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Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale

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par Eric Bertrand BELINGA
Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013
  

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1. Le mouvement de la main d'oeuvre

L'économie des zones frontières peut provoquer des zones de quasi-rente, positive ou négative, pour les deux côtés de la frontière ; rente dont l'effet d'ensemble, et ceci est important, ne correspond pas nécessairement à une somme nulle. Les travailleurs frontaliers connaissent bien ce type de situation qui leur permet de jouer de façon optimale sur les différences de salaire, les régimes fiscaux ou la qualité de la couverture sociale. Les phénomènes de rente peuvent constituer pour les salariés, comme pour les entreprises, un avantage comparatif qui compense tout ou partie des inconvénients des effets-barrière. Avec les progrès de la construction de l'intégration sous-régionale c'est un troisième aspect qui est appelé à devenir prédominant, celui de la frontière ouverte où domine la fonction de contact et non celle de séparation entre deux ou plusieurs systèmes politico-institutionnels ou sous-systèmes socioéconomiques. Dans ce contexte, le développement économique des zones de frontière ne sera plus déterminé par le différentiel politico-institutionnel et donc par les rentes de position positives ou négatives dues à l'appartenance à telle ou telle nation, mais bien par la rente de position. Comment et pourquoi existent-il les mouvements de personnes dans cette zone transfrontalière ?

La mise en valeur des colonies nécessitait la mobilisation d'une main d'oeuvre importante car l'économie coloniale était essentiellement basée sur l'exploitation des ressources naturelles avec des moyens rudimentaires. Or certaines territoires avaient une démographie faible pour pouvoir répondre aux besoins du marché du travail, l'administration coloniale a alors eu recours à la main d'oeuvre dans les pays voisins, en particulier lorsque ceux-ci relevaient de sa sphère d'influence. L'organisation administrative de l'AEF répondait à cette exigence. C'est ainsi que dès 1939, on retrouvait plusieurs Camerounais et Congolais au Gabon comme ouvriers58(*). La compagnie forestière du Gabon (CFG) n'employait que les Sara du Tchad59(*). Les compagnies coloniales constituaient donc un facteur favorisant la circulation des personnes en Afrique centrale.

Comme le Gabon, la carence de la main d'oeuvre en Guinée Equatoriale était permanente. Pendant la période coloniale, les factoreries espagnoles recrutaient leurs ouvriers dans les pays voisins. Ces recrutements s'opéraient sur la base des contrats conclus entre les Espagnols et les autorités coloniales d'où partaient les travailleurs. C'est ainsi qu'un traité fut signé entre l'Espagne et le Commissaire de la République française au Cameroun en 1934 pour le recrutement de 4 000 ouvriers Camerounais. Ce traité fut négocié sous la forme d'un contrat de deux ans renouvelable deux fois60(*).

Par ailleurs, en dehors de ces ouvriers, plusieurs Camerounais se réfugièrent en Guinée Equatoriale après la défaite allemande de 1916. On dénombrait ces réfugiés à près de 25 000 personnes parmi lesquelles le chef supérieur des Ewondo et Bene Charles Atangana. Ces hommes développèrent des vastes plantations de cacao dans leur terre d'asile61(*).

L'immigration des populations d'Afrique Centrale vers la Guinée Equatoriale n'est donc pas un phénomène récent. Il prend sa racine dans la sous population de ce pays et aussi dans la nature des grandes plantations et l'exploitation forestière qui nécessitent une main d'oeuvre importante. Ce phénomène s'est renforcé avec les indépendances des pays de l'Afrique Centrale qui partageaient la même monnaie.

2. Le facteur monétaire

Quel rôle peut avoir la monnaie unique dans les échanges commerciaux entre des entités étatiques ?

Le processus d'intégration en Afrique centrale est atypique parce qu'il ne suit pas les étapes traditionnelles d'une intégration classique62(*). Avant d'entamer ce processus ces pays avaient déjà une même monnaie à savoir le Franc de la Coopération Financière Africaine (CFA)63(*). Il faut tout de même préciser que ce n'est pas le résultat des efforts consentis par les Etats membres pour en arriver, c'est en réalité une conséquence de la colonisation française dans la région. En effet, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), née des accords de Brazzaville 22 Novembre 1972 est l'établissement qui émet cette monnaie qui a cours légal et pouvoir libératoire dans tous les Etats membres de la CEMAC.

L'avènement de la BEAC en 1972 traduit les mutations des relations entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique. Elle s'est substituée à la Banque Centrale des Etats de l'Afriques Equatoriale et du Cameroun (B.C.E.A.E.C) qui a eu cours de 1960 au 31 mars197364(*). Malgré cette union monétaire accidentelle, ce n'est qu'au début des années 90 que les Etats membres de la BEAC prennent la résolution d'allier la coopération monétaire existante et le processus d'intégration. Cette mesure est contenue dans les rapports d'experts soumis aux Chefs d'Etat membres de l'UDEAC pour la relance du processus d'intégration en Afrique Centrale65(*).

L'existence d'une monnaie unique à l'intérieur de plusieurs Etats a un impact considérable sur le mouvement des individus. Ce mouvement est facilité par l'absence de contraintes de change. C'est ainsi qu'on a constaté des trafics informels entre les pays membres de la CEMAC grâce à l'unicité de la monnaie. Ces trafics sont encore plus importants dans les zones frontalières. Mais pour que ces échanges informels aient une efficacité économique, ils doivent être intégrés d'une manière progressive dans le système formel du processus d'intégration sous régionale.

Le partage d'une monnaie commune à l'intérieur d'une zone développe, « des habitudes commerciales, un réseau de relations commerciales liant les pays...66(*) ». Au sein des pays membres de la CEMAC, la monnaie constitue alors un élément intégrateur parce qu'elle est directement utilisée par les populations et apparait en dernier ressort comme l'élément matériel auquel les ressortissants de tous les Etats concernées peuvent s'identifier. C'est dans cette perspective que l'ancien député français Legendre commentant l'intérêt de l'espace monétaire se demandait «  qu'est ce qui cimente une union, un empire ? C'est un drapeau commun, c'est une foi commune en une patrie, mais c'est aussi une même monnaie67(*) ».

Le facteur monétaire contribue ainsi au développement des échanges dans un espace donné. La libre circulation des personnes qui est l'un des éléments fondamentaux de la réalisation d'un marché commun doit être suivie d'une union monétaire pour réaliser une intégration optimale68(*). Le processus d'intégration en Afrique Centrale trouve donc son origine dans l'histoire de cette sous-région. Les structures coloniales ont été les principales bases de ce processus. Mais au-delà de ce fait historique qu'on peut qualifier d'exogène car venu de l'extérieur et imposé, l'échange d'expériences et une ouverture sur l'extérieur des acteurs économiques constituent d'autres atouts économiques pour renforcer la coopération transfrontalière.

Les partenariats interentreprises issus des coopérations décentralisées permettent ainsi de créer des opportunités d'affaires notamment pour les PME locales. La coopération décentralisée peut donc contribuer à redynamiser l'emploi, ou plus généralement l'économie, sur un territoire. C'est aussi grâce à ce cadre que ces entreprises pourront jouer un rôle sur la scène internationale. Mais il faut savoir que bien que l'enjeu économique soit important, il ne doit pas être exclusif, à moins de renoncer à coopérer avec des régions entières du monde non concernées par cette dimension économique. C'est un partenariat mutuellement profitable puisqu'un pays participera à une coopération transfrontalière autant pour donner que pour recevoir, et l'idée que ce soit un don unilatéral du riche Nord au pauvre Sud semble révolue.

Enfin, on peut dire que le souci de la réglementation des activités économiques frontalières par l'administration locale est un enjeu de coopération transfrontalière. En effet, les autorités administratives et diplomatiques participent par leurs actions conjointes à la mise en oeuvre de la réglementation des activités économiques transfrontalières, mais aussi à combattre celles qui sont illégales. Ainsi, diverses questions sont soulevées lors des différentes rencontres ou réunions. Nous pouvons relever la libre circulation des biens et des personnes, la protection de l'environnement et la chasse, la lutte contre la fraude douanière, le problème des épizooties, la libre circulation du bétail, la navigation fluviale, la pêche, l'agriculture et la formation... . Les autorités administratives des Etats parties sont chargées chacune en ce qui la concerne sur le terrain de veiller, par le biais de la coopération, à la prise en compte des intérêts de chaque partie d'une part, et au respect de la réglementation y afférente, d'autre part. Dans la recherche de solutions aux problèmes posés lors de ces cadres de dialogue et de concertation, les autorités adoptent des résolutions et recommandations suivant des canevas bien déterminés que sont la commission mixte, les commissions ad hoc.

* 58 R. Poutier, Le Gabon, Paris, L'Harmattan, 1989, p.176.

* 59 D. Ndemezo'o Nguema, Les autorités gabonaises face aux problèmes de l'immigration africaine, Thèse de 3e cycle, IRIC, 1994, p.92.

* 60 Dairou Bouba, La problématique de la libre circulation des personnes dans le processus d'intégration des pays membres de la CEMAC, mémoire DESS, IRIC, 2002, P.20.

* 61 Daïrou Bouba, op. cit., p.21 .

* 62 Les étapes traditionnelles du processus d'intégration sont : l'établissement d'une zone de libre échange, l'union douanière, le marché commun, l'union monétaire et l'union politique

* 63 Cette dénomination n'est pas la même la zone UMOA où c'est le franc de la communauté financière africaine.

* 64 Pour plus d'amples informations sur l'origine de la BEAC lire A. Cabeia «  La Banque des Etats de l'Afrique Centrale, Bilan et Perspectives (1973-1983)», mémoire, IRIC, 1984, JO.

* 65 A.T. Mvogo Mvogo, Le système institutionnel et juridique de la CEMAC : étude du droit d'intégration régionale, mémoire DESS, IRIC, 2000 pp.8-9.

* 66 P. Guillaumont cité par Dairou Bouba, op. cit., p.113.

* 67 Cité par Dairou Bouba, Op. cit, p.23.

* 68 P. Narassiquin, « La problématique de la monnaie unique et son application au cas de l'Europe », Revue d'Economie politique, vol 6, n°102, novembre-décembre 1992.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand