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Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale

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par Eric Bertrand BELINGA
Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013
  

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CHAPITRE IV : LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE : ENTRAVES ET PERSPECTIVES

L'excellente qualité des relations diplomatiques entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale est une constante. Les deux pays continuent aussi à coopérer au sein des organisations internationales : ONU, UA, CEEAC et CEMAC où un rapprochement de leurs points de vue s'est toujours fait sentir. Les relations transfrontalières sont en nette amélioration entre les deux pays. Cela dénote que leurs liens dépassent déjà le stade de la simple exploration et se situent, bien que mince, au niveau d'une coopération concrète.

Si dans l'ensemble la coopération transfrontalière entre les deux Etats est largement positive, cette coopération pose, toutefois, un certain nombre de problèmes aux autorités politiques et administratifs. Le Cameroun dans un souci de préserver sa suprématie et sa place de moteur économique dans la sous-région Afrique centrale se doit cependant de trouver des réponses aux obstacles ci-dessous, car les principales entraves aux échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont celles qui empêchent le déroulement normal des activités commerciales et l'harmonisation des politiques de développement entre les deux Etats, puis les disparités dans les différentes politiques économiques des Etats. Il s'agira essentiellement de ressortir les obstacles, les insuffisances et enfin d'entrevoir, les perspectives d'avenir pour une coopération transfrontalière harmonieuse et bénéfique.

SECTION I : LES ENTRAVES A LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE

Les entraves liées à la coopération transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale portent sur tous les domaines de coopération. Dans le présent travail, nous présenterons les entraves d'ordre politique, économique et sécuritaire.

A. Les problèmes politiques entre les deux Etats

Les problèmes politiques qui entravent les échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont nombreux. Ils sont identifiés aux niveaux de la politique internationale et de la politique intérieure.

1. En politique internationale

Le repositionnement géostratégique, la convoitise des puissances étrangères pour cette sous-région Afrique centrale et les crises internationales constitueront l'essentiel de cette partie d'étude.

a. Le repositionnement géostratégique et la convoitise des puissances occidentales

Le repositionnement géostratégique et la convoitise des puissances occidentales en Afrique centrale constituent les mobiles à coup sur des mésententes entre les deux Etats. En effet, lors de la crise entre les deux Etats le 16 Mars 2004, Les considérations de géopolitique régionale et internationale n'ont pas été sans influence sur la réaction de fermeté du gouvernement camerounais face à l'accusation équato-guinéenne selon laquelle la Cameroun était le sanctuaire de mercenaires visant la «déstabilisation d'un gouvernement démocratiquement élu». Le Golfe de Guinée, dont le Cameroun constitue aujourd'hui l'une des positions les plus fiables au regard de sa stabilité institutionnelle et de son dynamisme économique, est au centre des manoeuvres des puissances Continentales et internationales qui désirent s'implanter dans la région. La Guinée Equatoriale se situant dans le domaine naturel de son influence, le Cameroun ne peut ne pas tirer des dividendes stratégiques du boom pétrolier équato-guinéen.

Les Etats-Unis d'Amérique qui, selon les prévisions du Pentagone, envisagent tirer 25% de leurs besoins en hydrocarbures du Golfe de Guinée à l'horizon 2025, mûrissent actuellement une stratégie de co-partage de l'influence régionale avec le Cameroun. Face à l'importance stratégique acquise par le Golfe de Guinée qui fournit déjà 10% des approvisionnements des Etats-Unis en hydrocarbures, ceux-ci « ne pouvaient pas se permettre un contrôle lointain d'un continent qu'ils connaissent peu et qui est de surcroît miné par l'instabilité politique, économique et sociale. Il apparaît donc logique que l'armée américaine veuille installer une base d'observation dans la région. Celle-ci se situerait forcément entre le Nigeria et l'Angola »compte tenu du volume de production de ces deux pays. D'ores et déjà ces deux derniers pays apparaissent hors course. Le Nigeria est considéré comme surpeuplé, immense, dotée d'une forte majorité musulmane et potentiellement explosive. L'Angola a une profondeur stratégique limitée du fait de sa situation en contre bas du continent. Le Congo démocratique est empêtré dans la guerre civile, la partition et le pillage et risque ne pas en sortir de sitôt. Le Congo Brazzaville est non seulement lui aussi en guerre régulièrement mais profondément profrançais. Le Gabon abrite déjà une base militaire française.

Il restait sur la liste la Guinée Equatoriale et le Cameroun. La première présente deux atouts majeurs : faible population et facilités d'accès à la mer. « Cependant le régime équato-guinéen est réputé très autoritaire et peu respectueux des droits de l'homme 97(*)». Quant au second, c'est-à-dire le Cameroun, il présente en plus des facilités d'accès à la mer, des avantages supplémentaires, notamment, « une solidité économique reconnue dans la sous région, certaines structures de base en place, et surtout il donne l'opportunité aux Etats-Unis d'utiliser le Cameroun doublement comme contre balancier à l'influence française dans la sous région et contre balancier à la prédominance nigériane dans le bassin ouest africain98(*) ». Le voyage de son excellence Paul Biya à Washington en avril 2003, la construction de l'une des plus grandes et couteuses ambassades des Etats-Unis dans le monde au Cameroun et la célébration par le président George W. Bush du Cameroun comme pays stable et bien gouverné semble confirmer l'orientation camerounaise de la politique de contrôle du Golfe de Guinée des Etats-Unis. La crise ou si l'on préfère 1a guerre diplomatique actuelle entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale renferme ainsi une dimension de concurrence ou de lutte pour la captation de la béquille stratégique américaine. L'heure étant aux Etats-Unis et dans 1e monde entier à la lutte acharnée contre les mercenaires/terroristes et "ceux qui les soutiennent" l'accusation de sanctuaire de mercenaires portée par la Guinée Equatoriale contre le Cameroun s'inscrivait quelque part dans une stratégie de déclassement éthique et symbolique du Cameroun sur la scène internationale. D'où la contre réaction du gouvernement camerounais qui, dans son communiqué du 12 mars 2004 signé du ministre de la communication de l'époque Jacques Fame Ndongo, « se réservait le droit d'entreprendre toutes actions appropriées pour préserver son image et défendre ses intérêts99(*) ». A quels intérêts faisaient allusion le ministre camerounais ? La nature des évènements semble bel et bien indiquer qu'il s'agissait des intérêts stratégiques. Pour le Cameroun donc, la Guinée Equatoriale s'associait à une campagne internationale de ternissement de son image plutôt bonne de pays de paix et de stabilité ayant fait de la neutralité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, un principe cardinal de sa politique étrangère.

Dans sa campagne internationale contre le Cameroun, la Guinée Equatoriale est plus ou moins discrètement soutenue par les puissances continentales qui lorgnent les richesses pétrolières de ce pays et qui lient dans leur stratégie le recul de Yaoundé à la montée de leur propre influence. C'est le cas notamment de l'Afrique du sud. Le fait que l'information sur la localisation au Cameroun du camp d'entraînement des mercenaires recrutés pour renverser le régime de Malabo vienne d'un quotidien sud africain n'a pas surpris dans les milieux diplomatiques de Yaoundé. Car l'avènement de l'or noir en Guinée Equatoriale semble avoir ravivé l'intérêt des sud-africains pour ce pays. Le président Obiang Nguema Mbasogo a effectué une visite officielle en Afrique du Sud en 2003, visite précédée par l'ouverture d'une ambassade à Malabo où plusieurs de ses entreprises (en majorité des filiales de firmes multinationales) ont déjà pris position. Le fait que ce soit le président Thabo Mbéki qui prévint le président équato-guinéen d'un mouvement de mercenaires vers son pays après avoir laissé l'appareil décoller de son territoire s'apparente avec le recul à une opération de marketing destinée à gagner la confiance de la Guinée Equatoriale.

Concernant la convoitise de la région transfrontalière remarquons que depuis quelques temps, les USA désireux de diversifier leurs ressources d'approvisionnements pétroliers pour contrebalancer l'importance du moyen- orient, investissent de plus en plus dans le golfe de Guinée ou opèrent désormais leurs sociétés pétrolières. D'où le renforcement de leur présence militaire dans cette zone (assistance militaire à la Guinée Equatoriale, construction d'une base militaire à Sao-Tomé et Principe, financement de la mise en place de la force militaire en attente africaine à Douala au Cameroun et bien d'autres action dans l'optique de sécuriser la région du Golfe de Guinée.

D'une manière générale, on assiste à un flux de visite et de signature d'accords des dirigeants du monde, et la présence des pays émergents comme la Chine, le Japon, le Brésil vers la Guinée Equatoriale, à la recherche des parts de marché dans ce pays en construction est de plus en plus visible et matérialisée.

* 97 Lettre du continent, juillet 2004.

* 98 Lettre du Continent, juillet 2004.

* 99 Communiqué de presse du gouvernement, 12 mars 2004.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle