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Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale

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par Eric Bertrand BELINGA
Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013
  

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B. Le renforcement des liens diplomatiques et de solidarité comme enjeu de la coopération transfrontalière

Ce renforcement se traduit par une diplomatie de conjonctures qui n'exclue cependant pas des pratiques historiques entre les différents peuples.

1. La diplomatie et la solidarité entre les peuples

La diplomatie gouverne les rapports entre les Etats. C'est l'art d'attirer des sympathies envers son pays et de l'entourer d'amitiés qui protègent son indépendance, et aussi de régler pacifiquement les conflits internationaux pouvant survenir. C'est en même temps la technique patiente qui préside au développement sur le monde pacifique et conciliateur des relations internationales. Pour trop de gens, les diplomates au sens large du terme poursuivent les objectifs de leur gouvernement par des stratégies subtils et avec une dissimulation raffinée. L'action de coopérer c'est -à-dire de créer des relations de solidarité et de mise en place d'un véritable système décisionnel commun dans le cadre communautaire ou bilatéral présente un enjeu diplomatique évident à travers la présentation, la gestion et la résolution des conflits entre les peuples et populations riveraines des espaces transfrontaliers.

A travers ses missions de représentation, d'information de négociation, de promotion et protection, l'Etat au moyen de sa diplomatie et de ses agents diplomatiques, s'attèlera donc à mettre en place des stratégies qui incarnent sa présence (services : Douane, gendarmerie, police, santé, éducation...). Ceci dans le but de faire face aux enjeux tels que la prévention des conflits. La prévention des conflits est l'ensemble des moyens mis en oeuvre par un acteur de paix en vue d'éviter que les différents ne surgissent entre parties, d'empêcher qu'un différent existent ne se transforme en conflit ouvert et, d'endiguer le conflit qui a déjà éclaté.

Dans le cadre de la coopération transfrontalière, le concept de « diplomatie préventive » est utilisé et son objet est d'éviter que les différends ne surgissent entre parties, d'empêcher qu'un différend existant ne le transforme en conflit ouvert et si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il s'étende le moins possible. La diplomatie préventive exige que des mesures soient prises en vue d'instaurer la confiance et implique un dispositif d'alerte rapide reposant sur le rassemblement d'informations ainsi que sur les procédures formelles ou informelle d'établissement des faits. Elle peut passer par :

· Le rétablissement de la paix (peacemaking) par le rapprochement des parties hostiles, à travers la négociation ou toute autre méthode de résolution pacifique du conflit prévu au chapitre VI de la charte des Nations Unies. Cette étape est suivie par la consolidation de la paix.

· La consolidation de la paix (peacebuilding) par laquelle, une action, est menée en vue de définir et d'étayer les structures propres à raffermir la paix afin d'éviter une reprise des hostilités les parties négocient pour ce faire un accord renfermant, les conditions minimales nécessaires à la normalisation des relations entre les parties belligérantes (telles que l'échange de « geste significatifs » démontrant le « Sérieux et la bonne foi » des responsables politiques

· Le maintien de la paix (peacekeeping), quant-à lui, consiste à établir une présence sur le terrain. Il s'agit des forces de maintient de la paix ou d'interposition qui sont placées dans la zone frontalière pour assurer la protection des populations civiles et éduquer celles-ci à des valeurs de tolérance, de pardon, et de vouloir vivre ensemble.

L'enjeu diplomatique apparait donc important au regard des objectifs qui sont ceux de préservation de la paix et d'assurer le plein épanouissement des populations de la zone transfrontalière tout en renforçant les liens traditionnels culturels et l'élan de solidarité entre les peuples.

Il est difficile de définir la culture. Il s'agit d'un concept dynamique, plurivoque et multidimensionnelle. Selon l'UNESCO, « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances70(*) ». Au plan individuel, la culture est l'ensemble des connaissances acquises, l'instruction, le savoir d'un être humain. Au plan collectif, la culture représente également l'ensemble des structures sociales, religieuses, etc., et les comportements collectifs tels que les manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une société. La culture comprend ainsi trois grands groupes de manifestations : l'art, le langage, la technique. C'est donc un ensemble d'expériences qui se transmet d'une génération à une autre70(*).

Prise sous cet angle, la culture rassemble des populations dans un espace déterminé appelé aire culturelle. L'anthropologie culturelle divise l'Afrique en plusieurs aires culturelles dont deux en Afrique centrale le groupe Bantou et le groupe Soudanais, lesquels influencent les mouvements de personnes dans une zone précise. En quoi la culture peut-elle être un enjeu de la coopération transfrontalière? En d'autres termes quel est l'impact de la culture sur la coopération transfrontalière? En Afrique la culture constitue un facteur qui détermine et oriente la création et le développement des relations entre les populations voisines des deux cotés des pays limitrophes à cause des liens de solidarité ethnique qui transcendent les frontières artificielles des Etats et aussi du fait de la pratique de certaines activités liées à des groupes socioculturels déterminés.

Pour comprendre ce phénomène, il est utile de rappeler le contexte et le mobile de la détermination des frontières de nos Etats. En effet, le partage de l'Afrique a été pressenti lors de la conférence de Berlin (1884-1885). A la suite de cette rencontre, les frontières de l'Afrique « ont été tracées par les colonisateurs soit de façon à systématiquement démanteler certaines ethnies qui correspondaient à une force politique, soit à une époque où l'on ne se souciait pas du problème de la nation71(*) ». C'est ainsi que les Etats africains se sont retrouvés avec les frontières n'ayant aucune réalité anthropologique. Plusieurs groupes ethniques ayant vécu longtemps dans un même terroir se sont retrouvés du jour au lendemain séparés. Dans certaines situations ce sont les familles qui furent disloquées. Ici les exemples sont légion. Nous pouvons citer à titre d'exemples les cas du groupe Pahouin qui a été démantelé et se retrouve dans trois Etats différents à savoir le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. C'est aussi le cas des Gbaya divisés entre le Cameroun et la RCA.

Ces frontières ont établi de facto des prédispositions pour une coopération entre les Etats ayant des groupes humains culturellement identiques. Dans la plupart des cas ces groupes se retrouvèrent frontaliers donc voisins ; toute chose qui rend difficile sinon impossible le contrôle de la nationalité dans les zones frontalières. Une confusion générale se crée toujours quant à la détermination des nationaux d'un Etat comme le souligne Sergio Ricca, « quelques fois, c'est le hasard qui révèle que les personnes que l'on avait toujours considérées comme des nationaux étaient en fait des étrangers72(*) ».

Au sein de la CEMAC, le Cameroun apparait comme l'exemple type de ce cafouillage. En effet, étant frontalier à tous les autres Etats membres de la communauté, ce pays renferme tous les grands groupes ethniques se retrouvant dans le reste de la communauté. Par exemple, il est difficile de faire une distinction entre un Gobo, un Ntoumou Gabonais ou Equato-guinéen à Ambam ou kye-ossi; et surtout dans ces zones rurales la majorité des personnes ne disposent pas d'une carte d'identité nationale encore moins d'un acte de naissance.

Malgré ces frontières, la solidarité séculaire n'est pas rompue. Elle se trouve même quelques fois renforcées grâce au jeu politique de la coexistence avec d'autres groupes ethniques. C'est ainsi que les Fang du Gabon sont accusés dans leur pays de favoriser l'immigration des Camerounais et des Equato-guinéens d'origine Fang pour renforcer leur suprématie numérique au Gabon. Cette solidarité est à l'origine de la mise sur pied des mouvements de protestation comme le « Elat ayong », c'est-à-dire rassemblement de la communauté Fang située dans les trois Etats à savoir le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Créé au Cameroun en 1926, ce mouvement vise à ériger cette ethnie en Nation et a connu son apogée en 1947, lors de son congrès tenu au Gabon sous la présidence de Léon Mba, l'objectif visé était la création d'un Etat, voire une entité politique autonome regroupant des populations de l'ethnie Fang des différents pays de la CEMAC73(*).

Cette solidarité ethnique ne se limite pas seulement aux ethnies transfrontalières. Dans certaines situations, les mouvements migratoires prennent la forme d'un mouvement de groupe appartenant à une même origine ; les immigrés cherchent à reconstituer des groupes homogènes dans leur pays d'accueil. Finalement un réseau de relations se crée qui communique aux membres du groupe les opportunités d'emploi et facilite par ce fait même l'arrivée d'autres membres du groupe74(*). C'est par ce processus que se regroupent des étrangers dans des quartiers bien déterminés selon les nationalités dans les grandes métropoles africaines. Ainsi nous pouvons citer le cas des Centrafricains à Elig-Edjoa et celui des commerçants Nigériens à la Briqueterie, deux quartiers de la ville de Yaoundé. Mais la solidarité ethnique ne demeure pas le seul argument socioculturel qui favorise l'interaction des personnes ou populations en Afrique centrale car il y a des pratiques séculaires qui constituent un catalyseur de mobilité et d'interactions des personnes, des collectivités et des Etats.

*

* 70 Cité par Ola Balagui, H. Agueessy, Patheidiagne, Introduction à la culture africaine, Paris, UNESCO, 277, pp.30-31.

* 71 C.Coquery Vidrovith, Problèmes des frontières dans le Tiers monde, paris, l'Harmattan, 1981, pp.3-4.

* 72 S. Ricca, Migrations Internationales en Afrique, Paris, L'Harmattan et OIT, 1990, pp.98-99.

* 73 A. A. Danzouma, Culture et intégration régionale en Afrique Centrale : cas de la région des trois frontières entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée-équatoriale, Mémoire de Master en Relations Internationales, option diplomatie, IRIC 2011, p.83.

* 74 A. Adepoju, Migration and Socio-économic change in tropical Africa, in why people move, Paris, UNESCO, PUF, 1981, p.319.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984