG comme TOSTAN. Au niveau de l'enseignement professionnel, Matam dispose depuis 2002, d'un centre régional d'enseignement technique féminin, d'un Centre Régional de Formation en Santé (CFRS) et d'un centre régional de formation professionnelle.

Enfin l'enseignement coranique est très présent dans la ville. Matam constitue l'un des grands foyers religieux du pays hérités des anciens Almamis du Fouta. Les écoles coraniques se rencontrent un peu partout dans la commune. Les élèves (Almoudo), estimés à

27 IDEN Matam, 2007

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prés de 2000, habitent le plus souvent des maisons abandonnées ou en ruines et vivent de la charité donnée par la population.

Le secteur de l'éducation n'est pas très développé dans cette partie de la Mauritanie. La région n'offre que 04 lycées ; 09 collèges et 290 écoles28. Matam Réo, elle dispose d'une seule école bilingue où sont enseignés le français et l'arabe. On dénombre dans cet établissement scolaire une centaine d'élèves environ. L'enseignement coranique est plus développé dans la ville.

La ville dispose d'une mairie située à l'entrée de la ville dans le quartier de Tantadji, d'un CDEPS (Centre Départemental d'Education Populaire et Sportive) avec une salle de spectacle et d'un terrain de Basketball. La commune compte aussi une salle polyvalente .Il y a aussi un stade municipal avec des vestiaires dégradés et des chambres de passage de la mairie. Les équipements de cultes sont composés de 09 mosquées et d'une église. La ville mauritanienne est dotée d'une mairie, d'un stade municipal, mais est dépourvue de salle de fête. Deux mosquées constituent les équipements de culte de la ville.

2.1.2. Infrastructures sanitaires :

La commune de Matam Sénégal dispose de 3 structures sanitaires dont : un district sanitaire, un poste de santé et une case de santé. Le district sanitaire situé à Tantadji couvre les quartiers de Gourel Serigne et de Soubalo. Il dispose d'un pavillon d'hospitalisation avec 11 lits, d'une maternité avec huit lits soit un lit pour 1330 habitants ce qui est loin des normes de l'OMS qui sont d'un lit pour 500 habitants. On y dénombre aussi deux salles de soins et une pharmacie. Il occupe des locaux vétustes avec un niveau de dégradation avancée. Le district polarise les localités du diéri, du Dandé Mayo et de la ville Mauritanienne (Matam Réo).

Le poste de santé localisé à Diamel est composé d'une salle de pansement, d'une salle d'accouchement et d'une salle de consultation. La case de santé de Navel est destinée aux premiers soins. Sur le plan sanitaire Matam Sénégal semble être moins fournie. En effet on note une insuffisance notoire de médecins (deux pour toute la ville en 2009) un manque

28 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport d'enquête migration et développement état des lieux de l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le développement.

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d'infirmiers, de sage-femme, mais aussi l'éloignement du centre de santé de certains quartiers. L'hôpital régional qui est en chantier limiterait les problèmes sanitaires.

En territoire mauritanien on compte un district sanitaire situé au Sud de la ville.

2.1.3. Les infrastructures marchandes :

Le marché central constitue le plus grand équipement marchand de Matam Sénégal. Il est situé dans le quartier de Tantadji au bord du quai. Il se caractérise par une occupation anarchique de l'espace. Cet équipement marchand est constitué de trois halles, de cantines, de boutiques et d'étales divers. La plupart des cantines et étales sont faits de bois ou de zinc. Les marchandises sont composées de produits maraichers (patates, niébé, oignon...) cultivés dans la région : du riz paddy, du bétail. Il y'a aussi des produits qui proviennent de Dakar, Saint-Louis et surtout de la ville de Matam Réo. Matam Sénégal dispose aussi d'un marché à Diamel, d'une gare routière et d'un abattoir situé sur la route de Navel. Le fait le plus marquant dans la ville mauritanienne est l'absence de marché. Cependant on note quelques petites boutiques à l'intérieur de la commune. Les plus grands équipements marchands se trouvent près du fleuve.

2.2. Les services urbains :

2.2.1. Les réseaux d'électricité et de télécommunication :

La consommation électrique de la commune sénégalaise est faible par rapport à certaines grandes villes du pays. Ceci est dû à l'absence de grandes unités industrielles. Cette consommation électrique tourne autour de 20 mW. La ville est alimentée par le réseau hydroélectrique de Manantali. Son réseau aérien est composé d'une ligne de 30.000 V et de deux postes de transformateurs (l'un à Tantadji et l'autre à Gourel Serigne). Les 1104 abonnés de la SENELEC sont mal répartis dans la ville. Cette répartition du nombre d'abonnés varie selon les quartiers Soubalo (32%, Tantadji 35%, Gourel Serigne 24%, Diamel 6% et Navel 3%) La plupart des abonnements sont destinés à l'usage domestique. Par ailleurs, il existe dans la ville de gros consommateurs comme la SONATEL, la SAED, le

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PRODAM mais aussi les soudeurs métalliques, les moulins à mil et les boulangeries. Dans la commune l'éclairage public est insuffisant et mal réparti. Les quartiers de Soubalo, Tantadji et Gourel Serigne sont les mieux éclairés.

Quant au réseau téléphonique, il a connu un essor dans la ville grâce au développement de l'émigration. Aujourd'hui le taux d'occupation du réseau téléphonique est de l'ordre de 95% avec une saturation pour certains quartiers (Soubalo, Gourel Serigne). C'est ainsi que la SONATEL envisage l'extension de son réseau pour mieux satisfaire la demande de la commune. Selon les sources de la SONATEL, la ville compte près de 257 abonnés résidentiels, 25 télés centres, 47 lignes officielles et 11 lignes professionnelles. Cependant on assiste de plus en plus à la fermeture des télés centres et à la régression du téléphone fixe. Cette régression du téléphone fixe est la conséquence du développement du téléphone mobile. Dans le domaine des TIC, des avancées sont notées avec la couverture de l'ADSL (Asymetric Digital Subcrib Liner) dans la commune29 .Le réseau n'est encore disposé que par quelques services de l'Etat.

A l'heure actuelle Matam Réo n'est ni électrifiée et ne dispose ni d'un réseau téléphonique. Pour les appels téléphoniques, ces populations utilisent les services mobiles implantés au Sénégal.

29 Tamboura(H.D) : Extensions spatiales et enjeux fonciers dans la ville de Matam ; mémoire de maitrise UGB 2007

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Graphique 4: Répartition des abonnés au réseau de la Senelec.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Soubalo

Tantadji

Gourel Serigne

Navel

Diamel

Source : Senelec de Matam 2007

6%

3%

24%

32%

35%

Dans la Wilaya de Gorgol seules les villes de M'Bout, Maghama et Kaédi disposent

d'un réseau électrique et téléphonique

2.2.2. Le réseau d'adduction d'eau potable :

Comme partout au Sénégal la SDE assure la distribution de l'eau potable à travers des branchements privés et publics (bornes fontaines). Le nombre de branchements individuels dans la ville est estimé à 953 avec une inégale répartition (confère tableau ci-dessous).Avec l'appui du AEPC, centre qui s'était fixé comme objectif : l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable des villes riveraines du fleuve Sénégal, la ville a connu une hausse des branchements sociaux. Le tableau ci-dessous mesure la répartition des abonnés du réseau SDE selon les types de branchement : individuel, administratif, et les gros consommateurs .Le faible taux d'abonnés au réseau d'eau dans les quartiers de Diamel et de Navel s'explique par le fait que ces deux localités ne sont connectés à ce réseau qu'en mai 2005. On dénombre 34 bornes fontaines dans la ville. Les branchements publics assurent l'alimentation en eau des habitants n'ayant pas bénéficié de branchements privés.

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Tableau6 : Répartition par types de branchements et par quartier.

Quartiers

Branchements individuels

Branchements administratifs

Gros

consommateurs

Total

Soubalo

309

04

19

 

Tantadji

260

26

03

289

Gourel Serigne

255

13

08

276

Diamel

74

-

-

74

Navel

55

-

-

55

Total

953

43

30

1026

Source :SDE Matam 2009

La ville mauritanienne a récemment bénéficié d'un projet de construction d'un forage financé par l'Agence Française de Développement(AFD) et le gouvernement de la RIM. Cependant on note l'absence d'un réseau de distribution d'eau potable.

2.2.3. Le réseau d'assainissement :

Il constitue une préoccupation pour la population du fait de l'insuffisance du système d'évacuation des eaux usées et de pluie dans toute la commune mais aussi d'un système de collecte d'ordures. L'assainissement des déchets liquides dans la commune s'effectue grâce à des réseaux de latrines individuelles ou par des fosses sceptiques réalisées par l'UNICEF. La stagnation des eaux de pluie et l'absence du réseau fonctionnel dans la ville ont des conséquences sur l'environnement, la santé et le cadre de vie:

- Déversement des eaux usées dans les environs immédiats des habitants.

- Augmentation des risques de contamination de la nappe et des conduits d'eau potable.

- Pollution des environs du fleuve.

Il faut noter que la ville bénéficie d'un projet de construction d'un réseau d'évacuation des eaux de pluie. La première partie est déjà réalisée dans les quartiers de Tantadji et de Soubalo. L'accroissement de la population et l'urbanisation croissante de la ville ont conduit à l'augmentation des déchets solides. En effet durant le mois de mai 2001, 242m3 de déchets

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ont été produits dans la commune30. Les déchets sont composés de matières organiques, de sable, de tissus, de matières métalliques, de verres ... Le système de collecte de la ville se fait de manière individuelle. Il n'existe quasiment pas de décharge fonctionnel dans la ville. Les ordures sont déposées un peu partout : sur les berges du fleuve ou dans les décharges sauvages proliférant dans les quartiers.

2.3. La voirie :

Le réseau routier de la ville comprend une route nationale traversant une partie la ville sur 1.8 km jusqu'au carrefour Fadel. En 1997, des travaux de bitumage du tronçon Tantadji Gourel Sergine(SONATEL) ont été réalisés sur les abords du fleuve. La deuxième voie va de l'ancien siège du conseil régional situé à Soubalo et traverse le quartier sur 800 m. Cette voie constitue un important axe d'accès à la ville. En effet, avec la vétusté des trois ponts reliant la commune de la ville de Ourossogui, les gros porteurs pour y accéder empruntent cette voie qui débouche sur la N2. Le trajet utilisé est le tronçon Doumga Ouro Alpha- Ndoulmadj-Matam en traversant le pont de Diamel. C'est une route faite de latérite. Le reste de la voirie urbaine est composé de pistes latéritiques, réceptacles pour les eaux usées. En saison de pluies, la plupart de ces pistes se transforment en flaques d'eau boueuses rendant impraticable la voirie.

Tableau7: Principales caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte par quartier.

Quartiers

Total revêtu

ml

Revêtu en

bon état

Revêtu en

mauvais état

Indicateurs en ml

Scores

qualificatifs

Soubalo

100

00

100

0,02

Médiocre

Tantadji

1880

1680

200

0,82

Correcte

Gourel Serigne

880

880

00

0,65

Correcte

Diamel

00

00

00

00

Nul

Navel

00

00

00

00

Nul

Total voirie

2 860

2 560

300

0,23

Médiocre

Source : Audit Urbain de la ville de Matam. Page 2

30 Profil environnemental de la ville page 34.

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La ville dispose aussi de trois ponts sur l'axe Matam Ourossogui. Ces ponts sont marqués par l'âge (1952 pour les deux pièmeremiers et 1959 pour le trois). Avec l'état du délabrement avancé de ces ponts ; ils accentuent l'enclavement de la ville avec un difficile accès des véhicules de plus de 3,5 tonnes. Un autre pont relie Diamel au centre ville. Enfin il y a aussi un pont à Navel construit récemment pour désenclaver le Dandé Mayo. Le transport inter-urbain est quasi inexistant dans la ville. Les déplacements à l'intérieur de la ville sont assurés par des charrettes attelées à des ânes ou à des chevaux et par des voitures « clandos ». Excepté le déplacement effectué par l'agence de voyage Mboup qui fait la liaison entre la commune et Dakar les dimanches et mercredis soirs ; le transport vers le reste du pays se fait généralement à partir de Ourossogui. La gare routière polarise les villages environnants qui l'utilisent pour relier le reste du pays. Le parc automobile est composé de 15 cars ,14 sept places Peugeot et de 40 petites voitures `'clandos»31.

Le fleuve joue un rôle important dans le transport .En effet il constitue une passerelle entre la ville mauritanienne de Réo et les villages sénégalais du Dandé Mayo. Pendant la saison des hautes eaux, la navigation fluviale demeure le mode de transport le plus utilisé.

La seule route goudronnée de la région de Gorgol partant de Nouakchott, s'arrête à la capitale régionale, Kaédi. Les autres axes routiers sont des pistes fréquemment coupées pendant la saison des pluies. Il n'existe quasiment pas route bitumée à Matam Réo et la ville ne dispose non plus de gare routière. Toutes les voies qui la relient du reste du pays ne sont pas bitumées.

Si la régionalisation a fait évoluer le statut administratif de la commune de Matam sénégal ; du point de vue économique, les activités n'ont quasiment pas changé .Ainsi l'un des principaux maux de la ville est l'insuffisance notoire d'infrastructures et de voirie urbaine. Ce nouveau statut contraste avec l'apparition de nouveaux besoins .Matam Sénégal a un défi à relever notamment en matière d'équipements, en santé, en éducation, en route ,en assainissement, en eau, en électricité, en logement, en gestion des déchets, en services divers ..Et qu'elle n'arrive pas à satisfaire.

Par ailleurs, avec le déclin de la navigation sur le fleuve, l'enclavement de la ville dû à la vétusté des ponts qui la relient à Ourossogui et la construction de la N2, Matam est entrée

31 (Profil environnemental de la ville de Matam 2004 page 22).

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dans une phase de dépérissement au profit de nouveaux centres localisés essentiellement le long de la N2.On assiste alors à une délocalisation progressive de certaines activités et services qui étaient exclusivement concentrés à Matam, il y a seulement quelques années.

Sur le plan socio-économique, on note un déséquilibre au détriment de Matam. La ville voisine à savoir Ourossogui, favorisée par sa situation sur la route nationale2 polarise l'essentiel des activités économiques et services, notamment les services de financement. La commune de Matam reste contrainte par l'absence d'outils de planification et de gestion, d'établissements financiers, de station services...Mais toutefois on note la présence d'institution de financement comme la CNCAS, le PAMECAS et la CMS.

Matam, autrefois principal centre de la région devient de moins en moins importante. Hormis sa fonction administrative, aujourd'hui seul le double statut actuel de chef lieu de région et du département lui confère une prépondérance dans l'armature urbaine de la région. Pour jouer son rôle de capitale régionale polarisant son territoire, Matam compte sur des projets visant l'amélioration de la voirie et le désenclavement des zones situées aux abords du fleuve. Selon les autorités municipales, ces projets qui sont en cours d'études, concernent la reconstruction des trois ponts pour 4 milliards, la construction de la route Matam-Linguère-Dakar, de la route Matam Waoundé (actuellement faite mais en piste latérite). Ces projets, une fois réalisés, donneront un avenir prometteur à Matam. Et elle aura un rayonnement considérable sur son hinterland.

La Wilaya de Gorgol se caractérise elle aussi par une carence en infrastructures et services urbains de base.

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CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE

Après plus de cinquante ans d'indépendance, l'Afrique de l'Ouest, à l'instar des autres régions du continent, demeure fortement divisée. Seuls quelques pays des seize Etats qui composent cette région ont une population supérieure à dix millions d'habitants. Ce qui fait que les marchés nationaux de ces Etats restent très étroits pour accueillir de gros investissements. Ce découpage de la région par les puissances coloniales est aujourd'hui renforcé par les barrières culturelles, linguistiques, administratives, commerciales et économiques.

Cependant, « Le besoin de surmonter ces obstacles est évident, dans un monde de plus en plus interdépendant et on constate chez les penseurs et les responsables du développement dans la région, un engouement sincère pour l'intégration régionale et la coopération régionale ».32Mais la première étape qui doit servir de socle aux organisations régionales et à l'Union Africaine(UA) passe nécessairement par une parfaite intégration régionale entre pays voisins immédiats33. C'est dans ce contexte que les Etats du Sénégal et de la Mauritanie doivent concrétiser de manière officielle une « intégration » que vivent les peuples

I. Les freins à l'intégration :

1.1. Des velléités souverainistes encore vivaces :

Malgré les souhaits des populations et des Etats, l'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie bute sur plusieurs obstacles. La souveraineté des Etats dans les espaces frontaliers, se traduit par les contrôles des mouvements frontaliers. Ainsi les candidats à l'émigration sont soumis aux contraintes et aux exigences des Etats. Pour les partisans du contrôle territorial, la libre circulation au niveau des frontières a comme conséquence une baisse des recettes douanières et le développement de la contrebande.

32 CRDI, 1995, l'intégration régionale en Afrique de L'Ouest.

33 Sy (S.H), 2002.Les relations entre le Sénégal et la Mauritanie à travers le poste frontalier de Rosso Sénégal de

1960à 2002, mémoire de maitrise .

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En outre, la réserve de certains Etats vis-à-vis de la libre circulation est fondée dans l'absence de soubassement historique des entités politiques et sur le manque de la culture démocratique qui exclut toute participation des migrants au débat politique34. L'intégration en Afrique reste très souvent une affaire des gouvernants, les avis des populations frontalières ne sont jamais recueillis lors des dialogues visant à rapprocher ces peuples. A cet effet, les populations ne se sentent presque pas concernés par les accords bilatéraux signés entre les deux pays, tant sur le plan économique que sur le plan social. L'orientation du débat vers la dimension économique de l'intégration a relégué au second plan la libre circulation des personnes.

L'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie sera difficile à réaliser tant que la Mauritanie ne rejoindra pas l'UEMOA et continuera à lorgner du coté de la Ligue Arabe. Sans une réelle liberté de circulation des personnes et des biens, l'intégration entre les deux pays ne sera qu'un voeu pieux35.

.

1.2. Le souvenir des événements de 1989 est encore présent :

Dès le lendemain des indépendances les relations entre les communautés négro-africaines de la Mauritanie et les Beïdanes furent secouées par plusieurs tensions. En effet, cette population noire demande une plus grande responsabilité au sein des instances dirigeantes. L'application de la nouvelle loi sur le domaine national en Mauritanie visait à redistribuer les terres fertiles de la vallée en faveur des Beïdane au détriment de la population noire. L'Etat mauritanien procède ensuite à des répressions et des expulsions de la population noires. En Mars 1988 les tensions latentes entre sénégalais et mauritaniens s'accélèrent dans la vallée du fleuve Sénégal. C'est ainsi qu'a commencé ce qui allait mener quelques mois plus tard à la plus grave crise dans les relations entre le Sénégal et la Mauritanie.

Le barrage de Manantali venait d'être réceptionné alors que celui de Diama était mis en service deux ans auparavant. Des expulsions d'agro-pasteurs de part et d'autre des deux pays débouchèrent très vite sur l'exhumation d'un vieux litige relatif au tracé de la frontière entre les deux pays. La tension éclata en Avril 1989 à la suite des incidents survenus à

34 Fall(P.D) : Etat-nation et migrations en Afrique de l'Ouest : le défi de la mondialisation, UNESCO 2004

35 Sy(S.H),2002 idem

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Diawara dans le département de Bakel entre pasteurs peuls et garde frontière de la Mauritanie. Après des tueries et prises d'otages localisées, la tension ne tarda pas à gagner tout le long du fleuve et les principales villes des deux pays. Entre le 10 et le 15 Avril quelques boutiques mauritaniennes furent pillées à Bakel. A Matam la crise dégénéra quand un cultivateur matamois revenant de son champ fut battu à mort par des mauritaniens. La révolte s'avéra violente. Les populations matamoises, elles aussi tuèrent un mauritanien qui tentait de regagner son pays et elles procèdent au saccage des boutiques maures. A Dakar, on enregistre des pillages des boutiques tenues par les Beïdane, les 22 et 23 Avril. Ces nouvelles, arrivées à Nouakchott, passablement exagérées, produisent le 24 Avril, une riposte très violente au marché de la capitale et dans les quartiers des 5éme et 6ème arrondissements36.

Les chiffres sont contestés mais le bilan du conflit est lourd. Outre des centaines de morts, près de 75.000 sénégalais et 150.000 mauritaniens durent être rapatriés au courant du premier semestre de 1989 (Magistro, 1993 ; Horowitz, 1989 ; Parker, 1989). Des milliers de noirs se réclamant de la nationalité mauritanienne furent déportés au Sénégal. On a même noté des échanges de tirs d'artillerie lourde entre les armées des deux pays déployées de part et d'autre du fleuve (Magistro, 1993, Parker, 1989). Après le rapatriement des mauritaniens et des sénégalais, le président de la République Islamique de la Mauritanie, MAOUYA OULD SID'AHMED TAYA lance un appel à `' l'unité nationale et à la concorde». «... dans son discours (énoncé pour la première fois en français puis traduit en arabe), il rejette `'la responsabilité pour l'histoire» des événements sur le Sénégal et affirme que `' désormais, toute tentative de trouble sera considérée comme une haute trahison à la Patrie et traitée comme telle» »37. Ainsi commence des rapatriements vers le Sénégal c'est-à-dire l'expulsion des mauritaniens qui pour le gouvernement sont d'origine sénégalaise.

En juillet le président sénégalais ABDOU DIOUF réagit à Paris où il se trouvait en affirmant que `' la déportation de citoyens mauritaniens d'origine négro-africaine est un scandale.»(Libération du 16 juillet 1989 citée par SY, 2002). Le 27 juillet 1989, Nouakchott accuse Dakar de préparer une offensive militaire38 après avoir annoncé que `'l'unité nationale

36 Sy(S.H),2002 idem

37 Sy(S.H),2002 idem.

38 Le Monde du 28 Juillet 1989.

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et l'intégrité de la Mauritanie ne sont pas négociables''39. Une période d'instabilité généralisée gagne la frontière avec des accrochages militaires périodiques entre les armées et les civils des deux pays. Ces Etats rompirent leurs relations diplomatiques d'Août 1989 jusqu'en Avril 1992 à la suite d'une annonce de réconciliation. Malgré le rétablissement en 1992 des relations diplomatiques entre les deux pays, rompues trois ans auparavant les blessures occasionnées par la crise prennent encore du temps pour se cicatriser. Depuis lors, « l'épaississement de la frontière» persiste et a radicalement changé le statut et le rôle du fleuve aux yeux des milliers d'agriculteurs transfrontaliers vivant de part et d'autre du fleuve. Les Sénégalais qui cultivaient en territoire mauritanien se replient sur la rive gauche.

L'intégration entre les populations de Matam Réo et de Matam Sénégal est limitée par un facteur naturel constitué par le fleuve. En saison des pluies, le fleuve se remplit d'eaux et son débit augmente. Cette situation restreint les déplacements car la liaison entre les deux localités est principalement assurée par des pirogues à pagaie. Pendant cette période, les transporteurs éprouvent d'énormes difficultés pour relier les deux rives

II. Les ressorts de l'intégration des deux pays :

2.1. Les mouvements transfrontaliers :

L'importance qualitative et quantitative des déplacements des personnes et des flux économiques dans cette partie de la Mauritanie et du Sénégal constitue une source d'union entre ces peuples. Le rapprochement des populations frontalières, est facilité par les discontinuités territoriales liées à l'existence de familles « multinationales ». Les migrations avant et pendant la colonisation sont à l'origine de la segmentation territoriale d'un bon nombre de familles entre les deux rives du fleuve. Une même famille peut réunir des sénégalais et des mauritaniens. Cela développe à coté du sentiment d'appartenance au pays de résidence ; un réseau de solidarité transnationale. Ce réseau de solidarité peut créer des éléments de contiguïté, de proximité ou de continuité avec des membres de la famille établis dans un autre pays. Ces échanges qui dépassent les territoires nationaux, entretiennent un sentiment d'appartenance « régionale ».

39 Le Chaab du 21Juillet 1989.

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Le réseau social tissé entre commerçants sénégalais et mauritaniens, joue aussi un rôle important dans le processus d'intégration. Les membres de ce réseau unis par une préoccupation commune et appartenant à un même milieu socio-économique, nouent des liens solides. Ces acteurs se situent, donc dans une double appartenance : celle du citoyen et celle d'un membre d'une famille s'inscrivant dans un réseau transnational en fonction de sa position sociale.

2.2 Le fleuve: un cadre de concertation autour d'une organisation supranationale :

La création de l'OMVS en 1972 par La Guinée Conakry, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie s'est accompagnée d'une autre convention déclarant le fleuve Sénégal et ses affluents comme « cours d'eau international » sur les territoires des Etats membres. L'une des conséquences de ce nouveau statut est que toute intervention pouvant altérer de façon significative le régime du fleuve et les conditions de sa navigabilité, les formes d'exploitation agro-industrielles des eaux du fleuve ou ses caractéristiques écologiques, nécessitent l'approbation préalable des Etats membres de l'OMVS. La convention de 1978 sur le statut des ouvrages communs, déclare les infrastructures hydrauliques et électriques (barrages, lignes de transmissions, infrastructures portuaires, etc.) à réaliser dans le cadre de l'OMVS comme propriétés communes et indivisibles des Etats membres. A cet effet, la mission assignée à l'organisation est de promouvoir la coopération entre ses Etats membres, la coordination des études techniques et les activités de mise en valeur du fleuve, et la régularisation du débit du fleuve pour répondre aux besoins de l'irrigation, de production d'électricité et de la navigation. (OMVS, 2OO9). C'est ainsi qu'elle a réalisé les barrages de Diama et de Manantali. Plus récemment, ses Etats membres ont adopté une charte qui fixe les principes et modalités de la répartition des eaux du fleuve entre les différents secteurs d'utilisation, y compris l'environnement. Ce dynamisme est fondé en partie sur la concordance des intérêts des Etats membres et à l'impératif de coopération que dicte la nécessité de gérer la ressource commune qui se trouve être le fleuve. Cette organisation autour du bassin du fleuve joue un rôle important dans la coopération entre les différents membres et notamment dans l'apaisement des tensions. Tout au long de la crise entre le Sénégal et la Mauritanie et lors de la période de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l'OMVS continuait à fonctionner et avait servi de cadre de dialogue entre les deux Etats. Ce qui a peut être aidé à faire baisser

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progressivement la tension. De même, cette structure a servi de cadre d'arbitrage lors de la crise récente sur la ré-inondation des vallées fossiles du Sénégal.

2.3 La décentralisation un stimulant à la coopération entre collectivités frontalières :

L'intégration régionale est en interaction avec le local. Celui-ci n'a de sens sans celui là. Le local constitue une scène des relations internationales africaine notamment parce qu'il est le point d'appui des acteurs infra-étatiques ; un cadre d'enjeu important40. Même si l'intégration régionale concerne fondamentalement les Etats, expression de la souveraineté nationale, le processus qui y conduit n'est pas du seul ressort des gouvernements et de leurs administrations. Les acteurs locaux en fonction des transversalités qui établissent des passerelles, des raccourcis, des contournements fondés sur les systèmes complexes d'appartenance, peuvent avoir une prise directe sur le rapprochement entre les Etats.

La décentralisation entamée au début des années 90 dans la plupart des pays ouest africains est suivie d'un transfert de certains domaines de compétences aux autorités des collectivités locales (région, commune et communauté rurale). Ces nouvelles responsabilités et compétences permettent aux collectivités locales de jouer un rôle important dans l'intégration. Ainsi elles deviennent donc une source de coopération car l'Etat a donné à ces collectivités locales les moyens juridiques permettant de nouer des relations avec d'autres localités. De ce fait, la décentralisation favorise une bonne concertation et une bonne coopération entre les dirigeants locaux des différentes collectivités et entre les Etats du Sénégal et de la Mauritanie mais aussi avec les acteurs ayant une influence sur la vie locale de leur région. Mais cette coopération doit s'organiser sur des règles de gouvernance explicites et partagées par tous les acteurs, il faut définir des espaces collectifs dans lesquels se réalise concrètement cette coopération. Cela est nécessaire non seulement pour la réussite de la décentralisation au plan local, mais aussi pour que l'Etat parvienne à se positionner dans cette nouvelle architecture des instances de gouvernance. Au Sénégal, des systèmes dits « cadre de concertation » ont été mis en place et constituent effectivement des lieux de synergie entre acteurs. A cet effet, chaque acteur, en fonction de ces spécificités, a sa pierre à

40 Sindjou(L) : Les relations internationales africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux. CODESRIA, document de travail N°1,2002

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apporter à la résolution d'un problème spécifique à certaine échelle et dans l'élaboration d'un plan d'action. Dans la plupart des espaces frontaliers du Sénégal, des coopérations transfrontalières ont fait l'objet d'une initiative locale.

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DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET
TYPOLOGIE DES RELATIONS

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CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES

POPULATIONS

La quasi-totalité des frontières des Etats actuels de l'Afrique sont issues du partage colonial. Ainsi les limites de chacune de ces colonies sont négociées avec les puissances coloniales voisines par des conventions ou définies par des décisions administratives en cas de voisinage franco-français. Ces frontières furent institutionnalisées par la conférence de Berlin (1884-1885) et minutieusement révisées et corrigées tout au long de la période coloniale. De ces territoires, les Etats modernes sont issues les nations correspondants ont émergé à leur tour : car ces lignes de partage furent reconnues, voire renforcées par les Etats devenus indépendants dans la charte fondatrice de l'OUA en 196341. Après les indépendances la plupart des Etats ont décidé de garder les frontières héritées de la colonisation. C'est ainsi que la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie résulte du découpage colonial.

I Les rapports des populations à la frontière :

1.1 Le fleuve un obstacle géographique plus qu'une frontière

administrative ?

En dépit de limite qu'est censé jouer, le fleuve, les populations accordent peu d'importance à la frontière. Pour ces populations, le fleuve n'est pas une limite infranchissable ; ce qui se traduit ainsi par des déplacements fréquents entre le Sénégal et la RIM depuis la période coloniale. Les riverains traversent cette limite étatique sans tenir compte des formalités administratives (elles ne sont jamais enregistrées par la police sauf en cas de différend frontalier entre les deux Etats ou si elles partent vers la capitale mauritanienne). Certaines personnes qui traversent le fleuve ne se rendent même pas compte du moment où elles transgressent la frontière. On peut entrer en Mauritanie et en ressortir sans une fois se sentir à l'étranger.

41 UNESCO, 2005 : Des frontières en Afrique du XII au XXe siècle.

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L'existence d'une multitude de points de passage à travers le fleuve rend difficile tout contrôle strict. En outre l'histoire de la vallée fait que ses populations sont tellement imbriquées qu'on ne pourrait même pas distinguer le sénégalais du mauritanien si ce n'est, dans quelques cas, par la langue et la couleur de la peau (la peau blanche des beïdanes renvoie à la Mauritanie). Ces populations ont partagé la même histoire depuis le temps des royaumes (Walo et Fouta Toro) jusqu'aux indépendances et parlent presque les mêmes langues.

L'autre facteur qui fait que la frontière est peu perçue résulte du fait que « les populations éprouvent des sentiments d'appartenance commune nourris par la religion musulmane, les liens matrimoniaux et coutumiers (les mariages et les funérailles se font souvent entre familles de plusieurs pays) ; les activités économiques et les échanges leur donnent l'opportunité de se connaitre, de s'apprécier, de partager des valeurs semblables qui s'incarnent dans des identités propres »42.

Un autre phénomène favorisant les déplacements transfrontaliers est l'existence des marchés hebdomadaires « louma » en territoire sénégalais. Ces marchés drainent toute la région frontalière et constituent des lieux d'échanges. Ces lieux de commerce constituent un facteur de franchissement permanent de la frontière.

1.2 Le fleuve une ressources dont il faut tirer des profits :

Le fleuve joue un rôle important dans la vie des populations. Il permet aux riverains d'accéder à l'eau pour leurs besoins domestiques tels que la lessive ; le bain, le linge, etc. Autour de cette ressource s'est développée une activité de blanchisserie pratiquée surtout par des migrants venus du Mali. L'accès gratuit à l'eau fait que ce service est accessible à un cout moins élevé par rapport aux autres localités du pays.

Dans la vallée, la production agricole dépend largement du fleuve. En effet en saison des pluies le fleuve se remplit et déverse ses eaux sur des terrains bas et cultivables appelés « kollengal »qui, en saison sèche après le retrait des eaux accueillent les cultures de sorgho, du maïs, du petit mil, etc. En plus sur les berges du fleuve est pratiquée la culture maraichère.

42Enda Diapol, 2007, Les dynamiques transfrontalières en Afrique de l'Ouest. Éd Karthala, 219p

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Dans les zones de « falo » sont cultivés le maïs, la patate douce, le niébé...En outre il a favorisé le développement de la culture irriguée basée sur les aménagements hydro-agricoles. En outre le fleuve permet au bétail d'accéder à l'eau et aux pâturages. En saison sèche il devient un refuge pour les pasteurs à la recherche de l'eau et de la nourriture pour leur troupeau.

Aujourd'hui avec le déclin de la pêche continentale, la plupart des pratiquants lui ont tourné le dos pour s'activer dans le transport fluvial. Néanmoins la pêche continue d'être pratiquée dans la région.

Le fleuve constitue aussi une voie de communication aussi bien pour les localités de la rive gauche que pour celles de la rive droite. C'est aussi une passerelle entre les villes sénégalaises et mauritaniennes. Durant la période coloniale, le développement du transport a permis l'implantation des comptoirs européens le long du fleuve. Les compagnies maliennes, mauritaniennes de navigation, les messageries du Sénégal et les armements Alézard ont marqué les beaux jours de la navigation fluviale. Cependant cette navigation a subi un arrêt en 1982 avec l'installation du bouchon de kheune43. Avec l'enclavement de la zone du « Dandé Mayo » pendant la période des eaux ; la desserte des localités situées le long du fleuve est exclusivement assurée par des pirogues motorisées de capacités différentes. Ainsi un nombre important de personnes et des quantités appréciables de marchandises sont transportées quotidiennement d'une localité à une autre. En zone mauritanienne, les localités situées sur la rive sont ravitaillées par Kaédi via le fleuve, surtout en saison des pluies du fait de l'impraticabilité de la voie routière. Dans la ville de Matam Sénégal par exemple, le développement d'activités autour du fleuve a permis aux acteurs intervenant dans le transport de se regrouper dans un GTE

II Et les Etats dans tout cela ?

Les Etats disposent de différents services pour la surveillance de leurs frontières et de la restriction des mouvements frontaliers. Cette surveillance peut se faire par un contrôle très strict dans ce cas on parle de frontière fermée ou par un contrôle moins strict ; on parle de frontière ouverte. Le contrôle et l'administration de la frontière sont assurés par les

43 ANSD.2009

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représentants locaux de l'Etat (la police, la gendarmerie et la douane) avec à leurs têtes l'autorité administrative. Leur présence marque une différenciation des territoires et un contraste politique et économique. Elle montre aussi la volonté de chaque pouvoir de marquer son autorité.

2.1 La Police des frontières et la gendarmerie pour la sûreté et la sécurité :

Elles ont pour mission d'assurer la sécurité tant dans les localités situées a l'intérieur de territoire que dans les marges frontalières. La présence de la Direction de la Police des Airs et des frontières(DPAF) se manifeste à Matam par l'installation d'un poste au centre ville et près du fleuve. La mission d'élaboration de document d'orientation au profit des services de contrôle des frontières est dévolue à la DPAF. Dans l'exécution de sa tâche la police filtre l'entrée du territoire national en veillant sur l'entrée et le séjour des étrangers. Elle est censée centraliser et exploiter toutes les informations relatives à la circulation transfrontalière. Elle a aussi la prérogative de contrôler la politique d'immigration et d'émigration du pays et de délivrer des documents de voyage et des titres de séjours. Ce travail participe à garantir la sécurité dans les espaces frontaliers.

Dans cette partie du Sénégal, il n'existe qu'un petit poste. Le constat que nous avons fait est la présence d'un seul agent de la police pour le contrôle de la frontière et des mouvements qui s'y opèrent. Les personnes faisant le déplacement entre les deux Matam sont peu contraintes par les tracasseries policières ; elles ne sont même pas enregistrées. Les quelques interpellations de la police concernent les passagers qui semblent être suspects et sont arrêtés le temps que les agents de sécurité procèdent à la vérification des formalités. La police est dotée aussi d'une pirogue motorisée qui lui permet d'effectuer si nécessaire une patrouille fluviale et cela très rarement. En territoire mauritanien l'agent de sécurité frontalier fait presque le même travail que la police sénégalaise mais il arrive souvent que son contrôle soit plus strict. En plus de cette tâche, il procède à la vérification des pièces administratives et de la devise (35.000f CFA) que doit posséder le candidat au voyage vers Nouadhibou ou Nouakchott.

La gendarmerie, quant à elle est beaucoup plus présente en campagne et est chargée de la police rurale où elle assure la sécurité. Elle a pratiquement la même mission que la

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police dont elle fait le travail en l'absence de celle-ci. Elle assure également le contrôle de l'immigration et la surveillance des étrangers. Dans notre zone d'étude, il existe un poste à Matam Sénégal et une brigade récemment transférée à Ourossogui. Les éléments du poste de Matam Sénégal ont pour mission principale de transmettre des informations aux autorités supérieures. Ils viennent souvent épauler la police dans son travail.

Des patrouilles consistant à longer la frontière sont faites par les agents de la brigade de Ourossogui en vue de marquer une présence et de dissuader certains malfaiteurs agissant près de la frontière. Aujourd'hui on note une présence de plus en plus permanente de la gendarmerie dans les espaces frontaliers. Elle joue aussi le rôle de la douane par le contrôle des marchandises venant de la Mauritanie.

2.2 La Douane pour le prélèvement des rentes :

Contrairement à la police et à la gendarmerie qui ont pour mission essentielle la sécurité des personnes, la mission principale de la douane est d'assurer le contrôle des biens et marchandises. Elle a une mission fiscale qui consiste à la liquidation et à la perception des droits de taxes sur tous les produits importés comme exportés. En effet tout produit entrant ou sortant du territoire national doit faire l'objet d'une déclaration au service de la douane. Elle a aussi un rôle de protection des entreprises nationales contre les produits concurrents provenant de l'extérieur. Dans les zones où elle est la seule présente, la douane apporte son soutien à la police et à la gendarmerie.

Dans la moyenne vallée il n'existe que des bureaux frontaliers. C'est à dire des bureaux à compétence limitée. Ainsi se pose le problème de déclaration de marchandises. La déclaration de certaines marchandises se fait à Rosso ou à Kidira. Le bureau de Matam est une subdivision de service de la douane. Il dépend de l'antenne du Rosso. Cette douane fonctionne avec un manque notoire d'agents et avec un matériel dérisoire. Malgré les difficultés qu'elle rencontre pour bien mener sa mission, la douane de Matam Sénégal arrive, chaque année à déposer dans le trésor public plusieurs millions de franc CFA. Elle est épaulée dans sa lutte contre la fraude par la police, la gendarmerie et les services des eaux et forêts.

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La commune et la préfecture interviennent dans les activités frontalières mais de manière indirecte. La mairie délivre le laissez-passer et le carnet de vaccination aux voyageurs. Les agents de la préfecture, quant à eux remplissent et délivrent l'autorisation de voyage. Ils disposent aussi d'un registre pour répertorier les voyageurs.

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CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES
DEUX VILLES

Par sa position géographique, le département de Matam est une zone tampon entre le Sénégal et la Mauritanie. Cette configuration fait que cette partie du Fouta est tournée sur le plan économique et social vers la région de Gorgol. Les relations qui unissent les villes sénégalaises de la vallée et leurs voisines mauritaniennes sont fondées sur l'histoire et la géographie des deux pays et sur la diplomatie entamée par les Etats.

I. Des relations assises sur un socle historique fort et raffermies par la proximité géographique :

1.1. Le ciment de l'histoire :

La vallée du fleuve Sénégal a toujours constitué un lieu d'échanges entre les populations riveraines et cela depuis l'époque des royaumes (Walo et Fouta Toro). Avant la colonisation ces deux marges frontalières aujourd'hui séparées, ont appartenu aux mêmes royaumes. Les royaumes du Walo et du Fouta Toro ont tous regroupé les deux rives du fleuve. Pour résister aux agressions étrangères les populations de la vallée ont crée des royaumes et confédération de royaumes qui ont assuré la protection dans cet espace. A cet effet la population Wolof et Toucouleur du Fouta Toro ont pendant longtemps vécu ensemble avec les Maures du Trarza et du Brakna auxqu'elles ont payé des tributs pour assurer leur protection. La dynastie des `' Laam Taaga» qui régna sur le fleuve Sénégal est d'origine mixte, Peul et Berbère. Et son pouvoir était basé sur la vallée du Gorgol. Les Peul `'Dénianké» ont aussi régné trois siècles sur le Fouta englobant les deux rives. Ces rois du Fouta « les Satiguis » sont installés à Goumel sur le Gorgol44.

En outre les transhumances entre les deux rives du fleuve étaient très fréquentes. En saison sèche, les Peul de la rive gauche conduisaient leurs troupeaux sur la rive droite. Mais aussi les éleveurs de l'actuelle Mauritanie traversaient le fleuve pour faire «naygal» (vaines pâtures) sur les champs de décrue récoltés de l'autre coté du fleuve. Ces deux rives étaient

44 Santoir (C) : Le conflit mauritano-sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la haute vallée du Sénégal. Centre OSTROM, cahier science humaine 26-4-1990. Pages 553-576.

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complémentaires : la rive droite moins peuplée était favorable à l'élevage en période humide et la rive gauche disposant d'un plus vaste arrière pays plus humide conservait toujours des pâturages en période de sécheresse. Des migrations de travail conduisaient les Peul de la Mauritanie vers le Sénégal. La rive gauche constituait, avec la population plus importante et surtout l'existence de l'axe Matam-Linguère-Dakar ; un débouché important pour le commerce du bétail. Ainsi les mauritaniens fréquentaient régulièrement la piste à bétail menant à Dakar45.

La vallée du fleuve Sénégal, dans son ensemble a toujours été intégrée dans un commerce régional de proximité. On y notait un échange de produits agricoles contre des produits de l'élevage, de pèche et d'artisanat. Cette complémentarité entre agriculteurs, pasteurs, pêcheurs et artisans est un fait qui a réglementé les flux commerciaux autour du bassin du fleuve. Ainsi « le commerce des grains est particulièrement important entre les populations sédentaires de la vallée du fleuve Sénégal et les populations berbères de la Mauritanie actuelle »46.

Pendant la colonisation les deux Etats actuels ont été sous la domination de la même métropole. Le Sénégal et la Mauritanie ont été administrés ensemble à partir de Saint Louis. Ainsi des fonctionnaires sénégalais sont envoyés en Mauritanie pour servir l'administration coloniale. Les circonscriptions de Kaédi, Sivé et de Maghama, à forte population Halpular, étaient administrées de la même façon que la rive gauche, avec à leur tête des fonctionnaires noirs. L'intégration horizontale permettait une libre circulation des hommes et des biens dans les colonies sous-tutelle de l'AOF.

1.2. Le « diktat » de la géographie

La proximité géographique a favorisé les échanges entre les deux villes. Cette zone présente les mêmes caractéristiques physiques et reste éloignée des centres urbains du Sénégal et de la Mauritanie. En effet la ville mauritanienne la plus proche de Matam Réo est à 80 km et est difficilement accessible. Matam Sénégal elle aussi est très excentrée par rapport aux

45 Santoir (C) : Le conflit mauritano-sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la haute vallée du Sénégal. Centre OSTROM, cahier science humaine 26-4-1990. Pages 553-576.

46 Barry (B).1988 : la Sénégambie du 15e au 19e siècle : traite négrière, islam et conquête coloniale, édition harmattan

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autres villes du Sénégal. En plus la courte distance qui relie les deux villes favorise le contact direct entre les deux populations.

L'installation des boutiques mauritaniennes le long du fleuve Sénégal constitue un fondement de la vie des relations entre les villes. Cette situation favorise une accessibilité facile aux marchandises mauritaniennes.

II. Des relations entretenues et consolidées par les deux jeunes Etats :

2.1 Une coopération bilatérale dynamique :

Les rapports entre autorités administratives frontalières dépendent très souvent des relations qu'entretiennent les deux pays au sommet. Ces rapports sont entretenus par les autorités étatiques qui en définissent les axes de coopération et de concertation. C'est ainsi que l'Etat du Sénégal conscient du fait que le développement socio-économique ne peut passer que par la stabilité du pays et de ses voisins directs, s'est investit dans une dynamique de diplomatie de proximité et de rapport de bon voisinage.

L'Etat du Sénégal et la République Islamique de la Mauritanie disposent de plusieurs cadres de concertation. Au sommet les deux chefs d'Etats se rencontrent souvent pour discuter sur des questions concernant les deux entités.

2.2 Une concertation permanente sur les questions économiques et

sécuritaires :

Cette concertation se fait pendant la grande commission mixte de coopération sénégalo-mauritanienne qui se réunit tous les cinq ans. La 9ème session de la grande commission mixte de coopération sénégalo-mauritanienne s'était tenue les 24 et 25 Avril 2005 à Nouakchott. Durant la commission les deux parties font une liste de tous les secteurs de coopération. Dans chaque secteur, elles négocient sur la forme qu'elles veulent lui donner. C'est l'accord cadre. Après chaque ministère, selon ses compétences, négocie avec son homologue pour trouver un accord bilatéral. Ce qui en est de même pour les autorités administratives des régions

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limitrophes. Lors de la 10ème session qui a eu lieu à Dakar, les 4 et 5 Aout 2010 ,
· la pêche, la sécurité et la transhumance ont été au menu des discussions. Ces assises permettent aux experts mauritaniens et sénégalais des secteurs concernés d'échanger et de réfléchir sur les stratégies à adopter pour le renforcement de la coopération. Organisée en trois sous-commissions : affaires économiques et commerciales ,
· affaires sécuritaires, judicaires et administratives ,
· affaires culturelles, éducatives, sociales et scientifiques, cette rencontre doit constituer une nouvelle ère qui permettra de raffermir les résultats positifs obtenus depuis la 8ème commission mise à ce jour et de retourner vers de nouveaux domaines de coopération47.
Les Etats du Sénégal et la Mauritanie par le biais de la commission mixte de coopération se sont engagés à mutualiser leurs efforts et leurs moyens afin de mieux lutter contre la criminalité transfrontalière, les trafics illicites de drogue, la prolifération des armes et le vol de bétail. Les deux Etats disposent d'un accord de transhumance de bétail. Cet accord signé en 2006 permet aux éleveurs sénégalais et mauritaniens de se déplacer d'un pays à l'autre.

47 Le soleil du 5Aout 2010. Page 3

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CHAPITRE III : TYPES ET NATURE DES RELATIONS ENTRE LES
DEUX CITES FRONTALIERES

I. Les relations de types administratifs :

La situation géographique de la région de Matam fait que ses autorités restent confrontées à un délicat problème d'administration autre que celui auquel sont confrontées les autres régions de l'intérieur. En effet, aux problèmes de gestions internes de la région ; s'ajoutent d'autres difficultés. Celles-ci peuvent être liées aux conséquences de la situation limitrophe de la région. Nous constatons, avec les nouvelles techniques de management qu'aucune administration (centrale, territoriale ou autre) ne peut se nourrir de textes et ignorer les réalités du milieu dans toutes ses caractéristiques. Ainsi les autorités administratives de la région de Matam ont la charge d'user de leur esprit d'initiative pour sauvegarder la paix sociale avec leurs voisins immédiats de la République Islamique de la Mauritanie. Dès lors ces responsables effectuent des rencontres périodiques de concertation et assurent une conciliation si des problèmes opposent les populations frontalières.

1.1 Les rapports administratifs :

1.1.1 Visites et rencontres d'échange entres autorités administratives déconcentrées :

Les rapports entre les autorités administratives frontalières d'une part et entre les services frontaliers d'autre part, paraissent très importants dans le processus d'intégration. Il en résulte pour les autorités administratives départementales un supplément de travail que ni les lois, ni les textes ne semblent prévenir48.

La constitution sénégalaise dans ses articles 16 et 25 du décret 72-636 du 29 Mai 1972 stipule que : « le préfet est le délégué du Président de la République dans le Département. Il y est le représentant de chacun des ministres... » Ici les prérogatives qui lui sont accordées

48 Diouf (G.S).Les implications économiques sociales et administratives de la situation frontalière d'un département sénégalais : le cas de Nioro du Rip, ENAM.1989

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trouvent des limites à la frontière avec Matam Réo. L'accomplissement de la loi et du règlement s'assouplit et s'adapte aux circonstances de la situation frontalière même si la primauté de ceux-ci est à respecter. Ceci expliquera peut-être l'ouverture des autorités administratives départementales sur des règles non écrites pour sauvegarder et le bon voisinage et une collaboration opportune dans l'intérêt général49. Les visites entre autorités frontalières se font souvent et différemment.

a)- Visites de courtoisie et prise de contact : A chaque fois qu'une autorité administrative de Matam Sénégal ou de Matam Réo s'installe dans ses nouvelles fonctions, elle se rend chez son homologue pour une prise de contact. Il n'est pas aussi rare de voir une autorité administrative départementale rendre visite à son homologue mauritanien, par simple courtoisie.

Ces visites sont de coutume dans cet espace frontalier et traduisent la volonté de cohabitation paisible entre les deux entités.

b)-Visites sur invitation : Dans la tradition de cette partie de la vallée du fleuve Sénégal, à chaque fois que le Sénégal célèbre son indépendance, le gouverneur de la région de Matam invite l'autorité administrative de Matam Réo. La réciprocité est aussi de rigueur. En effet si la Mauritanie aussi fête son accession à la souveraineté les responsables administratifs du Wilaya de Gorgol invitent leurs homologues sénégalais. Ces visites sont très importantes dans la vie des relations ; d'autant plus que la délégation qui s'y rend qu'elle soit du coté mauritanien ou sénégalais, se compose de personnalités administratives et coutumières.

Les commissaires de police et les commandants de gendarmerie ou même des inspecteurs de l'éducation des deux villes se rendent visite fréquemment.

Au delà du caractère officiel de ces visites, elles permettent aux populations des deux Matam de se rapprocher. C'est aussi un signe de ce qu'on pourrait appeler « l'intégration par la base ».

c)- Visites de concertation : Les autorités administratives de la Wilaya de Gorgol et de la région de Matam se rencontrent tous les six mois. A la fin du premier semestre de l'année, les retrouvailles se font en territoire sénégalais et le semestre suivant en Mauritanie. Lors de ces « yendou », les responsables administratives frontalières se concertent sur les

49 49 Diouf (G.S).Les implications économiques sociales et administratives de la situation frontalière d'un département sénégalais : le cas de Nioro du Rip, ENAM.1989

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affaires relevant de leurs compétences. Ainsi les questions de sécurité, de lutte contre les criquets dévastateurs, les vols de bétail..., sont évoquées.

1.1.2. Le règlement des problèmes entre populations frontalières :

Toutefois, si dans les départements de l'intérieur, une solution s'applique facilement pour trancher les contentieux, elle est plus impérieuse dans un département limitrophe où l'antagonisme relève non seulement de circonscriptions administratives différentes mais aussi d'Etats différents50.

Parmi ces différends, nous relevons d'abord la problématique et la solution aux divagations des champs ensuite, le règlement de certaines affaires civiles et pénales survenant très souvent entre populations frontalières.

.

a) Règlement de litiges entre agriculteurs et éleveurs :

La divagation, le problème le plus récurrent dans cet espace transfrontalier, a pour acteurs les cultivateurs sénégalais et les éleveurs mauritaniens. Ceci découle du fait que certaines populations de Matam Sénégal continuent de cultiver des terres situées sur la rive droite du fleuve Sénégal. Ce problème peut survenir aussi lors des déplacements des pasteurs mauritaniens vers le Sénégal. Durant leurs passages, il arrive que les troupeaux venus de Matam Réo dévastent des champs sénégalais.

La solution à ce problème aurait été plus facile si les différends opposaient deux compatriotes. Si tel n'est pas le cas, la solution qui s'impose à l'autorité administrative est dès lors difficile eu égard aux textes en vigueur. Si les problèmes sont résolus par la dépossession des cultivateurs sénégalais de leurs terres ou par une interdiction aux éleveurs mauritaniens de traverser le fleuve, cet arbitrage pourrait compromettre l'intégration des deux peuples. Le dédommagement appelle aussi d'autres solutions non soumises aux textes nationaux. Ceci n'est possible que dans l'application du droit international qui n'entre pas dans les attributions des autorités administratives. Le souci de sauvegarder le bon voisinage entre les deux espaces

50 Diouf (G.S).Les implications économiques sociales et administratives de la situation frontalière d'un département sénégalais : le cas de Nioro du Rip, ENAM.1989

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frontaliers, empêche les autorités administratives à recourir au droit international. La pratique de la conciliation et de la concertation apparait comme la seule solution. De ce fait, à chaque fois qu'un problème de ce genre survient le préfet du département de Matam le soumet à son homologue mauritanien pour qu'ils trouvent ensemble une solution. Ainsi ces autorités apportent des solutions à des problèmes d'essence diplomatique dans l'absence de textes et de chartes. Cette pratique de résolution de problèmes par conciliation et concertation est de coutume dans cette région. Les problèmes entre mauritaniens et sénégalais ne se limitent pas aux différends entre agriculteurs et éleveurs, ils s'étendent aussi aux affaires civiles et pénales.

b) Solution apportée aux affaires civiles et pénales :

Les relations transfrontalières sont très intenses dans ces marges frontalières au point que les populations des deux rives croient évoluer dans `' une aire géographique territorialement et administrativement homogène» (Diouf, 1989). Ces relations et enchevêtrement des intérêts ont des conséquences. Ainsi, il en résulte des différends liés aux affaires civiles et pénales.

La résolution des affaires civiles et pénales opposant les populations frontalières incombent aux autorités administratives à qui elles sont portées souvent en premier ressort.

Cependant il faut souligner une certaine différence dans le mode d'administration des deux Etats. En effet, dans cette partie de la Mauritanie l'autorité administrative est confondue à l'autorité judiciaire. Ce qui n'est pas le cas dans le département de Matam Sénégal. Cette différence est souvent source de malentendus entre les autorités transfrontalières. Néanmoins, dans l'intérêt de la sauvegarde de la cohésion sociale, les autorités administratives se transforment en arbitres voire en diplomates qui ont pour but de rapprocher des positions opposées plutôt d'être des défenseurs farouches de l'ordre public.

Ceci s'applique au règlement de certains litiges concernant le commerce les vols et les mariages etc.

o Les litiges liés au commerce : Les flux commerciaux entre Matam Sénégal et Matam Réo ont entrainé l'établissement des relations très poussées entre commerçants maures et petits revendeurs du département de Matam. Les grossistes mauritaniens fournissent de la marchandise aux détaillants sénégalais qui revendent dans le marché local. De cette situation apparaissent un créancier qui est le grossiste mauritanien et un débiteur, le petit revendeur sénégalais. Dès fois, on peut constater un non respect des engagements pris par le débiteur. Alors le créancier décide de porter l'affaire devant le

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préfet qui, s'il ne trouve pas un compromis renvoie le créancier à la gendarmerie pour déposer une plainte.

Au Sénégal, un différend opposant un commerçant et un revendeur trouve sa solution dans l'application du code des obligations civiles et commerciales (COCC). Dans un cas de différend opposant deux personnes de nationalités différentes, le juge fait recours au Droit International Privé (DIP). Mais dans la plupart des cas elles choisissent la conciliation à la place de l'arbitrage.

Pour garder un climat sain de cohabitation l'autorité somme au débiteur de payer la somme due et dans les meilleurs délais.

Un problème d'argent peut aussi lier un ouvrier sénégalais à un mauritanien. En effet, l'ouvrier après avoir travaillé pour un habitant de Matam Réo reste souvent longtemps sans recevoir son dû. Ainsi il décide de porter l'affaire devant les autorités. Si l'autorité administrative mauritanienne saisit la question, elle use de ses compétences juridiques pour convoquer l'employeur et le somme de rembourser l'argent dû.

o solution apportée aux vols : Les litiges transfrontaliers liés aux vols ne sont pas très fréquents dans cette zone. Mais il arrive souvent qu'un sénégalais opère un vol en Mauritanie ou qu'un mauritanien en fasse de meme au Sénégal. Un voleur qui traverse la frontière pour accomplir son forfait est généralement extradé par un agent de sécurité. Dans tous les cas le butin est récupéré et remis au propriétaire. Cependant il n'est pas surprenant de rencontrer des sénégalais dans les prisons mauritaniennes ou des mauritaniens arrêtés par les services de sécurité sénégalais.

o les règlements des litiges matrimoniaux : Le brassage existant entre les populations frontalières résulte des liens de parenté entretenus par des unions conjugales. De ce fait les mariages entre mauritaniens et sénégalais sont très fréquents. Ces mariages se font le plus souvent religieusement. Ils sont très rarement déclarés auprès des officiers de l'état civil. Mais quand un problème surgisse entre époux, ils saisissent l'autorité administrative du domicile conjugal. L'autorité administrative consciente que légalement ses compétences sont limitées en matière d'état civil mais soucieuse d'un règlement pacifique des conflits matrimoniaux, recourt à la pratique de la conciliation. C'est ainsi que dans la plupart des cas, le plaignant ou la plaignante, est renvoyé(e)

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chez les détenteurs de coutumes qui avaient célébré l'union. Les liens de parenté favorisent le règlement des litiges matrimoniaux de façon pacifique.

Si l'affaire contentieuse est assortie de la responsabilité de garder les enfants entre divorcés, il est devenu admis dans cet espace que `'Si les enfants n'ont pas encore atteint l'âge d'aller à l'école, la garde incombe à la mère. Au dessus de cet âge la garde revient au père». Cette solution s'apparente certes à celle donnée par le code de la famille du Sénégal, mais se conçoit de façon tacite le long de la frontière sénégalo-mauritanienne.

1.2 La coordination entre les services techniques et administratifs :

Les services administratifs frontaliers sénégalais ont noué des rapports étroits avec leurs homologues de la Mauritanie. Ces relations se manifestent dans la coordination des activités des secteurs de l'agriculture, de l'élevage, de la sécurité et de la santé.

1.2.1. La concertation entre les services techniques d'agriculture et d'élevage :

La présence du fleuve fait des régions de Matam et de Gorgol, une zone agricole. Ainsi on y retrouve plusieurs variétés culturales. Pour sauvegarder une production agricole riche et variée, des services techniques d'encadrement et de supervision sont implantés dans la zone. Chaque année, avant l'invasion des criquets pèlerins, le service technique du CILSS (Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) implanté à Ourossogui, étudie les différents prédateurs qui sévissent dans cette partie de la vallée du fleuve Sénégal et informe les responsables de l'agriculture des deux régions frontalières. Ces responsables conscients que les criquets et les oiseaux dévastateurs ignorent les frontières, se concertent afin de mener ensemble une lutte contre ces agents néfastes à l'agriculture. Cette intervention ponctuelle et conjointe entre les agents de l'agriculture de la région de Matam et de la wilaya de Gorgol est très souvent efficace.

Quand à l'élevage elle occupe une place très importante dans la vie active de ces populations frontalières. La Mauritanie est un pays de pastoralisme et le Sénégal reste essentiellement agricole et l'élevage y constitue un apport précieux pour l'agriculture

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(fumure, culture attelée ...). Donc presque tous les paysans associent l'agriculture et l'élevage. Comme en Mauritanie, on rencontre dans la région de Matam des éleveurs peulhs qui ne s'adonnent qu'à cette activité.

Dans la vallée du fleuve, on rencontre des affections animales comme le charbon animal, les parasitoses gastro-intestinales... Ainsi la situation pathologique de la zone implique une lutte commune car tout ce qui touche Matam Sénégal, touche inévitablement Matam Réo. Pour que la lutte soit efficace, l'activité clinique doit se faire par des vaccinations généralisées qui ne tiennent pas compte de l'appartenance territoriale du bétail.

A chaque fois que le Sénégal organise des campagnes de vaccinations des troupeaux, la direction régionale de l'élevage de Matam essaie autant que possible de se concerter avec les responsables des services de l'élevage de la Mauritanie pour une coordination des opérations de vaccination contre les maladies. Quand une épidémie affecte le troupeau mauritanien, les responsables de ce service avertissent leurs homologues sénégalais pour qu'ils prennent des dispositions nécessaires afin de faire face à la menace. Cette concertation se fait dans la réciprocité.

1.2.2 La coordination des actions dans le secteur de la santé et de la

Sécurité :

Les médecins des districts sanitaires de Matam Sénégal et de Matam Réo échangent très souvent des données sanitaires. Quand une maladie affecte une partie, le médecin du district concerné fait tout pour avertir son homologue afin que ce dernier prenne toutes les dispositions nécessaires. Les deux districts se concertent aussi pour une meilleure coordination des campagnes de vaccination et de prévention des populations.

Le contact entre les populations transfrontalières peut favoriser des relations dans le bon sens mais également dans le mauvais sens. La prévention contre les effets non désirés de la situation frontalière, passe nécessairement par le contrôle des mouvements des personnes qui est du ressort des agents de la sécurité. Pour un contrôle efficace des flux frontaliers, les Etats du Sénégal et de la Mauritanie coordonnent leurs activités en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière. Ainsi, les services de sécurité des deux pays collaborent de façon

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déterminée et résolue pour asseoir des bases solides à partir desquelles se poursuivent les objectifs de stabilité au niveau de la frontière.

Il nous parait très important de rappeler que le bassin du fleuve Sénégal est une zone où le risque de criminalité est très élevé du fait de la porosité de la frontière. En effet, la longueur du fleuve rend difficile tout contrôle strict et sur toute cette étendue, il n'existe que quelques postes de sécurité. Ce qui fait que beaucoup de malfaiteurs sénégalais après leurs forfaits se replient en Mauritanie. De même, certains mauritaniens recherchés par les forces de sécurité trouvent refuge au Sénégal. Cette situation a poussé les autorités des deux Etats à se concerter dans le but de mettre en place un accord de sécurité favorisant une collaboration dans la lutte contre le repli des repris de la justice de part et d'autre de la frontière.

Cet accord de sécurité entre ces deux pays voisins, donne aux forces de sécurité mauritaniennes le droit de traverser le fleuve à partir d'un point où les agents de sécurité sénégalais sont absents pour patrouiller. Et les sénégalais aussi font la même chose que la police et la gendarmerie mauritaniennes. Les autorités militaires se concertent surtout en période d'étiage pour effectuer des opérations de patrouilles mixtes le long du fleuve. Les deux polices se concertent très souvent pour examiner les problèmes liés à la poursuite des délinquants et criminels par delà du fleuve à chaque fois que l'occasion se présente. La police frontalière procède aussi à l'arrestation et /ou à la communication des agissements et activités des personnes suspectes et informe sans délai au service approprié qui si nécessaire reçoit de l'assistance afin de faire face à la situation de manière efficace. Les polices frontalières demandent à l'Etat sénégalais et l'Etat de la Mauritanie de mettre à leurs dispositions des moyens leur permettant de communiquer rapidement et discrètement dans le cadre de la coopération entre les deux services.

II. Les relations commerciales :

Le Sénégal dépend largement de l'extérieur dans ses production et consommation. Ses échanges avec le reste du monde se sont déroulés durant les trois dernières années dans un contexte marqué par une hausse généralisée des prix. En 2008 les exportations sénégalaises se sont hissées à huit cent quatre vingt treize milliards francs CFA dépassant largement celles de 2007 estimées à sept cent deux milliards. Cette situation structurelle se traduit aussi par une

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hausse constante des importations du Sénégal qui sont passées à deux mille cinq cent trente quatre milliards en 2008 contre deux milles cent vingt trois en 200751.

La grande différence entre les importations et les exportations sénégalaises donne une idée sur le taux de couverture et de la balance commerciale.

De manière générale, le commerce entre les Etats de l'Afrique est encore faible. En effet, la plupart des échanges des Etats africains est orientée vers les pays de l'Europe de l'Ouest, de l'Amérique du Nord et de l'Asie. En dépit de cette faiblesse, on assiste, aujourd'hui à une augmentation des flux commerciaux entre les Etats africains.

Le cadre géographique et politique permet au Sénégal et à la Mauritanie de garder une originalité dans leurs échanges. La forte circulation des biens entre les deux pays est favorisée non seulement par le voisinage mais aussi par le partenariat bilatéral. La ville de Matam Sénégal comme les autres localités frontalières entretient avec les villes Mauritaniennes des relations commerciales intenses. Ces flux commerciaux prépondérants se manifestent dans diverses formes. L'importance de ses échanges transnationaux peut être perçue à travers une analyse des importations et des exportations et le type de commerce.

2.1 Le commerce légal ou formel :

Le commerce formel se définit comme l'ensemble des flux transfrontaliers qui s'effectuent entre deux Etats dans le respect des lois et règlements.

En 2008, les échanges sénégalais avec les pays africains ont considérablement augmenté. Ainsi les importations en provenance de l'Afrique sont passées de trois cent quatre vingt deux milliards 2007 à cinq cent soixante onze de francs CFA en 2008. Ce qui en est de même pour les exportations vers ce continent qui ont fortement progressées enregistrant une hausse de 20% avec un niveau de quatre cent trente six milliards cinq millions de francs Cfa contre trois cent soixante trois milliards cinq cent millions en 200752.

51 Agence Nationale de la Démographie et de la statistique(ANDS), 2009, commerce extérieur du Sénégal

52 ANDS, 2009 Idem

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Durant l'année 2009, les exportations sénégalaises vers la Mauritanie étaient estimées 171.641.918.180 francs Cfa pour une quantité de 145364179kg. La quantité des importations était évaluée à 1 011 946kg pour une valeur de 911 613 298 de francs Cfa53.

Dans cet espace frontalier, plusieurs acteurs interviennent dans cette activité en conformité avec les normes établies par les deux pays. Elle est l'oeuvre de grands commerçants qui s'activent surtout dans l'exportation du riz, des matériaux de construction (ciment, fer, ..), vers le territoire mauritanien. C'est un commerce qui se particularise aussi selon la destination ou le lieu de consommation de ses produits. Ces marchandises venues du Sénégal légalement transitent par la ville mauritanienne de Matam Réo pour être consomme à l'intérieur du pays.

Ce type de commerce n'est pas très développé dans cette partie frontalière du fait de l'inexistence de poste pouvant dédouaner des valeurs supérieures à plus de 500.000 f Cfa. Ainsi la majorité des commerçants qui s'activent dans ce secteur préfèrent faire transiter leurs marchandises à partir de Rosso grâce au service offert par son bureau de douane.

Les conséquences économiques de cette relation commerciale entre les deux espaces frontaliers est le développement d'un circuit parallèle aux échanges légaux.

2.2 Le commerce non formel ou illégal :

La frontière est un lieu privilégié pour le trafic et la contrebande. Elle est aussi un lieu de commerce illicite et non formel. Cet échange non formel connu sous le nom de la fraude est défini dans le code de la douane dans son article 310 alinéa1 comme « toute violence des dispositions légales et réglementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l'intérieur du territoire nationale ». C'est le type de commerce transfrontalier le plus développé dans la région de Matam Sénégal. Il se caractérise par l'importance des flux qui s'effectuent sur le fleuve, par la diversité des produits ; par la multiplicité des pistes qu'il emprunte et par les personnes qui le pratiquent. Du point de vue spatial, la fraude couvre l'ensemble de la région et alimente tous les marchés.

53ANDS, 2009 Idem

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Le développement de ce type de commerce est lié à plusieurs facteurs :

> La proximité géographique des lieux de ravitaillement fait que les `'fraudeurs» accèdent facilement aux produits mauritaniens.

> Le différentiel des prix favorise les échanges. Il semble que les prix de Matam Réo sont moins élevés, donc il est plus économique de se ravitailler en Mauritanie que de le faire dans les autres villes sénégalaises.

> Le développement de la fraude est aussi lié aux relations sociales qui existent entre les populations des deux villes frontalières. Les liens sociaux poussent chaque habitant des deux rives du fleuve à développer un esprit de solidarité qui se manifeste par un entre-aide dans toutes les situations.

> Le besoin de trouver une monnaie convertible pousse les grossistes mauritaniens à faire écouler leurs marchandises en territoire sénégalais. En effet, contrairement au franc CFA, l'Ouguiya, la monnaie mauritanienne n'est pas facile à convertir. Pour mener des opérations financières ou acheter des devises étrangères, les commerçants maures sont obligés de se rabattre à la monnaie sénégalaise. Ainsi la contrebande constitue pour eux une activité commerciale leur permettant d'avoir une monnaie convertible.

> Les causes de la fraude sont aussi à chercher dans l'impraticabilité des voies de communication. Certaines localités de la région de Matam restent coupées de leur capitale régionale. Les pistes qui mènent vers ces zones sont très périlleuses. Cette situation n'encourage pas ses habitants à se rendre dans les centres urbains afin de se ravitailler en produits sénégalais. Ils préfèrent aller dans les localités voisines situées de l'autre coté du fleuve pour se ravitailler.

> Sur le plan économique la Mauritanie est un pays très libéral. Ainsi sa politique de développement est fondée en grande partie sur le commerce extérieur dominé par la réexportation. Ce libéralisme économique favorise l'importation de produits et leur écoulement vers les pays limitrophes tels que le Sénégal.

Derrière ce commerce illégal s'est développée entre la ville mauritanienne et la région de Matam une autre activité non formelle liée à la frontière. Il s'agit du change de monnaie. La plupart du temps, les achats de marchandises mauritaniennes dans la ville de Matam Réo se font avec le franc Cfa. Et la Mauritanie pour se ravitailler en marchandises étrangères a besoin de la monnaie sénégalaise et/ou de l'Euro. La région de Matam Sénégal avec ses nombreux émigrés qui résident dans les pays européens constitue un lieu propice au troc entre le franc CFA et l'Euro. Le plus souvent, les envois des expatriés en Europe à leurs familles établies

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dans cette partie du Fouta, se font en Euro. Ainsi le fait que les mauritaniens aient besoin de l'Euro et les habitants de Matam, du franc CFA, favorise le développement du système de change entre le franc Cfa et l'Euro. Aujourd'hui, cette activité occupe un bon nombre de la population matamoise.

Tableau n°8 : comparaison des prix de certains produits entre les deux villes.

Produits

Prix à Matam Réo en francs Cfa

Prix à Matam Sénégal en francs Cfa

1kg de sucre

450

750

1litre d'huile

650

1100

Pot de tomate (2kg)

1800

2200

1kg de poivre

2200

2800

1kg de lait

2000

2300

1kg de farine

350

500

Savon (500g)

250

400

1 paquet de cahiers

1300

2400

Source enquête de terrain 2010 B. BA

Dans la région de Matam, on note l'existence de deux formes de contrebande. Il s'agit de la fraude de subsistance et de la fraude commerciale. Le développement des échanges transfrontaliers et non formels a des avantages et des inconvénients. Les localités frontalières jouissent de la contrebande. Cette dernière a permis l'épanouissement de ces populations qu'elle alimente malgré le faible revenu de certaines familles. Donc le commerce non formel qui s'effectue sur le fleuve contribue à améliorer la condition de vie de ces peuples.

Pour les populations matamoises, il est plus économique de se ravitailler à Kaédi ou à Matam Réo que de le faire à Ourossogui, à Richard Toll ou à Saint Louis.

Le commerce illicite participe à l'enrichissement de certains commerçants. Un bon nombre de vendeurs font entrer illégalement des marchandises venant de la Mauritanie. Le faible prix de revient de celles-ci, leur permet de concurrencer les produits importés et dédouanés. De ce fait elles coutent moins chères et sont plus faciles à écouler. Ainsi ces

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commerçants qui ne sont pas conformes à la loi gagnent des sommes colossales qui leurs permettent d'investir dans d'autres secteurs. La fonction principale de la ville de Matam Réo est commerciale. La réexportation des produits importés vers la région de Matam rapporte beaucoup de devises à la ville. C'est ainsi qu'on note une augmentation accrue de boutiques mauritaniennes le long du fleuve faisant face à la ville de Matam Sénégal.

Le commerce non formel qui s'opère entre le Sénégal et la Mauritanie porte essentiellement sur des matériels électroniques, des denrées de consommation, des produits textiles, des cigarettes, etc. Les produits qui quittent Matam Réo pour Matam Sénégal sont de loin supérieurs à ceux qui rentrent illégalement en territoire mauritanien. Les marchandises provenant du Sénégal sont essentiellement composées du riz, du gaz butane, du matériel de construction, des légumes, des poissons...

Selon le bureau de la douane de Matam Sénégal, les produits dont le commerce illicite fait l'objet, sont divers et alimentent les grands centres de consommation de la région. Ces produits alimentent tous les marchés des localités du « Dandé Mayo » et du diéri surtout les marchés hebdomadaires (louma). La quantité et la valeur des saisies sont importantes et varient selon la fréquence, le prix des marchandises en Mauritanie et de l'activité des fraudeurs. Chaque mois, la douane arrive à faire rentrer dans les caisses de L'Etat une somme variant entre deux et huit millions francs CFA.54

54 Entretien avec le responsable du service de la douane de Matam

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Tableau n°9 : principaux produits importés de Matam Réo :

Types de produits

Composantes

Matériels électroniques

Portables ; lecteurs vidéo, DVD, VCD,

DVX ; antennes paraboliques ; téléviseurs ; magnétophones ; réfrigérateurs

Mobiliers de maison

Fauteuils, chaises, tables, salons, tapis,

moquettes...

Produits pharmaceutiques et de soins

Médicaments ; produits vétérinaires, laits de beauté, parfums, déodorants ; savons...

Produits d'élevage

Bétail, cuir, lait caillé...

Fourniture scolaire

Livres, cahiers, stylos, matériels

géométriques...

Produits de consommation

Sucre ; huile ; farine, tomate ; lait ; bonbon, biscuits ; thé ; cigarette ; canette...

Produits pétroliers

Gasoil, essence et pétrole...

Produits textiles

Tissu ; prêt à porter

Source : enquête de terrain 2010 B. BA

Les commerçants matamois exportent aussi vers la ville voisine du matériel de construction composé essentiellement de ciment, du fer, de fils électriques, de plâtre, de la peinture... En plus la localité est ravitaillée en pain par les boulangeries de Matam Sénégal.

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Tableau n°10 : Les produits sénégalais s'exportant à Matam Réo :

Types de produits

Composantes

Produits agricoles

-Riz (paddy ou décortiquée), -Patate douce,

-Tomates fraîches,

-Produits fruitiers (Mangues)

Matériaux de construction

-Ciment,

-Fer, -Bois d'oeuvre,

Produits énergétiques

-Gaz butane,

Matières plastique

-Chaises,

-Ustensiles de maisons, -Divers récipients en plastique

Source : enquête de terrain 2010 B. BA

III. Les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et ludiques :

3.1 Les migrations :

Les principaux mouvements qui alimentent la vie des relations transfrontalières dans cette zone sont les migrations à but commercial, les migrations de cérémonie et les migrations sanitaires.

a) Les migrations à but commercial :

Ces migrations s'effectuent quotidiennement. Chaque matin les femmes mauritaniennes se déplacent pour s'approvisionner en produits maraichers au marché de Matam Sénégal. Ces mouvements de femmes sont liés au fait que la ville de Matam Réo est dépourvue de marché. Ils se font le plus souvent à travers le poste de police frontalier.

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De l'autre coté du fleuve, les sénégalais traversent la frontière pour pouvoir se ravitailler en produits de consommation courante ou en biens d'équipement.

Ces mouvements s'effectuent de plus de Matam Sénégal vers Matam Réo.

B) Les migrations de cérémonies :

Les liens amicaux et de parenté font que les populations se déplacent de part et d'autre de la frontière pour assister à des cérémonies. Ces mouvements, le plus souvent journaliers, s'effectuent à l'occasion d'un mariage, d'un baptême ou lors des funérailles et fêtes religieuses (Tabaski, Korité, Maouloud ; Ziarra...). Ces migrations traditionnelles entretenues par les liens sociaux se manifestent le plus lors de la fête de Tabaski et de Korité. Ce qui fait que ces populations frontalières célèbrent deux fois les fêtes religieuses et dans deux territoires différents. La plupart du temps la Mauritanie célèbre les fêtes religieuses un jour avant le Sénégal. Quand la ville de Matam Réo célébre la Tabaski ou la Korité, les populations de l'autre rive y viennent pour fêter ensemble avec leurs parents et amis mauritaniens. Le lendemain coïncidant avec la célébration de la fête au Sénégal, les mauritaniens passent la journée à Matam Sénégal.

Les migrations de cérémonie se font de plus de Matam Réo vers Matam Sénégal.

C) Les migrations pour accès aux services de santé :

C'est le principal déplacement lié à l'accès aux services administratifs sociaux.

La vallée du fleuve Sénégal, sur ses deux rives, se caractérise par un manque notoire d'infrastructures sanitaires et de personnels qualifiés. Les liens sociaux entre les populations et les rapports entretenus par les autorités administratives frontalières font que les districts sanitaires de Matam Réo et de Matam Sénégal jouent très souvent un rôle de complémentarité.

Les populations de la région pour la plupart démunies rencontrent des difficultés à accéder aux soins médicales du fait de l'élévation du coût de ce service. Certaines populations de Matam Sénégal préfèrent aller se faire soigner à Matam Réo où les coûts de consultation et des médicaments sont plus favorables.

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Ces déplacements vers le district sanitaire de Matam Réo sont liés aussi au fait que ce dernier est réputé être en bon centre en soins pédiatriques. C'est pourquoi il attire un nombre important d'enfants malades venus de toutes les localités de cette marge frontalière.

Mais quand il s'agit d'hospitalisation, le centre de santé de Matam accueille plus de patients des deux villes car il dispose plus de lits que celui de la ville maurita

3.2 Le système de transport :

La traversée du fleuve dans cette zone est assurée par des pirogues à moteur et par des pirogues à pagaie.

Une seule pirogue motorisée assure la liaison entre les deux postes de police frontaliers. Elle fonctionne de huit heures à dix huit heures. Elle effectue un aller et retour entre les deux rives pendant presque tous les quarts d'heure. En saison de basses eaux, le trajet dure une à deux minutes et le prix du transport est de cent francs CFA ou cinquante Ouguiya. En période de hautes eaux, les prix atteignent cent cinquante francs CFA ou soixante Ouguiya.

Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée B. BA 2010

Le nombre de pirogues à pagaie faisant la navette entre les deux villes est très difficile à appréhender à cause de la multiplicité des points de passage et du nombre pléthore de

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transporteurs. En effet, avec le déclin de la pêche continentale, la plupart de ses acteurs se sont reconvertis en transporteurs. Les deux principaux points de passage sont tous localisés dans le quartier de Soubalo : l'un à Thiaydé et l'autre à Gandé. La durée de trajet est plus longue en pirogue en pagaie et peut durer dix minutes. Le prix du transport en saison sèche est de cinquante francs CFA ou vingt Ouguiya. En saison des pluies, avec la crue du fleuve les prix augmentent considérablement et atteignent cent cinquante francs CFA ou soixante Ouguiya.

Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie B. BA 2010

Un constat clair est que les sénégalais empruntent plus ce moyen de communication. Ceci peut être expliqué par deux faits. D'une part, ces pirogues à pagaie appartiennent aux voyageurs ou à des personnes avec qui ils nouent des liens de parenté ou d'amitié. D'autre part, ce fait peut être expliqué par le souhait des voyageurs de contourner les tracasseries douanières et policières.

3.3 Les rapports sociaux et religieux :

Les populations des deux rives de la vallée du fleuve Sénégal se sont rapprochées parce qu'appartenant à la même culture et aux mêmes ethnies. De plus, elles sont soudées par le truchement de fréquents mariages qui ont contribué à tisser des liens de parenté. Ainsi les unions conjugales entre les populations de Matam Sénégal et de Matam Réo sont des

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exemples pertinents de mariages transfrontaliers. Dans cette région, on constate des mariages fréquents entre Halpular de la Mauritanie et du Sénégal et entre Beïdane et Halpular. Ces liens entre populations frontalières ont abouti au métissage du peuplement de cette zone. En plus les populations qui ont la double nationalité sont nombreuses dans ces marges frontalières de la Mauritanie et du Sénégal.

L'islam, la principale religion de la vallée du fleuve Sénégal promeut la « Ummah » c'est-à-dire la communauté des croyants par delà des Etats. Tous les flux religieux sont transnationaux par destinations en ce sens qu'ils mobilisent les valeurs de croyances et les représentations échappant au contrôle de l'Etat (Sindjou, 2002). Ce qui fait que les déplacements transfrontaliers à but religieux sont fréquents dans cette région du fleuve. Lors du Maouloud par exemple, un nombre important de mauritaniens viennent à Matam pour y célébrer la fête religieuse. Ces déplacements de Matam Réo vers Matam Sénégal se font plus remarquer lors des « Ziarra ». Les relations à caractère religieux existant entre les deux villes frontalières se manifestent aussi par des visites fréquentes des `' chérifs» (descendants du prophète) chez la population sénégalaise.

Les écoles coraniques mauritaniennes sont fréquentées par un bon nombre de sénégalais de même que certains mauritaniens viennent dans la région de Matam pour y étudier.

3.4 Les relations culturelles et sportives :

Ces relations sont principalement dominées par le sport. Très souvent, lors de la Fête de Tabaski, la commune de Matam Réo organise un tournoi de football auquel participent les jeunes de Matam Sénégal.

Les mauritaniens sont aussi associés aux cérémonies traditionnelles qui se font à Matam pendant les fêtes de l'indépendance. Ainsi la troupe traditionnelle maure participe à la fête par la démonstration de sa richesse folklorique.

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IV. La coopération un nouveau champ d'exploration pour les relations
sénégalo mauritaniennes :

L'avenir des Etats africains, notamment des petits dépend pour une large part de leur aptitude à apprécier les avantages que présente la conjugaison de leurs efforts par le moyen d'une coopération régional, faisant intervenir non pas tout le continent mais un certain nombre de pays d'une région de celui-ci.55 L'évolution des relations entre Sénégal et la Mauritanie, les nombreuses complémentarités, ainsi que la continuité, culturelle, historique, géographique et écologique qui lient les deux Matam, sont révélateurs de potentiels nombreux d'une coopération plus étroite entre les Etats.

Nous allons d'abord revenir sur le concept de coopération transfrontalière, notamment dans sa signification, ses origines, ses objectifs et son évolution dans l'agenda politiques des institutions intergouvernementales en Afrique de l'Ouest (CEDEAO, UEMOA, UA).

4.1 Qu'est ce que la coopération transfrontalière?

La coopération transfrontalière qui se définit comme la mise en oeuvre à l'échelle du territoire transfrontalier des compétences et prérogatives détenues par les collectivités locales ou leurs groupements, constitue un moteur de l'intégration. Elle permet de mettre en synergie toutes les compétences à l'exception de l'exercice des prérogatives des puissances publiques (pouvoir de police, fiscalité ...) et permet aux collectivités de coordonner et d'harmoniser leurs décisions en vue de réaliser des projets et investissements communs.

La coopération transfrontalière est avant tout une initiative et une démarche de proximité entre des entités publiques locales contiguës relevant d'ordres juridiques nationaux différents autour de problématiques communes comme l'environnement, les activités culturelles, les équipements et les migrations...Ces problématiques se distinguent par les interdépendances de nature géographique, urbaine, environnementale et économique qui les lient malgré l'existence d'une frontière nationale. Ainsi se positionne-t-elle comme un moyen de promouvoir le développement régional intégré entre des régions frontalières voisines56.

55 Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987

56 Diallo(S) : Dynamiques frontalières et développement local urbain dans le contexte de la décentralisation : le cas de la commune de Rosso Sénégal mémoire de DEA UGB 2004-2005.

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Il est à noter que la coopération transfrontalière ne peut être considérée comme une compétence transférée. Elle peut tout au plus être envisagée comme un moyen institutionnel mis en place pour permettre aux collectivités locales d'exercer la batterie de compétences qui leur est déjà dévolue dans le cadre de la coopération décentralisée. Elle est ainsi un outil pour atténuer « l'effet barrière » au niveau des frontières et amoindrir les risques de conflits entre pays limitrophes.

4.1.1 La coopération transfrontalière, un concept né en Europe :

La coopération transfrontalière, en tant que concept opératoire, est née en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale, lors de la reconstruction. Elle accompagne une volonté, des dirigeants du vieux continent, à créer, les conditions d'un développement qui s'appuie sur les complémentarités et les continuités, économiques, sociales, culturelles, écologiques, géographiques dans le cadre de politiques de coopération. Ces derniers sont perçus comme des moyens pertinents qui peuvent contribuer à effacer les « stigmates » que sont les frontières et de modeler les régions périphériques en des espaces catalyseurs des conditions « d'une paix et d'une prospérité durable en Europe ». La coopération transfrontalière qui peut se concevoir comme un moyen de mettre en marche un processus de concertation et d'échanges entre acteurs territoriaux a beaucoup évolué avec le processus de constructions de l'Union Européenne. Elle est donc « un concept qui s'enracine dans une histoire de construction européenne qui d'emblée vise le dépassement des souverainetés nationales57» au profit d'une « souveraineté partagée ». Celle-ci passe nécessairement d'abord par une mutualisation des compétences sectorielles et ensuite, par une définition de politiques et d'objectifs communs et une mise en oeuvre optimale de ceux-ci.

L'exemple européen montre que la Coopération transfrontalière a été, dans un premier temps, le fait des Etats à travers les instruments communautaires et dans un second, une affaire des collectivités locales et territoriales. Celles-ci à la faveur des politiques de décentralisation passent du statut d'objet à celui de sujet de la politique régionale dont elles ont désormais la charge de la définition et de la mise en oeuvre. Selon, DAHOU, « la coopération transfrontalière dans le contexte européen provient d'activités ponctuelles,

57 Karim DAHOU, 2004 : Coopération transfrontalière : vers un dialogue Euro-Africain, in la revue Chroniques transfrontalières. 57pages. www.afriquefrontieres.org

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d'initiatives de particuliers et de la création de réseaux.»58 Une caractéristique qui ne contraste guère avec ce qui se passe en Afrique de l'ouest avec laquelle elle partage plusieurs points similaires.

La coopération transfrontalière a pour objectif principal de promouvoir le développement économique et social transfrontalier par la promotion, la mise sur pied et l'encouragement de stratégies communes et de programmes de développement concertés entre acteurs et collectivités transfrontalières59. Cette collaboration entre voisins vise donc l'amélioration du libre accès aux services publics, le renforcement de la qualité des services fournis et l'intégration des ressources. Cependant l'approche transfrontalière de la coopération dans le cadre du développement ne vise pas à faire disparaitre la frontière mais à l'aborder comme une ressource et non comme un handicap. De ce fait grâce à cette coopération, le territoire transfrontalier devient un lieu positif, un support de projet associant des hommes, des savoir-faire, des dynamiques et des moyens. Néanmoins cette approche doit prendre compte de la diversité que recouvre la notion même de « frontière ».

4.1.2 La Coopération transfrontalière un instrument pour accompagner la nouvelle vision de l'intégration en Afrique :

La Coopération transfrontalière bénéficie d'un intérêt croisant des institutions sous régionales et des Etats en Afrique de l'Ouest. On peut y lire une certaine continuité des progrès importants qui sont réalisés dans le processus d'intégration des économies de la région. Ces avancées se matérialisent avec les échanges économiques au sein de la CEDEAO et l'UEMOA avec notamment l'instauration d'un tarif extérieur commun, la libéralisation du commerce, la promotion de la libre circulation des personnes et des biens, l'harmonisation des politiques publiques dans les domaines de l'éducation par exemples, l'harmonisation du droit des affaires, entre autres.

La coopération transfrontalière est une dimension, stratégique et opérationnelle de la nouvelle vision de l'intégration de la CEDEAO. En effet, en 2007, l'institution régional, à publié un document « Plan stratégique de la CEDEAO, Vision de la CEDEAO Horizon 2020 » inscrite dans le cadre de la mise en oeuvre et de l'atteinte des objectifs de

58 Karim DAHOU, 2004 : idem.

59 Diallo(s) Idem

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développement local et d'intégration régionale. Pour rappel, en 2004, en rapport avec ses partenaires stratégiques comme le Club du Sahel Afrique de l'Ouest (CSAO),Enda Prospectives Dialogues Politiques, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l' Ouest (CEDEAO) a conçu et mis en oeuvre le Programme d'Initiative Transfrontalières (PIT) adopté par la Conférence des Ministres des Affaires Etrangères des Etats membres avec la signature du mémorandum produit à cet effet, en janvier 2005, à Accra (Ghana). Beaucoup d'avancées ont été notées dans ce domaine avec un processus d'institutionnalisation en cours et une meilleure implication des Etats60.

Cependant, la Coopération transfrontalière reste affaiblie par l'inexistence d'un cadre Juridique achevé, harmonisé, uniforme qui peut l'organiser, l'encadrer, élargir la marge de manoeuvre des acteurs locaux et des collectivités territoriales/locales et faciliter la mobilisation des ressources pour les projets. Toutefois, depuis ces dernières années, des efforts conséquents ont été notés et , aujourd'hui la CEDEAO, a mis a décliné une feuille de route et un plan d'action sur la période 2010-2013, pour réaliser le « bond en avant » tant souhaité par l'ensemble des parties prenantes qui reconnaissent de plus en plus l'intérêt d'une politique de Coopération transfrontalière.

Cet intérêt de la Coopération transfrontalière commence à se faire sentir au niveau continental et dans d'autres organisations intergouvernementales de la sous région. L'Union africaine, a adopté le 25 mars 2010, une déclaration sur la mise en oeuvre du « Programme Frontière ». A travers cette déclaration, l'Union Africaine reconnait la portée politique de la Coopération transfrontalière et les opportunités qu'elle donne au programme frontière de contribuer au renforcement des conditions d'une paix et d'une sécurité durable dans les espaces frontaliers en Afrique61.

Quand à l' UEMOA, elle vient , de sortir d' une conférence sous régionale, le 18 juin 2010 qui a permis entre autre thématiques, d'examiner la question relative à la coopération inter - collectivité en Afrique de l'Ouest et la pertinence d'une approche transfrontalière au moment où la majeure partie des Etats membres sont entrain de mettre en oeuvre une politique de décentralisation. Les actes des cette conférence qui a réuni décideurs étatiques, responsables des collectivités et l'institution, ont approuvé la pertinence d'une approche transfrontalière

60 Commission de la CEDEAO, 2007 : Plan Stratégique, volume I, Vision 2020, 21p

61 Déclaration sur le programme frontière de l'union africaine et les modalités de poursuite et d'accélération de sa mise en oeuvre

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des questions de développement local, régional et de gouvernance territoriale et s'engage à mettre en place des mécanismes pour lui donner une ancrage institutionnelle.

4.2 Coopération transfrontalière axe de la coopération alternative, pour dynamiser les relations entre les deux communes :

4.2.1 La coopération transfrontalière une voie de plus en plus explorée en Afrique de l'ouest :

La maitrise de nombreux paramètres et flux économiques suppose une coopération avec les autorités compétentes de l'autre coté de la frontière. En effet comme dans toutes les régions transfrontalières ouest africaines, les discontinuités administratives qui traversent un espace fonctionnel font obstacle à une gestion efficace et coordonnée des problématiques économiques et sociales. Les difficultés peuvent être dues aux différences institutionnelles, réglementaires et politiques, mais aussi à la frontière qui s'avère plus tenace dans les mentalités que dans la vie quotidienne. Il s'agit donc d'inventer une nouvelle façon de penser la région transfrontalière pour le bien être des populations qui y vivent62.

Comme il apparaît dans la première partie du travail, les deux communes ont beaucoup de similitudes tant dans la composition ethno-linguistiques, dans les activités agro-économiques et dans la culture traditionnelle. Ceci trouve son fondement dans leur évolution. Et parler d'une histoire partagée ou unique n'est pas exagéré. Le Sénégal et la Mauritanie sont deux Etats souverains mais liés depuis leur accession à l'indépendance en 1960, par un partenariat fécond dans la cadre d'accord bilatéral mais aussi des rapports qui sont heurtés par moment (Crise de 1989, les problèmes des pêcheurs, la problématique des vallées fossiles, la question de la transhumance, mais aussi la problématique de la délimitation de la frontière actuelle contestée par certaines communautés sénégalaises, notamment dans cette région).

Du fait des relations de bon voisinage et de la diplomatie de proximité, le Sénégal et la Mauritanie disposent de plusieurs cadres de concertation. Ce partenariat a permis aux deux

62 Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987.

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Etats de mettre en place la grande commission mixte de coopération sénégalo-mauritanienne et de plusieurs accords bilatéraux (accord de pêche, accord de transhumance de bétail).

En outre la participation commune des Etas du Sénégal et de la Mauritanie à des organisations continentales et sous régionales (UA, OMVS, CILSS) favorise la coopération entre les différentes nations. L'OMVS, par exemple a impulsé une approche transfrontalière dans la lutte engagée contre les maladies hydriques pour maximiser les chances de réussite. Du fait de la dimension transfrontalière des deux endémies qui sévissent dans le bassin du fleuve Sénégal, à savoir la bilharziose et le paludisme, l'OMVS offre une plateforme unique pour mener une lutte contre ces maladies par une offensive commune coordonnée et synchronisée sur les deux rives du fleuve Sénégal63. Ainsi le dialogue politique institutionnalisé par cette organisation supranationale pourrait participer largement à la coopération transfrontalière entre ces trois pays.

4.2.2 Un cadre pour renforcer les initiatives locales de coopération :

Du fait des relations de bon voisinage, il existe entre les espaces frontaliers de Matam Réo et de Matam Sénégal une affinité historique et traditionnelle. Les deux villes sont physiquement proches ce qui facilite les communications et les transports. Il est aussi plus simple de travailler entre voisins car ceux-ci connaissent les difficultés économiques de chacun d'entre eux. Les autorités politiques et administratives de la wilaya de Gorgol et de la région de Matam sont familiarisées avec leurs situations réciproques, elles sont mêmes à mesure de choisir ceux des domaines qui se présentent tout particulièrement à une coopération entre leurs différentes régions et à une gestion dans ce cadre.

La géographie, l'histoire et les liens sociaux ont enraciné jusqu'à un certain point dans les deux pays, l'habitude d'une coopération transfrontalière ainsi la question qui se pose est de savoir non pas si les villes doivent coopérer dans le futur, mais comment et dans quelle mesure elles doivent le faire. A cet effet le développement des projets transfrontaliers constitue donc une réponse concrète aux besoins des habitants de ces régions frontalières, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les transports, la santé ou l'économie... Ces projets transfrontaliers deviendront ainsi progressivement des espaces de dialogue

63 http://www.omvs.org/fr/actualités/santé-pigre-omvs

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multiculturel entre acteurs socio-économiques et autorités locales, qui seront autant de creusets de citoyenneté africaine constituant des vecteurs puissants d'intégration.

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CONCLUSION GENERALE

La vallée du fleuve Sénégal, dans son ensemble se caractérise par une carence en infrastructures et services urbains de base. L'enclavement partiel et ponctuel ou total auquel sont soumises la majorité des communes de la région est une difficulté supplémentaire à laquelle les populations de cette zone sont confrontées.

La frontière sépare souvent deux entités avec des niveaux de développement économiques différents. Dès lors, certains acteurs économiques peuvent tirer profit de l'existence de ces contrastes. Ceci est sans doute un des facteurs du développement des villes voisines situées de part et d'autre du fleuve Sénégal. Le rôle fiscal de la frontière est lié aux possibilités d'échanges internationaux qu'elle offre en tant que point de rupture et ligne de discontinuité spatiale. C'est là que les importations et les exportations sont comptabilisées, que s'installe la douane et que les taxes sont perçues. C'est pourquoi les frontières ont un rôle majeur dans la détermination des politiques économiques des Etats. De ce fait la plupart des échanges entre Etats sont régis par des conventions tarifaires douanières64.

Le fleuve Sénégal constitue un système complexe de ressource à partir duquel les populations voisines communiquent par des flux de diverses natures. En effet, la différence notée dans les législations du Sénégal et de la Mauritanie dans les domaines économiques et la différence de monnaie font des villes de Matam Réo et de Matam Sénégal, une frontière de zone monétaire. Ces différences rendent possible et entretiennent des économies locales complémentaires de part et d'autre du fleuve.

Les frontières étatiques perçues souvent comme des barrières infranchissables n'ont pas pour autant inscrit les populations dans des territoires fermés. Ces limites matérialisant la souveraineté des Etats actuels institutionnalisées pour la plupart lors de la conférence de Berlin, sont minutieusement révisées et corrigées tout au long de la période coloniale. Aujourd'hui, ces frontières sont reconnues, voire renforcées par les Etats devenus indépendants dans la charte fondatrice de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA)65 .

64 Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de 3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005.

65 Unesco 2005, Des frontières en Afrique du XII au XXe siecle.

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Le renforcement de ces lignes de démarcation par le biais d'une réglementation (qui produit des modes d'exclusion et d'inclusion), a toujours été défié par les populations. Les candidats à l'émigration soumis à des contrôles et contraintes se jouent des frontières. De nouvelles pratiques émergent comme le commerce transfrontalier ou les flux des personnes. La circulation migratoire induite par ces mobilités, participe à la construction d'un espace transnational, espace qui est autant de carrefour, de ponts jetés entre les territoires étatiques66. On se trouve alors face à deux visions apparemment contradictoires. D'une part, il y'a le pouvoir d'Etat, pour lequel la frontière est une limite à contrôler et à protéger, d'autre part les communautés locales considèrent la frontière comme un espace utile qui les fait vivre par son existence même. En effet,» le déploiement des réseaux commerciaux « informels » est l'expression d'une négation ou d'une contestation des cadres spatiaux hérités. (...) la recrudescence de va et vient plus ou moins contrôlés aux frontières, ne peut satisfaire un Etat-nation moderne qui prétend à l'encadrement et au contrôle de son espace» (BENNAFLA, 1999).

L'espace frontalier entre le Sénégal et la Mauritanie que la frontière a tenté de diviser par la création de deux entités politiques à part entière, est assez homogène. Des relations basées sur les liens sociaux et sur la religion se sont établies. Les discontinuités créées par la frontière sénégalo-mauritanienne offrent des avantages comparatifs qu'utilisent les agents économiques dans leurs choix de localisation. Ainsi s'est développé un commerce transfrontalier actif et entretenu par la population. A travers leurs groupes de parenté, leurs obédiences religieuses et leurs appartenances ethniques ; les acteurs sociaux ont inscrit un cadre relationnel dépassant les territoires étatiques. Sous un autre registre les autorités administratives frontalières usent de leurs compétences pour préserver le rapport de bon voisinage afin d'instaurer une cohésion sociale entre les différentes entités.

L'économie urbaine de Matam Réo est essentiellement orientée sur les relations économiques entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans la ville sénégalaise le développement d'une économie souterraine ou parallèle apparait comme un `' système compensatoire» au manque d'emploi et au déficit de ravitaillement auxquels est confrontée la commune.

66 Seck , 2003 Idem

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Pour ces villes séparées par le fleuve, celui-ci a toujours constitué un lien autant qu'une barrière, et l'enjeu est désormais d'assurer entre eux une continuité territoriale ouest africaine qui dépasse la seule perspective nationale, et ce, à l'initiative des collectivités locales qui sont les moteurs de cette coopération. La mise en place et le développement des projets transfrontaliers pourraient constituer donc une réponse concrète aux besoins des habitants de cette région frontalière, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les transports, la santé, l'éducation ou l'économie...

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BIBLIOGRAPHIE

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BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages généraux et rapports :

1. Alvergne (C), 2002 : Espace transfrontaliers et intégrations sous régionale en Afrique, 15p.

2. Alvergne (C), 2002 : Pour une renaissance des politiques d'aménagement du territoire Afrique de l'Ouest, revue territoire 2020,13p.

3. ANSD, 2009 : Annuaire des statistiques du commerce extérieur du Sénégal.

4. Atlas de Mauritanie. Ledra Rouen, Lerg Nouakchott, JC Arnaud.1989. Planches 4.

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6. Barry (B).1988 : la Sénégambie du 15e au 19e siècle : traite négrière, islam et conquête coloniale, édition harmattan.

7. Di Méo(G),1996 . Le territoire du quotidien, p.40

8. Dubois (C), Michel (M) et Soumille (P) ,1998 : Frontières plurielles, frontières conflictuelles en Afrique subsaharienne, édition Harmattan 460 pages.

9. Enda Diapol, 2007 : Les dynamiques transfrontalières en Afrique de l'Ouest, Karthala, 219pages.

10. Fall(P.D) : Etat-nation et migrations en Afrique de l'Ouest : le défi de la mondialisation, UNESCO 2004.

11. George(P) et Verger (F),2002: Dictionnaire de la géographie 6e édition Sirey.

12. Heurtier Pierre Yves 2008 : Rapport d'enquête migration et développement état des lieux de l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le développement.

13. Karim DAHOU, 2004 : Coopération transfrontalière : vers un dialogue Euro-Africain, in la revue Chroniques transfrontalières. 57pages. www.afriquefrontieres.org

14. Lacoste (Y), 2008 : Géopolitique, la longue histoire d'aujourd'hui, Larousse 335p

15. Lereshe(J.P) et Saez (G) : Identités territoriales et régimes politiques de la frontière, Pole Sud N° 7 Novembre, p 27à 47.

16. MACE G. « Guide d'élaboration d'un projet de recherche », De Boeck Université, 117 p.

17. Madiodio Niasse, « Prévenir les conflits et promouvoir la coopération dans la gestion des fleuves transfrontaliers en Afrique de l'Ouest », Vertigo - la revue électronique en

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sciences de l'environnement, Volume 5 Numéro 1 | mai 2004, [En ligne], mis en ligne le 01 mai 2004. URL : http://vertigo.revues.org

18. Nicolas (L.M) : L'étude des frontières : un état des lieux à travers la production doctorale française. Annuaire Géo., n°635, 2004, pages 74-86, Armand Collin.

19. OMVS : étude socio-économique du fleuve Sénégal, le milieu urbain et les relations villes campagnes

20. Profil environnemental de la ville de Matam, Mars 2007.

21. Sall (E), 1992 ; Sénégambie, territoire, frontières espaces et réseaux sociaux, CEQN-Travaux et document n° 36 pp1-28.

22. Santoir (C), Le conflit mauritano- sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la haute vallée du Sénégal, centre OSTROM : cahier sciences humaines 26 Avril 1990.

23. Schmitz (J) ; 1990 : Le fleuve Sénégal : ligne de front ou voie de passage. Afrique contemporaine n° 154 ;2/90.

24. Simmel (G), 1999 ; Sociologie, Etudes sur les formes de socialisation, paris, PUF.

25. Sindjou(L) : Les relations internationales africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux. CODESRIA, document de travail N°1,2002

26. Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987.

27. YAPI-D-A. (2003) : « la recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville. Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences humaines ». EDUCI, Collection Recherche et Méthodologique, 123 p

28. ZIDOUEMBA D. H., « Les frontières du Sénégal. Sources archivistiques et bibliographiques » (: 215-250), in : M.-C. Diop, Le Sénégal et ses voisins. Dakar : Sociétés-Espaces-Temps, 1994.

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Mémoires et thèses :

1. Diallo(S) : Dynamiques frontalières et développement local urbain dans le contexte de la décentralisation : le cas de la commune de Rosso Sénégal mémoire de DEA UGB 2004-2005.

2. Diouf (G.S), ENAM 1989 : les implications économiques, sociales et administratives de la situation frontalière d'un département sénégalais : le cas de Nioro du Rip.

3. Guillot(F) : Les frontières chaudes : essai typologie sur les relations inter frontalières, mémoire de DEA ; Université de Caen 2000.

4. Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région, thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar, 363pages.

5. Mouhamadou Abdoul : Impact de la colonisation sur la moyenne vallée du fleuve Sénégal (1920-1960) : Essai d'histoire régionale, thèse de doctorat du 3e cycle UCAD 1993-1994.

6. Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de 3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005.

7. Sy (S.H), 2002, mémoire de maitrise ; Les relations entre le Sénégal et la Mauritanie à travers le poste frontalier de Rosso Sénégal de 1960à 2002.

8. Tamboura(H.D) : Extensions spatiales et enjeux fonciers dans la ville de Matam ; mémoire de maitrise UGB 2007.

Wébographie:

www.espaces-transfrontaliers.org

wwww.sip.sn/matam monographie de la ville de matam et de ourossogui www.iagu.org: profil environnemental de la ville de matam

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SOUCRCES ARCHIVISTIQUES (ARCHIVES NATIONALES DU SENEGAL) :

18G 151 versement 108 : L'état des textes administratifs fixant les limites territoriales du Sénégal (1895-1935).

18G 146 versement 108 : la liste des arrêtés généraux et locaux modifiant l'organisation administrative des différentes colonies de la fédération de l'AOF.

18G 146versement 108 : La liste des superficies et populations des territoires de l'AOF (1933-1935).

18G 151 versement 108 : Reformes administratives et réorganisation territoriales (19321940).

18G 53 versement 17 : Délimitation de frontières : limite entre Sénégal et la Mauritanie (1932-1934) cartes des cercles de Dagana et de Guidimakha au 1 :125000e et croquis 1933.

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GLOSSAIRES :

Beïdane : arabo-berbère de la Mauritanie caractérisé par la couleur blanche de la peau ;

Dandé Mayo : bande de terre située prés du fleuve ;

Diéri : partie de la vallée non inondable par les crues du fleuve ;

Falo (palé au pluriel) : sols alluvionnaires situés sur les pentes d'écoulement des berges du

fleuve et servant des lieux de cultures des céréales, de tubercules et de féculents ;

Harantin : mauritanien descendant d'esclave ou de captif ;

Kollongal : cuvette de décantation servant de lieu de culture ;

Louma : marché hebdomadaire

Naygal : vaine pâture ;

Oualo : plaine alluviale ;

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ANNEXES

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ANNEXE 1 : Guide d'entretien pour le voyageur

Date

Sexe H . F

Quelle est votre nationalité ?

Mauritanienne, Sénégalaise, Autres

Quelle profession exercez-vous ?

Agriculteur, Commerçant, Ouvrier, Cordonnier, Bijoutier, Autres

Quelle est votre lieu de résidence ?

Sénégal, Mauritanie, Autres

Quelle est votre destination ?

Quelle est la durée de votre séjour au Sénégal ? Heure, Jour, Semaine, Mois, An

Pourquoi voyagez-vous ? Raisons? Si c'est économique

Est-ce pour vendre ? , pour acheter ?

Familiale, Sociale, Culturelle, Religieuse, Sportive, Ludique,

Autres

Avez-vous des activités ou des biens ? Au Sénégal : Oui, Non

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En Mauritanie : Oui, Non

En jouissez-vous librement ? OUI, Non Sinon pourquoi ?

Par quel moyen de transport voyagez-vous ? Pirogue à pagaie, Pirogue motorisée

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ANNEXE : Questionnaire adressé au Bureau de Douane

1) Nombre d'agents ?

2) Combien de véhicules disposez-vous ?

3) Disposez-vous d'un moyen de transport fluvial ? Combien ?

4) Quelle est la nature des marchandises saisies ?

5) Quelle est la quantité des marchandises saisies ?

.....

6) Subtilités des contrebandiers pour camoufler les marchandises frauduleuses ?

.....

7) Quels sont les moyens utilisés pour : V' Déjouer votre surveillance ? V' S'opposer à votre poursuite ? V' Se défendre contre vous ?

8) Y a-t-il eu mort(s) d'homme(s) ? V' Quand

V' Combien

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9) Comment la fraude se fait-elle ?

y' De manière personnelle ?

y' De groupes d'individus ?

y' De mouvements associatifs ?

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ANNEXE 3 : Questionnaire adressé aux commerçants

1. Où vous fournissez-vous en marchandises ? Si c'est en Mauritanie

a) Payez-vous des taxes à l'importation ?

b) Passez-vous par le poste de douane ?

c) Avez-vous des relations autres que professionnelles avec les agents de la douane ?

d) Avec quelle monnaie achetez-vous vos marchandises ?

e) Quels produits vendez-vous ?

f) Vos prix sont-ils ceux pratiqués à Matam Réo ?

g) Que faites-vous de vos bénéfices au Sénégal ? V' Réinvestissez-vous dans le commerce ?

V' Réinvestissez-vous dans un autre secteur ? lequel ?

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V' Combien en épargnez-vous ?

h) Avez-vous été verbalisé par les services de la douane, de la police des frontières, des contrôleurs économiques ?

V' Si oui combien de fois ?

V' Pourquoi ?

i) Quel est le montant de vos transactions Avez-vous tout payé ou une partie ?

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Annexe 4: Questionnaire adressé aux acheteurs

y' De quelle localité venez-vous ?

y' Les produits achetés sont-ils destinés à la consommation ou à la revente ?

y' Généralement où les revendez-vous ?

y' Quelles sont les quantités achetées ?

...

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ANNEXE 5 : Questionnaire aux autorités administratives :

1. Depuis quand occupez vous cette fonction ?

2. D'une manière générale quel type de relation entretiennent les circonscriptions administratives de Matam Réo et de Matam Sénégal ?

3. Y'a t-il des différends opposant les populations frontalières ?

4. Quels les litiges les plus récurrents opposant ces populations frontalière ?

6. Comment réglez-vous les problèmes entre les populations frontalières ?

7. Ya t-il coordination des activités entre les services administratifs frontaliers ?

8. Comment la coordination des activités se fait- elle ?

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LISTES DES TABLEAUX, GRAPHIQUES, CARTES ET
PHOTOGRAPHIES :

LISTE DES TABLEAUX :

Tableau n°1 : Evolution de la population de la commune entre 1976 et 2002 page 31

Tableau n° 2 : Répartition de la population par quartier page31.

Tableau n°3 Répartition des pêcheurs et des engins de pêches page 36

Tableau n°4 : Répartition des actifs du secteur artisanal page 37

Tableau n°5 : Occupation du sol par les infrastructures page 39

Tableau n°6 : Répartition par types de branchements et par quartier page 44.

Tableau n°7: Principales caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte par

quartier page 45.

Tableau n°8 : comparaison des prix de certains produits entre les deux villes page 77

Tableau n°9 : Les produits sénégalais s'exportant à Matam Réo page 79

Tableau n°10 : principaux produits importés de Matam Réo page 80

LISTE DES GRAPHIQUES :

Graphique 1 : histogramme de l'évolution de la population de Matam Sénégal page32

Graphique2 : Répartition de la population de Matam Sénégal selon les groupes

ethniques page 34

Graphioque3 : répartition des commerçants de Matam Sénégal page 37

Graphique 4: Répartition des abonnés au réseau de la Senelec page 43.

Liste des cartes :

Carte n°1 : situation de la ville de Matam Sénégal page 26
Carte n°2 : Croquis Géomorphologiques du Tissu urbain de Matam
page 28

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Liste des figures :

Figure n°1 : Températures moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2005 page 29

Figure n°2 : Précipitations moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2002 page 30

Liste des photographies :

Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée page 82 Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie page 83

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TABLE DES MATIERES :

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION 4

AVANT PROPOS 5

DEMARCHE METHODOLOGIQUE 7

DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS 9

PROBLEMATIQUE 13

INTRODUCTION GENERALE 16

PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE DEVENUES DES VILLES

FONTALIERES 19

CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE IDENTIQUES 20

I. A la genèse des « Matams » 20

II. Evolution des administrations locales déconcentrées 22

CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE SENEGAL 24

I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes de deux pays, un seul cadre géographique 24

1.1. Situation géographique et spécificité des sites 24

1.2. Caractéristiques climatiques 28

1.3. Population et peuplement 31

1.4. Les activités économiques 35

II Infrastructures et services urbains de base 38

2.1. Etat des infrastructures dans les deux localités 38

2.2. Les services urbains 41

2.3. La voirie 45

CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE 48

I. Les freins à l'intégration : 48

II. Les ressorts de l'intégration des deux pays 51
DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET TYPOLOGIE DES

RELATIONS 55

CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES POPULATIONS 56

I Les rapports des populations à la frontière 56

1.1 Le fleuve un obstacle géographique plus qu'une frontière administrative ? 56

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1.2 Le fleuve une ressources dont il faut tirer des profits 57

II Et les Etats dans tout cela ? 58

2.1 La Police des frontières et la gendarmerie pour la sûreté et la sécurité. 59

2.2 La Douane pour le prélèvement des rentes : 60

CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES DEUX VILLES 62

I. Des relations assises sur un socle historique fort et raffermies par la proximité géographique 62

1.1. Le ciment de l'histoire : 62

1.2. Le « diktat » de la géographie 63

II. Des relations entretenues et consolidées par les deux jeunes Etats 64

2.1 Une coopération bilatérale dynamique : 64

2.2 Une concertation permanente sur les questions économiques et sécuritaires 64

CHAPITRE III : TYPES ET NATURES DES RELATIONS ENTRE LES DEUX CITES

FRONTALIERES 66

I. Les relations de types administratives 66

1.1 Les rapports administratifs : 66

1.1.1 Visites et rencontres d'échange entres autorités administratives déconcentrées : 66

1.1.2. Le règlement des problèmes entre populations frontalières : 68

1.2 La coordination entre les services techniques et administratifs 71

1.2.1. La concertation entre les services techniques d'agriculture et d'élevage 71

1.2.2 La coordination des actions dans le secteur de la santé et de la Sécurité 72

II. Les relations commerciales 73

2.1 Le commerce légal ou formel 74

2.2 Le commerce non formel ou illégal 75

III. les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et ludiques 81

IV. La cooperation un nouveau champ d'exploration pour les relations senegalo

mauritaniennes : 85

4.1 Qu'est ce que la coopération transfrontalière? 85

4.1.1 La coopération transfrontalière, un concept né en Europe : 86

4.1.2 La Coopération transfrontalière un instrument pour accompagner la nouvelle vision de

l'intégration en Afrique de l'Ouest 87

4.2 Coopération transfrontalière axe de la coopération alternative, pour dynamiser les relations

entre les deux communes 89

4.2.1 La coopération transfrontalière une voie de plus en plus explorée en Afrique de l'ouest 89

4.2.2 Un cadre pour renforcer les initiatives locales de coopération 90

CONCLUSION GENERALE 92

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BIBLIOGRAPHIE 94

GLOSSAIRE 99

ANNEXES 102

Listes des tableaux, graphiques, cartes et photographie 110

TABLE DES MATIERES 112






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe