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L'epanouissement de l'enseignant et son engagement au travail: cas des enseignants de quelques etablissements de yaounde

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par Aline Florence NJI MFOUT
Université de Yaoundé I - Master en psychologie sociale 2010
  

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2.3.3 Les difficultés de la profession enseignante

2.3.3.1 Du « malaise » enseignant aux enseignants en difficulté

Les recherches menées par HELOU et LANTHEAUME sur la souffrance au travail des enseignants ont révélé la difficulté de parler de la souffrance au travail par les enseignants eux-mêmes et par des chercheurs. Selon ces auteurs, ces difficultés seraient liées à un doute sur les finalités et sur les perspectives du travail enseignant. Lors d'une entrevue réalisée par une presse camerounaise, SIMO professeur des lycées d'enseignement technique (PLET), a estimé que : le reproche que nous faisions aux enseignants au sujet de leur responsabilité sur les échecs scolaires était excessif. Après lui, MOUKAMGAING un enseignant tente aujourd'hui de dédouaner les chevaliers de la craie. Pour ce dernier, les enseignants camerounais ne sont pas exempts de reproches mais les conditions dans lesquelles ils travaillent sont absolument défavorables au succès. Tous les ans, à l'approche de la rentrée scolaire, c'est le branle-bas dans la quasi totalité des familles camerounaises. Chaque parent veut s'assurer que ses enfants iront à l'école, le ministère en charge de l'Education nationale multiplie les réunions et prend les dispositions nécessaires pour que la rentrée soit effective.

Au regard de tous ces événements récurrents, on peut affirmer que l'Etat et les parents accordent une place de choix à l'éducation de la jeunesse et par conséquent à l'école. Or, malgré cette débauche d'énergie nationale, l'échec aux examens conclut le plus souvent l'année scolaire. A cet effet, l'opinion désigne l'enseignant comme principal responsable. On peut donc à juste titre se demander s'il est aisé d'être enseignant au Cameroun. La question mérite d'être posée compte tenu des enjeux et du poids des responsabilités devant l'histoire. Les discours sur les fins de l'éducation admettent qu'elle a pour but de transmettre un savoir, qu'elle vise à favoriser le développement harmonieux, l'épanouissement de toute la personnalité, qu'elle se propose de conduire l'apprenant vers l'autonomie, l'insertion sociale pour une bonne adaptation au milieu de vie. La célèbre formule de DURKHEIM (1966) ne dit pas autre chose en ces discours: «l'homme que l'éducation veut réaliser en nous, ce n'est pas l'homme tel que la nature l'a fait, mais tel que la société veut qu'il soit». On peut comprendre alors pourquoi face à l'échec scolaire, la tendance est de désigner l'enseignant comme principal responsable. Il est néanmoins important de rappeler ici la responsabilité première de l'enseignant pour éclairer la lanterne de l'opinion. L'enseignant a pour responsabilité de conduire le sujet (l'élève) hors de son état actuel; l'action sans cesse orientée vers l'adaptation de l'être à son milieu par l'enrichissement rationnel et le développement fonctionnel. Cela exige de lui des qualités intellectuelles, morales et professionnelles. Il doit en effet posséder à fond les matières à dispenser, connaître la pédagogie et être capable de communiquer; les qualités morales et la conscience professionnelle ne doivent pas lui faire défaut. Sur le plan des tâches, il a un certain nombre d'heures de travail et non un nombre d'heures au travail. Il a en plus de l'obligation de présence pour dispenser les cours, l'obligation d'évaluer et de produire certains documents. Toutefois, ce travail demande à être fait dans certaines conditions sans lesquelles l'échec est prévisible; ces conditions peuvent se résumer pour l'essentiel en six points : - un cadre infrastructurel approprié, - des effectifs acceptables, - un minimum de matériel didactique, - des élèves outillés, - une organisation où l'enseignant est considéré et traité comme le maillon essentiel, - un programme adapté aux besoins de la cause. Or la réalité montre qu'il y a manque d'enseignants, insuffisance des salles de classe, matériel didactique insuffisant et obsolète dans la plupart des cas. Les situations entraînant des classes pléthoriques, accroissant l'indiscipline des élèves. Les enseignants sont de ce fait plus théoriques que pratiques. Par ailleurs, la pauvreté des parents d'élèves fait du livre un luxe inaccessible aux trois quarts de la population scolaire. Sur le plan du personnel enseignant, c'est la catastrophe, méprisé il est considéré comme un simple exécutant des décisions administrative. Par rapport à l'administration et aux parents d'élèves (APE), c'est un «homme de troupe». Certains parents, incapables d'assumer leurs responsabilités, sont impliqués dans la gestion des établissements scolaires. Même dévoué, l'enseignant ne reçoit ni de l'administration, ni des parents, la reconnaissance et le respect dus à sa tâche. On se contente de le brimer et de dire qu'il fait un sacerdoce. Pire, exerçant dans des conditions inadmissibles et déplorables, il reçoit un salaire ridicule comparé aux salaires catégoriels des autres fonctionnaires de niveau équivalent (confère la valeur du point d'indice, indemnité et prime). Mis en mission pour les examens officiels, il reçoit un forfait inférieur à ce qui est prévu par les textes. Seuls les plus chanceux perçoivent l'intégralité de leurs frais de participation aux examens. Alors que les textes particuliers des autres corps de métier sont signés et mis en application avec diligence, les enseignants doivent faire la grève pendant plus d'une décennie pour s'entendre dire qu'il faut patienter. Que faire de ceux qui entre-temps vont à la retraite?

L'enseignant se sent mal dans sa peau dans ces conditions. Il est quasiment impossible pour lui de demeurer motivé car en dépit de la conscience professionnelle et du patriotisme cher à ceux qui «mangent», un problème de survie et de responsabilité familiale se pose à l'enseignant qui est aussi un parent. Cette démotivation pousse certains enseignants au découragement et à embrasser d'autres professions. Une autre catégorie fait la politique de la présence au poste. Si le ministère de l'Education nationale a l'un des budgets les plus importants, les enseignants ont les salaires les plus bas de la République. Mais, loin de nous, l'intention de disculper totalement les enseignants, il y a des choses à leur reprocher, notamment à ceux qui font semblant de travailler. Il faut d'abord «enlever la paille dans nos yeux pour voir ce qu'il y a sur leurs dos» et comme l'affirme GABAUDE cité par TSAFAK (ibid) : « la pédagogie évolue avec l'économique et le politique, avec les sciences dont elle dépend, avec les techniques, avec la société qui la sécrète et qu'elle contribue à former en interaction réciproque. Il n'y a pas plus d'éducation naturelle que de droit naturel au sens strict du terme ». Les principes de base de la nouvelle politique éducative énoncée lors des états généraux de l'éducation de mai 1995 affirment l'éducation comme «priorité des priorités dans l'action de l'Etat et de la nation dans toutes ses composantes». L'autre principe énoncé à ces états généraux est l'amélioration et la condition de l'enseignant. Où en sommes-nous dix ans après ces discours? Il n'est pas du tout aisé d'être enseignant au Cameroun. Parents et administration qui sont des acteurs à part entière de l'action éducative se contentent d'une mise en scène médiatisée à la rentrée scolaire. En réalité, ils abandonnent les élèves démunis à des enseignants démunis dans une école démunie. Puis n'apparaissent qu'en fin d'année pour s'activer pour des examens officiels; le premier pour acheter «l'eau propre» le second pour limiter les dégâts. Des efforts sont certes faits par l'Etat, mais ils demeurent très insignifiants face à l'ampleur de la tâche. Peut-être que la création du tout nouveau ministère de l'Enseignement technique et professionnel répond à cet autre principe énoncé par les états généraux de 1995 à savoir : « la promotion de l'enseignement technique et professionnel comme facteur de développement... ». Ce qu'il ne faut pas oublier dans cette démarche, c'est que l'enseignant est à l'Education nationale la ressource sans laquelle tout investissement, toute politique seraient non productifs. Pour atteindre la meilleure productivité, l'investissement en vue de l'éducation doit passer par l'investissement en ressources humaines. Alors l'enseignant doit être au centre de la politique éducative. Ce n'est pas encore le cas. C'est là une autre explication à l'échec massif aux examens officiels.

Généralement c'est sous prétexte de la maladie que les enseignants s'autorisent à parler de leurs difficultés. Ils passent par exemple par les maux de dos, maux de tête, insomnie pour évoquer leur souffrance au travail. Ils emploient aussi des métaphores qui sont une façon de dire l'indicible tout en ne le décrivant pas directement. Ce sont par exemple les termes métaphoriques comme « l'enfer », du « bazar », de la « galère »... etc., qui soulignent la dureté de l'expérience professionnelle parfois suscitée par l'institution elle-même. Ces difficultés difficiles à exprimer par les enseignants eux-mêmes sont le plus évoquées par les témoins. Ces difficultés à « parler » son liées au fait que les enseignants apparaîtraient inefficaces et défaillants or la société promeut plutôt les performances. Plusieurs études ont relevé que la plainte est le premier objet rencontré lors des enquêtes sur les difficultés au travail des enseignants : une masse des données nourries de la plainte enseignante dont les objets sont multiples. Cette plainte constitue un discours socialisateur permettant de mettre en scène le travail enseignant, sa pénibilité. Quand le débat sur le travail semble impossible et que les issues restent imperceptibles, la lamentation devient le mode d'expression essentiel. La plainte révèle cette situation chez les enseignants. Une tension existe de nature dans la profession enseignante autour de l'enrôlement et l'intéressement des élèves, d'une part, de l'identification du bon travail, d'autres parts. Elle s'avère centrale dans les difficultés professionnelles des enseignants.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway