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L'impact de l'état du lieu théàątral sur la pratique et la consommation du théàątre au Cameroun: le cas de Yaoundé

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par Cyril Juvenil ASSOMO
Université de Yaoundé 1  - Master 2014
  

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II.2.3. Le lieu théâtral Elisabéthain

Le théâtre élisabéthain89(*) marque une autre étape importante dans l'évolution du lieu théâtral occidental. Suivant l'exemple des corrals en Espagne qui sont ces théâtres tirant profit des façades des grandes concessions pour en faire des lieux théâtraux, les spectacles élisabéthains ont tout d'abord lieu dans les cours des auberges. Ici, une partie du public se tient debout devant une scène construite en planches sur la cour. Tout autour de la scène et sur les vérandas de l'auberge, l'autre partie du public observe le spectacle. Par la suite, grâce à la professionnalisation de l'art dramatique encouragé par Elisabeth I, les premiers théâtres permanents sont construits90(*) sur le modèle des précédents.

Le théâtre élisabéthain91(*) devient donc un ensemble de galeries surélevées, de forme polygonale ou ronde, qui entourent sur ses trois faces, une scène située dans la cour. Ces galeries servent à accueillir l'auditoire qui est soit assis sur les bancs, soit tout simplement debout. La scène située tout au bas de la galerie possède un mur de scène (une partie de la galerie), qui donne accès à un local qui permet aux acteurs de changer de costumes sans être vus du public. De même, il existe dans ce théâtre, des extensions souterraines qui servent à accueillir les musiciens et des spectateurs pour des activités diverses. Devant la scène, et comme au Moyen-âge, de nombreux spectateurs regardent le spectacle debout92(*). Il est à signaler qu'avec le théâtre élisabéthain, l'activité théâtrale devient entièrement professionnelle et mercantile. Conséquemment, l'accès aux théâtres qui pouvaient contenir jusqu'à deux milles spectateurs devient entièrement payant.

La période élisabéthaine voit sa fin avec l'interdiction du théâtre et la fermeture des salles par le Roi Cromwell. Toutefois, l'architecture théâtrale connaîtra l'un de ses modèles les plus prestigieux à la renaissance, ceci avec le développement du lieu théâtral dit à l'italienne.

II.2.4. Le lieu théâtral à l'italienne

De toute l'histoire de l'évolution du lieu théâtral occidental, la salle à l'italienne93(*) est celle qui connaît un succès et un écho plus retentissants. Développée en Italie à partir du XVIe siècle94(*), grâce à la redécouverte, à l'admiration et la réappropriation des techniques des architectes de la Rome antique, et aux progrès récents effectués en peinture notamment dans le domaine de la perspective, le théâtre à l'italienne connaîtra son époque de gloire jusqu'à la fin du XIXe siècle avant l'émergence des idées symbolistes dans le théâtre.

Sur un plan externe, le théâtre à l'italienne revêt le plus souvent l'aspect d'un joyau architectural, d'une bâtisse pittoresque95(*) et entièrement close. Mais qu'à cela ne tienne, ses caractéristiques fondamentales, critères de sa différenciation d'avec ses précurseurs, sont à retrouver à l'intérieur de l'édifice à travers l'organisation de l'espace théâtral et de ses annexes96(*).

Tout d'abord, la scène d'un théâtre à l'italienne, présente toujours la forme d'une boîte (cage de scène) ouverte sur le côté avant (côté public). Cette face avant est délimitée de la salle par une barre appelée cadre de scène. La cage de scène est structurée en trois grandes parties : du haut jusqu'au dessus on retrouve ainsi les cintres, le plateau et les dessous. De même, les côtés situés à gauche et à droite de la cage de scène sont respectivement nommés côté cour et côté jardin97(*). Sur le plateau qui sert d'espace de jeu pour les comédiens, la scène à l'italienne est s'illustre de par l'illusion du vrai qu'elle parvient à obtenir auprès du spectateur. Celle-ci d'après Ubersfeld se doit de toujours reproduire exactement un lieu réel, connu du spectateur98(*). Afin d'atteindre ce dessein, la scène à l'italienne use donc des décors peints suivant les règles de la perspective, et d'autres décors construits et effets spéciaux qui apparaissent sur scène grâce à une impressionnante machinerie située aux cintres et dans les dessous, et qui est totalement invisible du public afin de conserver ce caractère illusionniste.

Au niveau de l'espace de l'auditoire qui constitue la seconde partie de l'espace théâtral, il faut le rappeler que grâce à sa scène focalisante de type « à reculement »99(*), permettant ainsi une distinction nette entre espace de regard et espace de jeu, le théâtre à l'italienne trouve l'une de ses principales caractéristiques qui la définissent. En effet, les spectateurs assis soit sur le parterre, soit sur les différents balcons, suivant leurs statuts sociaux, regardent l'action qui se déroule dans ce lieu censé être réel. Ils ne peuvent donc briser cette barrière virtuelle séparante100(*), et se doivent de rester « sagement » cloîtrés dans leurs différents sièges.

Entre sa forme et la sophistication de sa scène, la séparation voire la ségrégation de son public, et si l'on exclut son caractère d'inadaptation à des pratiques dramatiques innovantes, le théâtre à l'italienne représente à son apogée le stade le plus abouti de l'évolution du lieu théâtral. Les foyers, les coulisses, les ateliers et les dépôts de costumes et d'accessoires présents dans les grandes salles de théâtre confèrent à l'acte théâtral, la stature d'un véritable fait social où le public vient se divertir, entretenir des relations réciproques, et étaler sa luxure. C'est d'ailleurs là bien des aspects de la salle à l'italienne qui ne seront pas toujours acceptés et qui conduiront à une véritable révolution du lieu théâtral.

* 89 Terme qui sert à désigner le théâtre anglais couvrant la période allant de 1572 à 1642 ; c'est-à-dire sous les règnes d'Elisabeth I (1558-1603), de Jacques I (1603-1625) et de Charles I (1625-1649).

* 90 James Burbage semble avoir construit en 1576 le premier théâtre permanent de Londres, dénommé « Theatre » (selon Ian MACKINTOSH). Cependant Martin WHITE affirme dans The Cambridge Histoiry of British Theatre, que ce fut le «  Red Lion » construit en 1567 par John Brayne.

* 91 Le Red Lion, le Swan, le Theatre, le Curtain, le Rose et le Globe peuvent entres autres être cités.

Voir par ailleurs un schéma du Globe à l'annexe V, photo 6, p.164.

* 92 Martin WHITE, « London professional playhouses and performances », in Jane MILING et Peter THOMSON (Ed). The Cambridge History of British Theatre Volume I Origins to 1660. Cambridge University Press, 2004, p.299-300.

* 93 Voir des photographies y relatives à la page 165.

* 94 En 1580, l'académie olympique de Vicence commande à Andrea Palladio la construction d'un théâtre permanent. Il s'agit du Teatro Olimpico.

* 95 Bien qu'on puisse aussi rencontrer de petites salle construites à l'italienne.

* 96 Il ne s'agit dans les lignes qui suivent que d'une esquisse, déduite de l'ouvrage Technique du théâtre de Pierre LARTHOMAS

* 97 Et inversement si l'on se trouve dans l'auditorium.

* 98 UBERSFELD, Lire le théâtre II, p.57.

* 99 Expression tirée de la typologie des scènes selon le Dictionnaire encyclopédique du théâtre.

* 100 Le quatrième mur selon les propos de Diderot.

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